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Critiques de José Giovanni (40)
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Le trou

Depuis longtemps, sans savoir pourquoi, j’aime les histoires dans le milieu carcéral. Dans ce registre, « le trou » de Giovanni fait figure de classique. Ce statut est amplement mérité, « le trou » est un très bon livre.



Il ne faudrait pas réduire le roman de Giovanni a un récit d’évasion, « le trou » est bien plus que cela. C’est un roman profond et subtil qui parle avant tout de l’enfermement. L’auteur sait de quoi il parle, il a lui-même été incarcéré, il a goûté à cette existence en dehors du monde. Avec un indéniable talent d’écriture, il évoque de façon saisissante les souffrances, les angoisses et les espoirs des détenus. On suit les 5 détenus d’une cellule de la prison de la Santé qui veulent se faire la belle. A leur morne et répétitif quotidien de détenu succède une autre routine, obsessionnelle, celle de la préparation de l’évasion. Les mêmes gestes se répètent nuit après nuit, creuser, explorer les sous-sols, creuser encore… Ce trou dans leur cellule finit par devenir le centre de leur vie, cristallisant leurs rêves, leurs espoirs.



Le roman ne tombe jamais dans l’écueil du simplisme. Les personnages principaux sont complexes, fouillés. Giovanni ne les présente jamais comme des anges ni comme des monstres, l’Homme est toujours séparé de son crime. Loin de tout manichéisme, l’auteur ne cède pas au cliché des méchants matons. Chacun des gardiens évoqués a sa propre personnalité, certains sont sympas, d’autres moins. Ils font juste leur boulot.



Au-delà de la véracité du récit qui fait sa force, ce qui m’a vraiment frappée dans cette lecture, c’est la qualité d’écriture de Giovanni. C’est un véritable auteur, avec un style. « Le trou » est un beau roman, bien écrit. Le style épuré laisse parfois la place à de courtes mais jolies envolées poétiques.

Si l’homme est douteux, l’écrivain a du talent. Je lirai sans doute d’autres romans de cet auteur.





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Mes grandes gueules

Mes Grandes Gueules est un livre d'une grand humanité, l'auteur fut résistant puis accusé de racket, emprisonné dés 45 et condamné à mort. Son père lutta pour sa réhabilitation, après 11 ans de lutte il obtient une grâce présidentielle, il a 33 ans.Son premier roman « le Trou »  est publié en 57, il devient scénariste et dialoguiste pour Sautet,Becker,Joffé,Deray...Devenu réalisateur dans les années 60 « Le Rapace, Dernier Domicile connu, Deux hommes dans la ville, le Ruffian etc,, il fait tourner les plus grands:Ventura, Gabin, Belmondo, Delon, Vanel, Claudia Cardinale …

Pour ma part je n'ai pas lu ses romans mais vu la plupart des films (adaptés des romans) où il a oeuvré, Il y a pour moi quelques chefs-d'oeuvre outre ceux cités précédemment « les aventuriers, le deuxième souffle, le clan des siciliens, la scoumoune, le gitan, mon père.

Ses films passent régulièrement à la télévision (si vous n'avez jamais vu l'un de ses films...n'hésitez pas.)

C'est un grand auteur très populaire, (trop? pour l'intelligentsia du cinéma surement) éreinté par la critique en son temps.
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Le Ruffian

Il y avait Aldo, dont la main gauche ne comptait que trois doigts, mais qui pouvaient serrer comme dix, il y avait Barthy, qui plaisait aux femmes comme si une auréole de chance irradiait sa personne, il y avait Anselme, qui, s'il n'était pas marqué par le sceau des élus du coeur de ces dames, avait la rage au ventre et la confiance en soi qui fait avancer un mort. Et puis, plus loin, plus tard, il y avait Stan, qui savait attendre son heure, avec la patience du marin affrontant la tempête ; à ce moment-là, le contingent des noyés augmentait.



