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Critiques de Kinga Wyrzykowska (75)
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Patte blanche

°°° Rentrée littéraire 2022 # 31 °°°



Kinga Wyrzykowska s'est très librement inspirée du fait divers des reclus de Monflanquin, une affaire d'emprise mentale dont a été victime une famille de notables bordelais qui pendant dix ans s'était enfermée en son château. Plutôt que de s'approprier les lignes exactes de cette tragédie, elle a choisi de s'intéresser à la trajectoire folle qui peut conduire une famille ordinaire, privilégiée, maitrisant les codes culturels et intellectuels de la société française, a pu basculer dans un huis-clos total proche de la folie paranoïaque.



Lorsqu'elle nous présente les membres de la famille Simart-Duteil en 2015, ils sont l'incarnation de la splendeur bourgeoise triomphante. Il y a la flamboyante matriarche Isabella qui fête ses 70 ans au bras de son jeune mari, le patriarche étant décédé en lui laissant une fortune confortable acquise dans la construction d'autoroutes au Moyen-Orient.



Il y a leurs enfants : l'aîné Paul, journaliste politique, a eu son heure de gloire dans les années 80 et bouillonne de projets foutraques comme la création d'une chaîne Youtube de potins politiques ; Samuel, célèbre chirurgien esthétique, dirige une prestigieuse clinique et s'apprête à épouser une mannequin polonaise ; et Clothilde, archétype de l'épouse parfaite qui instagramme sa vie parfaite de mère de trois enfants. La bombe qui s'apprête à tout faire péter est l'irruption d'un fils caché syrien du père, qui pousse Paul a mobilisé ses troupes pour défendre la famille de cet intrus.



Dans cette tragi-comédie déjantée, c'est avec une jubilation savoureuse que le lecteur assiste à leur chute, à leur réclusion ( annoncée dès les premières pages ) dans leur villa normande. On se régale à voir les personnages se débattre en vain, les apparences se lézarder, la cohésion familiale affichée se déliter, les secrets nauséabonds éclater.



Kinga Wyrzykowska trouve d'emblée le ton juste et la bonne perspective pour faire exploser cette famille bourgeoise et lui faire mettre son intelligence en jachère. Son ironie corrosive, son talent à placer les personnages dans un flux incontrôlable d'événements, sa capacité à les placer dos au mur face à leurs paradoxes, tout cela rappelle furieusement la maestria d'un Jonathan Franzen. Les dialogues, sans filtre, insérés directement dans le récit, approchent au plus près la vérité de chacun et les ambiguïtés.



La famille apparait comme le théâtre de la société. Dans le contexte 2015 des attentats terroristes et du questionnement autour de l’immigration, Patte blanche dresse un portrait saisissant d'acuité d'une France névrosée, rongée par la peur de l'autre, par le complotisme, par la pensée décliniste, accro à la superficialité, avec les réseaux sociaux en éléments grossissants ou catalyseurs. Et sans jamais se goberger dans un discours théorique lourdaud, ce qui est certes salutaire mais rare. La critique de la somme des folies de notre époque est cinglante et d'une précision glaçante.



Le jeu de massacre est excellemment bien monté et découpé, la tension monte jusqu'à un dénouement astucieux et renversant qui remet les haines familiales au coeur du sujet, de façon très chabrolienne. Vraiment remarquable, intelligent et drolatique.



Lu dans le cadre de la Masse critique littérature de septembre 2022
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Patte blanche

La vengeance est un plat qui se mange froid et ce roman comme Les Hauts de Hurle Vents ou le Comte de Monte-Cristo est une diabolique revanche.



Paul, héritier des Simart-Duteil, débute dans les médias sous le pseudonyme de Pol Sim, Son coming out, en mai 1986, est fort mal vécu par sa mère Isabella qui le traite de tous les noms et italien et en français. Son père joue l'indifférence et partage ses activités professionnelles entre la Syrie et la France … Paul quitte le confort familial et vit de prestations de gigolo et de piges médiatiques. Clotilde et Samuel, ses frère et soeur, s'épanouissent bourgeoisement.



Une génération plus tard, en 2014, Paul lance sa chaine Pol Pot (sic) sur YouTube et tente de rebondir professionnellement en se rapprochant des milieux d'extrême droite. Clotilde occupe son oisiveté en se projetant sur Instagram, Samuel se fiance avec un mannequin polonais. Isabella, veuve et septuagénaire, lutte désespérément contre l'âge. C'est alors qu'un courriel arrive de Syrie … un frère issu d'un second mariage de leur père défunt lance un appel au secours et réclame leur assistance pour trouver refuge en France …



Paniqués, les Simart-Duteil s'affolent, craignent de voir images et héritages menacés, se réfugient dans leur manoir de Yerville, lèvent le pont-levis numérique, se coupent du monde et se déchirent… jusqu'au final.



Ce roman de Kinga Wyrzykowska me laisse une impression mitigée.



