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Critiques de Lola Lafon (1371)
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Chavirer

Il y a des livres dont on ne veut pas qu'ils s'arrêtent et il y a ceux qu'il nous tarde de terminer ; "Chavirer" fait partie de ces derniers.

L'ambiance est lourde, glauque, pesante.

Des adolescentes sous l'emprise de prédateurs, un milieu de la danse qui ne veut pas de cygne noir, l'exploitation d'une classe sociale, des parents aveuglés et une parole qui ne peut se libérer.

L'auteure décrit admirablement cette atmosphère et la plume ciselée sert parfaitement le récit.

C'est poignant, triste et étouffant.

Je n'ai pas passé un bon moment mais je ne regrette pas d'avoir lu ce roman.
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Chavirer

Admirable ! C’est un livre sur le pardon que cette citation, page 106, résume si bien : « Le pardon n’était pas l’oubli. L’offense ne disparaissait pas comme une tache sur un tissu. Pas plus qu’elle n’était provisoirement « recouverte » par le pardon. Pardonner était une décision, celle de renoncer à faire payer à l’autre. Ou à soi-même ». Cléo devra traverser le chaos de sa vie pour accepter le renoncement.

Cléo, 13 ans, voit son innocence se briser sur la duplicité des adultes. Elle est la victime, pire, la complice, le rouage d’une machination qu’elle ne comprend pas. Elle est si jeune, elle n’a ni ses règles, ni les codes. Elle tentera d’ignorer ses mauvais souvenirs. En vain. Sur cette blessure initiatique, son inconscient attise le remord, la honte et la souffrance. La voici dévorée par un feu intérieur. À perpétuité. Une note sombre qui l’obsède et fera de son existence une mélodie dissonante. Cléo n’est pas la seule à se faire remarquer… et marquer. Il faut tant d’énergie, tant de ressources pour ne pas laisser un trauma vous gangréner. Il y a celles qui se battent et restent à bord. Il y a celles qui perdent pied et finissent par chavirer.

« Chavirer » est aussi un roman sur les rebuts de cette course au succès qui régit notre société. Combien d’apprenties danseuses qui tournent mal pour une Misty Copeland qui virevolte à l’Opéra ? Combien de gamins éclopés pour un Kylian Mbappé ? Combien d’illusions perdues pour un rêve enfin réalisé ? On l’entraperçoit dans les pages magnifiques (p211-216) où Lola Lafon décrit, avec une infinie tendresse, le quotidien douloureux des candidates à la renommée. Un roman formidablement construit, tout en délicatesse.

Un roman qui m’a fait tanguer.

Bilan : 🌹🌹🌹

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Mercy, Mary, Patty

J’ai eu la surprise, pendant la lecture de Mercy, Mary, Patty, de découvrir les premières intentions de Michel Berger en regardant une émission sur la genèse de STARMANIA qui rendait aussi un hommage à France Gall.

Le projet initial de Michel Berger s’intitulait Angelina Dumas. Il s’inspirait de l’enlèvement de Patricia Hearst et se voulait une réflexion sur le syndrome de Stockholm. Il a délaissé ce projet au profit de STARMANIA. Néanmoins, il conservera ce personnage pour Crystal qu’interprétera France Gall. Cette synchronicité entre l’émission et le livre m’est apparue comme un petit clin d’œil nostalgique à toute une génération qui s’est enthousiasmée pour l’opéra rock STARMANIA. J’ai trouvé cela très joli et je voulais partager cette anecdote avec vous.

Lola Lafon s’empare de l’enlèvement de la jeune Patricia Hearst, en 1974, petite fille du milliardaire américain William Randolph Hearst, par un groupuscule révolutionnaire, le SLAM, afin de poser la question « Patricia a-t-elle subi un lavage de cerveau ou a-t-elle adopté de son plein gré la cause de ses ravisseurs ».

L’auteure, pour cette enquête fiction, va imaginer la collaboration de deux personnages : une enseignante, sociologue, Gene Neveva, en poste dans les Landes, elle-même issue des partis contestataires américains, et une petite jeune fille française, Violaine, qui lui servira d’assistante et portera un regard innocent sur l’affaire Patricia Hearst. Elles devront rédiger un rapport et tenter de déterminer les motivations de Patricia Hearst.

Le style de ce livre est assez embrouillé et porte préjudice à sa compréhension et à son message. Dommage car ce récit aurait pu être plus captivant. J’ai vu passer quelques observations sur Babelio de lecteur qui ont fini par abandonner le livre.

Il m’a fallu dépasser la forme pour ne m’intéresser qu’au fond qui a fini par revêtir un intérêt personnel philosophique et m’a renvoyée à mes propres questionnements de jeune adulte, époque lointaine, concernant la Liberté et le déterminisme.

L’individu est le fruit de son éducation, de son milieu social, s’il se construit en opposition radicale à ce qui l’a façonné, ne risque-t-il pas de tomber sous d’autres influences ? Avec le temps et un esprit critique affuté, peut-on tendre vers une certaine liberté ? Le libre arbitre existe-t-il réellement ou bien est ce juste une hypothèse ?

Patricia Hearst est-elle vraiment devenue ce qu’elle était en prenant conscience du monde qui l’entourait : Tania. Ou bien est ce simplement un syndrome de Stockholm ?

Lola Lafon interroge, dérange mais ne donne aucune réponse. Beaucoup de zones d’ombre subsistent d’autant que la version de Patricia Hearst changera souvent au fil du temps.

