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Critiques de Lola Lafon (1371)
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Quand tu écouteras cette chanson



Une force qu'elle ne comprend pas pousse Lola Lafon a choisir le Musée Anne Franck à Amsterdam pour passer une nuit dans le cadre d'une expérience lancée par les éditions Stock.

En tant que juive, elle a toujours évité autant que possible de se confronter à tout ce qui fait écho à l'histoire familiale. Elle aura d'ailleurs beaucoup de mal à franchir la porte de la chambre d'Anne Franck cette nuit-là, risquant même de ne pas y entrer.



D'un côté, l'autrice redonne à Anne Franck des lettres de noblesse en la repositionnant comme une vraie écrivaine et pas seulement une jeune fille qui tenait un journal intime. Ce faisant, elle donne un autre éclairage que celui que tout le monde appréhende tant l'œuvre d'Anne Franck a été galvaudée, censurée, transformée, interprétée... Et cet éclairage est tellement bien amené et intéressant que ça me donne envie de me replonger dans ce journal que j'ai lu adolescente.



D'un autre côté, Lola Lafon nous partage, avec beaucoup de pudeur et de sensibilité, une partie de sa propre intimité. C'est avec beaucoup d'émotion que j'ai lu certains passages qui la concernait, elle ou sa famille. Je dois avouer avoir toujours eu beaucoup de mal à me représenter la judaïcité; ce n'est pas une nationalité, c'est plus qu'une religion... J'ai toujours eu l'impression que pour comprendre ce que c'est que d'être juif, il fallait l'être soi-même. Et en lisant la plume délicate de Lola Lafon, je me rends compte que je ne suis pas loin de la vérité car c'est aussi la complexité d'un héritage culturel qui ne s'explique pas mais se ressent. Aujourd'hui, alors que je lisais ce livre qui mettait au jour toute cette ambiguïté identitaire, le Hamas attaquait Israël à coup de roquettes; la guerre reprend, sauvagement, sans discernement... L'Histoire n'arrête pas de repasser les plats...



Lola Lafon a offert un peu d'elle à ses lecteurs, tout en offrant à Anne Franck un statut d'autrice; deux belles personnes qui se sont rencontrées, une nuit au musée, par delà le temps et la mort.
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Quand tu écouteras cette chanson

Lecture audio



Anne Frank, son journal lu à l'adolescence et dont je me souviens du lieu où je l'ai lu, qui me l'avait mis entre les mains (mon grand-père) 3st un ouvrage qui ne peut laisser insensible quand 9n connaît le destin de son auteure, symbole d'un massacre organisé, planifié.



Lola Lafon décide de passer une nuit dans des lieux où elle vécu, qui lui rendent hommage mais également d'éclairer le lecteur sur l'histoire et de ce que certains ont décidé de galvauder, e transformer.



Cela aurait pu être un énième essai mais elle en fait un ouvrage plein à la fois de tendresse, de colère, de sensations et d'émotions mais aussi un retour personnel sur sa propre histoire, jamais partagée jusqu'à ce jour, dans d'autres lieux, dans un autre pays, une autre jeunesse fauchée par la barbarie.



Elle se livre dans ce journal nocturne à une enquête minutieuse, s'imprégnant des lieux, de ceux en lien avec ceux-ci hier mais également maintenant, levant également le voile sur son travail d'écriture, son passé et les sentiments qui ressuscitent.



C'est une nuit dans la noirceur mais racontée avec beaucoup de sensibilité et de clairvoyance.
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Chavirer

Première lecture de l'auteur.

Un livre coup de poing.

Un livre pas rigolo

Un livre utile;



Je vous passe le résumé, la 4ème de couverture est dispo.



J'ai adoré la façon dont l'auteur décrit les situations.

Elle dit tout sans user les mots.

On n'a pas besoin de lire ce qu'il se passe, elle suggère tout.



Ce livre raconte quelque chose de tellement douloureux que les mots, crus, violents ou sans fard auraient abimé encore plus les humains qui les subissaient.



J'apprécie beaucoup les auteurs qui nous parlent sans crier. Qui posent leur histoire sans projecteur.



A lire, d'office.

Peut-être pas la lecture de l'été.

Mais la lecture de l'année.



Pourquoi 3;5 étoiles?

