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Critiques de Jonathan Franzen (446)
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Les corrections

Voilà, ça c’est ce que j’appelle de la Littérature. Un écrit qui a du souffle, de l’ambition, de l’intelligence, de l’imagination, du vocabulaire, du style. Qui engendre toute une gamme de sensations : émotion, agacement, rire, malaise, admiration et même suspense. Et qui ne prend pas le lecteur pour un c…

Ouf, n’en jetez plus, me direz-vous, c’est bien trop pour un seul homme, ou un seul livre. Difficile à croire qu’on trouvera tout cela dans Les Corrections, quand on sait que la trame consiste banalement à nous parler d’une famille banale, issue banalement de la classe moyenne supérieure d’une non moins banale ville du Midwest américain. Et pourtant…

Or donc, dans la famille Lambert, je demande les parents, Al et Enid, vieillissant dans leur maison encombrée par une accumulation de 40 ans de choses inutiles et/ou inutilisables. Al, le patriarche, glisse dangereusement sur la pente de Parkinson et de la démence sénile. Lui qui n’a jamais su exprimer ses sentiments, le voilà prisonnier d’un corps et d’un esprit défaillants. Enid, sa femme souvent insupportable de morale bêtifiante et obsessionnellement attachée à sauvegarder les apparences, est tout aussi obsédée par l’idée de réunir une dernière fois la famille pour Noël.

J’appelle ensuite la jeune génération, guère plus brillante : Gary, Chip et Denise, la quarantaine aujourd’hui, se sont empressés de fuir le foyer étouffant pour éviter de reproduire les erreurs des parents, coupables de n’avoir su créer un cadre familial harmonieux et aimant. Mais les « corrections » voulues par les rejetons ne s’avèrent pas plus efficaces. Chip, professeur d’université raté et viré, s’embarque dans d’improbables tribulations « magouillantes » en Lituanie. Gary, dont on pourrait croire qu’il a « réussi sa vie » et est le seul être sensé de la famille, a si peur de sombrer dans la dépression qu’il en devient paranoïaque. Denise, la petite dernière, jamais à court d’idées de recettes pour le restaurant gastronomique dont elle est le chef, se trouve bien dépourvue quand il s’agit de savoir qui elle est vraiment.

Et ça se chamaille, ça s’engueule, ça se critique (ouvertement ou non, peu importe, pourvu que les voisins n’en sachent rien), ça se déteste, ça s’entraide, ça se laisse tomber, enfin bref, ça s’aime même si ça ne s’en rend pas compte. Une famille formidable ? Que nenni, on est loin de la vision idyllique. Au contraire, la plume est trempée dans un cynisme vitriolé plutôt que dans le coulis de guimauve. L’analyse est réaliste, brassant les thèmes des relations familiales principalement, mais aussi du capitalisme, de la vieillesse, de la maladie et des conventions sociales, alternant humour corrosif à la hache (ahh, les conversations téléphoniques entre Gary et sa mère…les déboires de Chip…), effroi distillé au bistouri glacé (les délires d’Al font froid dans le dos), et en fin de compte et entre les lignes, compassion distribuée à la petite cuillère.

Alors oui, ce roman « mesure » 700 pages. Mais pour une fois, qualité rime avec quantité, malgré certaines longueurs. Mais attention, ce n’est pas un pavé « facile ». L’auteur est exigeant, il n’est pas du genre à enchaîner les romans commerciaux insipides vendus au rayon lecture du supermarché. Je reste admirative devant tant de talent : intelligence d’écriture, envolées littéraires, sens de la formule, saut passé/présent en deux mots sans rendre le récit chaotique. Il faut passer l’obstacle des premières pages déroutantes, s’accrocher parfois, ne pas renoncer car le jeu en vaut la chandelle : un grand roman par un grand auteur.

Les esprits chagrins trouveront ce roman prétentieux, indigeste ou déprimant. Moi je remercie Monsieur Franzen de tirer la littérature – et les lecteurs – vers le haut.

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Les corrections

Connaissez vous Jonathan Franzen ? Non ! dommage

Connaissez vous " les corrections" et la famille Lambert ? Re-non ! re-dommage

La spécialité de Jonathan Franzen c'est la famille, mais plutôt une famille qui part en vrille.

Prenez par exemple les Lambert, une famille qui aurait pu voter Trump en 2016, une famille du middle west comme tant d'autre.

Chez les Lambert il y a le père, Alfred, ingénieur à la retraite des chemins de fer. Il est plutôt taiseux Alfred, sa retraite il l'a passe dans son garage entre ses inventions et son fauteuil bleu qu'il quitte de moins en moins depuis qu'il a la maladie de Parkinson.

Enid la mère au foyer, celle qui fait tourner la maison. Enid est une femme d'un autre temps avec des idées biens arrêtées comme " pas de relation sexuelle avant le mariage". Son obsession, les fêtes de noël.

Pour l'instant le model familial à la sauce aigre douce de Franzen est à peu près normal, il y aurait peut-être quelques " corrections" à faire. La famille c'est comme une mécanique bien huilée, on peut entendre le doux ronronnement du moteur. Sauf qu'au moindre grain de sable la mécanique se grippe. Je vais vous présenter les grains de sables, les enfants Lambert.

Gary est le fils ainé, le chouchou de sa maman, son travail est d'acheter et vendre des actions boursières. Marié à Caroline et père de trois garçons.

