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Critiques de Louise Mey (597)
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La deuxième femme

Sandrine est une femme esseulée, profondément complexée et marquée par un corps qu’elle n’assume pas. Elle se sent moche, grosse et laide. Elle en veut à la terre entière d’enfanter des êtres plus heureux qu’elle. Laide ou méchante, il faut choisir. La solitude, l’isolement est le seul refuge pour des gens comme elle que personne ne voit, ne veut.



Lorsque Sandrine rencontre Mr. Langlois, elle tombe sous le charme de l’homme qui pleure. Qui pleure d’avoir perdu sa femme, volatilisée du jour au lendemain laissant un mari et un fils seuls sur le tapis.



Sandrine devient la deuxième femme.

Celle qui arrive après la première. L’histoire peut alors commencer. Jusqu’au jour où la première femme revient.



Difficile de dévoiler les tenants et aboutissants de ce thriller glaçant sans spolier l’histoire.

Tout se passe dans la tête de l’héroïne. Nous sommes littéralement plongés en vase clos dans sa tête. Toutes ses pensées sont disséquées au scalpel avec psychologie. Ses complexes, ses doutes, ses peurs quand la première femme revient et l’emprise de son homme sur elle.

Le roman est long mais je ne me suis pas ennuyée une seule seconde. L’atmosphère est parfaitement bien rendue d’une femme en prise avec un tourbillon de pensées.

Les rebondissements tiennent surtout sur l’origine de la disparition de la première femme qui progressivement viennent rejoindre la vie de Sandrine de manière insidieuse, voire démoniaque.



Ce roman est très bien écrit et raconte l’escalade d’une femme qui voulait juste être aimée, aimer en retour, s’offrir une vie comme les autres, serré-collé au cinéma, tenir la main de son homme en rue, s’endormir et se réveiller auprès de celui qu’elle aime. Une obsession liée à une piètre confiance qui la conduira dans un labyrinthe marécageux où rôdent des monstres sans vergogne.



Même si j’ai trouvé ce roman quelque peu étouffant et anxiogène, j’en ai apprécié toute l’histoire qui maintient le suspens, véhicule un fait d’actualité sordide et trop répandu, dans une écriture claire, souvent imagée et immersive. Une bien belle surprise.

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La deuxième femme

Lisez-le !



Lisez ce roman si vous aimez les romans impossibles à lâcher, les romans à suspens, les romans sociétaux.



Lisez-le, si vous aimez les femmes, les (bons)hommes, les gens biens.



Lisez-le si vous aimez les romans bien écrits. Il n'y a pas un mot, une virgule, un point, que j'aurais envie de retirer des phrases choc de Louise Mey.



Tout ce qui y est écrit , (décrit devrais-je dire ), est précis , millimétré, chaque paragraphe est une brique qui vient s'ajouter à une autre brique, comme un un jeu de construction ( pour adultes ) parfait et terrifiant.



Terrifiant parce que l'histoire de Sandrine est celle de centaines de femmes qui chaque jour ... [Non, je ne vous dirais rien que la quatrième de couverture ne dise ! ]



Sandrine , c'est la deuxième femme, une fille qui n'a pas été aimée par son père. Battue, humiliée, Sandrine a réussi à partir , à faire sa vie comme on dit, mais Sandrine ne s'aime pas. [ "Elle était toujours elle, elle était toujours moche, et grasse, et grosse, grosse, grosse vache, sale moche, tête de moche, tête de conne" ] . Elle va se rapprocher d'un homme , un" homme qui pleure", qui pleure sa première femme, disparue, comme évaporée alors qu'elle courait dans la forêt (un peu comme Alexia Daval...). Il pleure parce qu'il reste seul avec son petit Mathias. Alors, tel un coucou, Sandrine se coule dans le nid, dans leur maison , elle sera la deuxième femme. Elle s'occupera du petit et de son homme, l'homme qui pleure. Ah, oui, elle va bien s'occuper d'eux . Un homme pareil, c'est forcément gentil, pas comme son père .



Mais que devient la deuxième femme quand la première, l'épouse, la vraie mère, est retrouvée vivante ? Sandrine se sent en danger, menacée, va-t'elle tout perdre ?



Ce que je vous ai raconté n'est que la partie immergée de l'iceberg , pas le "vrai" sujet , le sujet est ailleurs. Un sujet autrement plus profond, plus intéressant.



Rarement je "fus" dans la tête d'une victime avec autant de vérité, de réalisme .



Rarement, dans la littérature , j'ai eu la possibilité de "regarder" vivre un monstre au quotidien .



J'ai commencé ce roman en début d'après-midi et je ne l'ai pas lâché , hypnotisée, en apnée ; pendant ma lecture, je ne me suis pas levée pour me préparer un thé ou autre , ce n'est avec le mot fin que je me suis "réveillée" et que je me suis souvenue que j'avais une vie qui m'attendais, ...;-)



Un des personnages est machiavélique, l'auteure ne l'appelle jamais par son prénom, c'est fort, très très fort. Elle écrit bien Louise Mey, excellemment .



Un des personnages est une victime et on comprend insidieusement , lentement, comment le process se met en place.



Glaçant, intelligent, oppressant, sourd, superbe, engagé : un roman à mettre entre toutes les mains.



Et à la fin, dans une note au lecteur , l'autrice donne des chiffres, des vrais.



Et ça fait froid dans le dos.



Les victimes existent en vrai, les monstres aussi, ils font souvent la une des journaux télévisés...











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La deuxième femme

Un seul mot : excellent.



Je me doutais, vu le titre, qu’il y avait une première femme. La deuxième, Sandrine, nous est présentée avec précisions ; aussi son caractère, son histoire, son enfance, son mode de vie et son entourage professionnel nous la rendent particulièrement attachante. Elle est pleine d’empathie cette femme, elle n’ose pas grand-chose dans sa vie, mais pour une fois, elle se lance, alors je l’accompagne, je l’encourage, je loue son audace première, je savoure ses petites victoires sur elle-même, puis peu à peu, je deviens elle tant l’auteur écrit et décrit bien.



