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Critiques de Jung Chang (46)
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Les cygnes sauvages

Pourquoi avoir oublié ce gros livre dans ma bibliothèque?

Je ne sais pas...

L'auteur Jun Chang, est née à Yibin , dans la province du Sichuan en 1952.

Victime de la Révolution Culturelle , elle a été brièvement garde rouge à l'âge de 14 ans, puis «  docteur aux pieds nus »,ouvrière dans la sidérurgie et électricienne avant de devenir étudiante en anglais et, plus tard, professeur d'anglais.



Cette petite - fille d'une concubine et d'un « Seigneur de guerre, » fille de hauts responsables communistes vivra dans un «  cocon » de privilèges jusqu'en 1965...

Elle nous conte le destin de sa famille , notamment l'histoire vraie de trois générations de femmes sur près d'un siècle, Yu- fang, sa grand - mère née en 1909, sous l'ancien régime dont les pieds furent bandés afin de la rendre plus attirante ,elle en souffrira toute sa vie, concubine d'un seigneur de guerre en Mandchourie avant d'épouser un médecin du plus double de son âge...le docteur Xia.

Sa mère, Ba Quin née en 1931, qui grandira sous l'occupation japonaise et deviendra militante communiste dés l'âge de 15 ans .

Elle épousera un cadre du parti au Sichuan où la famille s'établira, un couple d'apparatchiks craints et respectés parce que Purs et intraitables , surtout son père....

La révolution culturelle arrive avec son cortège de persécutions sans fin, de dénonciations , de jalousies meurtrières, de disparitions, de suicides , de terreur , de famine ....

L'auteur voit ses parents internés, battus , retenus dans un camp de rééducation à la campagne .

Elle aussi est déportée à la campagne ....

Un grand livre passionnant, riche, qui nous apprend vraiment beaucoup sur l'histoire de la Chine, de la vieille Chine à nos jours avec ses années d'enfer, du début du XX° à nos jours.



C'est un récit fascinant , bien écrit , fourmillant d'informations politiques, qui mêle l'Histoire avec un grand H et ses évolutions , violentes , ô combien, à la petite histoire nous offrant de l'intérieur avec sincérité les émotions , les aspirations , les désillusions , les douleurs d'une famille liant l'amour et la rigueur, une idéologie implacable, la dynamique d'un couple et les relations très complexes entre les générations.

Un témoignage précieux, une longue fresque historique au cœur de cette Chine, qui nous plonge de la fin de l’Empire à la période des seigneurs de la guerre , de l’invasion par le Japon à la période du Kuo- min- tang au pouvoir,le régime communiste et la révolution culturelle: ses camps de rééducation,: une idéologie et la déification d’un despote très peu éclairé ....

Cet ouvrage reste interdit en Chine. Il a été traduit en 28 langues , lu en trois jours ....

L'auteur vit en Angleterre ainsi que ses trois frères , seule , un de ses soeurs vit et travaille dans son pays natal .

Il n'est peut- être pas nécessaire de le conseiller car il est très connu.









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Les soeurs Song



En Chine, au XIXe siècle, a vécu un puissant homme d'affaires, qui se nommait Charlie Soong (1861-1918) et qui a eu 3 filles dont le destin a été incroyablement fabuleux :



1) Song Ailing (1890-1973), l'aînée ou "Big Sister" a épousé Kong Xiangxi (1881-1967), l'homme le plus riche de la Chine et Premier ministre de la république chinoise en 1938-1939 ;

2) Song Qingling (1893-1981), la seconde ou "Red Sister" a été l'épouse du père de la Chine moderne, Sun Yat-sen (1866-1925) et

3) Song Meiling (1898-2003), la benjamine ou "Little Sister" est devenue la femme de Tchang Kaï-chek (1887-1975), président de la "Première République de Chine", puis de Taïwan.



Sur la dernière, j'ai lu et critiqué de Hannah Pakula "The Last Empress" (la dernière impératrice), le 6 août 2017. Un livre fort circonstancié et peut-être trop détaillé de 841 pages, quand bien même si Meiling a réussi à vivre le XXe siècle de bout en bout.

L'ouvrage de Jung Chang est, en comparaison, non seulement moins long (374 pages), est aussi plus scientifique sans être ennuyeux pour autant, avec ses 22 pages de notes, une bibliographie de 14 pages et un index de 16 pages en fin de volume. Chang a en plus ajouté 16 pages de photos, et certaines photos sont remarquables et rares.



