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Critiques de Julie Otsuka (930)
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Certaines n'avaient jamais vu la mer

Une ode à l'immigration des japonaises au début du XXe siècle.

Chaque chapitre retrace leur parcours de vie de leur arrivée sur le sol américain, à leur départ forcé à cause de la guerre vers d'autres terres américaines. On y découvre leur terrible destinée, leurs désillusions, leur joie parfois lorsqu'elle ont la chance de "tomber" sur un homme bon et honnête, mais ils sont rare. C'est un roman féministe qui rend hommage à ces femmes traitées comme des moins que rien, humiliées et meurtries par l'abandon de leur terre d'origine tant aimée, par l'abandon de leurs traditions et de leurs mœurs tant appréciées. Elles doivent oublier et surtout s'oublier pour tout apprendre de ce territoire qui leur est hostile.



Je me suis posée la question jusqu'à la fin sans parvenir à trouver la réponse : Qui narre l'histoire ? J'ai cru que c'était une des japonaises mais vers la fin le doute s'est emparé de moi.



Un bon roman qui se lit facilement. J'ai bien aimé le thème.
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La ligne de nage

La ligne de nage c'est d'abord la description d'une piscine privée avec la description (drôle) du quotidien des habitués, de leur relation avec ce lieu, qui bientôt cessera d'être un refuge avec l'apparition d'une fissure au fonds du bassin. C'est aussi l'occasion de faire la connaissance d'Alice la mère de la narratrice atteinte de démence.

Après cette entrée en matière programmatique, la narratrice décrit en 3 grandes parties la maladie de sa mère, l'un sur la mémoire, puis sur l'entrée en ephad et enfin sur la progression de la maladie jusqu'à la mort d'Alice.

J'ai aimé le style détaché et clinique basé sur des inventaires comme le chapitre "Diem perdidi" qui répertorie les souvenirs encore accessibles à Alice, ce dont elle se rappelle et ce qu'elle a oublié. Se dessine avec ses fragments de souvenirs la vie d'Alice et en creux celle de sa fille.

La chapitre Belvista décrit avec ironie le fonctionnement de l'ephad dans lequel Alice finit par entrer. Une description féroce d'un système qui deshumanise ses résidents.

Enfin, le dernier chapitre Euroneuro revient sur l'historique de la maladie, sur le mari d'Alice qui tente de l'accompagner et finalement sur sa mort.

J'ai été touchée par ce livre au style très dépouillé. Aucune phrase n'est inutile. On plonge au coeur de la maladie, sans emphase et sans pathos.
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La ligne de nage

Une ligne oubliée…



Un bon moment passé de métaphores, de lieu incroyablement simple comme une piscine, où tous les milieux sociaux se croisent dans leurs lignes de nage. Leurs fractures, leurs fissures, leurs témoignages.

Ce lieu magique la piscine, « les gens d’en bas ». Cette relation privilégiée qui les relient dans leurs efforts de la nage, des regards bienveillants, des fissures apparentes naissent dans le couloir de la ligne 4. Ce sont les fissures du monde « des gens d’en haut ».

Un bon roman, ou la douceur d’Alice est au point de rompre. La maladie gagne le terrain, les idées et les souvenirs s’évaporent. Perte de mémoire, donnant petit à petit un sentiment de naufrage, on coule avec elle dans ses oublis, pas de souffrances apparentes, mais la transparence d’un être qui s’éteint.



Le temps n’a plus d’importance. Les enfants sont présents où pas, l’Ehpad de survie, un mari y croit encore. 5 moments de la vie de cette femme, ou sa fille raconte par son dernier chapitre, les liens perdus et si forts de leurs relations.

Émouvant et cruellement limpide, une ligne de nage fissurée d’une très belle plume, celle de Julie Otsuka.
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La ligne de nage

J'aime la plume de Mme Otsuka. Cette dernière est fine, délicate et poétique.



Dans ce troisième roman, l'auteure poursuit sa quête d'histoire familiale.



Il se décompose en plusieurs parties qui vous permettent une immersion progressive au cœur du roman.



