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Critiques de Kinga Wyrzykowska (75)
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Patte blanche

C’est l’histoire de la dissolution d’une « famille bien ». Les Simart-Duteil sont une famille « sans faute » : le père est ingénieur , il construit des autoroutes dans le monde entier ; la mère est au foyer ; les trois enfants sont beaux et brillants ; la famille est soudée ; on vit dans un pavillon chic de la banlieue parisienne à Créteil, dans la maison qui a la tourelle que tout le monde envie ; la maison de Normandie rassemble tout le monde pour les vacances et les événements familiaux ; tout le monde réussit tout ; on est riche et heureux chez les Simart-Duteil. Et puis voilà que patatras, Claude, le père, meurt, et l’on découvre dans ses affaires personnelles la photo qui fait tout chavirer : Claude est aux côtés d’une femme, Chadia, et dans ses bras un bébé, Feras, avec pour légende «Claude, Chadia, Feras, Damas 1988 ». Chez les Simart-Duteil on savait seulement que Claude avait une activité professionnelle importante dans tous les pays du Moyen Orient, où il allait dont très souvent ….. Pour affaires. Aujourd’hui, Claude, c’est clair, avait deux familles.

A l’heure de la découverte, Feras est adulte et annonce à ses trois demi-frères et sœur son arrivée en France. Laquelle arrivée coïncide exactement avec l’attentat du Bataclan. Panique absolue : cette coïncidence ne peut pas être le fruit du hasard, et d’ailleurs, Feras a des complices dans le cercle professionnel et rapproché des Simart-Duteil.

Le récit décrit avec une précision absolue le dispositif d’auto-défense que les Simart-Duteil

édifient, autour du cercle familial, pour se mettre à l’abri de la puissance destructrice ce cet autre, étranger dangereux. Désormais un seul objectif pour eux : empêcher l’Autre de nuire, car cet Autre ne peut avoir qu’une seule visée, destructrice. Barrières et outils sécuritaires s’accumulent tout au long du récit. Et l’on sent bien que tout va continuer quand onaura fermé le livre !

La narration est donnée dans une langue moderne et sans emphase. Sans mots qui dramatisent le récit fait vivre la montée de la panique et l’absurdité redoutable des moyens que les Simart-Duteil développent et accumulent.

Une histoire hélas peut-être banale, tant il doit y avoir de Simart-Duteil.

Un livre qui parle tout simplement de la société qui est la nôtre, de nous. Et c’est là la grande « leçon » que donne l’auteure. Une leçon terrible tellement elle est lucide.

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Patte blanche

Roman proposé au festival littéraire de Seine-Maritime pour le prix Premières Paroles 2023 !



Le thème du roman m'a paru très banal et la multitude d'informations non hiérarchisées m'a englouti ; goûts et couleurs de chacun et de tout le monde, préparation du repas de famille, cuisson de la dinde à l'américaine, préférences sexuelles des protagonistes, phantasmes autoérotiques de Clothilde, vie des couples, vicissitudes de la vie professionnelle, réseaux sociaux conquérants, coming out de Paul, natation du lundi et du jeudi... la vie de famille décrite ici n'est qu'une juxtaposition d'individualités, les personnages sonnent faux, les relations sont indigentes. L'irruption d'un fils caché dans la famille explosée ne produira pas de suspense et fera dériver le récit dans l'absurde.



La structure du roman m'a dérouté : un chapitre s'essaye à l'écriture inclusive (pour nous dire quoi ?) ; des phrases courtes, des phrases longues, des phrases fragmentaires ; un vocabulaire imprécis et peu soigné ; l'action manque de cohérence , qui arrive, qui fait quoi, où va-t-il... j'ai l'impression d'entendre un soliloque, gloubi-boulga d'une pensée brute jetée sur le papier, sans relecture, ni correction, ni réécriture.



Je pense que le style "jardinier-explorateur" de l'auteur m'a rebuté !



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Patte blanche

Que j’ai eu du mal à venir à bout de cette lecture, longue et fastidieuse !

- Des personnages antipathiques

- Une histoire de manipulations

- Beaucoup de clichés et caricatures



Mais je me suis quand même accrochée : ce livre a quand même eu un prix littéraire et était le coup de cœur de mon libraire. Je voulais donc comprendre pourquoi.

