Johan Heliot

Lise se mordit l'intérieur de la joue pour ne pas crier de joie et alerter son père. Elle avait réussi ! Les souvenirs de son frère, ainsi que les émotions qu'il avait ressenties au moment de se confier à l'Emo-Memo, se trouvaient à présent en sécurité sur le disc de son ordi.

Tremblante d'excitation, elle pointa l'index sur l'icône de l'Emo-Memo et la fit glisser vers une autre, d'apparence anodine, située sous une patte du pingouin et intitulée " Souvenirs ". Le système émit une brève série de clics et de bourdonnements à mesure que les données étaient intégrées au fichier désigné par l'utilisatrice. L'opération ne dura cette fois pas plus d'une minute. Elle avait parfaitement réussi, comme en témoignait le minuscule pouce levé clignotant en surimpression sur l'icône.

Lise se cala au fond de son fauteuil, ramena ses mains sur ses cuisses, inspira profondément et, sans quitter l'écran des yeux, ordonna d'une voix sourde :

- Ouverture Souvenirs, fichier Emo-Memo 1.

La surface de l'écran chavira. Le pingouin se désagrégea en millions de pixels qui s'enfuirent dans toutes les directions, comme si la bestiole venait d'imploser. Une minute passa, puis deux… autant dire une éternité !

- Dépêche-toi… Plus vite ! s'impatienta Lise.

Enfin, les particules colorées commencèrent à se rassembler au centre de l'écran. La jeune fille trépignait sur son siège tandis que le front, le nez, les joues de l'Alter se dessinaient avec une lenteur exaspérante, en rapport avec la puissance limitée de la machine.

L'image finit tout de même par se stabiliser. Elle formait un visage souriant.

Lise se pencha en avant, fit basculer son fauteuil, approcha ses lèvres au plus près de l'écran et articula silencieusement : " Je-re-my ".

Les lèvres du visage remuèrent. Une voix jaillie des haut-parleurs s'éleva dans la pièce :

- Salut, grande sœur. Je suis content de te revoir…

Vois-tu, dans la très longue histoire de notre planète, il est déjà arrivé à plusieurs reprises aux espèces dominantes de s'éteindre par la faute d'une catastrophe naturelle aux conséquences dévastatrices. Jamais pour autant la vie n'a renoncé à reparaître, sous une forme différente, mieux adaptée. Il n'y a aucune raison qu'elle abandonne la partie cette fois-ci.
Impressionné par autant de conviction, Jon finit par acquiescer.
- Je ferai de mon mieux, promit-il à sa mère, la gorge nouée.
- Je sais, mon chéri, je sais ...
Elle retira un premier gant.
- Mais qu'est-ce qui te prend ? l'interpella son mari. Mais elle ne l'écouta pas et ôta le deuxième gant, avant de commencer à dévisser son casque.
- Je veux pouvoir embrasser notre fils avant qu'il nous quitte pour toujours, Ethan. Et certainement pas à travers cette satanée combinaison.
Après une brève hésitation, le père de Jon l'imita.
- Maman, papa ! Le rayonnement ...
- Aura notre peau de toute façon, conclut Karin avec fatalité. Nous l'avons accepté. A ton tour maintenant.
Elle ouvrit grand ses bras et Jon s'y jeta. Puis li étreignit son père sans plus de retenue - un geste d'affection dont ni l'un ni l'autre n'étaient coutumiers.Ethan laissa ses larmes couler et se mêler à celles de son fils adoptif.
- Le véritable courage, lui souffla-t-il, consiste à assumer ce pour quoi on est né, même quand on ne l'a pas choisi. Il t'appartient à présent de le démontrer. Tu seras à la hauteur, je le sais moi aussi, car je le sens dans mon coeur. Ton destin t'attend loin de la Vallée, Jon. Va, rejoins-le sans regret, et sache que nous sommes heureux pour toi, mon grand !

Les couleurs de ses multiples couches de lainage pâlirent dans l'instant, tandis qu'un puissant courant d'air soufflait d'un coup les flammes. (p.95)

- Dans votre cas, on pourrait presque parler de dents de sagesse.
- La sagesse ne pousse pas, ou alors au hasard. Et vos concitoyens ne semblent pas concernés.
(un "Brooke" (vampire) à Doc Holliday)

La vie, le destin, appelez ça comme vous voudrez, s’arrange toujours pour placer ses embûches en travers de votre chemin, tôt ou tard.

Parmi la ribambelle de chiffres et de signes ésotériques pour un béotien de la chose scientifique, le valet distingua plusieurs mises en garde rédigées en latin ou en français contemporain. L'une d'elles le frappa par son caractère funeste doublé d'une référence à la mythologie : la faute de Prométhée, avait écrit Pascal, nous sera-t-elle pardonnée par Dieu si nous la répétons en connaissance de cause ?

Lui était trop épuisé pour prendre la route, trop vieux pour commencer une nouvelle vie. Dame, il a presque atteint quarante ans !

La nouvelle interface organique semblait mieux disposée. Surtout, elle avait les moyens et le pouvoir qui manquaient à la précédente. Dans la nomenclature de l'espèce, elle se hissait au sommet de la hiérarchie. Il suffisait de voir comme ses congénères se comportaient avec elle pour s'en convaincre. Et si cela ne suffisait pas, une exploration minutieuse de son appareil directeur le confirmait. De son propre point de vue, la créature se portait au pinacle de l'évolution. Il y avait chez elle, outre une grande ambition et une forte propension à l'autosatisfaction, un incroyable désir de revanche, enraciné dans un terreau de craintes et d'humiliations. Tout à fait ce qu'il convenait à l'Unité d'Exploration Conscientisée.

