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Critiques de Jirô Asada (72)
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Yukiko / Le cheminot

Ce petit recueil (1997) est constitué de deux nouvelles simples et belles. Le Cheminot a valu à son auteur le prix Naoki. Elles sont toutes les deux très intéressantes, très denses et pleine d’humanité. Une vie toute tracée et un comportement égoïste ont conduit les protagonistes à une solitude désespérante. Ce sont les morts (fantômes du passé, lettre posthume) qui les aident à se remettre en question.



1.Le Cheminot :

Une ligne de chemin de fer autrefois glorieuse va disparaître d’une région minière du Hokkaido . L’autorail à traction KH 12 effectue l’un de ses derniers voyages à travers les champs enneigés. Il attire les flashs des passagers de l’express touristique qui le dépasse. Ils le voient comme un trésor national. Le jeune mécanicien auxiliaire n’en revient pas qu’une telle vieillerie soit restée aussi longtemps en service. Senji le chef de la gare centrale de Biyoro qui l’accompagne élude ses interrogations pudiquement. Sato Otomatsu son ami de toujours, le modeste chef de gare de la petite station d’Horomai prend sa retraite ce jour-là. Et l’année suivante ce sera son tour. Otomatsu s’est toujours entièrement dévoué à son travail. Les deux anciens se retrouvent à la gare d’Horumai pour fêter l’an nouveau. Seiji tente de réconforter maladroitement son ami. Ils boivent du saké froid, en silence devant un poêle à mazout. Seiji a prévu de se recaser dans une galerie marchande. Otomatsu songe à sa petite fille disparue qui aurait eu dix-sept ans. A minuit Otomatsu est tiré du sommeil par une voix douce, il voit une petite fille avec un foulard rouge, accoudée au guichet...

Cette nouvelle qui mêle réalisme et onirisme poétique est très émouvante. Elle raconte l’histoire d’un homme modeste jusqu’alors farouchement dévoué à son travail dans la plus pure tradition japonaise. Il lui a tout sacrifié. La retraite a sonné. Il est seul dans un monde matérialiste qu’il ne comprend pas. C’est aussi une belle histoire d’amitié, pudique.



2. La lettre d’amour :

Goro, proche de la quarantaine, est le gérant d’un video-club clandestin spécialisé dans le porno dans un quartier chaud de Tokyo. Parfois il passe la nuit en prison. Mais il y gagne, il a même droit à une prime de risque sur son salaire. On comprend que Goro rend quelques menus services à la mafia. Un jour, un policier lui annonce que sa femme est morte. C’est à peine si Goro se souvient de cette immigrée clandestine qu’il a épousée sur le papier, à la demande d’un de ses « amis » de la mafia…

Cette nouvelle réaliste plus noire que la précédente est très réussie également.

Les nouvelles sont précédées d’une préface qu’il est préférable de lire à la fin.
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L'ombre d'une vie

Je ne sais pas si ça vous arrive de temps en temps, devant une œuvre d'art, un tableau, un film, un livre ou tout simplement un paysage, mais vous sentez alors comme une décharge de frissons dans tous le corps, en vous disant que vous vivez quelque chose d'extraordinaire, peut-être même qu'à cet instant vous avez compris un élément de votre vie, qui jusque là vous s'échappait. Eh bien c'est ce que j'ai ressenti pendant les dernières pages du livre de Jirô Asada. Comme si, à cet instant, relativement fugace, ces quelques lignes avaient fait résonner quelque chose enfoui dans mon moi intime. Une lumière, un écho.

C'est un homme de 65 ans, dans le coma, tombé dans le métro de Tokyo après une attaque cérébrale, le jour de sa retraite. Il fait un retour sur sa vie, ses proches, imagine des rencontres en se dédoublant de son corps physique. Il entend ce qu'on dit à son chevet mais ne peut répondre. Il paraît que les malades dans le coma peuvent entendre et percevoir ce qui se passe autour d'eux sans pouvoir répondre. C'est ce qui arrive à cet homme. Sa femme, un collègue, son gendre, un ami d'enfance… vont défiler à son chevet et nous faire part de leur ressenti, les amenant à s'interroger eux-même sur leur existence dans leur relation avec cet homme. Pendant tout le roman, il nous fait part de ses origines plus que modestes, puisqu'il a été abandonné bébé, et recueilli dans un orphelinat. Il souffrira de ce complexe d'infériorité toute sa vie, grimpant les échelons de la société, par son travail et son mérite. C'est à la fin du roman que, par un tour de force génial, il fait un retour sur le moment de son abandon.

On pourra regretter quelques longueurs, quelques maladresses aussi dans la construction du récit, ne sachant plus, par moment, qui parle, où l'on est. Mais tout cela est pardonné, ne serait-ce que par l'ingéniosité de l'intrigue. C'est également un moyen, pour l'auteur, de nous emporter dans les différentes époques de Tokyo, depuis l'après-guerre, en nous faisant revivre les affres et les joies de ses habitants.