Et bien j’ai compris… 😉 et je suis contente de l’avoir lu jusqu’au bout.
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Patte blanche

C'est dans le cadre du Prix Roman CSE Arquus organisé par mon entreprise que j'ai découvert Patte Blanche. Je vous avoue qu'il ne faisait pas partie de ma sélection de départ et qu'il ne m'inspirait pas forcément au premier abord… D'autant plus que les premiers retours n'étaient pas forcément enthousiastes.



Si j'ai ouvert ce roman de la rentrée littéraire dernière sans grandes attentes, j'ai été agréablement surprise par ce que j'ai trouvé entre ses pages.



Une ambiance à la fois particulièrement anxiogène et prenante. Kinga Wyrzykowska nous plonge dans l'intimité d'une famille nombreuse, père décédé et enfants adultes. Avec une écriture sans aucun dialogue matérialisé, elle nous permet de pénétrer l'esprit des différents membres de la famille qui, tous, présentent des névroses. A mesure que nous découvrons les peurs de chacun et certains éléments du passés, qui ont laissé une trace plus ou moins importante sur la psyché des personnages, un quatrième frère se manifeste. S'ensuit alors un bras de fer familial sur la conduite à tenir et sur les implications de cette nouvelle.



Qu'il est délectable de visualiser les changements de comportements qui s'opèrent au fur et à mesure de l'avancée de l'intrigue, les failles qui se creusent. L'image parfaite de la famille modèle vole en éclat, le père tout puissant est désacralisé et le vilain petit canard de la famille prend de l'assurance. De fils décevant, il devient l'homme sur qui on peut compter. Celui qui va tout résoudre et sortir la famille du mauvais pas dans lequel le père l'a plongée.



Malgré tout, on ressent un certain malaise à la lecture. Pour le destin qui semble s'acharner et les perspectives qui se ferment. Dans une intimité sans tabou, entre la mère vieillissante qui refuse d'en voir les signes et fait tout pour les effacer, le fils médecin esthétique qui voue une passion à son métier et ne sais pas parler aux patients, la fille mère au foyer, désœuvrée, en questionnement constant et Paul, le fils ainé, le sauveur, sûr de son talent que personne ne sait voir et dont la paranoïa grandissante n'a d'égale les injustices dont il est victime. A travers le frère caché, qui écrit de Syrie, mais aussi avec les attentats de 2015 qui sont évoqués dans Patte Blanche, l'autrice décrit la psychose née de l'incompréhension, la peur constante et l'influençabilité des gens.



Qu'il est intéressant de savoir que Patte Blanche est réellement inspiré d'un fait divers !



A la manière d'un quidam surfant sur internet, nous retraçons, au gré des publications, le parcours de la famille Simart-Duteil. C'est destructuré et pourtant admirablement bien construit, ça a l'allure d'un esprit en ébullition, d'une réunion de famille où tout le monde parlerait en même temps. Ce n'est pas forcément tout beau tout rose, mais c'est la vie, sa triste réalité, pas toujours juste. Quelques passages sont parfois un peu longs; mais pour un roman sans dialogue, il se lit étonnement bien ! D'autant plus que la fin est magistrale. Tellement inattendue que l'on est tenté de relire plusieurs fois la révélation qui nous scotche. Elle remet en perspective la totalité de l'intrigue la faisant passer d'une banale histoire de famille à tout autre chose. Elle nous laisse, aussi, des questions plein la tête, avec le besoin de relire certaines pages pour comprendre ou imaginer notre propre fin.



Patte Blanche est un roman qui trotte dans la tête une fois la dernière page tournée et ça, ça veut tout dire.
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Patte blanche

Un très bon roman que je viens de lire avec grand plaisir. Très rythmé, avec des personnages hauts en couleur, au sein d'une famille à la fois déjantée et finalement banale dans sa folie douce qui la mène au pire ; des comportements contemporains observés avec acuité.

Bravo !! Lecture dans le cadre des @68premieresfois
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Patte blanche

Un récit très contemporain

L'histoire d'une famille avec son lot de secret, de déception, de ressentiment et de rancœur. Dans ce récit où l'angoisse monte crescendo, on assisté à une escalade de peur et de terreur qui vire à la paranoïa. Une question reste en suspens tout au long du récit : comment une famille peut en arrivé là et comment va-t-elle s'en sortir?