Ces quatre-là, faits de cordes et de sacs, transportaient leur passé en bandoulière , toujours à parier sur leur avenir incertain, jouant la fortune sur le coup de dés des décisions radicales, celles qui sont du genre définitif. Dignes héritiers de la Horde Sauvage, ils couraient la chance,armés d'un culot énorme, et un peu, aussi, de la foi qu'ils mettaient dans leurs flingues...



Pour traîner ses guêtres au Brésil dans ces années-là, celles où les hommes de fortune sans un sou étaient légion, il fallait en avoir, beaucoup, et être prêt à tout. En tout cas, ceux-là n'allaient pas rechigner à mettre les mains dans la mélasse pour y trouver la petite pépite qui leur ferait oublier leurs échecs, quitte à plonger dans une panade qui ne fait pas que vous vider les poches mais qui vous emmène tout droit sur la balance du jugement final.



Bref, si on voulait terminer une soirée tranquille, ceux-là, fallait pas les inviter...Ce serait un peu comme danser une gigue du diable sur des braises, avec de la dynamite dans la poche. C'est toi qui voit camarade...
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Le trou

Roman en milieu carcéral écrit par José Giovanni qui sera par la suite réalisateur de films inoubliables tels que " le clan des siciliens" , " la scoumoune" ou " les égouts du paradis " entre autres.

Cinq prisonniers tentent de s'évader de la prison où ils sont retenus.

Le trou: double sens dans ce petit mot, l'un pour définir en argot la cellule et donc l'enfermement et l'autre, celui que creusent nos prisonniers pour espérer la liberté.

Un roman noir, empli de suspens jusqu'à la dernière page, on se prend à espérer la réussite de leur entreprise car la sanction est la mort pour quatre d'entre eux s'ils échouent.

Un film dirigé par Jean Becker, sorti après son décès est tiré de ce roman.
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Le trou

Récit haletant d'une tentative d'évasion, le Trou nous plonge dans l'univers gris de la prison, au sein d'une cellule où un groupe d'hommes, chacun avec ses rêves, le poids de ses secrets, caresse l'espoir de se faire la malle.



Ces prisonniers vont associer leur intelligence, leur volonté, leurs doutes aussi, pour travailler, jour après jour, semaine après semaine, à la grande épreuve où deux seules issues sont possibles: la réussite, et la promesse d'autres épreuves à venir, ou l'échec, total, le retour à la case départ, sans toucher les 20 000, juste une peine supplémentaire et une certaine ruine de l'âme.



La force de ce livre s'explique en grande partie du fait que l'histoire respire le vécu. De fait, José Giovanni a lui-même usé ses basques derrière des barreaux et tenter de se faire la belle. D'où la grande pertinence de l'histoire, les personnages sentent le vrai, leurs paroles, leurs pensées, les craintes et les terreurs, tout est juste.



On en vient à oublier que ces malfrats en sont, et des fameux. Et ma foi, on a presque envie de boire à la santé de cette équipe, qui n'aspire qu'à la quitter...la Santé.

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Les Loups entre eux

Roman d'aventure et d'espionnage , écrit à quatre mains, celles du romancier-cinéaste (entre autres vies) José Giovanni, et celles du journaliste Jean Schmitt, Les loups entre eux s'avère être un petit bijou du genre.



Confrontées à une vague d'attentats initiés par tous les spectres des extrèmes, dont celui d'un Islam qui veut se redécouvrir conquérant, des puissances -qui tiennent à agir dans l'ombre et à y rester, donnent des fonds pour la création d'un commando qui aura pour mission de couper -sinon la tête, du moins un tentacule de l'hydre terroriste qui a trouvé en Libye une terre d'accueil et la manne pour fomenter ses œuvres de destruction.



La phase de recrutement est lancée par le biais d'un recruteur aux origines jamais dévoilées, dont on devine que sa vie s'est jusque là déroulée entre ombre et lumière, mais essentiellement du côté obscur. Un agent français, Lacier, incarnation fantasmatique du baroudeur, sera le premier homme pris dans la nasse pour être positionné comme chef de meute et trouver les autres " soldats perdus " pour mener à bien une mission à l'issue des plus incertaines.