Vous aurez compris que c'est un roman qui m'a particulièrement touché et que je recommande vivement.
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L'ombre d'une vie

Au soir de la fête de son départ à la retraite, il a soixante- cinq ans, Monsieur Masakazu Takewaki ,—— surpris par le voile cotonneux d’une neige légère —-, s’effondre dans la rue, les bras chargés de fleurs , victime d’un malaise dans le métro qui le ramenait chez lui après le pot de départ.

À l’hôpital local, il est admis en soins intensifs.



En s’enfonçant profondément dans le coma,il entend la voix du directeur général , un ancien voisin et ami, celle de son gendre et de son employeur , meilleur ami de Masakazu, celle des médecins et infirmières dont une côtoyée dans le métro durant quarante ans, celle de son épouse et de sa fille Kawane.



Il entend tout ce qu’on lui dit, sans qu’il puisse le faire savoir à ses visiteurs .Ses proches racontent leur vie,les morceaux qu’ils ont partagé ensemble, et surtout ce qu’eux - mêmes n’on jamais su mais seulement supposé .



Ces monologues et les réponses que le moribond adresse aux lecteurs ——en italique dans le texte,——sont une bonne occasion d’évoquer les autres faces , hors de la vie professionnelle , si importante au Japon, l’emprise du monde du travail qui accapare les citoyens japonais .



En voyageant aux frontières de la mort, en incursion dans l’autre monde, il remonte le temps , se réveille , rencontre une charmante vieille dame: « Madame Neige »«  Elle avait délivré le moribond que j’étais de sa douleur et de son désespoir, elle m’avait rendu heureux, . Au point que les flocons tombant en abondance me semblaient de moelleux pétales à la douce chaleur tombant sur moi » ..



Comme s’il retournait vers ses origines inconnues, abandonné par sa maman , âgée de 15 ans, lui, l’orphelin——enfant trouvé,—-éduqué au sein d’un orphelinat , épousant une fille de divorcés , il n’avait jamais rien dit de ses origines à son épouse , rencontrée il y a plus de quarante ans, courageux , obstiné , «  L’être humain oublie ce qui lui est désagréable » .



Il remonte le temps comme si l’auteur était convaincu qu’il existe un autre monde où les morts résistent et attendent ceux qu’ils ont connus, chéris, aimés , avec la pudeur et la réserve habituelles au Japon.

Asada Jirô conduit son récit surréaliste , fantastique avec maestria , dans une échappée belle inscrite dans la grande Histoire de l’après guerre, les années du miracle économique ( les héros est né le 15 décembre 1951 ), ce livre est un plaidoyer sur l’importance de la famille , l’amour filial, et le portrait de la société japonaise.

Comment se construire quand on ignore d’où l’on vient?



Être père alors que l’on n’en a pas eu?



Comment le couple évolue t- il au fil des générations? -



Roman très touchant pétri d’humanité , d’amour, de tendresse, d’émotion contenue et de spiritualité.

Texte poétique à l’écriture soignée touchant à l’universel dans le voyage aux frontières de l’existence.

«  Grâce à toi, j’ai pu racheter entièrement mon triste passé et il me reste encore de la monnaie » ..

Un livre à relire plus tard pour sa richesse .

Traduit du japonais par Jacques Lalloz . Aux éditions Picquier.





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Yukiko / Le cheminot

Deux beaux récits de Jirô Asada, le cheminot et la lettre d'amour. Ils ont pour points communs un héros masculin de condition simple, rattrapé son passé, par la nostalgie, par le deuil d'une femme.



Dans le cheminot, le vieux cheminot Otomatsu vit ses derniers jours de travail avant la retraite. Il conduit sa motrice KH 12, un simple autorail diesel, véritable trésor culturel qui circule sur une toute petite ligne de la campagne japonaise du rude Hokkaido. Il échange quelques souvenirs avec son collègue et vieil ami Senji, qui prendra sa retraite l'année prochaine, et dont le fils Hideo est cadre des chemins de fer à Sapporo. Ils nous donnent à voir la désertification progressive de la campagne, la fermeture des dernières mines dans la région, du dernier commerce de ces petites gares de Biyoro, Horomai…Otomatsu est un homme modeste et pudique qui n'a vécu que pour son métier de cheminot, et ça il en est fier…d'autant que sans doute il lui a permis de tenir dans la dignité jusqu'ici, alors même que nous découvrons qu'il s'est efforcé d'enfouir en lui de terribles failles et souffrances. Il est veuf, et avait aussi perdu sa fille Yukiko à l'âge de deux mois. L'imminence de la retraite, le soir flou d'un ciel neigeux, le visage d'une gentille petite fille et une poupée oubliée sur une chaise de la petite gare vont provoquer un sorte de choc émotionnel, une plongée dans un rêve éveillé où les souvenirs, les fantômes du passé vont submerger le vieux cheminot et rouvrir en lui une plaie béante alors que son équilibre psychologique ne tenait certainement que grâce à sa passion pour la vie du rail…