Les livres de Jung Chang sont synonymes de sérieux et de qualité, que ce soit son roman autobiographique de 1991 "Les cygnes sauvages", sa biographie historique de l'impératrice Cixi, de 2015, ou l'ouvrage historique qu'elle a écrit ensemble avec son mari, l'historien britannique Jon Halliday, en 2005, "Mao : L'histoire inconnue".



Commençons par le père. Charlie, à 14 ans, a fui la pauvreté, la misère et la saleté de l'île Hainan pour débarquer aux États-Unis. En Caroline du Nord, il a été le premier Chinois à se faire baptiser par le révérend Thomas Ricaud, en 1880. À l'université Vanderbilt au Tennessee, il s'est entraîné pour devenir missionnaire méthodiste dans son pays.

À 24 ans, il rentrait en Chine et s'installa à Shanghai où, comme analphabète en Chinois, il se mettait à l'étudier sérieusement en même temps que quelques dialectes régionaux, pour mieux prêcher la bonne parole.



Charlie était un personnage que tout le monde trouvait sympa, peut-être à cause de sa petite taille (1,50 mètre) et sa gentillesse avec tous. À 27 ans il maria son grand amour Ni Kweit-tseng de 18 ans, dont les ancêtres avaient appartenu à l'élite de la dynastie Ming (1368-1644) et qui sera la mère des 3 fameuses filles et 3 garçons connus sous leurs initiales T.V., T.L. et T.A. En 1892, à 31 ans, pour soutenir son ménage, il démissionnait comme missionnaire et se lança dans les affaires avec un succès considérable.



Politiquement, il avait horreur de la dynastie mandchoue au pouvoir et était favorablement impressionné par la personnalité de Sun Yat-sen qui oeuvrait pour l'instauration d'une république moderne. Financièrement il aidait l'homme qui allait devenir son beau-fils (mais dont la future épouse n'était qu'au moment de leur rencontre qu'un bébé d'un an).

Pour son aide à Sun, Charlie n'a jamais rien demandé en retour (fonction ou titre), mais il a très mal pris que Sun courtise et marie, en 1915, sa 2e fille, Song Qingling, qui avait 27 ans de moins que son époux. Il était, toutefois, impuissant, puisque les 2 s'aimaient.



Un incident dramatique interviendra ultérieurement qui mettra cet amour à rude épreuve, mais Song Qingling ne négligera jamais son rôle au premier plan comme Madame Sun Yat-sen, comme elle insistait à être nommée. Une fausse couche traumatique aura comme effet qu'elle ne pourra plus, à son énorme regret, avoir des enfants.



En cette période se situe l'épisode Mikhaïl Borodine, l'envoyé spécial de Staline en Chine avec mission l'avènement du communisme. Borodine, un excellent organisateur, a grandement aidé Sun Yat-sen. Comme remerciement le tsar rouge l'a envoyé, En tant que Juif (il était né Gruzenberg en Biélorussie) en Sibérie, où il est mort, pratiquement oublié, dans un camp de travail horrible près d'Irkoutsk en 1951. Il était le héros du livre "Les Conquérants" d'André Malraux, bien que les 2 ne se sont jamais rencontrés. Song Qingling s'entendait très bien avec Borodine et son épouse. C'est ainsi qu'elle est devenue une admiratrice de Lénine et a gagné le sobriquet de "Red Sister".



Charlie est décédé d'un cancer en 1918, à l'âge de 55 ans. Ses 3 fils ont repris ses affaires et en ont fait un vaste empire industriel et commercial, avec des ramifications en Asie et en Amérique.



Avec la mort du "père de la nation", d'un cancer du foie, le 12 mars 1925, à l'âge de 58 ans, j'arrête mon abrégé.

Une partie importante de l'ouvrage est évidemment consacrée à l'histoire de "Little Sister", Song Meiling et son mari Tchang Kaï-chek, que j'ai résumé à l'occasion du livre précité d'Hannah Pakula.

Et soyez sans crainte, l'auteure n'a pas oublié l'arrivée sur la scène politique de Mao Zedong (1893-1976), le Grand Timonier avec ses grands bonds en avant, son petit livre rouge et son intelligente révolution culturelle !



Le sous-titre de l'ouvrage important de Jung Chang donne : "Trois femmes au coeur de la Chine du XXe siècle" et c'est tout à fait cela, sauf que ces 3 femmes étaient des véritables soeurs.

Il s'agit d'un livre absolument passionnant. C'est à la fois une grande page cruciale de l'histoire d'un pays-clé, doublé d'un roman captivant.

Une traduction française ne saurait tarder.

