La pièce est tout simplement fabuleuse à voir. La lire, sans l'avoir vu c'est une perte du jeu scénique qui participe autant que le texte à la compréhension de l'oeuvre. Il en va de même pour nombre de pièces du théâtre moderne (Douze hommes en colère, Tous des oiseaux, Qui a peur de Virginia Woolf ? etc.)
L'intérêt de sa lecture est de comprendre et de décortiquer le mouvement de ce grand bain qu'est la pièce et permet d'analyser les nuances, les fragilité, les césures dans la décision des personnages qui vont peu à peu les faire basculer, etc. Surtout le texte révèle comment un simple mouvement, une simple indécision peut être révélatrice et entraîner des répercussion tout au bout de l'intrigue et comment la politique finit par être une histoire d'hommes avec leur fragilité et leurs erreurs.
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Ce conte revisité joue sur la peur : le petit chaperon rouge a peur quand sa maman joue à faire la bête monstrueuse. Elle a peur de son ombre dans les bois qui la mènent à sa grand-mère. Mais elle n'a pas peur du loup quand elle le croise. Elle n'a pas peur non plus quand il lui dit le ventre plein de la grand-mère qu'il va la manger. C'est un petit chaperon rouge avec de la répartie.
Mais va-t-elle finir en garde-manger ?
Un conte moderne pour petite fille éveillée et bavarde !
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Ceci est une critique sur le texte de la pièce que j'ai lue, sans la voir sur scène.
"Le monde entier est un théâtre" disait Shakespeare, et particulièrement le petit théâtre de la politique. Après tout, chaque orateur - et chaque homme détenant le pouvoir - est en représentation pour séduire et convaincre ses électeurs. Ce n'est pas une pièce historique sur la révolution française - pour ça, mieux vaut relire la Mort de Danton de Büchner. Certes, le roi s'appelle Louis et la Révolution est la source d'inspiration, mais sans indication de date, sans les noms des véritables députés... C'est donc une fable sur le pouvoir, la façon de le conquérir, de le conserver, et de s'en servir. Et puis des députés qui cherchent à faire des économies, à réformer le système fiscal dans un Etat en crise, cela résonne forcément avec la situation contemporaine...
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En 2007, Joël Pommerat reçoit le Grand Prix de littérature dramatique pour « Les marchands ». Il s'agit d'une création théâtrale et non pas d'une pièce de théâtre comme on a l'habitude de voir. Sa particularité est qu'il n'y a pas de dialogue mais que l'histoire est racontée par une seule personne que j'appellerai la narratrice.
C'est donc un concept très original que propose Joël Pommerat d'autant plus que le ton de la narratrice est neutre et détaché alors que la situation est plutôt dramatique. On pourrait même dire qu'il s'agit d'une tragédie. Cette tragédie c'est le quotidien de la misère et le travail harassant jusqu'à rendre malade. La narratrice est corsetée physiquement, elle a mal au dos et raconte pourtant sa chance d'avoir un travail comparée à son amie et voisine qui elle n'a rien en dehors de son fils.
À travers ces personnages et de leurs proches, Joël Pommerat parle de notre rapport au monde du travail. C'est une pièce sombre, troublante, qui fait froid dans le dos mais qui mérite d'être signalée pour son originalité et son sujet bien sûr.
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Une pièce extrêmement intéressante d'un point de vue littéraire mais que j'ai moins appréciée dans une optique de divertissement. Toutes ces métaphores sont très intelligentes et apprennent beaucoup sur le deuil et la mort d'un être cher (tout comme sur le problème des malentendus).
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Un conte classique réécrit sous la forme d’une pièce de théâtre moderne!! On connaît tous l’histoire de Cendrillon (au moins le dessin animé de Walt Disney!)... Ici, on reprend les éléments essentiels : la belle mère, les 2 sœurs, un bal, une fée, une chaussure.... et on en fait du neuf, du drôle, du dérisoire! J’ai beaucoup aimé cette version complètement revisitée!! Mention spéciale à la fée... une fée qui fume et vol une voiture pour emmener Cendrillon... mais chut, je n'en dirais pas plus !
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J'ai lu "Cendrillon" de Joël Pommerat après avoir vu cette excellente pièce de théâtre dans une mise en scène de Léonard Cobiant, à Saint-Maur-des-Fossés, près de Paris.