La description de cette famille, où chacun vit dans sa bulle, parle sans écouter les autres, sans prendre du recul, est révélatrice d'un mode de vie où les uns et les autres sont esclaves des réseaux sociaux et cette photographie, assez caricaturale, est aussi amusante que pitoyable. Mais chaque personnage pris individuellement sonne faux, n'est pas crédible, se révèle, au fil des pages, antipathique, et éloigne donc le lecteur qui ne peut se reconnaitre en des héros qui confondent 9 heures et 11 heures ou la gare d'Yvetot avec elle de Bréauté-Beuzeville. Par ailleurs de multiples apparitions de personnes extérieures à la famille, qui disparaissent ensuite sans laisser de traces, dispersent l'attention et perturbent le narratif.



Le style de l'auteur est déroutant. La chapitre 0 (sic), commis en écriture inclusive, a failli stopper là ma lecture, puis phrases courtes et longues alternent en multipliant les allers retours dans le temps et l'espace en mélangeant foie gras et beau frère (page 135). Cette écriture décousue épuise au fil des pages et a peut être sa source dans les origines de la romancière dont la logique peu cartésienne fait penser à celle de Karol Wojtyla.



L'intrigue n'est pas plus crédible que l'espoir de montrer Patte blanche avec une chaine nommée Pol Pot (pourquoi pas Adolf Hitler ?) et, dès le chapitre 3, le lecteur devine l'embrouille finale. Ce manque de suspens est très regrettable et interpelle : quel message veut transmettre la romancière ?
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Patte blanche

La famille Simart-Duteil est respectable. Après une carrière professionnelle accomplie, le père leur a laissé un patrimoine et l’espérance d’un futur héritage conséquent. Samuel est chirurgien plasticien, Clothilde s’’est mariée avec un homme riche, et Paul semble être sur la bonne voie pour parvenir à se faire connaître dans le monde à risque des influenceurs.Tout bascule quand un demi-frère auto-proclamé, qui vit en Syrie, vient réclamer sa part du gâteau…



On sait dès le départ que la famille finira cloitrée dans une résidence secondaire normande. Mais ce qui a conduit à cette réclusion sera révélé petit à petit au cours des pages trépidantes de ce roman social qui, à travers le destin d’une famille bon chic bon genre explore les méandres d’une époque où les moyens de communications sont des armes à double-tranchant, au maniement risqué. C’est aussi une analyse au vitriol des limites du raisonnement, lorsque l’on est confronté à l’étranger, à la différence.



L’absurdité des réactions de protection défie la raison, il suffit d’une manipulation adroite pour en arriver à des conduites de survie aberrantes.



Les personnages sont accrocheurs, leur petit grain de folie les rend à la fois ridicules et attendrissants, lorsqu’ils ne sont pas machiavéliques



Le rythme ne faiblit pas tout au long du récit et entraîne le lecteur dans ce tourbillon.



Le dénouement est surprenant à plus d’un titre



A découvrir sans délai, ce premier roman est réjouissant.
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Patte blanche

Peut-être le style d’écriture ne m’a-t-il pas convenu, peut-être le sujet ne m’a-t-il pas intéressée, je n’ai pas apprécié ce roman quoique je reconnaisse la compétence de l’autrice.



L’action ? trop diluée dans un mélange d’informations en tous genres, depuis les petites culottes de la mère ou de la sœur, la constitution du sapin de noël, les préparatif des repas de famille, les soucis de santé et l’orientation sexuelle des uns ou des autres, les problèmes de couple …



J’ai bien perçu qu’un loup entrait dans cette bergerie bourgeoise et qui allait s’immiscer dans leur vie, mais les interventions trop ponctuelles et noyées dans le quotidien de chacun ne m’ont pas permis de prendre conscience du problème qui allait bouleverser chaque membre.



Les personnages, je n’ai pu m’y attacher, chacun trop personnel, trop individualiste, chacun vivant à côté de l’autre, chacun ses préoccupations, une vie de famille sans unité.



Je suis donc parvenue à la fin de ce roman, et je m’en félicite, mais j’ai certainement laissé passer trop d’information essentielle à la compréhension de ce récit. La fin m’a laissée de marbre.



Je vous livre mon ressenti sur ce roman, d’autres ont beaucoup aimé, lisez-le si vous en avez l’occasion.
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Patte blanche

J’ai toujours été fascinée par les sorties de route impromptues de ceux qui choisissent de vivre dans un univers parallèle. Je ne parle pas des lecteurs d’horoscope ni même des porteurs de bracelets censés réduire leur cholestérol -après tout, j’ai moi-même longtemps cru au Père Noël-, non, je parle des grand barrés, qui croient la terre plate et Trump véritable président des États-Unis.