Dans la lettre d'amour, Goro Takano est un gérant de club vidéo de Tokyo qui vient de ressortir de tôle pour trafic de vidéos pornos et qui fricote avec des yakuzas, son « patron » Satake et un jeune dénommé Satoshi. Ce dernier devra jouer son neveu pour déjouer les soupçons de la police, dans une mission qui va le conduire à l'hôpital de Chiba pour reconnaître le corps d'une femme chinoise décédée, qui n'est autre qu'Haku-ran (Kan Pai Ran en chinois), sa femme. Goro ne l'avait pourtant jamais vue, il s'agissait d'un mariage blanc, pour cette chinoise qui en avait besoin pour obtenir papiers et argent, sachant que Satake avait évidemment prélevé l'essentiel du bénéfice financier du service rendu à travers cet arrangement. Si la situation n'émeut pas Goro dans un premier temps, son ressenti va peu à peu évoluer. Il y a cette première lettre écrite par cette femme mais jamais envoyée, pour, toujours, le remercier, louer sa gentillesse…Il comprend qu'elle s'était fait un film sur lui, l'imaginant dans des termes positifs. Il commence, lentement, à gamberger, et cet effet s'accentue à la morgue : car contre toute attente, cette femme encore jeune, qui n'avait d'autre choix que de se prostituer, morte prématurément d'une maladie sexuellement transmissible ou d'une surconsommation chronique de médicaments qui lui auront bousillé le foie, était plutôt jolie…Et puis manifestement, la police est bien au courant du trafic qui a eu lieu, mais a décidé de fermer les yeux...Dès lors, d'heure en heure, il regrette de ne pas avoir connu cette femme, de ne pas avoir vécu à ses côtés, d'autant que la dernière lettre qu'elle avait écrite de son lit d'hôpital ne fait que confirmer qu'elle n'a cessé de l'imaginer, de penser à son mari inconnu et de lui témoigner sa reconnaissance. Il ramènera chez lui l'urne funéraire en sanglots…



Il y a beaucoup de sensibilité et de finesse dans ces deux histoires simples, qui touchent au coeur parce qu'elles mettent en exergue les regrets, le temps qui passe et les occasions manquées, les failles en chacun de nous et une part de culpabilité qui peut parfois être ressentie dans la perte d'un être cher. Des sujets universels. Finalement, s'il fallait choisir, j'ai préféré la moins connu, la lettre d'amour. J'ai lu quelque part sur une autre critique que l'histoire n'était pas crédible. Elle l'est tout à fait, au contraire : les mariages blancs ne sont pas si rares évidemment, et on peut raisonnablement penser qu'il y a encore quelques années, voire même aujourd'hui, certaines pauvres chinoises, coréennes et autres philippines pouvaient être mariées à des japonais, du moins exploitées pour enrichir des mafias. Il en va ainsi de la nature humaine et de la noirceur du monde...L'auteur n'hésite pas à égratigner la complaisance des autorités de son pays pour ces trafics, un certain racisme anti-chinois qui demeure chez beaucoup de japonais.



Asada a trouvé un ton formidablement juste aux lettres de Kan Pai Ran, dans leur maladresse d'écriture d'étrangère, leur naïveté, leur simplicité, leur franchise…Criantes de vérité, elles suscitent l'émotion naturellement, sans accentuer cet effet artificiellement.



C'est la marque d'un très bon écrivain, qui n'a pas une très grande notoriété en France mais est sans doute un des écrivains vivants les plus populaires au Japon.

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Yukiko / Le cheminot

Un court livre qui rassemble deux nouvelles :



Le cheminot, d'abord où l'on fait la connaissance d'un vieux chef de gare qui se souvient du décès de sa fille, il y a 17 ans. C'est une nouvelle pleine de nostalgie mais qui m'a beaucoup touché. Il évoque ses souvenirs avec beaucoup de pudeur.



Lettre d'amour, parle aussi de la mort. Goro est un petit vaurien, qui a fait un mariage blanc pour se faire un peu d'argent, alors qu'il a passé quelques jours a poste de police, pour un délit, on lui apprend que sa femme et morte. Il l'avait complètement oublié et pourtant il va lui être difficile de faire son deuil.



Un recueil qui m'a beaucoup plu, avec deux nouvelles très belles. L'écriture de l'auteur apporte une touche supplémentaire.
Lien : http://missmolko1.blogspot.i..
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L'ombre d'une vie

Au moment de partir à la retraite et de commencer une nouvelle vie sans la charge professionnelle, Takewaki est conduit à l'hôpital.

A mesure que les personnages lui rendent visite, le portrait du personnage se précise. Et bien plus que l'histoire du personnage, c'est l'histoire du Japon d'après-guerre qui se déroule au fil des pages.



C'est un destin à la fois singulier et très humain que celui de ce personnage. Le roman est très bien écrit et j'ai été parfois surprise de la franchise des personnages, loin de la réserve nippone. C'est donc un roman vraiment touchant par sa sensibilité et les hèmes très universels qu'il aborde.

Pour lui rende réellement justice, il faudra sans doute que je le relise pour ne le lire que d'une traite et pas hâchée par plusieurs lectures de boulot afin de m'en imprégner comme il se doit car c'est un roman qui reste "exigeant" et qui mérite qu'on lui consacre du temps à lui uniquement.