J'ai bien aimé cette adaptation du conte qui a marqué mon enfance. La proposition de Pommerat est moderne et sombre. A l'origine, "Cendrillon" est un conte de Charles Perrault, repris par les frères Grimm et très connu parce quil a été adapté au cinéma par Walt Disney.
Ici rien à voir, même si Pommerat réactive ce plaisir du texte conté avec un personnage à part entière pour la narration.
Cette pièce raconte l'histoire de Sandra-Cendrier-Cendrillon. Elle va passer de l'enfance à l'adolescence puis à l'âge adulte et connaître de nombreuses épreuves : perte de sa mère, culpabilité obsessionnelle qui l'entraîne constamment à se punir, mauvais traitements d'une belle-famille hystérique et jalouse, père faible et lâche. Rien n'est épargné à Sandra-Cendrier, coupée du monde par son désir farouche de ne pas grandir. Mais son désir de vivre, perdu, va renaître grâce à une fée loufoque. Cendrillon se retrouve alors en face du prince comme dans un miroir, ce qui la conduit à une prise de conscience et à un retour à la réalité... pour vivre heureuse et peut-être avoir beaucoup d'enfants.
"Cendrillon" est le troisième conte adapté par Joël Pommerat après "Le Petit Chaperon Rouge" et "Pinocchio" et je dois dire que le style drôle et grinçant de cette pièce m'a donné envie de découvrir les autres.
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Voici une réécriture moderne et originale du conte de Cendrillon, sous une forme théâtrale.
L'héroïne, surnommée La très jeune fille, ou Cendrier, vit dans une maison en verre avec sa belle-mère et ses deux demi-soeurs. Le pere est présent mais meprise.
Elle a une montre qui sonne toutes les 5 m' pour lui rappeler de penser à sa mère.
Le très jeune Prince, lui, de son côté, attend un appel téléphonique de sa mère depuis 10 ans...
Les éléments du conte, comme la fee ou la chaussure, sont presents mais détournés de leur fonction originelle.
La pièce, construite en deux PARTIES, est plaisante à lire.
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Un excellent livre pour découvrir le théâtre si particulier de Pommerat, essentiel dans le paysage théâtral français actuel. Le livre est construit sous forme d'un chassé-croisé entre la voix de la journaliste Joëlle Gayot et celle de Joël Pommerat. Chaque chapitre s'ouvre par un petit texte de J. Gayot et se poursuit par une partie plus longue écrite par Pommerat. Les photos complètent très bien le texte et donnent une bonne idée de l'atmosphère des pièces, ce qui est suffisamment rare dans un livre consacré au théâtre pour être souligné.
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Qui pourrait, quatre heures durant, non seulement assister aux débats d’une assemblée constituante sans décrocher, mais surtout y assister avec passion, avec les joues roses d’excitation et le cœur qui bat, et y assister avec raison, avec le sentiment de devenir plus clairvoyant et plus vif, à chaque minute ?
C’est exactement ce que j’ai éprouvé à la représentation de Ça ira (1) fin de Louis, ce que j’ai ressenti devant cette leçon d’histoire en actes et en paroles , cette vaste fresque mythique de notre révolution française, inspirée par les comptes- rendus des réunions de l’hôtel de ville, des assemblées de quartier et bien sûr de l’Assemblée du Tiers Etat à Versailles -mais réactualisée par des costumes contemporains, la présence de femmes députées et une absence volontaire de marqueurs historiques – à part Louis, aucun personnage ne porte son nom historique.
J’ai vu l’Histoire en marche, mais je n’ai pas vu une énième pièce historique sur la Révolution. J’ai assisté, sur mon petit fauteuil rouge, aux Amandiers de Nanterre, à l’éclosion délicate et difficile, souvent tumultueuse, de la démocratie.
Pas une reconstitution historique, mais la reconstruction d’un processus, d’une dynamique.
