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Critiques de Justine Bo (27)
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Onanisme

Là , je suis vraiment ennuyé pour écrire un commentaire sur ce livre .Oui , très ennuyé car , sincèrement, au bout de cinquante pages , j'avais envie de passer à autre chose . Pourquoi ? Et bien c'est simple ,une écriture déjantée, loin de " ma zone de confort " , un vocabulaire ...une ponctuation...loin de ce que je demandais à mes élèves : ça part dans tous les sens, je necomprends rien ou ...pas grand chose ...J'arrête, mais c'est rare chez moi, et puis , pas de honte , chacun son avis ...et les avis ,sur Babelio...ils ne sont pas folichons , alors ....Oui , mais les autres , ils ont leurs arguments , non ? Mais toi , tu ne vas pas te contenter de les imiter, de les plagier , aussi sincères et respectables soient - ils ?...Oui , c'est vrai ... Et puis ce livre , il t'a été envoyé gracieusement par les "espaces culturels Leclerc " , (que je remercie au passage), et ils attendent une critique, bonne ou mauvaise , alors ,si tu abandonnes, tu vas te sentir mal de ne pas avoir rempli ton contrat , bref , ça ne se fait pas des choses comme ça ...Oui, allez , c'est bon ,je me force ....

Et peu à peu , la magie opère . Incroyable , ça me pénètre, le langage a fini par séduire mon cerveau et Nour est entrée dans mon coeur , je la suis , je la comprends , je la plains , je veux vivre ou survivre avec elle , la voir sortir d'un monde sordide , je prends parti , je lui tends les bras , mais il me faut arriver à temps et j'ai pris du retard , je vous l'ai dit... Y Arriverai - je ? Rien n'est moins sûr, mais ...

Alors oui , c'est un livre , que dis - je un cri, et quand la fureur s'en mêle, tout perd de son sens, tout s'embrouille , tous les mots se télescopent....La colère gronde , souffle sur les mots qui s'envolent et retombent dans le plus grand désordre....

Mon ego en prend un sacré coup. Moi , j'aime l'ordre , les belles phrases , une syntaxe du plus bel effet et là, je prends un uppercut ( oui , ça change des "claques " , non ? ) qui me met ko . Pas loin de chialer , vraiment ,en tournant la dernière page . Et oui , c'est brutal, ça dérange, ça interpelle ....et ça n'apporte pas de réponse...Tout seul avec ...personne puisque t'es tout seul...

Ça se déroule à Cerbère , près de la frontière espagnole .Cerbère, c'est le nom d'un chien à trois têtes bien connu , Cerbère, le gardien des Enfers , et toi , pauvre Nour , tu croyais lui échapper ? Echapper à l'enfer ? Tu veux rire ? Mais ton premier adversaire , pauvre Nour, outre , Cerbère, n'est - ce pas le titre du roman qui raconte ton histoire ? Vraiment , " Onanisme " ou l'art de dissimuler un livre de toute beauté . Un titre de toute "médiocrité". Ah oui , tu jouis en te masturbant ? Est- ce un crime quand la vie ...ou la société...? Et puis , nous sommes au XXI ème siècle, non ? Bon , y'a quelques " passages " un peu crus " , certes , mais pas de quoi " fouetter un chat " , le reste , la vie décrite est tellement.....

Il faut avoir fait des études pour pondre" ça ", un titre aussi ....peu en rapport avec l'intrigue ? En le lisant , ce titre , j'ai eu , d'emblée, un mouvement de recul. Et puis ,le livre , je l'ai lu , dans les circonstances que vous connaissez .....et je l'ai adoré, y'a trop de choses à dire ...mais ce titre , franchement , c'est un sacré handicap .....

Voilà. Chers amies et amis , nous échangeons souvent , et , une fois de plus je vous le dis , ne me faites pas confiance , je n'ai aucune compétence autre que celle de transmettre un modeste avis ...Là , c'était mal parti et .....tous mes respects aux gens qui n'ont pas adhéré, ils ont leurs raisons et les exposent respectueusement et avec sincérité et ça , ça n'a pas de prix ..
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Onanisme

Euh, bon, on va dire que ce n'est pas pour moi...

Je ne suis pas du tout rentrée dans l'histoire, mais alors pas du tout. Ca doit être une question de style. Celui de Justine Bo est saccadé, extrêmement dense, trop pour moi, j'étouffe, la maille est si serrée que je n'y puis, si j'ose dire, pénétrer.

Et puis, la finale de la coupe du monde 2018, c'est à peine si je l'ai notée. le foot ...pouh ....Donc l'ambiance, le lendemain de fête, le côté gueule de bois, c'est fini, qu'est-ce qu'on fait maintenant...Non. Pour ce roman, il faut un minimum s'intéresser au ballon rond.

Cerbère, je connais, c'est une ville horrible dans un endroit magnifique, avec cette espèce d'hôtel démoniaque à l'entrée...Je comprends qu'on s'y intéresse...L'ambiance est spéciale. C'est ce que j'ai préféré dans le livre, le bunker, la plage, les hlm, le soleil, le MacDo, tout ce fatras d'une ville très très étrange.

Le titre ? Racolage, à mon avis. A moins qu'il y ait encore des naïfs qui ignorent que les femmes aussi pratiquent l'onanisme. Mais alors se planquer dans un bunker pour s'y adonner, c'est vraiment se compliquer la vie. Je n'ai pas saisi la symbolique.

Les personnages ? Brouillon, brouillon. Manque de clarté.

