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Citations de Liu Cixin (439)


— Pourquoi était-il nécessaire de venir en Orient pour construire un ordinateur ?

Von Neumann et Newton échangèrent un regard surpris :

— Un ordinateur ? Vous voulez dire une machine à calculer ? Est-ce qu’un tel outil existe ?

— Vous ne connaissez pas les ordinateurs ? Mais comment comptez-vous vous y prendre pour effectuer ce nombre incroyable de calculs ?

Von Neumann regarda Wang Miao les yeux écarquillés, comme s’il ne comprenait pas du tout sa question :

— Comment ? Mais avec des hommes bien sûr ! Dans ce monde, qui d’autre pourrait bien faire des calculs ?

— Mais vous avez dit à l’instant que même si vous arriviez à réunir tous les mathématiciens du monde, ils n’y parviendraient pas.

— C’est pourquoi nous ne ferons pas appel à des mathématiciens, mais à des gens du peuple ! À des travailleurs ordinaires ! Mais il nous en faut beaucoup, au moins trente millions ! Nous ferons des mathématiques en nous fondant sur la tactique militaire de la marée humaine !
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Si je suis aussi calme, c’est peut-être parce que je suis une femme, peut-être que je connais mieux qu’un homme la puissance de la vie. Quand une femme devient mère, elle voit sa vie se poursuivre avec ses enfants. Elle comprend que le dieu de la Mort n’est pas si terrible, qu’elle peut lui résister.
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Il n'éprouvait aucun intérêt pour les oeuvres mais l'admirait, elle, au milieu de cet univers artistique, de ces murs couverts de peintures à l'huile figurant des dieux grecs aux silhouettes harmonieuses, des anges et des vierges immaculées qui, comme lui, contemplaient depuis les quatre coins de la pièce la beauté de cette jeune femme. Elle était comme cette pyramide étincelante au centre de la cour qui avait fini par se fondre dans l'atmosphères artistique de son environnement et dont l'absence aurait inévitablement provoqué un manque. Luo Ji s'enivrait de cette vision onirique, laissant le temps s'égrener au ralenti.
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Quelle est ta saison préférée ?
- L'automne. - Pourquoi pas le printemps ?
- Le printemps... Trop de sentiments se bousculent. C'est éprouvant.
L'automne c'est très bien.
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- Alors la littérature est quelque chose d’obsessionnel ?
- C’était au moins le cas pour Shakespeare, Balzac ou Tolstoï. Les classiques qu’ils ont créés sont nés de leurs utérus mental. Mais les écrivains d’aujourd’hui ont perdu ce pouvoir de création, leurs esprits ne donnent plus naissance qu’à des fragments désagrégés, à des fœtus difformes dont les vies éphémères ne sont que des spasmes obscurs et irrationnels…..
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Sur l'image, il remarqua une ligne blanche qui, observée de plus près, se révéla en fait être une suite de chiffres : 1200:00:00 Une autre suite apparaissait sur la deuxième photo. 1199:49:33
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Il considérait que la révolution technologique était une maladie des sociétés humaines. Il comparait la prolifération des technologies à une propagation rapide de cellules cancéreuses causant l'extinction de tout nutriment organique, la destruction des organes, et en définitive la mort des organismes hôtes.
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P. 181
Ce qu'effleuraient ses mains fines ne semblait pas être des accessoires pour le thé mais quelque chose de beaucoup plus doux, de la soie, de la brume, ou bien ... du temps. Oui, elle caressait le temps, et dans ses mains celui-ci devenait souple, satiné. Il glissait avec la même lenteur que les volutes de nuages au milieu des bosquets de bambous.
