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Critiques de Karl Ove Knausgård (175)
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Fin de combat

Quel est le secret de la Norvège ? Sa population dépasse à peine 5 millions. Pourtant le pays et ses habitants semblent briller sur tous les fronts. Lors de notre récent voyage, j’ai admiré, érigées au fond du fjord d’Oslo, les merveilles architecturales de la capitale que sont l’Opéra et le nouveau Musée National, qui venait d’ouvrir. Dans le domaine sportif, on peut ne pas s’étonner que ce petit pays domine depuis des années de la tête et des épaules les Jeux Olympiques d’Hiver. Mais depuis peu, ils brillent aussi en athlétisme et, en football, tout le monde connait leur jeune centre-avant prodige. Le champion du monde d’échec est norvégien.

Bien sûr la richesse amenée par la manne pétrolière doit y être pour quelque chose. Ces ressources, bien gérées, ont transformé en deux générations ce pays splendide mais un peu perdu entre fjords et montagnes aux confins nord de l’Europe en une société qui compte au niveau économique, politique, sportif et culturel. Mais il doit y avoir quelque chose en plus.

En littérature aussi, une des révélations de la dernière décade est un écrivain norvégien. Karl Ove Knausgård est devenu un phénomène littéraire, suite à la publication de son roman autobiographique « Min Kamp (Mon Combat) ». Paru en six volumes en norvégien entre 2009 et 2011, il connait un succès stupéfiant puisque plus d’un demi-million d’exemplaires d’un des titres ont été vendus en Norvège, autrement dit, un livre pour neuf habitants adultes. Depuis, la série est disponible en 35 langues. Les critiques les plus exigeants ne reculent pas devant les comparaisons avec Proust, Joyce ou Virginia Woolf.

Cet été une grève de la compagnie aérienne SAS, nous a forcé, Céline et moi, à traverser en voiture de location en moins de vingt-quatre heures la Norvège du Nord au Sud, des îles Lofoten à l’aéroport d’Oslo, soit 1386km. Cette longue route n’était pas prévue au programme, mais, au bout du compte, elle ne nous a pas déplu, malgré la fatigue. Nous sommes montés sur des ferries pour traverser les fjords ensoleillés, nous avons roulé en grande partie de nuit, mais début juillet au nord du cercle polaire arctique le soleil ne se couchait pas : nous pouvions admirer les paysages arides des parcs nationaux que nous traversions et apercevoir les rennes et les élans au bord de la route. C’est sans doute pendant ce marathon routier que l’envie m’est venue de me lancer dans la lecture de la série « Min Kamp » de Knausgård.

C’est aussi une entreprise de longue haleine. En français, les six volumes font un total de 4736 pages dans la collection Folio. J’ai choisi la version livre-audio en anglais, superbement interprétée par Edoardo Ballerini, soit plus de 133 heures d’écoute qui m’ont accompagnées, avec bonheur, de septembre à février.

Ce qui est radical dans « Min Kamp », c’est que Knausgård raconte toute sa vie, en long et en large, avec des détails qui semblent à première vue insignifiants et banals. Comment il se prépare un café ou un thé, sort pour fumer une cigarette sur le balcon de son appartement et observe les voisins, doit jongler entre trois enfants et une poussette pour les amener à la crèche sans piquer une crise de nerf (et de temps à autre, il en pique une). Quand et comment il rencontre, tombe amoureux, mais aussi se dispute avec Linda, sa seconde femme, suédoise (Un homme amoureux, volume 2). Dans le quatrième volume « Aux confins du monde », il raconte son expérience comme jeune professeur à peine sorti de l’école secondaire, envoyé donner cours dans un village de pêcheurs dans le Grand Nord, à des garçons et des filles à peine plus jeunes que lui. De manière surprenante, on se laisse entraîner dans ce flux d’une vie qui se raconte comme en direct, sans retouches. Comme l’écrit James Wood dans « The New Yorker » : « même quand ça m’ennuyait, ça m’intéressait. ».

Un des pivots du roman est la relation de l’écrivain avec son père. Une relation difficile avec un père dont il craignait les pas dans l’escalier et qui le terrorisait d’un regard quand il était enfant (Jeune Homme, volume 3), mais qu’il a vu s’abimer jusqu’à la déchéance dans l’alcool quand il était un jeune adulte (La mort d’un père, volume 1). C’est en partie le récit de sa relation avec son père qui a fait scandale en Norvège et a amené son oncle à lui faire un procès.