Je me débats avec des sentiments contradictoires, veux agir au mieux, je doute aussi, puis d’un coup, je ne suis plus Sandrine. Je redeviens la lectrice sous l’empire d’une tension qui monte au fil des pages. Tension qui s’agrippe à mes tripes, coupe mon souffle par moment, et qui me maintiendra en apnée jusqu’à la dernière ligne.



Je recommande à tous ce roman psychologique puissant qui montre et démontre avec force détails les mécanismes relationnels au sein de ce couple en nous faisant entrer dans la plus grande intimité des protagonistes.

Je ne veux pas en dire plus, en souhaitant que, comme moi, vous le lisiez sans rien savoir, l’effet anxiogène n’en sera que plus grand. Ne lisez surtout pas la 4e de couverture qui en dévoile trop.



Quant à l’épilogue, il est essentiel.

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La deuxième femme

La deuxième femme.



Celle qui vient après.



Elle s'appelle Sandrine. Elle est cette deuxième femme.



Pourtant, pour elle, cet homme qui pleure à la télévision son épouse disparue, sera le premier. le premier à véritablement la regarder.



Jusqu'au jour où celle qui fut la première, qui aurait dû rester l'unique femme, réapparaît.



Ce roman m'a interpellé par la force de son personnage principal qui prend vie entre les pages. Une psychologie étudiée, une vérité des sentiments et une force presque hypnotique.



Tour à tour, Sandrine touche, agace le lecteur. On voudrait la bousculer, la secouer très fort. Puis, on aimerait lui prendre la main et l'aider à fuir.

J'ai aimé la façon dont Louise Mey ne fait pas d'elle une « héroïne » mais belle et bien une femme pétrie de doutes, pleine de rancoeurs envers elle-même et ce corps qu'elle n'accepte pas.



On ne peut en dire trop pour ne pas gâcher la découverte. Juste évoquer le sujet de la violence faite aux femmes, traité de façon percutante dans un style qui pourra en dérouter certains.



Nous sommes dans la tête de Sandrine. C'est viscéral et déchirant, souvent déroutant mais réellement maîtrisé.



Ce roman est dur, très dur. Si la tension monte lentement et que le début peut sembler un peu long, on se retrouve rapidement dans les mailles du filet d'une tension psychologique extrême, insoutenable.



Louise Mey crée une sensation, un étau, qui, page après page, semble se resserrer, étouffer le lecteur. On sort de cette lecture comme sonné, un peu hagard.



Une lecture choc qui m'a tenu éveillé longtemps après l'avoir terminé …


Lien : https://labibliothequedejuju..
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Petite Sale

Quel titre difficile et porteur d'une connotation sacrément péjorative ! Et la quatrième de couverture enfonce le clou . Cette petite sale , c'est Catherine , une jeune femme que l'on ne voit pas , qui ne parle pas , qui " fait " sale .

Elle travaille , comme beaucoup de villageois , au " Domaine " sur lequel règne " Monsieur " , un personnage riche , méprisant , despote détestable , imbu de lui - même qui n'a qu'un objectif : amasser une fortune !!

Et voilà que , hélas , sa petite fille est enlevée et la demande de rançon ne tarde pas ! L'homme est touché au plus profond de son être : il risque de perdre ...une fortune , et ça Monsieur , il n'aime pas. Deux policiers dépêchés de la capitale prennent l'enquête en mains...Comme tout cela est écrit sur la quatrième , je suis tranquille , je ne divulgue rien .

Mais , me direz - vous , c'est tout ?...Oui , pour le " squelette " du récit mais il faut ajouter bien des ingrédients pour que le plat soit excellent et il l'est .....

Bon , allons - y .La météo est exécrable et c'est dans la boue que nous allons " traîner nos guêtres " du début à la fin .C'est dans une petite auberge que nous allons terminer nos soirées sous les regards lourds de sous - entendus des derniers clients avinés , c'est dans des foyers pas forcément accueillants que nous allons pénétrer , c'est la morgue insupportable de Monsieur et de sa famille qui va accompagner nos recherches , c'est la nostalgie de l'éloignement pour nos enquêteurs que l'omerta du village empêche de progresser . De loin ou de prés , il est toujours là , omnipotent , omniprésent , Monsieur , lui qui " fait ou défait " les destins .On peine à se dégager de cette chape de plomb qui étouffe toute possibilité de progresser , de découvrir la vérité jusqu'à ce que ....Polar noir , polar rural , polar rural noir , ce roman vaut pour son ambiance moyenâgeuse tant par son décor que par cette relatin de seigneurs à vassaux , voire serfs ...Mais nous sommes en 1969 , tout de même !!!

En me promenant de nombreuses régions françaises , il m'a souvent été donné d' apercevoir , haut- perchés au sommet d'une butte , des manoirs , demeures bourgeoises ou châtelets ...Souvent , au pied , des maisons , fermes , maisonnettes .....alors , des " Monsieur " , il devait bien y en avoir et il n'y a pas si longtemps , non?

Catherine ? Son instituteur la jugeait " folle ou presque " , son institutrice voyait en elle une élève brillante , curieux , curieux tout ça .Vous avez dit Bizarre ? Tiens , comme c'est Bizarre . Comme cette histoire quoi . Allez , en route pour ...Comment ? On dirait que ça te gêne de marcher dans la boue ? Oui ? Ben si t'aimes pas la boue , il vaut mieux éviter ce roman , mais ce serait tout de même dommage car la boue , elle n'est pas toujours sur le sol .

A bientôt , amies et amis .
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L'orage qui vient

Un roman à suspense français flirtant de très très près avec le "nature writing", quelle bonne découverte.



Son titre est parfaitement choisi car la tension orageuse monte

progressivement malgré la brièveté de cette histoire. Elle monte dans les craintes de ces femmes qui vivent dans un hameau au coeur d'une forêt, après des événements à peine évoqués, appelés Rétractation, un monde

d'avant qu'elles ont quitté. Elle monte dans le coeur et le corps de la jeune héroïne, Mila, qui sent bien plus que le danger et qui, au-delà de ses capacités fantastiques, possède à 15 ans une intelligence fine mise au service de sa petite communauté.