Ici, il est question de maladie irréversible et de deuil.

comment dire au revoir à une personne que vous aimez et qui ne vous reconnaît plus?



très beau.



j'attends le prochain roman avec impatience.
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La ligne de nage

L'auteure est californienne d'origine japonaise mais, née après 1942, elle n'a pas eu à subir les camps d'internement étasuniens comme ses ancêtres. C'est heureux car elle livre ici un roman fort dérangeant qui, d'un certain point de vue, constitue une belle revanche civilisationnelle.

On peut dire qu'il y a deux moments forts et de natures différentes.

La première partie peut être qualifiée d'humour narquois et concerne une piscine et tous les névrosés qu'on peut y rencontrer. C'est fin, la critique de nos (car nous sommes tous indirectement concernés) modes de vie, de nos dérives mentales est traité sur un mode tellement léger qu'on s'en rend à peine compte et on enchaîne les longueurs sans mal.

la seconde partie cible un personnage bien particulier de cette galerie représentative du monde occidental moderne.

Et là, on change de registre...

En poursuivant dans le même style "l'air de rien" que précédemment, avec la même acuité, l'auteure brosse un portrait au vitriol de la fin de vie dans ce phare civilisationnel que sont les États-Unis, mais qui essaime partout où son paradigme libéral est imposé. Sa description de ce qui s'apparente à un EHPAD privé chez nous est à lire absolument (surtout après les révélations récentes). Par contre, il faut prévenir : le dernier chapitre de l'ouvrage est à déconseiller aux âmes sensibles, à ceux qui viennent de perdre un proche ou aux hypocondriaques qui s'imaginent, parce qu'ils ont oublié de "liker" mes précédentes critiques, atteints de la maladie d'Alzheimer...

C'est dur, c'est réflexif, c'est bien visé...

Un livre qui mérite qu'on s'y plonge.
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Quand l'empereur était un dieu

Pendant la deuxième guerre mondiale, après l'attaque américaine sur Pearl Harbour (décembre 1942) les Américains ont interné dans des camps de prisonniers les personnes d'origine japonaise vivant dans le pays. Ils étaient accusés d'être des espions à la solde de l'empereur, une cinquième colonne préparant l'invasion des Etats-Unis.



Dans Quand l'empereur était un dieu, Julie Otsuka raconte l'histoire d'une famille japonaise de Berkeley. Le père a été arrêté au lendemain de Pearl Harbour. La mère et ses deux enfants (11 et 8 ans) sont déportés quelques mois plus tard vers un camp situé dans le désert de l'Utah. Tous ne seront libérés qu'après la fin de la guerre, plus de trois ans plus tard.



Julie Otsuka écrit dans un style apparemment détaché. Les personnages ne sont jamais nommés. Ils sont désignés comme "la femme", "le père", "la fille", "le garçon". Malgré cela ils apparaissent comme très vivants et il n'y a rien de froid dans la narration grâce notamment aux dialogues particulièrement bien observés entre le frère et la soeur ou entre les enfants et leur mère. Sans s'appesantir l'auteur dit très bien les difficultés de l'internement et de la séparation d'avec le père puis du retour à une vie normale, entourés de voisins qui vous regardent de travers. J'ai beaucoup aimé ce petit livre.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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Certaines n'avaient jamais vu la mer

Un livre poignant sur un événement historique méconnu. La narration à la première personne du pluriel est très originale. J'ai vraiment aimé.



En 1919, des Japonaises quittent leur pays afin de rejoindre aux Etats-Unis des compatriotes auxquels elles ont été promises. Bercées d'illusions, elles vont endurer de cuisantes déceptions face à des maris brutaux, la xénophobie, un travail harassant, la barrière de la langue. Lors de la Seconde Guerre mondiale, suspectées par le pouvoir, elles sont enfermées dans des camps de concentration.
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La ligne de nage

Quelques pages peuvent dire l’épaisseur de la vie quand la pudeur vient servir une écriture élémentaire décrivant aussi bien les relations de surface que les liens souterrains, les moments routiniers ou les instants exceptionnels.

Dans un genre différent de son livre précédent, c’est la même puissance sans éclaboussure.

https://blog-de-guy.blogspot.com/2017/03/certaines-navaient-jamais-vu-la-mer.html

Une fissure est apparue au fond de la piscine, elle arrive au moment où la conscience de la mère de la narratrice se défait.