Le secret de « Min Kamp » est sans doute que le lecteur se reconnaît dans certains des détails et des habitudes de la vie de Karl Ove Knausgård. En ce qui me concerne, l’écrivain norvégien est né deux mois avant moi, donc, même si nous avons grandi dans des pays européens différents, nous avons des expériences, des goûts et des souvenirs communs. Plus profondément, le lecteur reconnaît dans ce récit sans fard le mouvement, les rythmes et, oui - le mot est juste - le combat de sa propre vie, du plus quotidien au plus intérieur.

Ce parcours à travers une vie, et toute sa palette d’expressions et de sentiments m’a fait penser au parc-musée de Vigeland à Oslo. Le parc accueille 212 statues de bronze et granit, œuvres du sculpteur Gustav Vigeland et installées entre 1940 et 1949. J’avais gardé un fabuleux souvenir de ce parc lors de ma première visite à Oslo comme adolescent. J’y suis retourné en juillet dernier. La magie s’est renouvelée. On pourrait passer des heures à observer les scènes, les mouvements et les expressions des visages de ces hommes, femmes et enfants qui jouent, s’émerveillent, s’aiment, se disputent ou souffrent.






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En automne

Écrit en quatre volumes, un par saison, j’ai débuté cette œuvre de l’auteur norvégien Karl Ove Knausgard. Je lis peu de littérature nordique et j’ai énormément apprécié la plume de cet auteur, le concept de cette œuvre (une sorte d’imagier philosophique destiné à sa future fille qui n’est pas encore née - faisant écho à ma grossesse actuelle) et l’espèce de lenteur que j’ai pris à lire avec délectation ce roman. En effet, comme c’est une série de textes courts, considérations à la fois poétique et terre à terre sur le monde qui l’entoure (tout y passe du plus prosaïque - les poux - au plus abstrait - le silence - en passant par des grandes références - Flaubert), j’ai pris plaisir à « déguster » lentement ce roman. L’écriture y est très belle, à la fois fluide et travaillée, l’auteur y livre ses pensées, sa conception du monde, ses souvenirs, tout cela dans l’attente du petit être qui va naître et à qui il s’adresse dans un discours à la fois explicatif, tendre et intelligent.

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Un homme amoureux

Karl Ove Knausgaard est né en Norvège et vit aujourd’hui en Suède. C’est un écrivain reconnu pour son cycle de romans – Mon combat. Un homme amoureux est le tome 2 du cycle qui narre le quotidien de l’auteur. Le livre est une autobiographie romanesque.

Le narrateur est en couple, lui et sa femme, Linda, ont trois enfants : Vanja, Heidi et John. Le lecteur suit la famille, en vacances, chez des amis des enfants, dans la rue…. Tout est minutieusement nommé pour mieux comprendre les situations, faire éclore les assertions du narrateur, comprendre la complexité dans le couple quand l’accord pour une décision ne se fait pas, la distance qui s’immisce entre eux insidieusement, le rôle de l’éducation. Mais en regardant, en observant la société, l’auteur donne aussi son point de vue sur les différences entre la Norvège et la Suède, l’évolution des paysages ces dernières années, les villes aujourd’hui toutes identiques qui n’ont plus leur marque locale. En tant qu’écrivain, il nous livre la « clarté froide et nette » qu’il ressentait en écrivant, l’émergence des mots en lui qui lui donnait chaque jour une grande joie.

Le narrateur parle à la première personne et décrit son quotidien avec de fines descriptions dans le détail qui donnent un présent plus intense dans la lecture. Le quotidien est l’occasion pour lui d’aborder des thèmes : la vie conjugale, les enfants, la vie de couple. Qu’engendre l’arrivée d’enfants dans une vie de couple ? Pourquoi l’accord des premières années ne se fait plus ? Comment trouver sa liberté dans un quotidien chronophage ? Comment partager son temps entre vie personnelle et vie professionnelle ?

Il y a aussi de nombreuses références littéraires dans le livre qui viennent ponctuer le récit. Ces références sont souvent une réflexion sur une œuvre, un parallèle sur une situation vécue, sur l’acte créateur, sur le rôle de la littérature, l’impact sur le lecteur, sur les caractéristiques d’une œuvre, une critique. Ses lectures sont des moments d’arrêt sur image du quotidien car « l’essentiel pour moi était qu’elle s’endorme pour que je puisse lire ». Dostoievski, Stendhal, Tolstoï, Rimbaud, il y a toujours un moment dans le quotidien où chacun d’eux viennent interrompre le moment.

