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Critiques de Lluis Llach (114)
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Échec au destin

C'est au Moyen-âge que nous entraîne cette fois, Lluis Llach. Il s'agit cependant davantage d'un roman sur le Pouvoir, qu'un roman purement historique.

La reine de Magens est retrouvée morte au pied du château, sous la fenêtre de sa chambre. Suicide ou meurtre ? Bien au delà de l'émotion que suscite cette mort,cette question est hautement politique. L'église à un pouvoir énorme, et en cas de suicide ce qu'elle devra mettre en œuvre entraînera l'effondrement du royaume pour la plus grande satisfaction de ses ennemis. Le roi a deux fils légitimes, mais aussi Orenç " le bâtard" qu'il a eu avec sa première femme qu'il a dû répudier. Après avoir passé ses jeunes années auprès de ses frères Orenç à été envoyé à Rome pour devenir ecclésiastique. Il est rappelé par le roi qui le missione pour élucider cette mort et prouver qu'il s'agit d'un assassinat.

L'intrigue est bien menée et nous infiltre dans un véritable nid de scorpions! La confession est presque l'axe principal du roman car elle constitue une véritable arme pour connaître et utiliser les vices et manigances qui se jouent dans le royaume. J'ai d'ailleurs découvert comment et pourquoi l'Eglise à transformé la confession publique en confession privée, sujet très intéressant et significatif de l'alliance du clergé et du politique.

L'auteur sait mêler la violence des enjeux de pouvoir à la sensualité de ce qui se jouent entre les personnages, tout ceci dans un contexte qui change de ce que je lis habituellement. Il nous plonge dans des conspirations à tiroirs qui m'ont tenue en haleine jusqu'à la fin.
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Les Yeux fardés

J'ai beaucoup aimé ce roman qui monte en puissance ,passant progressivement de l'innocence et la légéreté de l'enfance à la gravité et la dureté de l'âge adulte dans l'Espagne des années 30. On y côtoie ce qu'il y a de plus abjecte chez l'être humain et ce qu'il y a de plus sensible. Face à l'aspiration de l'Amour il y a la Barbarie de la guerre: Eros et Thanatos! L'écriture est imagée, poétique mais aussi à d'autres moment lourde et accablante.Si les mots sont parfois crus, c'est qu'ils obéissent à la necessité d'atteindre sans détour et même avec violence, notre conscience. C'est certainement la voix du résistant qui ne néglige aucun moyen pour insuffler le désir d'insoumission et l'indignation qui en est le moteur que Lluis LLach libère dans ce roman.

Mais à travers les 4 personnages principaux c'est aussi une immersion dans les relation du "peuple de gauche" de la barceloneta que nous propose l'auteur, avec ses valeurs d'humanisme : éducation, solidarité, amitié, entraide...L'école de la mer, qui sera le berceau créateur de ces 4 amis a une devise qui résume à merveille le coeur de ce roman:"apprendre à penser, à ressentir, à aimer".
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Les femmes de La Principal

Je diviserais ce roman en deux parties assez distinctes mais dont la narration s’entremêle comme je partagerais mon opinion entre celle qui m'a plu et l'autre ...



L'histoire commence en 1893 , en Catalogne , lorsque l'épidémie de phylloxera qui a déjà atteint la France commence ses ravages dans les vignes de La Principal, un domaine viticole jusque là florissant tenu de main de maître par Andreu Roderich . Il décide alors de rejoindre Barcelone avec ses trois fils et de laisser , la plus jeune de ses enfants, Maria , au domaine , un sacrifice qu'elle doit accepter en tant que fille .



Le défi relevé par Maria , la prise de conscience de sa propre valeur et de sa puissance donnent au récit des pages que j'ai trouvé fort intéressantes . L'histoire n'est pas linéaire car on rencontre au fil des chapitres celles des autres Maria, sa fille et sa petite fille , dans des contextes historiques dramatiques comme la guerre civile espagnole . Ces héroïnes ont chacune une personnalité bien marquée et des opinions tranchées et parfois opposées .