Ma critique aussi est un fatras. Je ne suis pas rentrée dans cette esthétique de fatras. En fait, je ne vois pas trop de quoi ça parle, d'une manière globale. D'une fille brouillonne, paumée, qui oscille entre plusieurs identités, dans un style brouillon qui se perd en densité un peu vaine...

Je ne sais pas trop quoi dire ni à qui le recommander, mais je remercie toujours masse critique et Grasset de me donner l'occasion de découvrir, même les occasions manquées.
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Onanisme

Il faut oser.

Mais rien ne semble effrayer Justine Bo.

Jeune romancière trentenaire qui publie avec Onanisme son cinquième roman.

Onanisme .

Quel titre !

Alors, même pas peur Justine Bo ?

Son héroïne c'est Nour, vingt ans tout juste. Née au soir d'une finale de coupe du monde et qui se réveille ce matin, au lendemain du deuxième titre mondial de notre Équipe nationale, quartier Bellevue de son Cerbère natal, petite station balnéaire des Pyrénées-Orientales.

Nour elle bosse dans un fast food quelques heures par semaine.

Profitant de sa pause syndicale.. elle s'isole quelques minutes dans un bunker de la plage pour se livrer à un plaisir solitaire. C'est là que, par hasard, elle met la main sur un flingue.

MR 73, magnum 357, Manurhin...

Manurhin devient son compagnon d'infortune.

Parce qu'elle est pas gâtée par la vie Nour.

Un père, Saïd, comme elle l'appelle elle-même, dont elle doit s'occuper (plus pour très longtemps).

Un casse-tête avec Pôle emploi qui lui doit de l'argent.

Et puis tous les autres, les voisins, les potes, le chef, tous ceux qui envahissent son monde, tous ceux avec qui elle fait l'amour mentalement à tour de rôle et qu'elle rêve l'instant suivant de...buter...

Justine Bo bouscule le lecteur.

Onanisme ça veut bien dire ce que ça veut dire.

Il y a de la masturbation dans l'air.

Et pas qu'intellectuelle.

Elle en a rien à branler des bonnes moeurs et des bonnes consciences.

Le rectangle blanc au bas de la page elle s'en fout...

Nour est obsédée.

La masturbation c'est sa drogue.

Ça vous choque ?

Ne vous déplaise,  c'est la vie.

Que celui qui n'a jamais pratiqué lui jette la première pierre.

Ni sensualité ni érotisme, c'est cru.

Vulgaire me direz-vous ?

Moi, franchement je n'ai pas eu ce sentiment.

Je ne me suis pas senti voyeur. Enfin, pas voyeur dans le sens sexuel du terme.

Voyeur, bien sûr que le lecteur l'est, la romancière expose la vie de son personnage, c'est elle qui parle. D'ailleurs l'emploi de la première personne, c'est peut-être ça le plus dérangeant au moment où se libèrent les fantasmes de sa libido masturbatoire.

Les premières pages m'ont laissé songeur, dubitatif, partagé. Puis au fil des pages, le style et le talent de l'écrivain ont oeuvré. J'ai été happé par le récit. le langage imagé, parfait reflet de notre société, de nos travers, de nos idées...

La vie, la mort, la violence, le racisme, le machisme, l'alcoolisme, le terrorisme, la sexualité,  autant de sujets abordés ici sans concessions.

Chaque personnage apporte sa pierre à l'édifice.

Onanisme n'est pas qu'un livre qui parle de ça, pas du tout, mais bon... comme la pomme dans l'alcool cher aux tontons flingueurs... y en a....

Un livre pour public averti...ou pas.



Merci aux Editions Grasset et à Masse critique Babélio sans qui je n'aurais pu découvrir cette auteure...



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Onanisme

Onanisme.

Il fallait oser.

Ainsi que pour les 276 pages qui suivent.



Il fallait oser.



Mais il fallait surtout être très en colère pour écrire ces mots.

Du moins j’imagine.

Il fallait avoir la rage au cœur, la boule au ventre, la bile aux lèvres même parfois. Parce que l’on n’écrit pas de tels romans avec des fleurs entre les doigts, et de la citronnade dans le sang.

On n’écrit pas de tels romans, confortablement installé sur une chaise longue dans une maison de vacances à Juan les Pins.

Du moins j’imagine.



Juillet 2018. Cerbère, petite ville à la frontière espagnole, s’éveille dans l’euphorie de la victoire des Bleus. Nour vient d’avoir vingt ans. Elle travaille dans un fast-food et habit avec son père malade la cité Bellevue. Pour tout horizon, elle n’a que la plage et son bunker, où elle se réfugie pour se masturber. Un matin, elle y trouve un revolver…

A travers l’errance d’une jeune orpheline dans la moiteur occitane, Onanisme raconte un pays en proie à la misère sociale, aux préjugés, aux violences. Il y a du Meursault en elle, une tendre indifférence, une révolte contre toutes les assignations. Justine Bo écrit d’une plume incisive, comme elle ressent le monde. Nour en est l’ultime brèche : celle d’une jeunesse impatiente de vivre.



Je ne sais trop par quel bout prendre cette critique. Ce roman m’a littéralement emballée par certains côtés et un brin perdue par d’autres.



