Chronique vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=p815o1ai-o0&ab_channel=YasminaBehagle
On va suivre plusieurs personnages sur deux jours du mois d'août en Norvège, deux jours particuliers puisque apparait une étrange étoile dans le ciel, qui va avoir des conséquences sur la vie de chacun d'entre eux. Est-elle le symbole d'une ère nouvelle ou de la fin du monde ?
Mon avis ?
Ce n'est pas le meilleur livre de Knausgaard, bien qu'on reconnaisse sa patte. J'ai pris du plaisir à le lire, mais une fois refermé, une fois la décantation activée, j'ai pas mal de questionnements esthétiques ou au niveau de l'intrigue. Un goût d'inachevé. Je vais commencer par ce qui m'a plu dans ce roman. D'abord, Knausgaard est très bon pour ce qui est de décrire la psychologie humaine. Il arrive à rentrer dans la tête de ses personnages comme personne, et rend chacun d'eux très convaincants. Je me rappelle qu'il avait fait, dans son Cycle des saisons cette expérience, de passer du je-Knausgaard à un je-personnage au sein d'une même phrase, ce qui mettait vraiment en scène de manière littérale ce que c'est, d'écrire, d'un côté la fictionnalisation obligatoire, même au sein d'une autobiographie, ce qui permet de remettre le pacte avec le lecteur en question, mais aussi de montrer le naturel avec lequel un auteur chausse les souliers de ses personnages, comment ce mensonge, car toute histoire en est un, se fait dans une sorte d'état d'hypnose.
Et dans l'Etoile du matin, quand on a lu Mon combat, son cycle autobiographique, on reconnait des proches ou lui-même dans les traits de ses personnages. Par exemple, Arne vit avec une femme bipolaire, comme l'est Linda, l'ex-femme de Knausgaard, et ce même personnage est bourru et alcoolique, comme son père l'était. En fait, on voit ce qu'est l'écriture, le fait de mettre de soi, de son entourage, de son environnement dans son texte et on le voit de manière concrète. Pour ceux qui l'ont lu, ce sera une sorte de jeu de correspondance qui se met en place, deviner qui se cache sous les traits de qui.
Parallèlement, j'ai eu du mal à ne pas voir dans le découpage de son livre, avec de multiples personnages, une facilité. C'est quelque chose qu'on voit beaucoup de nos jours, un montage comme les séries, ou l'on suit tel personnage sur une période, puis on termine sur un cliffhanger un peu facile et on se penche sur un autre. Souvent, dans la dernière partie du livre, le lien qui les unit tous est explicité, et ils sont réunis dans une scène de réconciliation et d'apaisement chorale. Eh bien Knausgaard ne nous donne pas cette satisfaction. A aucun moment on ne sait pourquoi il parle de tel personnage, qu'est-ce qui le relie aux autres, pourquoi eux et pas d'autres,… Ce qui est justement l'un des questionnement que j'ai, je ne sais pas encore si je trouve ça paresseux ou couillu à vrai dire. J'aime d'un côté qu'il nous facilite pas la tâche, et de l'autre, je trouve que la fin est un peu brouillon, que c'est comme s'il lâchait peu à peu les fils de chaque destin au lieu de les tenir d'une main de maitre. le livre fait quand même plus de 800 pages, on se demande pourquoi il écrit sur tel personnage sans en reparler par la suite (et en même temps, je comprends aussi le geste esthétique, le « parce que je peux » démiurgique de l'auteur, qui souligne nos propres questionnements existentiels). Auteur qu'on retrouve sous les traits d'Egil, qui est un des personnages les plus intéressants du roman, double de Knausgaard je pense, qui suite à sa conversion s'interroge sur la place de l'homme et de Dieu dans le monde. Son personnage, je pense que des experts en théologie parviendrait mieux que moi à faire le lien, mais il a un rapport avec la connaissance, avec le fruit défendu. Dans sa partie, on voit souvent apparaitre des serpents, et un pommier — il parle d'ailleurs pendant plusieurs pages de la parabole d'Adam et Eve chassés du paradis. Lui est le fils d'un riche homme d'affaire et erre un peu comme Adam et Eve sans trop de but — il a abandonné les documentaires qu'il réalisait, et écrit un livre sur les morts, sur la vie après la mort, livre dans le livre qui clot L'étoile du matin. Je pense que chaque personnage, en tout cas, c'est l'intuition que j'en ai, reprend une parabole, ou une figure biblique importante. J'aimerais bien comme je disais que des spécialistes expliquent le roman du point de vue religieux, car je pense que c'est une énigme, un roman à clé, à plusieurs sens, et que beaucoup d'entre eux sont encore fermés pour moi.