Dommage, le premier et le dernier paragraphe n'ont pas de sens dans le récit et gâche le plaisir du scénario.
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Patte blanche

Dans la riche famille Simart-Duteil, il y a la mère Isabella, une flamboyante Italienne qui passe ses journées à lutter contre les marques du vieillissement.

Il y a Paul, l'aîné homosexuel et vilain petit canard, un influenceur politique qui peine à percer avec sa chaîne YouTube « Pol'Pot », Pot pour potins. Le quinquagénaire n'hésite pas à fricoter avec l'extrême droite pour développer ses projets.

Il y a Clothilde, desperate housewife hypocondriaque, mère de trois enfants, qui comble le vide de son existence en postant sur les réseaux sociaux des photos de plats qu'elle a réalisés et d'idées de décoration.

Il y a enfin Samuel, le cadet, chirurgien esthétique à la tête d'une clinique, qui n'hésite pas à rafistoler sa mère à coups de liposuccions quand sa peau fiche le camp. Il s'apprête à épouser une mannequin polonaise enceinte de ses œuvres.

Tout ce petit monde se prépare à fêter les soixante-dix ans de la daronne dans la propriété normande où celle-ci vit la moitié du temps.

Tout ce petit monde va jouer le jeu de l'entente familiale, sauf Paul, le mal-aîmé, qui excelle à mettre les pieds dans le plat.

Seul le patriarche manque à l'appel. Claude, magnat des autoroutes, est décédé quelques années plus tôt d'un cancer de l'œil. Isabella l'a remplacé par un certain Marco, « de quinze ans son cadet ».

En faisant du rangement dans les affaires de son père, Paul tombe sur une photo sur laquelle figurent une femme et un homme au visage indiscernable sur les genoux duquel un bébé est assis. L'individu au costume gris qui figure sur ce cliché pris à Damas, où Claude faisait du business, est-il son père ?

Nous le saurons rapidement. Le nourrisson a bien grandi. Il s'appelle Feras et annonce aux trois enfants « officiels » de Claude qu'il est leur demi-frère, qu'il souhaite quitter la Syrie pour rejoindre la France et, pour ce faire, qu'il a besoin d'aide.

Sur les conseils insistants de Paul, la fratrie décide de ne pas répondre à son appel au secours. Feras va alors se montrer menaçant, semant la paranoïa chez les Simart-Duteil qui se croient victimes d'un complot.

Contre l'adversité, il faut se serrer les coudes pense Paul qui transforme la maison familiale en bunker.

Premier roman déjanté et réjouissant faisant partie de la sélection 2023 du Prix Premières paroles, « Patte blanche » est un récit savoureux sur la comédie humaine qui sonde nos travers les plus minables.

Tous les personnages sont détestables et sont des miroirs de nous-mêmes avec nos petites lâchetés, nos trahisons, notre propension à médire, notre peur de l'étranger...

On rit beaucoup à la lecture de « Patte blanche » dont la narration est truffée de dialogues désopilants. Et la fin, modèle de twist, est surprenante.




Lien : http://papivore.net/divers/c..
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Patte blanche

Dans un style d'écriture parlé, l'auteure nous livre l'histoire atypique d'une famille, bien sous tout rapport, qui pourtant va faire parler d'elle.

Paul est journaliste, Samuel, chirurgien esthétique dont la clinique est réputée. Leur sœur Clothilde est mariée à Antoine. Tout va pour le mieux pour eux.

Mais un élément va venir perturber cette famille bourgeoise: l'apparition de Feras, un syrien, fils caché du patriarche Claude, décédé. Dans la France de l'année 2015, cette nouvelle a un effet dévastateur sur leur famille. La peur de l'autre, ce Feras qui va réclamer une reconnaissance familiale avec tout ce que cela implique, va les faire réagir de façon surprenante.

L'écriture de l'auteure m'a totalement happée par son style. L'histoire est passionnante et prenante.

Une belle découverte!
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Patte blanche

Quatrième titre lu dans le cadre de la rentrée littéraire et c’est peut-être, pour l’instant, celui qui a fait le plus long chemin dans mon esprit pour que je l’apprécie à sa juste valeur. Je viens de voir qu’il a été sélectionné pour le prix Stanislas (comme le roman de Laura Poggioli Trois sœurs, par d’ailleurs), un prix qui récompense le meilleur premier roman de la rentrée littéraire. Il s’agit donc d’un premier roman, pour Kinga Wyrzykowska, l’histoire de ce qui pourrait être un fait divers totalement fictif parmi d’autres, celui d’une famille bourgeoise de la Seine-Maritime, qui a fini par se cloîtrer et vivre en autarcie dans la demeure familiale. Si cela ne manque pas de nous rappeler quelques cas qui ont été médiatisés, je pense ici aux reclus de Montflanquin, que l’auteure en outre ne manque pas d’évoquer, ce n’est pas d’un simple phénomène sectaire dont il s’agit. Même, si visiblement, cette réclusion s’est opérée selon les mêmes mécanisme d’emprise, de haine, de repli sur soi qui induisent les replis sectaires.



