Ken Follett

Wels révéla alors qu'il gardait une capsule de cyanure à portée de main, dans la poche de son gilet. S'il était arrêté, il était décidé à se suicider pour éviter la torture. Lloyd fut horrifié. Wels était un représentant du peuple, et se voyait contraint de se conduire comme un vulgaire saboteur.
La journée de Lloyd s'était ouverte sur de faux espoirs. Il avait considéré la loi sur les pleins pouvoirs comme une idée absurde qui ne risquait en aucun cas de se concrétiser. Il prit alors conscience que la plupart de ceux qui l'entouraient s'attendaient à ce que cette loi soit adoptée le jour même. Il avait fort mal évalué la sutuation.

Margery savait qu’elle devait l’aimer, parce qu’il avait été choisi pour être son mari par ses parents, investis d’une autorité sur elle par Dieu lui-même.

C’était en grande partie l’inconduite des évêques et de la hiérarchie catholique qui avait mené au protestantisme – étaient-ils donc incapables de s’en rendre compte ? Mais elle ne pouvait rien faire, sinon enrager.

Un prêtre pouvait condamner un homme à mort mais ne pouvait exécuter la sentence lui-même.

Julius lança d’un ton agacé :
« Il ne pouvait plus signer sans assistance, vous vous en doutez. 
— Autrement dit, reprit Dan, vous l’avez torturé jusqu’à ce que... » Il s’étrangla, des larmes ruisselant sur son visage, mais il s’obligea à poursuivre. « Vous l’avez torturé jusqu’à ce qu’il ne puisse plus écrire – et maintenant, vous prétendez qu’il a signé ce document. 
— Prétendez ? Accuseriez-vous un évêque de mentir ?
— Je dis que mon père n’a jamais reconnu être coupable d’hérésie.

— Voyons, intervint Rollo, vous n’accusez tout de même pas l’évêque de malhonnêteté !
— Je vous accuse de demander au chat s’il faut libérer la souris, rétorqua Alice.
La foule éclata de rire. Tout le monde appréciait la finesse d’esprit dans les débats. Tout le monde, sauf le juge Tilbury.

Le seul moyen de garder un secret est le silence éternel.

— Jésus ne nous dit pas qui nous devons épouser !
— Je crois que Jésus désire que je me montre obéissante.
— Cela n’a rien à voir avec la volonté de Dieu. Vos parents profitent de votre piété pour vous contraindre à agir comme ils l’entendent.
— Je regrette que vous pensiez cela.
— Allez-vous vraiment épouser le vicomte Bart de Shiring parce que l’évêque vous enjoint de le faire ?
— Je le ferai parce que c’est la volonté de Dieu.

— N’est-ce pas commettre un péché que de partager la couche d’un homme que l’on n’aime pas ?
— Non, l’Église n’enseigne pas cela.
— Elle le devrait pourtant.
— Vous autres, les protestants, vous voulez constamment réviser les lois de Dieu.
— Je ne suis pas protestant !

"La moitié des Français ne voient jamais leur curé", lança-t-il d’un ton provocant.
Il exagérait, songea Sylvie, mais la vérité était que de trop nombreux prêtres touchaient les revenus attachés à leur ministère sans jamais mettre les pieds dans leur paroisse.
L’archidiacre le savait et demeura coi. Il prit son livre et sortit, vexé.

Du temps où le commun des mortels était incapable de lire la Bible, les prêtres pouvaient raconter n’importe quoi – ce qui leur convenait à merveille. L’idée que la lumière de la parole divine puisse éclairer leur enseignement et leurs pratiques les terrifiait.

Charles était ultra-catholique – ce qui n’avait rien de surprenant compte tenu de tout l’argent que l’Église lui rapportait.

Et il avait raison à propos des protestants. Bien que Paris fût une ville fermement catholique où les prédicateurs populaires fulminaient en chaire contre l’hérésie tous les dimanches, une minorité d’habitants prêtait une oreille attentive aux accusations portées contre les prêtres qui empochaient leur prébende et ne faisaient rien pour secourir leurs paroissiens.

Certains étaient suffisamment exaspérés par la corruption de l’Église pour prendre le risque d’assister à des cultes protestants clandestins, même si c’était un crime.

Rollo ne comprenait pas sa sœur. Elle prenait la religion très au sérieux, mais avait toujours été indocile. Comment expliquer cela ? Pour Rollo, l’essence même de la religion était la soumission à l’autorité. C’était bien là le problème avec les protestants : ils estimaient avoir le droit de se faire leur propre opinion. Margery était pourtant une fervente catholique.

— Les personnages féminins sont toujours interprétés par des hommes. Les femmes n’ont pas le droit de monter sur scène.
— Pourquoi ?
— Oh, sans doute parce que nous sommes des créatures inférieures, physiquement faibles et légèrement simples d’esprit."
Le sarcasme était évident. Margery aimait Susannah pour la franchise de ses propos.

- Nous ferions mieux de remédier à ce qui pousse les gens à devenir protestants en réformant l'église catholique.

Pour les protestants, la Bible ouvrait les yeux des fidèles sur les erreurs du clergé catholique.

Le visage de l'archidiacre Peter ne reflétait pas plus de sentiment qu'une pierre. Il était de la pire espèce de chrétiens, se dit Philip, de ceux qui ne considèrent que les aspects négatifs de la religion, les proscriptions, les interdits, le sévère châtiment de tout délit ; mais il ignorait la compassion du christianisme, en niait l'esprit miséricordieux, trahissait de façon flagrante sa morale d'amour et violait ouvertement les douces lois de Jésus. Un pharisien de plus [...]

"Quand un homme est convaincu de connaître la volonté de Dieu, et qu'il est résolu à l'accomplir à tout prix, il devient l'être le plus dangereux au monde"

- Le fait que bien souvent, les prêtres mettent la main sur l'argent que les pauvres paysans leur versent sous forme de dîmes et en profitent pour vivre dans le luxe, au lieu d'accomplir leurs devoirs sacrés.

Il n'aurait jamais imaginé qu'un archidiacre pouvait emmener une jeune fille chez lui et en faire sa maîtresse.