La métaphore d’un humour subtil vaut aussi bien pour notre destin particulier que pour celui de notre humanité. Les explications complètement fantaisistes du phénomène, les dénis, les fuites, les interprétations péremptoires, ont évoqué pour moi bien des commentaires sur les causes de la COVID ou les considérations les plus diverses à propos du réchauffement climatique ou des problèmes énergétiques.

« … la fissure est-elle transitoire ou définitive ? Superficielle ou profonde ? Maligne, bénigne ou - James, l’expert en éthique de la ligne deux - moralement neutre ? D’où vient-elle ? Quelle est sa profondeur ? Y-a-t-il quelque chose dedans ? A qui la faute ? Peut-on renverser la situation ? Et surtout : Pourquoi chez nous ? »

Si nous en sommes au moment du tri dans nos vies :

« pour un chemisier oublié qu’elle a acheté en solde chez Mervin »,

on saura de quoi il est question :

« Mets le de côté, j’en aurai peut être besoin un jour quand je serai à l’EHPEAD. Sur ce elle éclate de rire. Et toi aussi. Parce que c’est une blague ! Elle ne le pensait pas. Elle voulait simplement rigoler.

Aujourd’hui, lorsque tu lui rends visite elle porte le chemisier en polyester de chez Mervyn. »

Il est des moments où le rappel des évidences est salutaire et passe bien quand les parenthèses mettent de la distance.

« Que la vie au-dehors continue exactement comme avant mais sans vous (eh oui). »

Et on n’en saura rien :

« … à chaque souvenir que vous oublierez, vous vous sentirez un peu plus légère. Bientôt vous serez tout à fait vide, habitée d'absence et, pour la première fois de votre vie, vous serez libre. »


Lien : https://blog-de-guy.blogspot..
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La ligne de nage

La piscine est un petit monde d’habitués. Lorsqu’une fissure apparaît au fond du bassin, la communauté est déstabilisée. Un court roman en trois parties qui entraînent chacune le lecteur dans une atmosphère différente, joyeuse, satirique ou dramatique, mais toujours sensible et très bien observée. On peut cependant regretter qu’elles soient plus juxtaposées qu’imbriquées, ce qui fait perdre une certaine cohérence à l’ensemble, malgré les liens symboliques entre elles.
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La ligne de nage

Tout d'abord merci à babelio et aux éditions Gallimard pour l'envoi de ce livre dans le cadre des masses critiques.

J'avais sélectionné ce livre car le résumé me semblait prometteur mais finalement il s'est avéré que ce n'est pas du tout mon style littéraire. Trop philosophique, je n'ai pas accroché et me suis même ennuyée. Je n'ai pas lu plus d'un quart du livre car n'arrivait pas à rentrer dedans. Il en faut pour tous les goûts et ce n'était pas au mien.
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La ligne de nage

Avec ce roman, Julie Otsuka sort des sentiers battus. Et pour un lecteur compulsif, cette originalité est appréciée. Le récit commence dans une piscine en sous-sol. Là se retrouvent régulièrement quelques adeptes de la natation. Des nageurs de toute sorte qui viennent surtout pour oublier les contingences de la surface, les obligations du quotidien.

C’est une communauté. D’anonymes nageurs, on finit pas connaître quelques prénoms, quelques bribes de vie. Et comme une figure de proue, il y a Alice, une technicienne de labo en retraite atteinte de la maladie de l’oubli.

Mais dans cet endroit où chacun oublie ses soucis, une fissure apparaît au fond du bassin. Cet événement génère inquiétude et peur au sein de la communauté.

Le phénomène toucherait d’autres piscines dans le monde. Sans être une volonté de l’auteur, on pense à l’épidémie de Covid. Bataille d’experts, rumeurs, incertitudes puis on apprend à vivre avec.

Jusqu’à la fermeture définitive de la piscine.

Brutalement, nous changeons de décor pour rencontrer une mère dont la mémoire commence à se fissurer, et sa fille. Alice, qui remarquait à peine la fissure au fond de la piscine, semble aussi étrangère au glissement de sa mémoire. Les phrases sont des chassés-croisés entre ce dont elle se souvient et ce qu’elle oublie.