Je remercie donc Babelio et les éditions Picquier pour l'envoie de cette nouvelle perle que je compte relire à un moment plus propice pour l'apprécier pleinement !
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L'ombre d'une vie

Après avoir fêté son départ à la retraite en compagnie de ses collègues, Monsieur Mazakazu Takewaki s'effondre dans le métro qui le ramène chez lui. Admis en soins intensifs à l'hôpital, il sentira et entendra, du fond de son coma, ses proches se presser à son chevet et se remémorera les instants marquants de sa vie.



Un récit à compte à rebours où le narrateur voit défiler sa vie depuis les événements récents jusqu'à ceux plus lointains. L'auteur nous emmène sur les chemins d'une existence simple mais poignante grâce à la sensibilité du narrateur.

J'ai aimé le style de l'auteur et c'est ma première lecture d'un roman japonais où je n'ai pas senti de temps morts et d'ennui tout le long de l'histoire.

Nous suivons le narrateur dont l'esprit voyage en métro et s'arrête à différentes stations correspondant à des étapes clés de sa vie. J'ai particulièrement apprécié cette image.



Le gros point fort de ce roman, ce sont indéniablement les personnages, tous issus de milieux et d'âges variés et qui se livrent entièrement au fil des pages. La société japonaise est bien décrite, ses codes et valeurs bien représentés, notamment ce délicat moment où le Japon s'est ouvert à l'Occident et les transformations profondes qui s'en sont suivies et ont été diversement été appréciées selon les protagonistes.



Monsieur Jirô Asada, avec ce texte poétique aux accents fantastiques, livre un témoignage précieux sur le monde du travail, les différents milieux sociaux et les rapports de la société avec l'humain. La magnifique traduction a permis à l'Occidentale que je suis de m'immerger entièrement dans ce Japon à différentes temporalités et d'apprécier le voyage en compagnie du narrateur.



Un auteur dont il me tarde de découvrir ses autres œuvres.
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Le roman de la Cité interdite, Tome 1 : Le Ma..

5000 ans d'Histoire. Des dynasties très complexes qui se succèdent. Puis vers la fin du XIXe siècle, un bouleversement qui fera trembler le monde : la fin de la dynastie Ts'ing. L'impératrice Tseu-Hi, la démone aux yeux de l'Occident, est prête à passer le pouvoir à son neveu.... mais les conflits internes, les manipulations, les enjeux ou intrigues politiques menées par les autres puissances mondiales feront basculer la Chine.



C'est cette période charnière qui est étudiée ici. Oui, étudiée car la leçon d'histoire, mêlée d'intrigues romanesques, prend toute son ampleur. C'est magnifiquement dépeint, terriblement addictif, minutieusement révélé.



Ce pavé de 1000 pages est une vraie plongée dans l'Empire du Milieu et pas une seule seconde l'ennui ne m'a guettée. J'y ai découvert les us et coutumes de la Cité interdite, les rites imposés, la vie des lettrés, celle des eunuques. J'ai perçu la misère d'un peuple et la richesse de ses classes privilégiées. J'ai rencontré Confucius et capté certains de ses enseignements. J'ai connu des mandarins et autres figures militaires pétris de leurs devoirs envers l'impératrice, et d'autres pétris d'envies et opportunistes. J'ai observé le trafic des puissances étrangères pour s'approprier les richesses de la Chine. J'ai regardé le ciel, appris à lire les étoiles, je me suis frappé le front par terre maintes fois. Et surtout, surtout, j'ai éprouvé une profonde sympathie pour son héros Tchouen-Yun, le petit ramasseur de crottes, prêt à tout pour subvenir aux besoins de sa famille et à qui la vieille Pai Taitai a prédit un avenir hors norme...



Vous avez compris, ce roman m'a subjuguée. C'est une vraie source d'informations sur la Chine des empereurs et anciennes dynasties. J'ai toujours été attirée par ce pays et ce roman m'a permis de pénétrer un monde aux codes bien éloignés des nôtres et d'approcher un peuple fier de ses racines et de ses connaissances.

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Yukiko / Le cheminot

Dans cet ouvrage, vous trouverez deux nouvelles d'Asada Jirô.



La première nouvelle relate les derniers jours d'un chef de gare prêt à prendre sa retraite. En cette veille de réveillon, tous ses souvenirs refont surface, et le fantôme d'une petite fille surgit du passé pour accompagner ce vieil homme.



La deuxième nouvelle s'intitule "La Lettre d'amour". Ici, nous pénétrons dans le monde des Yakuza. Un homme découvre pour la toute première fois sa femme après son décès prématuré. Il l'avait épousé pour de l'argent. Elle lui a laissé une troublante lettre d'amour.



Les deux nouvelles sont bouleversantes, chacune à leur manière, elles mettent le point sur des émotions face aux situations de la vie. Le chef de gare éprouve des regrets à la veille de prendre sa retraite, il se demande s'il n'aurait pas été préférable qu'il s'occupe davantage de sa famille. Et dans la deuxième nouvelle, l'homme qui découvre cette inconnue qui est pourtant sa femme est également en proie aux regrets.



Il s'agit là des deux textes les plus connus d'Asada Jirô et qui ont rencontré un vif succès auprès des lecteurs.

L'attachement des japonais à leur système ferroviaire est peut-être l'une des explications à ce succès.

