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3.6/5 (sur 43 notes)

Nationalité : Maurice
Né(e) à : Rose Hill île Maurice , le 31/12/1915
Mort(e) le : 24/10/1969
Biographie :

Loys Masson est un poète et romancier mauricien. Il est le frère du peintre Hervé Masson.

Loys Masson naît le 31 décembre 1915 à Rose Hill à l'île Maurice où son père, d'origine française et sujet de l'Empire britannique est avoué. Peseur de canne à sucre, employé de banque, il découvre la poésie anglaise puis la poésie française, commence lui-même à écrire, reçoit en 1934 un prix de poésie et publie en 1937 un premier recueil.
Loys Masson arrive à Marseille le 29 août 1939. Souhaitant s'engager, les Anglais et les Français le lui refusant, il rejoint la Légion étrangère, est affecté au camp de Sathonay, près de Lyon, mais est réformé en mars 1940. De retour à Paris, il se réfugie lors de l'exode à Tours où il rencontre Paula Slaweska, correspondante d'une de ses sœurs, avec qui il se fiance en juillet. Du fait de son état de sujet de l'Empire britannique, il se trouve dans l'illégalité et entre dans la clandestinité dès l'armistice, franchissant la ligne de démarcation et faisant à pied la route entre Loches et Clermont-Ferrand, poursuivant sur Vichy et Lyon où il aide Emmanuel Mounier dans la rédaction de la revue « Esprit ». Il rend visite à Pierre Seghers, qui a déjà publié de ses poèmes, et devient secrétaire de rédaction de sa revue « Poésie 41 » à Villeneuve-lès-Avignon. Traqué par les nazis, pour échapper à l'arrestation il se réfugie en mai 1943, jusqu'à la Libération, avec sa femme, dans un château abandonné près de Thilouze en Touraine. Il accomplit alors plusieurs missions pour le Front national de libération . Il adhère en 1942 au Parti communiste, ne jugeant pas cet engagement incompatible avec sa foi chrétienne.
Loys Masson est en 1945 nommé secrétaire général du Comité National des Ecrivains (CNE). Il accompagne alors, dans les services d'information, l'armée de De Lattre de Tassigny jusqu'à Rastatt et Baden-Baden. Rentré à Paris, il est en 1945 secrétaire général puis en 1946 rédacteur en chef des « Lettres françaises ». Opposé à Aragon il abandonne toute activité journalistique, se tourne vers le roman et le théâtre mais continue à donner à la radio, puis à la télévision, des émissions littéraires et dramatiques. Ses « romans marins » évoquent régulièrement les mers du Sud, l'océan Indien pour Les Tortues (1956), l'Île Maurice pour Le Notaire des Noirs (1961).
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Source : Wikipédia
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Les Tortues de Loys Masson, réédité par L'Arbre vengeur dans la collection L'Alambic avec une préface d'Eric Dussert.

Citations et extraits (40) Voir plus Ajouter une citation
Une épouvantable misère succéda aux cyclones. Ceux de ma génération s'en souviennent encore. Toute l'île baignait dans la faim. Que de longs regards sur les chemins ! Des couteaux ! et qui vous suivaient, qui pointaient vers vos omoplates ou venaient au-devant de vous à hauteur d'estomac — tous ces gens, tous ces estomacs qui vous haïssaient d'avoir mangé. Je revois les cortèges de chômeurs allant de porte en porte, ne sachant même plus mendier, à la fois menaçants et peureux ; celui-là notamment où les hommes portaient en guise de bannière le sari jaune d'or d'une Malabaraise attaché à une gaule de bambou. Ils criaient que ses jumeaux étaient morts de privation et que Dieu les mutliplierait par cent mille dans la vengeance et comme chacun j'appréhendais l'émeute, tout en me prouvant que ces malheureux étaient trop faibles pour tenter quoique ce fût. De temps à autre la femme elle-même prenait la tête de la procession, demi-nue, ses seins flasques lui pendant presque sur le ventre, hurlant et invectivant, par moments se roulant dans la poussière — hystérique — jusqu'à ce que les policiers la ramènent à la raison à coups de gourdins et de ceinturons, bien plus pour l'obscénité de son attitude que pour le reste. Alors elle avait de rauques plaintes, un peu comme les appels d'un oiseau de mer à l'époque de la pariade.
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                  POÈME MALADROIT