J’ai immédiatement été séduite par la prose de Justine Bo, brute, caustique, acérée:

« La main fébrile arrimée au thermos, je me sers un café et fume une cigarette sur le parking. Une humeur de pétrole me phagocyte les poumons. Au-dessus du bitume, l’enseigne brasille. Elle sert de phare aux errants de la Méditerranée. »



J’ai aimé sa capacité à nous camper dans un univers au sein duquel, comme les personnages du récit, coincés, abattus et oubliés, nous nous sentons enfermés dans la fournaise de Cerbère et l’immobilisme imposé. Ces hommes, ces femmes qui évoluent devant nous, abandonnés, désertés d’eux mêmes, nous pénètrent et s’installent dans notre rétine, imprimant dans nos cœur une désarroi profond et une véritable empathie. Nous nous tenons face à eux et gardons les yeux baissés, le malheur est peut-être contagieux après tout.



J’ai été emportée par la poésie de ces personnages, ravagés par la vie,

De ces paysages, chancelants, désertés,

De ces actes, posés avec l’espoir d'un condamné.



Les deux premiers tiers du roman m’ont emportée, littéralement. Nour, bien que pas franchement sympathique, m’a plu. Elle a su me saisir et m’emmener avec elle, dans sa ville, sur sa mobylette, dans son bunker, sur son parking. Elle m’a prise par la main et m’a montré la misère de sa vie. Sa lenteur. Son immobilisme. Sa tristesse. Même les quelques minutes d’intense joie tirées de son activité-refuge – l’onanisme -, sont emplies de fureur et de noirceur. Alors comment ne pas être touchée ?



Pourtant,

Je referme ce roman avec amertume.

Sa dernière partie m’est littéralement tombée des mains. J’ai trouvé la fin tarabiscotée, venue tout droit de nulle part, trop vite esquissée, ou trop longuement peut-être.

Poussive somme toute.

De quoi me faire redescendre de mon ilot de noirceur poétique, et me précipiter à vitesse grand V dans une déception beaucoup trop grande à mon goût. Mais peut-être suis-je simplement passée à côté ?



Difficile pour moi, donc, de me montrer plus élogieuse.

Dommage. Parce que l’écriture de Justine Bo est une merveille. Et bien que servant magnifiquement le début du roman, elle finit par nous perdre et nous éloigner,

nous laissant dans la bouche, sur la langue,

le petit goût aigre de la désillusion.
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Onanisme

Onanisme - Justine BO



Je tiens tout d’abord à remercier Masse Critique de Babelio, ainsi que les Éditions Grasset pour l’envoi de ce livre. En le voyant dans la liste j’ai craqué ! Je le voulais ! Je l’ai eu !



« Onanisme », c’est une tranche de Vie, celle de Nour Khalfa, vingt-ans tout pile, qui au lendemain de la coupe du monde de football et de la seconde victoire de la France, perd son papa et fait une rencontre inattendue, celle d’une arme. Deux évènements qui vont bouleverser sa vie ....



Je n’ai jamais lu Justine BO avant « Onanisme », je n’avais donc aucune idée du style de l’auteur. Et j’avoue avoir été surprise. Le titre du livre étant très explicite, je m’attendais donc à y trouver des scènes de masturbation. Je m’attendais à les trouver au coeur d’un univers de sensualité. Et c’est là que j’ai été surprise ! Nous en sommes bien loin.



Le style est cru, très cru et c’est nécessaire pour appuyer juste là où il faut pour que le lecteur comprenne pourquoi Nour est Nour.

Si je devais qualifier ce roman, je le qualifierais de « dérangeant », ce qui est loin d’être négatif, bien au contraire.

Il faut du talent pour déranger le lecteur, pour lui faire regarder ce qu’il ne veut pas voir.
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Fils de Sham

C'est noir, d'une tristesse infinie et d'une poésie mortellement dérangeante. Je l'ai lu dans le cadre de la préparation d'un coup de coeur. C'est un roman puissant mais effectivement à ne pas mettre entre toutes les mains, de crainte que ce cri ne soit critiqué sans parvenir à le comprendre.
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Eve Melville, Cantique

Août 2016, à Brooklyn, Eve Melville découvre sa maison peinte en noir. Maison de briques rouges, héritée du père de son père qui la tenait de Salomon Melville.



Fils d’esclave, lui-même esclave, Salomon a fui la plantation d’indigo par le underground railroad, ces chemins secrets qui permettaient aux esclaves de fuir le sud et de trouver la liberté au nord. C’est sur les docks de New-York, puis en gravissant tous les échelons de la police de la ville qu’il a accompli sa vie. Et acheté cette maison qu’il a léguée à sa descendance.



Eve Melville est le protecteur de ces lieux, elle entretient leur mémoire, comme s’il s’agissait de celle toujours vivante de l’aïeul disparu, du père et du grand-père qui ne sont plus.



Mais surtout de ces générations d’hommes qui se sont libérés du joug de l’esclavage et qu’il ne faut jamais oublier.



Eve Melville au ventre vide qui se désespère de ne pas avoir eu de descendance pour perpétuer le souvenir de ceux qui ne sont plus, des épreuves traversées, de la liberté chèrement acquise et qu’il faut sauvegarder, fut-ce au prix de sa vie.



Eve Melville et Hannah, l’amour interdit, et Peter Stephenson et les artistes maudits des années sida, dans le New-York des années 80 et des chambres d’hôtel à l’abandon.



Eve Melville et Maria, le soutien inconditionnel, la compagne de chaque jour.



Étrange roman qui nous parle des murs d’une maison comme de la chair et des os des humains, qui nous dévoile ses secrets, ses tourments, ses espoirs et ses attentes. Cri d’une peuple libéré qui ne peut accepter aucun retour arrière et aucun oubli.