Parce qu'il faut le moral bien accroché pour tourner les pages. Je l'ai laissé reposer pas mal de jours, plusieurs fois.
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La petite communiste qui ne souriait jamais

Lire les premières pages de ce livre, c'est se replonger avec délice en 1976 lorsque le monde entier découvre cette petite gamine venue de Roumanie exécuter un incroyable programme de gymnastique avec la hâte de regarder à nouveau ces images que l'on avait un peu oubliées .



Entre roman et enquête journalistique, Lola Lafon manoeuvre assez adroitement entre réalité et fiction, dialoguant avec Nadia C avec souvent ménagement mais en sachant aussi la bousculer lorsque la vérité prend plusieurs voies ...



Mais il reste quelques non-dits qui laissent deviner beaucoup de choses.



De cette époque où le couple Ceausescu avait encore les bonnes grâces de nos dirigeants, l'auteur nous dresse un tableau édifiant :



celui d'une part, plus spécifique au milieu sportif de l'entrainement de ces toutes jeunes filles, l'emprise que peut avoir un entraineur dont le rôle parait parfois déborder le cadre de la gymnastique, gourou ou père mais ce régime hallucinant n'est pas réservé au cas de Nadia et l'on trouve bien d'autres exemples dans tous les pays et à toute époque.



C'est aussi l'histoire d'un peuple sous surveillance, dont le dirigeant s'enfonce dans la folie et la mégalomanie .



Bien sûr, le comportement de Nadia est ambigu mais elle apparait plus victime que coupable, propulsée au devant de la scène à un âge si jeune et si influençable , trop lourd pour les frêles épaules d'une fée.



Ce roman m'a passionné, Lola Lafon aborde de façon intelligente et sensible un sujet original et délicat.
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La petite communiste qui ne souriait jamais

Un destin fascinant que celui de la petite gymnaste Roumaine de 14 ans apparue aux JO de Montréal en 1976. Une enfant propulsée sur la scène internationale en pleine guerre froide et qui par sa grâce éblouira le monde entier. C’est la première gymnaste à obtenir la note parfaite : 10.

Quel fut le parcours hors du commun de cette toute jeune fille, entre manipulations masculines et politiques et vénération de la planète entière ? Quelle est la part de vérité dans les récits officiels ou privés ?

C'est un roman exceptionnel qui tente de retracer la vie de la grande gymnaste Nadia Comaneci. La narratrice essaie de démêler le vrai du faux. Qui était réellement cette jeune fille manipulée par le pouvoir et si forte pourtant ? C'est aussi le récit d'une Europe de l'Est disparue.

Lola Lafon signe un roman passionnant, entre réalité et non-dits, qui sonne comme un hommage exaltant à celle qui a donné à des milliers de petites filles le rêve «de s'élancer dans le vide, les abdos serrés et la peau nue».





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Quand tu écouteras cette chanson

Dans le cadre de l'opération « Une nuit au musée », Lola Lafon part à Amsterdam pour le musée Anne Frank où elle passera une nuit dans l'annexe.

Même si on connaît tous Anne Frank et la tragédie vécue par la famille, on apprend encore ici des choses.

Durant cette nuit où elle attendra le matin pour oser entrer dans la chambre d'Anne, lui reviennent les drames de sa famille personnelle.

Ses grands-parents, juifs ont dû s'exiler, quitter la Roumanie, subir des persécutions.

Tout se mélange un peu dans sa tête et elle écrit comme tout lui vient.

La persécution des peuples est trop présente dans son esprit pour qu'elle puisse apprécier cette nuit peu banale.

Je ne sais pas pourquoi je n'avais pas spécialement envie de lire ce livre.

Le hasard me l'a fait ouvrir.

Comme dans « La petite communiste qui ne souriait jamais », j'ai ressenti une certaine confusion et la sensation que l'auteure ne savait pas vraiment elle-même ce qui menait son écriture.

Je ne regrette cependant pas de l'avoir lu.
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Quand tu écouteras cette chanson

Après avoir refermé le Journal d'Anne Frank, j'ai eu un peu de mal à la quitter et j'ai donc enchainé sur le récit de l'autrice Lola Lafon de sa nuit passée dans l'Annexe.

J'ai beaucoup aimé ce texte : on y trouve évidemment son ressenti face à ces lieux "vides", sa pudeur face à la chambre d'Anne, face aux photos décorant sa chambre, les rencontres faites pour préparer cette nuit et l'utilisation/adaptation du journal d'Anne ... mais une part beaucoup plus personnelle aussi, sur son histoire familiale, l'absence de souvenirs, la difficulté de parler de la Shoah dans sa famille.

