AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Laurent Petitmangin (629)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Ce qu'il faut de nuit

Pour son premier roman, Laurent Petitmangin fait preuve d'une grande profondeur et d'une grande pertinence dans son analyse des sentiments humains .

La "moman" est malade, très malade.

Le "pa" va vite se retrouver seul avec ses deux fils, Fus et Gillou.

Cela se passe plutôt bien : le papa assure, les enfants s'adorent.

Et puis, ils grandissent...

La vie de famille, c'est parfois le meilleur, mais parfois aussi le pire.

Ce court roman, percutant et dérangeant le démontre.

Commenter  J’apprécie          340
Ainsi Berlin

L'après-guerre à Berlin, la ville va bientôt être scindée en deux . Notre héros se retrouve, lui, au milieu de deux conceptions du monde, et de deux femmes. Le programme Spitzweiler : connaissez-vous ? C'est un projet pour faire émerger des scientifiques sur-qualifiés côté russe, pour rivaliser avec l'Ouest. Sauf que cette nouvelle génération, elle va être constituée par des enfants conçus par des scientifiques de la RDA, élevés hors leurs parents pour les embrigadés dès l'enfance. Comme si des savants faisaient forcément des génies ?!! Notre héros travaille pour eux mais il est doublement amoureux : de celle qui dirige ce projet, mais aussi d'une Américaine qui elle tente de combattre l'étendard rouge. Notre auteur joue là encore, sous couvert d'un fait historique, avec la dichotomie en l'homme, quand il doit choisir deux voies strictement opposées : laquelle choisir ? Pour des valeurs ou pas ? Politiques ? tout faire pour rester en vie ou prendre des risques ? Une belle plume encore, moins touchante et renversante mais bien agréable qui nous rappelle cette phrase que je paraphrase de J.J. Goldman : pourvu que l'on ne soit pas obligé d'avoir à choisir un camp.
Commenter  J’apprécie          331
Ce qu'il faut de nuit

« La vie ne m’avait pas fait trop de cadeaux, mais j’avais deux gaillards qui s’aimaient bien. Quoi qu’il arrive, l’un serait toujours là pour l’autre ».



Un roman social qui aborde la question du choix.

Destinée d’hommes. Politique, convictions, militantisme.



En Lorraine, un père élève seul ses deux fils après le décès de leur mère.

La relation avec l’ainé devient complexe, s’étiole, puis les divergences s’imposent, violentes.

La peur d’un glissement vers l’irréparable devient préoccupante pour ce père soucieux de faire de son mieux en matière d’éducation, entourant ses fils d’un amour taiseux.



Un instant, un point de bascule. Des conséquences…

Un évènement ébranlera à jamais l’équilibre familial, les sentiments, les certitudes.



Drame familial - Amour parental – Respect - Responsabilité – Culpabilité -



Un premier roman sensible et triste, pudique et touchant.

Commenter  J’apprécie          330
Les Terres animales

Une catastrophe est survenue. Alors qu’on ne sait ni où, ni quand, ni vraiment pourquoi, ça pourrait être arrivé chez nous, demain, d’une centrale nucléaire défaillante. On pourrait très facilement faire partie de ce petit groupe, celui qui n’a pas voulu partir, attaché à sa terre et à cette petite fille qui y est enterrée. Isolés, mais solidaires, on apprendrait une autre vie, un autre monde, d’autres rêves… Et partager les doutes, les peurs et les espoirs des rescapés…



Les terres animales est le troisième roman de Laurent Petitmangin. On y retrouve son univers, ses personnages attachants, ses valeurs et cette passion pour la vie, ses lumières et ses zones d’ombres. Dans un registre plus apocalyptique, il nous touche une fois encore par son humanité, la justesse de ses mots et son écriture à fleur de peau.