De quelques bribes du passé, l’auteur évoque le sort des émigrés japonais aux Etats-Unis. Un passé que Julie Otsuka, dans son oeuvre, tient à faire connaître aux nouvelles générations.

En nous emmenant avec Alice à Belavista, une résidence privée spécialisée dans les troubles de la mémoire, l’auteur nous confronte à l’inhumanité de ces lieux motivés par le profit. Certains passages sont affolants.

Nous sommes aussi confrontés à la douleur de voir nos proches diminués face à la vieillesse. Cette mère que l’on croyait si forte au point d’oublier de s’en occuper, n’est finalement qu’une petite dame fragile. Regrets, souvenirs, la fille essaie de trouver force dans le passé.



Un roman sensible et mélancolique. Mais avec une originalité et un ton qui évitent les lieux communs et le mélodrame de la période difficile de fin de vie et de la maladie de l’oubli.


Lien : https://surlaroutedejostein...
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La ligne de nage

Le plongeon prometteur a bien failli se transformer en un plat mémorable. La déviation de la ligne de nage aurait pu m'apparaitre comme un pas de côté intéressant, ce fut une brasse à contre-courant laborieuse.



L'allégorie pourtant avait tout pour me plaire. Julie Otsuka se base sur les sensations des nageurs de piscine, les passionnés de l'eau chlorée, qui suivent obstinément dans ce lieu clos et protégé, aux règles immuables, à la température toujours constante, leur ligne de nage selon leurs habitudes et leurs niveaux, pour analyser ce qui se produit lorsque des failles apparaissent au fond de la piscine.

Peur, angoisse, incompréhension, fuite pour certains, paranoïa, complotisme, acceptation, voire accueil bienveillant, les réactions de nos personnages sont variés, un brin exagérés frôlant par moment le burlesque (mais c'est une allégorie n'arrêtais-je pas de me dire en moi-même). Jusqu'à la multiplication des fissures qui sonne le clap de fin. La piscine ferme. Mort de l'activité, de la passion devrait-on dire, pour les personnes du quartier dont cette Alice, vieille dame qui n'a déjà plus toute sa tête. le début de la fin pour elle, les fissures se propageant désormais dans son cerveau, à l'origine d'une démence qui la conduira tout droit dans un institut pour personnes âgées dépendantes.

Avec froideur et un certain cynisme, l'auteure nous raconte cet autre milieu dans lequel il faut rester dans sa ligne de nage, à savoir prendre ses médicaments à heures fixes, respecter les horaires de repas, manger ce qui nous est donné, éteindre pour dormir à heures fixes, avoir toujours la télévision allumée la journée, ne pas faire de vagues, sous peine d'octroi de sédatifs vous rendant enfin conformes aux exigences de cette piscine mouroir. Si l'allégorie peut paraitre intéressante, je l'ai trouvé quelque peu artificielle, tel un exercice de style poussif n'allant pas de soi.



Le ton est froid, tranchant, nerveux et nous comprenons peu à peu que Julie Otsaka parle de sa propre mère et surtout de sa culpabilité de ne pas avoir été présente lorsqu'elle allait encore bien, de l'avoir délaissée, d'avoir fermé la porte. C'est sa honte qui transpire derrière ce ton, ton qui m'a mise extrêmement mal à l'aise mais qui se comprend tant elle semble vouloir à la fois faire un devoir de mémoire vis-à-vis de sa mère, tout en désirant faire mention de sa culpabilité. «Tu lui a tourné le dos. Tu es devenue silencieuse, immobile, comme un animal. Tu lui as brisé le coeur et tu as écrit. Et maintenant à présent que tu es enfin de retour, c'est trop tard ».