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Si l’on se penchait sur le passé récent, la découverte de l’état de forêt sombre de l’Univers avait représenté un choc terrible pour toutes les religions et en particulier le christianisme … quand ils prirent connaissance de l’existence de la civilisation trisolarienne, les chrétiens comprirent aussitôt qu’il n’y avait jamais eu de place pour eux dans le jardin de l’Eden, car pas une seule fois ils n’avaient été mentionnés dans la Genèse. … Tout à coup les gens prirent conscience que coexistaient au sein de l’Univers un nombre incroyable de communautés intelligentes. Et si chaque civilisation avait son Adam et son Eve, la population du jardin d’éden serait à peu près aussi nombreuse que la population de la terre.
Mais pendant les calamités de la Grande Migration, on avait assisté à la renaissance des religions. … Lors de ces crises, les fidèles avaient prié en masse, et c’était leurs prières qui selon eux, leur avait finalement accordé le salut divin, bien que les croyants débattent encore du rôle joué par Dieu dans toute cette affaire.
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L'assaut de l'Union rouge contre le quartier général de la brigade du 28 Avril durait déjà depuis deux jours. Tout autour de l'édifice, les drapeaux de la brigade claquaient au vent, telles des torches attendant d'être ravivées. (p. 9)
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"Le vide n'est pas le néant, le vide est une forme d'existence. Tu dois te remplir de cette existence du vide."
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L’ultime métamorphose de toute civilisation intelligente consiste à devenir aussi grande que ses pensées. (p. 927)
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Mes enfants, votre aïeul doit-il vraiment vous envoyer dans un lieu où la nuit est éternelle ?
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L’humanité ne saurait jamais atteindre une véritable conscience morale, de la même manière que l’homme ne pouvait s’élever du sol en tirant sur ses propres cheveux….
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Tout ça pour en arriver à cette conclusion : la physique n'a jamais existé et n'existera jamais.
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Dans l’immense salle, cœur battant de la nation, les cinquante-quatre enfants firent l’expérience de cette puissante étrangeté, comme si une lame invisible avait fendu les airs, coupant d’une même estocade le passé et le futur à partir de ce point, et révélant un paysage inédit.
La nébuleuse de la Rose qui venait de se lever était visible à travers la large fenêtre et projetait ses rayons bleus sur le sol de la pièce. Un œil géant dans l’Univers contemplait un monde devenu déconcertant, insaisissable.
Pendant une semaine entière, le système solaire avait été soumis à un ouragan de radiations de haute énergie. Les particules s’étaient abattues sur la Terre comme une tempête de pluie, recouvrant la surface et les océans d’un déluge de rayons. Elles avaient transpercé le corps des êtres humains à une vitesse inimaginable, pénétrant chaque cellule. Les minuscules chromosomes de chacune des cellules humaines, tels des filaments cristallins et fragiles, avaient été secoués en tous sens, déchirant la double hélice de l’ADN, effritant les bases azotées. Les gènes endommagés continuèrent bon gré mal gré de fonctionner mais la chaîne si précise des vivants, fruit de l’évolution de centaines de millions d’années, fut tordue, brisée, et les gènes mutés semaient désormais la mort au lieu de reproduire la vie. La Terre faisait tourner l’humanité entière dans une douche meurtrière. Chez des milliards d’individus, l’horloge de la mort était remontée, et relançait son tic-tac…
Tout humain âgé de plus de treize ans allait mourir, et la Terre deviendrait un monde uniquement peuplé d’enfants.