Une nuit déclencheur donc : de liens vers d'autres privés d'avenir, sur son propre métier d'autrice, sur le lien à l'écriture.

Un texte très émouvant.

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Quand tu écouteras cette chanson

Pour la collection Ma nuit au musée, Lola Lafon a décidé de visiter le Musée Anne Frank à Amsterdam avec une étude sur l’adolescence, le génocide et l’écriture, en instituant des parallèles entre sa propre famille et celle de cette jeune fille qui ne parviendra jamais à l’âge adulte.



L’autrice, avec une écriture intime, nous fait parcourir les pièces de l’Annexe, appartement aménagé dans des locaux de l’entreprise d’Otto Frank, où huit personnes ont été confinées durant plus de deux ans avant d’être découvertes, sans doute suite à une dénonciation, et déportées.



Lola Lafon trouve les mots pour mettre en évidence l’importance du vide dans ce musée créé pour éprouver l’absence. On y effleure les questionnements de Lola Lafon sur sa propre adolescence, sur sa passion pour la littérature héritée de sa grand-mère, sur ses difficultés à vivre l’exil après le départ de Roumanie, sur le poids de l’Histoire dans une famille juive.



Trouver l’inspiration dans un musée pour un écrivain, principe de cette collection, doit être un exercice complexe : il faut faire découvrir ce lieu de culture, en portant un regard différent de celui d’un conservateur. Si Lola Lafon est restée dans les thèmes attendus sur une partie de cette non-fiction, une réelle émotion se dégage de l’épisode qui donnera le titre de ce livre « Quand tu écouteras cette chanson ».



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Chavirer

Un très beau roman d’une grande sensibilité pour conclure cette année 2021!



Cleo, 13 ans, prend des cours de danse dans une MJC de banlieue et rêve de devenir danseuse de variétés. Elle est repérée par Cathy qui lui fait miroiter une bourse de la fondation Galathee, à condition bien sûr qu’elle sache convaincre les membres du jury de sa maturité….

Vous devinez la suite, mais le récit de Lola Lafon est tout en ellipses et fait preuve d’une grande délicatesse et d’une grande finesse d’analyse. Il y est certes question de metoo, mais sous un angle original et nuancé.

Elle décrit par tranches de vie la suite du parcours de Cleo et d’autres protagonistes de l’histoire, victimes ou spectateurs, et ce jusqu’à un appel à témoins lancé 30 ans plus tard par la police et des réalisatrices de documentaires.

La fin est extrêmement touchante et bien trouvée, concluant avec délicatesse et sensibilité un très beau livre dans lequel Lola Lafon démontre une nouvelle fois tout son talent.
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Chavirer

Sidérée, pétrifiée, aphonisée.

Ce roman terrible m'a coupé la voix au point que je n'arrive pas à en parler, et ne couche que plusieurs mois plus tard quelques lignes pour ne pas en perdre le souvenir.

L'impression d'avoir été un témoin vivant de ce roman aux accents si réels m'a coupé la voix.

La perversité dégueulasse, gerbante d'un milieu de pouvoir dénoncé m'a coupé la voix.

La finesse avec laquelle sont évoquées les ondes de doutes, de lumières, de peurs et d'envie dans lesquelles se construit la personnalité à l'adolescence m'a coupé la voix.

La souffrance d'une jeune vie abimée, les fêlures qui se rouvrent à l'âge adulte sur des blessures d'enfance qui ne se ferment pas m'ont coupé la voix.

Et pourtant la résilience, la ténacité, la vie qui se construit coûte que coûte portent en elles un soleil, et c'est là-dessus que je voudrais rester en pensant à ce formidable roman, à la fois intemporel et contemporain.
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Chavirer

Un des très beaux livres de cette rentrée 2020.

Beau parce qu'il est magnifiquement écrit.

Beau parce qu'il décrit avec empathie et pudeur la prédation, la victime devenant coupable, la cécité de l'entourage et celle de la société.



La honte de l'héroïne, cette honte qui la détruit jusqu'à ce que surgisse enfin une association qui pourra peut-être aider ces victimes à se reconstruire, du moins à pouvoir évacuer la laideur par la parole.