De ce fait, elle dévoile dans un style clinique et glacial les dernières années de la vie de sa mère dans cet institut, de longs passages dans lesquels l'institut nommé Bellavista, semble informer sa patiente au sujet de son état :

«Il y aura – si vous avez de la chance – des jours entiers à passer. Peut-être finirez-vous comme Miriam, chambre 11, par marcher inlassablement dans les couloirs pendant des heures -Quelqu'un a vu ma brosse ? - Ou votre pas ralentira jusqu'à ce que vous trainiez les pieds d'un rythme régulier. Peut-être déciderez-vous de rester devant la fenêtre tous les après-midi après le déjeuner le temps de digérer, à regarder défiler les voitures (un des passe-temps préférés de beaucoup de nos résidents masculins). – Impossible qu'il s'arrête au feu ! – En règle générale, vous devez vous attendre à passer approximativement 32% de vos heures de veille à ne rien faire, 36% de votre temps de veille à ne faire presque rien, et le reste de votre temps libre à participer à des groupes d'activité modérée tels que le Cercle d'activité (optionnel mais tout à fait recommandé), le Jeu de quête (obligatoire), Attention à attention, des exercices cérébraux ainsi que la version gratuite de la machine à mémoire Souvenons-nous ».



Tout le livre est marqué par cette écriture énumérative, descriptive, des listes à la Prévert pour décrire les habitudes, les raisons, les conséquences, les interrogations, les règles. Une écriture qui ne permet pas l'empathie, qui ne laisse pas place à l'émotion. Si à chaque début de chapitre, ce style peut faire sourire et être agréable, il est de plus non dénoué d'humour, au bout de quelques pages cela devient quelque peu indigeste et répétitif.



« Là-haut, il y a des incendies, des alertes à la pollution, des sécheresses bibliques, des bourrages papier, des grèves des profs, des insurrections, des révolutions, des journées caniculaires qui semblent ne pas avoir de fin (Un « dôme de chaleur » s'installe de manière permanente sur toute la côte Ouest), mais là en bas, à la piscine, règne toujours la température confortable de vingt-sept degrés. le taux d'humidité est de soixante-cinq pour cent. La visibilité est bonne. Les couloirs de nage, calmes et en ordre. Les horaires, bien que limités, sont adaptés à nos besoins… ».



Les derniers chapitres du livre cependant sauvent l'ensemble et m'ont émue. le tout dernier chapitre notamment. le tout dernier paragraphe surtout. le ton froid laisse place aux souvenirs, aux relations entre cette mère et sa fille, à la place délicate du père face à la maladie de sa femme. Là seulement, dans ces derniers mots, je fus enfin réellement touchée…A se demander si tout ce qui précède est une sorte d'exutoire qui aurait permis à Julie Otsaka de renouer avec la mémoire maternelle. Espérons-le.



Je remercie Babelio et les éditions Gallimard pour cette Masse Critique privilégiée qui m'aura permis de replonger dans l'univers de Julie Otsaka que je n'avais pas relu depuis son très beau livre "Certaines n'avaient jamais vu la mer".

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La ligne de nage

La première partie du livre parle d'une communauté de nageurs que fréquente une femme qui souffre de troubles cognitifs. Va apparaître une fissure dans la piscine et finalement la piscine va fermer. Suite à cette première partie, on va voir le point de vu de cette femme qui entre en EHPAD puis celui de sa fille.

Je n'ai pas franchement accroché sur la première partie. Je n'y ai pas trouvé grand intérêt, personnellement la natation n'est pas mon truc, et je ne voyais pas du tout où on allait. En réalité, je ne comprends pas le lien entre les deux parties. La fissure est supposée être une métaphore de la maladie mais ça ne transparaît pas du tout et je n'ai toujours pas compris son utilité pour le récit.

Tant que la première partie m'a ennuyée, j'ai beaucoup aimé la deuxième où l'on sent une grande part autobiographique de l'auteure vis à vis de la fin de vie de sa mère. C'est beau, c'est triste et c'est émouvant. Elle exprime la culpabilité et la douleur face à un être cher qui disparaît à petits feux.

Le style peut certainement décontenancer, elle enchaîne les phrases à la manière d'une mitraillette mais personnellement j' aime bien. On garde le même style que ces précédents livres que j'avais beaucoup aimé.

Je sort mitigée de cette lecture bien que la seconde partie le sauve.
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La ligne de nage

Voici mon retour de lecture sur La ligne de nage de Julie Otsuka.

Nageurs et nageuses de cette piscine que tous appellent "là en bas" (car elle est en sous-sol) ne se connaissent qu'à travers leurs routines et petites manies, et les longueurs, encore, encore. Ils y viennent à heure fixe pour se libérer des fardeaux de "là-haut".