Personnellement, Violaine a plus retenu toute mon attention. Le travail qu’elle entreprend avec Gene et la manière dont cette dernière l’oblige à réfléchir, à poser un regard sur le monde qui l’entoure, a affiner ses arguments, va lui permettre d’accéder à sa liberté de pensée. Mais Violaine subit aussi un enfermement : elle est anorexique ! Sa rencontre avec Gene va déterminer le reste de sa vie. Elle deviendra une courroie de transmission.

Bien que Lola Lafon n’exprime aucune opinion, qu’elle laisse le doute, l’incertitude, planer sur le changement de Patricia Hearst, j’ai eu du mal à croire au personnage de Patricia Hearst, Il y a comme un je ne sais quoi d’inauthentique chez cette jeune femme qui prend conscience à 19 ans du monde qui l’entoure. Confortablement installée dans sa vie de jeune femme privilégiée, elle ne peut pas ignorer les évènements qui secouent les Etats-Unis à cette époque. Ce n’est pas une rebelle, elle ne s’est jamais engagée pour une cause après son enlèvement. Alors, syndrome ou pas ?

Ce récit porte le nom de trois femmes qui ont pris un chemin de vie différent de celui que la société leur avait assigné : Mercy pour Mercy Short, accusée de sorcellerie en 1690, à Salem, Mary pour Mary Jemison enlevée par la tribu amérindienne des Sénécas en 1753 et Patty pour Patricia Hearst. Trois femmes qui peut-être ont décidé d’exister selon leur désir en choisissant de donner un sens à leur existence suivant leur choix.

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Quand tu écouteras cette chanson

J’ai eu beaucoup de mal à rentre dans cette lecture, n’ayant pas réalisé tout de suite que ce livre faisait partie de la collection « Ma nuit au musée ». Une fois ce point éclairci, ma lecture s’est fluidifiée, encore que restait la question de ce à quoi pouvait mener cet exercice de style : découvrir des éléments nouveaux sur Anne Franck (peu probable), comprendre les motivations de l’auteur dans le choix de ce musée, ou … Sur Anne Franck j’étais en train d’apprécier les informations sur la popularisation du journal par le biais d’un film et d’une pièce de théâtre aux Etats-Unis puis en France.

Là, j’ai fais un bond, cette pièce, je l’ai lue, et mon souvenir ne correspond pas tout à fait à ce que Lola Lafon écrit. Vérification faite, la pièce que j’ai lu est bien celle dont elle parle, jouée en France à la fin des années 50, mais le texte, comme souvent au théâtre, n’est pas une traduction, mais une adaptation (il peut donc y avoir autant de différences qu’entre un film et son remake!). La fin n’est pas celle de la pièce américaine : on ne voit pas les allemands, mais on les entend qui arrivent (paroles en allemand), puis suit un long silence (pas dans le texte mais relevé par les critiques), puis une dernière scène, celle du moment du retour du père d’Anne Frank sur les lieux, bien plus tard, scène absent de la pièce américaine et rajoutée par Georges Neveux dans son adaptation. C’est d’ailleurs cette même adaptation qui a été mise en scène en 2006 par Colette Weil.

En dehors de ce point précis que je n’ai pu vérifier qu’après avoir fini ma lecture, je trouve le texte intéressant, de plus en plus intéressant au fil des pages, d’autant que la nuit avance et qu’elle continue à ne pas arriver à rentrer dans la chambre d’Anne. Elle explique remarquablement bien les difficultés pour les survivants à parler à leurs proches, l’impact sur les enfants et petits-enfants des survivants, les conséquences sur leurs vies. La fin est sidérante, complètement inattendue, imprévisible, elle interpelle le lecteur qui dorénavant n’entendra plus « I starded a joke » de la même façon. La chute est poignante et élargit le propos : nul n’est à l’abri d’un projet fou d’élimination !
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La petite communiste qui ne souriait jamais

Moments forts de la gymnaste dans le contexte roumain des années 70, très bien réécrits par Lola Lafon avec son regard anarchiste-féministe. (La puberté, cette injustice!)



Encore plus incroyable aurait été l'histoire de Bêla, le coach sans expérience mais génial, et qui, dans son bled perdu, a su repérer, construire le 'phénomène Nadia' et surtout réussir à l'imposer à la place de l'intouchable Dinamo de Bucarest.



J'ai eu plaisir à retrouver Nadia Comaneci la cinquantaine, sur youtube dans son gymnase de l'Oklahoma.

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La petite communiste qui ne souriait jamais

Je n'ai connu ni l'époque Comaneci, ni la guerre froide, mais ce livre restitue assez bien l'ambiance générale de ce contexte : d'un côté la magie, la beauté, la perfection, le dépassement de soi... et de l'autre la dictature, les restrictions, le contrôle drastique des corps et des pensées...



L'auteure a adopté un procédé qui évite néanmoins les jugements à l'emporte-pièce concernant la Roumanie des années 80 : offrir le point de vue de Nadia, nettement plus nuancé que celui d'un Occidental lambda qui regarderait tout ça de haut, comme elle se plaît à le rappeler.



Les passages concernant l'apparition de la puberté chez les jeunes gymnastes m'a vraiment troublée, car elle est vécue comme une tragédie qui fait d'elles des "monstres", ce qui n'est pas démenti par les critiques sportifs qui se permettent des réflexions odieuses sur le physique des jeunes filles. On retrouve là un attrait pour la "pureté" enfantine et un dégoût misogyne qui font passer l'envie de regarder des compétitions de gymnastique...
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Chavirer

Au gré des critiques de mes amis sur Babelio, je découvre parfois des "perles". Je ne sais plus qui, par les quelques phrases laissées sur le site, m'a donné envie de lire "Chavirer", peu importe, merci de m'avoir fait découvrir la superbe écriture de Lola Lafon que je ne connaissais pas.