J'ai retrouvé dans ce texte la puissance d'écrivains américains tels que Benjamin Whitmer ou Keith McCafferty et surtout James Bradburey dont le roman Sauvage incarne une héroïne très proche de Mila. Louise Mey s'en est-elle inspirée? En tout cas je n'ai pas perçu dans l'attente de cet orage le moindre plagiat.



Quelquefois, on trouve des livres trop longs ou trop courts, c'est selon nos goûts et perceptions. J'aime bien les digressions qui servent l'intrigue. Ici, ce n'est pas le cas, cela pourrait donc être plus long, mais la densité de l'histoire m'a paru plutôt bien servie par sa brièveté.
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La deuxième femme

Jusqu'ici, Sandrine ne s'est jamais aimée. Trop moche, trop grosse, trop conne. Elle s'isole de ses collègues de travail, déteste les week-ends où sa solitude lui saute en plein visage. Timide, elle n'ose prendre la parole. Jusqu'ici, aucun homme n'a posé de regard amoureux sur elle. Trop moche, trop grosse, trop conne. Mais le jour où, le regard rivé sur l'écran de télévision, elle voit cet homme qui pleure sa femme qui n'est pas rentrée de son jogging, elle s'est tout de suite reconnue dans cette douleur jumelle, sachant exactement ce qu'il ressent au fond de lui. Prenant son courage à deux mains, elle décide de participer à la marche blanche. Comme une évidence entre eux. Sandrine s'est très vite installée chez l'homme qui pleure et son petit garçon. Un bonheur enfin mérité pour la jeune femme. Mais, le jour où, à la télévision, la première femme apparaît, visiblement amnésique, dans un hôpital italien, son monde s'écroule. Se peut-il qu'elle vienne récupérer sa place et forcer Sandrine à partir ?



Évidemment, après avoir lu ce roman, l'on pense aussitôt à l'affaire Daval. Cet homme qui pleure à chaudes larmes, inconsolable, sa femme disparue... Jusqu'au jour où la vérité éclate... Jonathann Daval, c'est un peu ce monsieur Langlois. Éploré d'avoir perdu sa femme, jusqu'ici introuvable. Sandrine a pris sa place, s'est installée dans la maison, s'occupe de l'homme qui pleure et de son fils, Mathias. Et si Caroline réapparaît, l'on s'attend, évidemment, à une confrontation, une mise au point. Sauf que le roman prend une tournure différente. Louise Mey surprend le lecteur en dévoilant, petit à petit, ce qui se cache derrière cette disparition, derrière cet homme qui pleure et qui se transforme en monsieur Langlois. Et l'ambiance peu à peu s'intensifie, devient oppressante d'autant que la narration nous plonge dans les pensées de Sandrine, que les dialogues sont incorporés au texte, que la dimension psychologique est d'une force incroyable. Éprouvant, écrasant, subtilement mené, ce roman dépeint avec une grande justesse un sujet, malheureusement, toujours et encore plus d'actualité...
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La deuxième femme

La deuxième femme , c'est Sandrine et le moins que l'on puisse en dire , c'est que Sandrine, elle n'a aucune estime de soi , aucune estime d'un corps qu'elle rejette , qu'elle rend responsable de tous ses maux et ils sont hélas nombreux . C'est que c'est important , un corps , la face visible d'un iceberg , le premier élément pour une bonne socialisation , un élément essentiel pour ... " le reste" , " tout le reste " . Ne pas s'accepter , c'est se condamner à la marginalisation , à une vie dans l'obscurité...

Alors , Sandrine , lorsqu'elle rencontre M Langlois , " le monsieur qui pleure " , elle voit s'ouvrir les portes d'un bonheur auquel elle ne croyait plus . Monsieur Langlois , il est veuf et a un enfant . Une famille , une famille pour accéder à une " autre vie " , tant pour elle que pour monsieur Langlois et son fils . Hélas , " quand ça veut pas , ça veut pas ". Un événement inattendu remet tout en cause : Caroline , la première femme qu'on croyait morte réapparaît et le côté " Docteur Jekill et Mister Hyde " de monsieur Langlois va donner " sa pleine mesure "....

Louise Mey , dans ce roman ne choisit pas la facilité mais , à mon avis , a réalisé un tour de force. Pour moi , nous n'avons pas là un thriller psychologique mais plutôt le document romancé d' un crime de notre temps . Elle nous plonge au coeur d'une histoire finalement " banale " et sordide , une histoire terrible de domination perverse comme les rubriques des " faits divers " en regorgent .Un sujet dur qui vous englue comme dans des " sables mouvants " . Un saut dans l'antre du plus sombre de l'âme humaine .

La face cachée de " l'iceberg Sandrine " saura- t- elle réagir au risque de ....revenir au point de départ ?

Si j'ai aimé ce roman , j'ai vraiment " peiné " sur la première partie centrée sur le physique et le désespérant moral de Sandrine . C'est long , trop long , et lent , trop lent .Pour tout vous dire , j'ai frôlé l'overdose et l'abandon . Seule la note flatteuse mise par les amis et amies babeliotes m'a incité à poursuivre . ( La note , pas les commentaires que je ne lis jamais avant ) .La suite est tout de même plus " vivante " à défaut d'être " alerte " .C'est toujours lent mais on comprend mieux ce choix , et toujours long avec des " scènes " un peu trop répétitives.

Quant à l'écriture, bien maîtrisée dans l'ensemble , elle cède parfois trop à l'émotion et met de côté les règles de construction " classiques " .

Inclure les dialogues sans " démarcation " me gêne aussi car on se trouve , non pas en face d'un récit aéré mais devant un bloc de mots , de phrases , plutôt anxiogène , ce dont on n'avait pas vraiment besoin.... Ce n'est que mon avis bien entendu , et cela ne m'a pas empêché d'aller au terme de ce récit dont je me suis toutefois extirpé avec soulagement tant il est oppressant et pourtant....Quand vous pensez que " monsieur Langlois est le seul personnage dont on ne connaît pas le prénom. ...C'est dire !!!!