L’écrivain est un observateur de la vie.

A lire !

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Fin de combat

Et voilà ! Le grand jour est arrivé. La vidéo sur l’auteur norvégien Karl Ove Knausgaard vient de sortir sur Youtube (https://www.youtube.com/watch?v=HfSR836i_hE&t=1368s). En tout, je pense bien que cela m’a pris une centaine d’heures de travail, entre la lecture, l’analyse et le montage. J’ai essayé de combiner plusieurs ambiances, fidèles à l’esprit de chaque tome. J’espère que le résultat vous plaira si vous connaissez Karl Ove Knausgaard ou que cela vous donnera envie de le découvrir le cas échéant. Bon visionnage !

Ce dernier tome referme la boucle, et étrangement me fait le même effet que le premier : vais-je le lire en entier ? Quel est ce goût de reviens-y ? J’y vois un fil narratif plus ténu, plus dans le même esprit que le cycle des saisons. (suite en vidéo)








Lien : https://www.youtube.com/watc..
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Comme il pleut sur la ville

La spirale continue dans ce tome. Au début, apparait une sorte de double de Knausgaard, ce garçon qui s'enferme après avoir commis un meurtre. On voit que l'empathie et du côté du coupable, non de la victime, et c'est comme si ça allait teinter son parcours d'étudiant. le livre est découpé en deux parties : la première, avec cette école d'écriture bien inutile, et la seconde avec l'université. Son amour pour Ingvild gâché par sa relation avec son frère, lui-même blessé par un verre jeté par Karl Ove. le roman parle du mythe orphique quand Karl Ove l'étudie, et c'est assez amusant, car sa vie prend le même chemin. On voit que l'art, c'est quelque chose qu'il ne maîtrise pas au départ (et puis est ce que l'art est quelque chose qui se maitrise ?), que son école d'artiste n'a servi à rien à part miner sa confiance (ce qui n'est pas plus mal non plus pour sortir de ses automatismes, ses archaïsmes enfantins). Il y a toujours ce même sentiment de solitude et de métamorphose, le côté docteur Jekyll et mister Hyde que les ados ou étudiants connaissent bien, surtout les vendredis matins…

Autre chose, toujours cette littérature à la fois dans le dévoilement, mais qui suit aussi la réflexion sur soi dans ce qu'elle peut avoir de parcellaire : par exemple, Ingvild, qu'il décrit depuis le tome précédent, qu'on imagine avec ses yeux, donc. Il faut attendre la moitié du tome pour découvrir que c'est le portrait craché de sa mère. Et je trouve que c'est fort, de rester à ce point là dans l'écriture des choses telles qu'elles ont été vécues, des années plus tard. C'est là le talent de Knausgaard. Un autre auteur l'aurait précisé dès le début, mais non, lui conserve les zones d'ombres dans lesquelles il a été : de ne pas voir l'éléphant dans la pièce. C'est ainsi que le livre est un travail romanesque peut-être plus qu'autobiographique. le Karl Ove auteur n'empiète pas sur le Karl Ove personnage. Ce qu'il découvre sera méthodiquement construit, comme s'il s'agissait d'un autre que lui. Avoir ce recul sur soi-même, ce recul pour admettre des choses inadmissibles (dans le sens de la morale), ben c'est même plus du courage qu'il faut. Les journalistes niaiseux du Nouvel Obs devraient en prendre de la graine.



Ma chronique est moins détaillée que d'habitude, c'est parce que je vais faire une vidéo plus complète sur l'auteur d'ici la fin du mois, je vous mettrai le lien : « Karl Ove Knausgaard, Écrire, c'est trahir ? ». Plus que le dernier (et Au printemps pour la route !)