A travers le destin de Cléo, 13 ans en 1984, passionnée de modern jazz, l'auteure fait écho à ces évènements du passé qui font de plus en plus souvent la une de la presse d'aujourd'hui, évoquant ainsi cet univers nébuleux d'emprise et d'abus sexuels de la part d'adultes sur des adolescentes, souvent de jeunes sportives. Je garde en mémoire l'image fil rouge du livre, "la queue de cheval haute et le sac de sport". Lola Lafon fait preuve d'un grand talent car elle évite tout voyeurisme malsain, elle consacre la plupart de son récit sur le mal être ressenti par Cléo tout au long de sa vie et l'obligation qu'elle s'impose de garder le silence. Envahie par un sentiment puissant de culpabilité puisqu'elle a entraîné dans le piège certaines camarades de classe, la jeune fille en oublie son statut de victime et se sent complice de ses bourreaux. L'originalité du livre vient du fait que c'est principalement à travers le regard des personnes qu'elle a rencontrées, aimées ou simplement croisées professionnellement que l'on suit Cléo pendant 40 années. Revers de la médaille (et c'est mon unique reproche), le manque de linéarité temporelle donne parfois un petit côté décousu au récit.

J'ai apprécié également être admise dans le "backstage" et découvrir ainsi l'envers des paillettes et le contraste entre le monde du paraître et celui de la réalité. A travers les métiers de la danse, depuis les troupes de danseurs qui animaient les plateaux de Michel Drucker dans les années 90 jusqu'aux cabarets parisiens, l'auteure nous rappelle que derrière l'orchestration parfaite d'une chorégraphie et la beauté de corps dévoilés se cachent encore et toujours de multiples souffrances physiques ou morales.



J'ai beaucoup aimé ce roman à l'accent social, qui évoque tout en subtilité et originalité la condition féminine des années 80 à la révolution #Metoo. Parce qu'il se termine en plus sur la belle lueur d'espoir qu'apporte le pardon, je lui accorde un 19/20. Pas très loin du coup de cœur...
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Chavirer

"Nous sommes traversés de ces hontes, un tourbillon qui, peu à peu, nous creuse et nous vide. N'avoir rien dit. Rien fait. Avoir dit oui parce qu'on ne savait pas dire non."



Par ce court extrait, voici l'esprit même du livre de la semaine que je tenterai de présenter. Un livre remarquable et subtil, où le cœur fait des soubresauts dans la poitrine. Un roman sorti il y a peu, rejoignant les élus de cette rentrée littéraire foisonnante. Il s'agit donc de Chavirer, de Lola Lafon, édité chez Actes Sud.



En profitant de la brèche #metoo et la vague féministe qui en découle, la romancière explore cette notion floue du consentement, mais pas que. Surtout pas que. Comment une enfant peut-elle se retrouver à la fois victime et "complice" d'actes répréhensibles ? Quels sont les mécanismes de ces procédés ?



C'est en posant son décor en région parisienne dans les années 80, que l'auteure met en scène le terrible destin de Cléo, treize ans, et quelques camarades de collège.



Cléo qui se découvre une passion pour la danse grâce au cours donné à la MJC de sa ville. Cléo qui entrevoit une porte de sortie à sa vie morne et à la classe moyenne de ses parents à travers Cathy, une femme élégante qui l'aborde en fin de séance.



Représentante de la mystérieuse Fondation Galatée dont la vocation est l'attribution de bourses d'études, Cathy est à la recherche de jeunes-filles dont la docilité, la naïveté et l'ambition artistique semble être le critère principal.



Alors que notre jeune protagoniste ne rêve que de danse et de paillettes devant l'émission Champs-Elysées présentée par l'immortel Drucker, un piège insoupçonné se referme sur elle. Sous couvert de luxueux cadeaux et promesses mielleuses, Cathy abuse de la confiance de l'enfant pour lui présenter le "jury" décisionnaire de l'attribution de ses fameuses bourses.



Exclusivement composé d'hommes, celui-ci organise des dîners où Cléo peut jauger la concurrence également invitée. Faire preuve de maturité, rester ouverte, sur les conseils de Cathy Cléo découvre le visage caché de la pseudo-fondation. Mais alors qu'un drame se joue clairement, un autre tout aussi vicieux se profile : la complicité de la victime devenue elle-même "rabatteuse".



Une avalanche de questions inondent alors le lecteur : Cléo est-elle responsable ? Peut-on, à treize ans, avoir conscience de telles conséquences ? Complice ou victime ?



De cette zone grise, Lola Lafon explore les mécanismes psychologique pervers de ces pédophiles, à commencer par la patience. Vient ensuite le temps d'amadouer pour enfin pénétrer la confiance. Le piège est prêt. La victime est prête à être consommée et utiliser. Muette et sourde, une honte en filigrane accompagne alors chaque protagoniste du roman.



Choral et littéraire, celui-ci ne s'attarde pas uniquement sur notre chère Cléo, mais sur ses proches et "victimes". Comment grandir en étant son propre juge ? Aujourd'hui danseuse professionnelle pour émissions et shows populaires, Cléo est toujours prisonnière du passé où ses actes répondent à perpétuité au désespoir de Bettie, une camarade de collège.



Par de courtes phrases et chapitres, la romancière impose un rythme, une atmosphère grave, jetant un trouble.