Un bon , bon roman contemporain mais toutefois pas un " coup de coeur " au sens noble du terme . Quant à dire " une claque " , je préfère éviter, il en tombe suffisamment dans cette histoire ...Et c'est condamnable ...et puis ...
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Petite Sale

Depuis la maison qu'elle occupe avec sa mère, Catherine fait, matin et soir, quelque soit le temps, le chemin pour aller travailler chez Monsieur, au Domaine, comme il aime à le penser. Bonne à tout faire, sous la responsabilité de Mélie, elle a en charge la plupart des tâches ingrates. Mais, elle ne pipe mot. Ni au sujet du dédain de Monsieur, des remarques de la vieille la traitant de petite sale, des moqueries et des blagues salaces de la plupart des ouvriers ou des saisonniers. Catherine se fait sage, silencieuse et cela lui convient ainsi. En cette fin de journée, Catherine aide Mélie en cuisine, des invités étant attendus. Le fils et la belle-fille sont déjà là et cette dernière voulant aller se reposer laisse sa fille de 4 ans, Sylvie, aux bons soins de Mélie qui, aussitôt, propose à Catherine d'aller se promener avec elle. Un petit tour à l'étable puis à la grange, où une chatte vient de mettre bas, et il est temps de rentrer. Mais, dans la cour où l'obscurité est tombée d'un coup, l'un des saisonniers s'amuse avec Catherine, tourne autour d'elle avec sa brouette tandis que les autres hommes rient, l'encouragent, s'amusant certainement de sa détresse. C'est lorsque les hommes repartent qui vers le hangar, qui vers la remise, qu'elle remarque, en scrutant la cour, que Sylvie n'est plus là...



Une petite fille qui disparaît soudainement, introuvable malgré les recherches des villageois, des ouvriers et finalement c'est une demande de rançon, adressée à Augustin Demest, autrement dit Monsieur, qui signifiera à la gendarmerie que le ou les kidnappeurs semblent sérieux. Monsieur a de l'argent et de quoi payer bien-sûr, connaît tout le monde, emploie, grâce à ses champs de betteraves, une bonne partie du village. Mais Monsieur a, semble-t-il, des ennemis, même s'il peine à le concevoir, parce que Monsieur règne en maître, pour ne pas dire en despote. Pour aider les gendarmes, deux policiers venus de Paris, Dassieux et Sautet, vont mener leur enquête et vont vite se rendre compte des secrets et des non-dits qui planent sur le village et le Domaine. C'est dans une ambiance lourde, poisseuse, glaciale, parfois figée dans la boue ou la neige que Louise Mey délie peu à peu les langues. Et c'est cette atmosphère d'un autre temps qui prévaut dans ce roman, avec ces policiers à l'ancienne tout droits sortis d'un Simenon, avec cette neige qui accentue le silence, avec cette gadoue qui enlise et salit, avec ce Monsieur et ses journaliers qu'il considère comme des serfs. L'enquête, en elle-même, réserve quelques surprises.

Un roman policier intrigant et bien mené...
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La deuxième femme

Voir une menace qu'un autre ne voit pas est un des ressorts les plus efficaces que je connaisse pour faire monter l'adrenaline!



Un exemple? Allons-y pour une bonne régression !



 Quand Guignol  dit "ça va , les enfants? On n'est pas bien, là,  tranquilles? Pas de garde-champêtre en vue! Je vais pouvoir manger mes pommes!" , alors que ledit garde-champêtre taquine joyeusement sa matraque juste  derrière lui : rien de mieux pour soulever les hurlements épouvantés des mômes: -"Attention, Guignol! Il est lààà, derrière toi! "

Et cet abruti de Guignol: - Quoi? Les enfants? Je comprends rien à ce que vous dites. Devant moi? mes pommes?"

- Nooon derrière! Derrière !

- Ah oui, je vais le poser, mon derrière,  vous avez raison! C'est mieux de s'asseoir pour manger ces bonnes pommes!"



Etc...etc...



Eh bien La deuxième femme c'est exactement ça !  On a envie de  hurler à Sandrine, la narratrice, une tonne de mises en garde, mais elle n'entend pas, elle ne comprend pas, et elle ne peut pas comprendre : elle ne veut pas.



D'autres ont bien mieux que moi  évoqué l'intrigue, le thème -d'une brûlante actualité- des violences faites aux femmes, le piège de l'isolement, de l'enfance humiliée , du manque de confiance en soi qui vous musèle à  vie, vous mine et vous fait prendre la moindre attention pour une preuve d'amour.



 Moi je dirai seulement : "Femmes, méfiez-vous de l'homme-qui- pleure-devant-les caméras! Pensez à Jonathan Daval qui pleurait si bien sa joggeuse disparue et l'avait carbonisée dans un coin de forêt . L'homme-qui-pleure a plus d'une larme dans son sac. Il pleure à  volonté quand sa proie lui échappe. Pour l'attendrir. La reprendre en mains. Mais il recommencera très vite les hostilités,  les perfidies, les humiliations. Femmes, attention! Il affûte ses griffes, il aiguise ses crocs..Attention !!il  est juste derrière vous! "



"- Mais non, il souffre, il pleure, il m'aime. Il n'y a que moi qui puisse le sauver.."



Juste derrière,  on vous dit...



Un thriller terrifiant d'efficacité et de justesse, lu d'une traite, pour commencer mes vacances. Idéal pour repartir d'un bon pied.



Le pire est vraiment.. derrière nous, après cette lecture!



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Petite Sale

Elle s'appelle Catherine, elle est bonne à tout faire dans une exploitation du nord de la France. La première fois qu'elle l'a vue, sa patronne a décidé que Catherine n'était pas assez présentable pour servir à table : "Elle fait sale, cette petite"... Imaginez la claque, la honte, l'humiliation...

Alors Catherine se fera toute petite, (transparente si elle pouvait ), elle baissera les yeux, c'est que voyez-vous, elle a besoin d'argent. Là où elle habite , à part travailler pour monsieur Demest, il n'y a rien d'autre. Véritable seigneur de son domaine (qui n'est qu'une immense exploitation de betteraves), notable influent dans la région, il possède 500 hectares et quand sa petite-fille de quatre ans est enlevée, qu'une rançon est demandée, c'est tout une "petite armée" qui se met au service de l'enquête, gendarmes et policiers.