Gary est matérialiste normal pour quelqu'un qui travaille dans la finance.

Il est plutôt fier de sa réussite sociale, il se croit indispensable, voudrait régenter son monde mais ne maitrise rien, surtout pas sa femme qui le mène par le bout du nez.

Chip le deuxième fils est le contraire de Gary, il manque d'assurance, comme si le frère ainé avait tiré la couverture à soi.

Ce professeur d'économie, licencié de l'université où il enseignait à des rêves d'écrivains.

Et pour finir je vous présente Denise, chef cuisinier dans un restaurant gastronomique de Philadelphie ou plutôt était car Denise a été licenciée pour faute grave.

Jonathan Franzen ne prend pas de gants, comme à son habitude il égratigne, il sait de façon habile rendre ses personnages agaçants voir insupportables. Avec " Les corrections " l'auteur de "Freedom" et de " Purity" nous renvoie à nous même et à nos travers. Un grand roman comme les écrivains américains savent le faire.

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Purity

Le contraste est saisissant entre la courte tranche de vie de Purity Tyler que nous narre Jonathan Franzen, et l’épaisseur du support! Plus de sept cent pages, avec une impression de ne plus jamais pouvoir en sortir. Heureusement que l’histoire est intéressante et plutôt bien contée (on est pas non plus dans un chef-d’oeuvre de style littéraire, mais la traduction est passée par là, difficile de pointer le responsable, et de plus la part belle est faite aux dialogues, qui ont plutôt tout à gagner d’une authenticité au détriment du style).



Purity, qui a tellement honte de son prénom qu’elle le cache autant que faire se peut et répond volontiers au surnom de Pip, vit une relation conflictuelle avec sa mère, le point d’achoppement de leurs différents tournant autour de l’identité soigneusement cachée du géniteur de Pip. La quête identitaire de la jeune femme est d’autant plus compliquée que sa mère, enceinte d’elle, a disparu des écrans radar, allant jusqu’à changer de nom pour brouiller les pistes.



C’est un parcours complexe, fait de hasard et de nécessité qui mènera la jeune fille sur la piste de ses origines .



Ce qui alourdit considérablement le récit, c’est qu’à chaque personnage rencontré, l’auteur se lance dans une ontologie détaillée, qui met en lumière le déterminisme des histoires, construites sur des rencontres, des circonstances sur lesquelles chaque être humain n’a que peu de contrôle.

Tout cela procède d’une certaine logique, mais c’est une friandise plus proche du far breton que de la crêpe dentelle!



Le tout est assaisonné d’un contexte historico-social tout à fait intéressant et d’un fond musical qui plaira aux initiés (c’est aussi varié puisqu’à travers les histoires des personnages, on passe des années après guerre à l’époque actuelle).



L’impression globale est celle d’une écriture spontanée avec une trame pas forcément construite d’emblée, et un auteur emporté par son élan créateur.







Qu’en restera t-il? (il ne me reste quasiment rien des deux opus précédents Les Corrections et Freedom, que j’avais beaucoup aimés). La force du personnage d’Andréa Wolf, charismatique autant que psychopathe obsédé sexuel et illuminé? L’histoire d’un meurtre impuni?



Pas mécontente d’en être venue à bout, ce qui m’a pris un certain temps, ce n’est pas si facile que ça à lire.


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Freedom

La vie est faite de choix et souvent nous faisons les mauvais ou les plus confortables. Alors forcément des décennies après l’heure est arrivée de nous poser la question : qu’avons-nous fait de notre vie ? Un bon mariage, de beaux enfants qui ne deviendront jamais ce que nous voulons en faire, de l’argent, habiter un beau quartier. Oui mais après ? Patty en a fait l’amère expérience. Au lieu de suivre son Bad boy, elle choisit le bon parti, l’homme calme rassurant et travailleur. Elle sombrera dans la dépression et dans l’alcoolisme surtout quand ses enfants deviendront de jeunes adultes. L’auteur décrit très bien les désillusions du mariage, de la vie, dans un pays de liberté… Ou presque.



Faudrait-il faire les mauvais choix aux yeux de la société pour son propre bonheur ? Je ne suis pas loin de le penser.
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Les corrections

L'analyse de la famille dysfonctionnelle, sujet battu et rebattu, trouve dans Les corrections les voies de l'excellence.



La complexité des relations entre les membres d'une famille et leur rapport au monde y sont décortiqués avec une précision et une pertinence formidables. Maladie, vieillesse, ambition, sexualité, amour, tout ce qui participe de la vie ordinaire des Lambert, américains moyens, est scruté avec une qualité dans l'observation qui lui confère une vraie valeur et une portée plus générale. Car chacun peut se retrouver dans ce roman ironique et cinglant, tendre et émouvant, d'une veine exceptionnelle.

A lire sans faute.

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Crossroads

1971 New Prospect, banlieue bourgeoise de Chicago.

- Bonjour madame… vous avez appris la nouvelle ? -

- Quelle nouvelle ? madame…

( coup d’œil à droite et à gauche) -

- j’ai appris par madame… que notre pasteur Russ aurait eu une liaison avec une de nos paroissiennes, -

- vous voulez dire monsieur Russ Hildebrandt lui que l’on donnerait le bon dieu sans confession incroyaaabbble !!!!!!

- Chutt moins fort

- Et son épouse Marion comment l’a t’elle pris ?

- au dernière nouvelle elle suit des cours de gym à cause de son poids .