Lluis LLach , pour apporter une diversion à cette histoire matriarcale y glisse une enquête menée par un jeune inspecteur, féru des romans d'Agatha Christie qui reprend une affaire de meurtre avec un corps découvert en 1936 devant la porte de La Principal et mise sur le compte de représailles liées à l'époque troublée des événements . Cette enquête prend un peu trop le pas , à mon avis sur le combat des femmes de La Principal même si elles y sont mêlées plus ou moins directement .
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Les Yeux fardés

Un flamboyant livre sur la mémoire et l'amour, tissées sur une toile, espace Barcelone, temps la jeune République espagnole et son massacre (les années 1930-1940).

Essentiellement.

Toile peinte, roman écrit, au moment où les souvenirs s'effacent, où ceux/celles qui transmettent disparaissent, quand l'Espagne tend à oublier aussi ses anciens combattants, ses lieux de mémoires (pour reprendre le langage officiel), à accepter des hommages à « l'autre connard » (je cite l'auteur… un aparté, il y a trois connards, l'autre, le connard moustachu qui officie en Allemagne, et le petit gros qui serait vers l'Italie… si vous voyez).

Bref…

La mémoire, il me semble que pour l'auteur, celle-ci a construit son roman… en effet, celui-ci est divisé non pas en chapitres mais en séances d'enregistrement (qui pour nous, lecteur, est similaire). Et petits moments d'apaisement pour le lecteur, le vieux qui se fait enregistrer s'adresse directement à son enregistreur… moments rares drôles… « n'oubliez pas de débarrasser votre tasse de café », par exemple. Ainsi, l'auteur demande au lecteur d'entrer dans une mise en scène de la mémoire et de la transmission. Et, il se pose une question : comment transmet-on aujourd'hui, cette histoire atroce, horrible, oubliée (pour une grande partie), alors que les témoins disparaissent, ont disparu. Les derniers témoins.

Bien sûr, chacun (j'ose l'imaginer, le penser) a quelque souvenir de ce que l'on appelle la Guerre d'Espagne. Merci Picasso et Guernica, Merci Eluard et liberté. Bon voilà, elle débute en 1936 et puis les Républicains perdent en 1939, alors que la guerre recommence ou continue en Europe… et alors les Espagnols…oubliés… sauf que commence alors l'épouvante terreur blanche, avec des milliers d'exécutions, d'enfermements, d'anéantissements. Llach, à travers son héros prénommé par ses parents Germinal (cherchez le besoin de transmettre) (car on aurait pu imaginer Thermidor – non, trop Robespierre -, Brumaire – non, trop Bonapartiste,) Llach confronte le lecteur avec un récit (le sien), la mémoire (celle de Germinal, qui à plusieurs reprises, précise que ce sont SES propres souvenirs, et ceux de personne d'autre), et le souvenir, l'attachement, l'amour.

D'abord, l'amour porté à Barcelone et à un quartier de Barcelone. Un amour qui s'effondre lorsque Germinal retourne sur les lieux de ses amours. Outrages du temps qui a glissé, outrages des guerres et des destructions. Absences des personnes aimées sur ces lieux-mêmes. Germinal en vomit. Son corps refuse. J'ai lu là des lignes admirables, fortes, puissantes.



L'amour porté à l'Ami Aimé. L'auteur exprime alors des sentiments très forts, déclare une sexualité forte aussi, et qui sans doute dans une Espagne sur-catholicisée (oui j'invente le terme, mais il faut bien le dire), ne devait pas simplifier l'existence. Llach ose, à la fois crûment, mais tellement sincèrement, que l'on adhère (pardon, moi j'ai adhéré).

L'Ami Aimé. Il me semble que Llach souhaite à chacun d'en connaître un, de vivre l'Ami Aimé.