Alice, tout spécialement, trouve un grand réconfort dans sa ligne de nage.

Et puis un jour, une fissure apparaît au fond, dans le grand bain, en préfigurant d'autres, celles de son cerveau.

Pour elle, l'inéluctable fermeture résonne comme un clap de fin..

La ligne de nage est un roman sur lequel mon avis est assez mitigé.

J'ai eu du mal à rentrer dedans, avec le premier chapitre intitulé La piscine en sous-sol. Avec humour, l'autrice nous présente cette piscine et les personnes qui y nagent. On découvre notamment Alice, atteinte de la maladie d'Alzheimer.

J'ai trouvé le début un peu.. long et répétitif. Je me suis un peu ennuyée.

Le second chapitre, intitulé La fissure, nous raconte comment ils se sont rendus compte de sa présence. Là encore c'est humoristique mais toujours un peu répétitif. J'ai lâché mon livre à plusieurs reprises, alors que ce roman me tentait énormément.

A partir du troisième chapitre, nous découvrons réellement Alice, sa maladie qui évolue..

Il y a de plus en plus de fissures dans la piscine.. comme les fissures dans la cerveau d'Alice.. J'ai aimé ce parallèle fait entre les deux, c'est bien trouvé et touchant.

Il y a des répétitions mais à partir de là cela m'a moins dérangé car j'ai réellement réussi à rentrer dans ma lecture en suivant Alice et son évolution.

La maladie est bien traitée, avec beaucoup de pudeur et c'est criant de vérité. On s'en rend bien compte quand un proche a vécu ça.. Les souvenirs remontent..

Ce livre aborde la vieillesse, la maladie, les nageurs aussi ;)

Même si je n'ai trop aimé les débuts, je dois avouer que je ne regrette pas du tout d'avoir persisté à lire ce roman.

J'ai été extrêmement touché par le tout dernier paragraphe, à la fois triste et positif, qui m'a fait monter les larmes aux yeux.

Même si je ne suis pas certaine de garder un grand souvenir de la totalité de La ligne de nage je vous le recommande malgré tout.

Ma note : 3.5 étoiles.

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La ligne de nage

La ligne de nage

Traduit par Carine Chichereau

Quand Jean-Marc m’a dit Tu devrais le lire, ça va te parler, je l’avoue j’ai fait un refus d’obstacle

Est-ce qu’un auteur de polars ne lit que des polars ? Est-ce qu’un tueur en série ne fréquente que des tueurs en sé… oh wait 😂

Bref il a fallu que Babelio me propose de recevoir le livre et de rencontrer l’auteure pour que je me décide à plonger dans la piscine, et quelle piscine !

Le fond de celle-ci présente une, puis des fissures

L’ensemble des habitants, car on a affaire à une communauté de nageurs, presque une famille, y va de sa théorie sur leur origine

Au fil des pages, le texte offre un parallèle entre les réactions à une petite catastrophe locale et à un véritable séisme, les premiers mécanismes sont les mêmes face à la terrible maladie de l’oubli : le choc, le déni, la colère, la peur, l’abattement, l’acceptation

Si tu t’intéresses un peu à la courbe du deuil, tu constateras que loin de remonter, la pente est ensuite vertigineuse

Il y a une forme de distance dans l’écriture de Julie Otsuka qui m’a un peu perturbée, comme si elle comprimait totalement ses sentiments, opposant une façade impassible en toutes circonstances

Puis l’auteure nous emmène vers la deuxième partie du livre et c’est là que, pour moi, le livre a réellement commencé

Je ne divulgâche pas comment elle est abordée pour te laisser le bonheur de la découvrir mais elle révèle le cynisme qui s’immisce partout et l’approche très particulière de la mort que le capitalisme nous impose, c’est brillamment écrit, truffé d’humour noir et on sent enfin jaillir les émotions, sans doute une fissure dans cette carapace de l’impassibilité


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Certaines n'avaient jamais vu la mer