Par contre, ce que je regrette, c'est qu'il y a moins de travail sur le style que dans ses autres livres. Knausgaard le reconnait lui-même, ce n'est pas un grand stylisticien, ce n'est pas son but en tout cas, de travailler sur la langue — il ne travaille pas dans l'obsession de la phrase parfaite, mais plutôt en jet, de ce que j'ai compris — c'est-à-dire qu'il s'enferme pendant des heures et écrit sans discontinuer. Et en général, et même dans celui-ci, ça marche : il parvient à atteindre une sincérité, un naturel que trop de sophistication pourrait empêcher. Mais dans celui-ci, il y a aussi beaucoup de répétitions, je ne compte pas le nombre d'épaules haussées ou de tête hochées, peut-être parce que j'ai corrigé le mien récemment, et que c'était un tic aussi que j'ai, et que beaucoup d'auteurs doivent avoir. Pareil pour la mer, dès qu'elle est mentionnée, elle est associé à l'adjectif « étale ». Beaucoup de « mais » ou de « puis ». Je ne sais pas si c'est un problème de traduction — peut-être qu'il y a plus de synonymes en norvégien, et que c'est difficile de le traduire sans perdre la nuance. En tout cas, ce sont des répétitions qu'on n'admettrait pas chez un débutant, et je pense qu'on devrait être d'autant plus intransigeant avec les auteurs bien installés. C'est toujours la même impression que quand un auteur est bien positionné dans le champ littéraire, on n'ose moins souligner des problèmes comme ceux que je viens de décrire, et je trouve que c'est dommage, qu'on devrait au contraire continuer de les aider à atteindre le roman parfait.
Toutefois, je le recommande quand même, ces petits détails n'entachent la lecture que si on est obsessionnel comme je le suis. Knausgaard arrive à rendre ses personnages très convaincants, et surtout, c'est l'auteur du quotidien par excellence. C'est lui qui parvient à décrire le bruit de l'eau qu'on fait bouillir pour le thé, c'est pour ça que dans ma première vidéo où je parlais de lui, je disais qu'il m'évoquait ces vidéos de femmes qui font la cuisine ou le ménage, de nature porn, c'est-à-dire de miroir de nos vies, le roman qui ne parle de rien d'autre que nous et du monde qui nous entoure.
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Une réflexion très intéressante sur notre mémoire.
Il est vrai qu'il n'est guère facile de remonter dans notre histoire et de retrouver ses souvenirs !
Des photographies peuvent aider mais nous aident elles vraiment à retrouver la vérité de l'instant, nos émotions d'alors, ou simplement ce que notre mémoire a bien voulu conserver ?
En lisant ces pages d'interrogations, je me retrouve moi aussi plongée dans mon passé et l'émotion me saisit et me laisse pleine de nostalgie envers ce qui a été, ce qui a été ressenti, ce qui a été fait, ce qui n'a pas été fait ou ce qui a été mal fait !
Troisième partie de ce combat, le combat de Karl Ove pour exister et être ce qu'il est aujourd'hui.
Il est vrai que l'on passe plus de 500 pages à écouter ce qu'il nous dit en regardant son nombril !
Pour moi, quand je commence un de ces livres, le temps s'arrête, la vie est suspendue et je l'écoute se raconter.
En même temps, quand je ferme les yeux, je me replonge moi aussi dans ce qui a été ma vie.
Je retrouve mes émotions, mes chagrins, mes bonheurs petits ou grands, mes espoirs ... et je constate comment moi aussi toutes ces étapes m'ont aidé à grandir et à devenir ce que je suis devenue et pourquoi je suis comme je suis aujourd'hui.
Lire mon combat est pour moi, une bouée de sauvetage pour m'aider à me rappeler mes souvenirs, à prendre du plaisir à ces pensées sans nostalgie, juste le bonheur d'avoir vécu ma vie.