Puis il y la danse et le rêve qui enveloppe ces filles de classe moyenne, éblouies par les strass, la célébrité, la Beauté.

Les premières pages consacrées au piège qui se referme sur une gamine de treize ans éblouie par une femme belle, parfaite, trop parfaite, sont un moment d'anthologie.



La danse et ses sacrifices, ses douleurs, ses rivalités, ses exigences, ses épuisements.

Quelques superbes pages en décrivent les méandres, l'anonymat sous les spots, la catégorisation cruelle et injuste.



Nous descendons au profond de l'être humain bafoué et Lola Lafon nous montre toutes les dérives dans lesquelles peuvent se laisser aller ceux qui rêvent sans savoir…



Victime, coupable?

Treize ans et quelques mois…
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Chavirer

« … il faut raconter ce qui hante. Et les sujets des documentaires comme ceux des romans sont des paravents qui masquent nos questions irrésolues. le sujet ne se trouve, ni ne se cherche, il faut s'autoriser à l'entendre, à lui laisser donner de la voix. » Ces phrases que, dans son nouveau roman (p.320), Lola Lafon place dans la bouche d'une professeure de cinéma, définissent sa propre exigence, elles peuvent se lire comme l'injonction à laquelle le récit de Chavirer répond. Certains ne manqueront pas de souligner, sans doute, parmi les chroniqueurs de cette rentrée littéraire, « l'opportunisme » d'une auteure, « surfant » (pardon pour les guillemets, on se déteste soi-même à utiliser ce vocabulaire !) sur la vague #MeToo. Mais rien, dans ce texte, qui fait parfois venir les larmes aux yeux (eh oui !), ne relève de la complaisance, et l'on retrouve ici cette sensibilité profonde, ce ton souvent d'écorchée vive, cette écriture à fleur de peau, qui nous avaient tant touchés dans La Petite Communiste qui ne souriait jamais (Actes Sud, 2014). Avec, cette fois, un personnage moins héroïque que la gymnaste roumaine, mais une adolescente, bientôt une femme, si proche de nous, peut-être notre voisine… Dans les années 1980, Cléo a treize ans et habite avec ses parents en banlieue parisienne. Prenant des cours de danse modern jazz dans une MJC, elle rêve de faire de cette passion une carrière, quand une aubaine se présente, une certaine Cathy lui proposant d'obtenir une bourse, délivrée par une mystérieuse Fondation Galathée, pour financer ce projet. L'offre, cependant, est un leurre, un piège permettant d'attirer des jeunes filles dans un réseau de prostitution infantile. De simple victime, Cléo devient bientôt, sans l'avoir réellement voulu, rabatteuse pendant quelques mois, une expérience vécue comme une faute dont elle portera durablement l'empreinte. En 2019, trente-cinq ans après ces faits, la voici rattrapée par l'histoire, quand une enquête policière et un projet de documentaire cinématographique autour de la fameuse Fondation, font appel à témoins… Lola Lafon évoque, avec un grand sens de la mise en scène, les différentes étapes du mécanisme pervers mis en place par les pédophiles, séduisant jusqu'aux parents pour favoriser leur aveuglément. Elle décrit également avec justesse le traumatisme vécu par les adolescentes victimes, la dépression, le renversement de la violence subie en sentiment de culpabilité. Elle donne, enfin, une vraie épaisseur au personnage de Cléo, dont le roman suit la carrière de danseuse jusqu'aux plateaux de Drucker et aux revues parisiennes, mais aussi à Betty, l'une des victimes de son « recrutement », à Yonasz, le camarade de lycée, et son père, Serge, dont elle partagera les réflexions philosophiques, à Lara, sa colocataire, bientôt son amante, à Ossip, le médecin bienveillant, réparateur des âmes autant que des corps, à Claude l'habilleuse attentionnée, tout un petit monde de personnalités auprès desquelles elle trouvera amitié ou amour, auprès desquelles surtout elle apprendra à interroger l'antisémitisme, les préjugés de classe, le déni ou le pardon, découvrant avec le lecteur de nouveaux horizons spirituels ou politiques. Et puis, et ce n'est pas la moindre réussite de ce texte, Lola Lafon dresse aussi, en toile de fond des scènes du roman, une formidable peinture du contexte culturel des années 80 et 90, rendant, en particulier, un bel hommage à la culture populaire, de ses chanteurs à ses animateurs télé, de Jean-Jacques Goldmann ou Mylène Farmer à Michel Drucker. Chavirer… si le roman dénonce, avec juste colère, la manière dont des adultes criminels peuvent faire « chavirer » des destins, si, répondant en écho à une remarque de Cléo à Lara – « oui, si ça ne faisait pas mal, c'était qu'on n'avait rien osé déranger » -, il touche là où ça fait mal et dérange, sur cette question ou celle du racisme, c'est aussi cette petite musique qu'il distille, avec paroles et danses, les rythmes d'une époque. Alors, laissons-nous encore chavirer en écoutant Lola Lafon…
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Mercy, Mary, Patty

