Citations de Ken Follett (1915)
Jack se déplaça légèrement pour mieux la voir. L'intensité de son regard, la flamme qui brillait dans ses yeux ensorcelants faisaient monter en lui une émotion qui lui serait la gorge.
La peste, telle une marée montante, submergeait tout sur son passage ; rien ne lui résistait.
Kingbridge fêta bravement la fête du Pain le 1er Août. Le matin, chaque famille de la ville fit cuire sa miche. La moisson venant de rentrer, la farine était peu chère et abondante. Ceux qui n'avaient pas leur propre four apportèrent leur pain à la maison d'un voisin, aux grands fours du prieuré ou aux deux boulangers de la ville, Peggy Baxter et Jack-atte-Noven. A midi, l'air embaumait l'odeur de pain frais, aiguisant l'appétit. On disposa les miches sur des tables dressées dans la prairie, où chacun vint les admirer. Il n'y en avait pas deux pareilles. Certaines étaient fourrées aux fruits et aux épices, d'autres aux prunes, aux raisins, au gingembre, au sucre, à l'oignon, à l'ail et à d'autres choses. On voyait des pains colorés en vert avec du persil, en jaune avec du jaune d'œuf, en rouge avec du santal ou en violet avec du tournesol. Il y en avait de toutes les formes : des triangles, des cônes, des boules, des étoiles, des ovales, des pyramides, des flûtes et même des huit. D'autres, plus fantaisistes, avaient la forme de lapins, d'ours, de singes ou de dragons, et même de maisons et de châteaux. Mais, de l'avis unanime, la palme revenait au pain confectionné par Ellen et Martha, et qui représentait la cathédrale terminée, selon les plans du maçon disparu : Tom.
Les scrupules sont bons pour les privilégiés. Pour nous qui sommes nés pauvres, notre seul salut est dans la ruse.
Les Arabes considèrent qu’une œuvre d’art doit toujours avoir un petit défaut quelque part. Pour ne pas concurrencer la perfection divine, ce qui serait un sacrilège.
Vous êtes jeune, frère Godwyn. Avec le temps, vous apprendrez que les puissants ne montrent jamais de gratitude et acceptent comme un dû celle que nous leur manifestons.
Elle ne voulait pas des contraintes dont s’accompagnait le mariage : elle ne voulait pas d’un seigneur et maître, elle voulait un amant ; elle ne voulait pas consacrer sa vie à un homme, mais vivre à ses côtés.
L’homme qui prépare les onguents et les médecines a pour nom apothicaire. Lorsque c’est une femme qui exerce cette activité, on l’appelle sorcière. […] Les hommes aiment bien tuer une femme de temps en temps.
Trouver l'homme le mieux approprié à une tâche, c'était la spécialité de Perot. Bien qu'il représentât une des plus belles réussites dans l'histoire du capitalisme américain, il n'était pas le plus grand spécialiste au monde en ordinateurs, pas plus que le meilleur vendeur du monde, ni même le plus habile gestionnaire du monde. Il n'y avait qu'une chose qu'il faisait à merveille : trouver l'homme qu'il fallait, lui donner les moyens nécessaires, le motiver, puis le laisser seul faire son travail.
Et là, tout en approchant de Denver, il se demanda : qui est l'homme le mieux armé pour organiser une évasion ?
Ce fut alors qu'il pensa à Bull Simons.
-- J'ai passé le plus clair de la journée à essayer de le savoir. J'ai parlé à trois sismologues et j'ai eu trois réponses différentes.
-- C'est ça, les savants
-- Je voulaient qu'ils m'affirment catégoriquement que c'était irréalisable. Mais l'un a dit que c'était "improbable", un autre que la possibilité était "extrêmement faible", et le troisième m'a soutenu qu'il suffisait d'une bombe atomique.
-- Est-ce que ces gens... comment s'appellent-ils déjà ?
-- Les Soldats du Paradis.
-- Ils pourraient avoir un engin nucléaire ?
- Vous avez connu " l'Aiguille" , Quel genre de type est-ce ?
- A peu près aussi marrant qu'un merlan bouilli. N'empêche qu'il est le meilleur agent que nous ayons. Certains disent même le meilleur que nous ayons jamais eu. On raconte qu'il a passé cinq ans à franchir les échelons de la NKVD en Russie et qu'il a terminé comme l'un des collaborateurs les plus écouté de Staline... Je ne sais pas si c'est vrai mais c'est le genre de trucs dont il est capable. Un vrai pro. Et le Führer le sait.
- Hitler le connaît ?
L'ancien hoche le menton.
" A un certain moment il lisait personnellement tous les messages de l'Aiguille. Je me demande s'il le fait toujours. C'est pas que ça impressionnerait ce type. Tu veux que je te dise ? Die Nadel regarde tout le monde de la même manière... comme s'il pensait à la façon dont il va s'y prendre pour le tuer si tu fais un geste de travers.
Michael Ross gisait sur le sol au milieu d'une flaque de sang; il saignait des yeux, du nez, de la bouche et des oreilles. Pas besoin d'un médecin pour diagnostiquer une massive hémorragie multiple -- symptôme classique du Madoba-2 et des infections similaires. Son corps, véritable bombe à retardement bourrée du virus mortel, représentait une énorme danger. Pourtant il vivait encore; sa poitrine se soulevait et s'abaissait et un faible gargouillement sortait de sa bouche. Toni se pencha vers lui et dut s'agenouiller dans la mare poisseuse.
... Peut-être les barbares demeureront-ils toujours au pouvoir... Et la cupidité continuera peut-être de l'emporter sur la sagesse dans les conseils des puissants, et la peur d'effacer toute compassion chez un homme armé d'une épée. (p.893 / 894)
Une alouette, prise au filet d'un chasseur,
chantait alors plus doucement que jamais,
comme si les doux accents jaillis de son cœur
pouvaient libérer l'aile du filet
"Le Premier ministre regardait « Le Faucon maltais ». On avait récemment construit dans les anciennes cuisines de l’Amirauté une salle de cinéma privée avec une cinquantaine de sièges capitonnés et un rideau de velours rouge ; mais on ne l’utilisait généralement que pour visionner des raids de bombardements et pour contrôler les courts métrages de propagande avant de les diffuser.
Tard le soir, une fois mémos dictés, câbles envoyés, rapports annotés et procès verbaux paraphés, quand il était trop soucieux, furieux ou tendu pour dormir, Churchill s’asseyait dans un des profonds fauteuils du premier rang, un verre de cognac à la main, pour s’abandonner aux derniers enchantements arrivés de Hollywood.
Digby arriva au moment où Humphrey Bogart expliquait à Mary Astor qu’un homme dont l’associé se fait tuer se doit de réagir. Une épaisse fumée de cigare flottait dans l’air. Churchill désigna un fauteuil à Digby qui s’installa pour profiter des dernières minutes du film. Tandis que le début du générique apparaissait en surimpression devant la statuette d’un faucon noir, Digby expliqua à son patron que la Luftwaffe semblait prévenue de l’arrivée des appareils du Bomber Command.
L’exposé terminé, Churchill garda quelques instants les yeux fixés sur l’écran, comme s’il attendait de découvrir qui jouait le rôle de Bryan. Si un délicieux sourire et un pétillement au fond de ses yeux bleus le rendaient parfois charmant, il semblait ce soir-là plongé dans de sombres pensées."
Page 473 : « L'important c'est ce qu'un homme laisse dans l'esprit d'autrui ».