Ce qui me permet de conclure que ce roman tout triste qu'il est, nostalgique, donne, ouvre, offre l'amour ou l'amitié, suivant ses propres sensibilités.

Mais il milite aussi pour le non-oubli.

Une très belle lecture, émouvante,

j'avais lu auparavant Les Femmes de la Principal.

Que de beaux moments !

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Les femmes de La Principal

Après "Les yeux fardés" son premier roman, Lluis LLach nous fait vivre sur un peu plus d'un siècle l'histoire familiale de La Principale, riche propriété vinicole de l'Abadia. C'est un roman résolumment féminin même si les hommes y ont leur place et qu'on fait connaissance avec de beaux personnages. Les femmes ce sont les trois Maria, trois générations, trois femmes de caractère qui vont devoir s'imposer pour être respectées et reconnues dans un statiut de pouvoir et d'autonomie. Mais c'est aussi Ursula, la gouvernante et la nourrice qui a connu ces trois générations. Le talent de L.Llach réussit a bien préserver la logique de la prépondérance des Maria dans cette saga familiale tout en donnant une place centrale à cette femme exeptionnelle. C'est un vrai plaisir que de parcourir cette histoire avec laquelle on vit les changements historiques de cette région d'Espagne, tout d'abord avec l'arrivée du phyloxera et ses impacts sur l'économie et les paysages, mais aussi bien sûr, la période franquiste puis l'aprés "68". C'est une superbe histoire d'amour qui ose bousculer les codes, c'est une découverte de secrets successifs qui participent à l'identité de cette famille, et c'est aussi sur la seconde partie du roman, un policier avec l'inspecteur Lluis Recarder passionné par Agatha Christie qui mène son enquête en s'identifiant à son modèle tout en étant subjugué par la beauté et l'intelligence de la seconde Maria.La structure du roman nous promène dans des allers et retours entre 1893 et 2001 par le biais des souvenirs et par les besoins de l'enquête. Je reprendrai à mon compte les paroles de la troisième Maria qui se plaint à son père " papa, je suis incapable de te lire comme un écrivain! au début, je ne comprenais rien du tout, je mélangeais les Maria, les époques, et de temps en temps il me fallait tout reprendre pour savoir où j'en étais." Mais il serait vraiment regrettable d'être rebuté par ce petit effort de repérage dans le temps car ce serait se priver d'une belle récréation littéraire!
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Les Yeux fardés



Ils étaient jeunes, ils étaient beaux, insouciants, ivres de plaisir, égoïstes tout entier dévoués à la découverte de la chair, à la jouissance de chaque instant. Dans la Barcelone libertaire des années 30, un quatuor d'amis à la vie à la mort, traversent les soubresauts de l'histoire avec l'énergie du désespoir de qui pressent la fin d'une époque.



Germinal le meneur, le bellâtre grande gueule au charisme divin, et David, l'intellectuel solaire, discret tout autant qu'attrayant, Mireia, la frondeuse et Joana, la douce jeune fille aux ambitions modestes, ces amis profondément liés dans leurs disparités, témoignent d'une époque, d'une jeunesse catalane, espagnole, européenne, pétrie d'idéaux des Lumières, cherchant dans le militantisme, dans le socialisme et toutes les émanations politiques de cette entre-deux guerres, une réponse à leur condition ouvrière trop précaire.

Ils sont ces enfants de la Barceloneta, quartier ouvrier par excellence ouvert sur la mer tout autant que replié autour de sa communauté d'humbles gens, prison dorée où les illusions côtoient la résignation.



Lluis Llach nous offre le portait d'une génération perdue, sacrifiée face au rouleau compresseur franquiste et de manière générale, face à l'imminence des totalitarismes qui briseront leurs rêves et plongeront l'Espagne dans les abysses d'une dictature abjecte.