Les deux épigraphes nous mettent, en amont, sur la direction que prendra le récit de Kinga Wyrzykowska. L’auteure a choisi deux citations d’auteurs qui comme elle ont émigré : le premier aux mêmes origines qu’elle, Witold Gombrowicz, la seconde auteure est bulgare d’origine, Julia Kristeva. Davantage que l’emprise d’un individu sur un groupe, c’est la rencontre avec l’étranger, celui qui est différent, de langue, de nationalité, de religion, de peau. À cette fin, l’auteure a choisi une nationalité, du moins une religion, qui est en plein cœur des débats franco-français depuis quelques années et qui ne fait que s’intensifier avec les vagues de réfugiés que la France ne cesse de repousser. Elle a choisi une famille de la bonne bourgeoisie française au nom ronflant, Simart-Duteil, aux apparences qui le sont tout autant, mais qui derrière cette façade de faux-semblants et de bien-pensance laisse place à des non-dits et secrets qui ne demandent qu’à s’éventer. Les primes abords, en particulier les portraits des protagonistes sont, à mon sens, un peu caricaturaux : l’aîné de la fratrie Paul se présente comme un youtubeur très à droite, qui gravite autour d’un homme des médias qui a de drôles de ressemblances avec un Vincent Bolloré. Le cadet, Samuel, est à la tête d’une clinique de chirurgie esthétique, dans la recherche éternelle du nez parfait, et en pleine romance avec sa nouvelle fiancée, Monika, mannequin de son état. Et enfin, Clothilde, la sœur, mère de famille bourgeoise, toujours prête à tenter une recette de pain à l’épeautre bio et sans gluten pour nourrir sa descendance chérie. N’oublions pas Isabella, la mère, et veuve, qui n’est pas en reste : fière de ne pas faire son âge, grâce aux injections hyaluronisées de son médecin de fils, elle rayonne dans les rôles de grand-mère pétillante et de femme amoureuse aux côtés d’un homme plus jeune qu’elle. Tous évoluant dans le cadre de cette belle demeure familiale à Yerville, au Clos, qui ne manque pas d’attirer tous les regards environnants.



Ils auraient tout de la parfaite famille bourgeoise, si, comme souvent, les secrets et les blessures encore à vif du passé ne resurgissaient pas, aidés par un Paul acrimonieux et écumant d’une rage latente, avec visiblement des comptes à régler inscrites sur son échéancier. Paul est cet élément perturbateur, toujours à part dans la famille Simart-Duteil, et ressuscite ces secrets de famille, embaumés dans la poussière des cartons, qui leur tenaient lieu de linceul. Paul a mis le feu aux poudres : à partir de là, on observe avec effroi la spirale infernale qui tissera sa toile sur tous les membres de cette famille, c’est celle du doute, constant, de la peur, de l’angoisse, qui s’accroissent au fur et à mesure du roman.



L’histoire monte progressivement en tension, Je n’arrivais pas à comprendre ou Kinga Wyrzykowska souhaitait nous emmener, au-delà des constations de tendances xénophobes de plus en plus claires pour cette partie du Moyen-Orient. Le bon coup de semonce final, réservé au lecteur, et dont la famille se verra exclue, donne plus de profondeur et de complexité à ce roman et l’élève à un autre niveau que celui du simple constat identitaire, qui n’est d’ailleurs pas l’apanage de la France. Je vous laisse le plaisir de la découverte de ce retournement de situation, qui m’a laissée pantoise : à aucun moment du récit, je n’ai pas eu l’ombre d’un soupçon de ces révélations à venir. Elles laissent un goût doux-amer, celui d’avoir trouvé la bonne voix pour écrire ce roman, celui d’une société hargneuse, prête à tout, et dotée désormais d’outils numériques surpuissants, pour se préserver, ou s’immerger dans le formol – c’est comme on veut- d’un voisin lointain qui a eu la mauvaise idée de ne pas vénérer la même idole, et d’avoir le grain de peau qui a trop pris le soleil.



