Citations de Kathrine Kressman Taylor (347)
Seul un être pondéré peut rendre la justice.
Chez Max,
Comme tu pourras le constater, je t'écris sur le papier à lettre de ma banque. C'est nécessaire, car j'ai une requête à t'adresser et souhaite éviter la nouvelle censure, qui est des plus strictes.
Ma seconde lettre m'a été retourné, non ouverte avec la mention " Inconnu à cette adresse ". Quelles ténèbres véhiculent en ces mots : comment pourrait-elle être inconnu du théâtre même où elle joue ?
Vaincre le désespoir nous engage souvent dans des directions insensées.
Franchement, Max, je crois qu'à nombre d'égards Hitler est bon pour l'Allemagne, mais je n'en suis pas sûr.
“Vaincre le désespoir nous engage souvent dans des directions insensées.”
"Et c'est très important de connaître les choses comme elles sont. Pas comme tu as peur qu'elles soient, ou comment tu voudrais qu'elles soient. Ni l'un ni l'autre. Comme elles sont."
En mars 1933, Martin écrit à Max : "Franchement, Max, je crois qu'Hitler est bon pour l'Allemagne..." et puis rapidement Martin se met à faire l'éloge d'Hitler. C'est la rupture entre les deux amis : "Nous devons cesser de nous écrire. Il devient impossible pour moi de correspondre avec un juif".
Vaincre le désespoir nous engage souvent dans des directions insensées.
MARTIN
En ce qui concerne les mesures sévères qui t'affligent tellement, je dois dire que, au début, elles ne me plaisaient pas non plus ; mais j'en suis arrivé à admettre leur douloureuse nécessité. La race juive est une plaie ouverte pour toute nation qui lui a donné refuge. Je n'ai jamais haî les juifs en tant qu'individus - toi par exemple, je t'ai toujours considéré comme mon ami -, mais sache que je parle en toute honnêteté quand j'ajoute que je t'ai sincèrement aimé non à cause de ta race, mais malgré elle.
Munich le 9 juillet 1933
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La race juive est une plaie ouverte pour toute nation qui lui a donné refuge. Je n'ai jamais haï les Juifs en tant qu'individu - toi, par exemple, je t'ai toujours considéré comme un ami -, mais sache que je parle en toute honnêteté quand j'ajoute que je t'ai sincèrement aimé non à cause de ta race, mais malgré elle.
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Cordialement
Martin Schulze
Parfois.un mouvement est plus important que les hommes qui l 'initient.
L'homme que j'ai aimé comme un frère, dont le coeur a toujours débordé d'affection et d'amitié,ne peut pas s'associer, même passivement, au massacre de gens innocents.
Hélas, Max, tout cela va te blesser, je le sais, mais tu dois accepter la vérité. Parfois un mouvement est plus important que les hommes qui l'initient.
Mais les Florentins ont une longue expérience de l'adversité; sans attendre, ils se sont mis au travail. Sans un mot, résolus, opiniâtres, ils se sont attelés à cette tâche immense, proprement insurmontable.
Il était cruel. Mais elle le savait depuis le début. Elle était en partie responsable (a-t-on idée de fondre ainsi ?) et elle rougit de honte. Quand même, c'est lui qui était en demande, qui exigeait. Tandis que l'aigle s'éloignait dans un battement d'ailes, il ne restait plus à la créature innocente que la blessure laissée dans son flanc par le bec cruel. Elle l'aimerait à tout jamais. Elle porterait toute sa vie sa tristesse avec elle, sans que personne ne le sache jamais. Elle se rappela sa prémonition matinale : toute splendeur est éphémère. p.32
Et je me rallie à lui. Non, comme tu le suggères, parce que, submergé par un courant, je ne peux faire autrement, mais par libre choix. [...] Je ne m'interroge pas sur la finalité de notre action : elle est vitale, donc elle est bonne. Si elle était mauvaise, elle ne susciterait pas autant d'enthousiasme.
[...] Qui est cet Adolf Hitler qui semble en voie d'accéder au pouvoir en Allemagne ? Ce que je lis sur son compte m'inquiète beaucoup. Embrasse les gosses et notre abondante Elsa de la part de ton affectionné Max.
Alors même qu'elle lui enfonçait son visage dans les cheveux, elle voyait s’abattre sur elle l’ombre des années à venir comme des oiseaux aux ailes noires. Aussi clairement qu’un message écrit, cette vision lui révélait, au milieu de la joie, toute la cruauté future, la dureté, la longue privation, la souffrance. Elle accueillait ces mauvais présages, les serrait contre elle, contre ses seins, en même temps que le corps de l’homme.
Je ne trouve plus le repos après la lettre que tu m'as envoyée. Elle te ressemble si peu que je ne peux attribuer son contenu qu'à ta peur de la censure. L'homme que j'ai aimé comme un frère, dont le coeur a toujours débordé d'affection et d'amitié, ne peut pas s'associer, même passivement, au massacre de gens innocents.