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Citations de Joaquim Maria Machado de Assis (71)


12 novembre (1888)
(...) Je crois Tristan amoureux de Fidélia. De mon temps on disait mordu ; c'était plus énergique mais moins délicat et n'avait pas cette note de spiritualité de l'autre expression, d'ailleurs classique. "Amourette" est trivial, évoque un divertissement d'individus légers et sensuels ; "amoureux", en revanche, est charmant ; le mot fait penser aux "cours d'amour", aux chevaliers de jadis qui se battaient pour l'amour de leur Dame. Autres temps...
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Les gens discrets sont rares; la majorité ne sont pas des éperviers, qui, même blessés, volent en silence, comme le dit la chanson, mais des pies bavardes, qui racontent tout ou presque tout.
P. 69
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Il y avait dans le violoncelle une poésie austère et pure, une manière mélancolique et sévère qui se mariaient en quelque sorte avec l'âme d'Inacio Ramos. Le rabeca, qu'il aimait encore pour avoir été le premier véhicule de ses sentiments d'artiste, ne lui inspirait plus l'enthousiasme d'autrefois. Il était devenu un simple gagne-pain. Inacio n'en jouait plus avec l'âme mais avec les mains. C'était son métier, non son art. Son art, c'était le violoncelle ; c'est à celui-ci qu'Inacio réservait les meilleures de ses aspirations intimes, ses sentiments les plus purs, l'imagination, la ferveur, l'enthousiasme. Il jouait du rabeca pour les autres, du violoncelle pour lui-même et - c'était la seule exception - pour sa vieille mère.
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Le jour où la nature deviendra communiste et répartir équitablement les qualités morales, la vertu cessera d'être une richesse et deviendra une chose tout à fait quelconque.
P. 147
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8 avril (1888)
(...) Ecoute-moi, papier. Ce qui m'attire chez cette dame nommée Fidélia, c'est une certaine disposition intérieure que j'ai quelquefois surprise chez elle, et qui fait penser à une sorte de sourire fugitif. Je voudrais l'étudier, si l'occasion m'en est donnée. Le temps ne nous manque pas, certes, encore qu'il me faille bien tout pour m'occuper de moi, et de mon valet José, et de toi si j'ai du loisir - et quelque chose de plus.
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Le matin la découvrit aussi triste que la nuit. Le soleil, comme à l'habitude, dépêcha l'un de ses rayons les plus charmants et les plus vifs sur le visage de Beatriz qui, cette fois, les reçut sans tendresse et sans gratitude. De coutume, elle manifestait à ce rayon aimé toutes les pensées et tous les sentiments d'une âme neuve. Le soleil, stupéfié de cette indifférence, n'interrompit toutefois pas son cours ; il avait d'autres Beatriz à saluer, les unes rieuses, d'autres larmoyantes, d'autres apathiques, mais toutes des Beatriz...Sur ce, notre dom Juan de l'azur s'en fut, semant à tous les vents un million de ces missives, singulièrement radieuses.
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Mais quel gouvernement saurait se targuer d'avoir la compétence lui permettant d'éliminer la folie ? Et si les gouvernements sont impuissants à éliminer la folie, sont-ils au moins habilités à la discriminer et à l'identifier ? Pas davantage; c'est là affaire de science.
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Je ne connais rien à la science, mais si tant de gens, dont nous estimons qu'ils ont du jugement, sont enfermés en tant que déments, qui nous assure que l'aliéné n'est pas l'aliéniste lui-même ?
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L'intolérance est aveugle et la cécité est une cause d'erreur. De bons conseils et la modération peuvent corriger et guider les intelligences, mais l'intolérance ne produit rien qui soit durable et fécond.
Citation de Joaquim Maria Machado de Assis
P. 7
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Nous étions deux adolescents, le peuple et moi ; nous sortions de l'enfance, avec toute l'impétuosité de la jeunesse.
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O menino é pai do homem.