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Alors comment dire... J'aime toujours autant découvrir par le détail le mode de vie nordique, ici plus particulièrement l'univers scolaire d'un petit bled dans le nord du pays : petits groupes, rapport à l'enseignant complètement différent, mélange d'âges, jeunesse des professeurs... Les liens père/fils, ainsi qu'avec les grands-parents sont également intéressants. Les relations humaines en général me plaisent beaucoup, ainsi que les paysages, le décalage avec notre mode de vie français.
Par contre, ses obsessions... Ses cuites à répétition, son obsession du dépucelage, son éjaculation précoce, tout cela m'a saoulé ! C'est répétitif, lassant, décevant. Mais cela est certainement très vrai, j'ai parfaitement en tête un jeune Karl Ove complètement torché et obsédé. Mais à la lecture cela est long, très long. Oui, le jeune homme est imbu de lui-même, se sent le centre du monde, je le sais, je l'accepte, et cela me plaît en fait. Mais point trop n'en faut hein.
Allez, maintenant qu'il a passé le cap, qu'il a évacué cette obsession, j'espère que le prochain tome n'aura pas le même écueil.
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Karl Ove Knausgaard, né en 1968 à Oslo, est un romancier norvégien connu pour son cycle de romans autobiographiques intitulé Mon combat. Après des études d'art et de littérature à l'université de Bergen il publie un premier roman en 1998 et reçoit pour son livre le prix de la Critique. Karl Ove Knausgaard vit en Suède avec sa femme, elle aussi écrivain, et leurs quatre enfants. La Mort d’un père qui date de 2009 et premier volume des six composant le cycle, vient d’être réédité en poche.
Le bouquin est divisé en deux parties, la première - assez banale d’un point de vue narratif - présente les acteurs, évoque la jeunesse de l’auteur et sa famille. Son père professeur au collège et membre du conseil municipal sur une liste de gauche, sa mère et son frère aîné Yngve. L’empreinte du père est forte sur Karl Ove, dès qu’il entre dans la maison l’atmosphère change et tout le monde se tient à carreau, heureusement il y a sa mère, « Avec elle, je pouvais parler, et de tout. Avec papa, je ne pouvais rien dire. » Les années passent, l’adolescent a les préoccupations des garçons de son âge, les copains, le rock et les filles et une propension à l’alcool. Cette partie s’achève sur le divorce de ses parents et un échange abrupte entre le père et le fils, « - Ta mère et moi avons décidé de divorcer, dit-il. – Ah bon ? »
La seconde partie entre dans le vif du sujet. Karl Ove est adulte, marié, sa femme attend leur enfant et lui écrit son second roman. Le père décède et le texte prend une tournure plus dense et plus dure. Le père était devenu un alcoolique total, revenu vivre chez sa vieille mère, faisant de leur maison un taudis ignoble, ce que découvrirons les deux frères venus s’occuper des formalités de l’enterrement. L’écrivain déploie alors tout son talent à marier les scènes du présent, l’insoutenable état des lieux à récurer et la grand-mère devenue sénile, les souvenirs du passé revenant en mémoire de Karl Ove Knausgaard où petit à petit, la personnalité de son père se dessine plus clairement.
Roman très compact, très dense, les détails les plus anodins abondent et les interrogations existentielles de l’auteur, ainsi que l’analyse de ses souvenirs, ne sont pas sans évoquer à la lecture de quelques pages, une sorte de Proust nordique, du moins y ai-je pensé une fois ou deux. Certaines scènes sont pénibles à lire, sentiment renforcé par le fait qu’on suppose qu’elles ont dû être encore plus pénibles à écrire ! Etaler ainsi cette intimité familiale pas toujours reluisante, est certainement une épreuve à haut risque. En me renseignant sur l’auteur, j’ai appris sans étonnement que le livre avait créé une polémique au sein de sa famille et ouvert un débat national « sur ce que devrait être la littérature et la place à accorder au privé dans une écriture rendue publique ».
Le livre aborde aussi, l’essence de l’écriture, « Qu’un autre constituant de la littérature, comme le style, l’intrigue ou la thématique, prennent le dessus sur la forme, et le résultat est médiocre. (…) Il faut que la puissance du style et de la thématique se décompose pour que la littérature apparaisse », mais aussi des réflexions sur l’Art qui lui-même renvoie à la Mort et donc au cœur de ce bouquin fascinant.