  Extrait 1

  J'AVAIS porté pour accueillir dans ma maison cet enfant nou-
veau venu une brassée de lilas
  Sauras-tu jamais, petite chair, sauras-tu combien je t'ai aimée ?
  Là-bas en prison de meulière vieille la liberté pourrissait
  et les pontifes des peuples aux doigts bagués de gâchettes dis-
tribuaient l'hostie au goût de charançon la mort
  On faisait sous les ailes de l'Ordre exploser la bombe-préfigu-
ration dans le Nevada, cent mille oiseaux inverses une babylone
suspendue de tombes.
  Tu étais plus fort qu'eux dans ta faiblesse ; plus fort dans ta
fragilité évasive de lilas et je t'aimais.

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BLEU, PREMIER JUGE


BLEU, tribu unique.

  Constamment en route vers les miroirs naturels de verre et
d'eau, rond, républicain, débonnaire en famille jusqu'au rire
grossier, hautain en assemblée, par exemple lorsqu'il se penche
par-dessus l'épaule d'un vert — protecteur quand un jaune lui
demande la clef de l'éblouissement et tressaille par trois fois,
long phare sur la plus mince des jetées — toujours tenant en
réserve un blanc effilé comme un couteau, un or qui est la vi-
bration éperdue de deux roues dentelées — banal dans son
énorme odeur de végétation — adhérant indifféremment à tel ou
tel cadre alors que les autres couleurs s'approchent et tâtent
avant de se fixer — parfaitement amphibie — parfaitement
aérien — joueur dans ses rebonds, grave et pompeux dans son
centre, cristallin par protestation dès qu'il entre en société du
noir — ruant comme un cheval caparaçonné, jurant en rouge, en
mauve — économe de ses gestes — maraudeur par le regard —
pleins de signes de croix inachevés — plein de belettes, de taupes
enfouies, de renards éventails, de bons épagneuls au grogne-
ment mouillé — toujours vous assermentant, car on ne ment
qu'au vert — tête à la fois de juré, de prêtre, de pugiliste, de
médecin.
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Thomas Wilson fit avaler à sa jument du bleu de méthylène contre la boiterie et il s’enfonça à travers les espaces. Dans sa poche droite, il avait un revolver d’argent et dans la gauche une machine pour charmer les cyclones. Dans ses fontes étaient divers talismans, un remède contre la phtisie astrale, des pilules de longue vie, ainsi qu’un puissant aphrodisiaque lui permettant de satisfaire les déesses rencontrées qui sans cela lui auraient fait mauvais accueil... Il emportait également le crâne d’Endymion, retenu à sa selle par un cordon de soie.
Thomas Wilson chevaucha trente ans. Il alla sur terre et dessous, dans l’air et jusqu’au fond de cette caverne mystérieuse qui ouvre les aisselles de l’air, patrie de démons manieurs d’éclipses. Le crâne d’Endymion lui servait de boussole, les deux yeux fixant l’ouest obstinément; la lune au soir jaillissait comme une explosion blanche et dans le crâne un orgue lointain se mettait à jouer. Alors Thomas Wilson s’arrêtait et buvait à sa grande gourde.
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Quatre ou cinq déceptions et l'enfance vous quitte avec toutes ses lumières et on ne la regagne jamais. On est de petits hommes avant l'âge, on charge sa croix, on trouve tout prêts le manteau et les clous et l'éponge imbibée de vinaigre...
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   Je ne suis pas grand-chose, mais tout
de même  ceci :  l'ambassadeur  d'une
énorme liberté, celle des hommes qui ne
l'ont pas encore trouvée, et c'est  en son
nom que je voudrais être à l'origine d'une
sortie victorieuse des forces d'insolence.
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C'était une danse de son pays et il l'avait rebaptisée la danse de l'or. Il la dansait nu comme un ver, s'accompagnant d'un long chant rauque dans le dialecte de Goa. Il tournait, tournait jusqu'à tomber en hurlant un hurlement étranglé, menaçant à force de puissance. Le soleil le piquetait d'or, c'était vrai. Chaque goutte de sueur étincelait sur ce noir profond aux richesses d'écrin. On donnait la mesure en claquant des mains, en tapant des pieds. L'esprit de la danse finissait par nous envahir en nous-mêmes.
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Et puis un visage noir, un visage de vrai nègre est toujours plus rassurant qu'un autre. Il y a ce dessin ouvert des lèvres, offert à quelque chose de béat peut-être mais d'activement amical, cette bonté qui habite le front et le nez. Il y a aussi quelque chose d'enfantin, même dans les très vieux noirs ; et l'enfant est confiance plus que fragilité. Un visage blanc - je ne dis pas le mien, ce miroir éclaté - votre visage dans une glace ou celui de votre voisin, détaillez-le : quoi que vous prétendiez ou qu'il prétende, il est voué à l'inquiétude. N'est-ce pas la nuance qui le veut, ce blanc faux qui est la pauvreté et la mort d'une couleur ? Race suspecte se prétendant reine ! Je n'ai jamais conçu Orphée de la légende que noir d'ébène - que sonore et que net. c'est un noir qui se concilie les bêtes, fait se pencher en alliés, en amants, les arbres et les roseaux, dompte la musique, echante le silence, guérit. Le blanc c'est Adam de l'Eden ; il pèche, il se damne. Vivant, il est déjà comme mort ; il a la teinte de la mort. Il vogue et va dans la couleur négative... Maccaïbo comme tant d'autres de sa race était un homme sur le chemin du retour au Paradis Perdu. Je le haïssais pour sa brutalité ; je l'aimais pour sa géante innocence.
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              COMPLIES