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– Nul ne me paraît plus utile et plus approprié que la carrière de médaillon. Être médaillon fut le rêve de ma jeunesse ; me manquèrent cependant les instructions d’un père, et je finis comme tu me vois, sans autre consolation et soutien moral que les espoirs que je dépose en toi. Écoute-moi bien, mon cher fils, écoute-moi et entends. Tu es jeune, tu possèdes naturellement l’ardeur, l’exubérance, la fantaisie de ton âge ; ne les rejette pas, mais modère-les de manière à pouvoir, à quarante-cinq ans, entrer franchement dans le régime de l’aplomb et de la mesure. Le sage qui a dit : “la gravité est un mystère du corps”, a défini la contenance du médaillon. Ne confonds pas cette gravité-là avec cette autre qui, bien qu’elle se manifeste dans l’apparence, est un pur reflet ou une émanation de l’esprit ; celle-là provient du corps, et du corps seulement, un signe de la nature ou une manière d’être dans la vie. Quant à l’âge de quarante-cinq ans…
– C’est vrai, pourquoi quarante-cinq ans ?
– Ce n’est pas, comme tu pourrais le croire, une limite arbitraire, fille d’un pur caprice ; c’est la date normale d’apparition du phénomène. Généralement, le véritable médaillon commence à se manifester entre quarante-cinq et cinquante ans, bien que quelques cas se produisent entre cinquante-cinq et soixante ans ; mais ils sont rares. Il y en a aussi de quarante ans, et d’autres plus précoces, de trente-cinq ou trente ans ; ils sont toutefois peu ordinaires. Je ne parle pas de ceux de vingt-cinq ans : cette précocité est le privilège du génie.
– Je comprends.
– Venons-en au principal. Une fois entré dans la carrière, tu dois porter toute ton attention sur les idées que tu devras nourrir pour l’usage d’autrui et le tien propre. Le mieux serait de n’en avoir aucune ; chose que tu comprendras aisément si tu imagines, par exemple, un acteur privé de l’usage d’un bras. Il peut, par un miracle de l’artifice, dissimuler son défaut aux yeux de l’assistance ; mais il serait bien mieux de disposer des deux. Il en va de même pour les idées ; on peut, en se faisant violence, les étouffer, les cacher jusqu’à sa mort ; mais cette capacité n’est guère commune, et cet effort constant ne saurait d’ailleurs convenir à l’exercice de la vie.
– Mais qui vous dit que moi…
– Si je ne m’abuse, mon fils, tu me parais doué de la parfaite ineptie mentale qui convient à ce noble office. Je ne me réfère pas tant à la fidélité avec laquelle tu rapportes dans un salon les opinions entendues au coin de la rue, et vice-versa, car ce fait, bien qu’il trahisse une certaine carence en idées, pourrait n’être rien d’autre qu’une défaillance de la mémoire. Non ; je me réfère à la contenance rigide et compassée avec laquelle tu as coutume d’exposer franchement tes sympathies ou tes antipathies à l’égard de la coupe d’un gilet, des dimensions d’un chapeau, des bottes neuves qui grincent ou ne grincent pas. Voilà un symptôme éloquent, voilà une espérance. Néanmoins, comme il se pourrait qu’avec l’âge tu en viennes à être affligé d’idées propres, il importe d’en prémunir fortement ton esprit. Les idées sont par nature spontanées et subites ; on a beau les réprimer, elles surgissent et se précipitent. De là cette sûreté avec laquelle le vulgaire, dont le flair est extrêmement délicat, distingue le médaillon complet de l’incomplet. (« Théorie du Médaillon », 1881)
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La Croix du Sud, que la belle Sofia n'a pas voulu contempler comme le lui demandait Rubiao, est assez haut dans le ciel pour ne pas distinguer entre les rires des hommes et leurs larmes.
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L'annonce du coup perfide perpétré par l'illustre Bacamarte jeta la terreur dans l'âme de la population. Personne ne voulait croire que l'aliéniste, sans motif, sans inimitié, ait enfermé à la Maison Verte une dame parfaitement saine d'esprit, dont tout le crime était d'avoir intercedé pour un malheureux.