Lien : https://www.youtube.com/watch?v=HfSR836i_hE&t=1368s


Lien : https://www.youtube.com/watc..
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Aux confins du monde

Si je devais refaire un parallèle avec le cycle Antoine Doinel, celui-ci ce serait un mélange entre le court-métrage Antoine et Colette et Baisers volés. L'envie d'être aimé, d'être touché par une femme. Mais je ne veux pas trop rester dans cette comparaison, car il y a aussi l'aspect le plus vénéneux de l'adolescence. Dans Aux confins du monde, il décrit cette nuit sombre qui s'éternise aux accents de Salinger (qu'il cite d'ailleurs). le trop plein d'émotions, d'impulsion, le besoin d'être aimé, le rejet de sa famille quand il s'enferme dans un cercle jusqu'au boutiste. Les premiers retours sur ses textes, celui de son frère, qu'il le trouve assez bon pour une jeune de 19 ans, pas assez pour être édité. On ne peut que se reconnaitre dans ce texte, ce long tunnel noir qu'est la fin de l'adolescence, une passerelle entre le monde de l'enfance et des adultes. Ce monde en entonnoir, où l'on commence à percevoir que les portes se referment, que le monde n'est pas qu'une grand terrain vague praticable avec un peu de volonté. Qu'on est seul, et qu'on le sera toujours. La fin de l'adolescence, c'est ce moment où l'on est aux confins du monde, où on peut basculer. Les confins, c'est aussi l'inconscient, là où la morale pose les armes « Ces pensées, je savais à peine que je les avais, elles existaient dans une sorte de confins, et quand elles survenaient, presque explosives, je ne les retenais pas mais les laissais repartir d'où elles venaient, et c'était comme si elles n'existaient pas ». C'est un livre-miroir, j'ai l'impression de m'y voir, même si ce n'est pas exactement ma jeunesse. Et je pressens déjà l'effet groggy que je vais ressentir après avoir fini le cycle, cette tristesse, ce vide. Ça ne me le fait pas pour beaucoup d'auteurs, de sentir cette attache, cette gueule de bois post-lecture…



Ma chronique est moins détaillée que d'habitude, c'est parce que je vais faire une vidéo plus complète sur l'auteur d'ici la fin du mois, je vous mettrai le lien : « Karl Ove Knausgaard, Écrire, c'est trahir ? ». Plus que 2 tomes !



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Jeune homme

Il s'agit dans ce troisième tome de se concentrer sur l'enfance de Karl Ove : entre une mère aimante et un père dont la toute-puissance et l'imprévisibilité l'effraient. On assiste à son premier jour d'école, à toutes les stratégies qu'il met en place pour ne pas se faire prendre quand il fait une bêtise, et on lit ça avec une certaine tendresse et mélancolie. Car quand on voit certains « personnages », comme la grand-mère paternelle, et qu'on sait la fin tragique de ceux-ci, eh bien, une petite musique triste se met en place dans notre tête (et puis on s'imagine, nous, nos proches, suivre les mêmes destinées). C'est là où je trouve que Karl Ove Knausgaard est très bon : dans cette plasticité du temps, qui nous fait voir plusieurs facettes de chaque personne et nous met face à l'absence d'identité pérenne. On meurt et on renait chaque jour, difficile de voir le même père à 30 ans qu'à la cinquantaine/ soixantaine. Je pense que tout le monde peut partager ce même sentiment face à ses parents. C'est à la fois grandir et voir les faiblesses, les compromissions des adultes, mais aussi ce changement imperceptible qui se fait pourtant chaque jour et nous rapproche de la vision qu'on a d'eux (peut-être que j'extrapole). le livre m'a plusieurs fois évoqué Les quatre cents coups de Truffaut, la verticalité du père, les bêtises qu'on trouve forcément attendrissantes, le côté libre aussi (j'imagine moins des enfants de 7/8 ans de nos jours crapahuter de lotissement en lotissement).



Ma chronique est moins détaillée que d'habitude, c'est parce que je vais faire une vidéo plus complète sur l'auteur d'ici la fin du mois, je vous mettrai le lien : « Karl Ove Knausgaard, Écrire, c'est trahir ? ». Plus que 3 tomes !