Gene Neveva est contactée par la défense de Patty Heart pour prouver qu'elle n'a pas commis sciemment le hold-up d'une banque, et surtout qu'elle n'a pas rejoint par choix le groupe de revendication SLA qui l'a pourtant enlevée quelques mois plus tôt. Pour l'aider dans sa préparation de rapport, elle engage une jeune étudiante pour avoir une oeil neuf sur l'affaire. Sauf que son interprétation des évènements ne va pas dans le sens escompté...



So what? Et alors ? Mais quelle déception ! Je m'attendais à un récit de l'histoire de Patricia Hearst, romancé comme celui de Nadia Comaneci, et je me suis retrouvée à la place avec cette espèce d'analyse des effets de l'éducation et de questionnements sur le choix, la liberté, les carcans de la société et les moules dans lesquels un enfant se contruit sur fond d'écriture extrêmement alambiquée plus que ardue à suivre, avec un récit à la 2ème personne du pluriel et surtout trois personnages féminins principaux (dont une qui n'a pas de nom) qui se passent plus ou moins le flambeau de la narration, laquelle est saupoudrée de retours en avant et arrière chronologiques pas toujours évidents.

Ajoutez à cela un style qui semble à la mode depuis quelques années chez les auteurs français contemporains mais qui s'avère imbuvable et dur à suivre, qui évite au possible l'utilisation de paragraphes et réinvente l'emploi de la ponctuation en se passant de virgules, points et j'en passe, et surtout en enchaînant dans une même phrase des informations qui cassent la rupture syntaxique et logique en changeant les sujets, les temps, etc... Il y a des fois où on lit une page entière sans s'en apercevoir, tout en réalisant qu'en fait on n'a rien compris et rien suivi, du genre "comment on en est arrivé à cette phrase ?, c'est qui qui parle, là ?, hein ???".

Quant au déroulement de l'histoire et à son intérêt, on pourra repasser. Certes il offre sur de nombreux points des analyses intéressantes sur le devenir de la femme depuis que l'Homme blanc a mis le pied sur le Nouveau Continent, ce qu'attend la société d'elle ou ce qu'elle représente, ainsi que sur le rôle des médias dans le traitement d'une affaire judiciaire et l'influence de l'opinion publique. Aussi sur le réveil d'une Amérique puritaine face à une rébellion latente anti-nantis (m'enfin le réveil est toujours d'actualité, et oui aujourd'hui les Etats-Unis sont parfaitement divisés sur de nombreuses idéologies). Mais le problème c'est que pour parvenir à ces idées développées, il faut se farcir une construction qui semble brouillonne et pas maîtrisée.

Je tombe de haut et l'auteur tombe du piédestal que je lui avais construit avec "La Petite communiste qui ne souriait jamais".
Lien : http://livriotheque.free.fr/..
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Nous sommes les oiseaux de la tempête qui s'a..

Je n'avais jamais lu Lola LAfon, avais été tentée par la petite communiste puis non, l'occasion ne s'étant pas présentée. C'est ce livre qui m'est venu, de par sa couverture que je trouve touchante et son titre, le tout m'a interpellé. Que pouvait bien cacher ce roman ? Je me doutais bien qu'il était un peu en marge.

Ce fut une lecture étrange, comme un feu d'artifice aux mille couleurs, aux éclats surprenants, des chorégraphies sublimes, redoutant malgré tout le bouquet final.

Trois personnages marqués, blessés, qui portent leur souffrance, leur fardeau, partagent, tentent, aident, s'allègent, se réfugient, mais tous ces verbes ne s'enfilent pas comme des perles. Ça donne un ensemble orignal et à la fois étrange, tout ce mélange de sujets qui s'effleurent sans vraiment se confondre, c'est bien mené, troublant mais captivant, émouvant aussi.