J’ai lu cet ouvrage par hasard (envoi d’office par l’éditeur). Je m’y suis lancé dubitativement, craignant l’ennui qui n’était jamais loin au fur et à mesure que les pages défilaient mais pourtant, impossible de le lâcher. J’ai dit précédemment, bouquin fascinant, et je pense que c’est là sa grande force, KOK (l’homme) m’a énervé, agacé, ému… A cette heure, je ne sais pas si j’ai vraiment envie de lire les cinq autres volumes (Mais si Monsieur Folio insiste…) par contre ce qui est sûr, c’est que finalement je ne regrette pas d’avoir vécu l’expérience de celui-ci.
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J'avais repéré les livres de Karl Ove Knausgard, souvent mis en avant dans les médiathèques ou les librairies, mais j'hésitais... J'ai fini par acheter celui qui me tentait le plus : "La mort d'un père". Je l'ai commencé et l'ai arrêté après une petite centaine de pages. le personnage principal, Karl Ove lui même, m'agaçait. Je l'ai repris peu après car je me trouvais en voyage à Oslo, ville qu'on retrouve beaucoup dans cette histoire autobiographique. Je l'ai lu entre deux expositions sur Edgar Munch, entre deux balades dans la ville et, cette fois, j'ai adoré ! Il m'a donc fallu un peu de temps pour entrer dans la vie de Karl Ove, peut-être le temps qu'il nous faut parfois pour nous regarder nos propres vies et nous découvrir nous-même, avec notre complexité, nos paradoxes, nos doutes, nos errances sentimentales... notre simple humanité ? Quoi qu'il en soit, j'ai finalement découvert un grand auteur, qui m'a bouleversée. J'ai corné certaines pages que je trouve magnifiques, à la fois brutes et intensément poétiques. Je viens d'acheter le livre 2, "Un homme amoureux" et, cette fois, j'ai hâte de m'y plonger.
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Il était une fois, c'est bien comme ça que commence toutes les histoires ... il était une fois un homme, Karl Ove Knausgaard, qui a choisi de nous raconter sa vie ou comme il choisit de la nommer son combat.
Tout commença pour nous français,
En 2012 avec "La mort d'un père" Livre I
En 2014 avec "Un homme amoureux" Livre II
En 2016 avec "Jeune homme" livre III
En 2017 avec "Aux confins du monde" livre IV
Et nous voici en 2019 avec le livre V.
Cette partie concerne Bergen, la ville de Bergen toujours noyée sous la pluie, Bergen, Vivre à Bergen .... "ville entonnoir"
Passer plus de 800 pages à déambuler dans Bergen, quitter la ville, pour y revenir à chaque fois .... Et côtoyer des auteurs connus et reconnus.
Avoir comme professeurs :
Ragnar Hovland, écrivain, traducteur, musicien, linguiste, auteur de littérature pour la jeunesse et même poète,
Jon Fosse, écrivain, romancier, essayiste, dramaturge, il écrit également des poèmes et des livres de littérature d'enfance et de jeunesse,
Jan Kjærstad, écrivain, diplômé en théologie, cet auteur à succès est connu pour avoir écrit la trilogie de romans centrés sur le personnage star de la TV norvégienne, Jonas Wergeland. Il est aussi journaliste et critique littéraire.
Le respect de la chronologie n'est pas ce qu'a choisi Karl Ove ... même si chaque livre nous éclaire sur un passage de son existence, les dates parfois se croisent et se superposent ... nous sommes plutôt dans une introspection dans ses pensées, dans ses préoccupations du moment, ce qu'il a envie d'écouter comme musique, ce qu'il a envie de lire à un instant t , comment il apprivoise ses sentiments amoureux, les réactions de son corps à sa vie et aux événements extérieurs ou aux tentations d'une vie libre.
C'est une lecture à la fois complexe et futile quand il nous livre son analyse de tel texte ou de telle musique, quand il énumère les tâches domestiques que les circonstances lui imposent, quand il se morfond dans une mélancolie stérile et dans un apitoiement sordide sur ce qu'il a l'impression d'être ou de ne pas être, quand il nous fait partager ses errances amoureuses, ses hésitations et son sempiternel dégoût de lui même, ses chagrins devant la disparition d'être cher ou sa satisfaction de ne plus être obliger de se confronter à ses démons ...
