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Citations de Laure Hillerin (36)


Bref, que l'on soit proustophile ou non, on vient visiter la maison de Ravel et l'on repart, souvent à la nuit tombée, enchanté, incollable sur Marcel Proust et fervent ami de Céleste.
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C'est à juste titre que Proust lui décernera le titre de « Reine du pastiche » : à force d'apprendre par cœur les messages de Monsieur pour pouvoir les répéter mot pour mot, elle est devenue, dit-elle, « une espèce de magnétophone » — et, bien mieux que ça, son double féminin, sa « présence réelle ».
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Céleste n'est pas éduquée comme une paysanne, mais comme une Demoiselle. En 1907, pour parfaire son éducation, on l'envoie, comme sa sœur Marie, chez les Dames de Saint-Maur, à La Canourgue (...). Dans cette institution très chrétienne et très select, qui accueille les filles de tous les notables des environs, elle est supposée poursuivre ses études. Poursuivre est bien le mot, car il ne semble pas qu'elle se soit jamais souciée de les rattraper.
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Dès 1822, les religieux et religieuses chargés, pour les uns, de l'école et de l'orphelinat et, pour les autres, de l'hospice, prennent possession des lieux. Caroline a suivi de près la progression du chantier, et déboursé sans sourciller plus de 600 000 francs. D'un point de vue architectural, l'hospice Saint-Charles est une magnifique réussite.
Page 120
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À l'Élysée, rien n'a changé. Comme chaque soir, les domestiques zélés ont tout préparé pour le retour de leurs maîtres. Caroline va droit aux appartements de Charles.
Page 96
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Donner un héritier au royaume reste en effet la Grande affaire. Charles s'est attelé à la tâche avec une ardeur qui va bien au-delà des "devoirs politiquement remplis" dont lui-même et son frère ont été les fruits. Faraud, il peut ainsi écrire à son ami Roger de Damas: "Je voudrais vous s'abonner que la duchesse est grosse, mais je n'en sais rien, à moins que ce ne soit d'hier soir ou de ce matin."
Page 66
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Doté d'une vaste culture, homme de l'Ancien Régime mais cependant parfaitement capable de se plier aux circonstances, Louis XVIII est aussi un grand malade, "couvert d'humeurs est de plaies" et souffrant d'une malformation des hanches qui, s'ajoutant à son obésité, lui rend la marche très difficile. Pour le déplacer plus facilement, on a conçu un ingénieux fauteuil roulant "tout-terrain", doté de trois roues reliées ensemble. Pour assécher ses plaies, on les saupoudre de quinquina pilé; deux domestiques sont proposés en permanence à cet office.
Page 56 et 57
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"La gamme descendante des trois adjectifs", p. 168-169

C'était l'époque où les gens bien élevés observaient la règle d'être aimables et celle dite des trois adjectifs. Mme de Cambremer les combinait toutes les deux. Un adjectif louangeur ne lui suffisait pas, elle le faisait suivre (après un petit tiret) d'un second, puis (après un deuxième tiret) d'un troisième. Mais ce qui lui était particulier, c'est que, contrairement au but social et littéraire qu'elle se proposait, la succession des trois épithètes revêtait dans les billets de Mme de Cambremer l'aspect non d'une progression, mais d'un "diminuendo". Mme de Cambremer me dit dans cette première lettre qu'elle avait vu Saint-Loup et avait encore plus apprécié que jamais ses qualités "uniques - rares - réelles", et qu'il devait revenir avec un de ses amis (précisément celui qui aimait sa belle fille, et que si je voulais venir avec ou sans eux dîner à Féterne, elle en serait "ravie - heureuse - contente". Peut-être était-ce parce que le désir d'amabilité n'était pas égalé chez elle par la fertilité de l'imagination et la richesse du vocabulaire que cette dame, tenant à pousser trois exclamations, n'avait la force de donner dans la deuxième et la troisième qu'un écho affaibli de la première. Qu'il y eût seulement un quatrième adjectif, et de l'amabilité initiale il ne serait rien resté. (Sodome et Gomorrhe)
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"Pousser l'ingratitude jusqu'à être dreyfusard"