Une très belle découverte

On ne peut pas en dire trop, sans compromettre la délicatesse du sujet, et laisser pénétrer le futur lecteur sans balises, qu'il prenne plaisir à mettre ses propres marques. L'inconnu est plus propice à ce genre de roman.

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La petite communiste qui ne souriait jamais

Montréal, 18 juillet 1976, Jeux Olympiques, épreuve de gymnastique. Dans son justaucorps blanc orné d’une étoile, les couettes serties de rubans rouges, une fillette fait sauter les ordinateurs. 90 secondes de perfection qui forment une petite révolution. 1,00, une virgule qui n’est pas programmée pour pouvoir se déplacer. Nadia Comaneci défie la gravité, l’âge adulte et la Russie dans le même temps, à coups d’équilibre, de saltos, de muscles, de volonté et de supers E. Devenue symbole de réussite du communisme roumain, elle inspire des sentiments proches de la dévotion, à l’Est comme à l’Ouest.



Lola Lafon nous emmène sur les pas de cette virtuose, avec une émotion et un intérêt non feints. Le roman est ponctué de dialogues rêvés entre l’auteure et la gymnaste, qui apportent du relief à cet ouvrage, mettant en relation son histoire personnelle et la grande histoire politique et sociale de cette seconde moitié du XXe siècle. Elle évoque en lumière et en zones d’ombre la vie dans la Roumanie de Ceauşescu. L’écriture à deux niveaux évite le manichéisme et souligne l’impuissance à saisir la réalité d’un monde aujourd’hui disparu, étranger à nos habitudes.



Si Nadia a émerveillé par sa silhouette gracieuse et fluette, le monde a du mal à lui pardonner de grandir. Fantasme de pureté elle est, fantasme de pureté elle doit rester. Personne ne lui agrée le moindre changement. Ses formes nouvelles viennent en superposition de son squelette, sont étrangères à son corps, à elle-même. Outre l’entraînement auquel Belà la soumet, c’est un combat quotidien qu’elle mène contre la faim. Et le talent de l’auteure réside dans sa capacité à nous parler de tourments, tout en les mettant continuellement en perspective. Il ne s’agit pas d’un roman-dénonciation ni d’un roman-obsession, avec poésie, elle allie admiration, réflexion et tentative de compréhension.
Lien : https://auxlivresdemesruches..
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La petite communiste qui ne souriait jamais

Ce livre retrace la vie et la carrière de Nadia Comaneci, gymnaste roumaine aux performances exceptionnelles durant sa prime adolescence.

Nous nous interrogeons avec l'auteur sur le caractère imperturbable de la jeune sportive, sur le mystère de ses pensées et de ses relations avec le régime du dictateur de l'époque.

L'auteur s'est basé sur des interviews de la Nadia d'aujourd'hui, bien sûr, mais aussi de ses camarades, de certains de ceux qui l'ont côtoyée à l'époque et de ceux qui ont vécu la chute des Ceaucescu.

La liberté existe-t-elle réellement en ce monde ? Ceux qui ne sont pas ou plus surveillés n'ont pas toujours les moyens économiques de réaliser leurs rêves (de voyages par exemple) ?
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Le loup, l'épée et les étoiles

Un livre court (à peine 120 pages), pertinent et agréable où l'on retrouve avec plaisir la plume précise et acérée de Lola Lafon.



Cet ouvrage rassemble des textes parus pour la plupart dans l'hebdomadaire le 1 entre 2015 et 2021. De longueurs diverses (de 3 à 15 pages), ces nouvelles traitent de sujets aussi différents que la fragilité, le confinement, le sexisme, le viol, l'audace, les réseaux sociaux... L'autrice règle gentiment ses comptes avec la gauche, décevante, qui s'étiole à force de compromis, elle évoque avec sympathie et admiration la danseuse étoile Sylvie Guillem résolue à dire non pour mener à bien sa carrière internationale, elle rend aussi hommage à Emilie Lamothe, féministe radicale oubliée, la première à s'engager en faveur de la contraception.

D'autres textes, plus poignants, plus intimistes, se mêlent à ce recueil. L'autrice égrène quelques souvenirs de son enfance en Roumanie communiste et s'attarde sur le courage de sa grand-mère, Ida, exilée polonaise juive venue à Paris dans les années 30, et passionnée par Apostrophes, la légendaire émission littéraire de Bernard Pivot...