Il y a de tout dans les romans de Karl Ove ... du très bon qui nous laisse émerveiller et du plutôt mauvais qui nous laisse sidèrer devant tant de banalités.
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Difficile de juger ce pavé : plus de 800 pages sur quelques années de la vie de l’auteur alors qu’il étudie à Bergen.
Ce qui m’a plu dans ce livre c’est l’écriture, fluide, sensible : J’ai lu ces 800 et quelques pages sans m’ennuyer. Il y a quelques très belles pages sur différents sujets, la nature, la vieillesse, les relations avec les femmes ; avec ses amis.
Ce qui m’a souvent exaspéré c’est la personnalité de l’auteur : beaucoup d’auto apitoiement, peu de remise en question, il est conscient des ses problèmes mais ne donne pas l’impression de vouloir changer. Il a du mal à accepter ce qui lui arrive de bien.
Un livre original. Je ne regrette pas cette lecture, je ne suis pas sure que je serai partante pour un autre de cet auteur.
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Je le concède, j'ai été peu séduit par le style de l'auteur, presque sans relief. Pas mal de digressions, de considérations qui amènent peu de choses au contenu du récit. J'ai compris tardivement que l'attrait de de roman autobiographique résidait dans le combat (le sous titre de ce roman s'intitule "Mon combat") dans l'épreuve que l'auteur vivait face à la mort de son père. Certains passages sont difficiles mais nous éclaire sans détours sur la mort, notre rapport à elle. C'est un roman sans concessions mais que j'ai trouvé terriblement humain.
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Troisième volet de l'autobiographie initiée par l'auteur, ce livre revient sur l'enfance de ce dernier. Sachez que le cycle complet comprendra six volumes sur cinquante années de vie.
Knausgaard commence Jeune homme en indiquant qu'il a peu de souvenirs de ses premières années. Les réminiscences les plus anciennes remontent à ses 6-7 ans (exactement comme moi) et c'est donc le point de départ de son roman.
A cette époque, c'est le début de l'école, des amitiés mais aussi d'un caractère qui s'affirme. Karl Ove est le cadet de sa fratrie (Yngve est le grand frère qui ouvre la marche) et est aussi le plus sensible. Il pleure à chaudes larmes à la moindre contrariété, est complexé par son physique (son attribut de petite taille le fait douter de sa virilité) et a beaucoup de mal à être à l'aise avec les filles. Mais le point marquant de cette période, c'est surtout sa grande crainte de son père qui règne en tyran à la maison. Lorsque le père, enseignant, est chez lui, les règles sont strictes : un silence absolu doit prévaloir et il n'est pas question d'inviter quiconque dans le huis-clos. C'en est presque oppressant car certains passages du roman montre un Karl Ove complètement tétanisé face au père impulsif et autoritaire.
Tout comme les deux premiers, ce troisième volet m'a complètement embarquée. Car dans la déconstruction, Knausgaard parvient à maintenir le lecteur dans l'attente de la suite : qu'évoquera-t-elle ? Après le décès du père, la rencontre de son épouse et ses premiers pas vers l'extérieur, que lui reste-t-il pour les trois volumes à venir ?
Mais pour l'avoir conseillé à des personnes proches je peux témoigner que ces livres-ci, soit on les aime, soit on les déteste. Car l'auteur ne cherche pas à plaire et c'est particulièrement vrai lorsqu'il écrit plusieurs pages sur sa passion de la défécation. Ames non scatologiques, s'abstenir !
Après, toute enfance est relativement similaire que ce soit en Norvège ou dans tout autre pays occidental. C'est donc le volume qui, des trois, m'a le moins harnachée même si je continue à trouver en l'auteur un certain génie de la prose.
Merci à Babelio et aux éditions Denoël pour l'envoi de ce livre, dans le cadre de l'opération "Masse critique" !
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Surprise … Karl Ove Knausgaard … pour moi c’est l’auteur norvégien à succès d’un cycle autobiographique « mon combat », passionnant disent certains (dont je suis), d’autres parlent d’un auteur nombriliste.
Après avoir menacé d’arrêter l’écriture, il a écrit un autre cycle composé de quatre livres correspondants chacun à une saison … ces romans sont destinés à donner mémoire à sa fille dernière née, de ce qu’elle n’a pas vécu, ou de ce qu’elle ne se souviendra pas.