C’est un premier roman, qui a la qualité de remettre les choses à l’endroit sur notre société qui a cédé les amarres face à une tripotée de millionnaires, de médias, de médiateurs et manipulateurs qui ont la main mise sur les informations que nous voyons, lisons, écoutons. Et qui s’en servent pour faire leur petit travail de sape afin de conserver leurs petits privilèges, dont celui de vivre dans une société ancrée dans une image écornée qu’ils cherchent à conserver à tout prix. Les origines étrangères de l’auteure donnent un retentissement unique à roman, nous apporte un éclairage autre. C’est un roman, classé dans la littérature française, mais de portée universelle, sans aucun doute.
































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Patte blanche

« Patte blanche » est la peinture d’une France conservatrice et passablement hors-sol qui croit à l’immuabilité de ses privilèges et qui découvre la peur de l’extérieur, immigrés en tête. Toute ressemblance avec des idées en cours etc., etc...



« Famille, je vous hais » prend tout son sens lorsque les personnages découvrent les jalousies intra-familiales, les liens filiaux qui se distendent, la peur irrationnelle, le naufrage de la vieillesse et autres joyeusetés de la vraie vie ; lorsque le complotisme leur dictera le choix de se cloîtrer pour se protéger de tous les changements, il sera trop tard pour revenir en arrière, tout sera déjà « parti en sucette » comme le dit si bien l’un des frères.



Avec un comique féroce noirci par un brin de cynisme, Kinga Wyrzykowska organise une narration maîtrisée ; il faut attendre quasiment le dernier 1/3 du livre pour qu’arrive l’emballement qui rend la lecture puissamment jouissive, que jusqu’alors j'avais trouvée surtout perturbante.



Lu dans le cadre des 68 premières fois, que je remercie pour tout ces premiers livres enthousiasmants, celui-ci par exemple.
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Patte blanche

Bien que nous offrant avec Patte blanche son premier roman, Kinga Wyrzykowska y déploie déjà toutes les aptitudes de la plus rouée des autrices, tendant sans vergogne à ses lecteurs les pièges subtiles dans lesquels ils prendron le plus grand plaisir à sombrer. Pourtant, gentiment, dès le début elle prévient qu’elle va nous entraîner du côté d’une histoire de « gens bien qui ont laissé leur intelligence en jachère », elle joue la naïve narratrice qui, achoppant sur un nom resurgi du passé va remonter le fil de sa mémoire. Elle nous présente, mine de rien, la famille Simart-Duteil, son patriarche, ex-roi du macadam, décédé, la mère, d’origine italienne, sensiblement cintrée et la nichée plus ou moins bien peignée, deux garçons, une fille, un gendre, une presque bru et une poignée de petits-enfants. Tout ce petit monde navigue plus ou moins au juger entre névroses et rancœurs, succession et déceptions, vérités crachées et non-dits mal digérés, tendant à la « normalité », la simulant si besoin, mais pas plus dépourvu d’une forme d’équilibre mental que la plupart de nos concitoyens. Alors, à quel moment tout cela vrille-t-il ? A quel moment finit-on par se rendre compte que le malaise enfle, que quelque chose, ne va pas, que la ligne rouge est franchie ? A quel moment passe-t-on du rire au sourire crispé, de l’effarement à la nausée ? Trop tard, c’est évident.

C’est là tout le talent de Kinga Wyrzykowska qui, maîtrisant l’art de la séduction, nous hypnotise de sa plume faussement légère pour mieux retirer sous nos pas le tapis moelleux que nous croyions fouler. Sans en avoir l’air, grain à grain, elle arrache à nos pieds le socle de discernement sur lequel nous pensions pouvoir compter et nous démontre en toute quiétude que la folie avance masquée, s’infiltrant sans vergogne dans la moindre de nos failles.

Un premier roman comme je les aime, qui m’a soufflée, cueillie et totalement emportée dans le plaisir d’une lecture de grande qualité !