Lien : https://www.youtube.com/watch?v=HfSR836i_hE&t=1368s


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La mort d'un père

La mort d'un père commence sur la mort, justement. La non-vie du corps, le déroulement des évènements après le dernier souffle. Un mémento mori, comme une note d'intention, viser à redonner vie à ce qui n'est plus. On a comparé Knausgaard à Proust (lui-même je pense souhaite cette comparaison, car c'est l'un des rares auteurs cités dans ce premier volume), et je trouve que l'analogie se tient : on a l'impression de voir l'auteur debout face à ses paperolles, des plis d'histoires qui en referment d'autres, où tout s'articule avec virtuosité, tout en partant, comme dirait certains, dans tous les sens. L'âge est plastique, car on passe de 12 à 16, sans logique, et l'on voit se superposer d'un côté le Karl ove qui vit et de l'autre celui qui écrit, comment sortir du cadre lui permet le recul nécessaire pour se raconter, comment ce n'est pas tant ce qui se passe que la minutie quasi-maniaque pour la dire. Car comme j'avais pu le dire pour Jaenada, (et qui colle parfaitement à Proust aussi), il s'agit d'une littérature au microscope, où chaque phrase se déroule comme la feuille d'une fougère, où l'on observe l'auteur l'essorer devant nous jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien. Une obsession à extirper les faits les plus simples, les plus banals de l'ombre et de l'oubli. de recolorer les souvenirs, aussi vains que cela puisse paraitre, car le réel revient, implacable : « — J'espère que c'est ouvert au moins, dit Yngve en grimpant les six marches de l'escalier autrefois peint en rouge foncé mais maintenant tout gris. » Il faut recontextualiser ce passage Karl Ove et son frère Yngve reviennent chez leur père à la mort de celui-ci, et toute la deuxième partie est centré sur ça. Ce sera décrire à la fois leur relation difficile, mais aussi la mort terrible de ce père devenu alcoolique.



Le romanesque ne prend pas le dessus ; les frustrations, les non-dits restent en place, comme dans la vraie vie. Par exemple, on n'en sait pas plus sur le mystère de la mort du père. J'ai entendu parler de réconciliation, et je ne suis pas d'accord ; pour moi, c'est plus le gâchis, l'énorme valise qu'il lui reste et qu'il va devoir gérer. Et comme c'est symbolisé par la crasse de la maison du père et de la grand-mère dans ce premier tome, il retourne complètement le foyer familial en s'en servant sans filtre, sans stratagème artistique. C'est peut-être pour cette raison que sa famille a qualifié le livre de « littérature de Judas ». Un mal nécessaire selon moi pour faire un grand livre, dans un pays et un foyer où les choses se cachent et ne se disent plus. "Dans cette maison où on avait toujours soigneusement fait barrière aux regards indiscrets, où on avait toujours veillé à être irréprochable sur tout ce qui se voyait, depuis l'habillement jusqu'au jardin sans oublier la façade de la maison, la voiture et le comportement des enfants, mettre une bouteille d'alcool à une fenêtre, qui plus est éclairée, était un geste absolument impensable."



Je vais faire une vidéo plus complète sur l'auteur d'ici la fin du mois, je vous mettrai le lien : « Karl Ove Knausgaard, Écrire, c'est trahir ? »



Lien : https://www.youtube.com/watch?v=HfSR836i_hE&t=1368s


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Fin de combat

C’est le retour de bâton. Par un vertigineux effet miroir dans ce dernier tome de son autofiction, la réalité rattrape Karl Ove, qui doit faire face à la tornade qu’il a déclenchée à l’extérieur (son oncle veut lui faire un procès), mais aussi à l’intérieur de sa cellule familiale. Car en se mettant lui-même en danger, en refusant au moi social toute légitimité dans son entreprise, il a mis en danger Linda, sa femme fragile psychiquement. C’est le prix à payer d’une œuvre littéraire aussi extrême et c'est la quête de l’absolu d’un homme amoureux.

Avant d‘ arriver à la fin des 1400 pages mais aussi à la fin du cycle d’écriture, avant de boucler cette boucle que Karl Ove referme sur lui-même, on aura à passer sous les fourches caudines d’un essai sur Hitler et d’un cours de philologie de haute volée sur Paul Celan, James Joyce, La Bible…

Vertigineux et réservé aux lecteurs des premiers tomes.



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Fin de combat

Dernière partie de cette saga ... plus de 1300 pages encore ... Karl Ove n'hésite pas ... nous non plus car j'avoue que ce bouquin peut en effrayer plus d'un .... et pourtant je suis ravie d'aller passer quelques heures avec lui !



Des rencontres insolites ...

Comme celle avec le crapaud sonneur à ventre de feu qui ne vit que dans un petit coin perdu en Suède et peut être un peu aussi en Finlande et il semble qu'on peut le rencontrer maintenant près de chez nous en Lorraine ...

Ou encore comme celle avec une mère qui laisse des souvenirs lors des courses de Noël , elle n'avait "jamais beaucoup d'argent, mais si j'avais besoin de quelque chose," elle disait "qu'est ce qu'une saucisse de plus à l'heure de l'abattoir".