Mais je pense également que l'écriture et l'histoire racontée nous procure de fortes émotions à la lecture des deux nouvelles.



Je suis contente d'avoir pu trouver ce petit ouvrage dans les rayonnages d'une bibliothèque scolaire (lycée). Même si je sais qu'il n'est pas souvent emprunté, il assure une diversité non-négligeable dans le choix des livres.
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L'ombre d'une vie

Japon onirique mais pas tant que ça.

C’est l’histoire d’un homme, Masakuzu Takewaki, 65 ans, qui ne s’envole pas vers sa retraite mais vers une existence qu’il va reconstruire de toutes pièces à partir des êtres qui ont jalonnés sa vie.

Le coma dans lequel il tombe dans le métro, alors qu’il vient de fêter son départ en retraite, il en fait sa seconde vie, si ce n’est la vie qu’il aurait pu vivre, celle qu’il aurait aimé vivre.

Il laisse errer son esprit dans sa vie passée. Un peu comme les personnes lui rendant visite à l’hôpital. Il retrouve des hommes et des femmes qui ont traversés ses bons comme ses mauvais jours. Il "rerencontre" serais-je tentée de dire, des femmes qu’il a croisés, aimés et la vie qu’il aurait pu vivre. Certains souvenirs ne reviendront pas, comme ceux avant l’orphelinat, lorsque ses parents l’ont rejeté. Mais bien d’autres seront détournés, reconstruits à l’image de ce qu’ils auraient pu être.

Ses amis défilent aux soins intensifs de l’hôpital international de Nakano, un arrondissement de Tokyo au Japon. Les visites sont éclectiques et les soignants font ici partie du roman.

Plusieurs thèmes relatifs à la société et aux traditions nippones sont visités. L’amour pour cette trop jeune maman de 15 ans d’âge, qui l’a abandonné dans le métro (oui, c'est aussi dans le métro qu'il fait son AVC), est resté intacte malgré la vie que cet acte a induit pour lui.

L’écriture de Jirô Asada créée cette fluidité qui nous permet de rêver nous aussi. Par moment, elle nous donne la possibilité de laisser notre inconscient se balader et, par effet miroir, nous laisser imaginer ce qu’aurait pu devenir notre vie si …

Joli roman, dont la bonne traduction est à souligner.
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Le cheminot (BD)

Je ne vais pas vous faire un résumé de l'histoire car je sens que cela serait compliqué (j'ai un peu de mal avec les noms japonais). Ce livre comporte en fait deux nouvelles : "le cheminot" et une "Lettre d'amour".

Les rares fois où j'ai eu l'occasion de découvrir des romans japonais j'ai ressenti la même impression. Il y a une forme de pudeur, de retenu dans l'écriture qui peut paraître un peu déroutante (pour moi en tout cas). Dans ce roman j'avais quelques fois le sentiment que les dialogues ne sonnaient pas très juste, qu'ils étaient un peu ampoulés et trop guindés pour être naturels. Peut être est-ce réellement comme cela que les japonais parlent, peut être la traduction rend t-elle le tout un peu"bizarre". En tout cas je trouve que la littérature japonaise (du peu que j'en ai lu, je le répète) est totalement différente de tout ce qu'on pu lire habituellement. Les deux histoires sont très touchantes chacune à leur manière, elles transmettent parfaitement la solitude de l'être humain. La manière d'aborder la mort, le vide, le quotidien est très délicate et très fine tout en restant émouvante. Il n'y a rien de superflu dans cette oeuvre, c'est ce que j'ai préféré. Je l'ai lue très vite, on s'imprègne des mots. En peu de phrases on est tout de suite plongé dans l'ambiance (une ambiance froide et hivernale pour "le cheminot"), nul besoin de longues descriptions. Les personnages sont très dignes dans leur mal-être, ce que j'ai beaucoup aimé. Ils font face aux difficultés de la vie avec courage.

J'ai réellement aimé ce court livre, bien que ce ne soit pas mon genre de prédilection. J'aime sortir de ma zone de confort pour découvrir de nouvelles choses, des choses différentes.


Lien : http://lantredemesreves.blog..
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Yukiko / Le cheminot

Petit recueil de 132 pages,intitulé : Yukiko, précédemment paru sous le titre : le cheminot aux Éditions : Picquier.Celui-ci est en Picquier poche.

Deux nouvelles :

--Le cheminot

--La lettre d'amour.

Tout est dans la simplicité : le chef de gare prend sa retraite avant la fermeture de la ligne de chemin de fer,celle - ci n'étant plus rentable

C'est un monde qui s'enfuit,de la mélancolie ,du regret dans les dialogues de ce cheminot.Le tout dans une ambiance hivernale neigeuse,toute blanche,feutrée et ouatée

Une grande douceur ressentie à la lecture de cette nouvelle,malgré une fin brutale.

2ème nouvelle: La lettre d'amour

Radicalement opposée car il y a beaucoup de noirceur et de violence: nous sommes dans un milieu mafieux,notre " héros sortant de prison ,se voit convoquer au commissariat car il vient de perdre sa femme ! Interloqué ,finalement il se souvient d'avoir contracté contre une coquette somme ,un mariage blanc ,avec une jeune chinoise.Mais il ne l'a jamais vue.