⛩ A travers ce roman on découvre le destin de ces femmes qui ont choisi de tout quitter avec le vain espoir d'une vie meilleure. Dans ce livre on ne suit pas un personnage en particulier mais on se laisse porter par la voix de toutes ses femmes au fil de la plume de son autrice. On découvre le sort peu favorable de chacune. Un destin finalement commun à toutes. Un destin qui va se transformer en combat de chaque instant. J'ai véritablement eu le sentiment de vivre parmi ces femmes, d'être complice de leurs secrets, leurs espoirs, leurs déboires également. Entre déception et injustice ces personnages feront face aux conséquences de la seconde guerre mondiale. Julie Osaka met en lumière le sort des immigrés japonais aux États-unis pendant cette période. La dimension historique de ce roman m'a vraiment particulièrement intéressée. J'ai appris beaucoup de choses sur cette période d'un point de vue totalement différent. L'auteur sait parfaitement faire transpirer les émotions à travers son récit et j'ai été beaucoup touchée du début à la fin. Malgré le nombre de pages plutôt restreint (une petite centaine de pages) je n'ai aucunement eu le sentiment d'être restée sur ma faim. Tout m'a semblé parfaitement dosé, limpide. Ceci en fait sa véritable force.



J'ai vraiment passé un moment de lecture fort agréable. Quand le plaisir de la lecture rencontre celui de la satisfaction d'avoir appris, ce moment n'en est que meilleur. Un bel hymne pour toutes ces femmes qui, de par le monde, espèrent trouver enfin des conditions de vie meilleures et apporter un élan d'espoir à ceux et celles qui sont restés.
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La ligne de nage

Dans la piscine d'une petite ville américaine, les habitués échappent pour un moment à leurs angoisses, aux tracas du quotidien, au bruit du monde. Chacun croit aux bienfaits de la nage, évolue à son rythme, observe les autres. Pour certains c’est une drogue, pour d’autres un remède. Cette routine semble pouvoir durer toujours. Pourtant, quand une fissure apparaît au fond du bassin, c’est la panique générale. Pour Alice, dame âgée dont la mémoire vacille, la fermeture de la piscine est une catastrophe.

Julie Otsuka excelle à donner corps à ce collectif croqué avec humour et tendresse, dans ses travers et ses contradictions. Elle s’attache à montrer ce que la vieillesse fait aux corps et particulièrement quand la maladie d’Alice s'aggrave, que son cerveau se fissure, brouillant ses souvenirs. Nous partageons ses réminiscences de la guerre et des camps d’internement pour Japonais aux Etats-Unis, sa nostalgie et ses regrets. Le roman, poignant, aborde la culpabilité de la fille d’Alice face à la progression de la maladie. Il dénonce aussi le cynisme d’institutions de santé pour lesquelles seul le profit compte. Intrigant, le récit donne lieu à de multiples interprétations : angoisse métaphysique, dérèglements climatiques, risques de pandémies…
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La ligne de nage

Si j’ai pu trouver divertissante mais trop longue la première partie du roman consacrée aux ébats aquatiques d’un joyeux groupe de seniors, dont Alice, j’ai par contre été bouleversée par la seconde, qui décrit avec délicatesse et sensibilité le puits sans fond dans lequel tombe Alice au gré de l’évolution de sa maladie, la démence sénile qui l’isole chaque jour davantage de son mari, de ses enfants, et l’enferme dans la bulle d’un passé douloureux. J’ai retrouvé le style rythmé qui m’avait ravi dans son précédent roman, « Certaines n’avaient jamais vu la mer », la répétition quasi obsédante de mots, de phrases. L’auteure y offre aussi une peinture émouvante et pleine d’espoir d’une relation mère-fille autrefois malmenée.
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La ligne de nage

Ils nagent certains depuis longtemps, d'autres sont juste de passage, mais cette piscine souterraine est pour eux presque comme un sanctuaire. Les règles y sont claires, tout est organisé alors quand une fissure  apparaît l'équilibre de la communauté s'érode. Cette fissure va alimenter leurs discutions, les obnubiler même là-haut. Alice elle va devoir faire face à ses propres fissures, celle de son cerveau, ses souvenirs s'étiolent certains apparaissent fugacement. Pour sa fille plutôt absente il va falloir agir. 