Nous partons dans une longue, très longue digression sur le nom, ce qu'il représente dans la littérature... Flaubert et Me Bovary ... Cervantès et Don Quichotte ... Shakespeare et Hamlet ... Ulysse et .... beaucoup (trop ?) d'auteurs cités, Proust, Hamsun, Kafka, Joyce, ... eux aussi décortiqués triturés jusqu'au squelette !

Et la poésie de Paul Ceylan va nous occuper de nombreuses, très nombreuses pages pour la disséquer mot à mot et donner des interprétations diverses avec des références littéraires très pointues (trop ?).

Suit, une longue, très longue analyse du personnage d'Hitler et de son livre Mein Kampf, "le livre le plus litigieux de notre époque, non pas de tant à cause de son contenu proprement dit, mais bien parce que ce contenu a été concrétisé dans la réalité." Et encore une analyse de ce que fut la vie d'Hitler à l'aide de biographies publiées comme "Adolf Hitler, mon ami d'enfance" de Kubizek, "Hitler" de Ian Kershaw, et tant d'autres références.



Il faut beaucoup de courage et de persévérance pour se lancer et se tenir à cette lecture ... contrairement aux autres tomes, ce dernier se décompose en deux parties l'une où comme d'habitude nous vivons à côté de Karl Ove et partageons ses réflexions et l'autre, profitant du départ de Linda et des enfants en Corse, pour examiner ses écrits où il se torture l'esprit dans des réflexions intellectuelles maladives qui deviennent vite incompréhensibles "c'est là... que s'est produit la transition du religieux au sécularisé ... dans le soi, c'est à dire dans la compréhension du je par rapport au ça, au nous et au ils."



Écrire plus de 4600 pages pour se débarrasser du besoin de l'écriture pour arriver enfin à se dire "je ne suis plus écrivain".

Vraiment pas la conclusion que j'attendais !
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La mort d'un père

J'ai lu ce roman dans le cadre de mes cours, et je ne l'ai pas vraiment apprécié. Je me suis ouverte à ce genre de lecture qu'est l'autobiographie, norvégienne ici, mais cela ne m'a pas plus. J'ai eu l'impression de lire un livre presque inutile, la vie de l'auteur est lassante et triste si on peut dire ça comme cela. Je n'ai pas réussi à accrocher à son histoire. De plus les descriptions longues ( et inutiles il faut le dire) sont nombreuses. Je remarque tout de même que l'auteur à un certain talent à raconter sa vie et à faire de longues descriptions, assez minutieuses. Je respecte le travail derrière ce roman mais je n'ai pas aimé.
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Aux confins du monde

Autre pensionnaire sur une île déserte, je m'étais pourtant forcée à le commencer pour honorer ce cadeau d'une cousine éloignée qui m'avait profondément touché, car, me disait-elle, le livre parlait du métier de prof. Mais Madeleine n'avait pas compris qu'il parlait surtout de sexualité, ou du moins de la recherche de la jouissance dans une femme d'un jeune adulte qui aspire à devenir écrivain aux confins du monde, à l'extrème nord de la Norvège. Et, en tant que femme, j'ai été touchée de voir une âme masculine tant à nu, qui aspire à la chatte, à l'amour, et à la vie finalement, je vous préviens, vous ne vous ferez plus prendre par derrière (et même en dégueulant) sans y voir de la beauté d'une vie qui n'aspire qu'à vivre. Et intensément.
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Aux confins du monde

Je viens de terminer ce quatrième tome de la saga de Hausgaard. Suis impatient de découvrir le dernier.

Aux confins du monde est le plus intéressant avec la mort d'un père.
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Jeune homme

Je viens de commencer Jeune Homme après avoir terminé une homme amoureux (bof ...ai moins accroché ) et la mort d'un père.

Ce premier tome est simplement éblouissant ...l'auteur raconte sa vie et sa jeunesse et c'est qu'au milieu du livre qu'on en arrive à la mort de son père.



Ce n'est qu'après quelques centaines de page ou l'auteur raconte son enfance (on est perdu dans les détails), on arrive sur la mort du père et ses errements alcooliques que l'on peut saisir en gros plan.

La description de la crasse de l'appartement squatté par son père procure certes un sentiment de malaise au lecteur mais donne au récit toute sa grandeur et son authenticité
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Comme il pleut sur la ville

J'ai choisi ce livre dans le cadre du concours Masse critique. Ce "gargantuesque" roman autobiographique de Karl Ove Knausgaard est pour ma part une crème. J'ai beaucoup aimé la fluidité de son écriture ainsi que sa légèreté.