Car peindre cette maison en noir, est-ce pour rayer du quartier ceux qui l’ont crée, pour faire fuir ceux qui en sont l’âme et le symbole vivant. De 1845 à Savanah en Géorgie jusqu’en 2026 à New-York, la longue histoire des esclaves se dessine sous nos yeux.

L’esclavage, le Vietnam, le 11 septembre, la transformation des quartiers de New York, Eve Melville a tout connu, tout traversé, tout subit, tout accepté. Mais aujourd’hui Eve Melville est en colère, Eve devient folle, Eve se révolte.



Si Eve et Salomon Melville sont des personnages à part entière, la maison du 629 Halsey street occupe elle aussi toute sa place.



La structure, l’écriture de ce texte sont assez troublantes et pourtant on s’y fait très vite. Phrase coupée au milieu qui se poursuit au paragraphe suivant, comme un souffle que l’on garde, que l’on retient et que l’on ne veut pas perdre. Une histoire sans fin qui se déroule d’un côté à l’autre du pays, du sud au nord, du passé au présent. Ce présent qui chamboule tout et serait prêt à gommer du quartier tout ce qui lui rappelle certaines époques. Succession de phrases de mots, énumération pour dire et être sûr que l’on entende le message.



https://domiclire.wordpress.com/2024/02/18/eve-melville-cantique-justine-bo/
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Alphabet

Jeune écrivaine, Justine Bo choisit pour son cinquième roman, Alphabet, de raconter la violence du monde faite à Junon, sorte de double pour ce roman autobiographique, qui va lui permettre de reconquérir la maîtrise de sa vie.



Junon décide de refaire à l’envers la route vers le traumatisme dont elle garde trace dans sa personnalité sans qu’elle en est un souvenir précis. Elle se remémore la main intrusive, la chaleur du visage trop proche, ses jambes dans le vide mais un trou noir entoure la suite sans qu’elle puisse lever le voile qui trouble sa conscience. Normal, elle n’avait que cinq ans !



Néanmoins, même en mettant de la distance, même en rompant avec sa famille proche, Junon arrive à l’évidence qu’il faut qu’elle regarde en face le déséquilibre qu’elle ressent et qu’elle fasse le voyage pour chercher des réponses. Ce voyage se fait jusqu’en Grèce, pour retrouver un oncle par alliance.



Justine Bo décrit ce lent cheminement pour reconnaitre le trouble, comprendre qu’il devient indispensable de le considérer à sa juste place et décide de partir à la rencontre de cet homme qui l’a agressée. Dans sa quête, elle englobe l’histoire familiale depuis plusieurs générations, puisqu’il en fait partie. Et, la question du manque de protection devient lancinante.



Un énième roman sur l’inceste, direz-vous ! Oui, certes, mais doublée d’un objet littéraire d’une grande qualité. Les mots sont hachés, propulsés sur le papier pour dire la violence, l’effraction, la combustion dont Junon est victime. Les phrases sont scandées, hurlées, décortiquées mais très souvent gardent la poésie des sons et du sens.



Au delà de l’acte lui-même, interdit, les réactions des membres de la famille recouvrent une violence que Justine Bo montre parfaitement. Il y a vraiment un avant et un après la révélation. Plus rien ne sera comme avant. Une famille se disloque sous nos yeux. Mais, Junon a de la chance: ses parents, malgré leurs propres malveillances, vont la suivre, même si ils en ressortiront tous choqués à jamais !



Le sujet d’ Alphabet est rude et insoutenable. L’écriture de Justine Bo est ample, allant chercher l’accusation directe pour redonner du souffle à son héroïne afin qu’elle cesse enfin de ressasser pour s’ouvrir à sa vie. Une réussite !

Merci à @NetGalleyFrance et @Editionsgrasset pour la découverte de #Alphabet de #JustineBo


Lien : https://vagabondageautourdes..
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Si nous ne brûlons pas

Pour commencer, je remercie les éditions des Equateurs ainsi que Babelio pour ce livre reçu dans le cadre de l'opération Masse Critique.



Ce livre est assez déroutant. A titres et à sens multiples.

Il l'est dans son statut : on parle de roman, mais c'est une autobiographie à peu près explicite, qui frise le récit. Difficile de savoir quels aspects et propos sont fictionnés. Mais de ça en fait on s'en fout. C'est le sujet actuel et quasi permanent en littérature, et qui, au fond, n'est ni un problème en soi ni une question à résoudre : c'est comme ça. C'est ok.



Déroutant quant au style : Justine Bo sait écrire, il y a pas mal de bonnes formules, de bonnes métaphores (même si certaines sont déjà connues et pour lesquelles on frôle parfois le carton jaune du cliché. Dommage parce qu'on sent que l'auteure voue sa vie à connaître, à creuser et chercher et donc - on imagine - qu'on peut sortir des clichés. (Je crois que parfois c'est tout bonnement impossible.))



Déroutant, puisque le livre se déroule dans plusieurs lieux, plusieurs "territoires". Qui, en principe, sont situés géographiquement de façon précise (longitude, latitude données; ainsi que d'autres détails colorant l'atmosphère du moment et du temps). On passe de l'un à l'autre parfois un rien brutalement aussi, parce qu'il y a quelques inclusions-flashes back, mais grosso modo ça va, on peut retrouver l'adhérence facilement.