- Moi, j'ai envie de voir Paris, lança alors Martin, l'oeil brillant. C'est là que vit le roi de France. Monsieur le curé l'a dit. Et le roi est comme le bon Dieu depuis qu'on l'a sacré à Reims. Alors quand on le verra, sûrement qu'il nous donnera des nouvelles du père !
Personne à la tablée n'eut le courage de corriger sa naïveté. Jeanne et Pierre échangèrent un regard attristé. La candeur de Martin était comme une lueur, incertaine et fragile, dans la nuit de leur malheur.

Le Führer a disparu dans son bunker, où personne n’ose le déranger. Vous connaissez son exécrable caractère quand la situation ne tourne pas à son avantage ! Il va certainement bouder un jour ou deux, passer sa colère sur ce qui lui tombe sous la main, et il réapparaîtra une fois qu’il aura tout démoli.

On dit que les profondeurs du monde abritent un peuple aux moeurs étranges, maîtres des ferhoms et d'autres terrifiantes merveilles à l'usage mystérieux

Vivre, c’est apprendre à se passer de réponses et profiter de chaque journée au maximum. Aujourd’hui, Lydia a enfin la possibilité de faire ses propres choix. Cela la rend définitivement humaine.

Si Sebastian a choisi de baptiser son bébé d’un nom commençant par un g, et contenant au moins un l et deux o, cela n’est bien sûr pas une coïncidence. Globo est avant tout une arme de destruction massive dans la guerre impitoyable que la coalition du Sud a déclarée aux intérêts du Nord et à leurs plus puissantes troupes d’invasion économique, fussent-elles virtuelles. Cible privilégiée, la célèbre firme de Mountain View et son écœurante hégémonie qui dure depuis près d’un quart de siècle. Sebastian n’a jamais caché son ambition d’abattre Google.

super livre! a lire absolument

Les peurs ancestrales avaient été conjurées. Personne ne craignait plus le spectre d’une guerre mondiale. Les conséquences du réchauffement climatique ayant été prises au sérieux, les comportements avaient évolué dans le bon sens. L’essor de la robotique avait permis de se soustraire aux travaux les plus pénibles – le vieux rêve de la science-fiction était devenu réalité dans les années 2020. Pour couronner le tout, la première intelligence artificielle digne de ce nom avait enfin vu le jour en 2030, et l’on s’était empressé de lui confier des responsabilités à l’échelle planétaire…

«  Tout est information de nos jours. Qui contrôle sa diffusion contrôle aussi le monde.Et plus encore le futur. Correctement analysées, les big data permettent de tirer des modèles de comportement social, politique ou économique très fiables. Les gouvernements et les grandes entreprises dépensent des fortunes pour concevoir leurs propres outils de décryptage de l'information, afin d'anticiper au mieux les tendances de l'avenir. » (p. 92 édition Rageot 2014)
« Vous envisagez de contrôler les populations en influençant leurs décisions par le Net ? » (p. 143)
« En affinant sans cesse les profils de leurs usagers, [les grandes entreprises du Net] sont en mesure de leur proposer des publicités ciblées pour toutes sortes de produits. Ainsi les comportements sont-ils conditionnés. [… Les internautes] sont incapables de distinguer une information avérée d'une autre fabriquée, car ils ne peuvent la vérifier que sur le Net. Qui contrôle l'information contrôle le monde, mademoiselle Luck. » (p. 143)

Je découvre le "Steampunk" ....mais ma foi j'ai adoré ce livre. L'auteur a su faire un savant mélange entre l'histoire, des auteurs connus ou des personnes ou personnages célèbres . Prendre Jules Verne et l'ériger en personnage principal me semblait impensable. Ce mélange d'extrahumains, de Napoléon III, Victor Hugo, Louise Michel, Hetzel et Jules Verne est fortement réussi. J'ai eu peur d'être déstabilisée et je me suis laissée séduire et happer dans cette rencontre insolite ... Enfant j'ai dévoré les Jules Verne, et je reconnais là un auteur que ce grand Monsieur aurait souhaité connaître. Johan Héliot merci et surtout si vous avez le temps cet été ne faites pas l'impasse de ses livres ...

Je découvre un auteur que je dois rencontrer lors de "Scientilivre" et j'avoue que je me suis laissée séduire par cette écriture et ce style bien personnels . Une heureuse lecture que je recommande pour ceux qui aiment la SF.

Prévisions : collaboration et résistance (pourcentages en calcul).
Observations : organiser gestion optimale des populations (exploitation et/ou éradication).
Moyen : regroupements, nouvelles attributions de production (exploitation) ; détection, traque, élimination (éradication).
Objectif : préservation ressources globales, sauvegarde planète.

Le Grand Duc s’avança dans le salon, dévisageant les chefs des Ligues. Il s’assit, croisa les bras sur sa poitrine puis toisa Maurras.
- Je vous écoute, fit-il.
- D’abord, merci d’avoir accepté notre invitation. Nous n’étions pas certains de l’endroit où vous trouver, aussi nous avons passé notre annonce dans plusieurs journaux. Y Compris L’Humanité !
- Le Figaro suffisait