Il doit aller identifier le corps ,et là " Les digues sautent" ,son coéquipier un jeune voyou qu'il fait passer pour son fils ,ne comprend pas sa réaction .

Devant le visage de cette jeune femme ,belle,à la morgue, il pleure à chaudes larmes.

Avant de mourir cette jeune femme lui a écrit une magnifique lettre d'amour,et l'ayant lue ,il regrette amèrement de ne pas l'avoir réellement épousée,et de lui avoir infligé cette vie de prostituée car elle devait rembourser la somme qu'il avait perçu.

De ces deux nouvelles très différentes le regret y est présent mais du regret malgré tout teinté d'espoir .

A méditer. ⭐⭐⭐





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Le roman de la Cité interdite, Tome 2 : Le Dr..

Je l'ai lu il y a plus de quinze ans et j'avais beaucoup aimé ce roman sur la Cité interdite chinoise. Tout commence avec le jeune et pauvre Li Tchouen qui veut croire en son destin... Mais il y a une multitude d'autres personnages ! Nous sommes en l'an 12 de l'ère Kouang-siu sous la dynastie des Ts'ing (en 1886). La vie n'est pas tendre pour les hommes surtout les plus démunis et il est difficile de savoir comment survivre.

C'est vraiment un roman envoûtant, j'ai eu du mal à lacher chacun des deux tomes de cette fabuleuse saga historique. C'est elle qui m'a donné envie de découvrir d'autres livres historiques sur la Chine. Je le conseille aux curieux de l'Histoire (il ne faut pas avoir peur du nombre de pages).

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Yukiko / Le cheminot

Les amas de neige s’amoncellent le long de la vieille voie ferrée qui ne mène nulle part en Hokkaïdo, à destination d’un coin perdu dans les montagnes, désaffecté comme le sera sous peu cette ligne de chemin de fer. A bord du dernier autorail à traction diesel de type KH12, Sato Otomatsu voit le jour de sa retraite arrivé. Une vie à travailler pour les chemins de fer de l’Hokkaïdo s’achève lors de ce dernier voyage, en bout de ligne. Seul dans la gare déserte, il restera plongé dans les souvenirs de sa vie avant qu’une petite fille vienne le voir, puis une seconde plus âgée... Ces visites l’attristent encore plus, tant elles lui font remémorer sa propre fille morte à l’âge de 2 mois, alors que son métier lui a procuré tant de fierté et de joie...



« Le cheminot » a tout au long de sa vie privilégié et honoré son métier, au détriment de sa vie familiale. Il n’a jamais fait le deuil de sa fille et ne cessera d’y penser à chaque entrée en gare. Jour après jour, il revoit sa femme lui donnant sur le quai le corps froid de sa fille chaudement enveloppé. Mais que pouvait-il faire alors qu’il était en service. Je l’ai longtemps cherché cette histoire. Je ne sais pourquoi, mais je sentais, avant même d’avoir ouvert le livre, qu’elle pouvait me bouleverser et m’émouvoir, même si la nouvelle est un peu courte... J’aurais bien aimé passer encore quelques pages à sillonner les montagnes enneigées de l’Hokkaïdo à bord de cette vieille diesel, bannissant la rapidité d’un Shinkansen sans âme...



On laisse de côté les fantômes de Yuki-ko et la neige blanche de la gare désaffectée, pour la province de Chiba avec « La lettre d’amour ». Seconde nouvelle, aussi courte que la première mais tout aussi émouvante.



Goro est un petit malfrat, pas vraiment méchant mais qui trafique un peu avec la mafia locale pour gagner un peu d’argent. Sortant à peine de prison, la police lui apprend la mort de sa femme... ? ? ? Goro avait oublié simplement qu’un jour il avait été marié, du moins avait-il seulement signé le contrat de mariage sans même voir sa promise, une prostituée chinoise « importée » par son yakusa de patron, et pour qui ce papier signifiait un emploi tranquille dans la petite province de Chiba. Sur place, il découvre que « sa femme » l’aimait tendrement et lui avait écrit une lettre d’amour... Ainsi, Goro va devoir faire le deuil d’une femme qu’il ignorait tout jusqu’à sa mort. Ce deuil l’éprouvera plus que prévu, et le verra même fondre en larme comme le lecteur attentif et ému que je suis. Snif... Snif...
Lien : http://leranchsansnom.free.fr/
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Yukiko / Le cheminot



Ce petit livre est composé de deux nouvelles, qui traitent du deuil, de la perte, de la rencontre avec des mondes perdus.





Quelque part en Hokkaido au bout du monde, dans un endroit neigeux et glacial, la première nouvelle, LE CHEMINOT, raconte les retrouvailles d’un chef de gare, avec sa fille décédée, Yukiko, morte en bas âge.

Tout ce qui était resté enfoui en lui revient alors à la surface, et ensemble ils traversent tous les âges qu’auraient eu Yukiko. Un miracle alors si une personne perdue revient se manifester.



