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Citations de José Carlos Llop (118)


Je voulais être écrivain et j’étais convaincu que l’his­­toire de ma famille serait un grand roman. Un roman-­Tolstoï comme point de démarrage et un roman-­­­­Dostoïevski dans son développement, qui prouverait au monde quel écrivain j’étais ; l’écrivain que je ne serais jamais. Mais la littérature est généreuse et elle se laisse parasiter sans protestation ni réclamation.
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La littérature est une grande savane, une jungle tropicale pour l’écrivain qui n’écrit pas et part à la chasse au buffle, au guépard, à la panthère et à l’ocelot. Et alors lui seul, l’écrivain qui n’écrit pas, saura faire la différence – c’est du moins ce qu’il croit – entre un ocelot et un guépard, mais il n’aura personne à qui montrer les peaux qu’il a chassées et à qui parler du léopard des neiges qu’il a été un jour, lui. Plus rien ne lui servira de rien : il aura été la principale victime de ses stratégies narcissiques.
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L’étude de la littérature est un safari et l’esprit de l’écrivain qui n’écrit pas est un cabinet de trophées de chasse où dominent les têtes cornues, fruit de la jalousie. Un Deyrolle imaginaire, mité par l’amertume, car, assurément, il est plus facile et spectaculaire de détruire que de construire. Et il ne manquera jamais d’élèves chez qui semer la zizanie, même s’ils sont de moins en moins nombreux à être intéressés par la littérature et si la littérature – nous sommes sur cette voie – cesse d’intéresser et, la mémoire n’existant plus, tout n’est plus qu’imposture, contrefaçon et plagiat (pardon : intertextualité).
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La volonté d’être écrivain, ou de se croire écrivain, engendre autant de monstres que le sommeil de la raison goyesque. Chez l’écrivain qui n’écrit pas incube une profonde infatuation, chargée de mépris et de ressentiment envers ceux qui, eux, écrivent. Pour être respecté par lui, le véritable écrivain doit être mort. Au début, en tout cas. Avec le temps, même les auteurs vénérés seront exposés à la recherche de défauts ou d’erreurs, aux tentatives de ruiner leur réputation, de les bannir dans les limbes dont ils n’auraient pas dû sortir.
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Sara aimait beaucoup l’art – elle voulait être ce qu’Ana, ma femme, allait être plus tard – et c’est elle qui a promené ma mère dans tous les musées et tous les recoins de Rome, en quête de Giotto et de Michel-Ange. Pas seulement eux – et ça, je le saurais par mon père, pendant son séjour à la clinique –, mais aussi Botticelli, et chez Botticelli la contagieuse sensualité des corps féminins qui, quelques semaines avant que l’une des deux rentre chez elle, s’est prolongée dans leurs propres corps.
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J’ai toujours été terrorisé par ces couples qui n’ont plus rien à se dire, rien d’autre que des banalités et des choses en rapport avec l’argent et leur intérêt commun. Ils ne font pas seulement peur ; ils sont paralysés, congelés dans le temps, attendant la mort, cette mort qu’ils ont déjà à l’intérieur.
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femme peut être une ville, l’estuaire d’un fleuve, une baie ou une jungle ; il suffit d’avoir une âme d’explorateur. En fin de compte, qu’est-ce qu’un amant sinon un explorateur en reconnaissance dans une terra incognita et un géographe qui dessine et baptise les accidents orographiques ? Venise est l’enluminure de tout cela : une carte enluminée est plus belle que la simple gravure en noir et blanc. La vie est géné­rale­ment en noir et blanc. Passée par Venise, elle s’éclaire et acquiert des couleurs jamais vues auparavant. Comme la peinture.
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Il est trop facile de dire que Venise est la ville de la beauté. De quelle beauté parlons-nous ? De celle de la place Saint-Marc ou de celle des marches de marbre sale, léchées pendant des années par l’eau, les lichens marins et les poissons morts ? De la beauté qui sent bon ou de la beauté qui sent mauvais ? D’un corps à aimer, exultant et plein, à la respiration agitée, ou d’un corps aimé jusqu’à l’exténuation, gourd et imbibé de ses propres humeurs ?
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Et j’ai eu l’impression que le mot gentleman était une apostille au mot samouraï. Comme une toute petite note en bas de page, dans un corps de caractère minuscule. Temps morts.