Beaucoup d'humanité, d'engagement et de détermination féministe dans cet ouvrage. L'autrice y parle beaucoup des femmes, des discriminations et agressions qu'elles subissent encore au quotidien, et de la force de caractère qu'il leur est nécessaire. Son ton est vif, combatif toujours juste mais parfois empreint d'une certaine tendresse. Des textes pertinents et de beaux hommages à la femme.



#Challenge Riquiqui 2024



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Quand tu écouteras cette chanson

Je viens d’acheter mes billets pour la visite de la maison d’Anne Frank. Il s’en est fallu de peu que je ne puisse en faire l’acquisition. Je passerai bientôt 2 semaines à Amsterdam et je ferai la visite la veille de mon départ, à 20h le soir, si près de la fermeture. Les autres plages horaires étaient complètes. Une bonne étoile me semble présente pour que j’entre dans l’univers d’Anne alors que je me berce de tout ce qui y a trait.

Je connais Anne Frank de nom seulement. Je n’ai jamais lu son journal et j’ai trouvé ce livre de Lola Lafon récemment dans une boîte à livres, sans connaître l’auteure. Tout est encore dans tout.



Quelle découverte!

Une déambulation par procuration chez Anne Frank grâce à une nuit au musée. Lola Lafon nous fait vivre des pans de ses souvenirs personnels qu’elle recoupe avec les images qui lui viennent de la préparation à sa visite et à la visite elle-même. Je crois que madame Lafon a un vécu qui la dédouane pour l’écriture de ce livre. Elle est juive et petite-fille de gens qui ont été déportés. Elle semble avoir l’horreur des camps inscrit dans son code génétique. Elle nous évoque son errance dans l’Annexe comme une balade dans ses souvenirs, de son enfance et des siens. C’est touchant et respectueux.



« Je ne savais pas à qui je ressemblais. Mes grands-parents n’avaient plus de photos de leurs frères et soeurs, ces adolescents russes, polonais, morts de froid, de faim, d’épuisement, dans les convois qui les menaient au camp de concentration d’Auschwitz-Birkenau et dans le camp lui-même. »

Je suis heureuse d’avoir lu ce livre avant le journal d’Anne, je me permets ainsi d’être influencée. Car je crois que Lola Lafon nous présente une jeune fille différente, une Anne moins cliché et plus vraie, une réelle personne.

Ceci en attendant ma visite au musée, qui risque d’être tout sauf ennuyeuse….

Un roman lumineux dans la nuit… pour ne jamais oublier!
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Quand tu écouteras cette chanson

Lola LAFON. Quand tu écouteras cette chanson.



Suite à une commande éditoriale, Lola LAFON demande à passer une nuit dans le musée de Anne FRANK. Ce doux prénom et ce nom résonne en nous. Oui, il y a quelques décennies, nous avons lu « Le journal », tenu par cette jeune fille lors de sa captivité à Amsterdam. Jamais elle ne deviendra adulte. En effet, née le 12 juin 1929, cette jeune fille juive, exilée à Amsterdam, sera arrêtée le 4 août 1944, déportée à Auschwitz, et mourra, victime du typhus à Bergen Belsen en mars 1945.



Lola LAFON nous décrit avec précision le lieu occupé par la famille FRANK à Amsterdam. Elle a l’opportunité de vaquer toute une nuit dans ce temple d’exil. Mais c’est furtivement qu’elle visite ce musée, sur la pointe des pieds, craignant de déranger l'héroïne. Nous la suivons au cours de cette longue nuit, du 18 au 19 août 2021. Ce lieu est chargé d’émotion et avec beaucoup de réalisme, Lola se glisse dans la peau de Anne. La sensibilité à fleur de peau, elle nous décrit les sentiments, les pressentiments, la pensée,le ressenti de la jeune fille. Il nous semble la voir, penchée sur son cahier, écrivant ses pensées, plantant le décor de cet son univers fermé. Il faut supporter au quotidien les autres protagonistes. En effet il y a huit personnes dans ce grenier aménagé en cache. Et dessous, des gens travaillent. Personne ne doit parler, marcher, faire couler même un filet d’eau lorsque les locaux inférieurs sont occupés. Otto FRANK, fuyant la nazisme a cru bien faire lorsqu’il s’est installé avec sa famille dans cette ville. Mais la barbarie les as suivie et les arrestations des juifs ont été très nombreuses dans les Pays-Bas. Délation… Jalousie…. Promesse de récompenses….



