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Critiques de Khaled Khalifa (8)
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Pas de couteaux dans les cuisines de cette ..

Alep, 30 novembre 2016

Terrorisés par deux semaines de bombardements, à court de nourriture après quatre mois de siège, les habitants des quartiers est d'Alep, contrôlés par la rébellion anti-Assad, ont choisi de passer de l'autre côté, dans les secteurs ouest, aux mains des forces loyalistes. Un trajet à haut risque, qu'ils se sont décidés à emprunter sous l'effet de la peur, de la faim et peut-être aussi de la propagande gouvernementale, appelant les gens à quitter les zones aux mains des " terroristes ", le terme que Damas réserve à tous ses opposants ( le Monde 30/11/2016).....résultat 45 morts ,qui a tiré ? Aucun ne sait, chacun met le crime sur le dos de l'autre..... dernier tableau tragique d'Alep.

Alep, 8 mars 1963

Coup d'état du parti Baas de Hafez el-Assad et jour de naissance du narrateur,



Cinquante années de conflits et de répression jusqu'à la guerre civile déclenchée en 2011.... et qui

perdure.....

Alep, une ville clé, que le régime essaiera de compartimenter par quartiers pour paralyser toute action.



Ce livre est l'histoire non linéaire d'une famille syrienne d'Alep,sur trois générations et cinquante années. Cinquante années passées dans les affres de la dictature d'Assad et d'Assad-fils. Une famille qui se décrépite à l'image d'une ville ( "Alep était devenue, après le retour du calme et la défaite des Frères musulmans, une ville soumise où sévissaient les corbeaux et les officiers des services de sécurité") et de ses habitants qui se désintègrent , peu à peu, confinés au silence, assujettis à l'humiliation, la honte et la misère....à moins de soutenir le régime ( "Il était désormais incapable de supporter l'humiliation que subissait tout un peuple").

La violence politique éveille la violence psychologique et sociale. Viol, harcèlement,

suicide font désormais parti du quotidien. Dans ce climat d'insécurité, entre débauche et fanatisme religieux, sombrer dans les extrêmes devient chose facile.

L'engrenage de la société, de la justice, de l'éducation,.... dans le système totalitaire est sans retour et sans espoir .



Une atmosphère sombre, des personnages malheureux et torturés, à la sexualité refoulée, sans exception, bref une histoire glauque. Je dois reconnaître qu'il est difficile de rester sain de corps et d'esprit dans de telles circonstances où la violence, l'humiliation et la peur constante sont le lot quotidien ("Des chrétiens qui craignaient les musulmans, des minorités religieuses qui craignaient la majorité, une majorité qui s'effrayait des représailles des minorités, un Président qui craignait ses acolytes et ses gardiens.....").

C'est le troisième livre que je lis d'affilée par pur hasard sur fond de dictature. Incroyable comme ce système est copié-collé, quelque soit l'époque ou le pays ,Italie, Chilie ou Syrie; et comme il broie sans exception toutes personnes dominées ou dominantes. Et pourtant l'histoire se répète......sans répit.



Mais malgré cette histoire foisonnante, son actualité tragique et brûlante, je n'ai pas été totalement happé par ce livre. Pourquoi ? Il y manque quelque chose, j'ai trouvé la prose plate, comme un excellent repas sans sel, et les personnages froids et distants, peu attachants.

L'histoire à elle seule ne suffit pas,ce n'est que mon avis bien sûr.



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La mort est une corvée

Un grand choc que ce livre... qui curieusement, alors que le sujet est "abominablement" sombre, qui ne parle quasiment que de la mort, s'infiltrant partout... reste un texte combatif, d'une vitalité rare exprimée à travers un humour corrosif, mais aussi par des fulgurances poétiques, d'instants de répit [ si rares... qu'être en vie prend une valeur

démultipliée ..]



Dans mes dernières lectures,je me disperse aux 4 coins de la planète, entre la Chine, l'Inde, l'Algérie et cette fois, la Syrie !...