- Pauvres enfants vivre dans le péché ne doit pas être évident

- pensez-vous madame Becky et Perry sont entrés à Crossroad depuis que leurs père c’est fait évincer par ce gourou hippie de Rick Ambrose, et on dit même que Perry consomme et vend de la marijuana et pour finir Clem l’aîné des enfants de Russ et de Marion arrête ses études pour partir au Vietnam.

Voilà le contexte, une famille qui part en vrille c’est du Franzen pur jus, après les corrections et freedom Jonathan Franzen commence sa trilogie par cette descente aux enfers de la famille Hildebrandt , les personnages sont savoureux dans la façon d’aborder les problèmes et la façon qu’ils ont de croire que leurs religiosités va les sauver. Un roman admirablement bien construit,des personnages plus tordus les uns que les autres et des passages hilarants comme Marion chez sa psy .

Un excellent roman que je vous recommande.
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Purity

Avis aux aficionados de l’entomologiste à lunettes : le Franzen nouveau est arrivé, et réjouissons-nous car il est excellent.



Sur la forme, le bébé porte bien la patte de son créateur, avec ses charmes bien identifiables (et pourtant à lire comme ça c’est plutôt repoussoir) : ouvrage volumineux, dialogues cérébraux, quelques mots savants distillés ici et là (mon avis de fan est que c’est en clin d’œil aux reproches d’intellectualisme pompeux faits à l’époque aux « Corrections »)



Sur le fond, Franzen a troqué la focale spatio-temporelle habituelle de sa loupe d’entomologiste pour une grille de lecture plus large afin d’embrasser cette fois-ci les mœurs de ses contemporains à l’heure du Grand Internet, et il fallait bien un champ d’observation allant de la Californie au Colorado mais aussi jusque dans le Berlin-Est des années 80 ainsi que dans un coin de paradis au fin fond de la Bolivie pour ce faire.



Et l’auteur de se concentrer sur quelques personnages, qu’il prend soin de développer soigneusement un par un, pour explorer à l’aune du grand chambardement idéologico-politico-sociologico-économique du 21ème siècle leurs interactions, leurs aspirations, leurs névroses, et ce qu’il advient de l’identité, de la famille, du pouvoir, du sens de la vie individuelle dans un monde ultra-connecté.



Je vous épargne le pitch du roman qui n’apporterait rien de plus que la quatrième de couverture et risquerait de spoiler et me contenterai de résumer comme suit : C’est touffu, c’est drôle et désabusé, c’est intelligent et attachant, bref, la cuvée 2015 de l’ami Jonathan est encore une fois une réussite que j’ai bu sans modération !

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Purity

Nous voici plongé dans ce Purity de Jonathan Franzen, auteur Américain contemporain, publié en 2015. C’est une véritable immersion tant Franzen nous emmène avec lui tantôt dans un squat d’Okland, tantôt en Allemagne de l’Est, tantôt dans la jungle Bolivienne, et toujours avec la même intensité, le même rythme. On colle à la peau de chacun des personnages tant l’analyse psychologique de chacun est d’une immense finesse.



C’est bien écrit, très bien écrit même, extrêmement entraînant, c’est une épopée à travers les époques et les continents



Il y a malgré tout quelques longueurs : pour la tension et le suspens il faudra repasser.
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Freedom

Le premier roman de Jonathan Franzen m'avait conquis. Les corrections relatait la vie de personnages très typés mais, en même temps, qui dégageaient quelque chose de très universel. Je pouvais reconnaître beaucoup de mes proches dans plusieurs des traits de ces personnages. Mais rien n'est pareil avec cet autre roman de l'auteur, Freedom. La famille mise de l'avant ici ne m'a pas conquis. Patty Berglund, après une brève carrière dans le basketball universitaire, est restée longtemps confinée dans son rôle de femme au foyer. Walter Berglund est un politicien et un entrepreneur un peu effacé, il lutte pour la conservation d'une espèce d'oiseaux et pour la rcréation d'un refuge pour ces animaux. Et, vingt ans plus tard, que dire de leurs enfants ? Joey, le «golden boy» à qui tout semble sourire, vit de multiples tribulations à l'université alors que Jessica reste dans l'ombre. Il ne reste que Richard Katz, ancien rockeur, le meilleur ami de Walter et le confident de Patty, énigmatique, excentrique et séduisant, qui revient épisodiquement pour brouiller les cartes. Toutes ces centaines de pages pour cinq personnages !



D'ailleurs, ces cinq personnages sont trop uniques et ont une histoire trop particulière pour qu'on s'y reconnaisse (ou pour qu'on y reconnaisse qui que ce soit). Et leurs péripéties sont telles que je n'étais pas capable de me connecter à eux. Et c'est beaucoup dire, sachant que je peux facilement me mettre dans la peau d'un astronaute dans un futur pas trop lointain ou dans celle d'une jeune comtesse russe du dix-neuvième siècle follement amoureuse… Cette distance entre ces personnages et moi m'a empêché de m'intéresser à eux et, par conséquent, de profiter pleinement de cette histoire. Et ils vivent trop de choses, le lecteur ne peut digérer ce qui arrive à un personnage qu'un autre vit un drame nouveau. À la fin, trop c'est trop !