Pas de fioritures, mais un ton juste où chaque mot est pesé. Parfois déstabilisant par sa construction, ce roman reste toutefois un livre terriblement humain et indispensable.



Chronique disponible en podcast sur la page Babelio de l'auteure ou sur la page Youtube Book'n'cook.






Lien : http://bookncook.over-blog.c..
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Quand tu écouteras cette chanson

• Lu dans le cadre du

PRIX DES LECTEURS 2024

CATÉGORIE LITTÉRATURE

pour le Livre de Poche

Sélection #2 - Février



J'avais vu passer beaucoup de billets écrits par des BabeliAmis.



C'était donc avec curiosité et appréhension que j'ai ouvert ce livre, car je savais qu'il allait réveiller les douloureux souvenirs de lecture du Journal d'Anne Frank.



Comment parler de cette jeune fille alors que cela fait écho à l'histoire familiale de l'autrice Lola, en réveillant les fantômes du passé ?



Sa vie se calque sur celle d'Anne.



L'autrice a décidé de passer la nuit au musée d'Anne Frank et de "dormir" dans cet appartement/cachette pour s'interroger sur Anne Frank et son rapport à l'écriture.



"Tout ici, se veut plus vrai que vrai or tout est faux, sauf l'absence. Elle accable, c'est un bourdonnement obsédant, strident."



Cet ouvrage me semble difficile à résumer, tant il y a de choses importantes à dire.



Qui est réellement Anne Frank ?

Que représente-t-elle ?

Nous pensons toutes et tous la connaître...



"Anne Frank, la sœur imaginaire de millions d'enfants, qui, si elle avait survécu, aurait l'âge d'une grand-mère ; Anne Frank, l'éternelle adolescente, qui aujourd'hui pourrait être ma fille, a-t-on pour toujours l'âge auquel on cesse de vivre."



"Un symbole, mais de quoi ? De l'adolescence ? De la Shoah ? De l'écriture ?"



Grâce à Lola Lafon, j'ai appris davantage de choses sur cette jeune fille.



Son travail de recherche est conséquent et mérite d'être lu en complément du Journal.



Elle a réussi à poser une réflexion sur ce que les gens ont retenu de ce journal lu pour beaucoup d'entre nous à l'école.



C'est une plume juste et sensible.



Je préfère la couverture en version poche qui met en avant le contenu du récit. C'est un roman sur lequel je n'aurai pas forcément été attiré de premier abord, donc je suis contente de l'avoir eu entre les mains.
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Quand tu écouteras cette chanson

Chaque titre de cette collection lu jusqu'à présent est vraiment une petite pépite, et celui-ci ne fait pas exception.

Pour sa "nuit au musée", l'autrice n'a pas choisi un musée d'art, mais la maison d'Anne Frank, l'Annexe où elle vécut deux ans enfermée avant d'être arrêtée et déportée. Que dire d'Anne Frank que tout le monde connaît, ou plutôt que chacun veut rallier à une cause ? Que peut-on découvrir en une nuit dans cet espace à la fois tellement vide et tellement étroit ? Sans savoir comment la nommer (Anne ? Anne Frank ?) Lola Lafon se plie à l'exercice de la rencontre avec l'absente. C'est ainsi elle-même qu'elle nous livre, sa nuit au musée devenant à son tour journal de son histoire, de ses racines juives, de la Roumanie soviétique, de ses années de danse et d'anorexie, avec toujours, malgré ou grâce à l'obscurité, les ombres d'Anne et de sa sœur Margot, qui elle aussi tenait un journal, mais qui n'a jamais été retrouvé. Car finalement, dans l'Annexe, tout n'est que vide et absence et c'est dans le petit réduit de la chambre d'Anne que l'autrice peut enfin renouer avec une autre absence de son passé et la partager.

La plongée dans ces récits intimes mêlés, tout en pudeur, est un moment suspendu entre deux passés, où l'on ne sait, de ces deux journaux qui dialoguent, qui se confie le plus à l'autre. Et pour le lecteur, c'est un beau moment de partage, de présent, offert par ces deux écrivaines.
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Quand tu écouteras cette chanson

Quand tu écouteras cette chanson est certainement l’un des romans les plus intimes que j’ai lu. En effet, je m’attendais à lire un texte d’une spécialiste d’Anne Frank, en tout cas d’une autrice s’étant longuement documentée sur la vie, trop courte, du personnage au cœur de ce récit, celui d’une nuit passée dans le musée qui lui est consacré. Si le cadre, ce musée Anne Frank est central, c’est avec beaucoup de pudeur, intimidée que Lola Lafon nous raconte ces quelques heures isolée ou presque là où les Frank ont vécu deux années cachés.

On distingue d’ailleurs deux fils conducteurs distincts avec une même narratrice, les sensations, les émotions ressenties et la nécessité d’apporter des éléments de compréhension postérieurs à la visite d’une nuit d’août 2021.

Avec des mots toujours justes, dans un texte qui ne se veut pas littéraire, Lola Lafon nous laisse le temps d’être transporté dans les émotions qu’elle nous partage avec une certaine pudeur, elle nous prend par la main pour l’accompagner dans cette expérience.

Quand tu écouteras cette chanson est un moment de lecture bouleversant où face au plus sombre de l’humanité brille une Anne Frank que nous avons envie de relire.
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Nous sommes les oiseaux de la tempête qui s'a..