Lien : https://magali.bertrand@neuf..
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Patte blanche

« Gardez-vous, sur votre vie,

D'ouvrir que l'on ne vous die,

Pour enseigne et mot du guet :

"Foin du loup et de sa race!" »



Kinga Wyrzykowska dézingue la bourgeoisie dans ce premier roman explosif. Une fois passées les maladresses (un Pol'Pot osé) et malgré l'absence de sympathie de l'ensemble des personnages, l'intrigue prend. Là où parfois l'auteure nous en dit trop (et gomme l'effet de surprise de la fin, pourtant géniale), elle reste à la surface de certains membres de la famille (Antoine, Aurélien et Drisana) dont on ne sait presque rien...



Il y a donc ces petits défauts, mais ouaouh !

Kinga Wyrzykowska est une compositrice virtuose. La mélodie qui émane de cette écriture... Elle nous raconte avec modernité, un bon brin de folie et beaucoup de liberté comment une riche famille s'est retrouvée recluse dans sa maison de campagne.



Les dialogues sont fondus dans la narration, une narration intrusive, subjective, un poil manipulatrice et excessivement truculente.

C'est la première fois que je lis un roman pareil. J'ai ricané du ridicule de ces gosses de riches qui passent à côté de la vie, de la mécanique somptueusement huilée de celle qui écrit, du voile si fin de réel qui recouvre la fiction.
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Patte blanche

Les Simart-Duteil sont une famille qui vie reclus dans sa maison familiale. Mais comment en sont-ils venu à une telle décision. Le narrateur va nous défiler les événements qui les ont conduit à se couper de tout et de tous qui ne sont pas dans leur cercle très rapproché.



Une lecture intéressante même si parfois on s'emmêle dans les protagonistes. Après un rebondissement inattendu dans l'avant dernier chapitre, on reste sur notre faim en ne sachant pas comment cela se termine pour chacun des Simart-Duteil. C'est vraiment dommage. Cela test quand même un bon premier roman qui met en toile de fond la peur de l'étranger et l'influence de nos proches.

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Mémor, le monde d'après

À travers ce roman d'aventures, l'auteur livre une réflexion sur la force du souvenir et la manière dont celui des disparus reste intact chez les vivants.
Lien : http://www.lefigaro.fr/livre..
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Patte blanche

Dans ce livre,l'auteure nous parle des conséquences extrêmes de la surinformation tous azimuts dans une société clivante, sur l'équilibre fragilisé d'une famille bourgeoise.

Se basant ( ou pas ) sur des faits divers,et l'attentat du Bataclan , elle aborde les notions d'emprise,de totalitarisme,de la peur de l'autre surmultipliée à en devenir une totale psychose,tout ça sur fond de mensonges ,de culpabilisation, de cocufiages XXL. Et vlan la belle petite famille modèle,petit col Claudine,petit col bateau,cheveux blonds et sourires figés disparus,envolés, brisés par le reflux du choc.

Une catastrophe? Non,un ras de marée où l'équilibre apparent est balayé par une folie collective.

Tout ça aurait pu faire un très bon roman si ça avait été plus fouillé, plus dense,plus analysé.

Mais cette belle promesse s'évanouit et je me suis noyée sous les personnages multiples,leurs vies embrouillées,qui du coup semblent être au premier plan,alors que c'est la montée de la peur et l'extrémisme des solutions qui devraient être le sujet numéro 1.

Bref,du coup ce qui aurait pu être passionnant est dilué et sans saveur,les personnages sont des stéréotypes,et c'est juste parce que le style m'a retenue que je suis allée jusqu'au bout du livre.

Je suis censée l'offrir à une amie, j'espère qu'elle sera toujours mon amie après l'avoir lu.

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Patte blanche

Le roman s’articule en trois phases.

D’abord, la vie quotidienne, où l’on nous présente les protagonistes qui tentent de meubler la vacuité de leur vie.

- Qui en relançant sa carrière de polémiste.

- Qui en réalisant sa réussite professionnelle de chirurgien esthétique, fondant une clinique réputée.

- Qui en se la jouant branchée sur la cuisine et la déco sur les réseaux.

Et la matriarche qui a peur de vieillir.

Veuve d’un mari volage au proche Orient où il se serait converti et marié ?



Dans un second temps, un fils caché appelle depuis son Liban natal.

Des premiers mails quémandeurs, humbles, mais bientôt plus fermes et menaçants.



Pol, l’aîné, voit le danger : tests ADN, captation d’héritage.

Clothilde, sa sœur, lasse de poster les photos de ses plats, rêve de devenir militante humanitaire et s’émeut de cet appel.