Je ne dévoile pas plus avant le résumé de cette histoire qui se lit d'une traite, tant on est happé par le rythme haletant de cette équipée sauvage.



Surtout, ne pas croire qu'il s'agit ici d'un simple roman de comptoir désuet, qui parlerait du temps d'un autre temps, où le point d'orgue ne résiderait que dans des scènes d'action s'enchaînant au rythme saccadé d'une rafale de MAT 49.



Non, le roman est admirablement construit et l'histoire, parfaitement crédible, séduit de bout en bout. Les personnages ont tous " de la gueule ", un parcours individuel tel qu'on l'imagine pour  des "chiens de guerre ", fonctionnant chacun à leur manière hors du système, et par là, condamnés à disparaître, le plus souvent de manière brutale, celle qui semble inscrite dans leur ligne de vie.



On sort de cette lecture avec une impression de sel aux lèvres, de sable dans la bouche et de poudre dans les narines, et le livre est rangé dans la bibliothèque en se promettant de voir le film du même titre (réalisé en 1985 et incarné notamment par Claude Brasseur, Bernard-Pierre Donnadieu, etc.) pour vérifier si la forces des images rivalise avec celle des mots.
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Les grandes gueules (Le haut-fer)

Mais quel navet !

Je mets cette demi étoile eu égard à l'adaptation cimétographique que j'aime beaucoup et qui m'a poussé vers le livre.

Les noms se répètent, on passe du coq à l'âne dans le même chapitre, sans même un retour à la ligne, rien ne m'a plu dans ce roman.

Je préfère ne garder que le souvenir de Bourvil et Lino Ventura lorsque l'on me parlera des Grandes Gueules.
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Mes grandes gueules

J’ai abandonné la lecture de ce livre après avoir fait des recherches sur José Giovanni.

Pourtant tout était réuni pour me séduire : de grands noms d’un cinéma aujourd’hui presque oublié, des films que j’avais vu et aimés pendant mon adolescence, des anecdotes sur Gabin, Ventura, Giraudeau, Audiard et j’en passe.

Mais voilà, un article dans un journal helvétique qui dévoilait un pan franchement nauséabond du personnage et de la façon dont il avait retourné la situation après-guerre à son avantage a eu raison de moi.

Quelques années se sont écoulées et je suis désormais plus capable de faire la distinction entre l’homme et l’œuvre mais il n’en reste pas moins que cela demande un effort.

À réfléchir avant d’être trop tranché envers nos semblables qui n’ont pas eu la chance de s’en tirer à si bon compte et qui n’ont pas eu les circonstances atténuantes dont a bénéficié Joseph Damiani. Ces dernières lui ont permis de commencer une nouvelle existence sous l’identité de José Giovanni
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Mon ami le traître

Inspiré de faits réels, Mon ami le traitre de José Giovanni nous entraine dans la France de 1944 qui est aussi la France de l'épuration.

Georges Galtieri, ancien collaborateur avec les forces allemandes, veut se racheter apres la mort de son frère. il va être mis en contact avec Adrien Rove, agent du renseignement et contre-espionnage. Ce dernier, bien que très méfiant envers l'ancien collabo, va lui donner sa chance et lui permettre de se racheter. En effet, Georges va permettre l'arrestation de personnages autrement plus dangereux et nuisibles que lui-même.

Une époque très particulière ou l'on ne sait plus très bien qui est un héros ou un collabo car quelquefois la frontière est très floue entre les deux profils, et surtout avec à chaque coin de rue, un "opportuniste qui retourne sa veste....."

Je connaissais surtout José Giovanni en tant que cinéaste, mais il a aussi une jolie écriture, directe qui ne s'embarrasse pas de fioritures, ce qui permet au lecteur de plonger sans problème dans ce livre qui respire l'authenticité...



