AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de José Carlos Llop (118)


Les mots nous manquent ou leur sens a changé et ils ne sont plus, les mots, là où auparavant ils faisaient leur effet. Et l’amour sans la parole est comme l’histoire sans l’écriture. On entre dans une période sombre où rien n’a existé ni n’existe et par conséquent il peut se passer n’importe quoi dans ce temps, et de fait c’est ce qu’il se passe, mais comme ce n’est pas écrit il n’y a pas de trace et c’est comme si rien ne s’était passé.
Commenter  J’apprécie          00
Dans la vie adulte, l’amour est toujours loin, mais quand l’autre cesse de vous aimer – l’usure du temps, ou la lassitude – il vous autorise, parfois sans le savoir, à désirer qui vous désire. Il y a une partie de la conversation amoureuse – peut-être pas son sens le plus intime ou le plus précieux, mais celui qui la relie à la nature – qui s’interrompt ou décline lorsque le désir disparaît.
Commenter  J’apprécie          00
Et tout cela, peut-être, parce que les histoires d’amour sont peu nombreuses et parfois ne se produisent même pas;une vie tout entière, si souvent, sans elles, même si c’est le mythe et non la réalité qui les alimente dans le désir, ou les rabaisse, dans l’envie.
Commenter  J’apprécie          00
Quand la femelle apparaît, ce qu’elle ne fait pas toujours. Il y a un film, peut-être de Godard, dont le protagoniste est étendu sur l’herbe et elle, debout devant lui, caresse sa poitrine de son pied nu.
Commenter  J’apprécie          00
 L’art doit gouverner l’amour », écrivit Ovide. Et aussi : « Je chante des plaisirs sans danger et des larcins permis : mes vers seront exempts de toute coupable intention. »
Commenter  J’apprécie          00
Parce que dans l’érotisme, l’image – beauté qui suscite le désir et désir qui crée de la beauté – ne suffit pas à elle seule et lasse ; d’où l’irruption du langage. L’image seule – les fresques érotiques de Pompéi, les craies de cire de Toulouse-Lautrec ou les esquisses de Rodin – appartient à la même civilisation qu’Altamira ou Lascaux ; il y reste quelque chose de cavernicole, et pas seulement à cause de la célébration de ce qui est originel. Mais quand les amants se disent – quand les amants sont en train de se dire à eux-mêmes – « fume-moi », l’image acquiert une force différente et l’acte érotique une valeur intrinsèque dont il était dépourvu auparavant. Désirer, c’est aussi de la littérature et cela a sa logique, qui naît du désir et meurt quand le désir disparaît. Et alors nous sommes renvoyés au langage physiologique et à l’aphasie, pas seulement sexuelle.
Commenter  J’apprécie          00
La vision du corps désiré et désirant, son architecture souple et prodigieuse, la beauté de son incendie… Et l’écriture de l’éros réservée à ceux qui avaient le pouvoir ; c’est-à-dire l’écriture ; c’est-à-dire l’immunité. Son sexe est « ton délirant coquillage » et, beaucoup plus jeune que lui, elle prend le commandement des manœuvres amoureuses : « Allongé immobile sur le canapé, j’ai joui jusqu’au délire, tandis que tu bougeais sur moi. »
Commenter  J’apprécie          00
Le désir s’empare de toutes ces voies comme un empereur tyran­nique et doux à la fois – prenez les centrales électriques, les stations de radio, les services téléphoniques et les chaînes de télévision – et alors on ne sait pas, on ne veut pas vivre en liberté. On ne désire que la tyrannie de la passion. C’est son premier tribut et dès l’origine le désir im­­prègne le langage, de telle façon que les métaphores les plus baroques relèvent de l’école réaliste la plus pure. Cette fusion entre ce qui est savant ou élitiste et ce qui est populaire, entre l’art et le métier, crée de l’addiction et nous change en nous montrant une dimension différente. De nous et des autres. De l’amant et de l’aimé. Et par conséquent du monde.
Commenter  J’apprécie          00
La passion intervient dans le langage ; le sexe s’empare du langage et celui-ci l’ennoblit et s’ou­vre à un continent nouveau et ce continent est celui des amants : le verbe se fait chair ; la parole, coït. La voie d’accès importe peu : une brève rencontre, le téléphone, une lettre, un simple message, une injonction qui est une supplication amoureuse…
Commenter  J’apprécie          00
J’ai été excité comme si cela faisait des semaines que nous nous con­­naissions au sens biblique du terme. Pas excité comme on l’est au premier rendez-vous, mais excité comme on l’est quand on connaît l’autre et que l’on sait jusqu’où on arrivera parce qu’on y est déjà arrivé précédemment. On sait comment l’autre prononce les mots et les enchaîne et comment s’enchaînent les phrases de l’un et de l’autre et comment les corps, ensemble, sont des palimpsestes qui se réécrivent sans cesse, même quand il n’y a plus d’encre dans l’encrier et que la fatigue pousse au sommeil.
Commenter  J’apprécie          00