Passer du temps avec Fred, Sarah, Marc, Lorna et Alessandro c’est accepter d’être chamboulés dans ses certitudes, malmenés par des sentiments ambivalents et comprendre qu’un accident peut apporter du bon dans toutes choses. Parce qu’un être humain a besoin des autres pour survivre, ce petit groupe recrée un monde rythmé par les compteurs Geiger, les combinaisons et la surprotection. La nature reprend ses droits, elle se déploie et offre au regard ce qu’elle a de plus beau…



Les terres animales est un récit de fin du monde où la poésie côtoie le désespoir. Les amitiés et les amours frôlent ces âmes sensibles et les fragilisent. Une leçon de vie, entre ombres et lumières…



Commenter  J’apprécie          320
Ce qu'il faut de nuit

Une histoire qui se déroule dans le pays haut en Lorraine, vers Longwy.



Un père se retrouve seul avec ses deux fils. La « moman », comme ils l'appellent, est décédée après une longue maladie. le père travaille à la SNCF, syndiqué depuis toujours à gauche. Fus l'aîné des garçons, ne travaille pas trop à l'école mais n'a jamais posé de difficulté : il aime le foot, il adore son petit frère Gilou et répond toujours présent quand on lui demande de l'aide. Mais à l'adolescence, il va commencer à fréquenter un groupe d'extrême droite, des jeunes fachos ….jusqu'au drame.



On va suivre la destinée de cette famille pendant quelques années au cours desquelles elle ne sera pas épargnée par le malheur. Avec en toile de fond, une région durement touchée par la désindustrialisation et attirée par les « sirènes » de l'extrême droite.



J'ai été émue par la maladresse du père qui ne sait pas dire à ses fils combien il les aime, même s'il ne comprend plus son aîné et juge sévèrement ses engagements politiques. Un père honteux qui n'assume ni les idées ni les actes de son fils.



Ce qu'il faut de nuit est un roman plein de sensibilité et de finesse, qui m'a beaucoup touchée.

Si l'histoire est tragique, le ton n'est jamais larmoyant. Au contraire, le récit est très pudique, tout en retenue. le langage est parlé et sonne vrai. C'est très court mais puissant et les dernières pages sont tout simplement bouleversantes.

Commenter  J’apprécie          311
Ce qu'il faut de nuit

Ce livre, je l’ai aimé de sa première page à la dernière. Surtout la dernière parce qu’elle ouvre un avenir. Elle dégage l’horizon, nettoie le ciel obscur du poids de la culpabilité, de l’apathie apparente, le manque de tonicité dans les réactions qu’on se dit, après, qu’on aurait dû avoir. Oui, ce livre est l’histoire d’une vie de famille ratée, meurtrie par la malchance, le manque d’envergure, l’impossibilité pour un père et ses deux enfants de naviguer à contrevent, face aux aléas destructeurs de la maladie, de la souffrance et de la destinée que la mort impose à une maman et à la famille qui fera tout comme il faut mais qui perdra tout de même son combat.

Ce livre est un livre triste, pas larmoyant. Il offre un combat sans espoir mais s’ouvre à l’espérance. Il tisse des liens entre ceux qui restent même s’il détricote la vie de chacun. Ce livre, en fait, est un livre de silences, de paroles tues, perdues au gré des jours qui s’enfilent sur le temps et s’enlisent dans le sable mouvant qui grippe toute relation humaine.

L’auteur, Laurent Petitmangin, est maître d’une plume qui décrit la vie sans juger les acteurs. Est-ce que son écriture est belle, flamboyante ? Non, pas vraiment ! Addictive ? Non plus. A de nombreux endroits, j’ai eu envie de poser le livre, jamais pour l’abandonner, plutôt pour le réfléchir. Me suis-je reconnu dans cette histoire, ce mode de vie, ce climat social ? Non, aucune identification. Seulement un sentiment de tristesse face à ce terrifiant manque de moyens d’expression pour qu’un père puisse dire à ses fils et ces fils à leur père qu’il s’aiment.

Et donc l’auteur et son écriture se mettent parfaitement au service du message à distiller au travers de ces 200 pages. Oui, grâce à Laurent Petitmangin, on pourra ne jamais oublier ce qu’il faut de nuit pour pouvoir enfin dire un jour que la vie est belle !