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Joaquim Maria Machado de Assis
"Crois en toi, mais ne doute pas toujours des autres."
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Il s'agit de choses bien supérieures, il s'agit d'une expérience scientifique. Je did expérience, parce que je ne me hasarderai pas à donner mon idée pour assurée ; la science elle-même, monsieur Soares, n'est autre chose qu'une constante investigation. Donc, il s'agit d'une expérience, mais une expérience qui va changer la face de la terre. Jusqu'ici la folie, objet de mes travaux, était une île perdue dans l'océan de la raison. J'en viens à soupçonner qu'il s'agit d'un continent.
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Finalement, Quincas Borba s'endort. Les images de sa vie se mettent alors à danser dans sa tête, vagues, anciennes ou récentes, songes faits de pièces et de morceaux. Quand il se réveille, il ne se souvient plus d'avoir souffert ; il a un air - je ne dirai pas mélancolique, pour ne pas provoquer le lecteur.
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Je commence à regretter d’avoir entrepris ce livre. Non qu’il me fatigue : je n'a rien à faire ; et, réellement, expédier quelques maigres chapitres à destination de ce bas monde est toujours une tâche qui distrait un peu de l’éternité. Mais le livre est ennuyeux, il sent le tombeau, il garde quelque chose de la rigidité cadavérique : défaut grave et d’ailleurs sans importance, car le principal défaut de ce livre, c’est toi, lecteur. Tu es pressé de vieillir et le livre progresse lentement : tu aimes la narration directe et nourrie, le style régulier et coulant, tandis que ce livre et mon style sont comme les ivrognes qui tirent à droite, tirent à gauche, avancent, s’arrêtent, grognent, crient, éclatent de rire, menacent le ciel, trébuchent et tombent…
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Parfois, comme émanée des profondeurs de l'inconscient, pointait l'amorce d'une idée; il se précipitait au piano pour la développer, lui donner une traduction sonore, mais en vain, l'idée se dissipait. D'autres fois, assis devant le clavier, il laissait ses doigts errer sur les touches au hasard, pour voir si l'inspiration allait sourdre d'eux spontanément, comme chez Mozart; mais rien, rien, l'inspiration ne venait pas, l'imagination demeurait assoupie. Et si par bonheur une autre idée, précise et belle, surgissait, elle n'était que l'écho d'un thème emprunté à un autre compositeur, et que sa mémoire reproduisait alors qu'il croyait l'inventer. Alors il se relevait, exaspéré, jurant de renoncer à l'art et d'aller planter du café ou conduire une charrue. Mais il ne s'était pas écoulé dix minutes, que de nouveau, les yeux rivés sur le portrait de Mozart, il était au piano, en train de l'imiter.

Un homme célèbre
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Eh bien, voilà donc aujourd’hui un an que je suis rentré d’Europe. Ce qui m’a remis en mémoire cette date, pendant que je prenais mon café, c’est le cri d’un vendeur de balais et de plumeaux: “À mes balais! À mes plumeaux!” Les autres matins aussi je l’entends, mais cette fois il m’a rappelé le jour où j’ai débarqué, le jour où j’ai retrouvé mon pays, mon quartier du Catete, la langue qui est la mienne. Le même cri, oui, qu’il y a un an, en 1887, et peut-être lancé par la même bouche.
Au cours des mes trente et quelques années de service diplomatique, j’étais bien revenu quelquefois au Brésil, en congé. Mais tout le reste du temps – ce qui n’est pas peu – j’avais vécu à l’étranger. Si bien que j’ai d’abord craint de ne pas me réhabituer à la vie d’ici. Et puis cela s’est fait. Bien sûr, je garde le souvenir de gens et de choses qui maintenant sont loin, divertissements, paysages, usages, mais je ne me consume de nostalgie pour rien. C’est ici que j’ai ma place, ici que je vis, ici que je mourrai.
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