Cette nouvelle nous enveloppe de solitude et de tristesse, j’ai regretté qu’elle ne soit pas un plus long récit. Il a manqué pour me toucher, quelques passages, entre le père et le fantôme de Yukiko. C’était bien trop rapide pour que je m'en imprègne, en revanche, l'atmosphère glacial était bien présente pendant toute ma lecture.



La seconde nouvelle s'intitule LETTRE D’AMOUR. C’est une escroquerie, triste, terne et révoltante sur fond d’immigration clandestine et de trafic de chair humaine qui se métamorphose en une histoire d’amour pure et merveilleuse et impossible entre deux personnes qui ne se connaissent pas.



J’ai trouvé cette nouvelle efficace et poignante. Un caïd qui se retrouve face à lui-même quand il se rend compte de la vie désespérante à laquelle a dû faire face cette personne dont il a découvert les lettres…

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L'ombre d'une vie

Un homme vient de quitter son pot de départ, il s'effondre dans le métro lors de son trajet de retour. Il se réveille à l'hôpital, voit son corps, regarde les gens défilaient à son chevet, il est dans le coma... Est-il coincé dans une dimension parallèle ?



Nous découvrons cet homme à travers les pensées et monologues de ses proches, se succèdent le collègue, l'ami d'enfance, la femme, le gendre et la fille. Puis il reprend le cours de son histoire, au fur et à mesure des apparitions de femmes qui l'embarquent en dehors de l'hôpital et de sa rencontre avec un autre patient dans le coma, il nous narre son histoire, son enfance, orphelin. Il nous confie ses secrets les plus profonds, ses doutes, ses peurs, les blessures qui n'ont jamais cicatrisées...



Comment se construire quand on ne sait pas d'où l'on vient ? Être père alors qu'on n'en a pas eu ? C'est un très beau roman que nous offre Asada Jiro. Il nous livre un récit tendre, un roman ancré au coeur d'une famille japonaise, et d'un homme représentant une génération de Japonais. Il s'interroge aussi sur la société japonaise, qu'est-ce qu'être l'homme de la famille ? Comment le couple évolue en fonction des générations ?



Je n'ai pas lâché ce roman, j'ai failli lâcher une petite larme à la fin. Les dialogues entre l'homme et sa femme sont beaux, émouvants. Les trente dernières pages sont magnifiques. Elles sont la toile finale qu'a entreprit de broder l'auteur au fil des divers monologues et diaolgues de ses personnages.



Véritable quête identitaire, évolution d'un orphelin à un homme, grande sensibilité et pudeur.
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Le roman de la Cité interdite, Tome 1 : Le Ma..

Je l'ai lu il y a plus de quinze ans et j'avais beaucoup aimé ce roman sur la Cité interdite chinoise. Tout commence avec le jeune et pauvre Li Tchouen qui veut croire en son destin... Mais il y a une multitude d'autres personnages ! Nous sommes en l'an 12 de l'ère Kouang-siu sous la dynastie des Ts'ing (en 1886). La vie n'est pas tendre pour les hommes surtout les plus démunis et il est difficile de savoir comment survivre.

C'est vraiment un roman envoûtant, j'ai eu du mal à lacher chacun des deux tomes de cette fabuleuse saga historique. C'est elle qui m'a donné envie de découvrir d'autres livres historiques sur la Chine. Je le conseille aux curieux de l'Histoire (il ne faut pas avoir peur du nombre de pages).
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Yukiko / Le cheminot

La première histoire narre le dernier jour de travail d'un vieux chef de gare. Un des aspects traditionnels de la littérature japonaise est l'irruption de fantôme dans la réalité. Ici, lors de cette dernière nuit, le vieil homme va se retrouver confronté au fantôme de sa fille décédée durant son enfance. Pas de frissons ni de terreur ici mais plutôt une sérénité apaisée qui permet de trouver un sens aux questions que le chef de gare s'est longtemps posé. C'est écrit avec beaucoup de douceur et de retenue. Une belle histoire mélancolique.



Dans la seconde nouvelle, on suit les pas d'un jeune homme fraîchement sorti de prison. Il trafique plus ou moins avec les yakuzas sans être un véritable criminel. Il apprend alors la mort de sa femme, une jeune fille étrangère amenée au Japon par la mafia comme prostituée et qu'on lui a fait épouser moyennant finances. Pourtant en découvrant le corps de la jeune femme et la lettre d'adieu qu'elle lui a écrit, il tombe amoureux de la morte qu'il n'avait jamais vu auparavant. J'ai trouvé que ce récit,par son manque de crédibilité, était nettement moins prenant que la première nouvelle.
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Le roman de la Cité interdite, Tome 1 : Le Ma..

Composée de deux tomes, LE MANDAT DU CIEL suivi de LE DRAGON A DEUX TÊTES, cette fresque historique est essentiellement axée sur la fameuse REFORME DES CENT JOURS et s’étend jusqu’à l’arrivée de Mao Zedong.



Nous sommes en 1886, l’empire du milieu souffre de mille maux. Incapable de s’affranchir d’une bureaucratie gangrénée par une corruption galopante, de mater les invasions répétées, les rebellions des différentes tribus, de faire face aux épidémies, à la pauvreté, à une explosion démographique, à une dégradation économique et sociale, Jiro Asada retrace les dernières années d’un empire et d’une dynastie aux abois.