Les cinquante-quatre enfants présents dans la salle étaient néanmoins différents des autres. Un second message allait faire voler en éclats le monde devenu étranger à leurs yeux. Il les suspendrait dans un vide troublant.
Zheng Chen fut la première à reprendre ses esprits.
– Monsieur le Premier ministre, ces enfants, si je devine bien…
Son interlocuteur hocha la tête, et répondit calmement :
– Oui, vous devinez bien…
– Mais c’est impossible ! s’écria la jeune enseignante.
Les dirigeants de la nation la regardèrent, sans rien ajouter.
– Ce sont des enfants, comment pourraient-ils…
– Ma jeune amie, que pensez-vous que nous aurions dû faire ? demanda le Premier ministre.
– Vous… vous auriez pu chercher des candidats dans tout le pays !
– Croyez-vous vraiment que ça aurait été possible ? Et comment les aurions-nous choisis ? Les enfants, contrairement aux adultes, n’appartiennent à aucune structure sociale hiérarchisée. Il était par conséquent inenvisageable de trouver en si peu de temps les individus les plus capables et les plus adaptés pour assumer de telles responsabilités dans une masse de quatre cents millions. Le monde des adultes peut devenir inopérant à tout instant. Face à cette menace, la plus critique de notre histoire commune, nous ne pouvions pas prendre le risque de laisser le pays sans cerveau à sa tête. Avions-nous un autre choix ? Comme tous les autres pays du monde, nous avons adopté une méthode particulière pour opérer cette sélection.
– Mon Dieu… La jeune institutrice manqua de s’évanouir.
Le président s’approcha d’elle : – Vos élèves ne seront peut-être pas d’accord avec vous. Vous les connaissez tels qu’ils sont en temps normal, mais pas tels qu’ils sont une fois mis devant une situation aussi extrême. En des temps de crise, les humains – tous les humains, les enfants compris – peuvent devenir plus que des humains.
Le président se tourna ensuite vers le groupe d’enfants, qui ne comprenaient pas encore ce qui se déroulait devant leurs yeux :
– Oui, chers enfants, vous allez diriger ce pays.
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L’Étoile morte brilla dans l’Univers pendant une heure et vingt-cinq minutes avant de disparaître brusquement. Seul un immense réseau de radiotélescopes se montra en mesure de détecter ses débris – une étoile à neutrons en rotation rapide émettant des impulsions électromagnétiques à des intervalles réguliers.
Le visage collé aux vitres de la salle de classe, les enfants assistèrent du début à la fin à ce crépuscule qui n’en était pas un, au plus étrange des couchers de soleil qu’il leur serait jamais donné de voir. Ils virent le bleu du ciel s’assombrir, annonçant la nuit. La lumière de l’Étoile morte s’estompa, ne laissant plus qu’un halo crépusculaire qui occupa d’abord la moitié du ciel, avant de se réduire bientôt à un cercle vide, sa couleur passant au blanc. La majeure partie du ciel était désormais sombre et commençait à se piqueter d’étoiles. Le halo autour de l’étoile continua à se contracter jusqu’à sa disparition finale. Autrefois source de lumière rayonnante, l’Étoile morte n’était maintenant plus qu’un point légèrement lumineux. Quand le ciel eut retrouvé son visage habituel, elle était encore l’étoile la plus brillante de la voûte, avant de se réduire encore et n’être plus qu’une étoile ordinaire parmi les autres de la Voie lactée. Cinq minutes passèrent, et l’Étoile morte s’était complètement évanouie dans les abysses de l’Univers.
Constatant l’arrêt des éclairs, les enfants sortirent en courant de la salle de classe, et se retrouvèrent dans un monde phosphorescent. Tout à l’extérieur : arbres, bâtiments, y compris le sol lui-même, brillait d’une lueur bleu-vert sous les ténèbres du ciel, comme si la Terre et tout sur la Terre était fait de jade translucide et qu’une source de lumière semblable à la Lune émergeait des profondeurs pour imprégner le jade de son éclat. Des nuages émeraude flottaient dans le ciel nocturne, tandis que des volées d’oiseaux affolés passaient à toute allure, telles des fées luminescentes. Ce qui frappa le plus les enfants, c’était qu’eux-mêmes étaient devenus phosphorescents, comme ces images tirées d’un négatif photo, ou comme une horde de fantômes.
– Je l’avais dit, tout peut arriver… murmura Lunettes.
Les lumières de la salle de classe se rallumèrent, aussitôt suivies par celles de la ville. Les enfants ne réalisèrent qu’à cet instant qu’il y avait eu une panne d’électricité. Avec la réapparition des lumières artificielles, l’omniprésente phosphorescence s’estompa. Les enfants crurent que le monde était revenu à son état initial, mais ils découvrirent bientôt avec stupeur que tout n’était pas terminé.
Au nord-est, brillait une lumière rouge. Après un certain temps, des nuages pourpres se levèrent dans cette partie du ciel, comme s’ils annonçaient l’aube.
– Cette fois, le jour se lève pour de vrai !
– N’importe quoi, il n’est même pas encore 23 heures !
Les nuages rouges dérivèrent et couvrirent vite la moitié du ciel. Les enfants se rendirent compte qu’ils brillaient de leur propre lumière. Lorsque leurs confins atteignirent le milieu du ciel, les enfants virent d’immenses bandes de lumière qui ressemblaient à autant de plis de rideaux suspendus dans l’espace, se tordant et se métamorphosant lentement.
– Une aurore boréale ! cria un enfant.
L’aurore tapissa bientôt tout le ciel et, pendant la semaine entière qui suivit, les nuits du monde entier se drapèrent de pourpre.