Je fais connaissance pour la première fois avec cet écrivain syrien, Khaled Khalifa.



Un humour acide...Une fratrie de 3 enfants doit enterrer leur père, selon ses dernières volontés, aux confins d'un pays, en guerre ! Et nous verrons, ce n'est pas une mince affaire !!

Une sorte de "MISSION IMPOSSIBLE" !...où les obstacles s'ajoutent sans fin, où la fratrie passe par tout un éventail d'émotions et de sentiments ambivalents, les uns envers les autres !



Des frères et des soeurs qui n'ont pas eu l'occasion de se retrouver réunis depuis une éternité...

Chacun , selon sa sensibilité réagit fort différemment à l'événement, et ne sont pas tous d'accord pour respecter les dernières volontés de leur père !



Une sorte de farce macabre, où le transport de la dépouille paternelle et son enterrement sont le prétexte d'une radioscopie du pays en guerre...où la vie et la mort n'ont plus la même valeur... Lorsque je caractérisais l'humour de cet écrivain d'acide, je pensais à sa manière de parler de LA MORT omniprésente....où rester en vie tient quotidiennement du miracle !



"Au cours des derniers mois, plus personne ne se posait de questions sur la mort et sur ce qui l'avait causée. Il était de notoriété publique qu'on pouvait mourir sous les bombardements, sous la torture dans les lieux de rétention, après un enlèvement pour exiger une rançon, ou victime de la balle d'un franc-tireur, sinon au combat. Mais mourir de tristesse ou mourir par défection du corps était devenu rare. La mort qui ne suscitait pas la colère était suspecte." (p. 49)



Cet ouvrage raconte avec une fausse neutralité la vie quotidienne dans un pays, en état de siège constant, depuis un grand nombre d'années...où la population survit comme elle peut, alors que les assassinats de la population civile sont légion, mourir de mort naturelle devient même suspect !!.





Un écrit des plus sobres, épuré pour dire l'horreur de la guerre, de la barbarie et de la mort omniprésente.....Même au milieu des bombardements, restent toujours l'espoir, les histoires d'amour....la poésie, le courage, la solidarité...



Sur la lancée de cette chronique, une envie d'établir une sélection personnelle de littérature syrienne...que je méconnais totalement. Je crois, sans hésitation, que c'est le premier écrivain syrien que je lis ! A la fois pour me familiariser un tant soit peu avec l'histoire de ce pays, et pour tenter de comprendre la tragédie qui perdure en Syrie, depuis de si longues années !



Un roman qui frappe droit au coeur, car il n'y a aucun pathos, aucune once de larmoiement, l'ensemble du récit s'en trouve renforcé dans son propos....



"Tu as besoin de bonté et de compassion pour ne pas être confronté à toi-même, et devoir reconnaître la dure vérité. Se préserver d'une mort absurde est un devoir autant sacré qu'égoïste." (...)

La mort en période de guerre est aveugle, elle ne prend pas le temps de regarder ses victimes. (p. 124)



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Pas de couteaux dans les cuisines de cette ..

Le récit autobiographique d'un bourgeois d'Alep qui, à travers le portrait des membres de sa famille, dresse un tableau assez sombre la société syrienne d'avant la guerre civile.

Ce livre apporte un éclairage intimiste sur les contradictions des élites du Proche-Orient, écartelées entre leur admiration sans borne pour la musique, l'architecture et la liberté de vivre européennes et leur attachement à des pays qui ne cessent de les décevoir.

Plus précisément, on découvre ici le fonctionnement du régime El-Assad et le poids qu'il faisait peser sur un pays asservi par un régime dont la bassesse n'a d'égal que la médiocrité de ses thuriféraires. En effet, comme dans l'ex-URSS, tout fonctionne sur la délation et l'obéissance au parti Bas.