Kouang-siu, neveu de Tseu-hi nommée régente jusqu’à sa majorité, comprend que ce vaste pays a besoin de réformes drastiques pour le sortir de l’inertie qui l’étrangle, jouer à armes égales face aux étrangers, le sauver de l’anarchie ou d’un soulèvement général. Il est à la tête d’une Chine littéralement coupée en deux, une Chine à deux vitesses.

L’intérieur des terres, toujours soumis aux règles édifiées trois siècles auparavant, peine à s’en sortir. Sa principale ressource économique, l’agriculture, ne peut plus supporter les lourds impôts que la capitale lui inflige. Sans support industriel, elle repose sur une paysannerie exsangue, malade, arriérée, engluée dans la servitude et une tradition séculaire certes très riche mais qui mène le pays à la ruine. Vivant en autarcie complète, elle souffre, s’essouffle et fait pale figure face aux terres du littoral.

Véritable état dans l’état, la région bénéficie des apports et échanges commerciaux, culturels, industriels, diplomatiques avec l’occident. Dotée d’une administration autonome, d’une armée forte, de moyens de transports et communications modernes, portée par le courant de l’époque, elle n’en reporte pas moins au palais. Comment un pays si riche, fort de 400.000.000 d’âmes a pu se figer ainsi?



Les règles établies trois cents ans auparavant l’ont sclérosé.

- Les terres appartiennent à de riches familles qui ne pratiquent pas forcément la redistribution des richesses avec la paysannerie. Réduite à des saignées de plus en plus violentes, à une terrible misère, ce petit monde qui compose le gros de la population active commence à gronder.

- La complexité des rouages gouvernementaux, la malhonnêteté des fonctionnaires, le recrutement basé sur la connaissance des Livres Classiques exempte de science, de technologies nouvelles, d’arts, momifient le pays entier.

- Les différentes guerres qu’elle a eu à livrer et qu’elle a perdu, l’ont mise à genoux. Ne possédant pas une armée ou une flotte puissante pour contre-carrer les puissances étrangères, l’occident lui impose des traités commerciaux humiliants, lui arrache des concessions portuaires assorties d’amendes colossales.

- La fermeture d’esprit talonnée par l’hostilité que la classe dirigeante ressent envers le reste du monde, le besoin viscéral de n’apporter aucune réforme qui pourrait un tant soit peu bouleverser l’ordre des choses, l’aliénation aux coutumes ancestrales, tout cela précipite un pays vers un chaos annoncé.



Le pays est à l’image des deux courants de pensée qui s’affronteront réglant leurs comptes dans le sang, la répression totale.

Kouang-siu attendra une bonne décennie avant de mettre en œuvre sa réforme. Aidé par de jeunes lettrés conscients de l’urgence d’une telle entreprise, ils tenteront ensemble de modifier l’avenir de la Chine. Inspirés par le petit frère honni, le Japon, ils rêvent de connaitre leur ère Meiji, en faisant mieux, plus vite. Dans leur précipitation ils oublient que l’arrière garde, les ultra conservateurs menés par Tseu-hi, ne se séparera pas d’un pouvoir absolu hérité des dieux.



Jiro Asada met en scène deux personnages qui illustreront ce moment historique, Wen-sieou et Tchouen-yun. Le premier, cadet d’une riche famille, dérangera l’ordre établi en réussissant à devenir un lettré; le second, petit ramasseur de crottin, soutien d’une famille trop pauvre, se résoudra à la mutilation pour échapper à un destin cruel. Grâce à eux et à la cohorte de personnages, pour la plupart historiques, nous découvrons une Chine dans son intimité. Entre les couloirs du pouvoir, le quotidien du petit peuple, splendeur et misère se côtoient. Il revient sur certains faits; la présence d’européens dés le XVII siècle, la naissance de ce pays, les rivalités entre les Han et les Mandchous, l’univers des eunuques et leurs fragiles existences, les croyances populaires, la notion de famille, les liens liants le peuple et l’empereur… Il dissèque pour notre plus grand bonheur tout un mode de vie. Récit minutieux mené tambour battant qui mélange allègrement réalité politique et sociale et légendes avec une galerie de portraits hauts en couleurs. LE ROMAN DE LA CITÉ INTERDITE tient beaucoup de la fresque cinématographique, il est très visuel. Très dense, bien documenté, son seul point faible est la cadence infernale que l’auteur a choisi. C’est un action pack book qu’aucun dialogue, précision historique ne parvient à ralentir. Tenue en haleine pendant plus de mille pages, j’en suis ressortie crevée.
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Le cheminot (BD)

Dessins réalistes d'un genre dépassé mais que j'aime tant. Deux histoires autour de la vie, l'amour et le deuil. Beaucoup de poésie et de retenue dans ces deux histoires si différentes et si prenantes. J'ai été surprise par cette BD que je n'aurai pas du tout pris en temps normal mais ma moitié s'est laissé tenter pour l'emprunter alors j'ai bien dû en profiter =) Jolie découverte!
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