Et nous lecteurs, nous suivrons le plus souvent, le duo de policiers ( le vieux à la moustache fatiguée, pèpère et philosophe, proche de la retraite, et le jeune plus fringuant, fonceur) envoyés de Paris, qui découvrent la région, le domaine, la famille, qui déroule les événements, depuis que la petite Sylvie a échappé à la vigilance de Catherine. Catherine qui , comme les autres, ne parle pas. Trop peur de se faire renvoyer, trop peur de Monsieur ...



On est en Février 1969, et nos flics dorment à l'hôtel-restaurant du village. Il fait un froid de canard dans leurs chambres, l'unique salle de bain est au rez-de chaussée, tout comme l'unique téléphone à pièces , ce qui est parfait pour les oreilles qui trainent. On est en 1969, mais dans cet endroit, c'est comme si notre duo avait fait un bond de trente ans en arrière au niveau des mentalité. Le jeune policier râle, mais il veut du fond de ses tripes retrouver la petite. Il voudrait que cette enquête soit bouclée au plus vite, rapport au froid, à la boue, au mutisme des gens, au journaliste qui les dérange un peu, et surtout il voudrait retrouver sa Claudia, celle qui illumine ses journées, celle qu'il traite d'égal à égale, pas comme d'autres hommes qui habitent ce coin perdu





Ce roman est , en dehors de l'enquête, un roman sur les oppositions, sur les contrastes : une France qui, peu à peu disparaîtra engloutie par les années 60, la ruralité par rapport à la France citadine, des classes sociales différentes , hommes forts/faibles femmes, jeunesse/ vieillesse, boue/ soleil, chaleur/ froid, gentillesse / froideur ou mépris de classe...



Lorsque le roman commence , j'ai pensé à " L'Analphabéte" de Ruth Rendell (devenu La Cérémonie au cinéma avec Claude Chabrol), dans la façon qu'a Louise Mey de décrire sa Catherine. Puis, avec l'arrivée des policiers parisiens, j'ai pensé au commissaire Maigret , car tous les soirs ,ils rentrent à leur hôtel et dînent (tard ) dans la salle commune de plats bien français et roboratifs...

Et puis j'ai pensé à l'avant dernier roman de l'auteure, l'excellent "La deuxième femme" qui parlait de la cause des femmes. Louise Mey continue à parler des femmes, les riches, les pauvres, les petites sales avec beaucoup d'intensité. Formidablement bien écrit , on sent la boue, on sent la petite ville de province , on sent la domination, on sent le travail de fourmi des policiers et gendarmes, on sent le froid, l'inconfort, et puis on sent ( pour certains ) la lumière au bout du tunnel. La fin est légérement malicieuse...





Louise Mey est une grande de la littérature française, lisez aussi " Deuxième femme", un chef d'oeuvre, ni plus, ni moins !















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Embruns

Est-ce que les dernières pages d'un livre peuvent rattraper une lecture laborieuse ?

Malheureusement non. Si la révélation finale est une bonne idée en soi ( bien que déjà lu ), quel effort pour y arriver !

Très vite tu comprends que la famille surparfaite, tellement caricaturale entre ces pulls en cachemire sur les épaules et ses repas aux graines bobo, n'est pas aussi clean que cela, tu espères fortement que ton intuition ne t'a pas trompée car t'as envie de les tarter, les quatre ! T'espères aussi que les " bouseux " ( décrits comme tels ) sont moins " cons " qu'ils n'y paraissent.

Sauf que ces tergiversations durent plus de trois quart du bouquin et se déploient dans une écriture poussive écrite à la va-vite consommable.

Sauf je me suis terriblement ennuyée, que j'ai tourné les pages en mode pilotage automatique. Heureusement, quelques pointes d'humour 3ème degré m'ont sortie de ma torpeur.

Sauf que j'ai eu l'électrocardiogramme à plat, pas la moindre palpitation, aucune tension généré alors que je ne t'attendais que cela , le comble du thriller !

Sauf que je n'ai pas cru un chouïa à la révélation de fin, presque grotesque et invraisemblable ( et je n'ai rien contre un poil d'invraisemblance, quand c'est bien amené, je croirai à n'importe quoi comme chez Grangé )

Bref , je suis complètement passée à côté de ce livre.



Lu dans le cadre du jury Prix Nouvelles voix du polar Pocket 2018
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Embruns

Avec un titre pareil, ne croyez pas vous embarquer pour un SPA, non… ça sera plutôt l'essoreuse de la machine à laver ( plusieurs cycles prévus ).

Impossible de deviner la fin quand on démarre cette histoire , et au moins trois changements de direction à prévoir… L'auteur vous attrape , vous malmène et vous déposera hagards (mais ravis) sur le rivage , qui sent bon les embruns, vu qu'on est en Bretagne…



La famille Moreau a prévu un WE du 14 Juillet aux petits oignons, un séjour sur une petite île bretonne; l'occasion pour eux de se détendre , de respirer le bon air iodé, et de profiter les uns des autres.

La famille Moreau , c'est un peu la famille qui énerve, un peu trop parfaite. le père, Chris, dirige un journal, La mère , Béa, est architecte ; ils s'aiment d'un amour inconditionnel, et leurs rejetons les adorent également et les vénèrent . Marion (16 ans) et Bastien (20) sont pratiquement des extra terrestres, puisqu' ils sont ENCHANTES de partager un WE entier , sur une île où forcément leurs portables capteront mal, et où les distractions seront assez limitées. Et ça s'extasie de manger des patates bio, et ça se moque des bouseux du coin , et ça se sent supérieur…

Oui vraiment , la famille Moreau , de prime abord , n'est pas totalement sympathique.