Je pourrais parler un peu de la liberté, une valeur à ce point importante dans l'oeuvre qu'elle en est le titre. Chaque personnage la véhicule à sa manière. Patty aimait Richard mais elle a choisi d'épouser Walter. Ce choix aura de lourdes conséquences… ou peut-être pas. Chaque personnage sera confronté à des choix difficiles, en d'autres mots, à la question de la liberté. Que ce soit en amour, en affaires, même quand vient le temps défendre ses idéaux ou de remettre en question la guerre en Irak ou le soutien à Israël. Mais, souvent, c'est très subtil, parfois même un lecteur pourrait passer à côté… décevant.



Bien sur, on retrouve avec joie la plume acerbe et acérée de Jonathan Franzen, qui décortique et diagnostique avec la même acuité les revers, les défauts de la société américaine. Cependant, il y avait toujours cette impression de déjà vu. Je crois que l'auteur a tout mis dans son premier roman (qui fut une grande oeuvre) et qu'il essait de répéter son exploit. Mais on ne peut réécrire le même roman ! Peut-être devrait-il délaisser les sagas familiales un moment, diriger sa plume créatrice vers d'autres types d'oeuvre ? Ne serait-ce que pour mieux y revenir. Mais qu'en sais-je, je ne suis qu'un simple lecteur. Quoiqu'il en soit, Frangent est un auteur qui m'attire, qui me rend curieux. Je lirai sa prochaine oeuvre, peu importe le sujet.
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Freedom

Dix ans après "les corrections", Franzen l'entomologiste à lunettes revient ausculter ses congénères dont il fouille sans complaisance les actes et les consciences.

Cette fois-ci, c'est la famille Berglund qui passera sous la lumière crue de sa loupe, nous donnant à voir dans ce microcosme un aperçu de la société américaine des années 2000.



"Freedom" est pour moi le livre de tous les paradoxes : un récit chiant (*) où l'on ne s'ennuie pas une seconde, un rythme lent (*) qui fait tourner les pages frénétiquement, des personnages antipathiques, immatures, capricieux, égotistes pour lesquels on ressent une profonde empathie, des vies ratées qu'on a envie de vivre.



Alors pourquoi je l'ai tant aimé, ce roman? Je crois que c'est pour une raison pas très avouable car complètement égocentrique, à savoir que je l'ai ressenti comme le reflet de nos propres vies et de nos contradictions, nos grandeurs et nos médiocrités, nos aspirations et nos renoncements.



(*) Nan, c'est pas vrai.Ce n'est pas chiant et ce n'est pas lent, c'est juste long (un poil trop par moments, quand même!).



Et c'est magnifiquement écrit, c'est même une écriture qui tient de l'alchimie tant elle parvient à faire fonctionner cette histoire et l'adéquation de ces personnages au système de valeurs brouillées dans lequel ils baignent.



Bref, ce n'est pas très original, mais je suis fan de Franzen.
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Freedom

Patty a épousé Walter peu après l’université, sans vraiment oublier Richard, le meilleur ami de Walter. « Oh Walter… Savait-il que la chose la plus attirante chez lui, durant ses mois où Patty apprenait à le connaître, était le fait qu’il était l’ami de Richard Katz ? » (p. 106) Pourtant, les Berglund sont heureux. Mère modèle, épouse dévouée et voisine idéale, Patty est une femme au foyer accomplie après avoir été une brillante athlète universitaire, animée par le même esprit de compétition et la même envie de réussir. Quand Joey, le garçon, affiche sa romance avec Connie, la fille des voisins, tout change. « Les gens se disputent quand ils s’aiment, mais qu’ils ont conservé leur personnalité et qu’ils vivent dans le monde réel. » (p. 502) Aux orties le masque de la famille idéale ! Le couple Berglund se déchire : Patty et Richard se cherchent tandis que Walter se jette à cœur perdu dans un projet de sauvegarde animalière, assisté par une trop belle et trop jeune Indienne. Pourtant, Patty aime toujours Walter et Walter aime toujours Patty. « Lui et sa femme s’aimaient et se causaient une douleur quotidienne. » (p. 419)



Attention, choc littéraire ! Jonathan Franzen dissèque la famille américaine moyenne, ce modèle si illusoire et pourtant toujours convoité. L’auteur interroge également le couple comme structure d’emprisonnement et d’abolition des libertés personnelles. « Combien de milliers de fois encore […] vais-je laisser cette femme me poignarder le cœur ? » (p. 392) Sa position est claire : il préfère la liberté, sous toutes ses formes. Liberté de ne pas se marier, liberté de ne pas avoir d’enfant, liberté d’aimer à sa guise, liberté de changer d’avis et de partenaire, liberté de revenir vers son partenaire. Hélas, la liberté est difficile à gagner ou à garder et elle n’est pas héréditaire : à quel point les enfants sont-ils libres de ne pas reproduire les schémas et les chagrins de leurs parents ?



Entre politique et scandale écologique, Freedom présente une thèse qui dérange. Il est déjà notoire que l’homme est l’espèce vivante qui cause le plus tort à son environnement et à celui des autres espèces, la surpopulation menaçant toujours davantage le monde et ses richesses. « Nous en sommes maintenant à un point où toute personne raisonnablement instruite peut comprendre le problème posé par la croissance démographique. La prochaine étape est donc de faire en sorte que les étudiants trouvent cool de s’inquiéter de cette question. » (p. 466) Et s’il devenait évident que la seule façon qu’a l’homme de protéger les ressources naturelles est de cesser de se reproduire ? Sujet sensible, s’il en est et l’auteur se garde bien de répondre définitivement à la question.