  Extrait 2

  Il n'est pas un arbre de ce printemps qui n'ait le tronc pris
d'une chaîne
  les fers d'un esclave qu'il rejoint dans l'humus père des révol-
tes ;
  Debout il entonne sa floraison comme un hymne au sang versé
de l'homme
  et ses branches sont des arcs bandés vers les portes des bas-
tilles.
  Il n'est pas un châtaignier qui ne sente durcir comme des
balles ses châtaignes prochaines
  balles contre les balles qui couchèrent à son ombre les fusillés
  Il n'est pas une mousse qui ne suppure, il n'est pas une
verveine
  mon Dieu il n'est pas une fragile centaurée
  Il n'est pas un jardin qui ne soit un drap de colère
  soulevé sur le souffle égal des grands morts,
  il n'est pas une mouette il n'est pas un goéland sur la mer
que ne rougisse la liberté.

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Mais la tortue ? Serpent qui se cache d'être serpent. Diable sous masque de mendicité. Faux Job. Sisyphe pire, qui transporte son rocher et qui est son rocher. L'incarcéré qui est le prisonnier et la geôle. Et qu'est-ce que ces profondes commissures de sa gueule sinon le rictus de la cruauté calme ? Les plissures des paupières ! des yeux qui semblent avoir regardé déjà, avoir déjà vu avant le Temps. Ces chocs sonores des carapaces dans l'accouplement - mariage de deux pierres livrant une semence de pierre, le démoniaque suintement des traînassements futurs. Ces grognements alors, ces cris étouffés, presque d'humains, comme si nous nous interpellions dans le couple du fond de l'abime promis. Et, après, les prunelles à peine mobiles qui s'alentissent encore, de sourds craquements dans les cuirasses comme ces bruits d'un poêle qui refroidit après la flambée, le rudiment de queue qui traîne, ébauche lamentable de la naissance d'une vipère...
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