Challenge ABC 2015/2016

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Les grandes gueules (Le haut-fer)

Hector Valentin revient du Canada pour relancer la scierie familiale abandonnée ''le haut fer''. Mais l'emploi de main d’œuvre lui est rendue impossible par la pression exercée dans la région par ses concurrents, il décide alors d'employer des hommes en liberté conditionnelle qui sortent de la prison centrale de Mulhouse.

Ce roman d'aventure passionnant est un récit viril, à l'ancienne, où les hommes sont des costauds, roulent des épaules et ont une parole sur laquelle on peut compter.

Dans le film de Robert Enrico tiré de ce livre Bourvil tient le role d'Hector Valentin et il est entouré de Lino Ventura,de Marie Dubois, de Bill Kearns et de Michel Constantin.
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Le Deuxième souffle

Un vrai polar à l'ancienne, on se croirait dans un film avec Gabin et Ventura et pour cause, "Le deuxième souffle" écrit en 1958 a été transposé à l'écran par Jean-Pierre Melville en 1966 avec Lino dans le rôle principal, Paul Meurisse jouant le commissaire.

C'est vrai qu'il sait de quoi il parle José Giovanni, lui-même condamné à mort puis gracié, il s'est bien reconverti dans l'écriture.

Ça faisait longtemps que je n'avais pas lu un aussi bon polar, atmosphère des années 50, des gueules, des truands peut-être mais avec un code d'honneur. Au fur et à mesure de ma lecture, je voyais les personnages, j'imaginais les lieux, un vrai dépaysement, je n'ai pas boudé mon plaisir.

Si vous êtes amateur, n'hésitez pas, foncez.
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Classe tous risques

abel davos condamné par contumace, en France c'est réfugié en Italie.mais après un casse raté il décide de rentrer en France avec femme et enfant.mais a peine sur le sol français, ils sont contrôlé par la police.

le complice tire, tue un policier avant d'être abattu

abel tue le deuxième.

hélas sa femme Helene et tuée. et le voila seul avec son fils, il va téléphoné a paris a ses anciens complices, mais c'est dernier sont maintenant devenu patron de boite de nuit et me veulent plus prendre des risques. il vont faire appel a Roger sarter pour aller le chercher a Nice.

un polar sombre, sur la fatalité. abel voudrais bien se ranger, mais la justice et en marche.

il sera adapté au cinéma 🎥 avec lino Ventura dans le rôle d, abel et jean Paul Belmondo. 😎👍
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La Scoumoune

Moi, j'ai d'abord adoré le film. Belmondo n'en fait pas trop mais colle bien à la peau du personnage. L'univers de José Giovanni (Joseph Damiani) est bien sombre, comme le fut son passé avant de sortir de prison. Condamné à mort en 1948 pour extorsion de fonds et complicité d'assassinat, il est gracié puis libéré de prison en 1956. Chacun de ses romans représente une pépite pour un réalisateur et beaucoup se souviendront de :

Le trou, classe tous risques, les aventuriers, les ruffians , tous adaptés au cinéma par des réalisateurs de renom. et le Haut-Fer que vous êtes nombreux à avoir découvert sous les traits de Bourvil et de Lino Ventura dans le film "Les grandes gueules" de Robert Enrico (1965). Il en va de même pour l'excommunié qu'il adaptera lui-même au cinéma sous le titre " La Scoumoune en 1972. Jean Becker l'avait déjà adapté sous le titre "Un nommé La Rocca en 1961. Il savait tout faire, romans, dialogues, scénariste, réalisateur. le fil des mots vrais pour des images fortes. Un auteur de polar à découvrir parce que pas assez connu.