« Patte blanche » raconte comment une famille française bourgeoise peut , malgré un capital social et culturel appréciable, basculer du côté obscur. En réalité l’éducation n’en peut mais, et, tout bourgeois ou prolo qu’on soit, ce sont les mêmes causes qui produisent les mêmes effets : et en tout premier lieu la peur du déclassement. Que nos compétences ne soient plus reconnues, que l’âge nous rattrape et nous prive de la certitude de rester toujours jeune, que la France éternelle glorieuse et civilisatrice soit devenue un objet de haine, et nous voilà bousculés dans nos certitudes, et, sommés de reconnaître les faits têtus, obligés de maintenir le monde extérieur à distance pour ne pas transiger avec nos certitudes.

Il est d’ailleurs intéressant de voir que c’est celle qui avait le moins d’illusions sur sa capacité à endosser son rôle social qui cède la dernière aux sirènes complotistes.

Les liens du sang (qui ne sauraient, par définition, mentir) deviennent les seules relations sociales encore possibles. Mais la famille aussi n’est qu’un fantasme, Mauriac rejoint Qanon, et les haines familiales cuisent et recuisent dans le grand chaudron des réseaux asociaux.

La famille Simart-Duteil resserre ses rangs autour de la mère et de ses trois enfants, et semble incarner les quatre cavaliers de l’apocalypse, chacun chevauchant un des grands maux de notre époque: Internet, le refus de la vieillesse, le vide existentiel à la recherche d’une cause susceptible de le combler, la science. Oui, la science réduite à un déterminisme qui justifie les pires raccourcis : « comme par hasard! »

Bref, un livre malin mais globalement opportuniste, qui m’a intéressée sans remettre en cause mes convictions. Sur un sujet pareil, c’est ballot.
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Patte blanche

Quelle époque angoissante ! La menace vient de partout jusqu’à nous, indécelable. L’homme est un loup pour l’homme. Pour s’en protéger, mieux vaut se claquemurer, sauf à voir patte blanche, car l’on sait, depuis La Fontaine, que patte blanche est rarement en usage chez les loups… Voilà le parti peu à peu adopté par les Simart-Duteil, une famille française bien installée, bien comme il faut. Comment en sont-ils arrivés là ? Inspirée par un fait divers récent, Kinga Wyrzykowska dresse sa fiction.



Kinga Wyrzykowska. Un nom pas français, grogne-t-on sans doute dans des sphères qu’on évoquera. Née en Pologne, elle vit depuis l’âge de sept ans en France. École Normale Supérieure, agrégation de Lettres Modernes, elle parle et écrit le français mieux que vous et moi. Après quelques ouvrages destinés à la jeunesse, Patte blanche est son premier roman de littérature générale. Il est vrai que son nom est difficile à mémoriser, mais il est identifiable à l’instant où il apparaît. C’est un avantage.



2014. La famille Simart-Duteil est composée de personnages d’apparence respectable. Ils sont toutefois lotis de singularités truculentes, dépeintes avec une ironie cruelle. Ex-beauté parvenue à l’âge de soixante-dix ans, veuve plutôt joyeuse, Isabella est obsédée par la préservation de sa jeunesse. A trop vouloir paraître vingt ans de moins, ne risque-t-on pas de retomber en enfance ? Mais Paul, Clothilde et Samuel ne laisseront pas tomber leur mère.



Humoriste et commentateur politique, Paul a connu son heure de gloire à la télé. Disparu des radars depuis des années, ce quadragénaire homosexuel, solitaire et tortueux est en recherche d’un nouveau départ. Il s’est pour cela rapproché de milieux d’extrême droite où l’on se complaît à repérer ragots, complots et menaces. Clothilde a passé des années en Extrême-Orient auprès de son mari, Antoine, cadre supérieur expatrié. Dans l’attente d’un nouveau poste, le couple et leurs trois enfants font escale sur leur terre natale. Clothilde, qui s’ennuie en français et in english, se verrait bien en militante humanitaire. En attendant, elle traîne ses journées sur les réseaux sociaux. Samuel, en passe de se remarier avec une jeune beauté polonaise, est un chirurgien esthétique passionné par les nez et leur sculpture. La renommée et la rentabilité de sa clinique tiennent avant tout aux commentaires postés a posteriori sur Internet. Elles pourraient être mises à mal au moindre avis négatif.



Et justement, attention à cette nouvelle patiente nommée Yasmine Khoury, une jeune femme voilée au physique troublant, qui déclare être une influenceuse youtubeuse largement suivie. N’est-il pas étrange qu’elle sollicite une intervention chirurgicale, concomitamment à la réception par Paul, Clothilde et Samuel d’une série de mails émis depuis la Syrie en guerre par un certain Feras Ashour ? Un inconnu prétendant être leur demi-frère et revendiquant de trouver refuge en France auprès d’eux.



Chez les Simart-Duteil, on se crispe ; rien de tel pour faire des erreurs. Leur sentiment d’une attaque ciblée est même amplifiée par l’actualité. L’attentat de Charlie, en janvier 2015 ; le Bataclan, dix mois plus tard. Et tous ces migrants qui déferlent… Tout perdre ? Il est temps de se protéger !



