« Il y a dans ce roman tous les ingrédients que j'aime, en tant que lecteur et en tant qu'auteur. » Bernard Minier
Dans une petite station de ski des Pyrénées, située à la frontière de l'Espagne et de la France, un homme est retrouvé mort au fond des eaux glacées d'une piscine. Il est menotté et ses paupières sont cousues. Alex Serra, inspectrice aux homicides de la police de Barcelone, est envoyée sur place pour mener l'enquête aux côtés de Jean Cassel, un lieutenant de police français. Les investigations prennent un tour imprévu lorsqu'un lien est établi entre la victime et une grande famille de la région, propriétaire des terres de la vallée, dont l'héritière vit recluse dans un manoir isolé. C'est en effet dans l'histoire tourmentée du village, lieu de passage des fugitifs pendant la Seconde Guerre mondiale, que semble se trouver la clé de l'affaire. D'une ancienne colonie industrielle perdue dans la montagne jusqu'à un mystérieux monastère, Alex et Jean vont devoir réveiller bien des vieux fantômes pour découvrir la vérité. Et le temps leur est compté : alors qu'une tempête sans précédent s'abat sur la région, la liste des victimes ne cesse de s'allonger.
Après le Huitième livre de Vésale, salué par une critique unanime, Jordi Llobregat nous entraîne une nouvelle fois dans les arcanes de l'Histoire. Secrets de famille, personnages aux ambiguïtés multiples, construction d'une redoutable efficacité : un thriller hallucinant !
À propos du Huitième livre de Vésale :
« Au gré des rebondissements, ce roman au suspense constamment renouvelé, qui se plaît à manipuler le lecteur et à déjouer ses hypothèses, est un voyage absolument trépidant dans une Barcelone gothique au seuil de la modernité. Dépaysement garanti. » Historia
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« Oui, monsieur, c'était mon père.
- Ah, fit-il, pensif. Un excellent médecin, Gilbert, excellent. Comme vous-même auriez pu l'être. Dommage que vous soyez une femme.
- Dommage que vous, vous soyez des hommes. »
Les femmes ne peuvent... ne peuvent pas être médecins, et encore moins chirurgiens, s'écria-t-il, la voix vibrante d'indignation. C'est... c'est proprement inconcevable. Dieu du ciel ! Votre caractère n'est pas préparé, votre entendement clairement limité. Votre place est à la maison, à prendre soin de votre famille. Mais à quoi songez-vous donc ?
C'est étrange comme ce sont souvent les personnes que nous aimons le plus que nous font le plus de mal.
Mes souvenirs sont douloureux, mais dans la peine la plus terrible se cache toujours une part de bonheur. Si je n'étais pas passé par tout ce que j'ai vécu, jamais je n'aurais connu le véritable amour. (p.535)
J'ai appris que la vie nous offre toujours des trêves et que, dans la pire des situations possibles, il y a encore des raisons d'espérer. (p.536)
Comme il détournait les yeux, troublé, j’ai posé ma main sous son menton et, d’une caresse, je lui ai relevé le visage. Nos lèvres se sont rencontrées. Je n’avais jamais embrassé personne auparavant, mais une sensation familière m’a envahie. Le baiser que nous avons échangé était celui de vieux amants qui après des années se retrouvent et découvrent que rien n’a changé ; d’abord lentement, puis avidement, nos bouches se sont explorées comme pour rattraper le temps perdu. (p.344)
Le landau, quittant l’atmosphère animée des Ramblas, descendait à bonne vitesse vers le port. En bas de l’avenue, les chevaux durent contourner l’échafaudage du monument à Christophe Colomb.
La voix du cocher s’éleva.
« Je parie ma paye d’un an que ce machin se cassera la figure avant l’inauguration de cette fichue colonne. »
Daniel ne prit pas la peine de répondre et se cantonna à admirer la complexe structure en fer conçue par l’architecte Juan Torras. [...]
Ils avaient mis six ans à ériger ce monument pour l’Exposition et pendant tout ce temps l’ingénieux système imaginé pour monter les lourdes pièces en fonte avait beaucoup fait parler de lui. Les rumeurs pronostiquant un désastre étaient si nombreuses que le maire de la ville lui-même était allé voir l’architecte dans son atelier pour lui demander de lui garantir que cet échafaudage incroyable n’allait pas s’effondrer sur les têtes de ses concitoyens. Torras répondit en se plaçant en personne sous le pont roulant le jour où les six tonnes de la statue du navigateur furent hissées.
Il sentit d'abord la présence de ceux qui par le passé avaient été étendus dans cette même position ; l'esprit des cadavres, subtilisés dans les cimetières, qui cédaient leur repos éternel au progrès de la science. Ils défilèrent l'un après l'autre dans une interminable succession de souvenirs. Il sentit leur force moribonde, les vestiges d'une vitalité perdue qui calmaient sa souffrance. Un gémissement s'échappa de ses lèvres. Son corps se tendit en sentant la présence des corps à venir : cette nouvelle essence vitale se déversa, torrentielle, sur chaque centimètre de sa peau nue. Ceux-ci étaient différents des précédents : leur présence, presque physique, irradiait une énergie telle qu'elle submergeait ses sens. Des femmes jeunes, à peine pubères, qui, allongées sur la dalle froide, étaient encore en vie.
- "Tu entends?
- Quoi? Non je n'entends rien.
- Exactement. Quand il neige, tout devient silencieux."
[...]
- "Les flocons de neige sont constitués de cristaux de glace microscopiques qui forment des structures géométriques ...., en tombant, les flocons attrapent des particules qui flottent dans l'air et qui amplifient les ondes sonores, ce qui élimine tout le bruit ambiant.
- Mmm.
- Le plus beau, poursuivit Alex, étrangère au regard sceptique de son collègue, c'est que le silence persiste quand il a fini de neiger. Cela vient du fait que les milliers de flocons de neige qui se sont accumulés au sol ne deviennent pas compacts : ils retiennent de l'air, de sorte qu'ils absorbent le bruit qui les entoure. Quand la neige durcit, la magie est finie."
Si on ne connaît pas l’origine des choses on peut difficilement en comprendre la fin. (p. 289)