En même temps, Samuel, le doc, est secoué par une cliente en hijab qui, d’abord enchantée de son nouveau nez devient hargneuse sur les réseaux. Jusqu’à ruiner la réputation du praticien.



Pol découvre qu’elle est en relation avec Feras, le soi-disant frère, et qu’il s’agit en fait d’une attaque jihadiste soigneusement planifiée.



La dernière partie, bien moins maîtrisée, file dans tous les sens, jusqu’au délire paranoïaque et l’enfermement protecteur.



Une lecture très agréable au début mais qui a tendance à faiblir au fur et à mesure qu’elle grossit le trait.

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Patte blanche

La quatrième de couverture de ce livre aux avis contrastés m'a attiré. J'avais envie d'être surprise et je ressors mitigée.



Certains aspects de cette lecture m'ont beaucoup plu : la description de chacun des membres de cette famille avec leurs fêlures et leurs pots cassés bien cachés derrière le vernis par exemple est un plus dans ce roman, l'auteure prend soin de nous brosser le portrait de chacun et c'est délicieux.



Par contre  je me suis un peu noyée dans le style d'écriture, parfois, je ne savais plus trop où en était l'auteure, où elle voulait m'emmener. Je n'ai pas été surprise par le dénouement mais complètement desarçonnée par le chapitre 0' en trop peut-être ? J'ai dû relire le chapitre 0 pour comprendre l'auteure.



Une lecture intéressante toutefois, un roman de la rentrée littéraire à découvrir.
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Patte blanche

Parfois les premiers romans sont des coups de maître. Celui-ci est d'un cynisme furieux, complètement déjanté et très drôle. Je ne sais pas comment @kingakowska réussit à camper des personnages aussi détestables et pourtant, malgré tout, attachants.



Elle nous emmène dans un huis-clos impitoyable. On voit venir le dérapage sans parvenir à le questionner. C'est énorme et pourtant c'est crédible.



Inspirée d'une histoire vraie, celle des reclus de Montflanquin, elle dresse le portait d'une grande famille bourgeoise, dysfonctionnelle comme elles le sont toutes et pétrie d'un mélange de complexes et de haute estime de soi.



Voici les Simart-Duteil.

Voici Isabella, la mère, ancienne beauté fatale, qui lutte contre les ravages du temps et règne sur ses enfants, maintenant que Claude, le patriarche, magnat des autoroutes, est décédé.



Voici Paul, l'aîné mal aimé, enfant jadis replet, dont le coming-out adolescent est accueilli avec consternation et qui depuis cherche l'amour en tant que journaliste, chroniqueur et influenceur d'extrême-droite. Il lui faut des likes, le respect des médias, il faut qu'il existe.



Voici Clothilde, la petite sœur, qui aurait pu devenir comédienne mais s'est mariée jeune, a eu 3 enfants et depuis s'emmerde.

Hypocondriaque, elle instagramme des muffins entre 2 séances de masturbation pour rester vivante, un peu.



Voici Samuel, l'enfant chéri, choisi par les parents, chirurgien esthétique fétichiste du nez.



Et voici un jour, Feras, le fils caché, syrien qui cherche à rejoindre la France et compte sur la famille.

A partir de là, ça déraille.



Paul se met en tête de lancer sa chaîne YouTube de potins politiques, Clothilde veut donner sa vie aux migrants de Lesbos et Samuel opère une Youtubeuse beauté en fantasmant sur son nez.

C'est le début de la fin.



Un portrait corrosif du poids de l'enfance, de la xénophobie confite, de la peur de l'autre et de la dictature de l'image.

La peinture acide d'une époque où l'intelligence est en jachère, ou l'analyse s'efface devant le buzz sur fond de 2015.



Jusqu'au huis-clos et au twist final qu'on ne devine absolument pas.



A lire, atterrée, comme une pièce de théâtre ou un très bon film.
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Patte blanche

Voici un livre étrange mais habile. ( Lu dans le cadre du prix premières paroles)

Au début je m'agace du style. Un style parlé d'aujourd'hui avec des expressions parfois incompréhensibles, une immersion dans les réseaux sociaux avec leur mode de communication si spécifique, des acronymes et les images qui vont avec. Face jaune qui s'interroge. Les dialogues et pensées sont directement insérés dans le texte... Je rame à saisir ce que dit l'autrice, reviens en arrière et relis....puis, comme dans une langue étrangère, l'immersion fait son œuvre et je saisis les subtilités de l'histoire et la psychologie des personnages. Je suis embarquée par cette histoire folle et pourtant inspirée d'un fait divers réel, celle des reclus de Monflanquin.