Privé de ses repères de cours d’histoire –ah, tiens, ça c’est Danton, celui-là, c’est Robespierre, l’Incorruptible- le spectateur est « placé dans un état de découverte des événements », dit Pommerat, « comme s’il était lui-même contemporain de ce qui se déroule sous ses yeux. »
Un passé réactualisé, un « passé-présent » parce que, dit toujours Pommerat, « on ne peut pas reconstituer le passé. Le passé n’existe plus, il s’agit toujours d’une fiction pour l’historien comme pour l’écrivain ou le metteur en scène. Ça ira est une fiction vraie, c’est-à-dire une fiction que j’ai voulue la plus vraie possible. »
Le spectateur n’est pas pris à parti comme dans un spectacle d’Ariane Mnouchkine: tandis que les acteurs arpentent la salle -devenue assemblée de citoyens, de députés, ou font irruption sur la scène, lieu des débats officiels, lui reste spectateur, libre, comme un citoyen de l’époque, de choisir son camp, d’hésiter, d’en changer. De se faire une opinion.
Une vraie leçon de civisme et de citoyenneté, bien utile par les temps qui courent où l’on ne vote plus, ou mal, ou contre et rarement pour, où le vote est une sorte de billard à deux bandes, une stratégie d’évitement plus qu’une façon d’assumer son choix et sa détermination, ou pire un vote recyclable et jetable comme les sacs du même nom, - il faut dire que l’offre politique n’a rien pour nous… emballer !
Autant le spectacle Au monde m’avait laissée froide, et m’avait même ennuyée profondément, autant Ça ira, rejoué cet automne aux Amandiers, m’a enthousiasmée : je n'étais pas seule, la salle tout entière a salué debout, comme aux temps de fièvre citoyenne et révolutionnaire.
Nous avons senti, le temps d'une représentation, le grand vent revigorant de la démocratie souffler sur nous et rafraîchir l’air vicié et pesant du temps présent.
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Nous n'avons pas trop apprécié ce livre car il n'était pas drôle(pas trop interressant )
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Pinocchio vu par Pommerat est un enfant en quête de liberté. Au départ il veut tout, tout de suite. Il veut être riche sans travailler, sans aller à l'école et, naïf, il est une proie facile pour les escrocs, les marchands d'ânes.
Au fur et à mesure, il évolue : il comprend que l'instruction est une étape nécessaire pour ne pas se faire manipuler par le premier venu, il se rend compte des pouvoirs de la parole et dépasse le statut de pantin ou d'animal pour devenir un être humain à part entière.
Une belle adaptation moderne du récit de Collodi qui propose plusieurs niveaux de lecture selon que le lecteur sera un enfant ou un adulte. Certains passages, comme celui qui oppose le maître d'école au mauvais élève, sont très savoureux et pourront faire l'objet d'une mise en scène scolaire.
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Ici, le petit Chaperon rouge est pretexte a jouer avec la langue, très répétitive, assez hypnotisante, j'ai trouvé que c'était une belle ré-écriture. Très moderne.
Les contes sont souvent un lieu de catharsis, avec des arcs très marqués, des méchants très méchants et des gentils très gentils. Sans bouleverser les rôles, ici, l'écriture de Pommerat apporte une certaine neutralité réaliste qui rend l'ensemble un peu doux-amer.
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La fée dans le Cendrillon de Joel Pommerat :
Elle arrive en se cassant la figure. Visiblement, elle n’a pas la tête d’une fée. Mais elle se présente comme telle. Elle fume dans cette chambre sans fenêtre. Elle se ratatine sur le lit de Cendrillon.
Mais alors qu’a-t-elle de fée cette rigolote ? Maladroite comme elle est.
Elle vient bousculer Cendrillon et lui amener ce simple et important conseil : vis vis.
N’oublies pas le deuil de ta mère mais vis. Amuse-toi. Le deuil ne doit pas te priver d’une vie normale ; d’une vie joyeuse. Ne t’enfermes pas dans le passé. Ne passes pas à côté de belles opportunités.
Peu importe si cette fée s’en mêle avec ses pouvoirs et rate ses tours de magie des jeux de carte. Elle dit ne pas vouloir utiliser ses pouvoirs mais réussir en apprenant, en s’entraînant.
Cette fée ne change pas la vie de Cendrillon avec une baguette magique mais avec une philosophie de la vie. La beauté de la vie vient de ses surprises, de ses découvertes, de sa curiosité assoiffée et titillée.
On est riche de ses victoires sur ses difficultés, de ses forces fleuris sur les sillons de ses blessures, de nos plaisirs, du temps qu’on prend à s’écouter, à profiter des joies et des fêtes. Carpe Diem
J'ai adoré ce personnage et j'ai trouve que c'est une belle création originale de Joel Pommerat.
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