Citations de Lionel Jospin (19)
La France doit se prémunir contre les illusions de la démagogie, la logique du bouc émissaire et les dangers de l'autoritarisme. Pas plus que le bonapartisme hier, le populisme n'offre aujourd'hui de solution. L'un et l'autre reposent sur une mystification.
«La culture est l'âme de la démocratie.»
Mais la promesse démocratique appelle une réforme profonde, capable d'instaurer la justice sociale, un système productif préservant la Terre et des institutions garantes de la paix. Donner corps, dans le temps qui vient, à ces grands objectifs constituerait un tournant dans ma civilisation humaine.
Mais Ségolène Royal, [...] ne me semblait pas armée pour nous conduire à la victoire et pour exercer avec succès la fonction présidentielle. Non pas parce qu'elle était une femme, mais parce que j'avais pu me faire une idée assez exacte de ses qualités, notoires, et de ses insuffisances, réelles.
“[Ségolène Royal] n’a pas les qualités humaines ni les capacités politiques” nécessaires pour remettre le Parti socialiste en ordre de marche et “espérer gagner la prochaine présidentielle.
Longtemps, je me suis exprimé avec retenue. Je dirigeais un parti, je gouvernais, je devais rassembler la gauche. J'agissais.
Après avril 2002 j'ai assumé ma responsabilité et décidé de passer la main. Il ne me revenait pas de multiplier les jugements.
Aujourd'hui, je suis libre. Le rendez-vous électoral de 2007 est passé. ET je suis inquiet pour les socialistes. J'ai le devoir de dire franchement ce que je pense.
Aujourd'hui, s'en tenir à une théorie de l'adaptation risque de nous conduire à épouser les désordres de la réalité internationale. Nul ne peut nier l'ampleur des déséquilibres : domination de la sphère financière sur l'économie réelle (avec les risques d'une nouvelle crise majeure), flambée des inégalités de revenus et de patrimoines à l'échelle mondiale, tentations de guerre commerciale nourries par la remontée des nationalismes, comportements irresponsables de certains acteurs économique privilégiant le profit à court terme au détriment de la santé (dérive d'une industrie alimentaire engendrant une obésité de masse ou d'une industrie pharmaceutique responsable de graves dépendances aux opiacés et de dizaines de milliers de morts par an aux États-Unis), déséquilibres climatiques, enfin, et atteintes à la diversité des espèces. Tout justifierait que la France ne se plie pas aux tendances lourdes de l'économie mondiale mais s'emploie à les infléchir. Et pour y parvenir, il faudrait que l'approche économique du pouvoir ne se fonde pas sur des constructions hasardeuses.
Faudrait-il alors repartir sur des bases anciennes, sans rien changer aux principes et aux règles qui nous ont gouvernés ? Certainement pas. Le redémarrage recherché sera fructueux, en dehors des exercices imposés propres à toute reprise économique, s'il inclut des approches et des mesures qui tirent les premières leçons de la crise et amorcent pour notre pays une orientation nouvelle
L'explosion démographique, l'urbanisation anarchique, la déforestation massive, la réduction des espaces naturels où des espaces animales vivaient à l'écart ont accru les interactions entre espèces vivantes et rendu possible la transmission virale des animaux aux hommes. Si rien de tout cela ne change, il est probable que de nouveaux virus apparaîtront.
Il est impérieux, à mon sens, de mettre le capitalisme sous contrôle. Le capitalisme est une manière de produire, d'échanger et de spéculer, ce n'est pas une civilisation.
Il n'est plus possible de nous en tenir à la vision habituelle du développement - centrée sur la croissance, l'emploi et le niveau de vie - et de concevoir la préoccupation environnementale comme un supplément. L'exigence écologique doit être totalement intégrée à notre pensée politique.
Face à la réalité du monde d'aujourd'hui, les socialistes qui réfléchissent aux questions économiques devraient revisiter Keynes, s'inspirer des travaux des économistes de la régulation et intégrer la problématique écologique plutôt de céder par commodité intellectuelle à la pente néolibréale.
Finalement s'est installé au sein de la gauche un sentiment de déception et de perte d'identité. Le renoncement du président à se représenter en a été le symptôme. Le score catastrophique du candidat socialiste à l'élection présidentielle de 2017 en fut la rançon. L'élection d'Emmanuel Macron en sera l'aboutissement.
Les souverains il a voulu être l'un des leurs; la liberté, il l'a confisqué; les peuples, il les a soumis; la Révolution, il l'a close; la République, il lui a substitué l'Empire.
Les raisons des échecs des Verts sont assez claires. Faibles en troupes, riches de chefs de moyenne grandeur occupés à se déchirer, doté de statuts absurdes et paralysants, miné par des comportements moins démocratiques qu'anarchiques, aussi influencé par le gauchisme que tenté par le centrisme, ce mouvement a donné en permanence à l'opinion le spectacle de ses divisions et de son impuissance.
Cette élection a été étrange : les socialistes se sont laissé persuader de choisir comme candidate, sur une promesse de victoire, celle qui était la moins capable de gagner.
Le succès de Ségolène Royal dans les sondages et dans la primaire a tenu sans doute d'abord à sa qualité de femme. Elle a d'ailleurs joué de ce qu'elle a appelé sa différence "visible".
Je trouve ridicule la manière dont l'ensemble de la gauche, extrême gauche comprise, se rallie bruyamment à Jacques Chirac sous le prétexte d'une croisade antifasciste. Tout odieux que soit le Front National,il n'y avait pas en France de menace fasciste et la victoire du candidat de droite était certaine sans onction socialiste.
Bien sûr la vie n'est pas que politique. La vie meme d'un politique est tissé d'autres fils : la famille,les amis,les livres, la musique,le cinéma, le théâtre, l'art,le sport, la curiosité des autres ont jalonné la mienne. On peut aussi se réaliser soi même sans s'engager. Et il y a d'autres engagements que le militantisme, et même d'autres formes de militantisme -syndical,social,culturel,humanitaire,écologique,que le politique. Mais l'intérêt pour la vie de la cité et pour le sort du monde reste à mes yeux une dimension essentielle de la vie d'un homme. Vivre sa vie sans se séparer des autres et pourtant dans la pleine liberté de ses choix. Ça vaut le coup.