Les Syriens n'avaient finalement que deux choix: rester et faire allégeance à la tyrannie socio-économique des militaires du régime ou s'exiler à Paris ou Beyrouth. Or, les membres de la famille du narrateur alternent entre ces deux pôles: sa soeur devient parachutiste en pensant pouvoir accomplir tous ses rêves de femme libre avant d'échouer comme portier de luxe à Dubaï. Son oncle homosexuel, emprisonné et maltraité, part pour Beyrouth avant de revenir sans le sou se réfugier dans le giron maternel.

Mais, pour finir, on se lasse un peu de ces trajectoires individuelles décousues, malgré la sincérité évidente de l'auteur.

Le grand mérite de ce roman est de nous permettre de comprendre l'incroyable gâchis humain entretenu par les despotes arabes et l'éruption de violence qui a suivi. Un récit que devraient lire tous ceux qui pensent qu'une éventuelle dictature bis du clan Assad constitue une "solution" pour la Syrie. Manifestement, on est loin du compte et il est fort regrettable que l'Europe demeure un nain politique vieillissant incapable de répondre à l'appel désespéré de nos frères du Proche-Orient. Au moins, les Américains ont eux osé débarqué en 1944.
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La mort est une corvée

Avant de mourir à l’hôpital de Damas, Abdellatif al-Sâlim a demandé à son fils Nabil, que tout le monde appelle Boulboul, de l’enterrer dans son village natal de ‘Anâbiyya, près d’Alep, à côté de la tombe de sa sœur Leila. Plus facile à dire qu’à faire. Boulboul, son frère Hussein et leur sœur Fatima embarquent le cadavre du père avec quelques pains de glace dans un microbus pour un trajet qui devrait durer moins d’une journée et qui va en prendre trois. Pour aller de Damas, tenue pas le régime, à ‘Anâbiyya, en zone rebelle, il faut en effet franchir de nombreux barrages contrôlés par divers groupes armés. Ces check-points sont les lieux de tous les risques si l’on n’a pas les bons papiers, le bon lieu de naissance ou le bon nom de famille. A une occasion la dépouille est même mise temporairement aux arrêts. C’est l’occasion pour l’auteur de nous dresser le tableau terrifiant d’une Syrie détruite et d’une société laminée par la guerre et la violence qu’elle a engendrée.



Pour affronter ce voyage éprouvant en compagnie du cadavre en putréfaction de leur père, les frères et sœur ne peuvent guère compter sur un quelconque amour familial : depuis des années ils se fréquentent le moins possible et cela leur convient tout à fait. Boulboul, le personnage principal, est un homme timoré qui s’est accoutumé à une vie étriquée, essayant simplement de survivre. Ce périple est l’occasion pour lui re reconsidérer toute l’histoire des relations familiales et de mettre à jour les mensonges de son père sur lesquels elle était bâtie. Malgré cette prise de conscience la fin n’offre guère d’espoir. Comment pourrait-il en être autrement ?



Un point négatif au sujet de la traduction : elle comporte des maladresses de français (concordance des temps) voire même, plus problématique, des passages difficilement compréhensibles.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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Eloge de la haine

La révolte gronde aujourd'hui en Syrie. Qui se souvient, qu'il y a trois décennies, des événements dramatiques pendant les « années de braises » ont ensanglanté le pays, dans un affrontement sans merci entre les islamistes et le pouvoir militaire ? C'est cette période-là qu'évoque Khaled Khalifa dans Eloge de la haine, roman étouffant, exigeant, qui raconte par le menu cette lutte acharnée entre deux camps opposés, décidés l'un et l'autre à éliminer totalement, c'est à dire physiquement, la partie adverse. Pour un connaisseur moyen de l'histoire syrienne, manquant de références, le livre est parfois trop pointu dans son récit factuel et Khalifa complique encore notre perception en multipliant les personnages et les allusions aux ramifications islamistes au Yémen et en Arabie Saoudite, tout en évoquant la guerre en Afghanistan contre les soviétiques. Mais même perdu par endroits, le lecteur ne peut rester insensible à la puissance d'évocation du livre qui se recentre heureusement sur deux personnages principaux : la ville d'Alep, l'une des plus anciennes cités du monde, et la narratrice, jeune fille engagée dans le combat, complexe et fragile, qui purgera plusieurs années de prison. C'est lorsqu'il évoque son intimité, sa relation d'amitié avec l'aveugle Radwân, créateur de parfums, ses rapports conflictuels et passionnés avec ses tantes, cloîtrées dans leur maison, que Khaled Khalifa touche véritablement. Cela vaut la peine de faire un effort pour entrer dans ce roman dense et touffu qui décrit une Syrie loin des images convenues véhiculées par le flot de l'actualité.
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Eloge de la haine