L’ossature du roman s’inspire librement d’un fait divers qui défraya la chronique. Ne vous documentez pas trop tôt. Comme dans La trahison de Nathan Kaplan d’Alain Schmoll, fiction calquée elle aussi sur un fait divers, prendre connaissance de la source d’inspiration pourrait dévoiler prématurément un rebondissement qu’il est plus plaisant de découvrir au bon moment.



La construction de l’ouvrage est sophistiquée. Le vécu et le caractère des personnages se complètent au fil de la lecture, comme des pièces de puzzle sorties de façon aléatoire. L’écriture est à la fois percutante et harmonieuse. Alternance de phrases longues et courtes. Humour sous-jacent. A la narration classique, le texte intègre, sans ponctuation particulière, tout ce qui se dit et se pense au même moment : monologues mentaux des personnages, dialogues, descriptions et commentaires incidents s’enchaînent sans reprise de souffle. Un parti littéraire qui pourra au début en dérouter certains, mais le roman se lit facilement, très agréablement.


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Patte blanche

Grandeur et décadence d’une famille française



Inspirée d’un fait divers – l’histoire d’une famille qui a choisi de se cloîtrer dans sa demeure, le premier roman de Kinga Wyrzykowska est un joyeux jeu de massacre au sein d’une famille bourgeoise. Vous allez vous régaler avec les Simart-Duteil !



Souvenez-vous, c’était avant le covid et avant la guerre en Ukraine. Mais le climat n’en était pas moins anxiogène. Nous étions en 2015 et la France était confrontée à une vague d’attentats. C’est dans ce contexte que Kinga Wyrzykowska nous offre un premier roman aussi corrosif que jouissif. Il met en scène une famille bourgeoise, les Simart-Duteil, qui décident de se cloîtrer dans leur maison de famille en Normandie. Héritiers d’une fortune amassée dans les travaux publics et plus exactement la construction d’autoroutes au Moyen-Orient, Paul, Clothilde et Samuel n’auraient pourtant guère de raisons de s’en faire, si ce n’est cette crainte ancrée profondément de ne pas être à la hauteur. Car ils ont tous espéré suivre la voie de la réussite et ont finalement dû se rendre compte que le chemin de la réussite était semé d’obstacles.

Paul aura été le premier à connaître son heure de gloire. Sous le nom de Pol Sim, il a travaillé avec Thierry Ardisson et s’est fait connaître par ses saillies féroces. Sa chaîne YouTube (Pol’pot) lui aura aussi permis d’asseoir sa notoriété, mais comme rien n’est plus éphémère qu’une carrière médiatique, il sent bien que sa chance est passée. Son réseau s’étiole, dans les allées du Racing-Club de France on ne le reconnaît même plus.

Samuel a longtemps pensé que son avenir était beaucoup plus solide. En ouvrant une clinique de chirurgie esthétique, il s’imaginait faire fortune en un rien de temps. Il a d’ailleurs très vite trouvé une clientèle, élargi son réseau et fait fructifier son entreprise. Mais dans ce milieu, la réputation fait tout. Alors quand les premières critiques – même infondées – ce sont fait jour, la confiance envers le chirurgien en a pâti. Si bien qu’il doit désormais penser à sauver les meubles. Ce qui tombe plutôt mal, car il a demandé Monika, rencontrée lors du tournage d’un film publicitaire pour vanter l’un de ses appareils censés faire rajeunir, en mariage. Une nouvelle qu’il compte annoncer à la famille réunie à Yerville. Quant à Clotilde, avouons-le, elle n’a pas eu à faire grand-chose, sinon un trouver un mari de son rang et lui faire trois enfants qui font sa fierté. Mais l’usure du couple est là, faisant croître les angoisses de Clothilde, toujours prompte à voir les choses en noir.

Et les choses ne vont pas s’arranger. Car de la Syrie en guerre leur parvient un message qui va les déstabiliser. Leur père menait une double-vie, de part et d’autre de la Méditerranée. Il avait une maîtresse qui lui donnera un fils. Ce dernier annonce sa venue, fuyant les combats via le Liban.

L’ambiance devient explosive, les vieilles histoires ressortent, la tension croit et le vernis de la bienséance se craquelle. Ce jeu de massacre auquel participent trois générations est servi par un style corrosif au possible. On se régale de cette descente aux enfers.

Kinga Wyrzykowska montre avec finesse combien les phrases convenues se vident de sens, comment les belles conversations basculent dans l’anathème et comment le bien-parler peut se transformer en blessures profondes. On imagine combien un Chabrol aurait pu faire son miel de ces dialogues tranchants et de ce huis-clos explosif. Et on jubile avec autant de plaisir qu’avec la prose de Stéphane Hoffmann, notamment dans On ne parle plus d'amour.


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Patte blanche

Faut vous dire, Monsieur, que chez ces gens-là, on n’vit pas Monsieur, on n’vit pas : on triche !



Vous avez aimé les Plessis-Vaudreuil (Au plaisir de Dieu) ? Les Rambal-Crochet (Le Jouet) ? Alors vous allez adorer les Simart-Duteil que Kinga Wyrzykowska met en scène dans Patte blanche ! Une famille de roman d’avant, comme on les aime.