" Ils ont mis leur intelligence en jachère " nous dit l'autrice, reprenant la plaidoirie de l'avocat défenseur de la famille escroquée pour expliquer comment un groupe de personnes cultivées peut se laisser totalement manipuler et dépouiller.

Dans ce livre l'autrice s'inspire de ce fait pour nous raconter une histoire d'emprise et de paranoïa collective qui s'alimente de la peur que génère notre société. Nous sommes dans le contexte des attentats de 2015 ( Charlie et le Bataclan), de la peur des terroristes qui peuvent se cacher derrière chaque migrant. Les réseaux sociaux sont une voie royale pour véhiculer les théories complotistes les plus extravagantes, qui pourront néanmoins être gobées sans discernement. Les commentaires des "influenceurs" font et défont les notoriétés : les avis se construisent sur du vide, nul besoin de connaissances, de faits vérifiés, l'important c'est d'être réactif et d'être "liké". Les différents personnages sont tous pris, d'une manière ou d'une autre, dans cette frénésie de reconnaissance. La mère qui a 70 ans veut rester jeune à tout prix! Samuel le chirurgien esthétique qui veut être reconnu par ses pairs pour une invention qui permet de faire des rhinoplasties parfaites. Clotilde, qui après avoir suivi son mari muté au quatre coins du monde, s'épanouit en partageant des recettes de cuisine sur des blogs. Paul, "youtubeur" en perte de vitesse qui s'imagine être un journaliste, fraie avec l'extrême droite. Un mail venu de Syrie, d'un demi-frère dont l'existence leur était inconnue est l'élément déclencheur de cette paranoïa qui va crescendo. L'insuffisance d'attention et d'amour dans l'enfance peut créer une fragilité psychologique, terreau propice à la manipulation. Les conjoints et enfants sont emportés eux aussi. C'est le confinement avant l'heure! Paul organise la protection de la famille, recluse à Yerville en Normandie.

Montrer patte blanche signifie prouver son identité pour rentrer dans un lieu. L'expression est attribuée à une fable de Jean de La Fontaine, Le loup, la chèvre et le chevreau. Et comme nous dit Kinga Wyrzykowska "les chevreaux s'affolent plus vite que les loups". Ils comprendront peut-être que le loup est dans la Bergerie.

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Patte blanche

Chez les Simart-Duteuil, on a la réussite dans le sang et la soif de perfection quasi obsessionnelle. La matriarche de cette illustre famille bourgeoise, Isabella, est la veuve d'un ancien magnat du réseau autoroutier du Moyen-Orient. Bien qu'âgée de 70 ans, cette femme cherche à tout prix à retrouver la beauté de sa jeunesse et heureusement, elle peut compter, dans cette quête d'éternité, sur son fils aîné, Samuel, maestro du bistouri, à la tête d'une clinique de chirurgie esthétique en vogue. Clotilde, la soeur, mariée et mère de trois enfants, passe quant à elle ses journées à transformer son vide existentiel en de très jolies photos sur Instagram. Seule ombre à ce tableau familial, Paul, l'autre fils du clan, loser invétéré, qui tente un come-back en tant qu'influenceur politique ancré bien à droite. Toute cette façade en apparence harmonieuse se fissure lorsque Feras, le fils caché de feu le père qui vit en Syrie mais aimerait rejoindre la France, se fait connaître. Progressivement, la paranoïa infuse cette famille tel un poison et fait tout vriller ! J'ai tout simplement adoré et dévoré ce premier roman de Kinga Wyrzykowska ! C'est jubilatoire, férocement drôle mais également très pertinent. Elle aborde avec beaucoup de justesse les questions liées à l'image, aux réseaux, aux préjugés, à l'individualisme, à la peur et prouve qu'aujourd'hui, il ne faut pas grand chose pour qu'une situation s'envenime et conduise au chaos. Cette famille nous apparait tantôt détestable de tant de superficialité et de médiocrité mais nous peine également. Inspiré d'un fait-divers, l'autrice nous propose ici un récit brillant, au final scotchant, sur une famille qui se délite, sur une société anxiogène et sur cette peur qui dévore tout !







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