J'ai, grâce à lui découvert la Norvège et j'ai ce sentiment d'avoir voyagé en même temps que lui, d'avoir ressenti les mêmes émotions et je trouve cela grandiose. Une prouesse, pour ma part, car à aucun moment je n'ai senti de l'autosatisfaction dans son écriture, qui bien au contraire, est pleine d'humilité.

Karl Ove Knausgaard nous fait part de ses doutes, de ses fragilités durant sa jeunesse.

Ce roman fut une belle découverte, que je n'aurais sûrement pas connu s'il n'y avait pas eu la masse critique. Merci Babelio
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Un homme amoureux

C'est sans aucun doute un bon livre mais pour moi, cela s'arrête là, je n'ai pas accroché à tous les détails qui deviennent à la longue plus que lassants. Toute vie mérite d'être racontée j'imagine mais je n'ai pas trouvé exceptionnel, je n'ai pas eu d'émotion qui fait qu'on a envie de lire autre chose de cet auteur. C'est long, très long pour une histoire qui ne m'a pas captivée. Mais bravo pour tout le travail malgré ma note moitié-moitié.
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Aux confins du monde

Un très bon roman (autobiographique) sur la vie d’un adolescent. Il manque de l’attention de son père. Il part dans le Nord de la Norvège à 18 ans, dans une école, comme prof, pour une année. Mais son rêve est de devenir écrivain. Il nous raconte ses soirées de beuveries et les lendemains où il ne se souvient de presque rien. Il boit pour se rapprocher des filles, il ne veut plus être puceau, mais c’est un fiasco ! Pour ceux qui ont été dans le Nord, il y a de très belles descriptions de paysages. Parfois le texte est assez cru ! HS
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La mort d'un père

J'ai eu du mal à entrer dans cette lecture et n'ai commencé à m'y intéresser vraiment que vers la page 200 ,là , le style fluide, poétique, ce récit sur l'enfance ,la jeunesse, m'ont happée si j'ose dire ! Cependant je rapprocherais l'auteur de Georges Perec et du Nouveau Roman plutôt que de Proust ,souvent cité. J'ai également regretté que l'auteur n'essaie pas d'élucider ,de comprendre la mort de son père ( qui ,à mon avis, ressemble à un suicide ) ni sa déchéance due à l' alcool .Son regard est centré sur lui-même et est très nombriliste. Mais quel talent d'écriture !
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La mort d'un père

Jeune garçon Karl Øve raconte son adolescence inquiète et banale sur laquelle plane l'ombre d'un père qui, s'il n'est que peu présent physiquement, prend beaucoup de place dans les questionnements de son fils cadet. Si les amis de Karl Øve prennent corps dans ce récit impressionniste, le monde des adultes n'est qu'esquissé : une mère absente qui fait des études dans une autre ville, un frère qui a quitté (fuit ?) la maison familiale, un père qui l'esquive. C'est pourtant bien lui le sujet de ce récit qui se poursuit 10 ans plus tard alors qu'il est retrouvé mort par sa mère chez qui il s'est retiré du monde et noyé dans l'alcool. Tout en finesse et en non-dits, Knausgaard esquisse au fil des pages l'histoire de sa "relation" toxique et ratée avec ce père détesté dont il aurait tant voulu (je crois) attirer regard.
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La mort d'un père

Premier tome d'une longue autobiographie, ce livre m'a plutôt déconcerté. Dans la première partie je me demandais où donc s'en allait l'auteur qui n'avait pas trop l'air de le savoir lui-même. Des bribes désordonnés de sa vie, des réflexions sur tout et rien, certaines profondes, d'autres futiles, on ne peut même pas parler de digressions tellement le fil principal n'est pas établi. Par contre dans la deuxième partie tout tombe en place, on aborde, enfin, la mort du père et l'impact sur le narrateur et sa famille immédiate. Et à partir de là, autant la structure que le sens deviennent intelligibles. Les réflexions sont d'une lucidité crue, les prises de conscience appropriées, le sujet amplement fouillé. Tout au long l'écriture est fluide, jolie et on sent une honnêteté du propos, Les critiques glanées ici et là semblent unanimes à trouver le deuxième tome de beaucoup supérieur à celui-ci. Assez pour que je m'y aventure? Ça reste à voir...
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