Prix Paul Léautaud 1995 pour "Il avait dans le cœur des jardins introuvables" chez (Robert Laffont)

Prix Charles Exbrayat 1997 et Prix du polar 1997 avec La Mort du poisson rouge , Robert Laffont
Lien : https://www.cinema-francais...
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Les grandes gueules (Le haut-fer)

Voilà une lecture qui m'a plongé dans la nostalgie des vertes années, tant j'ai cheminé au fil des pages avec le souvenir du film -fort bien adapté du roman de José Giovanni, avec une palanquée de vraies Grandes Gueules, les Lino Ventura, Bourvil, Michel Constantin et autres Jess Hahn… Une belle histoire sur la ténacité dans l'adversité, sur la force des convictions et la valeur du travail, et également sur la possibilité, pour tout individu qui a un jour ou l'autre chuté, du rachat.

Hector Valentin (incarné par Bourvil dans le film), revient du Canada dans les Vosges, pour prendre possession d'une vieille scierie condamnée à la ruine, dont il a hérité. Il décide de sa résurrection et se trouve confronté à la concurrence de Therraz, l'homme fort de la vallée. Manquant de personnel, il en vient à embaucher des condamnés de droit commun bénéficiant du régime de liberté conditionnelle. José Giovanni nous offre ici une belle aventure humaine, avec des dialogues ciselés. Ces hommes ne sont pas que des "forts en gueule", aux poings facilement serrés et propres à décrocher des mâchoires, ils ont aussi leur dignité, qu'ils arrivent à racheter par leur engagement pour une cause simple, mais qui révèle les vrais hommes.
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La mort du poisson rouge

L'on n'écrit plus comme cela. Je connaissais l'homme de cinéma. Je découvre José Giovanni écrivain par le biais de cette lecture. Il est certain que ce que l'un aime, un autre est en droit de ne pas aimer. Probablement que le lecteur de vingt ans n'a pas la même vision sur un ouvrage que celui de soixante-dix. Je ne lis, pour ainsi dire, que des "auteurs morts". Lorsque je m'essaie à lire des écrivains bien vivants, je ne me reconnais pas dans leur production. Ou alors, c'est bien rare. Dans "La mort du poisson rouge", je retrouve la tonicité propre au polar français. Le fait d'écrire de manière enlevée et assez peu académique n'ôte rien à la qualité de l'ouvrage. Queneau, Céline et autres "tripatouilleurs" de la langue française ont trouvé leur place dans la littérature de "bonne facture". "La mort du poisson rouge" est une histoire "bien torchée", avec les bons et les méchants, une intrigue solide, du rebondissement à souhait et une fin que l'on n'attend pas "précisément". Un excellent roman policier.
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Les grandes gueules (Le haut-fer)

j'ai lus se livre après avoir vue le film plusieurs fois et quelle mal j'ai eu pour le trouvé par contre j' y ai retrouvé tout l'univers du film et le plaisir de cette histoire
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Le Deuxième souffle

José Giovanni (1923-2004) "Le deuxième souffle", publié initialement en 1958 (objet d’un nombre incalculable de rééditions (ISBN 978-2-07-030455-4).



C'était le temps du polar à la française, écrit par un vrai bandit corse condamné à mort en 1948 et gracié en 1956. Du temps où même les gangsters avaient une sorte de code d'honneur, presqu'une morale. Incontestablement, c'est bien écrit et bien mené (Giovanni fut-il vraiment l'auteur écrivant ces pages ? s'est-il fait aider ?), jusqu'au massacre final.

Le personnage atypique du commissaire Blot, cynique, dut faire figure de grande nouveauté à l'époque (?).



L'intrigue est bien sûr plus complexe plus fournie, plus ramifiée que dans le film de JP Melville qui connut lui aussi un grand succès lors de sa sortie en 1966.