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Cixi, l'impératrice

Au milieu du XIX ème siècle , alors que la Chine est dirigée par les Qing (Mandchous), la petite Cixi est introduite à la cité impériale en tant que concubine de l'empereur Xiafeng. Après des mois dans l'anonymat, elle attire le regard de l'empereur auquel elle donne un fils, Tongzhi. le seul qu'il aura avant sa mort précoce. Cixi devient impératrice douairière. Il est temps d'écrire l'histoire.



Biographie remarquable, extrêmement bien documentée . Le personnage de Cixi a laissé des sentiments ambivalents mais ici , l'auteure prend le biais de la réhabilitation.

A travers cette bio, c'est un tournant de l'histoire de la Chine qui nous est compté. L'ouverture du pays aux étrangers , entrainant les guerres de l'opium et le saccage du palais d'été qui meurtrit encore aujourd'hui la société chinoise , l'abandon de façon homéopathique des valeurs confucéennes et parallèlement l'émancipation toute relative elle aussi des femmes , les premières relations diplomatiques , les comptoirs maritimes , dont Hong Kong, le réseau ferré, la haine de l'occident et notamment des chrétiens à travers la révolte des Boxers, les invasions japonaises...

C'est un livre passionnant, qui au delà de l'impératrice , explore les mentalités chinoises et sa société, ses différences avec l'occident, les complots et intrigues internes.

L'image d'une Cixi prête à tout pour accéder au pouvoir est fortement polie ici , par opposition à celle de la seule impératrice officielle de l'histoire de la Chine , Wu Zeitang (autour de l'an 700) qui elle a massacré tout ce qui pouvait l'approcher et nuire à sa destinée.



Un livre assurément référence pour qui s'intéresse à cette femme hors du commun ou tout simplement à l'histoire de la Chine , à un tournant de son histoire.
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Les cygnes sauvages

Minutie et pertinence caractérisent ce récit, l'impact de la révolution sur le statut de la femme chinoise.



Le régime féodal est illustré par l'arrière grand-mère brimée de Jung Chang, puis sa grand-mère vendue comme concubine à un général, s'évadant et épousant un médecin, une époque où s'exerceront les exactions (le mot est faible) des Japonais puis des guerriers de Tchang Kaï-chek.

La fabuleuse libération par l'armée rouge sera vécue par la mère, épousant un haut responsable, mais d'une intégrité crasse envers sa famille de peur d'être accusé de favoritisme.



Adolescente, Jung Chang raconte ensuite ses souvenirs, l'indestructible déification de Mao, malgré l'emprisonnement en 1955 de sa mère soupçonnée de liens avec Tchang Kaï-chek, malgré la 'Campagne des cent fleurs' de 1956 incitant les chinois à faire des remarques soit disant pour améliorer le régime, mais permettant un an plus tard de démasquer, torturer et emprisonner les 'serpents droitistes', malgré 'Le grand bond en avant' de 1958, obligation absurde de produire de l'acier au détriment des cultures engendrant une famine et trente millions de victimes, malgré la 'Révolution culturelle' de 1965 par un Mao en perte de vitesse, comptant sur les jeunes gardes rouges pour exterminer le 'menaçant' monde culturel, générant l'anarchie, des luttes entre bandes rebelles et la corruption, malgré la clique de madame Mao plus préoccupée de régler ses comptes avec les opposants que du bien-être des Chinois.



Il faudra presqu'attendre la mort du grand timonier en 1976 pour que se ternisse l'adoration d'un dieu si difficile à détruire.

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Cixi, l'impératrice

Jung Chang nous propose de faire la connaissance de Cixie qui régna sur la Chine pendant près de cinquante ans avec une poigne de fer.

Née en 1835 dans une famille mandchoue plutôt à l’aise financièrement, Cixie passe son enfance dans une petite maison des Hu-tong, réseau d’étroites et paisibles ruelles au cœur de Pékin.

Rien ne laissait supposer que la fillette serait choisie par l’empereur Xianfeng en 1852 pour rentrer dans le harem impérial et deviendrait l’une des femmes les plus importantes de son époque. Sa chance fut de donner le premier descendant mâle à l’empereur, à quoi s’ajouta, pour sa fortune, le fait que l’impératrice Zhen la prenne sous son aile afin de la protéger des jalousies ambiantes.

Avec un sens inné pour les affaires d’état, elle prendra à la mort de l’empereur le pouvoir en fomentant un véritable coup d’état avec le soutien de Zhen.