Les yeux fardés est une œuvre lumineuse. A chaque page, nous ressentons cette profonde chaleur, celle d'une solidarité à toute épreuve au nom de l'amitié et d'un destin plus grand. Germinal, notre narrateur, nous emmène au cœur de cette Barcelone libertaire, pillée jusqu'au dernier sursaut de dignité, drapée dans le courage face à l'inévitable. Parallèlement à ces destins brisés, conteur sans fards, il nous livre avec beaucoup d'émotion son amour interdit pour David, son âme sœur, l'homme de sa vie, sublime amour malmené par l'Histoire.



Les yeux fardés est un véritable enchantement, une ode à l'amitié, à l'amour, à l'esprit de révolte. Un grand roman comme je les aime. Entier, démesuré, attachant.
Lien : http://www.livreetcompagnie...
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Les femmes de La Principal

Un corps affreusement massacré déposé sur un banc, devant la porte de La Principal, en novembre 1940.

Histoire policière donnant lieu à la fois à une saga familiale sur quatre générations, à l’évocation du climat politique et social juste après la guerre civile, à l’évolution des mentalités constatée dans les années 2000.



La Principal était une grosse exploitation vinicole, près de Reus, en Catalogne. Deux femmes en ont pris la direction successivement, la mère puis la fille, à partir du début du 20ème siècle. Deux caractères trempés, et il fallait ça pour s’imposer dans l’époque et ses circonstances qui n’aidaient pas le sexe faible à s’affirmer et s’émanciper. Il fallait ça également pour affronter les conséquences du phylloxéra qui avait dévasté les vignes.

Deux femmes aussi qui sont tombées amoureuses hors de leur milieu, et qui l’ont assumé magnifiquement, avec bonheur et avec panache.

Autour d’elles, une belle galerie de personnages entiers (quand ils ne sont pas mutilés...), mais avec leurs questionnements et leur propre morale.



Le livre n’est pas un manifeste politique : s’il prend acte, par petites touches, de l’ambiance qui s’est installée avec l’instauration du régime autoritaire franquiste, c’est comme d’un fait acquis et inéluctable, faisant partie du paysage du roman. Même si acquis ne veut pas dire apprécié...

Le roman reste une histoire qui se déroule dans un tout petit milieu, celui de La Principal et de ses occupants, pendant un siècle, mais il offre une belle reconstitution des contextes successifs qu’elle traverse.

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Les Yeux fardés

Barceloneta (Catalogne), années 1920 et suivantes.

Quatre jeunes enfants nés à quelques jours d’intervalle dans le même quartier forment un joyeuse bande: Germinal, fils d’un docker syndiqué et d’une française est le chef de la bande - et le narrateur -, Mireia, David et Joana sont inséparables. Ensemble, ils affrontent la pauvreté et la débrouille, l’école puis à peine plus tard le travail. Ils connaissent ensemble leurs premiers émois amoureux et quand Germinal prend conscience que l’amitié qu’il a pour David est de l’amour, ils sont adolescents et le fascisme réclame son lot de sacrifiés…

Une histoire captivante et même très au-delà: une histoire d’amour et de passion sur fond de pauvreté et de guerre civile, une histoire forte et pleine de sentiments qui m’a subjuguée jusqu’au bout, tout en suspens et en émotions, tantôt crues tantôt sentimentales, toujours fascinantes.

Par ailleurs, le style narratif n’est pas ordinaire: l’auteur se présente comme un réalisateur venu interviewer un ciel homme, connu sous le nom de Germinal, dont on lui a dit que la vie était un vrai scénario, un catalan aux yeux fardés qui a connu l’amour secret et la guerre en Catalogne… lequel se livre tout au long de vingt-six enregistrements.

J’ai adoré ce roman qui m’a fait passé un merveilleux moment et je reconnais volontiers que Louis Llach a bien mérité les différents prix qu’il a reçus en 2015.