Lien : https://frconstant.com
Commenter  J’apprécie          310
Ce qu'il faut de nuit

Il y a des romans qui nous parlent plus que d'autres, pas forcément pour l'histoire en tant que telle au départ, mais par son contexte comme c'est le cas ici (la Lorraine, une famille cheminote...).

Entre ce père et ses fils, après le décès de leur mère, il n'y a pas de longs discours, ce qui donne un roman aux phrases courtes, simples, toujours percutantes. Il y a de la pudeur, de la complicité, de la fierté. Puis viennent la détresse face à un enfant qui grandit et qu'on ne comprend plus forcément, et la distance, celle qui protège ou celle qui sépare, jusqu'à ce que... Reste qu'au final, quoi qu'il arrive, il y a surtout beaucoup d'amour.

Je suis ravie d'avoir enfin lu ce roman et d'avoir pu échanger quelques mots ce matin avec Laurent Petitmangin dans le cadre du Livre sur la Place à Nancy, et au passage sur ce qui fait la force de Babelio.
Commenter  J’apprécie          303
Ce qu'il faut de nuit

Extrait : Que toutes nos vies, malgré leur incroyable linéarité de façade, n’étaient qu’accidents, hasards, croisements et rendez-vous manqués.



Voilà ce qui résume cet ouvrage.

Au départ, j'ai eu beaucoup de mal à lire le livre, le langage lorrain, je suppose. Mais l’histoire m’a bouleversé…

Une belle rencontre d’une famille très attachante : un père se retrouvant seul avec ses deux fils : Fus et Gillou après la mort de leur moman…

Un combat au quotidien qui décimera cette famille… à vous de découvrir comment et pourquoi ?



Bonne lecture !
Lien : https://angelscath.blogspot...
Commenter  J’apprécie          300
Ainsi Berlin

[Retour provisoire, la chronique définitive arrivera avec la sortie du livre]



Lauréat d'une vingtaine de prix littéraire avec Ce qu'il faut de nuit, Laurent Petitmangin, nous revient avec un roman nous transportant dans le Berlin de l'immédiate après-guerre, dans cette ville en reconstruction. Dévastée par la guerre, Berlin en reconstruction est tiraillée entre l'Ouest, plein de promesses, celles d'un capitalisme offrant beaucoup à court terme et l'Est, soviétique, défendant les valeurs du communisme. S'y rencontrent Gerd, résistant communiste allemand, en "couple" avec Käthe, connue au milieu de la guerre avec qui, il partage des idéaux et Liz, jeune veuve américaine...

Ce roman et la puissance des personnages qui y évoluent démontrent une nouvelle fois, l'immense talent de Laurent Petitmangin qui signe ici un roman historique, psychologique, sentimental et d'espionnage. Une superbe réussite. Merci à Pierre Fourniaud et aux éditions La manufacture de livres pour ce SP.

Article à jour dans le lien
Lien : https://imaginoire.fr/2021/1..
Commenter  J’apprécie          300
Ce qu'il faut de nuit

Le titre de ce premier roman est poétique et doux. Pourtant, il suggère une fiction plus réaliste et brutale qui raconte la part d'ombre de chaque individu, son mystère et ses secrets, ce qui fait qu'un être peut basculer du bon ou du mauvais côté.



Le père de famille, narrateur de son histoire, dit ce basculement progressif, celui d'un de ses deux fils, l'aîné, celui avec qui il a affronté la perte de la  « moman ». Ce père veuf se débat pour continuer une vie « normale », lutter contre la déprime, la tentation de l'alcoolisme, lutter pour que ses enfants aient une vie d'enfant, un avenir. Il est l'image de la normalité. Il est aimant mais sans doute distant et maladroit. Il voit « Fus », son premier, trébucher, frayer avec les milieux d'ultra droite malgré des valeurs éducatives de gauche. Le père de famille est technicien SNCF, militant à ses heures, mais sans doute a-t-il été trop taiseux et donc absent pour son fils.



L'écriture de l'auteur est à l'image du titre, simple mais subtile, plutôt fine et évocatrice. Mais l'ouvrage m'a paru un peu court pour dire cet amour filial complexe, un amour à construire entre un père veuf et ses deux fils.