Quand Cixi accède au pouvoir, elle demande l’aide des Anglais et des Français pour pacifier la Chine, en butte à des révoltes suite à la guerre de l’opium. L’ouverture des ports et le commerce avec les Occidentaux ont découlé de cet affrontement. Elle comprend très vite les retards de son pays et combien les échanges commerciaux vont permettre l’enrichissement de celui-ci. Elle saura gérer diplomatiquement son Grand conseil, où siègent réformateurs et fonctionnaires réactionnaires formés à l’école de Confucius. Néanmoins, elle dotera son pays d’une armée et d’une marine modernes, permettra l’installation du télégraphe, de l’électricité, du chemin de fer et cela non sans peine, la Chine etant un objet de convoitises pour les Européens, les Russes et, plus encore, pour les Japonais.



Ce livre est avant tout la passionnante biographie de l’une des femmes les plus puissantes de Chine.

Pour ma part, j’y ai vu le destin hors norme d’une une pionnière du pouvoir féminin, championne de la libération moderne de la femme, créatrice d’une refondation de la puissance chinoise.

L’écriture fluide en permet une lecture tout à fait agréable.



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Les cygnes sauvages

Extraordinaire témoignage sur l'histoire de la Chine communiste qui permet d'appréhender le séisme délirant qu'a pu être la révolution maoïste.

Une description impitoyable de la Chine de Mao, de la révolution culturelle et de la manipulation des esprits : on a du mal à croire qu'un homme aie pu manipuler une nation à cette échelle, et surtout qu'on aie pu en réchapper à peu près sain d'esprit !!!

Passionnant !!!
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Les cygnes sauvages

Ce témoignage sur la Chine du vingtième siècle nous transporte tout droit au sein d'une famille communiste engagée, avec ce que cela comporte de vicissitudes et d'aveuglement.

Ce qui est intéressant avec ce livre, c'est qu'il nous présente d'abord la fin de la période féodale par le chemin parcouru par la grand-mère de l'auteure: les pieds bandés, le mariage arrangé, l'invasion des Japonais, etc... et nous amène doucement aux portes des premiers mouvements communistes, dans lesquels la jeune mère de l'auteure s'est littéralement jetée; elle y rencontre son mari, fervent partisan de Mao et tous deux s'engagent dans cette révolution en délaissant régulièrement les enfants.

On pénètre dans ce monde de délation, de pensée unique, de châtiments corporels, tortures, humiliations, et tout au long de ces décennies, la roue tourne: les héros d'hier deviennent les ennemis de la Révolution culturelle, ceux qu'on tond, qu'on oblige à s'humilier en public.

Les maisons sont régulièrement saccagées, les bibliothèques brûlées, les monuments et bâtiments historiques, détruits par les adolescents gardes rouges, fils et filles des premiers communistes.

L'auteure, Jung Chang, traverse toutes ces années sans quitter des yeux les prises de position politique de ses parents puis leur exclusion et leurs souffrances. Elle-même fait brièvement partie des gardes rouges, tout comme son petit frère. Mais, à ses yeux du moins, sa famille veut avant tout changer la Chine, la rendre plus vivable et équitable, se débarrasser des carcans de la société traditionnaliste. Fidèles à leurs idées, ils refusent de participer aux violences et à ce qui leur semble injuste.



J'ai lu ce livre sur les conseils d'une amie et j'ai découvert tout un pan de ce pays que j'ignorais. Bien sûr, Mao, le communisme, tout ça ne m'était pas inconnu, mais j'ai été choquée par cette violence fulgurante et inacceptable qui s'est emparé de toute une population soumise à un seul homme, ce déchaînement bestial des uns contre les autres et ce lavage de cerveau à si grande échelle.



C'est une autobiographie historiquement passionnante, mais j'avoue, au bout des 300 premières pages - de longues pages - je finissais par redouter de me replonger dans cette société absurde et inhumaine, et si tristement réelle.



Lu dans le cadre du Challenge Pavés
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Les cygnes sauvages

Wild Swans

Traduction : Sabine Boulongne



ISBN : 9782266227032





Cet ouvrage porte comme sous-titre "Les Mémoires d'une Famille Chinoise, de l'Empire Céleste à Tiananmen." Et il le porte avec panache, croyez-moi. Si l'auteur est, par sa grand-mère maternelle, la petite-fille d'une concubine et d'un "Seigneur de la Guerre", elle eut pour père un communiste pur et dur, l'un de ces militants idéalistes mais sincères qui permirent à Mao Tsé-toung de fonder son empire sur des bases hélas ! terriblement solides. Non que Chang Sr. ait oeuvré consciemment pour asseoir dans son autorité l'un des dictateurs les plus sanglants du XXème siècle. Au contraire, le père de Jung Chang croyait dur comme fer à un avenir meilleur. Homme et cadre intègre, il allait jusqu'à ne pas user des passe-droits que lui ménageait son rang dans le Parti, à un point tel que, en nombre d'occasions, on peut dire qu'il privilégia l'idée qu'il se faisait du communisme aux dépens de sa famille, épouse et enfants.