La narration de Freedom navigue sur le fil temporel : prétéritions et effets dilatoires donnent au texte une grande densité sans jamais le rendre étouffant. Le récit autobiographique de Patty éclaire les silences et remet les vérités en place, mais il ne prend toute son ampleur et sa puissance qu’avec la suite de l’histoire, plusieurs années après la confession écrite de l’épouse pas si parfaite. « Elle était tombée amoureuse du seul homme au monde qui aimait Walter et qui désirait le protégeait autant qu’elle. » (p. 229) Les personnages sont brillamment complexes sans être jamais confus et leur grande force est de se réinventer sous la plume d’un auteur qui les aime en dépit de leurs défauts. Quant au lecteur, il aime les personnages précisément parce qu’ils ont des défauts. Patty est follement compétitive et vraiment dépressive. Walter est pathologiquement gentil et résolument compatissant. Richard est foncièrement agaçant et profondément cynique. Joey est définitivement républicain et éternellement irrésolu. Et pourtant, aucun d’eux n’est jamais un archétype ou un monstre.



Vous êtes libres de ne pas me croire sur parole, mais Freedom est vraiment un excellent roman.

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Les corrections

Une famille moyenne dans une ville moyenne décortiquée par la plume brillante de l'auteur, c’est du plaisir à l’état pur. Il y a l’odeur du vieux dans la maison familiale avec Alfred, le père, qui glisse doucement mais sûrement dans la démence sénile avec toutes les conséquences hygiéniques qui vont avec la maladie. Nous sommes avec lui dans son cerveau avec ses réactions, ses peurs, ses problèmes pour bouger correctement, plus de notions d’espace, de temps, mieux qu’un film d’horreur. Enid la mère, me fait beaucoup penser à la mienne, passe son temps à tout cacher, surtout le courrier, accumule objets inutiles et souvenirs. Inutile de lui demander, elle ne sait plus où les objets et le courrier sont rangés. Elle essaye de sauver les apparences, nie la maladie de son mari, ne pense qu’à faire des croisières, à fêter le prochain Noël dans sa maison avec tous ses enfants, n’écoute rien, n’en fait qu’à sa tête, adore faire culpabiliser ses enfants pour obtenir ce qu’elle veut, du grand art d’une mère loin d’être parfaite et très énervante. Les trois enfants ont quitté dès que possible ce foyer, chacun avec son fardeau, ses obsessions et surtout le désir de ne pas devenir comme les parents. Gary l'aîné, le plus clairvoyant, mais se battant avec ses propres démons, essayant de sauver sa propre famille du naufrage conjugal. Chip, brillant mais autodestructeur se mettant dans toutes les situations délicates comme si la normalité le rapprochait trop de sa famille. Denise, la petite dernière, peut être la plus stable, un appartement, un métier, mais des sentiments amoureux indécis. Si vous n’avez jamais lu du Jonathan Franzen, lancez-vous, c’est dérangeant, brillant et jouissif.
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Crossroads

Roman de la famille éclatée, de la tension morale et religieuse entre bien et mal, Crossroads s'ancre dans l'Amérique des années 1970, celle qui a vu grandir Jonathan Franzen. Ses cinq focalisateurs sont tous aux prises avec des crises existentielles minimes qui, pourtant, menacent de mettre en péril leur vie entière. L'auteur, en se glissant dans leur tête, moque ses héros tout en leur portant une attention extrême qui témoigne de sa compréhension de satiriste de l'âme humaine (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2022/10/02/crossroads-jonathan-franzen/)
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Freedom

Un triangle amoureux : Walter, Richard...et Patty. L'un rockeur extrêmement séduisant, l'autre écologiste avec le charme en moins du premier et les conquêtes amoureuses aussi mais d'une profonde gentillesse et respectant énormément les femmes et enfin la dernière étant tout simplement Patty. Cette dernière s'étant d'abord laissé éblouir par le charme de Richard a néanmoins compris que celui qui la rendrait heureuse serait Walter pour sa fidélité, sa douceur et sa compréhension.

Un roman que j'ai trouvé assez décevant car il traîne en longueur, narrant sur presque 800 pages ce qu'il pourrait dire en 300, faisant sans cesse des flash-back pour passer en revue toute la généalogie des trois personnages principaux.



Un roman néanmoins très bien écrit, invitant le lecteur à réfléchir sur de nombreux sujets, tels que la fidélité dans un couple, l'honnêteté envers son conjoint ou, plus complexe, l'écologie, la préservation de la planète et le respect de la nature. J'avoue que je me suis un peu perdue d'ailleurs dans ces dernières mais qui n'étaient pourtant pas dépouvues d'intérêt.

Un livre qui reste tout de même à découvrir !
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Freedom

Tout commence par une chronique ménagère façon Wisteria Lane. On passe ensuite en mode affrontements familiaux, sentimentaux ou idéologiques (voire les trois à la fois). Cette évolution dans le propos et le destin des personnages rend ce roman plus attachant de page en page et donne matière à réflexion (écologique notamment).



Et pourtant et pourtant… la traduction un peu lourdingue ainsi que de dérangeantes coquilles relevées ça et là pourraient parfois en gâcher la lecture. Mais malgré tout, et en dépit d'une tentation de renoncer dès les premières pages, je ne regrette pas d'avoir persévéré. Freedom est plutôt un bon pavé d'été, son poids non négligeable permettant en outre une musculation des avant-bras fort bienvenue en période d'exhibition estivale.




Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
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Purity

Voilà un très long roman, comportant les ingrédients qu’il faut pour en rendre la lecture tour à tour distrayante, intéressante, surprenante, amusante, oppressante, captivante... J’aime absolument !



Arrêtons là les qualificatifs et penchons-nous sur le titre : Purity ! Le mot anglais pour pureté ; conservé tel quel dans l’adaptation française du livre ! Un titre qui pourrait faire craindre un ouvrage engagé, militant, ennuyeux. Ce n’est pas le cas. Purity est le prénom véritable de l’héroïne du roman, celle qu’en fait, tout le monde appelle Pip. Comment peut-on s’appeler Purity ? Même aux Etats-Unis !... Sa mère n’avait pourtant pas choisi ce prénom par pur hasard...



Pip n’a eu comme famille que sa mère, une femme étrange, au caractère tourmenté, qui vit seule pauvrement dans un coin isolé de Californie, depuis qu’elle a quitté son mari, quelque temps après la naissance de sa fille, précise-t-elle. Un homme à fuir absolument et définitivement, proclame-t-elle lorsque Pip l’interroge.



Pip a vingt-trois ans. C’est une jeune femme tout à fait charmante. Ouverte, libre, franche, généreuse. Intelligente mais naïve. Séduisante malgré un manque de confiance en elle. Depuis la fin de ses études universitaires, elle travaille, un job ni passionnant, ni rémunérateur. Les temps sont durs pour les jeunes d’aujourd’hui, notamment pour Pip, qui avait souscrit un prêt étudiant de cent trente mille dollars qu’il lui faut désormais rembourser. Elle s’est mise en tête que la seule personne qui pourrait l’aider à se libérer de cette dette est son père, qu’elle veut retrouver, alors qu’elle ne l’a jamais vu et qu’elle ne connaît même pas son nom... Telle est sa quête !... Bien des choses auront changé pour elle à la fin du livre.



Le deuxième chapitre nous ramène vingt-cinq ans en arrière, à Berlin-Est, peu de temps avant la chute du Mur. Andreas Wolf est un jeune homme au physique avantageux, consommateur de jolies filles et d’images pornographiques. Bien que fils unique d’apparatchiks très privilégiés d’une « démocratie populaire » à bout de souffle, il joue de son charisme pour se poser en contempteur d’un régime qu’il juge fondé sur une hypocrisie ridicule et terrifiante.



Rebelle dans l’âme, porté par un ego démesuré, Andreas deviendra plus tard un lanceur d’alerte célèbre et hors-la-loi, à la manière d’un Julian Assange ou d’un Edward Snowden. Réfugié en Bolivie dans un coin de montagne paradisiaque où il est assisté de groupies aussi belles que dévouées, il entretient sa légende et pilote une cyberorganisation très efficace, le Sunlight Project. Très intelligent, opportuniste et manipulateur, il restera toutefois marqué par un péché originel, un acte criminel dont il redoute la découverte, ce qui le rend paranoïaque par instant. Une paranoïa qui menacera de s’aggraver et de l’engloutir... Entre temps, pourra-t-il aider Pip à retrouver son père ?



Deux autres personnages émergent dans l’intrigue. Tom, un patron de presse d’investigation, sérieux et ambitieux ; un type bien, dont la vie privée n’a pas toujours été un long fleuve tranquille. Et Anabel, la fille d’un industriel multimilliardaire, une femme belle et brillante, mais psychotique, délirante, destructrice et autodestructrice.



Tous ces personnages partagent une particularité : une forme d’exigence envers soi-même, chacun à sa manière ; la détermination – dangereuse ou velléitaire – de respecter scrupuleusement des convictions de base, comme s’il s’agissait de se convaincre de sa pureté personnelle. Mais défendent-ils un idéal ou l’image qu’ils veulent avoir d’eux-mêmes ?



L’intrigue est complexe et l’auteur n’en dévoile les nœuds qu’avec parcimonie, pièce par pièce, comme un puzzle, au fil de sept chapitres non chronologiques, dans lesquels je me suis laissé promener de façon très plaisante sans toujours savoir très bien vers quoi on me menait : tantôt à méditer sur la morale du journalisme d’investigation et du lancement d’alerte ; tantôt à réfléchir sur les limites de la démocratie ; tantôt encore à épier les intermittences du désir entre une jeune femme et un homme ayant l’âge d’être son père ; parfois juste à observer Pip s’enchanter de la richesse des odeurs tropicales dans les vallées boliviennes... Et aussi à suivre les remous d’une histoire d’amour et de folie ; un amour fou, hors de toute limite de temps et d’exigence – de pureté, notamment –, et qui déferle en haine, en envie de faire mal, de détruire, de se détruire.



Tout cela a-t-il un sens ? Soudain, dans un dialogue, à mi-parcours du livre, une lueur. Est-ce une piste, un fil conducteur ? Viendront finalement des révélations surprenantes ; des circonstances pouvant apparaître comme des hasards n’en sont pas... L’histoire s’achève dans une atmosphère de paix, de bonheur possible. Ou presque, mais tant pis pour ceux qui s’en excluent. Et quel dommage pour le lecteur que ce soit la fin de ce roman magistral.
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Les corrections

Un grand roman américain que Les corrections ! L’auteur Jonathan Franzen nous présente la famille Lambert, en apparence bien ordinaire, qui vaut bien n’importe laquelle. Il fait même davantage : il la dissèque sous toutes ses coutures, révélant au grand jour un drame cruel et dérangeant mais ô combien fascinant. Au grand bonheur des lecteurs qui auront la patience et le courage de traverser ces quelques 700 pages.