Petite ville de province, en Normandie, marquée par la seconde guerre mondiale, Paris et ses castes, la Syrie et son horreur progressive jusqu'au désastre, des allusions à Hiroshima, au Maghreb et ses révolutions printanières, New-York et son cynisme, la déception, les Etats-Unis et tout son chapelet de vies pathétiques mise à nu sous l'oeil d'un média racoleur et faussement humaniste, Paris encore pour un retour dans l'actuel de l'auteure-cinéaste etc et son travail salutaire, pour elle et pour d'autres, espérons-le.



Déroutant parce que beaucoup de thèmes, sans doute trop. Un monde compliqué, complexe, profondément injuste, dégoûtant, violent, violant, malsain, pathétique, voyeuriste, où les larves cotoyent les requins, ou sont exclues des milieux montants...

Il y a de la douleur, physique, de la torture même, mais aussi de la douleur mentale, psychologique, de la torture même... Du sociétal et de l'intime.



C'est aussi le journal d'une femme, dans un monde qui reste patriarcal, machiste, et qui observe, qui subit, qui agit, qui marche, qui trébuche, qui avance...



Déroutant sur la forme, ou les formes. L'auteure place des inclusions de chansons, de rêveries, de "fausses" scènes et de dialogues de personnages parfois étranges, de vraies citations.



Et oh, oui, crucial : l'importance des mots, du sens des mots, de l'étymologie. A de multiples reprises, l'auteur part, repart de l'étymologie de mots tant radotés aujourd'hui qu'on n'en saisit plus le sens. Et l'auteure fait son travail d'archéologue des mots et c'est l'occasion ensuite de reposer des idées, relancer un débat...

Un exemple : "Je reconnais ces visages dans la démarche des badauds : ce poids lent, mou, qui me rappelle mes propres gestes chaque fois que je dus me fondre dans le moule de l'employé. Employé : lorsqu'on nous emploie, on n'agit plus, on est un participe passé. On nous emploie. On nous utilise. On nous utilise. On dit j'ai employé ce type dans tel bureau comme in dirait j'ai employé le couteau pour éplucher les patates. L'homme employé est interchangeable, idéalement anémié du cerveau et résigné à l'idée que sa situation 'évoluera pas."



Les mots et le langage, à la fois indispensable et tellement vain.

Les territoires, les terres, les lieux eux sont premiers, les seuls qui restent, et en même temps, eux aussi, sont imaginaires, pas si réels que ça, flous, floués...

L'homme n'est que de passage. Se prolonger a-t-il lui aussi du sens ?



Etant un psychologue travaillant dans les assuétudes, tout le passage sur son frère toxicomane et alcoolique, la perdition totale, progressive, les épisodes familiaux dramatiques y touchant, l'écart que sa soeur a dû mettre entre eux, pour se protéger... Tout ça m'a beaucoup parlé et touché. Témoignage honnête, sincère.

Connaissant moins bien les autres thématiques, je ne peux pas les "juger" de la même façon, mais j'imagine que ceux qui les connaissent bien auront le sentiment qu'elles sont également traitées de façon honnête, sincère, authentique, vraie, que sais-je... En cela, on peut estimer que Justine Bo a réussi son ouvrage. De façon générale, elle écrit avec un regard, un oeil, une voix, des idées et tente de nous les transmettre, on peut ou pas s'y sentir proche et apprécier.



Personnellement, j'ai plutôt apprécié ce livre, qui à la fois ne sert strictement à rien, et qui sera très probablement noyé dans la masse des livres de l'année, livre qui traite de trop de choses pour être identifié, et en même temps, ce côté "couteau suisse" est plaisant, on ne s'ennuie pas. Et on apprend. On n'a jamais fini d'apprendre de ce monstre humain. De grâce.







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Eve Melville, Cantique

Ce livre est un petit trésor de richesses multiples, tant au niveau du style choisi, de la narration que des personnages, Salomon et Eve, décrits avec virtuosité et humour - alors que les sujets traités ne sont pas forcément toujours très gais. Du Sud des Etats Unis à Brooklyn, c'est une valse rapide qui vous entraîne dans une belle puissance pour vous conter une histoire familiale bien particulière en touchant du doigt les failles de la société américaine. A l'origine fut l'esclavage !
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Onanisme

Après Si nous ne brûlons pas publié en 2018 aux Éditions des Équateurs, Justine Bo revient et change tout. Nouvel éditeur, nouvelle thématique, nouveau style (?)… Ça donne quoi ? Lettres it be vous dit tout sur ce roman de la rentrée littéraire 2019 !



# La bande-annonce



Juillet 2018 : au lendemain de la finale de la coupe du monde, Cerbère, petite ville d’Occitanie à la lisière de l’Espagne, s’éveille dans l’euphorie de la victoire. Nour, vingt ans, travaille à mi-temps au McDonald’s qui longe la départementale. Avant de rejoindre le HLM où elle vit seule avec son père Saïd, elle fait un détour par la plage et se réfugie, comme à son habitude, dans un bunker pour se masturber. Ce jour-là, Nour y trouve un revolver. Elle s’en saisit avec l’idée de s’en défaire mais l’arme lui procure soudain une puissance inédite... Elle que l’on assigne depuis toujours - jeune, femme, arabe, assistée – se sent enfin exister.



En rentrant, elle retrouve son père mort. Parmi la foule de gens qui vont défiler, Nour réalise peu à peu qu’elle n’a personne sur qui compter, à l’exception de Simone, la voisine du dessus, et de Jonas, embaumeur au pied bot. L’arme devient dès lors son unique compagnon de galère. Nour va-t-elle se servir de ce revolver pour se libérer ?