C'était le temps (oserai-je écrire « béni » ? au risque de passer pour le prude papiste que point ne suis-je) où les auteurs s'épargnaient la poussive description de scènes de sexe plus ou moins glauques, et se bornaient, en fin de paragraphe, à une mention du genre "ils s'embrassèrent (plus osé : enlacés, ils tombèrent sur le lit) et se réveillèrent le matin de bonne heure, très heureux". Ils ne tartinaient pas non plus les scènes de violence sur des pages et des pages, et la vie privée de l’enquêteur ne constituait pas l’objet central du récit. Bref, ils s’en tenaient à une intrigue solidement et rondement menée…



Pour les gens de ma génération, il est frappant d’intercaler ainsi de temps à autre la lecture d’un roman policier «de la grande époque» (les années soixante de notre enfance) parmi celle des polars contemporains : ça aide à mesurer combien le monde «a changé» (gardons-nous bien de préciser…)

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Il avait dans le coeur des jardins introuva..

n°204 - Mars 1999





IL AVAIT DANS LE COEUR DES JARDINS INTROUVABLES - José GIOVANNI.

EDITIONS ROBERT LAFFONT.









Son nom était associé à des romans et à quelques films vus au cinéma ou rediffusés à la télévision. Il disparaissait pour moi et sans doute pour beaucoup d’autres derrière ceux des acteurs célèbres qui les avaient interprétés. Pourtant, je dois le dire, ce livre m’a passionné, mieux il m’a ému, bouleversé.



J’ai toujours cru que le rôle des vivants est d’honorer les morts, de satisfaire à ce devoir de mémoire dont ils sont comptables. Les traces qu’un être humain laisse après sa mort sont tellement ténues qu’elles s’effacent vite et le temps recouvre ce qu’a été sa vie, son passage sur terre. L’amnésie est un vrai fléau!

Rendre hommage est une chose bien difficile quand on n’a à sa disposition que l’épaisseur des mots. C’est vrai « qu’il ne s’agissait pas de vouloir jouer à être écrivain! Il s’agissait de laisser s’écouler les sentiments comme une source ». C’était simple « Vous prenez ce que vous avez à pleines poignées et vous le jetez sur le papier » Une gageure!

Peut-être parce que ce travail d’écriture sonnait aux oreilles de ce fils comme un devoir auquel il ne pouvait se dérober et qu’il ne rencontrerait l’apaisement que lorsqu’il aurait couché sur le papier tout ce qu’il avait sur le cœur? On objectera que la mémoire enjolive. Voire! Il y a des aveux qui ne trompent pas «  Toujours ce retard entre mon père et moi. J’essaie encore aujourd’hui de le rattraper comme un coureur distancé qui a mal à chaque tour de roue ».

C’est bien cela, une histoire de tiraillements entre un père et son fils, faite d’absences, de renoncements, d’espoirs déçus. On ne dira jamais assez la valeur de l’exemple qu’un père donne à ses enfants. Il vaut tous les doctes traités sur l’éducation. Joe, fut un père absent, plus passionné par le jeu et par les femmes que par sa propre famille. Cet homme pusillanime se laissa entraîner dans la marginalité, montrant à ses deux fils une bien mauvaise image de lui-même. Ils le suivront à des degrés divers malgré Lilie, la mère devenue possessive à force d’être trop aimante!



Le lecteur ne sait plus s’il s’agit d’un roman dont le personnage principal, Joe, procède de l’imagination de l’auteur ou bien si c’est une histoire réelle qui nous est ici narrée tant le style mêle, agréablement d’ailleurs, la première et la troisième personne. Cela se termine en apothéose puisque l’auteur s’adresse directement à lui en lui offrant « son livre »!

C’est dans le ton d’un roman policier que Giovanni nous conte ce récit qui, au vrai, sort de l’ordinaire. Il n’oublie pas de le recadrer dans l’Histoire, celle de l’humanité comme un clin d’œil pour nous convaincre, s’il en était besoin, que tout cela n’est pas tout à fait imaginaire. Il n’omet pas non plus d’y glisser des aphorismes et des images poétiques.