"Je ne discutera pas politique avec vous, Froberville, dit M. de Guermantes, mais pour ce qui concerne Swann, je peux dire franchement que sa conduite à notre égard a été inqualifiable. Patronné jadis dans le monde par nous, par le duc de Chartres, on me dit qu'il est ouvertement dreyfusard. Jamais je n'aurais cru cela de lui, de lui un fin gourmet, un esprit positif, un collectionneur, un amateur de vieux livres, membre du Jockey, un homme entouré de la considération générale, un connaisseur de bonnes adresses qui nous envoyait le meilleur porto qu'on puisse boire, un dilettante, un père de famille. Ah ! j'ai été bien trompé. Je ne parle pas de moi, il est convenu que je suis une vieille bête, dont l'opinion ne compte pas, une espèce de va-nu-pieds, mais rien que pour Oriane, il n'aurait pas dû faire cela, il aurait dû désavouer ouvertement les juifs et les sectateurs du condamné."
"Oui, après l'amitié que lui a toujours témoignée ma femme, reprit le duc, qui considérait évidemment que condamner Dreyfus pour haute trahison, quelque opinion qu'on eût en son for intérieur sur sa culpabilité, constituait une espèce de remerciement pour la façon dont on avait été reçu dans le faubourg Saint-Germain, "il aurait dû se désolidariser. Car, demandez à Oriane, elle avait vraiment de l'amitié pour lui." (Sodome et Gomorrhe, Pléïade, III, p. 76-77)
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- Ce pauvre général, il a encore été battu aux élections, dit la princesse de Parme pour changer de conversation.
- Oh ! ce n'est pas grave, ce n'est que la septième fois", dit le duc qui, ayant dû lui-même renoncer à la politique, aimait assez les insuccès électoraux des autres. "Il s' est consolé en voulant faire un nouvel enfant à sa femme.
- Comment ! Cette pauvre madame de Monserfeuil est encore enceinte, s'écria la princesse.
- Mais parfaitement, répondit la duchesse, c'est le seul arrondissement où le pauvre général n'a jamais échoué." (Pléiade, Le Côté de Guermantes, II, p. 801-802)
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"Par ordonnance du médecin", (p. 67)

"Car la duchesse aimait à recevoir certains hommes d'élite, à la condition toutefois qu'ils fussent garçons, condition que, même mariés, ils remplissaient toujours pour elle, car comme leurs femmes, toujours plus ou moins vulgaires, eussent fait tache dans un salon où il n'y avait que les plus élégantes beautés de Paris, c'est toujours sans elles qu'ils étaient invités ; et le duc, pour prévenir toute susceptibilité, expliquait à ces veufs malgré eux que la duchesse ne recevait pas de femmes, ne supportait pas la société des femmes, presque comme si c'était par ordonnance du médecin et comme il eût dit qu'elle ne pouvait rester dans une chambre où il y avait des odeurs, manger trop salé, voyager à l'arrière ou porter un corset. (Pléiade, Le Côté de Guermantes, I, p. 503-504)
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.
Marcel , [...] n'a jamais eu vis-à-vis de son personnel ce sentiment hautain de supériorité [...]

Son extrême sensibilité lui ouvre les portes de toutes les âmes, quelle que soit leur condition sociale .