Alfred Lambert, le patriarche, est un ingénieur-retraité d’une petite compagnie ferroviaire du Midwest américain. Un homme simple, foncièrement honnête mais surtout vieillissant, à la santé physique et mentale vacillantes, déclinantes. Cet homme malade, obstiné, qui n’en fait qu’à sa tête, se terre au sous-sol où il passe ses journées sur son vieux fauteuil laid. Sa femme Enid semble plus sympathique au premier abord. Mais elle dérange avec son insistance à vouloir sauver les apparences, à se mêler de tout et de rien, à picorer, à juger les gens selon ses valeurs d’un autre temps, figées, immuables. Et que dire de son obstination, de son obsession à vouloir rassembler tout son petit monde pour Noël sans le demander directement.



Puis il y a les enfants. Ils sont trois et ils ont fui leur petite ville de St. Jude (ou bien le nid familial ?). L’ainé, Gary, occupe une position enviable dans une boite de la Caroline du Nord. Marié, père de trois garçon, il a crée sa propre famille, parce que c’était la chose à faire. Mais il n’est pas nécessairement heureux, il lutte contre la dépression et cède devant les exigences de son épouse capricieuse. Aussi, il ne pense qu’à l’argent, le nouveau dieu des temps modernes. Il ne souhaite surtout pas finir comme son frère cadet, Chip. Ce dernier a été viré de son emploi de professeur d’université et survie grâce à des piges dans des journaux à New York. Il rêve de devenir écrivain mais ne subit que des revers et des déboires. Puis il y a Denise, plus stable en apparence, qui vit à Philadelphie. Après un mariage raté et un flirt avec le lesbianisme, elle concentre ses énergies à trouver des recettes pour son nouveau restaurant gastronomique (elle est chef) et à concilier tout le monde.



À eux cinq, les membres de cette famille dysfonctionnelle représentent différentes facettes de l’Amérique. Je crois que tout le monde peut s’identitifer à un des personnages, ou du moins y reconnaître quelqu’un de sa connaissance. Dans son roman, Franzen dresse un portrait impitoyable de cette classe moyenne supérieure, fait une critique sociale. Et c’est très réussi. Les Lambert sont autant victimes du sort (du destin) que des choix personnels qu’ils font. Ils se débattent dans un chaos dont ils sont à moitié responsables. Combien de fois ai-je lancé aux personnages (dans ma tête, bien sur) : « Fais pas ça ! Non ! » Inutilement, cela va de soi. Après tout, les Lambert sont tellement crédibles, complets, complexes. Ils sont humains !



Les corrections permet d’explorer des thèmes universels comme la vieillesse (et tout ce qu’elle entraine : déchéance, sénélité, sort réservé aux personnes âgées), la famille, l’argent, la quête de soi, etc. La vie tout court. Qui peut se vanter de ne pas se sentir concerté ? Et Franzen parvient nous interpeler encore davantage grâce à son style, qui mélange habilement humour (corrosif, cynique ou décapant, selon chacun) et intelligence. Il n’est pas moralisateur du tout, il ne s’appitoie pas sur les malheurs des Lambert comme tant d’autres l’auraient fait. Non, il ne fait que dérouler sous les yeux des lecteurs, avec un réalisme incroyable, leur histoire. Elle semble d’abord ordinaire et ennuyeuse (elle l’est un peu par moments, je pense à toutes pages sur les recherches et spéculations financières de Gary), mais elle se révèle compliquée, dure, éprouvante. Il faut s’y habituer, et ce, dès les premières pages. D’autant plus que l’auteur ne laisse que très peu de place à l’imagination. Tout y est décrit, raconté avec une froide précision. Bref, un ncontournable de la littérature américaine moderne, selon moi.
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Purity

Un grand roman que l'on classerait volontiers parmi ceux de la collection fleuve noir, si celle-ci circulait encore. Une saga qui pointe son nez en Californie à Oakland, et pour être sombre en devient noire, désespérant de l'Homo Sapiens.

Un débordement de 750 pages ne s'écoule pas aussi aisément que des coupures entre les mains d'un faussaire ou d'un milliardaire qui n'a pas su qu'il aurait pu devenir un bon papa.

Ce fleuve ne coule pas, il tourbillonne, manque t-il de pente, non, car il connaîtra une chute de plus de 100 m, il est parfois à l'étal, comme prisonnier de la Stasi en souffrance de son destin, ou bientôt, dévastateur.





C'est bien le charme de ces voyages littéraires improbables, qui ne respectent aucune escale, aucun confinement, aucune accalmie comme si la Bolivie commençait sur les pentes mexicaines. "Purity" du nom d'une jeune Californienne, "Purity" qui signifie pureté, est le titre du roman de Jonathan Franzen.

Notre rencontre avec sa mère Mme Tyler, lance l'intrigue sur des bases solides, pas de mari, pas de nom. Purity Tyler se fait appeler Pip Tyler et loge dans un squat au milieu d'allemands pacifistes.

Avec ce jolie diminutif Pip, Purity se fait draguer par une jeune et jolie femme, et fini entre les bras d'Annagret pour un interrogatoire bien étrange.