Dans ce récit une fois de plus poignant et sensible, Lola Lafon décrit au moyen d'une plume singulière des sentiments et interrogations qui confinent à la fois à l'universel et à nos quotidiens particuliers. C'est un véritable manifeste qui appelle à la révolte politique, la lutte contre le patriarcat et la résistance poétique sur fond de lucidité, d'amour et de sororité. Un roman de rage, riche et instructif !
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Chavirer

Avec "Chavirer", l'auteure Lola Lafon décrit, avec une acuité saisissante, l'emprise d'un réseau pédophile masqué derrière une fondation délivrant des bourses pour aider de très jeunes filles à réaliser leurs rêves. Pour Cléo, une toute jeune fille, presque encore une enfant, puisqu'elle n'a que treize ans lorsqu'elle est sollicité, à la sortie d'un cours de danse par une femme mystérieuse qui deviendra une véritable mère de substitution pour la jeune Cléo. Au début de cette relation, Cléo ,qui vient d'un milieu modeste, est couverte de cadeaux, des vêtements de luxe, des parfums hors de prix, des restaurants chics. le rêve est total pour Cléo. Nous sommes en 1984. Cléo rêve d'être danseuse. La femme lui promet de l'aider mais pour cela elle doit passer devant un jury. Ce "jury", Cléo va le rencontrer. Un passage du roman qui écoeure, qui révolte et que Lola Lafon décrit avec son talent d'écriture. Là, dans cet appartement, des hommes de cinquante, soixante ans, très bien habillés, riches, ayant des situations professionnelles élevées. Il faut être gentil avec eux pour réussir à obtenir cette bourse dont Cléo rêve. Ce n'est qu'une enfant, comment peut-elle imaginer ce qui se cache derrière ces mots. Les pédophiles aux mots mielleux abusent de leurs victimes, faisant comme si il était normal que des vieux hommes comme eux veuillent obtenir ce qui est inqualifiable, hideux, révoltant. Jamais Lola Lafon ne tombe dans le voyeurisme. Elle nous fait rentrer dans l'esprit de ces enfants abusés. Des enfants qui ne peuvent percevoir le piège qui va se refermer sur eux. Cette enfance détruite, saccagée, humiliante qui rend ces petites victimes "complices" de leurs ravisseurs pédophiles. Cléo doit amener d'autres enfants "au casting du jury." Elle se dégoûte. Sa famille ne perçoit rien. Comment est ce possible me suis je dis quand on voit son enfant ramener autant de cadeaux luxueux à la maison. Comment ne peut-on pas voir la détresse de son enfant. Toutes ces questions m'ont taraudés l'esprit. Une lecture éprouvante, un dégoût pour ces pédophiles se cachant derrière leurs belles situations, leur apparente gentillesse qui déguise leurs pulsions sexuelles envers de très jeunes filles qui ne sont encore que des enfants. Lola Lafon nous montre aussi ce que deviennent les victimes à l'âge adulte. le mal qui les rongent. le dégoût de soi. La honte d'avoir été abusé par ces hommes. Surtout ne pas en parler, ne pas briser le silence, ce poids qui vous pèse, qui vous détruit à l'intérieur, qui saccage votre relation à l'autre, l'aspiration à avoir des enfants, un compagnon. On a terriblement mal pour Cléo et ces jeunes victimes. Un grand roman, une écriture au plus près de la psychologie des victimes. Lola Lafon décrit magnifiquement l'embrigadement, le lavage de cerveau, l'emprise sectaire de cette soit disant fondation sur leurs jeunes victimes. La colère qui m'a secoué à la fin de cette lecture, mon dégoût, ma rage face à l'horreur de ces crimes impardonnables qui détruisent les petites victimes. C'est à lire et sur ce sujet terrible de la pédophilie, c'est sans aucun doute le roman qui décrit le mieux ces actes ignobles et leurs impacts sur la vie des jeunes victimes.
Lien : https://thedude524.com/2022/..
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La petite communiste qui ne souriait jamais

Je me souviens de Nadia Comaneci, pour avoir vu les images retransmises à la télé. Ce devait être en 1980, lorsqu'elle concourrait aux JO de Moscou. J'étais fascinée devant les prouesses de cette jeune gymnaste qui devint, du jour au lendemain, mondialement connue. Cette jeune fille qui, c'est vrai, ne souriait jamais ou si rarement.



Après avoir eu accès aux archives de l'Etat, Lola Lafon s'est entretenue pendant de longs mois avec Nadia C., aujourd'hui résidant aux Etats-Unis. Ce roman, basé sur les faits réels vécus par Nadia C. nous conte son histoire depuis sa petite enfance jusqu'à son passage à l'Ouest, de Roumanie aux Etats-Unis en 1989 et les premiers mois qui ont suivi. Oui, sa vie vaut bien un roman.



Tout débute en 1969 lorsque Béla et son épouse remarquent cette fillette de 7 ans et convainquent les parents de les laisser s'occuper d'elle, alors qu'ils ne sont ni l'un ni l'autre entraîneur, ni même professeur de gymnastique. Les compétitions junior sont entamées un an plus tard. En 1972, du haut de ses dix ans, la petite Roumaine se fait remarquer face aux Soviétiques et aux Allemandes de l'Est, plus âgées et pesant 20 kg de plus. Nadia travaille sans relâche et veut la perfection. En 1976, âgée de 14 ans, Nadia C. sera la perfection aux JO de Montréal, où les compteurs n'étaient pas programmés pour afficher un 10, note qu'elle obtiendra dans chaque discipline de gymnastique !

Petite fille, petite princesse de Bela, elle deviendra également celle de Ceausescu, le dirigeant despote de Roumanie. En effet, grâce à elle, la Roumanie sera localisée sur la carte du monde par tous les occidentaux, pays jusqu'alors méconnu d'eux.