Au cours de sa narration, Lola nous expose les diverses variations faites autour de ce journal, tenue par une jeune fille lors de cette guerre, journal d’une prisonnière, bien malgré elle. Peut-être a-t-il été trop expurgé, afin de ne pas attiser les suspicions des divers combattants. La première parution date du 25 juin 1947. Et cette mise en scène en temps que pièce de théâtre ne réunit que peu de personnes. Le film n’a pas eu beaucoup plus de succès. Pourquoi le porter sur grand écran ? Chacun, au cours de sa lecture, de sa relecture met en scène les différents protagonistes. Chacun exprime ainsi sa propre perception, variable au cours du temps, de l’âge, et même du moment de la journée. Alors la nuit, c’est encore pire, avec le silence qui plombe les locaux, la solitude qui écrase la personne, l’isolement, cette absence d’objets...



Au cours de son récit, Lola nous révèle une partie de son passé. Elle aussi avec sa famille, a dû fuir l’oppresseur…. Une autre vie bouleversée, meurtrie, blessée. Nous retrouvons d’autres opprimés sous d’autres gouvernement tout aussi cruels que HITLER…. Et dire que cela continue, encore et encore et à nos portes… Combien de SHOAHS faudra-t-il pour que les armes se taisent ! ! !



J’aime l’écriture de Lola. C’est le troisième livre que je lis de cette autrice. « La petite communiste qui ne souriait jamais », « Chavirer », de véritables coups de cœur. Suite à cette dernière production, je vais relire, avec beaucoup d’attention « le Journal d’Anne FRANK ». Merci Lola pour cette immersion dans l’intimité de Anne. Ce musée constitue un mémorial. Il n’y a rien à voir, ou si peu. Il incite à la méditation, au calme, au recueillement, à la prière. J’imagine le retour dans le monde réel, avec les bruits de la rue, l’activité diurne, les commerces… Chacun respire un grand coup afin d’évacuer toute la souffrance contenue lors de cette visite. C’est cependant un lieu de mémoire à voir. Ce "journal d'Anne FRANK" constitue la mémoire de toute une génération d'enfants perdus, ensevelis sous les limbes de l'Histoire. Je recommande vivement ce documentaire. et lire ou plutôt relire le livre originel. Bonne lecture .

( 05/01/2023) .


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Quand tu écouteras cette chanson



La collection Une Nuit au musée des éditions Stock vient de s’enrichir d’un nouveau titre et pas des moindres.

Lola Lafon passe donc une nuit dans le musée dédié à Anne Franck à Amsterdam. Il se trouve que ce musée permet d’accéder à l’Annexe, minuscule appartement dans lequel Anne Franck, sa famille et des amis, huit personnes au total, passeront 2 ans à se cacher.

L’histoire, tout le monde la connait. Ou croit la connaître.

Lola Lafon raconte comment le fameux journal a fait l’objet de coupures éditoriales, d’adaptations humiliantes pour le rendre « bankable » et plaire à un public qu’on préférait satisfaire plutôt que d’éduquer.

On n’invente rien et rien ne change.

Lola Lafon fait part de son émotion, de sa pudeur à être physiquement si près de la chambre d’Anne Franck et si loin de la conscience de ses préoccupations. Elle s’attarde sur l’exposition, déambule dans les pièces de l’Annexe mais ne peut franchir la chambre d’Anne Franck, lieu dont elle ressent une intimité qu’elle ne peut se résoudre à profaner.

Lola Lafon explique aussi pourquoi écrire sur une victime de la Shoah relève d’un blocage face à son histoire familiale. Le cheminement de sa pensée à cet égard est partagé sans fard avec le lecteur qui ne peut que faire preuve d’empathie.

Enfin, elle partage un souvenir précieux et déchirant qui explique le titre du livre.

C’est un récit bouleversant qui s’attache à réhabiliter Anne Franck en tant qu’écrivaine et à faire valoir Le Journal en tant qu’œuvre littéraire.

Mais c’est aussi un hommage à toutes les victimes de dictature.

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Quand Lola Lafon passe-t-elle une nuit dans l’Annexe du Musée Anne Frank à Amsterdam ?

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