Ce père m'a d'ailleurs semblé quelque peu « tiède » face à la gravité des événements qui rejoignent toujours irrémédiablement la banalité. Cette banalité, je la comprends comme étant le vecteur d'un message de mise en garde. Celui-là préviendrait le lecteur que ces drames peuvent toucher tout le monde, que la jeunesse peut très facilement se fourvoyer, glisser vers des mouvances lepenistes dangereuses.



Il faut également reconnaître que ce récit ne tombe pas dans la facilité du pathos et du larmoyant. Mais il est toutefois assez désincarné et manque, selon moi, de force et de puissance. J'aurais aimé être davantage bousculée par l'histoire. Je suis restée en surface, n'éprouvant finalement aucune compassion, aucun attachement pour le père de famille. Le dénouement est néanmoins plus efficace, brutal et poignant.



En bref, j'ai apprécié la qualité d'écriture de ce premier roman et ses intentions, même si la profondeur des personnages fait, à mon avis, défaut. Peut-être l'angle choisi est-il trop « journalistique », trop « fait divers » et pas assez sensible à mon goût... Cela n'enlève en rien le plaisir de lire de belles lignes...
Commenter  J’apprécie          300
Ce qu'il faut de nuit

Un père, employé à la SNCF en Lorraine, veuf, élève seul ses deux fils, deux bons gars, « deux gaillards qui s’aimaient bien ». Ils grandissent dans l’amour du père et la transmission de ses valeurs. Et voilà que l’aîné s’éloignant des convictions du père s’acoquine avec l’extrême droite. La tension monte et un malheureux jour , tout dérape.



Un court roman qui dit, par la voix du père narrateur, les relations père-fils, la transmission, la difficulté d’accepter chez un être aimé ce qui nous paraît inacceptable, le pardon. De très belles pages aussi sur les relations entre les deux frères.

Un très beau livre, sensible, pudique, écrit dans une langue épurée, dont les dernières pages sont d’une tristesse infinie.

Commenter  J’apprécie          290
Les Terres animales

Quelque part en France ,

une Centrale,et.... l'"accident"...

Les terres, l'air, l'eau irradiés

soixante dix fois plus fort qu'à Fukushima...

Expulsion de la population tambour battant ..

Certains résistent, refusent et finissent

par gagner le droit de rester chez eux.

Ils sont cinq que nous suivrons de près

Deux qui entendent rester vissés près la tombe de leur enfant.

Un couple sans enfant et un célibataire.

Cinq qui organisent leur vie

pour environ trois ans

avec l'alimentation, les médicaments

et le matériel collectés dans les magasins

et les maisons abandonnés.

La solidarité, l'amitié, le sens pratique

réinventent une survie dans cette contrée

où les compteurs Geigers hurlent et se bloquent...

Sarah est enceinte,

Cette grossesse redistribue les rôles,

La future naissance est porteuse

d'espoirs et de désillusions .

Ce bouleversement va peser lourdement

sur leur avenir déjà précaire .



Très beau moment de lecture.

Ce récit regorge d'humanité .

Une pensée pour 'le mur invisible "..

Un désastre écologique, la résilience,

la survie...ce n'est absolument pas

un texte qui exploite le scénario catastrophe

mais qui nous interroge sur un sujet brûlant

et nous lie au destin de personnages très attachants



Commenter  J’apprécie          280
Ce qu'il faut de nuit

Pas lu à sa sortie, sa parution en poche m'a permise de ne pas passer à côté.

Heureusement, quel magnifique premier roman. En Moselle un père élève seul ses deux garçons suite au décès de sa femme. Employé à la SNCF, il est un militant convaincu, aussi quand son fils aîné se rapproche d'une groupe d’extrême droite, apparaît une faille dans la famille. Le père s'est comme "pétrifié" par cette nouvelle et n'arrive plus à communiquer. Le plus jeune continue à vouer une admiration sans faille à son frère... Mais un jour l'affrontement avec une bande de jeune d'un autre bord politique tourne à la catastrophe et l'aîné commet l'irréparable. La descente aux enfers commence pour le père, comment survivre à ce nouveau drame, sur qui compter?