Mon père. Sa nature de coureur de jupons le faisait voyager à travers les femmes comme si elles étaient des nations, alors qu’elles n’ont pas de passeport et qu’elles appartiennent à une seule nation, si on peut l’appeler ainsi : la nation des femmes. Mais cela, je l’ai appris plus tard. Quand j’ai commencé à amener des filles à la maison, il déployait sa queue de paon et Delhi lui convenait autant que Rome ; le tout était d’attirer l’attention.
Commenter  J’apprécie          00
Et la femme abandonnée, la femme trahie, la femme qui n’est pas aimée comme elle considère qu’on doit l’aimer s’expose, à partir de l’acquisition de cette conscience, dans une vitrine, un marché sentimental, le souk du désir, et en s’exposant elle se venge de qui n’a pas su ou pas voulu, ou a su et voulu la laisser en arrière.
Commenter  J’apprécie          00
Et les vêtements sont des alliés, mais seulement au début de la bataille : les pantalons taille basse, chez la femme mûre, sont là pour montrer, si on le désire, toujours le désir d’être vues, le dos toujours ferme quand on se baisse et la naissance des fesses, le creux qui excite et pointe un Suez désiré, avec l’Afrique au fond, mais une Afrique déjà mise à sac, comme notre bateau quand il n’est plus celui qui a sillonné les mers et jeté l’ancre dans des baies qui n’existent plus, quand il n’est plus ce bateau dans lequel on s’est reconnu pen­dant la traversée. Le temps fait son travail, il le fait toujours, tandis que les plus jeunes portent des shorts courts, tendus et hauts, presque jusqu’à la taille, montrant ainsi le bas des fesses comme des pommes, la frontière avec les cuisses – que la femme mûre cache –, et c’est encore une façon d’être en relation avec leur corps selon le temps qu’elles cohabitent avec lui.
Commenter  J’apprécie          00
Et quand une femme cesse d’être regardée par qui la regardait – l’épouse dont le mari a une maîtresse et n’a d’yeux que pour elle –, elle se perd et se désoriente et la douleur devient déséquilibre et cherche peut-être l’équilibre perdu dans un autre regard si le mari s’égare et se perd lui-même dans les bras de sa maîtresse.
Commenter  J’apprécie          00
L’absence du regard de l’autre, du regard qui nous fait savoir ce que nous sommes et ce que nous pouvons être. Pas devenir, mais être, tout simplement.
Commenter  J’apprécie          00
Heur et malheur de la passion amoureuse, les deux choses et pas une seule, comme ce sont deux corps et deux âmes qui s’enlacent, et deux temps, le passé et le futur réunis dans un présent ensorcelé dont nous voulons qu’il ne s’achève jamais et que nous tentons de retenir par nos embrassades, nos caresses et nos flui­­des, agrippant la chair – dos, cou, fesses – à pleines mains et appuyant, comme on tombe dans le vide, parce que l’absence d’amour c’est le vide et, les doigts dans la bouche, le vagin et l’anus, comblant d’autres vides – il n’y a pas de place pour le vide en amour – ou les laissant se réfugier sous les aisselles que nous avons léchées auparavant, comme nous avons léché d’au­­­­­tres replis, disant, avec un langage différent, « je dé­­sire tout ce qui est tien parce que tout ce qui est tien me grandit et dans tout ce qui est tien je suis comme je n’ai pas été avant et ne serai pas après ».
Commenter  J’apprécie          00
Comme le corps nu de l’aimée. Sa beauté et son impudeur, son élégance et son primitivisme, sa délicatesse et sa sauvagerie. En lui, nous embrassons la Crète et Constantinople et nous embrassons Suzanne et Bethsabée et nous embrassons Schéhérazade et les bacchantes et les nymphes et Vénus et Circé parce que, dans son corps nu, nous embrassons le temps, tout le temps, tous les siècles jusqu’au début des temps.
Commenter  J’apprécie          00
La passion aussi est un don de l’être humain et une fois qu’on l’a vécue on est également empêché de redevenir celui qu’on a été. Comme n’importe quel amputé, car c’est ce que l’on est après avoir vécu une passion. Contrairement à ce qu’on est après la révélation. Parce que dans la passion il n’y a pas de révélation ; il y a la possession.
Commenter  J’apprécie          00
La révélation est un don de l’être humain. Peu nombreux sont ceux qui le possèdent, mais ceux qui l’ont vécue racontent des choses très semblables, qui peuvent se résumer par la certitude d’être hors du temps et de l’espace et, de là, de tout voir sous sa véritable forme.
Commenter  J’apprécie          00
L’écri­ture, c’est beaucoup mieux, beaucoup mieux. Tu ne dépends de personne, que de toi-même ; tu travailles seul et tu n’as de comptes à rendre qu’à la littérature.
Commenter  J’apprécie          00



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de José Carlos Llop (92)Voir plus

Quiz Voir plus

Jacques Chardonne

Quel est le vrai nom de Jacques Chardonne?

Jacques Laurent
Jacques Barnery
Jacques Dutourd
Jacques Boutelleau

10 questions
10 lecteurs ont répondu
Thème : Jacques ChardonneCréer un quiz sur cet auteur

{* *}