Direction la Bolivie où l'attend le principal personnage de ce thriller endiablé, Andreas Wolf, élevé au milieu des écoutes de la Stasi. Fils d'un dignitaire de l'Est il est devenu un hacker à la tête d'une ONG, Sunlight Project.



Annagret âgée de 16 ans, n'avait-elle pas des liens avec l’Allemagne de l'EST ?

Les confidences d'Andréas nous ouvrent l'arrière boutique de ce monde de l'ombre.

"Son père avait pour mission de manipuler les chiffres avec parcimonie, de démontrer des augmentation de productivité là où il n'y en avait pas, comme d'équilibrer un budget qui s'éloignait un peu plus de la réalité, de gonfler les quelques succès de l'économie et de trouver des excuses optimistes à ses nombreux échecs".

Et la Mère d'Andréas, Katya. joue, simule, invente... d'une beauté diabolique elle a servi le parti. 40 années à amadouer, les plus stupides, les plus cruels, les plus couards des béotiens de la RDA , "envolées soupire t-elle" ; Andréas soupira, page 211, "ça ne m'intéresse plus de savoir qui était mon père".





La prodigieuse accélération du récit, commence, entre le passé tumultueux d'Andréas et le passé inexistant de Pip, un vent de vérités soudain balaye les pages, soufflant avec ses oublis fâcheux. La mise en scène faite de révélations diverses, aussi vraies que fausses, mêlées à celles des lanceurs d'alertes, tinta le monde de Pip d'un courant de folie.





Même une chatte ne retrouvait plus ses chatons. Ce sont les aventures amoureuses de Fip qui vont mettre un brin de pagaille dans les intrigues. Là où la virtuosité de Franzen est la plus visible, c'est d'avoir monté chaque épisode comme une table gigogne. Tout est empilé de façon méthodique un homme une femme, puis un homme une femme. La sixième table coince, et brusquement aucune ne peut s'extraire seule.





Le piège se referme sur chaque acteur, aucun n'a la totale maîtrise de son destin, le lecteur perd le nord, bien contraint comme moi de revenir en arrière pour suivre un certain Tom à la trace.

--Tom, je suis en train de te dire que je sais tout. Lui lance Pip page736.

--Ouh là . Bon.

--Tom je n'ai pas lu ton document.

--Ah bien . Excellent Pip.





Un volume entier pour tenter de mettre des mots sur ce qui fait l'identité de chaque être humain. Devenir un lanceur d'alertes ne donne pas la solution de ce questionnement.

"Un exhibitionniste radical est une personne qui a renoncé à son identité. Mais l'identité au milieu du vide est tout aussi dénué de sens."

"Pour avoir une identité, tu dois croire que d'autres identités existent également. Tu as besoin de proximité avec d'autres gens. Et comment construit-on la proximité ? En partageant des secrets."



Identité, secret, vérité, partage, exister, s'affirmer ? Le roman n'a pas épuisé nos questionnements, il les a mis en lumière, ne sommes nous pas tous "à la recherche du temps perdu."

Un bon roman comme un bon vin, que l'on a du plaisir à déguster, vif, alerte, de belle couleur, enivrant, aux belles robes que l'on admirées, sur les épaules de Fip, Leila, Katya, Anabel, Annagret...

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Freedom

Voila plusieurs semaines que je peine a lire ce roman. Pas que le sujet ne me plaise pas au contraire mais les 700 pages sont parfois difficiles. Certains passages m'ont paru long surtout quand il était question de Joey ou de Walter, personnages auxquels j'ai eu du mal a m'attacher. Par contre les pages ou il était question de Patty et Richard se tournaient toutes seules.



Jonathan Franzen signe ici un roman incroyable, avec des personnages très profond et les sentiments des personnages sont décrits avec une grande justesse. Patty a connu Richard et Walter a la fac, elle était très attirée par Richard mais c'est Walter qu'elle a épousé et cette situation va détruire progressivement cette famille.
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Purity

Un gros roman américain plein de surprises, teinté d’humour et d’histoire contemporaine.



Je l’avoue, j’ai failli abandonner au premier chapitre avec des amours improbables de Pip, une jeune Californienne qui loge dans un squat avec d’autres personnages bizarres. Je me disais que 700 pages de ce genre présentaient un risque de devenir insupportables!



Mais voilà, tout change par la suite. L’auteur nous entraîne dans une intrigue riche et pleine de rebondissements. On visite le Berlin de l’Allemagne de l’Est communiste, on se retrouve en Amérique du Sud dans un camp de hackers internationaux, puis dans l’univers des journalistes et dans celui des lanceurs d’alerte, en passant par les aléas de la création artistique.



Et Pip, un surnom pour Purity, ira à la rechercher de ses origines et tentera de grandir à travers toutes ces péripéties. On pourra passer de la grande pauvreté à l’abondance, des secrets bien gardés au travail d’investigation pour les débusquer, rencontrer des mères qui aiment trop, de bons sentiments et des femmes malaimées, de minables profiteurs et des héros qui frôlent la folie.



Ce n’est pas de la broderie fine, mais c’est une trame de bonne qualité qui tisse une toile sociale d’une belle complexité.



Finalement, j’ai bien aimé ce voyage à travers le monde et avec une telle brique, il y a suffisamment de lecture pour entreprendre la traversée de plusieurs fuseaux horaires!



(P.S. J’ai parfois l’impression qu’un roman américain moderne compte toujours beaucoup de pages. Serait-ce une forme d’obésité littéraire?)

;-)

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