L'auteur a particulièrement bien réussi à plonger le lecteur dans ce drame. Il entre dans les pensées les plus intimes du père qui se trouve très démunis et qui ne sait pas comment réagir... Les difficultés des familles modestes face à la justice sont très bien décrites ainsi que la répercussion de cet acte dramatique sur toute la famille. Une lecture emprunte d'émotion!
Commenter  J’apprécie          282
Ce qu'il faut de nuit

En voilà un beau roman, pas drôle mais beau, la vie est-elle seulement drôle en vérité parce qu’ici, c’en est une tranche et elle nous émeut.



Le narrateur c’est le père, un père cheminot dans l'est de la France, caténairiste pour être précis (et pour qui connait le métier), militant socialiste de surcroît quand sa région lorgne du côté de Le Pen, d'autant qu'on est au moment des présidentielles de 2017 (Macron/Le Pen, ça parle).



Il a deux fils, ce père, Fus et Gillou, deux fils qui s'aiment et qui voient mourir leur mère à petit feu, victime d'un cancer contre lequel elle ne se rebelle même pas, résignée. L'ainé, Fus, accompagne le père a l’hôpital tous les dimanches, le cadet, Gillou, en est épargné. Ce sont leurs dimanches.



On est plutôt taiseux dans la famille, on a les sentiments pudiques, mais le deuil va rapprocher le père et ces deux fils, les faire partager des moments de bonheur au moins un temps puisqu’ils vont grandir les garçons, s’émanciper, continuer de s’aimer mais bifurquer, prendre des chemins opposés mais en gardant ce fort lien fraternel, l’amour, en un mot.



Et il va être soumis à rude épreuve cet amour parce que les convictions, ce n’est pas héréditaire ! Et derrière les idées peut se tapir la violence, noire et nauséabonde.



Comment des idées contraires peuvent-elles cohabiter sans causer de dégâts collatéraux ?



Comment peut-on réagir confronté à l’irréparable quand on est étroitement concerné et que le doute a phagocyté votre énergie ?



Des questions existentielles abordées avec justesse, sensibilité et une profondeur magnifiée par un style franc et direct qui rend impossible toute velléité de refermé le livre (court, par ailleurs, 102 pages) tant qu'on ne l'a pas terminé.



Mon coup de cœur de ce début d’année 2022 !

Commenter  J’apprécie          272
Ce qu'il faut de nuit

Quel roman ! Quelle claque ! Car ce livre est une vraie claque, une piqure de rappel, comme un avertissement, mais aussi comme une évidence qu’on oublie trop souvent ou qu’on voudrait ne pas voir. Une vague d’émotions aussi ; des émotions qui peuvent bien sûr varier selon sa propre situation, son vécu mais aussi ses humeurs, son état d’esprit, mais des émotions entières, fortes et profondes. C’est pourtant une histoire ordinaire, presque banale, comme on peut en lire dans les journaux, qu’on survole ou qu’on commente ; mais là, c’est une histoire qu’on vit, qu’on lit de l’intérieur...



Il y a d’abord le contexte, politique et familial, les divergences d’opinion, les idées extrémistes, contraires, opposées qui font naître incompréhension, refus, indifférence, puis violence et conflit. Il y a ensuite les choix et les épreuves de la vie, les décisions, les mauvais hasards. Et surtout, il y a l’amour d’un père et de 2 fils, ébranlé, mis en sommeil, mais toujours là, bien présent. Le tout servi par un style aussi magnifique que l’histoire, un style juste, sincère et puissant, sans concession ni faux-semblant, sans excès non plus.



C’est un livre que j’ai surtout lu à travers mes yeux de maman ; maman de 4 enfants, filles et garçons, femmes et hommes, en devenir. Un livre qui m’a fait prendre conscience de la fragilité des choses, de la volatilité des instants, du poids de nos choix mais aussi de la part du hasard, impossible à contrôler. Un livre qui m’a rappelé à quel point rien ne devrait nous empêcher d’aimer, de parler, de soutenir et accompagner, mais aussi de rappeler à l’ordre, de sermonner, de chercher à comprendre, sans jamais juger ou condamner.