Écrit dans une sorte d’urgence, Onanisme raconte bien plus que l’errance d’une jeune orpheline en perte de repères. Ce livre décrit un pays en proie à la misère sociale, aux préjugés et violences qu’elle produit. Justine Bo écrit comme elle ressent le monde, entre crudité et noirceur. Nour en est l’ultime brèche : celle d’une jeunesse avide de jouissance et de vie.



# L’avis de Lettres it be



Une jeune fille qui travaille péniblement dans un fast-food au niveau de la frontière franco-espagnole. Elle aime beaucoup se masturber. Elle subit la difficulté et la violence de la société, du racisme etc. Un jour, elle trouve une arme. Elle ne sait pas quoi faire. Hâtif, ce résumé du nouveau livre de Justine Bo n’en demeure pas moins exact. C’est décontenançant ? Pire que ça !



On a beau chercher, il n’y a rien de plus à dire sur ce nouveau livre de Justine Bo. Difficile de décrire un tel fourre-tout littéraire, un tel manque d’inspiration malgré une prise au sérieux qui pourrait tromper l’attention. Vraiment, la déception prime de bout en bout.



Pour son retour, Justine Bo propose un véritable mariage, un mariage conflictuel entre L’Étranger, le Baise-moi de Virginie Despentes et Leurs enfants après eux, Goncourt 2018 offert à Nicolas Mathieu. Assurément, un mariage qui tourne au vinaigre… À aucun moment de ce livre, de la première à la dernière page, la greffe ne prend. Tout est incohérent, maladroit, bancal, lunaire par endroit. Alors que Si nous ne brûlons pas, le précédent livre de l’auteure, retenait l’attention par son équilibre fragile et nuageux, Onanisme s’écroule dès les premières lignes sans retrouver le moindre souffle et le moindre intérêt. La lecture ressemble vite à une soirée devant l’Eurovision : on s’attend à ce que chaque page offre son lot d’aberrations et d’inutilités.



Malheureusement, Justine Bo démontre qu’un roman intriguant ou tout du moins un roman qui retient l’attention ne peut se construire qu’avec un assemblage approximatif d’idées et de thématiques ou avec l’utilisation des mots « bite », « masturber » ou « branler ». Cependant, rendons à César qui lui revient de droit : « onanisme » désigne dans le dictionnaire des « pratiques individuelles de masturbation ». Bien qu’intellectuelle, ce livre n’a pas menti sur sa teneur…



Retrouvez la chronique en intégralité sur Lettres it be
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Alphabet

Une lecture qui laisse des traces.

Le thème n’est clairement pas un thème facile à lire et encore moins facile à vivre.

L’inceste. Comment peut-on s’en sortir, affronter ses démons, ses silences? Peut-on le surmonter vraiment?

Ce roman a aussi une écriture particulière. J’ai eu un peu de mal à m'y faire, mais je trouve que cela va bien avec ce roman. Je pense que soit on y adhère, soit ça ne passera pas.

Un court roman, mais qui restera dans ma mémoire.

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Onanisme

Incontestablement, lire « Onanisme » de Justine Bo s’est replonger dans la chaleur estivale de Cerbère (Pyrénées orientales) en 2018, le lendemain de la finale de la coupe du monde de Football. La liesse ambiante n’affecte pas Nour, jeune fille de vingt ans, qui tente de se réinsérer en travaillant au Mac Do du coin. Le jour de la mort de son père, la jeune maghrébine trouve un flingue dans un bunker.

L’auteure dont c’est le cinquième roman s’impose comme une des voix montantes de la littérature française.

Le ton est incisif, on trouve dans ce récit la verve et l’impertinence d’autres textes signés Virginie Despentes ou Ann Scott.

C’est insolent, pas forcément au goût de tous, mais cela reste un portait réaliste d’une certaine jeunesse désœuvrée, en manque de repères, dans une société en pleine déliquescence.

Une mise en scène ingénieuse et sans concession ; dans l’air du temps.
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Si nous ne brûlons pas

C’est un roman de l’aventure et de l’intime qui vient de trouver sa place dans le catalogue des Editions des Equateurs. Justime Bo propose Si nous ne brûlons pas, le récit de pérégrinations aussi bien à l’intérieur d’elle-même qu’à l’intérieur de son (ses ?) pays. Lettres it be a fait le voyage avec la jeune auteure née en 1989 à Cherbourg et vous en dit un petit peu plus.





# La bande-annonce







« À l’épreuve du vide, j’appris à ne me fier qu’au territoire. Il est la seule matière, l’unique élément de la vie des hommes. Je me méfie du récit des origines, des sociologies, des familles. J’accorde peu de crédit au mythe de l’éducation et aux affres du travail, mais je crois absolument à la Bible que nous livrent les territoires. »





Le roman débute dans une petite ville française de bord de mer, construite comme un bastion. Une cale au regard de l’univers. La narratrice a 27 ans et une conviction : échapper au piège de la reproduction. Elle étudie la rage au ventre, avec l’obsession de « s’en sortir », de déjouer les frontières. De la côte Atlantique au Proche-Orient, puis aux États-Unis, elle part à la recherche de son identité. Mais il n’est pas de fuite ni d’ascension qui ne connaisse de chute.





La géographie intime de Justine Bo fouille les lieux honnis : ceux de l’origine et de la déchirure. Sa plume âpre révèle la violence de notre société, engoncée dans ses territoires. L’insurrection passe alors par l’écriture et la création. Ce road movie incandescent dresse autant le portrait d’une époque que celui d’une évadée.