A aucun moment il ne m'a été possible de rentrer dans cette histoire. Cela commençait bien : une jeune fille élevée dans l'atmosphère étouffante que maintiennent trois tantes dans une maison de famille, au sein d'une Syrie qui commence à s'ouvrir au monde. Les trois tantes se positionnent de façon très éclatée par rapport au reste du monde et au reste de la famille. La jeune fille voit ses camarades de lycée évoluer dans des directions opposées, entre un résolu modernisme et la tentation de l'intégrisme. C'est cette voie qu'elle choisit, on ne comprend pas par quel cheminement intime elle fait ce choix ni comment du jour au lendemain elle se retrouve militante acharnée d'une cause qui la dépasse, mais on en sait pas quelle cause, entre l'appel de la religion ou les bouleversements qui secouent le pays. Ces bouleversements vont frapper toute la famille : parents, oncles et tantes, frères, serviteurs, vont se retrouver pris dans le mouvements sans que l'on comprenne comment ni pourquoi, d'autant plus qu'à aucun moment l'auteur ne donne le moindre élément de contexte ou le moindre repère historique qui permettrait de situer les évènements.

La seule chose que l'on comprend à peu près, c'est que l'héroïne déteste tout le monde, mais on ne sait pas pourquoi.

Dès lors ce ne sont plus, dans un style très dense et très confus, que descriptions de luttes, d'émeutes, d'actes de terrorisme où le lecteur ne perçoit même pas qui sont les méchants et qui sont les gentils - peut-être d'ailleurs n'y a-t-il ni l'un ni l'autre. Les gardiens de prisons, les militaires et les policiers sont tous plus cruels et sanglants les uns que les autres, hommes d'affaires et personnages vaguements politiques se croisent sans que l'on discerne qui fait quoi, et que devient la famille de l'héroïne.

L'héroïne d'ailleurs finit en prison elle aussi, mais le lecteur ne sait rien des actes qui lui sont réellement reprochés, de la peine à laquelle elle est condamnée, des conditions de sa libération. Pendant ce temps, elle continue à détester la terre entière et ne se prive pas de le dire.

Bref, beaucoup de peine à aller au bout de cette lecture frustrante où je n'ai trouvé que quelques descriptions mentholées de séances de hammam pour souffler un peu.
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La mort est une corvée

Nabil, surnommé Boulboul, assiste son père mourant et lui fait la promesse de l'enterrer dans son village natal. Mais ils sont à Damas, et il faut se rendre pour cela dans le nord de la Syrie, un pays en guerre. Boulboul a vite regretté sa promesse, mais il entraîne son frère et sa sœur dans cette épopée. Il faut y arriver coûte que coûte.

Khaled Khalifa nous raconte ce voyage avec beaucoup de talent. Il décrit ainsi la vie quotidienne de bien des Syriens, leurs choix douloureux, les petites lâchetés, le courage de certains, la place de la femme à travers les souvenirs de Boulboul et de son père.

Car le voyage est plus long que prévu : cela laisse le temps de se remémorer des souvenirs.

Le sujet de ce livre est grave mais j'ai pris plaisir à le lire parce qu'il décrit des relations entre êtres humains dans un contexte particulier. Il décrit des hommes qui se prennent pour des héros devant la femme qu'ils aiment, mais se retrouvent bien faibles confrontés à leurs propres peurs.
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Eloge de la haine

Impossible de la finir
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