Un roman court mais intense et bouleversant qui m’a profondément marquée.
Commenter  J’apprécie          267
Ce qu'il faut de nuit

Noir c'est noir, il n'y a plus d'espoir. Sauce clichés, relevé d'une pointe de condescendance.

Ce foyer lorrain semble comme englué dans le gris, le terne, la mort, celle de "la moman" tout d'abord, la mère, emportée par un cancer au bout de trois longues années de souffrance. "Mais je crois qu'elle énervait les médecins, pas assez motivée, pas assez de gueule en tout cas. Ils attendaient qu'elle se rebiffe, qu'elle dise comme les autres, qu'elle allait lui pourrir la vie à ce cancer, le rentrer dans l'oeuf. Mais elle ne le disait pas. Un truc de film, un truc pour les autres." p 22/23.

Pas de rebellion, pas de face à face, pas d'action, rien que des pensées désespérées et des non-dits qui font mal au coeur, qui collent à la peau tout le long du livre dont le narrateur est le père de famille. Il en va de même quand son fils aîné commence à trainer avec une bande d'extrême droite, ce qui crée un gouffre entre eux où même la communication est rompue. Lui, cheminot, acoquiné à la section PS de son bled. Même le foot n'arrive plus à les réunir, ou alors pour un temps bien fugace.



Tout à fait le cliché du portrait de Cht'is tel que le film du même nom les a caricaturés, mais version tragique, sans DanyBoon, sans J.P Rouve. Des éléments noirs et gris qui s'entassent sous un ciel gris: le milieu "moyen", ouvrier, qui aime le foot en buvant des binouzes, les dérives radicales dans un milieu où rien ne semble décidé à bouger, où l'on se laisse porter à croire que Marine et ses sbires en on la capacité et la légitimité. Où l'on se laisse entraîner par un cancer, comme par le FN, animés d'une sorte de fatalisme et de bêtise horripilants.

Ca se passe dans le Nord, dans ce livre, ça aurait pu se passer n'importe où ailleurs en France, le cliché me semble en fait plus porté sur une sorte d'image de la "France d'en bas" plutôt que sur les lorrains en particuliers. Cette France qui parle mal français et regarde du foot une bière à la main la bouche pleine de chips et de "sale pd, sale arabe". Cette France qui existe bel et bien, il ne faut pas le nier, mais faut-il vraiment la charger d'autant de tares à la fois de façon si directe et simpliste?

Les tournures de phrases du narrateur, pour coller à l'image du pov'type ouvrier qui parle mal français m'ont plus d'une fois agacée. "Les deux lui répondaient, ça il n'y avait pas de problème, mais il n'aurait pas été là, que ç'aurait été la même chose."p93...Sans compter les nombreux "...que je lui dis." ou "...qu'il lui dit." en fin de phrase.





Ce pauvre type est attachant, aussi, je ne suis pas restée insensible à sa peine, au cheminement de son amour pour ses enfants, malgré sa déception, sa honte vis-à-vis de son fils facho. Son incapacité à le secouer, par peur de briser le fil infime qui survit entre eux. Sa culpabilité. Quelque chose aurait-il été différent si la moman était encore là? L'a-t-il délaissé? Comment agir quand son enfant prend un chemin que l'on réprouve et qui nous fait peur? Comment ne pas mettre le feu aux poudres et risquer de le perdre totalement? Etre là quoiqu'il advienne, serrer les fesses? Une sorte "d'entre deux" inconfortable que subit le père de famille avant que le tout ne s'envenime...



"J'avais finalement compris que la vie de Fus avait basculé sur un rien. Que toutes nos vies, malgré leur incroyable linéarité de façade, n'étaient qu'accidents, hasards, croisements et rendez-vous manqués. Nos vies étaient remplies de cette foultitude de riens, qui selon leur agencement nous feraient rois du monde ou taulards".