Mais revenons au texte de cet infatigable « raconteur d’histoires » propose à son lecteur qui devient au fil des pages presque son intime. Au début cela prend la forme du rêve américain pour ce petit émigrant corse qui quitte son pays, encore adolescent, au seuil du XX° siècle. Pour seule richesse il a son regard bleu et un jeu de cartes (plus quelques louis d’or). Ils incarneront son parcours marginal sur cette terre: le poker et les femmes! Puis, à peine arrivé c’est à nouveau cette quête de celui qui veut se faire une place dans ce nouveau monde où pourtant il se sent étranger. La délicate alchimie de sa vie se marie mal avec cette société en constante recherche de ses marques, en recomposition... La Grande Guerre se déclare. Il part pour la France... Et il y restera. N’est-ce pas, après tout son pays d’origine, celui de Napoléon I° qu’il admire tant? La fortune lui sourira largement puis l’abandonnera.



« Une fois la vie tracée, on ne peut pas ne plus poursuivre » écrit Antoine de Saint-Exupéry. C’est vrai que l’homme ne peut pas grand chose face à son propre destin sinon s’y conformer avec l’impression qu’il le fait librement.. Celui de Joe croisera celui de Santos, ce beau-frère, corse comme lui, et l’entraînera dans l’univers de la pègre. Ses deux fils Barthy et José, pourtant bien différents, l’un ressemblant à cet oncle douteux qu’il convenait pourtant d’éviter et l’autre plus attiré vers sa mère et vers la liberté de la montagne, seront comme fascinés par lui. L’aîné perdra sa vie dans une rixe.

Pour José, le survivant, sa mère sera une bouée de sauvetage dans ce grand tangage familial. Elle aussi se bâtissait des châteaux en Espagne dans des expériences commerciales qui bien souvent tournaient court. Elle cultivait aussi l’illusion en recherchant jusqu’à la fin de sa vie d’improbables martingales qui devaient lui ouvrir, à la roulette, la voie de la fortune. De ces deux pôles du couple, la fourmi c’était elle, le bon exemple aussi!



Ce livre en fait est la somme des rendez-vous manqués entre José, le fils et Joe le père qui préférait son monde de jeu et d’adultère à celui plus terre à terre de sa famille. Ce témoignage est sans fard, peint à petites touches précises et parfois incisives, sans complaisance...



Pourtant la vie de Joe, le père absent, va basculer. Barthy, le fils aîné avait perdu la vie dans une affaire que la justice avait du mal à démêler. Parce José se trouvait là aussi et parce qu’il en était le seul survivant crédible, on s’empressa de le condamner pour l’exemple. Dans cette atmosphère délétère de l’après-deuxième guerre mondiale où dans notre pays la collaboration et les délations en tout genre avaient un peu fait oublier la grandeur de la France, il fallait faire un exemple. Malgré sa conduite exemplaire au combat, les plateaux de la balance furent néfastes à José. Il fut condamné à mort.

Dès lors son père Joe s’assigna un but : délivrer son fils des griffes de la justice qui au vrai avait été peu sourcilleuse dans le collationnement des preuves et avait un peu oublié la présomption d’innocence dont on nous reparle de temps en temps. Toujours l’exemple.

Ce petit homme vieillissant, de plus en plus malade se battra donc par avocats et personnalités interposées pour atténuer les souffrances de ce fils. Il le soutiendra dans son combat, ne « vivra que pour lui » pendant ces années de détention, supportant avec lui les chaînes et les vexations, lui écrivant chaque jour, ne manquant aucun parloir. Il était devenu une figure dans ce café de la rue de la Santé qui fait face à la prison. Les deux hommes vivaient la même souffrance de part et d’autre des hauts murs de cette maison centrale.

Puis, à force d’interventions, de combat au quotidien, de bouteilles jetées dans cet océan d’incompréhension qu’est bien souvent notre société, il obtiendra du Président Auriol la grâce de son fils, de nombreuses remises de peine, la libération anticipée puis la réhabilitation. Pour une fois la justice reconnaissait son erreur... Mais cette dernière victoire il n’a pu la savourer. La mort l’a happé avant.