C'est donc dans une foi aveugle dans le Parti communiste chinois et en ses dirigeants que fut élevée l'auteur des "Cygnes Sauvages." Il lui faudra bien des années - et bien des injustices - pour qu'elle commence à s'interroger sur le bien-fondé de l'idéologie marxiste et sur ce qu'en avait fait "le Grand Timonier." Bien des spectacles aussi dont elle se serait volontiers passée. Car, nul ne l'ignore, l'histoire du PCC se confond avec une suite d'épreuves toutes plus terribles les unes que les autres, infligées au peuple chinois par ses responsables et en particulier par Mao : les horreurs de la Longue Marche - que Mao, contrairement à la légende qu'il veilla à établir, ne fit pas à pied mais porté dans un palanquin - le Grand Bond en Avant et la famine qu'il entraîna, l'une des pires que la Chine, pourtant spécialiste en la matière, ait connue et puis, bien sûr, la Révolution culturelle et son acharnement mesquin de fauve pris de folie à détruire une culture qui demeure l'une des plus anciennes au monde. Tout cela pour ne citer que les grandes lignes de la dictature maoïste, si longtemps portée aux nues, rappelons-le, par nos "maos" occidentaux.



Curieusement, c'est parce que l'auteur a cru si longtemps au communisme et à Mao, tout-à-fait comme d'autres croient en Dieu, que "Les Cygnes Sauvages" représente un témoignage d'une grande valeur.



Dense, prenant, sans que jamais un mot n'en dépasse un autre, sans que jamais son auteur laisse la colère ou la haine l'emporter, ce livre est de ces mémoires qui captivent autant que le ferait la meilleure des fictions. L'Histoire à majuscule se déploie dans tout son souffle et dans toute sa tragédie, infliltrant l'histoire des humbles et des moins humbles avec l'indifférence d'un géant foulant une fourmilière. Et peu à peu, les personnages, qu'ils portent ou non des noms connus, deviennent ses prisonniers, jusqu'à Mao lui-même à qui son arrogance incroyable et son narcissisme de psychopathe auront cependant évité jusqu'au bout de le comprendre - et d'en souffrir.



Si l'Histoire de la Chine du XXème siècle vous intéresse mais si, jusqu'à ce jour, les livres spécialisés qui lui sont consacrés vous ont rebuté parce que trop touffus, trop systématiques, bourrés de trop de chiffres et de trop de statistiques, et écrits, qui pis est, dans une langue sans passion ni imagination, "Les Cygnes Sauvages" est l'ouvrage qu'il vous faut pour, enfin, y entrer de plain-pied. En ce sens, soulignons-le, la traduction est d'une grande qualité. Jung Chang a le don, plus rare qu'on ne le croit, de conter une histoire, fût-elle aussi complexe que le sont celle de sa famille et celle de son pays natal. Quand les deux s'interpénètrent, elle fait mieux : elle ne bronche pas et tient bien droit le gouvernail de son récit, bravant sans peur, avec l'assurance de celui qui se bat pour une cause qu'il sait juste, les lames les plus terribles et les monstres les plus innommables. Tout cela avec un sérieux qui n'ennuie jamais et un sens poétique qui illumine bien des passages pénibles.



Ce livre m'a tellement plu que, dans la foulée, je me suis procuré la biographie de Mao que Jung Chang a écrite avec son mari, Jon Halliday. J'espère que cela achèvera de vous convaincre de lire ses "Cygnes Sauvages." ;o)
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Les cygnes sauvages

Les Cygnes Sauvages raconte l'histoire de de trois générations de femmes dans la Chine du 20e siècle. On passe les grandes périodes comme la fin de l'empire, la période des seigneurs de guerre, l'invasion par le Japon, le Kuo-min-tang au pouvoir, la guerre civile et finalement le régime communiste.



Ce livre m'a permis d'en apprendre beaucoup sur la Chine et de comprendre les souffrances qu'ont vécues les habitants. Comment ne pas ressentir de compassion pour ses parents qui ont combattu au côté des communistes et qui sont ensuite traités comme des parias durant l'horrible révolution culturelle.