Mais leur séjour débute bien, la maison est jolie, le paysage conforme aux cartes postales. Oui, vraiment , la famille parfaite se fond dans le paysage , jusqu'à ce qu'ils rentrent d'une ballade , et que la fille (restée dans la maison de location ) , se soit volatilisée. Et là, il va falloir faire appel aux ploucs du coin pour la retrouver …



Les îles, pour un auteur de romans policiers, constituent des "terrains de jeux" attractifs. Les habitants sont en quelque sorte coupés du monde, la mer peut être hostile, les cachettes nombreuses, les portables ne pas capter, les voitures y sont rares. Impression de tourner en rond, aucune ouverture sur le monde en dehors de l'eau, les habitants y sont en général peu nombreux et se connaissent tous… Oui, vraiment ces lieux peuvent être propices à la claustrophobie, à la paranoïa et Louise Mey en joue à la perfection. Les éléments sont hostiles aux personnages: l'eau , la pluie, le vent, le froid , les buissons qui griffent…

Louise Mey ne fait pas la joie de l'office de tourisme de la Bretagne , mais Louise Mey sait se servir d'un décor..

Oui, vraiment , les îles constituent un merveilleux terrain de jeu pour un écrivain et on pensera très fort aux "Les Dix petits nègres" d'Agatha Christie…

Tension, suspens, et rythme nerveux. J'ai adoré être malmenée, surprise, stressée par ce WE breton ( non approuvé par l'office de tourisme !).

Louise Mey , auteure à suivre …





Challenge Mauvais Genres2018/19.
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La deuxième femme

Sandrine est "une grosse vache, grosse, grosse moche, tête de conne...". Du moins le pensait-elle avant de découvrir l'amour auprès d'un homme. Un homme, l'homme qui pleure parce que sa première femme a disparu, M. Langlois qui a un fils, Mathias, un petit garçon.

Un nouvel équilibre s'est installé, mais parfois, Sandrine se regarde dans le miroir et se trouve encore "grosse, moche et conne..."

Un jour, Caroline, la première femme, réapparaît, partiellement amnésique. Et Sandrine découvre qu'elle aussi peut être enceinte...



Un roman noir qui traite d'un sujet grave, connu depuis longtemps mais nié tout autant. L'autrice à choisi de donner une fin heureuse à son intrigue. Dans la vraie vie, entre détresses cachées, séquelles graves et parfois, trop souvent, morts violentes, le dénouement est généralement plus dramatique.

Louise Mey a mis beaucoup de distance entre elle et ses personnages, donc entre eux et les lecteurs. La narration semble souvent détachée du réel. L'histoire de Sandrine est contée avec trop de recul... Je me suis senti parfois mal à l'aise, pas réellement impliqué dans le récit. de cette femme qui s'observe sans se voir telle qu'elle est, ne retenant que les défauts qu'on lui prête.

Il faut reconnaître que le sujet n'est pas facile à traiter. Louise Mey a eu le mérite de se confronter à cette difficulté. L'écriture est accessible à tous. La narration est parfois un peu lente, manquant de rythme ; n'en attendez pas une lecture addictive.

Ce livre fait cependant œuvre utile un mettant au cœur de l'intrigue un sujet trop souvent occulté.
Lien : http://michelgiraud.fr/2023/..
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Petite Sale

Le titre interpelle, évidemment. On a envie de savoir qui se cache derrière cette dénomination méprisante. Ayant lu et apprécié " La deuxième femme" de l'auteure, je me doutais qu'un personnage féminin serait au centre de ce roman noir.



Et pourtant, elles comptent si peu, les femmes, dans ce village de l'Aisne, en 1969! C'est le maître du Domaine, Demest, qui régente tout et croit encore avoir aussi le droit de cuissage sur ses employées. Petit à petit, après avoir épousé une héritière qu'il dédaigne, il a racheté toutes les terres autour, les gens dépendent de lui, car il leur donne du travail. La betterave l'a enrichi. On se croirait dans une nouvelle de Maupassant...



Mais voilà : on a enlevé sa petite-fille, Sylvie! Il l'aime, mais pas autant que son argent, et on ose lui réclamer une rançon. Une enquête commence. Je n'en dirai pas plus.



Ah, cette " petite sale", déjà saisissante, à travers son point de vue donné tout au début du livre, laissant transparaître une intelligence et un sentiment de haine fulgurants, comme elle trompe son monde! Subtilement, le point de vue devient ensuite celui d'un jeune policier, qui donnera un autre éclairage à l'histoire.



Voilà un livre captivant, et pourtant le déroulement des événements traîne, l'enquête piétine. L'aspect policier n'est ici qu'un prétexte à une étude sociale précise et passionnante. L'analyse des personnages est fine et montre leur complexité. La construction de l'intrigue est habile. Et l'atmosphère hivernale oppressante de ce décor rural bien rendue. Un coup de coeur pour moi! J'ai beaucoup aimé la fin, revanche contre le patriarcat...