Sur fond de l'histoire communiste, nous suivons l'incroyable ascension de cette gymnaste dont le petit corps se transformera en corps de femme et sera l'objet de tous ses tourments. Tourments aussi pour son coach Bela, un drôle de coco celui-là !! Tourments pour la presse qui, après l'avoir portée aux nues, l'appelant la petite fée, la désignera ensuite comme un monstre.



Outre l'envers d'un décors méconnu qu'est le sport professionnel, c'est toute la thématique du corps dont il est question dans ce livre.

Admiratives de sa réussite, toutes les petites filles occidentales voudront lui ressembler.

Les privations incessantes et les régimes, la peur d'avoir mangé en cachette parce qu'on en a rêvé la nuit.

Les blessures journalières sans importance, tant que "ça ne saigne pas".

Le choix des mots utilisés par les journalistes pour ne pas offusquer le public...



La volonté, le don d'obéissance, l'endurance feront atteindre à Nadia les plus hauts sommets, mais gommeront tous les aspects d'une enfance normale. Je n'ai jamais oublié son nom, Nadia Comaneci. Je revois son image si fière, un peu hautaine, silencieuse. A t-elle été une sorte de super-héroïne de gym, où la première place des podiums devint son obsession ? A t-elle été une poupée, un pantin manipulé pour l'image qu'elle donnait de son pays ? Même après la lecture de ce livre intéressant, elle demeure pour moi un mystère.

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Chavirer

Chavirer. Faire naufrage. Se retrouver larguée, sans repère, dans une mer de doute et de culpabilité. Telle est la peine « à perpétuité » de Cléo, qui a toujours voulu devenir danseuse.



À treize ans, Cléo prend des cours de modern jazz dans une MJC de banlieue, lorsqu’elle est repérée par une jolie dame très chic, Cathy, qui lui fait miroiter une bourse « au mérite » proposée par la fondation Galatée. Cléo se laisse amadouer par des présents coûteux et quelques sorties « en amies » dans la capitale. Grisée, elle est prête à tout pour continuer à plaire à Cathy. L’étape suivante est la participation à des déjeuners dans le cade ultra privé de luxueux appartements de la capitale. Les membres du « jury » sont des hommes d’âge mûr aux critères de sélection plus que discutables. En quelques jours Cléo devient elle-même « rabatteuse » pour les déjeuners du samedi. Au collège, une autre très jeune danseuse l’aborde et la supplie d’intercéder pour elle : la petite Betty a absolument besoin de la bourse offerte par le réseau Galatée pour continuer à danser.



En onze tableaux Lola Lafon nous fait pénétrer au-delà des coulisses des spectacles de danse, dans l’intimité de jeunes femmes parfois prêtes à de terribles compromissions pour être repérées ou tout simplement pouvoir vivre de leur art.



Le roman trace le parcours de Cléo, et en pointillés celui de Betty, sur plusieurs décennies depuis les années 80 qui ne connaissaient pas encore les réseaux sociaux, jusqu’au mouvement #Me Too qui a récemment contribué à libérer la parole.



J’ai beaucoup aimé ce roman « dans l’air du temps », la plume précise de Lola Lafon, et l’angle choisi pour aborder des pratiques longtemps tues par honte ou par complaisance, ainsi que le vécu des victimes qui se sentent coupables, de n’avoir rien vu, d’avoir cédé, de n’avoir rien dit, de ne pas avoir réagi, et par leur silence d’avoir été complices d’ignominies.
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Chavirer

La parole se libère et avec la rentrée littéraire dernière, c'est l'écriture qui s'est libérée en proposant de nombreux ouvrages sur cette déliance : Loulou Robert, Isabelle Carré...

Avec Chavirer, Lola Lafon s'inscrit dans ce mouvement en mettant des mots sur les maux des femmes, des jeunes filles dans le milieu de la danse et dont l'adolescence a été estropiée ; elles ont dit oui parce qu'elles ne savaient pas encore dire non. Trompées par l'amour qu'elles portaient à l'entremetteuse, et indirectement également par ceux qui voyaient, comprenaient mais qui ont fermé les yeux.

C'est en écoutant Lola Lafon parler de son roman que je me suis convaincue de lire ce livre.

Son analyse « On est éduquées pour plaire et ça, il faut s’en débarrasser » m'a interpellée et le mécanisme de la honte, de la double honte dont elle a parlé dans La grande librairie m'a convaincue.



Une mauvaise victime qui ne se revendique pas victime "Je ne suis victime de rien" dit-elle. Elle ne s'est pas détendue au moment de se laisser faire, et une victime coupable aussi, d'avoir donner en pâture d'autres jeunes filles. « Favorite. Courroie de transmission, victime et coupable, une martyre-bourreau. »



« Cette souffrance en veille resurgissait à tout propos, celle d'une ancienne gamine à qui des adultes avaient enseigné la solitude des trahisons. »

Ce n'est pas un récit linéaire que nous propose Lola Lafon mais un récit morcelé de rencontres, de flashbacks. Des rencontres qui donnent un éclairage approfondi, densifié, sur ce qu'a été la vie de Cléo, principale protagoniste de ce roman, de 13 à 47 ans.



