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Citations de Larry Tremblay (218)


Les deux frères étaient couchés sur le toit de la maison. Les premières étoiles venaient d'apparaître. Elles perçaient le ciel une à une, avant de le cribler par dizaines de leurs feux scintillants. Amed et Aziz avaient pris l'habitude de monter là-haut profiter de la brise. Ils s'étendaient sur le dos près du gros réservoir d'eau et plongeaient leurs regards dans la nuit infinie.
- Ne sois pas triste, Amed. Bientôt, je serai là-haut. Promets-moi que tu viendras chaque soir ici pour me raconter ta journée.
- Comment je ferai pour te trouver, il y a tellement d'étoiles ?
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Là où il y avait tes lèvres, je sens un ruisseau couler sous la glace, un ruisseau de phrases.
Et là où il y avait tes yeux, je sens comme une grande chaleur. Comme une grande chaleur, comme deux braises qui rougeoient sous la neige.
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Le deuil qui me hante est la chose la plus étonnante qui me soit arrivée dans la vie.

Page 200
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Ta mort transfigurait les tableaux où tu étais représenté : Ils devenaient prémonitoires. Je ne les avais pas créés pour raconter une histoire, aucun lien n'existait entre eux. Je les regardais à présent comme les moments inséparables d'une vie qui se terminerait par un désastre.
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Je me suis fait la réflexion que tu t'étais plutôt bien débrouillé malgré ta méconnaissance du français. Tu avais trouvé ce que tu cherchais sans problème apparent.
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"Il ouvre ses journaux, les parcourt rapidement. La tragédie du Piper Saratoga et de ses illustres occupants fait encore la manchette. Comme si Dieu avait béni les médias, une tragédie leur tombe du ciel chaque été, pour combler les vacances, le remplir de gros titres et d'images sensationnelles. N'y a-t-il pas eu récemment la mort providentielle de Lady Di?"
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Un enfant paralysé par la peur vient de s’emparer de l’homme adulte qu’il est.
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"Mes tentatives effrénées m'intoxiquaient. Je découvrais avec toi le gravité du mot peintre. Je ne tachais plus ma toile de mes velléités, je la fecondais de mon désir de te transpercer avec mes yeux. Au début, tu me prenais pour un original ou un fêlé ou un artiste déjanté. Tu acceptais de jouer le jeu. Mais comment savoir ce que tu pensais, ce que tu cachais. Tu dissimulais ton étonnement derrière un visage d'arrogance. Tu te laissais enfermer dans les coups de pinceau. J'avais trouvé le corps premier, le modèle qui recelait la vérité espérée. Tu fonctionnais comme un point de fuite où couraient mes aspirations, mes doutes. J'expérimentais de nouvelles aventures avec toi comme d'autres gâchent leur vie pour mieux en jouir, quitte à la quitter dans la précipitation. J'insérais un gant imaginaire dans ta bouche pour la déformer. Je peignais du temps sur tes lèvres. Je m'éxercais à ne regarder qu'un seul de tes yeux. Je les détachais de leur symétrie, les isolais. J'en éliminais un. J'amenais au jour le cyclope que tu dissimulais sous le galop de ta beauté. Ton unique oeil glissait sur ton visage, s'étirait comme une flaque, tombait en dégradé, loque de lumière. Je n'arrivais pas à te peindre en entier. Tu te fragmentais."
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"Te peindre, comme je l'avais fait, avait été un acte sexuel. À coups de pinceaux, j'avais abusé de ton corps."
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"Pour moi, il n'y a toujours eu qu'une seule chose à peindre: le corps et son cri."
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"Te peindre, c'était aussi plonger mes doigts dans le gris de mon cerveau, étaler ma main gluante sur la toile consentante, toile junkie en manque de visage, quêtant sa perfusion de couleurs".
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"Je grattais ton image jusqu'à percer le réel, jusqu'à faire apparaître l'excrément du vrai. Pas beau, ça, ce mot: excrément. On le sent - et il pue - avant d'en saisir le sens. On le bloque, on l'envoie chez le Diable. La vérité, comme toutes choses, produit des excréments. Et c'est l'art qui se charge de les ramasser. Et de les vendre. Et de les rendre admirables. Quitte à forcer l'oeil, à le faire saigner."