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Petite Sale

« Petite sale », c'est un titre, c'est ensuite une quatrième de couverture, mais c'est surtout une intrigue époustouflante à l'ambiance délétère.Le voyage ne sera pas une sinécure, bien au contraire, mais il sera à la hauteur d'une atmosphère glauque et poisseuse.« Petite sale », c'est un environnement, des mots qui s'imbriquent pour nous embarquer pendant une dizaine de jours, dans un petit village français à l'aune de mai 68, mais où le temps semble s'être figé dans la féodalité qui n'a plus court. Un village figé dans le temps, enlisé dans sa turpitude à l'image de cette neige, cette froidure hivernale qui glace même les plus chaleureux. La neige glaciale comme l'accueil des villageois empêtrés dans le silence, conscients d'une normalité tronquée, mais dont ils sont consentants, par peur de se voir exclus, renvoyés de leur travail, voir pire. Tout le monde nage dans un brouillard chargé de secrets, de regrets. C'est tout le poids des non-dits et de l'absence de communication profondément enracinés dans cette terre.La servitude est toujours d'actualité et malgré la fatigue des corps, la révolte sourde, les langues restent muettes comme ligotées par les liens sacrés du servage. Ces liens invisibles entre les vassaux et le seigneur sont tenaces en cette année 69, même au sein de la famille.Au-delà de ces liens figés, ahurissants, ce monde rural vient se télescoper avec les années 70 et les évolutions que nous percevons. C'est une intrigue entre deux mondes, un roman rural bien noir comme je les aime et où l'odeur de la terre, se retrouve dans les bars enfumés, les blousons noirs et le « ptit » ballon de rouge.Le temps s'étire sur une dizaine de jours, au fil de l'enquête sur l'enlèvement de la petite fille du seigneur local, et des révélations. Les langues se délient peu à peu, et le final nous plonge dans une réflexion dénouant tous les fils de l'intrigue.Sans violence, sans cris, sans un mot plus que haut, Louise Mey tisse une intrigue magistralement construite. Avec en toile de fond, la dénonciation du patriarcat, elle fait le parallèle avec la société en pleine mutation et la place de la femme figée dans le temps.Tout évolue, à un rythme effréné, pourtant, la place de la femme, le regard que les hommes posent sur elle ne change pas. C'est aussi un parallèle très intéressant avec notre société actuelle en pleine mutation, où la femme doit encore se battre pour ses droits, dans certains pays, mais aussi pour la reconnaissance de ses capacités au même titre que les hommes, dans notre pays.Chaque mot, chaque phrase, chaque arc narratif trouve son écho dans un personnage, dans une temporalité.Cerise sur le gâteau, l'enquête policière et les policiers à l'ancienne avec ce duo entre Maigret et commissaire Moulin. Entre la fin d'un temps et la naissance d'un nouveau. Encore une fois, on retrouve cette double temporalité entre les personnages. Deux flics parisiens : Gabriel, sous les ordres de son supérieur Dassieux, vont déterrer les secrets et enfin découvrir qui est à l'origine de cet enlèvement, le tout avec patience, sans artifice et avec grandeur d'âme. On voit nettement la différence de caractère entre les deux, l'un calme, analyse et prend le temps de poser les choses, l'autre, jeune, fougueux et au tempérament colérique. Les deux s'opposent mais se complètent, l'un laisse la place à la relève, au renouveau, au changement… C'est toute l'histoire de ce livre…Louise Mey reconstitue un microcosme mondial au sein de ce village en pleine déroute, qui va venir se fracasser conte le mur de la modernité, du changement et de l'évolution des moeurs, où même la météo devient un personnage à part entière aussi glaçant que ces hommes et ces femmes.
Lien : https://julitlesmots.com/202..
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La deuxième femme

Un roman noir que l'on quitte le coeur affolé, le corps tendu...



Dans cette histoire écrite à la troisième personne, ce qui pourrait créer une distanciation, le lecteur est pourtant tout de suite en empathie avec Sandrine. Et la focalisation interne , qui durera tout le long du roman, est si habilement construite que peu à peu, on vit les émotions, les pensées contradictoires de Sandrine, on fait corps avec elle.



Ah, ce corps qu'elle rejette, qui la dégoûte! Ce corps qu'elle martyrise, pour se punir de sa mollesse, de sa graisse. Ce corps qu'un jour, après la disparition de sa première femme, "l'homme qui pleure " dont elle aime déjà le petit garçon, semble apprécier quand même, ce corps qu'il fera souffrir, devenu le dément Monsieur Langlois.



Dichotomie dans l'esprit de Sandrine, qui vit l'impensable comme si elle observait une autre qu'elle. Dichotomie du pervers narcissique, tour à tour suppliant et menaçant, doux et violent. De plus en plus violent quand sa première femme ressuscitée contrarie tous ses plans...



On suit le calvaire de Sandrine en direct, et l'auteure sait remarquablement nous impliquer, nous faire comprendre les remous intérieurs, complexes, l'emprise implacable, et on se demande quand cette situation horrible va cesser. On lui crie de fuir, mais elle ne veut pas nous entendre!



Les corps et les coeurs sont marqués à vie par cet enfer. Même s'ils en réchappent. Un livre dur mais utile, criant de vérité.



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Petite Sale

REMARQUABLE !

Je découvre avec Petite Sale la plume de Louise Mey et je suis subjuguée ..

Février 1969, nous découvrons avec les yeux de Catherine la ferme. Oh pardon l'exploitation agricole comme aime le dire et répéter Monsieur. Monsieur est riche, très riche, Monsieur a racheté toutes les terres autour et régit à présent un Domaine! Il emploie près de la moitié des hommes du village , est ami avec les huiles de la région, et aime se faire obéir au doigt et à l'oeil , et quand je dis obéir .. certaines demoiselles en savent quelque chose !.

Catherine n'aime pas Monsieur, Catherine reconnait même qu'elle le hait mais bon elle a besoin de sa paie ...

Catherine c'est celle que l'on ne voit pas, qui sait se faire invisible, toujours en train de travailler, de porter les plateaux du repas aux ouvriers ou aller vider les seaux ..; Catherine c'est la Petite Sale même si elle est toujours propre sur elle mais elle est pauvre donc ..

Et puis un soir, Sylvie, la petite fille de Monsieur est enlevée, Catherine n'a rien vu , n'a rien pu faire. La demande de rançon arrive et les flics parisiens viennent épauler les gendarmes... Voilà vous n'en saurez pas plus mais les jours vont s'égrainer , l'enquête n'avance pas,..

Encore une histoire d'enlèvement me direz-vous ! Oui bien sûr mais est-ce vraiment là le sujet de ce roman? Classé policier il me semble être surtout un roman sur un monde rural des années 70, un monde où un homme règne en despote sur ses sujets avec un droit de toute puissance que lui confère sa fortune, le droit de virer celui qui ne convient pas , peu importe la qualité de son travail si ses idées ne sont pas adéquates, le droit de faire de ses enfants des pions , des esclaves, le droit de cuissage sur les femmes de la maisonnée ou d'ailleurs. Monsieur aime ordonner, être obéi, tout doit être fait selon son bon plaisir...

Louise Mey reconstitue magistralement l'ambiance pesante, glaçante au sens propre et figuré. Les enquêteurs, flics ou gendarmes , sont plus vrais que nature, les autochtones tous taiseux vont finir par laisser filtrer certains ragots pas jolis jolis, et Sylvie est toujours introuvable..

Un roman à découvrir bien sûr.

Un grand merci aux éditionsJ.C Lattès le Masque via Netgalley pour ce partage

#PetiteSale #NetGalleyFrance !