Sauf à la détresse de ce père de famille, je n'ai pas adhéré à grand chose de ce roman, ni son ton résolument sans espoir, ni à ce qui m'a semblé de la condescendance pour un certain milieu, celui des "petites gens", dépeint d'une façon qui m'a semblée misérabiliste.

Ce que dit ce père vers la fin du livre (ci dessus) me semble comme une excuse que je ne cautionne pas à la bassesse de certains. Je n'ai pas envie de voir les choses de cette façon, c'est long une vie, et rien ne dit qu'à un moment nous ne soyons pas capable de se prendre en main, de passer de taulard à roi du monde, ou inversement d'ailleurs.



Commenter  J’apprécie          2615
Ce qu'il faut de nuit

Un roman qui mérite amplement la multitude de prix reçus. Dans un style simple, qui parle directement au coeur, l'auteur met en scène un père et ses deux fils, Fus et Gillou. La « moman » a été emportée par le cancer, sans vraiment lutter, les laissant tous les trois désemparés.

Le narrateur est le père. Plutôt taiseux, il a élevé seul ses fils : les repas, la scolarité, les dimanches de foot, les vacances au camping, il s'est attelé à combler l'absence maternelle. C'est à travers les gestes du quotidien qu'il témoigne sa profonde affection, sans parole mais avec une présence bienveillante.

L'histoire se situe en Moselle, territoire touché par le chômage et la précarité. le père, socialiste convaincu, continue d'aller à la section bien qu'elle ne soit plus fréquentée que par quelques retraités. Ses convictions politiques, son militantisme sont constitutifs de son identité - lui qui n'a pas voté au second tour en 2017. Alors quand Fus commence à traîner avec des militants fachos, Front National, la colère l'envahît.

Et le père s'interroge : comment cet enfant si doux, si protecteur envers son cadet, si respectueux des adultes a-t-il pu se laisser embarquer par des racistes ? Fus ne semble pas particulièrement adhérer aux thèses de ces copains mais il a trouvé là un groupe d'appartenance, une bande de potes dont il se soucie guère de l'idéologie.

Une rage froide s'empare du narrateur qu'il ne verbalise pas mais qui creuse progressivement un fossé avec l'adolescent qui tente d'expliquer, de justifier sans être vraiment entendu. Le père a honte, ne comprend pas et laisse le silence s'installer sous le regard de Gillou qui essaie de médiatiser la relation entre son père et son aîné. Le climat devient vite irrespirable et chacun évite les situations de face à face. Le père ne parvient plus à faire l'effort du dialogue, de l'échange. On assiste - lecteur impuissant, et profondément désolé - à ce naufrage que des mots auraient sans doute pu neutraliser : Fus ne partage pas vraiment les idées du Front National, les convictions politiques n'occupent pas une place centrale dans sa vie d'adolescent – comme dans celle de son père. Le fossé est ici générationnel mais insurmontable pour ce père.

C'est douloureux, ça prend à la gorge, on est embarqué dans cette histoire tragique de filiation, d'amour paternel qui ne peut s'énoncer, qui se sent trahi. Et la fin nous laisse dans une émotion indicible.

Très beau roman, à lire absolument.
Commenter  J’apprécie          265
Ce qu'il faut de nuit

J'ai lu énormément de chroniques élogieuses lors de la parution de ce livre il y a un an et, influencée par celles-ci, j'ai acheté ce premier roman de Laurent Petitmangin mais il est resté sur mes étagères depuis..... Je le prenais et le reposais comme si je sentais soit que ce n'était pas le bon moment, soit que j'allais être déçue.... Et bien c'est la deuxième hypothèse qui est la bonne.