Depuis la mort de son mari qui a consolidé les actifs familiaux dans le BTP en Afrique, Isabella sa veuve un peu barrée vit à Yerville, en pleine campagne cauchoise. Une retraite animée des visites ponctuelles de ses enfants et petits-enfants.



Y a Samuel, le chir’ esthétique que le tout Paris s’arrache ; Clothilde, la mère de famille a priori rangée ; et Paul, le cadet gay et fantasque revenu vivre chez maman en attendant le rebond de son nouveau projet médiatique qui - ce coup-là c’est sûr ! - va cartonner.



Mais en aménageant, une caisse s’ouvre, un document se découvre, et le passé ignoré refais surface : le père n’a pas laissé que des autoroutes en Syrie, mais aussi un fils caché qui revient réclamer sa part du gâteau. Et fait s’écrouler les équilibres d’un château de cartes familial déjà fragile…



S’appuyant sur un fait divers réel, Kinga Wyrzykowska décrypte sous forme de farce aux traits grossis les mécanismes d’une de nos plaies sociétales contemporaines : le repli sur soi. Suppositions, fake news, amalgame, théorie du complot, peur de l’autre… tout y passe, nous faisant sourire et grimacer en même temps.



Ça n’est pourtant pas vraiment leur faute aux Simart-Duteil, famille anachronique à qui on n’a pas pris le temps de dire que le code avait changé, biberonnés à la préférence familiale avant de passer à la préférence nationale, dépassés par une situation dans laquelle ils ont toujours un coup de retard. À moins que…



Un joli premier roman, drôle, grinçant et surtout, prometteur !

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Patte blanche

Vous connaissez la famille Simart-Duteil?eh bien voilà, je vous la présente :

-Le père, magma des autoroutes,décédé ,laissant à sa famille de quoi vivre très aisément,, vivre dans l'opulence.

-L'irrésistible Isabella,veuve joyeuse qui fêtera ses 70ans ,mais qui en paraît 20 de moins ,grâce aux nombreuses interventions de chirurgie esthétique ,opérée par son fils Samuel,et qui s'affiche sans complexe avec son jeune amant.

Et voici les 3 enfants:

--Samuel ,grand chirurgien esthétique,dirigeant une clinique privée, connu et reconnu mondialement,pour ses inventions d'instruments révolutionnaires pour ses opérations du nez.

--Paul ,youtubeur ,influenceur ,oublié du monde de l'audiovisuel ,déçu et terriblement aigri, qui par tous les moyens essaie de se faire une place ,dans ce monde de chacals.

--Et Clothilde ,la plus sympa ,pour moi ,très naïve, mère au foyer, mais qui s'ennuie ferme,un peu fofolle,toujours prête à se lancer dans de nouveaux défis,comme aller secourir des réfugiés à Paris.

Voilà le tableau,tableau presqu'idyllique d'une famille bourgeoise " bon chic bon genre"où le " paraitre" dans leur milieu occupe une place primordiale,jusqu au jour où : pavé dans la mare: En faisant du rangement dans un carton,Paul découvre une vieille photo et pas n'importe quelle photo : Son père assis à côté d'une belle femme portant un bébé dans les bras eh oui,vous l'aurez compris ce bébé est leur demi- frère syrien:Feras.

Alors là ,fini la belle vie personne ne rit plus et leur monde s'écroule.Car leur " fabuleux " héritage " devra être partagé non pas en 3 mais en quatre. A partir de cette révélation, une avalanche de malheurs va déferler sur leur monde bourgeois et va faire vaciller leurs convictions.Il aura suffi d'un petit grain de sable dans la machine pour que leur édifice se fissure.

J'ai beaucoup aimé ce roman,Kinga Wyrzykowska nous fait une analyse toute en finesse de ce monde ,ce milieu devrais-je dire.Elle porte un regard très objectif ,d'une grande acuité ," écorche" très élégamment avec dérision chaque personnage,beaucoup d' humour ,c'est jubilatoire: L'épisode du bridge et des deux dents d' Isabella au restaurant m'a fait rire..

Pour un premier roman,félicitations, gros coup de coeur en ce qui me concerne.A recommander +++++.

Lu dans le cadre des sélections 1er roman de terres de paroles.⭐⭐⭐⭐⭐



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Patte blanche

Nous avons la Jonathan Franzen francophone. Elle s’appelle Kinga Wyrzykowska. Retenez bien son nom. Pas facile comme ça a priori mais on va s’habituer. Car on n’a pas fini d’entendre parler d’elle. Enfin je l’espère. Vous avez aimé « Les corrections » ? Vous aimerez « Patte blanche ».