« alors que tout semblait indiquer que Cléo aurait treize ans pour l'éternité, elle se cognait à chacun des angles morts de cette éternité. »



Comment se construit-on quand on a été confrontée à cette douloureuse, infecte réalité ? Comment vit-on le fait de devenir mère ? D'une fille. Comment arpenter le chemin rocailleux jusqu'au pardon ? On n'oublie pas, on vit avec cette écharde, « une écharde sur laquelle sa chair s'est recomposée, à force d'années. Un petit coussin de vie rosé, solide et élastique. Ce corps étranger n'en est plus un, il lui appartient, solidement maintenu dans un faisceau de fibres musculaires, à peine effrité par le temps ».



J'ai aimé le cheminement de l'autrice, dénué de manichéisme, empreint de bienveillance. Elle nous donne un intelligent aperçu du dessous des cartes et fait écho aux scandales qui ont éclaté dans le milieu du sport.

Licencieux filon que celui de faire miroiter de jeunes enfants, leur mettre des étoiles dans les yeux et leur promettre le Graal, se jouer de leur jeunesse, de leur inexpérience, de leur fragilité et naïveté, abuser de leur confiance, abuser ...

La honte, ensuite des jeunes victimes, les immunise contre une éventuelle dénonciation.

La honte, la culpabilité.

Des vies rongées.

Des vies où l'on tourne le dos, mais où on affronte de face.

Et le silence comme « le repli tamisé d'un refuge ».



Quand on aime les petites filles.

Quand on a quatre fois plus que l'âge de ces jolies et sensibles fleurs en devenir, on se soigne, non ? On se fait aider ? On se maîtrise ?

--- Tu te maîtrises ,s'il-te-plaît.



Un livre sur ces vies hantées par la culpabilité et la quête du pardon, racontées par petits morceaux savamment orchestrés, à mon humble avis,

avec délicatesse et pudeur, ponctuées de passages littérairement remarquables.



Une phrase de ce livre me hante depuis la dernière page tournée :

« Si ça ne fait pas mal, c'est qu'on n'a rien dérangé. ».

Deux négations criantes. Percutantes.

Racontons ce qui hante.



Se faire de la place pour deux uniquement si la réciproque est vraie. Cela ne vaut pas la peine, sinon.



Merci Lola Lafon pour ces mots, ces histoires, l'histoire de Cléo, celle de tant de petites filles malmenées, fourvoyées, qui ont dû ...doivent s’accommoder de tant d'égratignures. Qui font face. Parce qu'elles sont imprégnées de leurs rêves d'enfant. Parce qu'à défaut d'oublier, il ne faut pas soi-même se diluer, se noyer. Contre le vent. Il ne faut pas. PAS. Des adultes en souffrance. Des vies innocentes bafouées.

Ça dérange.

Autorisons-nous à l'entendre. Trempons dans la douceur et l'empathie.

Sortons de ce malaise qui détruit.

Alors MERCI.



« [...] les mots avaient des horizons de paysage, les nuances d'un poème : à défaut du pardon, laisse venir l'oubli. »
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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La petite communiste qui ne souriait jamais

1976, jeux olympiques de Montréal. Une petite gamine roumaine de quatorze ans éblouit de son talent les spectateurs du monde entier : Nadia Comaneci. Elle révolutionne les codes de la gymnastique : il y désormais un avant et un après Comaneci.

Lola Lafon nous raconte son histoire fascinante. Et elle a choisi de le faire d'une façon très originale. Elle l'explique elle-même dans l'avant-propos : "les dates, les lieux, les évènements ont été respectés", mais pour le reste, elle a "choisi de remplir les silences de l'histoire et ceux de l'héroïne". Son livre n'est donc ni une biographie, ni un roman, et j'ai trouvé le résultat très réussi. Lola Lafon a choisi de découper son texte en tout petits chapitres, chacun présentant un évènement, une réflexion, un fait particulier. L'ensemble est percutant, rythmé et très addictif : on a sans cesse envie d'en lire un peu plus.

Voilà donc pour la forme. Sur le fond, j'ai trouvé que ce texte était une belle occasion de réflexion sur le sport mis au service d'un régime, voire d'un dirigeant, sur le surentraînement forcé au mépris de la santé des athlètes, et bien au-delà de Nadia Comaneci et des autres petites poupées de l'équipe roumaine de Montréal, sur le sport de haut niveau. Quel est le prix à payer pour une médaille olympique ? On se doute bien que, même douée, Nadia Comaneci n'est pas arrivée au niveau qui a été le sien sans un travail intensif. Mais ce que l'on apprend sur les méthodes et les exigences de l'entraîneur dépasse l'entendement.

Un livre bien écrit, très agréable à lire, et qui me distrait tout en me faisant réfléchir : voilà ce dont je me suis régalée dans toute la première partie.

J'ai trouvé la seconde partie un peu moins réussie. La fuite à l'ouest de Nadia Comaneci, la chute du régime de Ceausescu : non pas que ces sujets soient moins intéressants, mais j'ai trouvé ces chapitres moins prenants, moins incisifs que ceux du début. Mais ce petit bémol n'entame en rien ma bonne impression générale : je recommande cette lecture à tous ceux pour qui le nom de Comaneci évoque des souvenirs, et aux autres qui pourront à travers ce livre la découvrir.

Enfin, je ne peux pas résister au plaisir de partager deux vidéos particulièrement emblématiques de la petite fée de Montréal :

http://www.youtube.com/watch?v=4m2YT-PIkEc

http://www.youtube.com/watch?v=odTtfnWdfGU
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Quand tu écouteras cette chanson

La maison d’édition Stock propos à des écrivains de passer une nuit dans un musée de leur choix afin d'exacerber leur créativité. Lola Lafon à choisie de passer la nuit du 18 août 2021 au musée d’Anne Franck à Amsterdam et plus particulièrement dans l’annexe.