P. 163
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Oui, il l’avait toujours connue et il l’aimait comme elle était, avec ses incomparables qualités d’âme comme avec ses insupportables défauts. Ils s’étaient reconnus au premier regard, malgré l’abîme social et culturel qui les séparait ; ils s’étaient choisis, et leurs destins étaient restés liés, indissolublement, pour le meilleur et pour le pire. Céleste, malgré ses faiblesses et ses emportements, lui était restée fidèle, dans l’enchantement comme dans l’adversité. Ils s’étaient portés mutuellement, comme une mère et son enfant, tour à tour l’une et l’autre. Ils avaient trouvé chacun dans l’autre à la fois la mère chérie dont ils portaient le deuil inconsolable et l’enfant qu’ils n’avaient pas eu.
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Laure Hillerin
Ce vague malaise qu’elle avait ressenti à l’église et au cimetière, lorsqu’elle s’était retrouvée, anonyme, au milieu de tous ces éminents indifférents, s’est mué en une terrible et foudroyante évidence : la mort de Monsieur Proust la laisse bien pis qu’orpheline – déracinée et comme apatride, étrangère entre deux mondes. Elle n’est plus « la Céleste » du moulin d’Auxillac ; elle s’est détachée à jamais du monde simple et prosaïque de son enfance. Car elle est ineffaçable, l’empreinte de dix années vécues auprès d’un génie, dans un milieu pétri de culture et de raffinement. Elle est devenue « la belle Céleste », cajolée par la fine fleur de l’intelligentsia et du gra- tin parisien parce qu’elle était la voix, l’émissaire, la sentinelle, l’ange gardien de son maître. Mais, dans cette société, elle n’a été admise que provisoirement, par le hasard des circons- tances. Elle n’est pas, elle ne sera jamais l’une des leurs, elle qui a gardé l’accent chantant et le langage agreste de son village ; elle qui s’exprime avec des mots choisis mais ignore superbement les règles élémentaires de l’orthographe.
Elle a trente et un ans, un mari attentionné, une sœur dévouée, la vie devant elle. Mais jamais plus elle ne pourra se satisfaire d’une existence « normale », parmi des gens « normaux ».
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Sanson et son commanditaire avaient étudié avec soin l’implantation et les façades du Palais Rose pour qu’il réjouisse les yeux des passants, en surgissant sur l’avenue du Bois comme une miraculeuse vision du passé. Là où jaillissait ce rêve de pierre et de marbre, on a bâti un lourd mausolée grisâtre. Là où s’harmonisaient avec bonheur matériaux précieux et coloris subtils règne la monotone brutalité du béton pisseux. Là où l’on avait dépensé avec allégresse des fortunes pour que le marbre rose de la façade chante au mieux sous le ciel gris de Paris se terrent des ploutocrates anonymes. « Un monument est l’expression matérielle de l’esprit d’un pays, d’une époque, et, surtout, d’un homme » professait Boni. Le contraste lui aurait donné matière à amère réflexion.
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C’est le triste épilogue de cette histoire : le rêve souriant d’un esthète raffiné et munificent s’est mué en un austère bunker pour ultra nantis. « Boni est mort, et il a bien fait », lançait un chroniqueur en 1932, en guise d’oraison funèbre, « un homme de cette élégance et d’un ton aussi délicat ne pouvait vivre dans l’époque où nous sommes ».
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Juin 1969. Georges Pompidou vient d’être élu président de la République. André Malraux est encore ministre de la Culture – plus pour très longtemps. À l’angle de l’avenue Foch et de l’avenue Malakoff s’est ouvert un gigantesque chantier de démolition. Grues, pelles et camions bennes sont à l’ouvrage, dans le fracas et la poussière, à la consternation des riverains : on détruit le Palais Rose.
[...]Comment a-t-on pu en arriver là ? Lorsqu’on reconstitue la chronologie des faits, on se trouve en face d’une histoire tristement banale, dans laquelle ont joué tous les ressorts classiques de l’âme humaine dès que l’argent est en jeu, de la cupidité à l’indifférence et à l’inconscience en passant par la lâcheté, la crédulité, l’obstination, les « petits arrangements entre amis » et ce que nous nous contenterons de nommer l’indélicatesse.
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La fourrure, dont elle affublait aussi ses enfants dès leur plus jeune âge, possède une valeur symbolique : signe de richesse, de prospérité et de réussite sociale, mais aussi de féminité et de domination, vêtement magique qui protège comme une armure et métamorphose la grenouille en princesse. C’est une nouvelle peau qu’elle endosse, et qui proclame avec orgueil sa suprématie et son omnipotence.
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Ce qui l’anime, ce n’est pas le désir de paraître, comme le pensent les jaloux, mais celui de vivre ses rêves d’esthète : « Devant l’incompréhension de notre époque embourgeoisée, je me transposai dans une époque passée dont la splendeur avait pour moi un aspect magique [...]. Exilé non de mon pays mais de mon époque, je m’amusai à vivre une vie d’un autre âge, tant par goût du beau que par dégoût de mon temps. » Boni est l’enfant des siècles passés. Il est un orphelin du Temps.
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Boni, selon le joli mot de Jacques- Émile Blanche, est un « casse-cou candide » ; il est resté un enfant, un enfant insouciant qui joue avec les dollars pour assouvir sa dévorante passion d’esthète.
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