Lola LAFON. Quand tu écouteras cette chanson.
Suite à une commande éditoriale, Lola LAFON demande à passer une nuit dans le musée de Anne FRANK. Ce doux prénom et ce nom résonne en nous. Oui, il y a quelques décennies, nous avons lu « Le journal », tenu par cette jeune fille lors de sa captivité à Amsterdam. Jamais elle ne deviendra adulte. En effet, née le 12 juin 1929, cette jeune fille juive, exilée à Amsterdam, sera arrêtée le 4 août 1944, déportée à Auschwitz, et mourra, victime du typhus à Bergen Belsen en mars 1945.
Lola LAFON nous décrit avec précision le lieu occupé par la famille FRANK à Amsterdam. Elle a l’opportunité de vaquer toute une nuit dans ce temple d’exil. Mais c’est furtivement qu’elle visite ce musée, sur la pointe des pieds, craignant de déranger l'héroïne. Nous la suivons au cours de cette longue nuit, du 18 au 19 août 2021. Ce lieu est chargé d’émotion et avec beaucoup de réalisme, Lola se glisse dans la peau de Anne. La sensibilité à fleur de peau, elle nous décrit les sentiments, les pressentiments, la pensée,le ressenti de la jeune fille. Il nous semble la voir, penchée sur son cahier, écrivant ses pensées, plantant le décor de cet son univers fermé. Il faut supporter au quotidien les autres protagonistes. En effet il y a huit personnes dans ce grenier aménagé en cache. Et dessous, des gens travaillent. Personne ne doit parler, marcher, faire couler même un filet d’eau lorsque les locaux inférieurs sont occupés. Otto FRANK, fuyant la nazisme a cru bien faire lorsqu’il s’est installé avec sa famille dans cette ville. Mais la barbarie les as suivie et les arrestations des juifs ont été très nombreuses dans les Pays-Bas. Délation… Jalousie…. Promesse de récompenses….
Au cours de sa narration, Lola nous expose les diverses variations faites autour de ce journal, tenue par une jeune fille lors de cette guerre, journal d’une prisonnière, bien malgré elle. Peut-être a-t-il été trop expurgé, afin de ne pas attiser les suspicions des divers combattants. La première parution date du 25 juin 1947. Et cette mise en scène en temps que pièce de théâtre ne réunit que peu de personnes. Le film n’a pas eu beaucoup plus de succès. Pourquoi le porter sur grand écran ? Chacun, au cours de sa lecture, de sa relecture met en scène les différents protagonistes. Chacun exprime ainsi sa propre perception, variable au cours du temps, de l’âge, et même du moment de la journée. Alors la nuit, c’est encore pire, avec le silence qui plombe les locaux, la solitude qui écrase la personne, l’isolement, cette absence d’objets...
Au cours de son récit, Lola nous révèle une partie de son passé. Elle aussi avec sa famille, a dû fuir l’oppresseur…. Une autre vie bouleversée, meurtrie, blessée. Nous retrouvons d’autres opprimés sous d’autres gouvernement tout aussi cruels que HITLER…. Et dire que cela continue, encore et encore et à nos portes… Combien de SHOAHS faudra-t-il pour que les armes se taisent ! ! !
J’aime l’écriture de Lola. C’est le troisième livre que je lis de cette autrice. « La petite communiste qui ne souriait jamais », « Chavirer », de véritables coups de cœur. Suite à cette dernière production, je vais relire, avec beaucoup d’attention « le Journal d’Anne FRANK ». Merci Lola pour cette immersion dans l’intimité de Anne. Ce musée constitue un mémorial. Il n’y a rien à voir, ou si peu. Il incite à la méditation, au calme, au recueillement, à la prière. J’imagine le retour dans le monde réel, avec les bruits de la rue, l’activité diurne, les commerces… Chacun respire un grand coup afin d’évacuer toute la souffrance contenue lors de cette visite. C’est cependant un lieu de mémoire à voir. Ce "journal d'Anne FRANK" constitue la mémoire de toute une génération d'enfants perdus, ensevelis sous les limbes de l'Histoire. Je recommande vivement ce documentaire. et lire ou plutôt relire le livre originel. Bonne lecture .
( 05/01/2023) .
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