Une famille aisée, « des gens bien », que vous enviez avec leur grosse maison à tourelle, leur allure, leur classe. Le père, Claude, a fait fortune dans la construction d’autoroutes au Moyen-Orient. Quand il se retire, il investit sa fortune dans une clinique de chirurgie esthétique pour son cadet. La mère, Isabella, est toujours une femme sublime, qui vit avec un homme de l’âge de ses enfants depuis le décès du père. Les trois enfants, Paul, ont a priori une vie accomplie. Une véritable success story. A priori. Car lorsque Paul découvre qu’ils ont un demi-frère caché en Syrie, et que ce dernier pour fuir la guerre arrive en France, c’est la panique ! Surtout en cette période d’attentats islamistes… Ainsi dans la famille les secrets se révèlent, les vrais visages se découvrent.

A travers l’histoire déjantée de cette famille bourgeoise, nous avons un portrait au vitriol de la société actuelle : culte de l’image, pièges et ravages des réseaux sociaux, rapports de chacun à l’immigration et à l’islam. Toutes nos peurs (peur de vieillir, peur de l’autre, peur de ne pas être dans le coup), qui peuvent nous faire perdre le sens des réalités.

J’adore l’écriture de Kinga Wyrzykowska, très directe, cash, dans l’air du temps. Pas de temps à perdre avec les tirets pour les dialogues, ils sont fondus enchainés dans le corps du texte, mélangés aux descriptions (et on arrive bien à savoir qui parle). Ça fuse. Ça claque. Bim Bam. Ça déménage. Et ça part complètement en vrille, et c’est jouissif !

Un excellent moment de lecture que je vous recommande sans réserve.

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Patte blanche

Une famille bourgeoise.

Des membres liés par le sang, tolérant de loin les autres.

Des gens qui se débattent chacun parmi leurs faiblesses, leurs regrets, leurs désirs.



Ils s’épient, se contredisent, s’aiment…

Faiblesses des uns, insatisfactions, peurs des autres.



Un aîné, Paul, trouble, hagard, dévorant ceux qui l’entourent.

Une main mise qui se construit, liée aux événements personnels, aux relations vécues destructrices, aux attentats meurtriers.



Des paroles xénophobes, des replis sur eux-mêmes, un étouffement qui s’immisce et les amène, sous influence brute sans regard dépassant leur monde, à un isolement malsain.

Les tentatives des deux adolescents pour y échapper sont révélatrices du poids sectaire qui pèse sur eux et montre à quel point l’influence enlève tout libre arbitre.



Le livre, dans un style soigné et vif, nous emmène dans une tension progressive.

Nous devenons voyeurs de la vie de chacun.e, de leur descente dans le non-retour jusqu’aux tréfonds de leur paranoïa.



Premier livre d’une écrivaine et on reste ébahi devant tant de nuances, de détails sur une société manipulée par les plus « forts », les réseaux sociaux, la dépendance, la perte de pensée personnelle, l’influence nocive, l’égoïsme poussé à l’extrême et la perte de repères personnels.



Ce roman porte une universalité qui parle à chacun.e.
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Patte blanche



Librement adapté des « reclus de Monflanquin »affaire sordide et réelle ; ce roman met en scène une famille bourgeoise,la mère , ex veuve, qui va fêter ses 70 ans mais qui ne veut pas vieillir, son jeune nouveau mari, ses2 fils et une fille, des petits enfants , chacun a ses névroses , chacun se veut parfait dans son rôle, on étale sa vie sur Instagram, on travestit la vérité, enfin la vie actuelle quoi !

Et soudain un trouble-fête , un demi-frère que le père décédé aurait semé en Orient lors de ses nombreux déplacements professionnels s’annonce...

Un vent de panique secoue tout le monde, et le plus déjanté de tous , Paul échafaude des moyens de protection contre » l’ennemi «  de plus en plus fous.

C’est une fable universelle dans un monde totalement actuel  traitée sur un ton ironique, voire féroce, on croirait des mouches prises dans une toile .

Mais il y a un petit quelque chose dans l’écriture qui m’a fait parfois revenir en arrière, ( comme une écriture flottante) un choix de l’auteure je suppose.
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Patte blanche

Claude (décédé depuis peu) et Isabella Simart-Duteil font partie des nantis de la grande bourgeoisie française.



Leurs enfants, Paul (l’ainé, le loser, l’homosexuel, rejeté à dix-huit ans par sa propre mère, ignoré par son propre père, méprisé par ses frère et soeur …) Samuel (celui à qui tout réussit, le médecin en chirurgie plastique et le beau gosse …) et Clothilde (la fille parfaite, fière de son mari et de ses trois enfants …) se retrouvent régulièrement dans la (coûteuse) propriété de Yerville, fief de la « matriarche » (qui commence à perdre la boule à soixante-dix ans …)



Et quand Paul trouve (en triant les vieux papiers de son défunt père) une photographie de l’irréprochable Claude, en compagnie d’un bébé et d’une femme inconnue, datée de 1988 à Damas, il exulte ! Son père, si formidable aurait-il eu une double vie ? … Ce qui pourrait du coup expliquer ses réguliers déplacements entre le Liban et la Syrie … Il a bien l’intention de se venger de cette famille « si parfaite », avec cette bombe à retardement ! Et d’en profiter pour se donner le beau rôle !