Le hasard me fait débuter la quadrilogie par le troisième.
Un récit de quelques jours de la vie d’un père de famille s’occupant de ses quatre enfants, un emploi du temps détaillé au plus fin, heure après heure, minute après minute pendant l’hospitalisation de sa femme.
Un récit au plus près des petits riens qui occupent notre vie quotidienne avec la magie de son récit qui nous tient en haleine page après page alors qu’il ne se passe rien. C’est peut être ce qui fait l’attrait de l’écriture, ce mélange entre des détails à priori sans intérêt et des réflexions profondes sur le sens de nos vies.
Le printemps est le chef d’orchestre de cet écrit, la nature explose jour après jour jusqu’à la nuit de Walpurgis.
Je suis à la recherche des autres saisons !
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Je viens enfin de terminer comme il pleut sur la ville qui cloture la sage de Hausgaard. Le meilleur des quatres romans ...Celui qui résume toute l'oeuvre et qui met en perspective les trois précédents qui met en lumière le trauma avec son père et ses années d'errance avec l'écriture. Ses choix universitaires secondaires parce qu'il ne parvient pas à rédifer quelque chose de valable ou du moins en adéquation avec ses amis auteurs qui commencent à publier et être reconnu. Il met en lumière la difficulté de l'auteur , ses errances, ses doutes, ses démons et toute la trame de sa vie personnelle et de la relation à autrui. C'est merveilleux de lire ce dernier opus en tenant son quatrième roman et en découvrant ce que l'auteur a traversé avant d'être qui il est aujourd'hui. J'aime beaucoup sa sensibilité, son univers , sa vie déglinguée et rock and roll, ses choix musicaux (qui sont les miens) et sa vie en général.
J'ai découvert Hausgaard un peu par hasard, conseillé par une libraire après avoir rédigé mon premier manuscrit .... Le génie d'Hausgaard est sa capacité à se raconter , son enfance, ses choix amoureux , sa vie déjantée, son parcours académique en 3000 pages sans jamais lasser son lecteur.
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Le moins intéressant des quatres tomes de la saga de Karl Ove Knausagaard.
Bien en dessous de La Mort d'un père et surtout du flamboyant Comme il pleut sur la ville.
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Ça y est. Fini.
Je suis partagée.
Je l'ai trouvé un peu long, et pourtant les pavés ne me font pas peur, bien au contraire. Mais là, je pense que l'auteur aurait pu faire plus court.
Avant de le commencer, j'ai émis quelques réserves d'entrée, car il me semblait que l'histoire ou plutôt le fil de l'histoire aurait pu ressembler un tantinet à ce livre que j'ai détesté, tout comme son auteur d'ailleurs, prétentieux, imbu de lui-même, et, pour moi, n'ayant aucun talent, c'est "Dans les forêts de Sibérie" de Sylvain Tesson.
Heureusement, je ne me suis pas découragée pour autant, et j'ai bien fait.
Livre très bien écrit, et j'ai trouvé des le début du livre une addiction à son histoire si intéressante.
Alors oui, effectivement, il ne pense qu'à deux choses : les relations sexuelles et l'alcool, à ne pas se souvenir de la veille. Qu'est-ce qu'il boit ! Mais il a... 18 ans et les hormones en folie !
J'ai trouvé du plaisir à le lire, un vrai plaisir, plaisir de découvrir un nouvel auteur, mais aussi la joie de connaître cette région qui m'attire depuis longtemps, le nord du cercle arctique.
Un bon livre, pas exeptionnel certes, mais de qualité.
Ce serait dommage de passer à côté.
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Aux confins du monde est un roman autobiographique. L'auteur Karl Ove Knausgaard revient sur sa jeunesse, et notamment sur l'année qu'il a passé comme enseignant dans un petit village de pêcheurs au nord du cercle arctique.
Après lecture des critiques élogieuses sur la couverture du livre et la description de l'histoire, je suis assez déçue. En effet, j'ai failli abandonné à plusieurs reprises. C'est un roman de plus de 600 pages, où il ne se passe pas grand chose. Le "héros" est un jeune homme de dix-huit ans, imbu de lui-même qui pense avoir un destin d'écrivain. Il passe la plupart de son temps libre à boire et à faire la fête. Il a une sorte d'obsession. Il veut à tout prix perdre sa virginité.
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