L'autrice à un style bien à elle, le narrateur qui nous parle nous immerge dans cette communauté, nous avons l'impression d'en faire partie. Cette métaphore de la fissure dans la piscine comme celle qui va toucher la vie d'Alice est bien trouvée. Un court roman mais où chaque partie est complète, abordée avec justesse. Pourtant je reste dubitative et déçue de ma lecture qui ne m'a pas touchée. Les deux premiers chapitres sont consacrés à cette piscine, ce sentiment d'appartenance et le drame qui se joue presque  face à cette fissure et l'utilisation de la première personne du pluriel qui nous intègre à ces nageurs. Puis nous nous retrouvons avec une femme qui oublie et  nous devinons que c'est Alice nommée quelques fois dans le début parmi tant d'autres nageurs. Un matin cette femme se retrouvera dans un hôpital froid, vous découvrirez alors son fonctionnement et l'utilisation cette fois de la seconde personne du pluriel, vous permet de vous mettre à la place d'Alice.  Les symptômes, les interrogations s'enchaîne et toi sa fille tu t'interroges et tu l'accompagnes car pour cette dernière partie l'autrice fait le choix de changer une nouvelle fois sa narration et nous la propose à la seconde personne du singulier. Ces différents changements m'ont surprise mais j'ai vraiment apprécié pour autant j'ai trouvé une distance, une froideur dans la narration et cela m'a empêchée d'avoir de l'empathie pour les personnages.



J'ai aimé le style de l'autrice ces phrases courtes qui s'enchainent de manière fluide, elle nous immerge avec précision et justesse dans son sujet mais cependant le manque d'émotions sur un sujet comme celui-ci m'a vraiment manqué! Je ne peux que vous conseiller de vous faire votre propre avis car de nombreux retours sont élogieux quant à moi si l'occasion se présente je découvrirai avec plaisir le roman précédent de l'autrice. 
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La ligne de nage

La piscine, en sous-sol, a ses habitués. Ils viennent pour enchaîner les longueurs, pour fuir le quotidien et leurs problèmes, pour lâcher prise. Quelque soit leur milieu social, les nageurs respectent les mêmes règles, les mêmes rituels. Mais un jour, une fissure apparaît au fond du bassin. Elle sera suivie d'autres fissures inexpliquées qui déclencheront la fermeture de la piscine. Le monde harmonieux des nageurs n'existe plus ce qui perturbe énormément l'un d'eux : Alice, atteinte de démence sénile, qui perd encore un peu plus ses repères. 



"La ligne de nage" de Julie Otsuka s'ouvre sur le récit du quotidien des nageurs à la première personne du pluriel. Ce "nous" rappelle celui de "Certaines n'avaient jamais vu la mer", le précédent roman de l'autrice que je vous recommande fortement, et crée ainsi un lien entre ces deux textes. Le "nous" incarne une communauté, un groupe dans un univers ritualisé qui va se fissurer. Ce qui se déroule au fond de la piscine est une métaphore de ce qui arrive à l'esprit d'Alice qui plonge petit à petit dans la maladie. 



La deuxième partie du roman, qui s'ouvre sur "Diem perdidi" à l'origine une nouvelle, passe à une narration à la troisième personne du singulier. Julie Otsuka s'amuse à modifier son mode narratif. Le nous reviendra pour décrire les conditions de vie dans l'EHPAD qui accueillera Alice, le nous est alors celui de l'entreprise qui impose des règles drastiques à ses clients. L'autrice décrit cet univers glaçant avec beaucoup d'ironie.



Enfin, le texte passe à la deuxième personne du singulier pour décrire la relation d'Alice et de sa fille, faite de culpabilité et de regrets. Julie Otsuka s'est inspirée de l'histoire de sa mère, de ses souvenirs (l'enfance au Japon, l'arrivée aux Etats-Unis, les camps d'internement durant la seconde guerre mondiale, son mari, etc..) pour créer Alice. La relation mère-fille est très touchante et décrite avec beaucoup de pudeur.



Dans "La ligne de nage", Julie Otsuka nous offre une narration très originale, alternant les pronoms personnels et coupant son texte en deux parties très distinctes, ce qui peut surprendre le lecteur. Mais l'ensemble est extrêmement cohérent et m'a totalement séduite. 
Lien : https://plaisirsacultiver.com/
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