Une semaine plus tard, quand les aurores disparurent et que les étoiles scintillantes firent leur retour, arriva le dernier et le plus somptueux mouvement de cette symphonie cosmique : une nébuleuse éclatante naquit à l’endroit même où l’Étoile morte était apparue quelques jours plus tôt. La poussière laissée par l’explosion de la supernova, excitée par les impulsions électrique de haute énergie de l’Étoile morte, émit des radiations synchronisées dans le spectre visible, de sorte que l’œil humain pouvait en voir le spectacle. La nébuleuse se développa lentement, jusqu’à atteindre la taille de deux pleines lunes dans le ciel. Ce grand corps radiant en forme de fleur lui vaudrait bientôt le nom de « nébuleuse de la Rose ». Elle émettrait dans le firmament une lumière bleue, étrange et crue qui, en atteignant la Terre, brillerait comme un clair de lune argenté, illuminant chaque détail du sol et assombrissant les lumières des villes en contrebas.
Désormais, la nébuleuse de la Rose resplendirait pour le reste de l’histoire de l’humanité, jusqu’au jour où l’espèce qui régnait sur cette planète depuis la disparition des dinosaures s’éteindrait ou deviendrait immortelle.
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Dans un rayon de onze années-lumière autour de la Terre, les astronomes avaient découvert onze soleils, à savoir : Proxima, Centaurus A, Centaurus B – trois étoiles orbitant ensemble sous l’effet de la gravitation, et formant un système triple ; Sirius A, Sirius B, Luyten 726-8 A, Luyten 726-8 B – quatre étoiles formant respectivement deux systèmes binaires ; Barnard, Wolf 359, Lalande 21185, Ross 154, chacune des étoiles simples. Les scientifiques n’excluaient toutefois pas la possibilité qu’il existe encore des étoiles beaucoup plus sombres ou dont les rayons étaient bloqués par la poussière interstellaire et demeuraient donc indétectables.
Les astronomes avaient remarqué la présence d’une quantité importante de poussière cosmique dans cette portion de l’espace, rappelant des nuages sombres flottant dans l’océan cosmique. Lorsqu’un détecteur d’ultraviolets installé sur un satellite artificiel pointait ces lointains nuages, il détectait un pic de 216 nanomètres dans le spectre d’absorption, ce qui les amenait à conclure que la poussière interstellaire devait être composée de particules de carbone qui, en raison de la nature réfléchissante de ces nébuleuses, permettaient de proposer l’hypothèse suivante : en dehors des particules de poussière, les nuages devaient être recouverts d’une fine pellicule de glace. La taille de ces particules variait entre 2 et 200 millimètres, soit le même ordre de grandeur que la longueur d’onde de la lumière visible, si bien que la poussière apparaissait opaque. C’était cette poussière interstellaire qui bloquait la lumière d’un corps céleste situé à huit années-lumière de la Terre. Cette étoile avait un diamètre vingt-trois fois supérieur au Soleil, et une masse soixante-sept fois supérieure. Elle était maintenant entrée dans la phase finale de sa longue évolution, quittant la séquence principale, commençant son cycle de vieillesse, prête à devenir ce que nous appelons une étoile morte.
Si tant est qu’elle eût une mémoire, elle aurait été incapable de se souvenir de son enfance. Née un demi-milliard d’années plus tôt, elle avait été engendrée par une nébuleuse. Le mouvement des atomes et le rayonnement venu du centre de la galaxie avaient perturbé la sérénité de cette mère cosmique, et toutes les particules du nuage s’étaient condensées vers un centre unique sous l’effet de la gravité. Cette pluie solennelle de poussière s’était abattue pendant deux millions d’années lorsqu’au centre du nuage de gaz condensé, des atomes d’hydrogène avaient commencé à fusionner en hélium, et l’étoile morte était née dans une conflagration nucléaire.
Elle avait connu une enfance violente et une adolescence tumultueuse, puis l’énergie de la fusion nucléaire avait résisté à l’effondrement de son enveloppe et l’étoile morte était entrée dans un long âge moyen. Si son enfance avait été mesurée en heures, en minutes, voire en secondes, cet âge-là se mesurait désormais en milliards d’années. Elle était devenue un point lumineux calme de plus dans le vaste océan de la Voie lactée. Mais si l’on volait près de la surface de l’étoile morte, il apparaissait évident que ce calme était un leurre. La surface de l’astre gigantesque était un océan de feu nucléaire, une scène de bataille où se percutaient des vagues de magma rougeoyantes et rugissantes, envoyant