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Le théâtre des merveilles

Après Les yeux fardés et Les femmes de la Principal, Le théâtre des Merveilles nous révèle encore un peu davantage de Lluis Llach. Car s'il s'agit bien d'un roman faussement autobiographique, il n'y a aucun toute sur la proximité entre Lluis et son personnage Roger! Nous évoluons cette fois dans et à partir d'un théâtre de Barcelonne en faisant tout d'abord connaissance en 1935 avec Mireia qui deviendra la mère de Roger.Sous forme d'une belle saga familiale, plus par le cœur et l'esprit que par le sang, nous suivrons le départ de cette jeune femme qui fuit la répression Franquiste puis le retour aux sources au Maravillas par le biais de son fils alors âgé de 16 ans . Sachant qu'elle va mourir elle le lui cache et l'envoie rejoindre la seule famille qu'elle ait eu au Maravillas, un refuge dont elle est certaine.Elle lui a transmis l'amour de la musique et nous suivrons alors son parcours jusqu'à l'apogée de la reconnaissance en tant que baryton.La façon dont Lluis Llach nous raconte cette histoire nous donne l'impression de faire partie de cette attachante troupe d'artistes qui compose le théâtre mais aussi les différents "maitres" que croisera Roger. Les liens qui les unissent deviennent les nôtres. Ce roman est à la fois un hymne à l'amour, à la musique et à la liberté.
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Les Yeux fardés

Germinal, un vieil homme un peu efféminé, les yeux chargés de khôl, rencontre un jeune réalisateur qui envisage de tourner un film sur la Barceloneta, quartier populaire de Barcelone, un film qui couvrirait la période des années années 20 à nos jours...

La vie de cet homme ferait un excellent scénario de film.

Alors le vieil homme va lui transmettre vingt-six enregistrements chronologiques, plus ou moins longs, depuis sa petite enfance jusqu'à nos jours...Un concept original pour ce roman. Vingt-six enregistrements depuis la création dans les années 20 à 30 de ce petit groupe de 4 copains de l'école primaire, inséparables, quatre amis qui vivront ensemble leur enfance et leur adolescence dans les ruelles de ce quartier, sur la plage entre les barques échouées. Certes ce n'était pas l'opulence. Mais la solidarité entre les familles régnait, et surtout cet amour pour la liberté qui poussera plus tard le père, docker sur les quais du port, à s'engager dans l'armée républicaine afin de se battre contre le fascisme.

Nos quatre gamins connurent ensemble les premiers émois sexuels, les premiers amours ... puis le petit groupe qui se réduisit à trois le jour où, poussés par le chômage de ses parents l'une des quatre les quitta pour aller vers l'Amérique du Sud chercher le bonheur....Ensemble, ils découvriront la sexualité, puis connurent les premières relations avec les prostituées, et aussi les premières expériences homosexuelles...

Puis vint la guerre d'Espagne dans le camp des républicains. Elle bouscula ce bonheur, imposa l'exil de certains en France, causa la mort du père du narrateur et par suite de bombardements le nombre des amis du groupe se réduisit à deux, les deux garçons, ...

Une vie d'amour de la liberté...L'amour de la liberté et l'amour de l'indépendance qui définissent si bien la Barceloneta, ses hommes et femmes, qui combattirent aux cotés des républicains, cette ville tournée vers la République, méprisée et finalement punie, bombardée, brimée et en partie détruite par les fascistes.

Dénonçant les horreurs du franquisme, Germinal le récitant trouvera, un temps, la paix dans l'exil en France, la paix mais le manque aussi, celui de Ami Aimé resté en Espagne....!

Sur fond de drames mais aussi de petits bonheurs, chacun des enregistrements du vieil homme, est à lui seul un petit roman, parfois philosophique, dans lequel Lluis Llach confirme tout l’amour qu’il porte à cette langue catalane, à cette province, à ses hommes et femmes, à l’Humanité, et aux droits de l’homme pour lesquels il combattit.

Je connaissais le chanteur, dont j'avais apprécié l'un de ses derniers concerts. J'ai découvert l'auteur....Dommage qu'il n'y ait pas, à ma connaissance, d'autre ouvrage de cet auteur disponible en langue française.


Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Les Yeux fardés

Évidemment le cadre ne peut laisser indifférent : Barceloneta, ce quartier populaire de Barcelone, face à la mer, dans la première moitié du XXe siècle, les barques sur la plage où les enfants du quartier, en jouant, apprennent l'amour; la guerre civile qui s'abat comme un ouragan sur la Catalogne et sur la toute jeune république espagnole, les ouvriers anarchistes de la CNT qui quittent leur famille pour monter au front avec la "colonne Durruti"; le dernier coup d'éclat tenté par les républicains sur l'Ebre dans l'espoir de renverser le cours de la guerre; puis la défaite des "rouges" et la répression sanglante menée par les fascistes vainqueurs; Barcelone la rebelle, martyrisée, à genou. Et parallèlement à ce drame touchant tout un peuple, une autre histoire, tout à la fois flamboyante et dramatique, celle d'une amitié entre deux garçons, Germinal et David, qui va peu à peu se développer et s'épanouir en quelque chose d'incandescent.



Avec une trame historique aussi puissante et un sujet aussi brûlant, on aurait pu s'attendre à plus de lyrisme de la part de Lluis Llach, lui dont la chanson "L'estaca" est devenu un symbole de résistance, d'abord en Catalogne contre le franquisme, puis, reprise dans différentes langues, contre toutes les dictatures du monde entier. Au contraire, le style de Lluis Llach écrivain est d'une grande sobriété, d'une grande modestie : il cherche à dire simplement ce que vécurent les petites gens à cette époque terrible de l'histoire de l'Espagne et s'il s'emporte parfois contre les fascistes en les traitant de "fils de pute" ou de "connards" il se garde de mettre les républicains sur un piédestal. Des terribles exactions ont eu lieu des deux côtés, nous dit-il. S'il évoque bien le fait que les républicains (et singulièrement ceux de la CNT et du POUM) ne sont pas seulement tombés sous les balles fascistes mais parfois aussi sous les balles de leur propre camp, il évite de lancer des anathèmes et laisse aux historiens le soin de parler de cela.



Si je ne peux que rendre hommage à cette modestie, j'ai trouvé que l'intérêt du livre en pâtissait quelque peu. Le dispositif employé par l'auteur – un récit composé de 26 séances d'enregistrement du personnage principal du livre, Germinal, devenu vieux, réalisés par un jeune cinéaste prénommé Lluis, désireux de faire un film de la vie de Germinal – est plutôt rébarbatif et rien ne se passe vraiment entre Lluis et Germinal qui viendrait justifier cette "mise en scène" répétitive. En dépit du tabou sexuel qu'il veut briser et de quelques belles scènes sensuelles qui y contribuent, j'ai trouvé que, marqué par le poids de l'Histoire, le livre manquait de ce souffle, de cette liberté de ton, de cette insolence qui font les très grands romans. Mais sans doute attendais-je trop de cet auteur dont les chansons ne cessent de m'accompagner depuis un certain soir de novembre 1979 où, emmené par une amie catalane qui était déjà fan, j'étais allé l'écouter dans une petite salle de Toulouse. "Les yeux fardés" n'est peut-être pas le "Guerre et Paix" catalan que j'espérais secrètement mais il reste néanmoins un livre que je conseillerai à tous les amoureux de Barcelone, et de la Liberté.
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Les Yeux fardés

Je n'irai pas par quatre chemins ! Ce roman est tout simplement MAGNIFIQUE ! Lisez-le !

On suit l'histoire de 4 amis dans le quartier populaire de la Barceloneta (à Barcelone) autour de 1936.

Un passionnant moment de lecture.

Une divine écriture.

Merci Louis Llach pour ce 1er roman qui est un chef-d'œuvre à mon sens !





