«
Iaiá Garcia » est un chef d'oeuvre. Un classique, un socle littéraire hors norme achevé en septembre 1877. « le quatrième roman et le dernier de sa phase romantique. »
Joaquim Maria Machado de Assis est un maître du langage. Puisant dans sa contemporanéité, les psychologies, les idiosyncrasies, les mots qui deviendront des romans cultes. «
Iaiá Garcia » est l'emblème d'une époque brésilienne. L'auteur dévoile subtilement, intuitivement, les turbulences politiques, la guerre : la Triple Alliance, les mouvances d'un esclavagisme encore ancré. Les disparités sociales, les habitus d'une société carioca encore conventionnelle, riche de coutumes, de bien-pensant et de pragmatisme. Les descriptions sont voluptueuses, appliquées. On ressent d'emblée une double lecture sous un filigrane appuyé. Chacun des protagonistes est un symbole. le style est si doux, si aérien que «
Iaiá Garcia » est une référence. Luis Garcia élève seul sa fillette Lina onze ans, surnommée « Iaiá ». Espiègle, volubile, enfant grandissante sous l'armure d'une éducation efficace. Luis Garcia vouant à sa fille un amour protecteur. Entre Luis et le Noir « Raimundo » l'enfant est bercée de sollicitude. « Iaiá allait alors trouver le Noir. – Raimundo, qu'est-ce que vous m'avez gardé ? -Quelque chose, répondait-il en souriant. Devinez quoi ! -Un fruit -Non -Un oiseau – Non plus -Une friandise -Laquelle ? -Je ne sais pas. Donnez-la-moi moi ! Parfois c'était un gâteau, parfois un fuit, un joli insecte. » Dans l'autre versant de ce récit. Je demande la mère : Valéria, riche veuve d'un juge. le fils : Jorge éperdument amoureux d'Estela dont le père : M. Antunes était clerc du juge. Habitué des tables dressées, des confidences intimes, des services exaucés pour le juge. Il est le serviteur des hautes instances sociales. Sa femme décédée, le juge et sa femme auront de cesse de prendre Estela sous leurs ailes. Jeune femme devenue à la fin de ses études Estela vit chez Valéria et Jorge. Dans un rôle un peu contrasté. Employée aux services de ces derniers, choyée, mais sans cette tendresse qui s'abandonne. Voilée par les disparités sociales d'un Brésil extrinsèque et rigoriste. Que va-t-il se passer ?
Joaquim Maria Machado de Assis excelle de prouesses. Il peint des personnages intrigants, d'une force altière telle que le récit s'échappe et l'on est en plongée dans une réalité impressionnante. Les amours emblématiques, les émois, les sentiments, dans un siècle en proie aux non-dits, au conformisme. Les jeunes femmes ne sont pas des caricatures. le récit est empreint de tous les ressentis plausibles, toutes les facettes de l'amour. le tragique, le passionné, l'impossible (peut-être). Traduit du portugais avec brio par
Isabelle Leymarie, qui signe aussi une préface soutenue et éclairante. C'est une grande chance qu'il soit édité par les Editions du Jasmin. «
Iaiá Garcia » est une fierté de lecture.
.