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Il avait inventé une façon de parler qui le caractérisait et qui le plaçait, il en était convaincu, au-dessus des autres. Une langue avec des accents étrangers qui le rendait singulier ; comme si sa façon d’être ne suffisait pas : trouble, compliquée, excentrique, disait ma mère.
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Ce serait un miracle qu’elle arrive à partir d’ici et Paolo est la clef de cette prison qui est chaque jour pire et qui va devenir terrible. Déjà les hyènes rient en plein jour : l’heure du festin approche. »
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Quand j’étais au lit avec mon mari, j’entendais les cloches de la basilique, et quand j’étais avec mon amant, les appels du muezzin. Quand j’étais seule, je n’entendais que ma respiration et cette respiration était celle que l’un et l’autre buvaient quand nous faisions l’amour, et aussi ce qui s’alimentait d’eux quand je restais seule du côté de l’Occident. Du côté de l’Orient, je n’étais jamais seule.
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Une musique complice… Ce qui est sûr, c’est qu’il doit exister un accord secret entre les corps qui sont restés ensemble si longtemps et qui se sont aimés et détestés comme, uniquement dans le mariage, ils s’aiment et se détestent. Deux mois après la mort de mon père, ma mère est tombée malade. De la même maladie : le cancer.
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S’écrire à travers les autres, comme si leurs vies leur étaient arrivées seulement pour que je me regarde en elles et pour qu’elles soient écrites par moi. Tel est l’héritage de la littérature, telle est la tradition de l’écrivain. Mais je ne suis pas écrivain, seulement un transcripteur, un simple témoin de je ne sais trop quoi.
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Si la fragilité engendre souvent de la force, l’instabilité amoureuse, avec ses multiples variations, est une école de vie, mais aussi une école d’infidélité : elle la suscite et crée des dé­­fenses contre elle. Cela dit, jusqu’à quel point cette succession d’infidélités ne contribuait-elle pas à les maintenir unis ? Les années passant, j’en suis venu à penser qu’ils se racontaient leurs histoires, lui à elle et vice-versa, comme Shéhérazade contait ses récits au sultan : pour empêcher ou retarder la mort.
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Mon père se fichait royalement de la Guinée et il n’a jamais aimé, que je sache, les femmes à la peau noire. Comme il se fichait totalement de ce que l’Espagne avait fait ou n’avait pas fait dans la Guinée de mes grands-parents ou à partir du xviie siècle.
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Nommer, désigner, c’est aussi tuer : ça l’est toujours, même de façon fragmentaire. En temps de paix, c’est une question de pouvoir – aussi petit soit-il – qui structure cette pulsion. Et là, peu importe le mensonge – on le croit dès qu’il est formulé – ou la dissimulation, même avec les intimes. Tout ce qui compte, ce sont les intérêts de chacun et la satisfaction de sa propre misère, et ce qui ne cadre pas ou fait de l’ombre, on le passe sous silence, on l’écarte, on le déforme ou on le traves­tit. Et ensuite on nomme et on désigne. La générosité n’a pas sa place.
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Le journalisme est une métaphore publique du goût du genre humain pour le commérage, dans la vie sociale aussi bien que dans la culture, qui est sa sublimation dans le monde. Proust peut se résumer au commérage. Comme Saint-Simon, son prédécesseur. Ou Ca­­tulle et Martial, pour remonter plus loin. Sans parler de Suétone, qui devrait être leur saint patron.
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Je n’ai jamais été autant moi-même. Je n’ai jamais trouvé de femme meilleure qu’elle ; mais même comme ça, tout prend fin dans l’amour, y compris l’amour. C’est le prix de sa merveilleuse existence, tu t’en apercevras un jour.
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L’essence de mon père oscillait entre la clandestinité et le désordre. S’il avait été un leader politique, il se serait fait arrêter au bout de deux jours. Comme sa politique était l’art de la séduction, ce à quoi il s’exposait de pire, c’était les coups de poing d’un mari jaloux.
Derrière son penchant pour le désordre amoureux, il y avait une recherche. Il croyait que les femmes gardaient en elles le secret du pardon des fautes. De toutes les fautes – propres ou héritées – qui empêchent un homme de devenir ce qu’il aurait pu être.
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