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La deuxième femme

Sandrine a une très haute opinion d'elle-même. Jugez plutôt, à partir de cet autoportrait :

« Pathétique, pitoyable (...) Grosse conne, pauvre conne, pauvre moche, pauvre conne, grosse conne. »

Grâce à qui, une telle confiance en soi, depuis toujours ? A son père, sale connard abruti et accessoirement violent. Et à la mère, forcément, complice muette et guère plus subtile.

Sandrine ne s'est sentie aimée que par sa 'mamie en miel' et par deux copines d'école ; ça remonte à loin, elle était enfant.

Son expérience des hommes s'est limitée à quelques petits coups d'un soir, et l'une s'est conclue piteusement ainsi : « L'un avait fini par avouer qu'il ne la présentait pas à ses amis parce qu'elle n'était pas son genre et que son genre c'était les femmes belles. »

Tous les contacts humains deviennent compliqués lorsqu'on vous renvoie une telle image. Vous partez perdant, forcément, et rares sont les bonnes âmes qui persistent à tendre la main à ceux qui déclinent systématiquement les invitations parce qu'ils sont trop nuls, sans intérêt, qu'ils ne servent à rien, etc.

Bref, quand Sandrine trouve "l'homme qui pleure", l'aime, qu'il l'invite à s'installer dans sa maison - où il vit avec son fils de 5-6 ans - la jeune femme se sent enfin exister, enfin aimée.

Mais la première épouse, portée disparue depuis quelques mois, reparaît. Que va devenir Sandrine ? Va-t-elle devoir s'effacer, quitter ce foyer, 'son' homme et ce petit garçon qu'elle aime tant.

.

J'imaginais un 'duel' entre les deux femmes.

Jusqu'à ce que je tombe sur un 'mot clef' lié à cet ouvrage, sur Babelio. Dommage pour la surprise, car j'aurais aimé suivre le rythme de l'auteur dans cette descente,

.

Le processus est très finement décrit, et les personnages semblent plus vrais que nature. L'enfant, ses postures et ses dessins ; Sandrine, sa douceur, sa générosité, ses comportements auto-destructeurs, ses doutes, sa force... et les autres, je vous laisse découvrir.

L'un d'eux m'a rappelé un collègue et un oncle...

.

Merci beaucoup à Iris & Judith qui m'ont vivement conseillé cette lecture.

J'avais black-listé l'auteur suite à 'Embruns', finalement lu jusqu'au bout, mais je n'avais pas complété le billet, tant l'intrigue & les dénouements m'avaient paru improbables et torchés, calqués à la va-vite sur un 'Club des Cinq'.



Pour en revenir à 'La deuxième femme', ces mots si justes de Juliette Arnaud : « Ce roman n'est jamais paresseux. Pourtant il est audacieux, il est même acrobatique. Comme un vrai bon polar, il n'ôte nos bandeaux devant les yeux que lorsqu'il le veut, à une allure millimétrée par l'écrivaine. (...) le respect est absolu pour l'intelligence du lecteur. »



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• intégralité de la chronique de Juliette Arnaud sur cet ouvrage :

https://www.youtube.com/watch?v=SvGgmTku90Y
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La deuxième femme

Un ouvrage que Babelio cite comme genres : harcèlement, menace, violence conjugale, etc.

Des mots que l'on entend malheureusement encore trop souvent aujourd'hui...



Ici dans ce livre, les dialogues ne sont pas distincts, cela a été un chouilla compliqué pour différencier le texte de narration à celui des différents personnages. Les pages sont très remplies et compactes.

Bon, là, je fais du chipotage me diriez-vous... mais c'est une chose qui m'a perturbé lors de la lecture, mais dont on s'habitue au cours de la lecture.



Aussi, j'ai mis un certain nombre de pages avant d'être happé par l'histoire, car le début est selon moi un peu trop long au démarrage... Disons que c'est tiré en longueur.

Mais une fois lancé, le livre devient impossible à lâcher...



Pour ce qui est du sujet principal du livre. Dont l'auteure Louise Mey clôture l'ouvrage avec des vrais chiffres qui vous glace le sang... Ici, on parle de violence conjugale.



A savoir, qu'une violence conjugale peut être psychique, sexuelle et physique.

Ça peut aussi être une prison dorée dont les bourreaux savent garder prisonniers leurs victimes.



Grâce à ce livre, nous pouvons "voir" ce qu'il se passe entre les murs de cette maison, ce cercle vicieux s'élargissant de plus en plus dont il est extrêmement difficile d'en sortir. Car l'espoir du changement est plus fort. On s'accroche aux minis doses d'amour données comme des miettes que l'on jette à des oiseaux. Suffisant, même rassasiant pour que le calme se réinstalle dans l'attente de la prochaine tempête.



L'auteure, Louise Mey, arrive à nous faire comprendre que cette complexité psychologique peut mener à une attitude incertaine et contradictoire.



À travers Sandrine, un personnage qui a la base manque de confiance, avec une voix intérieure se répétant sans cesse « Grosse vache, grosse conne, grosse moche » on s'aperçoit que le manque de confiance et d'estime peut être illimité la conduisant vers une descente aux enfers...



Un grand bravo à cette auteure qui met en avant ce problème de société pour lequel cela peut arriver à n'importe qui. (À ne pas oublier, c'est qu'à partir des années 80/90 qu'une évolution législative s'est fait ressentir en France).



Sandrine, ça peut être notre sœur, notre voisine, notre amie, ça peut être la boulangère du coin qui vous sourit en vous souhaitant une belle journée. Ça peut être vous... Ou moi...



C'est aussi aux personnes extérieures qui ne doivent pas hésiter à être vigilant pour ceux qui nous entourent et surtout, lancer l'alerte en cas de nécessité.



Lisez-le. Partagez-le.



C'est un ouvrage bouleversant, poignant, oppressant,... Le sujet est très bien maîtrisé par cette auteure, féministe, questionnant dans ses romans noirs les rapports des femmes avec leur corps et leur environnement et décortiquant les mécanismes de la violence... C'est une sacrée grosse claque que l'on se prend, dont nous n'en sortons pas indemnes.

Bien que le mot claque prend un tout autre sens ici...
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