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Les Yeux fardés

Long monologue pour un réalisateur d'un vieil homme nommé Germinal aux yeux fardés narrant sa jeunesse dans le quartier de la Barceloneta : quartier populaire barcelonais face à la mer dont la plupart des hommes sont employés au port. Son enfance et son adolescence se passent entourées de ses plus fidèles amis, quatuor de choc : David, Joana et Mireia. Ils font les 400 coups et aiment se retrouver la nuit tombant près de la barque de pêche du père de David pour notamment s'ouvrir à leur sexualité. C'est un quartier solaire, malgré les difficultés les gens sont soudés et s'entraident. Et puis la seconde Republique est proclamée alors tout va bien mais c'est sans compter sur la tentative de coup d'état des nationalistes en 1936 qui va amener la guerre et semer la zizanie et la terreur dans leur vie.



Sacré personnage que ce Germinal. Il est attachant et on peut dire que quand il aime il ne fait pas semblant : je n'en dévoilerai pas plus au risque de gâcher votre lecture. C'est un grand sentimental pris dans le tourbillon de l'amour et des vicissitudes de la vie malheureusement. L'écriture est belle, même si très crue par moment notamment lorsqu'il s'agit de sexe. On se laisse emporter facilement par la vie menée par ce grand monsieur car oui il en aura vécu des choses porté par l'engagement anarcho-syndicaliste de son père.



Une beauté de roman !
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Les Yeux fardés

Les yeux fardés, de Lluis Llach, traduit du catalan est un chef d'oeuvre de littérature. Si vous aimez les beaux textes, la belle littérature, vous l'aimerez. Si vous aimez l'Espagne, vous pourrez satisfaire votre goût. Si vous aimez Barcelone, ce livre vous conviendra en la découvrant riche et tumultueuse comme un véritable personnage de roman. Si vous aimez les romans historiques, celui-ci traite des années 1920 à 1940 dont une bonne part, la guerre civile espagnole mais aussi les responsabilités des pays européens dont celle de la France et de l'Italie.... Si vous aimez les beaux personnages, la bande des quatres jeunes vous donnera des émotions fortes à vous nouer l'estomac. Si vous aimez les destins héroïques, vous y trouverez votre compte.

On réalise, une fois de plus que les sentiments, la détresse, la misère sont vécus par tous les peuples de la même manière, surtout par les humbles. C'est un roman profondément humain, pour le pire et le meilleur, un chant parfois joyeux et plein d'espoir et parfois lourd de détresse.

J'ai tant aimé ce roman que l'on m'a offert pour Noël, que je l'acheterai également pour l'offrir comme un précieux cadeau.
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Les Yeux fardés

Un choc ! Avec ce premier roman, le célèbre chanteur catalan Lluís Llach s'est placé d'emblée dans la cour des grands. Des larmes, du sang, du sperme même, les émonctoires déversent leur trop plein d'amour et de haine dans ce roman haut en couleurs, qui nous conte par le menu la vie tourmentée de Germinal Massagué, un vieil homme que rencontre un cinéaste en panne d'inspiration. Au fil de vingt-six enregistrements hebdomadaires cet enfant de la Barceloneta, le quartier ouvrier et anarchisant de la Barcelone pré-franquiste, replace son histoire personnelle au sein de la Grande Histoire. La guerre d'Espagne, maquette de ce qui va très vite devenir la guerre la plus meurtrière au monde, est vue par le petit côté de la lorgnette, le regard d'un beau mec, aimé des femmes, au cœur gros comme ça, qui va découvrir le véritable amour auprès de David, son ami d'enfance et membre de la bande des quatre (deux filles, deux garçons). Le lecteur est immédiatement happé par les personnages, hommes et femmes confondus, leur charisme et leurs convictions. L'auteur ose la crudité, mais sans jamais tomber dans la vulgarité. Un roman qui fait chaud au cœur, engagé comme peuvent s'y attendre celles et ceux qui ont suivi la carrière artistique de l'auteur, mais empreint d'une profonde sincérité et infiniment touchant. Vivement la lecture du prochain…

