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Citations de Léon Bloy (467)


À la vue de Clotilde s’approchant d’un air timide, mademoiselle Séchoir prit son attitude suprême qui consistait à redresser le torse en ramenant le train de derrière pour appuyer le mouvement de bascule des vertèbres cervicales, et regarda cette étrangère avec des yeux morts où toutes les lampes des vierges sages auraient pu s’éteindre.
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Dialogue au seuil de l’église :
– Comment se fait-il, madame Bloy, dit une mercière, qu’on ne vous voit jamais parer les autels, comme font toutes ces dames ?
– C’est parce que je ne suis pas digne.
– Comment pouvez-vous dire cela ? Vous, une personne si pieuse, qu’on voit toujours à l’église !
– C’est vous, madame, qui êtes pieuse, puisqu’on ne vous y rencontre que le dimanche, ce qui prouve que vous n’avez besoin de Dieu qu’une fois par semaine. Mais nous autres qui en avons besoin tous les jours, nous sommes évidemment de la canaille.
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Incapable de s'ajuster à la vie contemporaine qui le pénétrait de dégoût, il résidait au fond de son propre cœur, tel que, dans son antre, un dragon d'avant le déluge, inconsolable et hagard de la destruction de son espèce.
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Le Français de la décadence a des passions séniles qui lui font trouver un ragoût inexprimable à toute tentative de corruption sur les innocents et les impubères. Cette bête féroce se repaît par prédilection des jeunes cadavres et il n’y a pas lieu d’espérer qu’elle y renonce sur la vaine menace d’un scandale qui ne servirait qu’à exaspérer sa frénésie.
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Il est malheureusement indiscutable que la pauvreté contamine la brillante face du monde, et il est tout à fait fâcheux que les dames pleines de parfums soient si souvent exposées à rencontrer de petits enfants qui crèvent de faim. Je sais bien qu’il y a la ressource de ne pas les voir. Mais on sent tout de même qu’ils existent ; on entend leurs supplications inharmonieuses, on risque même d’attraper un peu de vermine, — vous savez bien, mesdames, cette ignoble vermine pédiculaire qui « ne se laisse pas caresser aussi volontiers que l’éléphant », comme disait notre grand poète Maldoror, et qui abandonne elle-même de bon cœur le nécessiteux pour se fourrer dans les manchons ou les pelisses d’un inestimable prix. Tout cela me plonge dans une affliction très amère, et j’applaudis avec du délire à la haute idée d’une immolation générale des indigents.
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Le voyage de retour parut interminable à Marchenoir. On était en plein février, et le train de nuit qu'il avait choisi dans le dessein d'arriver, le matin, à Paris, lui faisait l'effet de rouler dans une contrée polaire, en harmonie avec la désolation de son âme. De quart d'heure en quart d'heure, des voix mugissantes ou lamentables proféraient indistinctement des noms de lieux qui faisaient pâlir tous les courages. Alors, dans le conflit des tampons et le hennissement prolongé des freins, éclatait une bourrasque de portières claquant brusquement, de cris de détresse, de hurlements de victoire, comme si ce convoi podagre eût été assailli par un parti de cannibales. De la grisaille nocturne émergeaient d'hybrides mammifères qui s'engouffraient dans les voitures, en vociférant des pronostics ou d'irréfutables constatations, et redescendaient, une heure après, sans que nulle conjecture, même bienveillante, eût pu être capable de justifier suffisamment leur apparition.
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L'aspect de ce vieillard fécondait la vermine. Le fumier de son âme était tellement sur ses mains et sur son visage qu'il n'eût pas été possible d'imaginer un contact plus effrayant. Quand il allait par les rues, les ruisseaux les plus fangeux, tremblant de refléter son image, paraissaient avoir l'intention de remonter vers leur source.
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Il se rappelait un geste, rien qu’un geste. Le soir qui avait précédé la catastrophe, au moment où il allait monter dans sa chambre, l’enfant s’était détourné de sa mère et avait tendu vers lui une de ses mains pour le caresser à son ordinaire. Mais Clotilde, qui n’était parvenue qu’à peine à faire prendre le sein au petit malade et qui craignait une distraction, avait éloigné d’un signe de tête son pauvre mari que le souvenir de ce geste puéril, de cette dernière caresse perdue, torturait maintenant d’une manière affreuse. Car l’âme humaine est un gong de douleur où le moindre choc détermine des vibrations qui grandissent, des ondulations indéfiniment épouvantables…
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Il y a en moi un instinct de révolte si sauvage que rien n'a pu le dompter. J'ai fini par renoncer à l'expulsion de cette bête féroce et je m'arrange pour n'en être pas dévoré. Que puis-je faire de plus ? Chaque homme est, en naissant, assorti d'un monstre. Les uns lui font la guerre et les autres lui font l'amour.
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Clotilde a aujourd’hui quarante-huit ans, et ne paraît pas avoir moins d’un siècle. Mais elle est plus belle qu’autrefois, et ressemble à une colonne de prières, la dernière colonne d’un temple ruiné par les cataclysmes.
Ses cheveux sont devenus entièrement blancs. Ses yeux, brûlés par les larmes qui ont raviné son visage, sont presque éteints. Cependant elle n’a rien perdu de sa force. (...)
Silencieuse comme les espaces du ciel, elle a l’air, quand elle parle, de revenir d’un monde bienheureux situé dans un univers inconnu. Cela se sent à sa voix lointaine que l’âge a rendue plus grave sans en altérer la suavité, et cela se sent mieux encore à ses paroles mêmes.