des particules énergétiques dans l’espace comme une tempête de pluie. Des quantités inimaginables d’énergie montaient du centre profond de l’étoile morte, soulevant des vagues aveuglantes à la surface de la mer de feu. Au-dessus de cette mer, se déchaînaient des typhons d’énergie nucléaire. Du plasma rouge sombre tordu par un puissant champ magnétique formait des tornades de dizaines de millions de kilomètres de haut, comme des essaims d’algues rouges s’étirant dans le Cosmos… L’étoile morte était si vaste qu’il était difficile pour l’esprit humain de la saisir. En termes d’échelle, placer notre planète sur cette mer de feu, c’était comme lancer un ballon de basket-ball dans l’océan Pacifique.
L’Étoile morte aurait dû être brillante aux yeux humains. Avec une magnitude apparente de – 7,5, sans la poussière interstellaire intercalée derrière une autre étoile située à trois années-lumière de distance et empêchant sa lumière d’atteindre la Terre, elle aurait brillé sur l’histoire humaine avec six fois plus de force que Sirius, l’étoile la plus lumineuse du ciel. Elle aurait été suffisamment brillante pour projeter des ombres sur une nuit sans lune, et sa clarté bleutée aurait certainement rendu les hommes plus sentimentaux.
L’Étoile morte avait brûlé paisiblement pendant quatre cent quatre-vingts millions d’années. Son existence avait été glorieuse, mais la froide et cruelle loi de conservation de l’énergie avait entraîné des changements inévitables en son sein : son feu avait épuisé l’hydrogène, et le produit de la fusion nucléaire – l’hélium – avait commencé à couler et à s’accumuler au centre de l’étoile. Ce changement fut extrêmement lent pour un corps de cette taille, qui possédait d’énormes quantités de matière. Pour elle, l’histoire de l’humanité n’était qu’un claquement de doigts. Malgré tout, ces quatre cent quatre-vingts millions d’années de consommation énergétique finirent par produire des conséquences tangibles : l’hélium, dont l’inertie était plus grande, s’était déposé en quantité importante dans son cœur, et cette si formidable source d’énergie commença à s’estomper. L’Étoile morte avait vieilli.
Cependant, une autre loi de la physique, la gravitation, imposait à l’Étoile morte de finir sa vie de façon héroïque. La densité de l’hélium en son centre augmentait, tandis que l’hydrogène environnant continuait à fusionner, générant une chaleur telle qu’elle enflamma l’hélium, le faisant fusionner à son tour. Tout l’hélium de l’étoile éclata en un puissant feu nucléaire, et l’Étoile morte se mit à émettre un rayonnement de lumière vive. Mais la fusion de l’hélium ne pouvait produire qu’un dixième de l’énergie nucléaire de l’hydrogène, de sorte que l’Étoile morte s’était affaiblie après cette lutte intense. C’est ce que les astronomes appelaient un « flash d’hélium ». La lumière provoquée par ce flash traversa l’espace pendant trois années avant d’atteindre le nuage de poussière, où une lueur rouge de plus grande longueur d’onde parvint à franchir cette barrière cosmique. La lumière voyagea pendant cinq autres années, pour atteindre une autre étoile, beaucoup plus petite que l’Étoile morte : le Soleil, ainsi que la poignée de grains de poussière capturés par la gravité de l’étoile, grains connus des humains sous le nom de Pluton, Neptune, Uranus, Saturne, Jupiter, Mars, Vénus, et bien sûr la Terre. C’était en l’an 1775 de l’Ère commune.
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La civilisation marche toujours sur le même sentier, celui de la destruction de toute vie sur Terre en dehors de la sienne. 4,5 milliards de dollars suffiraient à construire un porte-avion mais, même si on en construisait mille, il serait impossible d'arrêter la folie de l'humanité
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C'est assez simple en réalité. Si les mouvements du soleil semblent si irréguliers, c'est que notre monde possède en fait trois soleils. Sous l'influence de leurs interactions gravitationnelles, ils donnent naissance à ce mouvement imprévisible que nous appelons le problème à trois corps. Lorsque notre planète tourne autour d'un des soleils sur une orbite stable, nous nous trouvons dans une ère régu- lière. Mais lorsqu'un ou deux autres soleils s'approchent à une certaine distance, leur attraction gravitationnelle dévie la planète de son orbite originelle et celle-ci se retrouve à errer de façon instable dans les champs gravitationnels des trois soleils. Nous sommes alors dans une ère chaotique.
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