Un roman caustique, une famille déjantée, devenue paranoïaque avec la découverte plutôt embarrassante de ce demi-frère syrien (l’année 2015 se termine enfin, avec les terribles évènements que nous avons connus durant ces mois maudits …) Jusqu’au basculement final qui n’est pas sans rappeler les reclus de Monflanquin, ces aristocrates qui firent la Une des journaux au début des années 2000 …



Un roman à la fois drôle et touchant, une écriture sans filtre, parfois crue. Bref, un fort bon moment de détente littéraire !
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Patte blanche

Roman abracadabransteque, caustique et à la folie douce.



Ou comment une famille bourgeoise bien rangée se désintègre insidieusement et s’installe dans une paranoïa effrénée par le biais des réseaux sociaux et de la peur des autres.



Un premier roman fort réussi, une vision de l’ère contemporaine finement interprétée . Une auteur à suivre.
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De nos propres ailes

Elles sont six filles, six personnalités unies par leur passion pour le volley. Elles s'entraînent ensemble depuis des années et s'entendent bien en dépit de leurs nombreuses différences.



Elles jouent aujourd'hui un match capitale qui peut les amener ensemble très loin...Mais Gladys elle vit l'événement de l'extérieur car elle est remplaçante et dans l'équipe depuis peu.

Pourtant, elle souhaite prendre toute sa place...



Un roman à suspense qui nous offre sept portraits d'adolescentes au profil varié. Elles sont de milieux différents et ont chacune des soucis personnels souvent en lien avec leur famille. Nous découvrons progressivement leurs failles et leurs secrets.



A la compétition sur le terrain va suivre un affrontement avec le risque de voir se lézarder leur amitié. La tension monte rapidement entre les jeunes filles, poussée souvent par des problématiques personnelles ou familiales. La révolte gronde...



C'est aussi un bon roman policier puisqu'il faudra découvrir qui va être à l'origine du grand séisme et tenter de trouver les raisons de cet acte.



Enfin c'est l'adolescence elle-même qui se retrouve au premier plan avec une analyse psychologique fine et percutante.



A découvrir !


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Patte blanche

Ce roman raconte l'histoire d'une famille aisée, les Simart-Duteil, de nos jours, Ils se partagent entre Paris et leur résidence secondaire en Normandie, "Le Clos".

Il ,y a Isabella, la mère fantasque, qui s'improvise vétérinaire-chirurgien dans la cabane de jardin et ses trois enfants.

Paul, le fils aîné, a quitté la famille en 1986 après avoir fait son coming out, est revenu à la mort du père, devenu influenceur, sur une chaîne Youtube, et proche de l'extrême droite.

Samuel est chirurgien à la tête d'une clinique de chirurgie esthétique et vient de se marier avec Monika. Tout va merveilleusement bien pour lui jusqu'à ce qu'une cliente juste opérée le descende en flêche sur les réseaux sociaux.

Clothilde, la fille, oisive, est mariée à Antoine qui est muté à Singapour.

Le père, magnat des autoroutes en Syrie est mort, leur laissant un bel héritage. Un frère caché leur envoie des mails de Syrie. Paul va entraîner le clan dans un repli sur eux-mêmes, au Clos, après les attentats terroristes de 2015.

Cette famille, privilégiée, bien intégrée, va basculer dans une folie paranoïaque, sous la houlette de Paul.

Ce roman rappelle l'affaire des "Reclus de Monflanquin", et m' aussi fait penser à "L'arrache-coeur" de Boris Vian où la mère enferme ses enfants pour les protéger de l'extérieur.

C'est bien écrit et se lit bien.J
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Patte blanche

Les Simart-Duteil sont le stéréotype de la famille bourgeoise parfaite. Le père a laissé un gros héritage. La mère, une belle italienne, vit le grand amour avec son jeune mari. Paul l'aîné, parti du nid après un difficile coming- out, revient après des années, plein de projets qui feront peut-être décoller sa vie, Samuel, le beau chirurgien esthétique, convole en deuxième noce avec une très jeune femme, Clotilde est la femme du riche Aurélien et la mère de trois enfants.

Paul découvre que son père avait une double vie en Syrie, avec femme et enfant.

C'est à ce moment là que le fils inconnu va demander de l'aide pour sortir de Syrie.

La peur d'être spoliés par cet étranger,va conduire les Simart - Duteil à suivre Paul dans son délire, dans ses interprétations des moindres indices glanés sur internet, dans son obsession de se protéger.

Un bon livre qui met en lumière la peur de l'autre décuplée par les réseaux sociaux.

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Patte blanche

Huit clos saisissant, Kinga Wyrzykowska nous plonge dans les affres familiales, celles qui deviennent des secrets silencieux où les murmures de tout un chacun forment des légendes, des mythes, de ceux qui se racontent au coin du feu.