# L’avis de Lettres it be





Pour son troisième roman, Justine Bo s’aventure sur des pistes plutôt périlleuses de la littérature. Après le remarqué Le type qui voulait arrêter de mourir paru en 2016 ou encore Fils de Sham sorti pour sa part en 2013, Justine Bo renoue une fois encore avec ses terrains de prédilection : le voyage et la parole donnée aux gens d’en bas et d’ailleurs. Facile de glisser dans le lieu commun et le déjà lu lorsque l’on fait se confronter sa plume à de telles thématiques. Et pourtant, par un exercice d’équilibrisme globalement bien mené, l’auteure délivre un ouvrage intéressant, captivant par moment, rudement bien écrit. C’est d’ailleurs sur ce point que l’on retire la principale grande force de ce livre : Justine Bo sait écrire, et même plutôt bien. De quoi donner à la forme un important retentissement que l’on ne retrouve pas forcément, et à regret, dans le fond.





La jeunesse d’ici et d’ailleurs, l’incommensurable envie de révolution, les aspirations manquées, ceux qui ne sont pas l’élite, Paris, les abords de Sciences Po, Damas, les Etats-Unis … Justine Bo s’empare de tous ces thèmes, de tous ces personnages et de tous ces lieux pour construire pièce par pièce son histoire. Une histoire qui se mêle d’ailleurs beaucoup avec celle de l’auteure, au point que l’on se surprend à croire souvent à une autobiographie, tout du moins une autofiction. Malgré cela, on voyage avec le personnage de ce récit, on va de continent en continent suivant les envies de la jeune fille narratrice-actrice. Mais de l’envie d’ailleurs au caprice d’une nantie, il n’y a qu’un pas qui semble être parfois franchi dans ce livre où l’on peine à suivre tous les mouvements proposés, et qui le sont même parfois sans réelle transition. C’est surprenant, et pas forcément plus mal.







Justine Bo multiplie les originalités d’écriture dans son roman, c’est indéniable. Les petits arrêts étymologiques, les latitudes et longitudes des endroits évoqués, les vagabondages à travers les continents, les ressassements du passé etc. Autant d’éléments qui ponctuent la lecture de façon agréable. Le parallèle est vite fait d’ailleurs avec Frederika Amalia Finkelstein, une auteure qui semblerait similaire à Justine Bo si ce n’est physiquement mais surtout dans ce rejet de l’aujourd’hui et cette envie d’ailleurs. Sauf que toute l’originalité de l’écriture de Justine Bo est exactement ce qui semble les séparer. Malgré tout, on regrettera l’aspect « Journal intime d’une pré-adulte » qui, lorsque les pages se tournent et que la fin approche lentement, peine à captiver et garder en haleine. Mais cette navigation entre autofiction et récit de voyages intérieurs/extérieurs convainc en grande partie et montre Justine Bo a, sans nul doute, de beaux jours et de belles pages devant elle.





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Si nous ne brûlons pas



Dans ce livre autobiographique l'auteur nous emmène dans les différents lieux de sa vie : de Cherbourg à paris, puis karashi Londres new York...

Justine Bo, issue d'un milieu social ouvrier, arrive grâce à l'école, à sa passion des mots et sa persévérance à monter dans l'échelle sociale. Elle nous livre ses états d'âmes de l'époque ainsi que son analyse sociologique d'aujourd'hui, avec le recul.

Tout ceci dans une belle écriture je trouve.

Le récit est parfois sombre, et justine Bo est tres critique envers notre sociétés et ses analyses ne manquent pas d'interet. Sa vie croise la misère bien souvent.



Un livre assez intéressant, même si parfois C'est un peu "lourd. Pour les adeptes de lecture legeres, fuyez !
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Le type qui voulait arrêter de mourir

Un OVNI, voilà de quoi se rapproche le plus cet ouvrage.

Le héros ? Un détestable dandy que l'on finit par plaindre.

L'univers ? Un monde complètement farfelu et des aventures hautes en couleurs.

Le message ? Une critique de la culture contemporaine que j'ai bien appréciée, mais un délire un peu trop violent à mon goût.



Le problème avec ce genre d'ouvrage, que si l'on ne rentre pas à fond dans le délire de l'auteur, la lecture devient vite compliquée. Je n'ai malheureusement pas réussi à y rentrer complètement...



Il n'empêche que le roman est très bien écrit et plaira aux amateurs d'acidité et de rires jaunes.

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Eve Melville, Cantique

Justine Bo, Justine Bourdais de son vrai nom, née à Cherbourg en 1989, est une réalisatrice et romancière. Justine Bo fait une année de Prépa littéraire, puis entre à Sciences Po Paris en 2008. Elle séjourne dans les territoires palestiniens à l'été 2010, comme bénévole dans une école de musique de Ramallah, puis fait un stage à l'ambassade de France à Damas en Syrie en septembre 2010 pour sa troisième année du collège universitaire de Sciences Po. Elle y reste un an, alors qu'en mars 2011 le « Printemps arabe » atteint la Syrie. Elle tire de cette expérience son premier roman Fils de Sham (2013). En 2014, elle s'installe à New York pour étudier le cinéma. En parallèle, elle travaille pour un magazine en ligne et réalise des documentaires. Son nouveau roman Eve Melville, Cantique vient de paraître.