Pendant deux ans, grâce au courage des employés de Otto Franck, huit personnes ont pu survivre avec une liberté somme toute relative dans cette annexe.



L’auteure énumère certains des faits présents dans le journal d’Anne Franck. Elle revient également sur le parcours tumultueux de la famille Franck. Des écrivains, des réalisateurs, des traducteurs ont voulu ou réussi à tronquer le journal en voulant le rendre plus optimiste, moins personnel. Elle nous rappelle que Anne Franck elle-même à fait un travaille de réécriture avec le désire de devenir auteure ce qui hélas restera un doux rêve.



J’ai ressenti l’émotion de Lola Lafon dans ces lieux chargés de souvenir. L’auteure se livre sur son passé d’une manière pleinement légitime, lié par certains passages de son enfance et de ses origines.



Bravo Lola Lafon pour votre travail réalisé avec habileté ainsi que le récit qui en résulte, émouvant et poignant.



A la fin de cette lecture je ne peux que vous conseiller de regarder également la série une lueur d’espoir. Celle-ci retrace l’héroïsme de Miep Gies, Jan Gies et des autres employés de Otto Franck à lutter pour la survie de sa famille.

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Quand tu écouteras cette chanson

"Quand tu écouteras cette chanson" de Lola Lafon. J'ai lu ce roman en deux fois, j'avais un avais mitigé , mais voyant les nombreuses critiques, positives, et son passage à la Grande Librairie. Ma deuxième lecture est beaucoup plus positive, mais un petit bémol.

L'auteure nous plonge dans l'univers d'Anna Franck, dans son annexe, et dépeint à merveille , si on peut utiliser un tel mot, la vie des ses 7 occupants.

Lola, est en quête de soi , de ses racines , des membres de sa famille exterminées dans les camps d'extermination. Un moyen d'exorciser ses démons. Pour elle , c'est de s'imprégner de la vie d'Anne, et de passer une nuit ,dans annexe pour ressentir l'âme,le vécu d'Anne dans cet enfer.

Pendant une nuit elle va décortiquer, penser, vivre dans la tête d'Anne, essayer de faire ressortir les pensées positives et de ses reves , qu'elle ne pourra realiser. Une jeune fille assoiffée de liberté, ce voyant journaliste, elle prend un tel plaisir de mettre en avant son quotidien dans l'écrtiure de son journal.

Malheureusement , Anne et toutes les personnes de l'annexe seront trouvés et deportés, seul rescapé est Otto, le pére, il mettra tout en oeuvre pour savoir si d'autres menbres de sa famille est encore en vie.

Le journal est trouvé et publié. Lola se retrouve , s'imprégne, comprend mieux son parcours . Un grand blocage devant la porte de la chambre d'Anne; arrivera t-elle à la franchir?

Lola est en quelque sorte notre Anne , sans les atrocités commises, beaucoup de points communs unissent ces deux peronnes.Un paralléle entre ses racines et celles d'Anne.

Un roman très bien écrit , l'auteure nous envoute dans ce coté complexe , sombre, lugubre de cette vie.

Un roman bouleversant, émouvant, poignant, toujours difficle de traiter d'un tel sujet.L'écriture est fluide , agreable, sensible, subtile. Une remise en question sur nos racines,sur nous mêne;Un retour dans laréalité.

L'auteur signe un livre etonnant.

Mon petit bémol, je trouve que l'auteure développe trop la vie d'Anne

Un livre que je vous recommande
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Chavirer

Un roman qui, malheureusement, ne m'a pas fait chavirer.

Cléo, 13 ans en 1984, rêve de devenir danseuse. Quelle chance !, elle est repérée par une chercheuse de talents qui veut lui faire bénéficier d'une bourse octroyée par une mystérieuse fondation, afin d'aller étudier à New York, dans l'école-même de "Fame" ! Evidemment, il faudra que Cléo démontre à un jury (d'hommes quinquagénaires) l'ampleur de sa détermination, et accepte que l'un des membres devienne son "ami-fiancé".



Un début glaçant, mais quel dommage !, l'histoire éclate et s'éparpille ensuite en une sorte de roman-choral qui ne m'a pas convaincue. De ce fait, les personnages m'ont semblé de moins en moins attachants au fur et à mesure que l'intrigue se développait en se dispersant au fil du temps, et j'ai eu du mal à combler les ellipses et à aimer ces protagonistes privés d'affect.

Evidemment, l'intention de Lola Lafon est extrêmement louable tant il est nécessaire, encore et toujours, de dénoncer ces hommes bien placés qui profitent de la naïveté d'adolescentes en manque de repères, de raconter les séquelles psychologiques des abus subis, de décrire le mécanisme de l'emprise, puis la honte et la culpabilité ressenties par les victimes. Mais je n'ai pas adhéré au cheminement tortueux emprunté par l'auteur.

Je le regrette d'autant plus que j'ai beaucoup aimé le style de Lola Lafon, sa délicatesse, sa sensibilité, sa capacité à dire beaucoup en peu de mots. J'ai également apprécié la façon dont elle évoque le rapport fascinant au corps (d'une manière qui m'a rappelé "La petite communiste qui ne souriait jamais" qui m'avait tant plu).



Même si l'ensemble reste bancal à mes yeux, du fait de cette construction chorale, cela reste une lecture saisissante et à l'écriture raffinée, qui devrait trouver sa place dans tous les bons CDI.
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Quand Lola Lafon passe-t-elle une nuit dans l’Annexe du Musée Anne Frank à Amsterdam ?

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