Citations de Lilia Hassaine (505)
Quelque chose s'est fissuré en moi. Je ne crois plus en la sécurité. Je n'aime plus les zoos. J'aime la vie qui fait mal, qui use et qui déçoit.
Aujourd'hui déjà, la peur n'existe plus, et chacun veille sur ses voisins, d'un œil discret et empathique.
Pour lui, la famille était le lieu de toutes les perfidies et des pires instincts.
Mes auteurs préférés me serraient dans leurs phrases, m’enveloppaient dans leurs silences, je comprenais qu'il existait des enfers et des terres hostiles, mais aussi des refuges, des îlots de tendresse, des amours absolues et des compagnons fidèles.
Elle me caressait les cheveux du bout de ses doigts, je sentais la pointe de ses ongles tracer des lignes sur mon crâne, et rien ne pouvait m'apaiser davantage.
Je sais le mensonge de nos existences, l'image qu'on veut donner, parce que vivre en dehors du bonheur, c'est déjà être déclassé.
Les maisons d'édition ont même recruté des modérateurs professionnels, chargés de retravailler et de nettoyer certains passages à la place de l'auteur. Trois versions d'un même ouvrage (une version brute, pour les universitaires, une version abrégée, pour les impatients, et une version normalisée, pour les plus sensibles) sont aujourd'hui disponibles grâce aux nouvelles tablettes.
Le vivre-ensemble a cédé la place au vivre-ensemble-entre-soi.
Elle préférait la sensibilité à la virtuosité, la justesse à la vérité, le bon sens à l'autorité. Tout ce qui avait l'air trop évident lui semblait mensonger.
Personne n'avait anticipé le scénario inverse: une société où, sans casque ni lunettes connectés, on jouerait chaque jour à être l'avatar de soi-même.
La société a pris le même chemin. Elle s'est muée en un gigantesque open space.
Très vite, la discrétion a eu l'air d'une affreuse prétention. Refuser de montrer, c'était dissimuler.
Dans un monde où tout le monde peut observer tout le monde, les disparitions sont des évasions.
"Au fond, qu'avons-nous à cacher? Si nous n'avons rien à nous reprocher, pourquoi ne pas accepter de tout montrer?"
Trois versions d'un même ouvrage (une version brute, pour les universitaires, une version abrégée, pour les impatients, et une version normalisée, pour les plus sensibles) sont aujourd'hui disponibles grâce aux nouvelles tablettes.
Ce que je peux vous dire, c'est qu'à Paxton les enfants sont parfaits, atrocement parfait. Rien n'est plus criminel que la perfection, dans ce qu'elle a de figé, d'achevé, de définitif. Je vois tous les jours des écoliers sûrs d'eux, qui perçoivent le monde comme un quadrillage, où la ligne de démarcation entre le bien et le mal est absolument claire. Chez eux, nulle place pour le doute, l'incertitude ou l'ambiguïté. Leur rigorisme moral m'effraie.
Pour la première fois depuis des années, la neige est tombée sans discontinuer. Elle nous a rappelé, le temps d'une journée, l'époque désuète des boules à neige qu'on tournait et retournait, préfigurant sans qu'on le sache un avenir sous cloche.
Elle s'occupait de son foyer comme on garde un mystère, s'épanouissait dans l'embellissement de son intérieur, commodes chinées qu'elle brossait, toiles de lin qu'elle peignait.
Olga me raconte que Rose se dessinait elle-même, sans arrêt, de peur de s'oublier. Pour ne pas se perdre dans le regard des autres, elle voulait retenir son image.
Au fond, qu'avons nous à cacher ? Si nous n'avons rien à nous reprocher, pourquoi ne pas accepter de tout montrer ?
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