Je suis restée à distance des personnages et de l'histoire qui n'ont provoqué en moi aucune émotion, trouvant la trame et les éléments assez prévisibles, avec ce qu'il faut de pathos et de stéréotypes dans ce type de récit. Les ingrédients : un deuil, un père méritant et dévoué, une plongée dans le contexte régional avec le phrasé utilisé dans les familles ou entre collègues et voisins :" Le" Jacky, "La"" moman", des relents de l'ambiance de Leurs enfants après eux de Nicolas Mathieu (géographiquement similaire) mais également ses rituels (le foot, les voisins, le quotidien etc...). Une description d'un père mettant tout son cœur à élever ses enfants dignement, sacrifiant sa vie à leur bonheur et comment il se retrouve face à une situation à laquelle il ne pensait pas un jour être confrontée, n'ayant rien vu arriver des orientations de son fils et devant faire face à ce fils devenu un homme étranger à l'enfant qu'il a élevé. Voilà.....



Je n'ai pas véritablement de reproches à faire sinon que je l'ai lu sans m'y attacher, l'écriture se voulant au plus près du contexte et devant agaçant au fil des pages avec ses accents locaux, l'auteur explorant à la fois les sentiments d'un père non préparé à se retrouver seul à élever deux enfants, voulant combler l'absence et soigner la douleur en faisant tout ce qu'il faut pour que ses garçons aient une enfance "comme les autres" et qui cherche finalement où a été la faille (si faille il y a), car il ne voit, lui, qu'en Fus, l'enfant qu'il a élevé, offrant toujours avec lui le même visage, le même comportement. Il est son enfant et restera son enfant. 



La pudeur de cette famille, de leurs sentiments jamais exprimés par des mots, cette distance entre eux ne m'a pas permis de ressentir une proximité avec les personnages, j'ai lu le déroulé des événements et ai senti la finalité bien avant qu'elle n'arrive. J'aurai aimé que l'auteur creuse un peu plus, qu'il donne peut-être plus la parole à Fus, que celui-ci s'exprime sur ses choix ou à Gillou, le fils parfait. Pas assez approfondi pour moi, trop superficiel et trop convenu.



Je n'en dirai guère plus mais une déception. J'ai vu qu'il avait obtenu le Prix Femina des lycéens en 2020 et je pense justement qu'il est peut-être plus destiné à des jeunes adultes qui pourront peut-être y trouver une source de réflexion sur les origines et le parcours de ceux que l'on retrouve dans ces groupuscules extrémistes.



J'ai aimé mais sans plus.
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
Commenter  J’apprécie          263
Ce qu'il faut de nuit

Ce qu'il est important d'aimer



Un père se confie, nous livre ses états d'âme, ses réflexions, ses doutes, ses joies...

Ce qu'il faut de poésie, un texte court, simple, un rythme rapide, une écriture fluide et prenante

Ce qu'il faut de pathos, sans en être. Une histoire bouleversante, sans bon sentiment, sans étalage gratuit, juste ce qu'il est nécessaire pour immerger le lecteur dans cet univers sombre et tragique

Ce qu'il faut d'intrigue, de rebondissement pour mettre le lecteur en attente, en tension



Ce qu'il faut pour me faire dire que je viens de terminer un magnifique roman
Commenter  J’apprécie          260
Ce qu'il faut de nuit

Après la mort de sa femme "Moman", un père se retrouve seul avec ses deux fils adolescents.

Ce papa travaille à la SNCF, en Lorraine, et adhère aux idées de gauche, plutôt militant.

Le temps passe et l'aîné des fils Frédéric (dit Fuss), semble parti sur une autre voie, au grand désarroi de son père, mais pas de son petit frère Gillou, qui lui voue toujours la même admiration.

D'un père dépassé par l'éducation de ses fils, mais plein d'amour et d'espoir pour eux, Laurent Petitmangin écrit un roman tout en pudeur et tendresse, dans lequel la violence, même si elle est présente, ne peut empêcher le lecteur d'éprouver de la compassion. Un très beau livre!

Commenter  J’apprécie          253




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Laurent Petitmangin (3035)Voir plus

Quiz Voir plus

Le comte de Monte Cristo

Où se déroule l'action au début du livre?

A Marseille
A Paris
En Espagne
A Toulon
A Nice

22 questions
237 lecteurs ont répondu
Thème : Le Comte de Monte-Cristo : Intégrale de Alexandre DumasCréer un quiz sur cet auteur

{* *}