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Les femmes de La Principal

Après "Les yeux fardés", ce second roman de Lluís Llach confirme son immense talent d’écrivain. On y retrouve ses thèmes de prédilection : la bisexualité, la permanence des préjugés et de la hiérarchie sociale, et les êtres d’exception, ici les trois Maria. Trois générations de femmes, à la tête d’une vaste exploitation viticole dans la région du Priorat, réputée pour ses vins d’une extrême qualité. La saga s’étale sur un peu plus d’un siècle, embrassant une page tourmentée de l’histoire de la Catalogne vue d’une famille où les caractères bien trempés des femmes, à la limite du machisme, contrastent avec la tendre féminité des hommes qui les accompagnent. L’Église est présente aussi, celle derrière laquelle le franquisme a dissimulé ses exactions et ses turpitudes au nom de l’intérêt sacré de la nation. Et, cerise sur le gâteau dans ce roman politiquement engagé mais passionnant de bout en bout, une enquête policière, avec énigme, à laquelle le lecteur est convié. Une fois de plus, on se dit : vivement le suivant !

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Les Yeux fardés

L'itinéraire d'un jeune Catalan sous la République espagnole et la guerre d'Espagne.

Roman ou témoignage, voilà un livre magnifique qui nous conte la difficile confrontation de jeunes âmes sensibles et intelligentes avec la rudesse extrême de l'Histoire.
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Les Yeux fardés

Bien écrit, cet ouvrage relate le fil des événements de la guerre civile espagnole (utile pour les lecteurs qui ne les connaissent pas) et parle de la Barceloneta (quartier maritime de Barcelone) au sortir de la guerre de 14-18 à travers les aventures de quatre enfants qui grandissent. A lire à la plage, pour ne pas faire chauffer le cerveau.
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Les Yeux fardés

Une histoire d'amitié particulière, entremêlée à L Histoire douloureuse de l'Espagne franquiste.



Souvent, la lecture de ce type de roman peine à dissocier le réel de l'imaginaire. Ce n'est pas le cas ici, sans doute par le fait que l'auteur rapporte des témoignages de personnes qui ont vécu cette période tragique de la Catalogne.



J'ai parfois regretté que L Histoire prenne trop souvent le pas sur l'histoire de ces quatre adolescents, mais finalement les deux sont indissociables.

L'Amitié Amoureuse entre les deux garçons est narrée avec beaucoup de pudeur et de retenue, et, même dans les situations les plus douloureuses, l'auteur trouve toujours les mots afin de ne pas tomber dans un pathos lénifiant.



Une fois la lecture commencée, je n'ai pu la lâcher. Quelques larmes au passage... Et j'avoue même quelques érections !

J'ai vraiment beaucoup aimé. A quand le film ?
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Les femmes de La Principal

J'ai lu ce roman en une journée complète et une heure le lendemain matin au réveil. Dans un contexte particulier il est vrai. et par un temps de pluie qui vous dit que rien d'autre ne vaut une lecture passionnante, dense. J'ai été servie et bien servie. C'est un livre passionnant, passionné, dense donc, admirablement construit, parfois il faut suivre, retracer la chronologie, les dates de naissance des unes et des autres, mais j'aime bien, au moins lecteur, on est actif.

On traverse l'Espagne, la Catalogne, et une petite région viticole, depuis la fin du XIXème siècle jusqu'au tout début du XXI°, à travers le destin de trois "Maria", car elles s'appellent toutes Maria (d'où parfois la nécessité de recalculer les dates de naissance). Et cette traversée est le chemin de la libération non seulement des femmes, mais aussi de tous les "non conventionnels" dans une société fossilisée par la religion et le fascisme, le totalitarisme. Et heureusement, le dernier chapitre "la finale" que j'ai lu le lendemain matin, est plein d'espoir tout en étant réaliste.

L'écriture est impeccable, on rit, d'un humour décalé souvent. J'avoue que je ne connaissais pas du tout l'auteur et piochant dans sa biographie, il est une belle personne. Je lirai ses autres livres.

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