1845. Solomon, enfant Noir déjà esclave dans une plantation de Géorgie, s’enfuit et remonte vers le Nord, parcours qui l’amène à Brooklyn en 1861 où après plusieurs années il obtiendra des papiers à son nom, Melville. Devenu un homme libre, il exerce mille et un métiers avant de finir policier et quand vient l’heure de la retraite, il s’achète une maison « une maison qui n’en fait pas trop, qui ne se pavane pas, sans bow-window aguichant la rue » avant de repartir mourir en Géorgie. Dans cette maison de Brooklyn se succèderont son fils Moses et son petit-fils Samuel.

Nous sommes maintenant en 2016 et Eve Melville, arrière-petite-fille de Solomon, infirmière dans la police, découvre que sa maison a été repeinte en noir durant la nuit ! Un coup bas des promoteurs qui rachètent les maisons du coin mais butent sur Eve qui refuse de céder l’héritage familial durement acquis. Dès lors, un long combat s’engage entre elle et eux, une résistance qui la conduit à la folie… ?

Enfin de la très grande littérature ! Ce n’est pas tous les jours qu’on peut lire un tel livre.

Un roman plutôt court mais qui n’empêche pas Justine Bo de nous faire revivre plus d’un siècle d’histoire des Etats-Unis, la douloureuse époque de l’esclavage, la guerre du Vietnam, l’attentat contre les Twin Towers, le Sida, les drogues, l’élection de Trump… Tout cela en toile de fond.

Le cœur du roman reste néanmoins cette maison au 629 Halsey Street. Un lieu de mémoire pour Eve, et les souvenirs de revenir en masse, une demeure acquise au prix du sang et de la sueur, transmise de génération en génération. Le combat qu’elle entame contre les promoteurs prend des allures de va-tout, pour des raisons personnelles familiales mais plus largement comme une résistance désespérée contre un certain capitalisme envahissant détruisant son passé, sa raison d’être. Magnifique.

Pourtant le meilleur est encore ailleurs : ce style ! Le texte est une succession de petits paragraphes sans lettre majuscule à leur entame car l’écrivaine n’utilise que très peu les points de ponctuation sans que le lecteur s’essouffle pour autant à la lire. Les tournures de phrases ne manquent pas de grâce et d’originalité (« Ses plumes comme dans un rêve se soulevaient légères, prises dans un air qui de terrestre n’avait plus rien. »). L’emploi de l’anaphore (« Comment Eve Melville est devenue folle, il faut que je vous le dise ») scande la dernière partie du récit comme une prière, une incantation, un cantique.

Du très grand art pour un roman que vous devez absolument lire car ne ressemblant à aucun autre.

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Onanisme

Pour le coup, il s'agit vraiment d'une lecture qui ne peut pas laisser indifférent !



Tout est dit dans le résumé, et suivre Nour, dans cette période de liesse populaire, s'avère éprouvant, car bien peu de choses positives l'entourent, et on se surprend à s'attacher à cette jeune fille qui subit la violence du monde.



J'ai franchement un peu peiné dans la première partie de ma lecture, mais la deuxième m'a plu. le style de Justine Bo n'est pas évident à lire, car elle s'attache à décrire le sale, le laid et ainsi, ne nous ménage pas. Mais une fois passée outre, j'ai trouvé tout ce récit très juste. Je ne pense pas être la seule à avoir pensé à L'étranger, d'Albert Camus (je crois d'ailleurs avoir lu une interview de l'autrice où elle en parle d'elle-même), bien qu'il ne s'agisse nullement d'une réécriture ou d'une variation, mais un bel hommage.
Lien : https://lesmotsdemahault.blo..
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Si nous ne brûlons pas

Livre reçu dans le cadre de Masse Critique. Merci à Babelio et aux Editions Equateurs.

Plutôt qu'un roman, j'ai abordé ce livre comme un récit, récit autobiographique ou plutôt série de récits autobiographiques, pas spécialement dans l'ordre chronologique, mais disposés de façon à comprendre le cheminement de l'auteur pour sortir du carcan que ses origines lui traçait. Dès l'enfance, elle est confinée dans un territoire : celui de sa petite ville, de son milieu social modeste, de sa condition de fille mais aussi de son prénom. Première étape, les études et pas moins que Science-Po. Puis c'est une sorte de fuite à travers le monde : Damas, Paris, New-York et son obsession pour les coordonnées GPS et par l'étymologie des noms.

Beaucoup de sujets dans ce livre, un peu trop même.
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Fils de Sham

La narratrice raconte son quotidien en Syrie alors que la révolution a débuté et que son compagnon attend son jugement. Elle raconte l’attente, la peur, l’absurdité de l’administration, mais aussi la beauté de Damas. L’écriture est belle, directe, franche. Mais le récit est aussi extrêmement violent. Ce court roman s’ouvre par une scène d’accouchement et d’infanticide décrit avec réalisme qui m’a secouée et dérangée. C’est assurément l’effet recherché. Cet enfant mort devient le symbole d’un pays en sang, d’un avenir sombre, d’une rage. Le plus dur et choquant n’est probablement pas cette première partie mais la suite, lorsque la narratrice déambule dans son appartement à l’abandon et qu’elle observe le cadavre et le commente. C’est très dur et marquant et j’ai passé une très mauvaise nuit après cette lecture. Très agitée et secouée par ces images qui me venaient. L’auteur était étudiante et vivait à Damas lorsque les premières manifestations ont eu lieu en Syrie. Elle en a ramené un récit de fiction puissant et dérangeant. À ne pas mettre entre toutes les mains.
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