Puis les choses se sont précipitées pour José. Lui dont on ne donnait pas cher de sa vie, même libre vit son existence s’éclairer. A cette époque ses amis étaient peu nombreux. Ils étaient surtout avocats. Ils l’incitèrent à écrire, à témoigner de ce parcours cahoteux. Il le fit et ce fut un succès. Le destin toujours! Lui à qui une cartomancienne avait prédit une improbable notoriété devint célèbre sous les yeux mêmes de son père. Se sentait-il coupable d’avoir par son exemple ou ses renoncements entraîner son fils dans cette parenthèse carcérale ou en était-il fier de lui au point de rester sans voix? Ce livre aussi parle des silences de celui qui a bien souvent ravalé ses paroles, qui n’a pas su incarner l’autorité du père en préférant la fuite. José lui rendra hommage après sa mort, afin qu’il demeure dans le souvenir des siens autant que dans la mémoire collective.



J’imagine le soulagement de José Giovanni devant le livre enfin terminé, le point final mis à ce texte (fin 1994... en montagne) qu’il voulait offrir à son père par delà la mort, le chemin de croix qu’à été pour ce petit homme vieillissant, éternel dandy à l’élégance raffinée qui se mouvait si facilement dans le bluff du poker mais dont l’existence ne prit son vrai sens que lorsqu’il décida de se battre pour son fils. Il a réussi à repousser la mort pour le revoir vivant et libre.



Les mots résument bien cela dans leur simplicité et leur dénuement « Voilà, père, c’est fini. Il ne me reste plus que le remords de t’avoir fait souffrir. Mais tu sais, je t’ai toujours aimé. »



Oui, je le redis, c’est là un témoignage émouvant.



© Hervé GAUTIER
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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Le musher

Dan Murphy est revenu pour gagner la mythique course de traineaux de l’Iditarod en Alaska, accompagné de sa fidèle chienne Eccluke. Ce retour passe pour le moins inaperçu et semble loin de faire l’unanimité.



Ce roman d’aventures efficace nous projette dans un univers proche de celui de Jack London, mais tout en restant dans celui de José Giovanni. Les habitués y retrouveront les thèmes préférés de ce dernier : l’honneur, la fidélité, la trahison, la vengeance, la confrontation de l’homme avec la nature.

Ce roman n’a malheureusement ( ?) jamais pu être adapté au cinéma, même si un projet avec Bernard Giraudeau avait été construit.



Je me suis laissée emportée par le trot régulier des chiens et le froid engourdissant, même si quelques maladresses de style (opposition passé présent) ont pu parfois me gêner, pour m’exalter dans le train infernal de la dernière ligne droite.



Le découpage colle au récit : quelques chapitres d’introduction (préparation du lecteur/préparation de la course) puis 21 chapitres : un pour chaque jour de cette odyssée.

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Le Deuxième souffle

Aaaaah, enfin un polar comme je les aime vraiment !

Une langue simple mais non pas inélégante, une intrigue claire, masculine et taillée à la hache, de l'humour comme il faut, un sens redoutable de la formule.

Je ne risquais pas d'être déçu, vouant un culte immodéré au film éponyme de Melville (le plus grand film noir de tous les temps à mon avis, ex-aequo avec Le clan des siciliens et Le samouraï).

Quelle n'a pas été ma surprise en découvrant que les dialogues du film sont entièrement tirés, par groupes de phrases entiers, du roman... Jamais vu une telle fidélité d'un film au roman.

j'entends bien sûr la critique: un polar qui date des seventies, qui date, qui date...

Eh oui, il date, mais pour notre plaisir: la corde nostalgique peut encore vibrer, les flics sont policiers, et si les truands ne font pas de cadeau, certains d'entre eux obéissent encore à un code de l'honneur (particulier, tout de même !) d'autres s'en débarassent, les derniers débarquent..

Nous, on reste scotchés par l'histoire.
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