Jung Chang nous livre une témoignage vraiment touchant sur sa vie et celle de sa famille. Elles ont vécu tant de souffrance pour une simple idéologie et un désir de déification d'un despote très peu éclairé.
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Les cygnes sauvages

Un livre d'une densité et d'une force incroyables.

Jung Chang y livre son histoire familiale sur 4 générations et sa version de son pays, la Chine, sur quasiment tout le 20ème siècle.

Elle a effectué un travail de recherche et d'introspection phénoménaux, et raconte les faits avec force de détails, rendant son histoire incroyablement concrète.



Ainsi, elle ne se contente pas d'indiquer que sa grand-mère a eu les pieds bandés, elle explique tout ce que cela implique (os brisés, hurlements, perte de connaissance, séquelles toute la vie...) très précisément, et c'est enrichissant mais surtout insoutenable.

De même pour sa description de la famine qui toucha la Chine lors de la désastreuse politique du "grand bond en avant" à la fin des années cinquante : elle est insupportable, on se sent véritablement mourir de faim avec ces pauvres paysans.

La majeure partie de l'ouvrage dépeint le communisme et les différentes politiques menées par Mao Zedong, que l'auteure a vraiment éprouvées de l'intérieur avec ses parents cadres du parti communiste. Elle a d'ailleurs vécu énormément de vies différentes tant les directives du dirigeant semblent versatiles, et tant la chance peut tourner rapidement dans ce pays.



À cette lecture j'ai pris conscience de tout ce qu'a enduré le peuple chinois. C'est très enrichissant pour comprendre les choses, même dans le contexte actuel. Mais c'est surtout bouleversant.



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Les cygnes sauvages

Un magnifique texte très documenté sur l'histoire de la Chine du XXème siècle.

Sa très grande richesse tient au fait qu'il est écrit par Jung Chang, témoin directe de la révolution culturelle et fille d'importants membres du parti communiste dès sa création.



Nous y suivons l'histoire de sa grand mère, qui est née dans la Chine féodale avec tout le poids de ses traditions: pieds bandés, mariages arrangés, elle a été concubine d'un seigneur de la guerre, absence total de droit pour les femmes...



Sa mère ensuite, qui va vivre les changements politiques majeurs de la Chine au début du siècle, la fin de l'empire, la guerre et occupation japonaise, le nationalisme de Chiang Kai Sheck, la guerre civile et l'arrivée du communisme.

Elle va rapidement devenir elle même membre du parti et épouser l'un de ses leaders.

Puis la désillusion. la transformation d'un mouvement profondément humaniste (fin des privilèges et des inégalités, redistribution des richesses et des ressources, égalité des sexes, interdiction des violences et tortures...)

vers un régime dictatorial et autoritaire à travers le culte de la personnalité de son leader: Mao.



Jung Chang elle même a eu une enfance plutôt protégée de part le rôle de ses parents dans le parti, notamment pendant la famine responsable de 40 millions de morts faisant suite au "grand bond" de Mao. Mais elle a ensuite été victime (elle et sa famille) de la révolution culturelle qui a renversé tout une partie des dirigeants en place et notamment des intellectuels jugés "bourgeois et privilégiés" et "véhicules du capitalisme".

Elle est devenue paysanne, puis médecin aux pieds nus, puis électricienne, avant de pouvoir s'inscrire à l'université à la fin de la révolution culturelle, et d'avoir l'opportunité de poursuivre ses études à l'étranger, en Angleterre où elle s'installera de façon définitive.



Il s'agit pour moi d'une œuvre majeure pour les passionnés d'histoire! Un travail documentaire remarquable et une plume qui nous immerge complètement dans la famille de l'auteure, sans temps morts malgré le sérieux du sujet abordé!
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Les soeurs Song

Dans ce livre, Zhang Rong a réussi à retracer avec brio le destin hors norme d'Ailing, Qingling et Meiling, celles que l'on appelle « les trois soeurs Song ». Issues d'une famille aisée et chrétienne, ces trois femmes incroyables voient leur vie étroitement liée avec L Histoire chinoise, et sont vivement impactées par les soubresauts politiques du XXème siècle.