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"Je ne peignais pas de paysage. Ma peinture ne supportait pas le grand air. Pas besoin de montagnes, de rivières, de déserts, de pâturages ni de plages léchées par les vagues. Encore moins de soleil, de lune, de nuages. Ton corps me suffisait à peindre l'univers."
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"Je ne pouvais peindre que dans l'informe, le fouillis. Comme si j'avais fait mienne cette idée suspecte, réconfortante, sûrement mensongère, que la lumière jaillit des ténèbres."
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"Peu importait d'ailleurs qu'il ait pu mettre au jour l'hypocrisie de son fils. Je recherchais sa colère et, dans les deux cas, j'obtenais ce que je voulais: ses coups de fouets. C'était quand il me frappait que je ressentais sa paternité. Elle me clouait à la réalité, m'empêchait de me désintéger dans l'air ambiant."
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Nous avions désormais une histoire, pas celle d’un vulgaire cambriolage, mais celle d’une mort annoncée et d’une œuvre à venir 
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Pour moi, il n'y a toujours eu qu'une seule chose à peindre : le corps et son cri. Et si la sainteté et le tragique avaient la chance de se marier, c'était assurément au sein de la figure humaine. L'art abstrait l'avait évincée de la toile, remplacée par des paysages de points, de lignes, de taches, l'avait déconstruite pour signifier l'insignifiance de toute vérité humaine, voire son inexistence absolue. Il n'y avait que du vent dans cet art aseptisé. Pour peindre des crucifiés ou me hisser moi-même en haut d'une croix, je n'avais pas besoin de croire. N'importe qui pouvait se retrouver dans cette position. Et toi, le voyou, le voleur, le petit boxeur, au moment où dans ma nuit tu avais fait intrusion, j'étais enfin prêt à accepter les bassesses, les joies, les blessures nécessaires pour peindre le corps que tu m'offrais et son cri que j'aspirais à étaler à la grandeur de ma toile. L'amour avait déjà commis tous les crimes. Un défi pour moi d'en imaginer de nouveaux.
(pp. 110-111)
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Tu as ébranlé ma vie comme un coup de poing que je n'ai pas eu le temps de voir arriver. A peine un mois auparavant, tu avais tenté de me dévaliser en pleine nuit. Tu avais espéré quoi ? Que je cachais mon argent sous mon matelas ? J'aurais été flatté si tu étais venu pour me voler une toile. Mais tu étais ignorant et vulgaire malgré tes beaux vêtements. Tu ne savais rien de l'art, tu n'avais aucune idée de l'artiste que j'étais. Tu avais cru repartir avec une montre, une télé, des babioles. Tu m'as sauté dessus comme un chat. Une bête d'égout. Dommage que tu n'aies pas pu me dévaliser chaque soir. J'étais prêt à subir de ta part ces violences qui s'enfoncent dans la chair comme des hameçons.
(p.23)
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Tu n’as pas remarqué? Les bruits ne font plus le même bruit, et le silence, on dirait qu’il se cache comme s’il préparait un mauvais coup.
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EXTRAIT 1: Ce soir-là,dans le jardin,elle a regardé la lune pour s’imprégner de sa lumière lointaine.Tout à coup,elle s’est souvenue d’une chanson.Sa mère la lui murmurait à l’oreille pour l’endormir: un jour nous serons lumière.
Nous vivrons dans des yeux toujours ouverts.
Mais ce soir,petite,ferme tes paupières.
Page: 53

EXTRAIT 2: Nous vivons chaque jour dans la crInge qu’il soit le dernier.Nous dormons mal et,quand nous le faisons,des cauchemars nous poursuivent.
Page: 61

EXTRAIT 3: -Je dois te dire autre chose.Ton frère n’est pas encore guéri.Il ne pourrait pas porter la ceinture.Il est trop faible.C’est pour ça que je t’ai choisi.
-Et si Aziz n’avait pas été malade,qui aurais-tu choisi? a demandé Amed avec un aplomb qui a surpris son père.
...
-J’aurais demandé aux oranges de décider à ma place.
-Aux oranges?
-Voilà ce que j’aurais fait: j’aurais donné une orange à ton frère,puis une autre à toi.Celui qui aurait trouvé le plus de pépins dans son orange,eh bien,c’est lui qui serait parti.
Page: 62-63
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