Citations de Liu Cixin (439)
- Bien sûr, l'objet de l'amour de la plupart des gens n'existe que dans leur imagination. Ce que l'on aime, ce n'est pas l'homme ou la femme de la réalité, mais celui ou celle qui naît dans notre imaginaire. Les amants réels ne sont que des modèles permettant de créer ceux que l'on rêve. Tôt ou tard on finit pas se rendre compte du fossé qui existe entre l'amour rêvé et son modèle. Quand on parvient à s'habituer à cette différence, on peut continuer à être ensemble, mais quand on échoue, on se sépare, c'est aussi simple que cela.
Une fragilité et une pureté pareilles aux premières gouttes de la rosée surgirent des tréfonds de sa mémoire.
L'espoir est le diamant le plus précieux de notre époque.
A cet instant, j'ai senti une petite main moite saisir la mienne. J'ai tourné la tête. C'était Ling.
— J'ai peur... a-t-elle bégayé.
— Après tout, on a déjà vu le Soleil à la télé, non ? Ça sera pareil, ai-je dit pour la rassurer.
— Comment ça, pareil ? Tu trouves que voir un serpent en vrai, c'est la même chose que de le voir à la télé ?
_ La vie a toujours été le résultat de plusieurs facteurs de chance. Cela a été le cas sur Terre dans le passé et c'est la même règle partout ailleurs dans notre Univers cruel. Mais je ne sais à partir de quand, l'humanité s'est laissée bercer par l'illusion que la vie était un droit inaliénable. C'est la raison fondamentale de votre échec.
Ye Zhetai avait survécu à la Révolution culturelle jusqu’à ce jour et il en était toujours à la première étape : non seulement il refusait de reconnaître ses crimes, mais il ne s’était pas donné la mort et n’était pas devenu insensible aux accusations portées contre lui. Lorsque le professeur de physique arriva à la barre, l’expression dans son regard disait clairement : Alourdissez encore ma croix ! Mais si le fardeau que les gardes rouges lui faisaient porter était en effet écrasant, ce n’était pas une croix. Les personnes condamnées à des séances de critique publique devaient en temps normal être coiffées d’un haut chapeau tressé en bambou, mais le sien était en acier soudé. Il portait aussi une pancarte sur sa poitrine, pas en bois comme d’ordinaire, mais une plaque en fer qui n’était autre que la porte du four de son laboratoire, barrée en diagonale d’une grande croix rouge et sur laquelle était écrit son nom en caractères noirs clinquants.
L'univers est une forêt sombre dans laquelle chaque civilisation est un chasseur armé d'un fusil. Il glisse entre les arbres comme un spectre, relève légèrement les branches qui lui barrent la route, il s'efforce de ne pas faire de bruit avec ses pas. Il retient même sa respiration. Il doit être prudent, car la forêt est pleine d'autres chasseurs comme lui. S'il remarque une autre créature vivante, il n'a qu'un seul choix : ouvrir le feu et l'éliminer. Dans cette forêt, l'enfer c'est les autres. Une éternelle menace. Chaque créature qui devoile son existence est très vite anéantie. Voici la cartographie de la société cosmique. C'est la réponse au paradoxe de Fermi.
Mais dans cette forêt sombre, il y a un enfant idiot qui s' appelle l'humanité, qui a allumé une torche et qui crie autour de lui : Je suis ici ! Je suis ici !
Je suis né à la fin de l'Ere du freinage. La terre venait tout juste d'arrêter de tourner.
- Tu as vu? La Terre n'est qu'une petite bulle dans l'Univers. Tu l'effleures et elle cesse d'exister. Qu'est-ce qui est si effrayant en fin de compte?
- Les intellectuels font toujours beaucoup de bruit pour pas grand-chose.
[...] Nous ferons des mathématiques en nous fondant sur la tactique militaire de la marée humaine !
- Des gens du peuple ? Trente millions ? Demanda Wang Miao au comble de l'étonnement. Si je comprends bien à une époque ou neuf hommes sur dix sont analphabètes, vous pensez pouvoir trouver trente millions de personnes qui comprennent le calcul infinitésimal ?
Les militaires sombrèrent dans un profond silence. La route du temps couleur de plomb s'ouvrait lentement devant eux sans qu'ils puissent distinguer l'autre bout, rendu flou par le brouillard de l'avenir, dans lequel ils ne parvenaient à voir chatoyer que des flammes et la lueur du sang. Jamais la nature éphémère de la vie humaine ne les avait autant fait souffrir. Leurs cœurs s'envolèrent par-delà la voûte du temps pour rejoindre la dixième génération de leurs descendants et s'abîmer avec eux dans le sang et le feu de l'espace glacial, là où se rassembleraient au jour dernier les âmes de tous les soldats.
_Nous sommes entrés dans une région particulière de l'espace, une région en quatre dimensions. C'est aussi simple que cela. Nous appelons ces régions de l'Univers "fragments quadridimensionnels".
Le plus grand obstacle à la survie de l'humanité, c'est l'humanité elle-même.
La fourmi brune avait déjà oublié que ce lieu avait jadis été son foyer. Pour la Terre et pour les étoiles qui venaient tout juste de poindre dans le ciel vespéral, cette période n’avait été qu’une dérisoire parenthèse mais, pour la fourmi, cela frisait l’éternité. En ces temps reculés, son monde avait été renversé. La terre s’était envolée et, à sa place, avait surgi un gouffre vaste et profond, puis la terre était revenue dans un bruit de tonnerre et le gouffre avait disparu. À ce qui avait été l’une de ses extrémités se dressait maintenant une butte noire et solitaire. Ces événements se produisaient souvent sur cet immense territoire, la terre se volatilisait avant de faire son retour, des gouffres s’ouvraient avant d’être recouverts, puis s’ensuivait la naissance d’une butte solitaire, témoin visible de chaque nouvelle catastrophe. Sur le chemin du soleil couchant, la fourmi brune et ses centaines de sœurs escortaient la reine survivante à la recherche d’un lieu où fonder un nouvel empire.
(Début du Prologue)
Elle n’avait pas imaginé que, même au plus rude de l’hiver, il y ait autant d’oiseaux dans la forêt. Elle fut alors le témoin d’un spectacle atroce : une nuée d’oiseaux s’envola dans le périmètre où pointait l’antenne et, derrière le nuage diaphane, elle les vit distinctement retomber sur le sol, comme foudroyés en plein vol.
Le plus grand obstacle à la survie de l’humanité, c’est l’humanité elle-même.
Nous avons mis en mouvement la roue de l'histoire. Allons l'attendre dans le futur.
- Vous savez pourquoi je suis venu ici? reprit Evans. Mon communisme antispéciste prend racine dans l'Orient ancien.
- Vous voulez parler du bouddhisme?
- Oui. Le christianisme ne s'est jamais intéressé qu'à l'homme et, malgré l'arche de Noé, la religion n'a jamais donné aux autres espèces vivantes la même valeur qu'à l'espèce humaine. Au contraire, le bouddhisme a pour idée de délivrer toutes les créatures vivantes. C'est ce qui avait motivé mon départ pour l'Asie, mais... je crois que c'est maintenant partout pareil.
Maintenant que tout était redevenu calme, elle n'était plus capable de faire s'échapper le moindre son de sa bouche, elle ne pouvait que fixer le corps sans vie de son père. Tout ce qui n'avait pas pu sortir sous forme de pleurs ou de cris s'était dissous dans son sang et l'accompagnerait le restant de sa vie.