Deux frères, une sœur, une mère qui portent en eux les stigmates de la société. Des angoisses de réussite, de paraître. Des peurs qui bouffent les égos. Une famille dysfonctionnelle qui s’accroche à la moindre aspérité de l’apparence normalisée par une société élitiste.





Puis un secret éclate ébranlant le semblant de sérénité. L’insécurité partout, la peur de tout perdre apprivoisent chaque partie des âmes et des corps. Les coups du sort tombent anéantissant enfin la seule parcelle de sécurité.





L’exil, l’enferment, comme seule évidence. Le piège se referme sournoisement anéantissant tout espoir de retour à la réalité.





Kinga Wyrzykowska signe un premier roman puissant et intrigant. Elle décortique la toxicité, la manipule et le rendu est vraiment surprenant. Elle nous plonge dans la complexité humaine. Entre jalousie, manipulation, convoitise et vengeance, elle les passe à la loupe et les magnifie avec énergie et perversité. La plume de l’auteure est efficace même si j’ai eu du mal à me mettre entièrement dans la lecture. Je n’ai guère éprouvé de l’empathie envers les personnages et cette absence de sentiment m’a beaucoup manqué.





Un roman atypique pour un sujet mordant qui façonne notre société.
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Patte blanche

Dans la famille Simart-Duteil vous avez la mère Isabella, veuve, volage, courant derrière une éternelle jeunesse et regroupant son clan dans sa propriété de Yerville en Normandie. Paul, le fils ainé, le mal aimé le raté qui devient influenceur politique et chef de famille en cas de crise. Clothilde, la sœur, la maman de trois charmants bambins qui gère sa petite famille en bonne mère de famille et Samuel, chirurgien esthétique à la tête d'une clinique privée qui réussit aussi bien sa vie professionnelle que familiale.

Tout irait bien dans cette famille jusqu'au jour où Feras Ashour, un syrien , ne les contacte pour leur dire qu'il est leur demi-frère et qu'il sollicite leurs aides pour venir en France.

Un premier roman étonnant, pleins d'humour où l'on se fait "ballader" et manipuler pour notre plus grand plaisir final.
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Patte blanche

Premier roman de Kinga Wyrzykowska très réussi.



Inspiré d'un fait divers, l'autrice nous brosse la lente dérive sociale et psychologique d'une famille bourgeoise qui semble parfaite.



Cette famille - Les Simart Duteil - a réussi et aux yeux de tous, leur destinée est très enviable.

La mère, Isabella, d'origine italienne, lumineuse, un brin extravagante, qui s'apprête à fêter ses 70 ans. Veuve de son premier mari, toujours dynamique, elle a pour compagnon un homme bien plus jeune qu'elle s'efforce de toujours séduire et elle est prête pour ça à faire de la chirrugie esthétique.

Le premier mari, homme d'affaires décédé quelques années plus tôt dont le passé va resurgir, qui sillonnait le monde et en particulier le Moyen Orient pour y construire des autoroutes.

La fratrie composée de 3 enfants : 2 frères et 1 soeur. Paul, journalise et influenceur (ou aimerait l'être) en manque de succès et de reconnaissance, Samuel, chirurgien esthétique et fondateur de la clinique qui porte son nom, fondée avec l'argent du père, et Clothilde, mère de famille, qui donne à voir une vie parfaite sur les réseaux sociaux.



L'autrice sème dès les premières lignes les failles par lesquelles cet équilibre fragile peut basculer.

Car si chacun s'evertue à laisser croire aux membres de sa famille qu'il a réussi et est très heureux, la réalité est tout autre.



Le grain de sable qui fera tout basculer, est l'annonce d'un dénommé Feras qui vit en Syrie et qui se présente par mail auprès des 3 frères et soeurs comme étant leur demi frère puisque leur père aurait épousé en Syrie une femme qui aurait eu un enfant.



Ce Feras demande de l'aide pour quitter la Syrie et fait appel à la solidarité des liens de sang.



Paul, effrayé par cette annonce, fait des recherches dont les résultats le convaincront que cet homme en veut à leur héritage et qu'ils sont potentiellement en danger.



Kinga Wyrzykowska avec un talent indéniable a créé un mécanisme infernal mêlant les failles de l'enfance, les jalousies, la peur, la suspicion et aboutissant à des décisions de plus en plus folles.

Le ton est incisif, ironique, les personnages bien campés. L'écriture est fluide et expressive, tout va vite et notamment la succession de (mauvaises) décisions, et on ressent bien l'urgence des personnages à vouloir se protéger,



L'autrice a placé cette histoire dans le contexte des attentats de 2015 exacerbant la peur, peur de l'autre, de ce qui est inconnu et étranger à soi.

Elle y dénonce les dérives des réseaux sociaux et des outils numériques.



Un twist surprenant et parfaitement amené à la fin de ce récit, qui m'a amené d'ailleurs à relire plusieurs fois les 3 - 4 dernières pages.



Une autrice à suivre !









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