Citations de Jo Hoestlandt (180)
A quoi pensait l'ours ainsi tiré par Alexis ?
A rien
Non parce que les ours ne pensent pas. Au contraire, ils pensent beaucoup et à toutes sortes de choses, comme nous...
Mais Ivan ne voulait penser à rien, parce qu'il souffrait déjà assez comme ça. (pp. 12-13)
Un spectateur tendit un gobelet plein de vin à l'ours, c'était ce qui se faisait toujours à la fin de chaque spectacle. Mais Ivan le dégagea d'un coup de patte adroit. Il regardait la foule, et chacun sentit se poser sur lui le regard sombre, intense, de la bête, et frissonna.
A la fin, Ivan considéra son maître, longuement ; son regard était lourd, chargé de trop de reproches, ou peut-être de trop d'amour et d'amitié déçus. Il grogna plus fort, sa voix devins rauque, tragique, un son profond qui résonna sur la place du village et qui en se prolongeant, pénétra jusqu'au cœur de chacun, petits et grands. (pp. 33-34)
Souvent, la nuit, seule dans mon lit, je nous invente une autre vie... Une vie où chacun peut aimer qui il veut dans le monde où chacun va là où il le souhaite, sans frontière, sans gardes, sans bombes, sans ruines... Où personne ne souffre plus ni dans son corps ni dans son cœur, où nul n'éprouve regrets et remords. Une vie en harmonie avec le monde entier, les gens, les animaux, les plantes, les pierres, tout,... Un monde sans arme, où l'on ne détruit plus rien...
Je n'aurais su dire ce que son regard exprimait; mais entre nous, désormais, était tendu ce fil ténu, invisible, tissé de mots encore muets.
Ce palais est un beau livre qui s'écrit en secret. Il s'était endormi près d'elle, elle avait lu toute la nuit près de lui. Au matin , il s'était réveillé avec le sentiment d'avoir dormi au paradis.
Et qui peut dire si si les rêvent ne vous soignent pas ? Ne vous font pas grandir ? S'ils ne sont pas tout aussi nécessaires que les légumes, le lait, le soleil, les vitamines !
Ils ne forment bientôt plus qu'un seul grand corps où tambourine fort le même cœur
- En vrai, je ne m'appelle pas Louis...
Ce qui, évidemment, stupéfaits les trois amis.
- Ah bon? Tu veux dire, c'est une fausse identité, comme un vrai espion, alors? fait Rebecca, subitement intéressée à présent.
- Mais tu t'appelles comment, du coup, en vérité? Interroge Noé.
- Elie, dit l'enfant. Chez moi, on m'appelle Elie, je suis Elie.
Mais ailleurs, je suis Louis.
Une musique, c'est comme un parfum, tu te souviens de tout ce qui l'accompagne au moment précis où elle t'a percuté. (Des airs sauvages, p.9)
Devant la grille de l'école, il y a plein d'autres mamans qui boudent devant l'entrée. Leurs petites filles et leurs petits garçons font semblant de ne pas s'en apercevoir.
C'est parce qu'on est pauvres, leur expliquait leur mère, fataliste. Les riches, personne ne vient les embêter chez eux, leur dire ce qu'il faut faire, ce qu'il ne faut pas faire, ce qu'il aurait mieux valu faire, tout ! Mais nous, si on les envoie bouler, couic ! ils nous sucrent les allocs et ils nous prennent les mômes en otage. Alors, même si ça nous démange, on a intérêt à la boucler. C'est la chienlit, mais si on veut rester ensemble et pas crever la dalle, faut en passer par eux, c'est comme ça.
Quand j'étais petite, à l'école, si on voulait me faire pleurer, on me traitait de « négresse ». Alors ça ne manquait pas, je fondais en larmes...
Sans doute est-ce cela aussi, parfois, écrire : s’adresser en longue et intime confidence à d’invisibles amis, dans l’espoir fou qu’ils vous comprendront, qu’ils vous pardonneront vos erreurs et vous aimeront autant.
Quels autres bonheurs dont elle ignorait tout pouvait-elle vivre encore, en faisant un pas de côté, en détournant seulement les yeux du chemin tout tracé ?
page 23 chapitre 3 Où le vieil homme ouvre aux gendarmes
Un peu de temps passa. Ce fut l’hiver, il neigea. Avant Virgile, Anatole ne regardait pas tomber la neige, n’écoutait pas les plaintes du vent, ne s’occupait pas des oiseaux aux ailes collées par le froid, ne voyait pas sortir les minuscules perces-neige, ne donnait rien au chat abandonné et affamé. Pour Virgile, il se mit à le fenêtre et lui compta les flocons, il accompagna le vent de chansons qu’on lui chantait autrefois, il recueillit oiseaux et chats mourants de froid.
Virgile le récompensait de tout cela en riant aux éclats.
L.G.-R.
[... ] je refuse de me méfier de tous ces gens inconnus que je croise. Sinon, ma vie sera laide. Ce ne sera plus une vue, ce sera une prison. [... ] j'aimerais que plein de gens aient envie de vivre près de moi.
"mais c'était rare la liberté d'être moi très rare."
A ce moment-là, la maîtresse m'a regardée, moi qui me tenais là, debout, dans mon petit tablier noir, avec mes cheveux crépus en couronne sur la tête. Et sans méchanceté aucune, d'une voix parfaitement neutre et naturelle, elle a annoncé : - Evelyne Gooden ? Oh, non ! Pas toi ! Tu n'es même pas d'origine française ! "
Il garda un peu trop longtemps ce bébé contre lui. Au bout de ce long moment, il sentit que se séparer de cet enfant qu'il tenait contre son cœur et dans ses bras serait comme s'arracher les bras. Il accepta le miracle.
Sur la voie ferrée qui se trouvait juste derrière le mur du jardin d'Anatole, un train passa. Mais le vieil homme s'en fichait bien des trains, il ne releva même pas la tête. De toute façon, il n'y avait rien à voir, les trains passaient tout fermés, Anatole ne savait pas ce qu'il transportaient, ce n'était pas son affaire. Sauf quand, du train, on lui envoyait quelque chose dans son jardin (page 5).