Dès leur plus jeune âge (neuf ans pour Meiling, la cadette), elles ont eu accès à des études aux Etats-Unis, parcours qui était en vogue à l'époque, mais fait très rare pour des filles ! Puis elles vont se marier avec trois personnalités très importantes : Ailing avec Kong Xiangxi, homme d'affaires qui deviendra ministre sous la République, Qingling avec Sun Yat-sen, le « père de la patrie » et Meiling avec Tchiang Kai-shek. Toutes trois très différentes, leurs visions de la politique et leurs aspirations vont devenir radicalement opposées pour certaines, notamment celles de Qingling, la soeur Rouge (tournée donc vers le communisme), les deux autres ayant une grande influence quant à elles au sein du Kuomintang (le parti nationaliste). La famille se déchire et s'entraide au gré de l'Histoire avec un grand H. A travers leurs « aventures », nous découvrons des passages détaillés de l'Histoire de la Chine, notamment du parcours de Sun Yat-sen et de la révolution, puis de la mise en place de la République, avant d'aborder la guerre sino-japonaise et la fuite du Kuomintang à Taiwan.



Certains résument les trois soeurs à cette phrase : "一个爱国,一个爱权,一个爱钱。" = « Une soeur aime le pays, une autre le pouvoir, et une autre l'argent », mais Zhang Rong nous montre dans ce livre que leur situation était un peu plus complexe que cela.



J'admire les talents de conteuse de Zhang Rong qui nous narre ici la vie des trois soeurs et les faits historiques comme si elle nous racontait une histoire. Nous nous laissons porter par ses mots, par la fluidité de ses phrases et par les anecdotes qu'elle distille au fil des pages. L'auteure s'est énormément documentée pour écrire ce livre avec précision et nous fournit à la fin une bibliographie très étoffée. Son style est très vivant, alternant entre passages narratifs, extraits de lettres ou de télégrammes, ainsi que des extraits de journaux intimes.



Ce livre, qui peut se lire comme un roman, est donc un réel plaisir de lecture. Il nous permet d'en apprendre plus sur trois femmes extraordinaires, trois femmes de pouvoir, portées par leurs aspirations et par leurs croyances, trois femmes ayant travaillé au devenir de la Chine, trois femmes emblématiques qui n'ont pas cessé de faire parler d'elles, mais des femmes également humaines et faillibles.



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Les cygnes sauvages

Témoignage hallucinant de réalisme que celui de cette famille qui débute par la grand mère de l'auteur, concubine d'un seigneur de guerre, puis les parents de l'auteur pris dans la tourmente de la révolution culturelle.

Si l'on souhaite en savoir plus sur cette période de l'histoire de la Chine, alors c'est ce livre qu'il convient de lire.

Je l'ai lu avec passion, et ensuite il est passé entre toutes les mains de ma famille.

Une histoire vraie, un livre passionnant.
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Les cygnes sauvages

L'Histoire des bouleversements de la Chine féodale à Mao à travers les destins de trois femmes: la grand-mère, la mère, la fille. Ce témoignage nous entraine avec l'auteur au coeur de l'agitation folle qui déchire cette famille. Un ouvrage essentiel.
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Les cygnes sauvages

L'histoire de la Chine vue depuis la fin de l'époque féodale, avec les seigneurs de guerre, jusqu'au communisme vue par trois femmes ballotées par les changements de régimes (seigneurs de guerre, Kuomintang, l'occupation Japonaise, le régime communiste) et leurs entourages, ballotées dans une Chine ou l"on garde des traditions malgré un communisme qui veut les abroger, mais ne libère pas les femmes autant qu'il le prétend... Fausse couche mauvais traitement de certaines, marche forcé jugements, malgré l'abandon des pieds bandés, la suppression des concubines et l'accession à l'université, en fait dans la réalité la femme Chinoise a des difficulté à ne pas être soumise dans sa vie privé à son mari, à sa famille, voir au partie... Une fresque étonnante qui nous fait voir les bouleversements récents de la Chine à travers la lutte des pauvres et petits bourgeois pour survivre, tous plus ou moins balloter par la faim par période, toujours sauvés par l'Armée des uns et des autres, avec peu de différence de conditions de vie, restant pauvre, ou oscillant entre bien être correcte et pauvreté... Un regard réaliste sur la Chine qui est idéalisé parfois par ces grands philosophes qui ont tellement pourtant fait la grandeur de la Chine... C'est la misère et l'histoire du petit peuple, surtout des femmes.. Jusqu'à ce que l'une d'elle migre en Angleterre et écrive ce livre...
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Les cygnes sauvages

Ce livre est le témoignage bouleversant d'une famille chinoise, sur 3 générations : on passe du grand empire chinois, à la révolutions maoïste et au gouvernement communiste et ses terribles exactions.