Deuxième partie. L'épave de la lumière
Chapitre XXVII
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Mademoiselle Planude était une pucelle confite qui portait avec une facilité singulière ses soixante-cinq ans de vertu. Pétulante comme un jeune dindon et pointue comme un ergot, elle avait une voix de gendarme et précipitait ses paroles avec la rapidité d’un expéditeur de fruits aigres menacé de rater le train. Un peu naine, un peu bossue, on ne voyait qu’elle à l’église, où elle avait l’air de s’engouffrer pour échapper à quelque monstre furieux et d’où elle s’élançait, d’heure en heure, pour accélérer une mercenaire qu’elle idiotifiait. Elle était de toutes les confréries, ou archicorifréries, trempait dans toutes les œuvres, participait à toutes les propagandes, fourrait des petits papiers dans toutes les mains. Mais on ne se souvenait pas de lui avoir vu lâcher un centime.

Deuxième partie. L'épave de la lumière
Chapitre XVIII
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Il me semble, Monsieur, que vous devez être assez rarement compris, car vos paroles vont plus loin que les idées ordinaires. Les choses que vous dites paraissent venir d’un monde étranger que ne connaîtrait personne.

Première partie. L'épave des ténèbres
Chapitre XII
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Sans le vouloir et sans le savoir, elle ruisselait de ces familières images si fréquentes chez les écrivains mystiques. Le tissu léger de son langage qui laissait voir les formes pures de sa pensée, n’était presque rien de plus qu’un rappel constant des humbles choses de la nature qu’elle avait pu voir.

Première partie. L'épave des ténèbres
Chapitre XI
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Notre Dame de Compassion sanglotait toujours sur Sa Montagne et je ne L'entendais plus... Elle commanda que je fusse réveillé par vous.
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Les âmes droites sont réservées à de rectilignes tourments
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Ils sont rares, aujourd’hui, les chrétiens qui savent que le christianisme est tout entier dans le Sacerdoce !
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A propos des lieux communs dont je veux un jour élaborer l'Exégèse, je dis à de Groux que telle parole banale, éternellement ressassée par les imbéciles, est une affirmation prodigieuse de leur néant, et que, par conséquent, elle est divine.
(Le mendiant ingrat)
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Appris une curieuse monstruosité. Il y a des femmes qui se font endormir pour échapper aux douleurs de l'enfantement. Cela me rappelle la grande dame du XVIIIe siècle, qui se soûla pour mourir. Mais cette nouveauté est peut-être plus démoniaque
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Léon Bloy
Toute beauté est tragique car elle est le chant d'une privation
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[À la France] s’oppose, dans cette nation [=l’Angleterre] – aussi moderne par la bassesse de ses convoitises qu’elle est antique par sa dureté à l’égard des faibles – le gouvernement exclusif des intérêts mercantiles. Car telle est la honte et la tare indélébile de l’Angleterre. C’est une usurière carthaginoise, une marchande à la toilette politique, son isolement insulaire lui permettant, disait Montesquieu, « d’insulter partout » et de voler impunément. La fameuse Rivalité traditionnelle n’est pas autre chose que l’antagonisme séculaire d’une peuple noble et d’un peuple ignoble, la haine d’une nation cupide pour une nation généreuse.
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