C'est absolument passionnant, poignant, d'autant plus qu'il s'agit des souvenirs de la propre famille de l'auteur. Nous ne sommes pas dans un roman historique, et c'est ce qui rend ce livre aussi fort et difficile à oublier.

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Les cygnes sauvages

Un ouvrage superbe qui nous depeint la Chine de MAo au travers de la vie d'une famille chinoise de cette epoque: Un temoignage superbe et tres prenant sur ce pays eternel qui est l'objet de multiples études.Je vous recommande cet ouvrage chaudement car il n'y a aucunes longueurs et un rythme tres present; bref une reussite.
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Mao : L'histoire inconnue

Un pavé. Si vous vouliez tout connaître de Mao, vous serez servi. Ici pas d’imagerie populaire, pas de propagande, cela fait enfin apparaître le dictateur sous toute sa violence et son machiavélisme. On en viendrait presque à le haïr. La description est tellement noir que l’on se demande si le trait n’est pas trop forcé. Vu le nombre de mort et les conditions de vie que lui et sa clique imposèrent aux différents peuples composant le Chine, il est fort a parié que non. Pour moi c’est une très bonne biographie, qu’il faudrait quand même peut être comparer à d’autres écrits.
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Les cygnes sauvages

Ce livre est une véritable fresque historique nous permettant de mieux appréhender la période allant du début du XXème siècle à la fin des années soixante-dix en Chine. En plus d'être d'une très grande richesse historique, avec cette saga familiale nous découvrons trois femmes fortes, se battant pour leur survie et pour leurs idéaux. L'histoire est passionnante, nous nous laissons porter au fil des pages : nous nous attachons aux personnages et les quittons avec regrets.
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Cixi, l'impératrice

Cixi a 16 ans lorsqu'elle devient la concubine de l'empereur Xianfeng. A la mort de celui ci, elle organise un coup d' Etat sans effusion de sang. Elle fait reconnaître empereur son fils Tongzhi. Elle devient ainsi impératrice douairière avec l'impératrice officielle Zhen. Elle va désormais diriger la Chine d'abord derrière son fils et ensuite derrière son fils adoptif Guangxu.

La Chine est un immense pays arriéré, convoitée par les puissances occidentales. L'objectif de Cixi est triple : s'assurer le pouvoir avec l'appui de certains dignitaires, avec la mise en œuvre d'une politique modérée qui limite l'utilisation de la force et de la cruauté. Le deuxième volet de sa politique vise les relations avec les occidentaux. Il faut limiter leurs ambitions territoriales. Mais, la Chine doit s'incliner par manque de puissance militaire et céder au Japon la Mandchourie et aux occidentaux des ports avec des concessions. Mais, l'ouverture à l'Occident est indispensable. Les exportations , les taxes douanières permettent à la Chine de s'enrichir. Dernier objectif : la modernisation du pays. Cela veut dire construire des voies ferrées, envoyer des jeunes étudier à l'étranger, recevoir les ambassadeurs étrangers à la Cour.

La biographie de Jung Chang permet de suivre la vie quotidienne de Cixi. Nous pénétrons dans les appartements des femmes de la Cité interdite. Jamais, Cixi ne pourra franchir certaines portes, De nombreuses pièces lui sont interdites. Une grande partie de la Cité interdite lui est inconnue. Toujours dissimulée derrière un paravent, elle peut voir les hauts dignitaires et les ambassadeurs se prosterner devant l'empereur. Nous la suivons sur les chemins de l'exil vers le Palais d'été sa résidence favorite. Elle est suivie par des centaines de serviteurs et les célèbres eunuques. Certains sont très-et même trop- proches d'elle et le paieront de leur vie. Comme c'est la coutume chez les mandchous, elle n'a pas les pieds bandés. Elle interdit cette coutume en Chine mais l'application en est très lente. Elle essaie d'ouvrir la Cour impériale à l'extérieur. Elle invite les femmes des délégations étrangères. Elle se lie en particulier avec la femme de l'ambassadeur américain Sarah Conger. Elle accepte que Katharine Carl fasse son portrait. Elle se fait photographier. Elle adore la musique et les interminables opéras chinois. Elle peint et fait de la calligraphie.

Mais qui est réellement Cixi ? Une concubine ambitieuse ? Une femme aux remarquables qualités politiques malgré sa maîtrise limitée de l'écriture chinoise ?

Cixi a eu beaucoup de détracteurs. Jung Chang exagère peut être ses qualités. Cependant, son livre nous permet de mieux connaître l'histoire mouvementée de cet immense pays. Une plongée dans une Chine disparue et qui fait encore rêver.

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