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Critiques de Lu Xun (28)
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La véritable histoire d'Ah Q

La Véritable Histoire de Ah Q est une satire virulente et tragique de la société chinoise. La traduction de l'édition Sillages est fluide, agréable à lire.

La nouvelle, composée à la suite du mouvement du 4 mai 1919, est d'abord parue en feuilleton dans un hebdomadaire durant l'hiver 1921-1922 avant de paraître dans le recueil L'Appel aux armes ( le Cri) en 1923. Elle est écrite en langue courante," celle des tireurs de pousse-pousse et des vendeurs de lait de soja" et non en mandarin.

Dans le premier chapitre, l'auteur pastiche les biographies édifiantes de la noble littérature classique. Son héros n'a pas de nom ni de famille, on l'appelle "Ah" car c'est un préfixe courant et "Q" une lettre étrangère, un rond mal fini qui se termine en natte. Ah Q est un journalier qui vit dans un bled. Il est laid, naïf, alcoolique, mythomane, vantard. Et bête à manger du foin. Il tire gloire de se faire humilier et tabasser par son entourage en se considérant lui-même comme un insecte, une teigne, une vermine, ce qui lui permet de remporter une victoire morale sur le puissant qui le méprise. Il vit dans l'illusion de sa sagesse et fuit complètement la réalité. On dirait une version confucéenne de Don Quichotte. Il tabasse plus faible et plus pouilleux que lui, il boit comme un trou. Il ose toucher la joue d'une jeune bonzesse ce qui fait rire les autres poivrots mais elle le condamne à ne pas avoir de descendance, ce qui va le travailler. En effet, dans le chapitre 3 intitulé ironiquement La tragédie de l'amour, il entreprend la servante du riche propriétaire terrien pour lequel il travaille. Il s'agenouille et lui déclare sa flamme fort courtoisement : " je veux coucher avec toi ! Je veux coucher avec toi " Elle pousse un cri, c'est une chaste veuve, s'enfuit. Il reçoit évidemment une volée de coups de bambou puis il est condamné à verser de l'argent qu'il n'a pas. Il est alors contraint de vendre son unique veste, il perd son pauvre emploi et tout le monde se détourne de lui, y compris les moines qui l'hébergeaient jusqu'alors. Ah Q en est réduit à voler quelques navets dans le jardin du monastère. Mais, poursuivi par un molosse, il est pris sur le fait. Il décide de partir à la ville. Quand il revient, il est riche...

C'est un texte très riche. Il m'a fait penser à Candide de Voltaire pour son ironie mordante et décapante, sa composition en épisodes, son dé-zingage en règle de la bonne morale. Mais Lu Xun est plus sombre. Il critique très cruellement ses compatriotes, incapables d'être solidaires. Ils sont forts avec les faibles, faibles avec les forts. Lâches, méchants, prompts à rire du malheur des autres. On sent que l'auteur ne se fait pas beaucoup d'illusions sur ses contemporains. Dans la seconde partie de la nouvelle, plus sombre que la première, Lu Xun s'en prend à la "révolution" de 1911. C'est un mot seulement. Les riches, les lettrés s'en sortent, confortent même leur autorité grâce à la corruption. Les pauvres en profitent pour voler, piller et s'ils sont pris, c'est chacun pour soi. L'illettré signera d'un rond mal fini des aveux qu'il ne comprend pas. Et l'opinion publique unanime trouvera toujours que c'est bien fait pour lui.
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Le Journal d'un Fou et autres nouvelles

Lu Xun (1881-1936) est considéré comme le père de la littérature chinoise moderne en Chine mais il demeure assez méconnu en France. Pour ma part, c'est en lisant le mois dernier un roman policier de Qiu Xiaolong que j'en ai pour la première fois entendu parler ! J'ai découvert un immense écrivain engagé, lucide, révolté, sensible, formidable.

L'édition Sillage contient six nouvelles dans une traduction anonyme. Elles sont suivies de la préface au recueil original le Cri ( 1923) que j'estime indispensable de lire avant les nouvelles. Lu Xun y expose ce qui l'a conduit à écrire et éclaire le sens de plusieurs récits.



1) le Journal d'un fou (1918)

C'est le premier ouvrage de la littérature chinoise moderne écrit en chinois vernaculaire ( langue courante ). L'action se déroule à la campagne. le diariste est un jeune homme persuadé que les autres villageois dont son frère souhaitent sa mort pour pouvoir le manger. le cannibalisme est la métaphore du comportement des hommes entre eux. le fou est le plus lucide mais il est seul et persécuté. La nouvelle est percutante, iconoclaste, moderne.



2) Kong Yiji ( 1919)

C'est l'histoire d'un lettré qui n'a pas réussi ses examens d'entrée dans la fonction publique. Il n'a aucune compétence concrète et son orgueil l'empêche de travailler de ses mains. Les habitués de la taverne qu'il fréquente se moquent de lui...

Cette nouvelle moins connue que la précédente est marquante, féroce, terrible : inadaptation du lettré à la modernité et cruauté des ignorants.



3)Le Remède ( 1919)

Vieux Shuan se rend dans un endroit improbable pour se procurer un remède onéreux d'un genre vraiment spécial qui permettra de soigner Petit Shuan...

Une nouvelle bouleversante qui fustige les charlatans qui sévissaient en Chine.



4) Demain (1919)

Quatrième belle soeur Shan se rend chez le docteur Hi pour soigner son petit. le docteur pose deux doigts aux ongles longs de quatre pouces sur le poignet de l'enfant, ce qui rassure un peu la mère. le docteur prétend que le bébé souffre d' embarras gastriques et prescrit une ordonnance...La voilà partie avec son petit à la pharmacie "philanthropique"...

La nouvelle est terrible, lu Xun prend le parti de la femme ignorante, victime de la cupidité de la caste privilégiée mais aussi bien seule.



5) Mon village (1921)

Le narrateur retourne dans le village de ses ancêtres, qu'il a quitté vingt ans auparavant, à l'occasion de la vente de la maison familiale. Il retrouve ses souvenirs d'enfance, son ancien camarade de jeu.

La nouvelle est belle, douce et mélancolique.



6) le Théâtre des dieux (1922)

Le narrateur raconte avec beaucoup d'humour ses deux visites à l'opéra de Pékin. Les deux fois il en est reparti sans avoir rien compris. Puis Il se souvient qu'il a vu en revanche un très bon opéra à la campagne, il devait avoir onze ou douze ans...

Une très belle évocation de l'enfance au goût de fève bien mûre.



Je lirai avec plaisir d'autres nouvelles de Lu Xun



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Argumentation

Argumentation est une toute petite nouvelle qui s'apparente à une fable. Lu Xun l'a écrite en 1925. Elle est en lien avec la situation politique de l'époque.

Le narrateur rêve qu'il est en classe et qu' il demande à son maître de lui montrer comment présenter ses arguments. Celui-ci lui conte alors une petite histoire. Une famille vient d'avoir un garçon. Quand il a un mois, les parents convient des invités à une fête en échange de bons présages. Le premier prédit qu'il fera fortune, le second qu'il fera une superbe carrière de mandarin, le troisième qu'il mourra.

A votre avis que va-t-il se passer ? Quelle est la moralité de la fable ?

Lu sur le site chinese-shortstories.com
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La véritable histoire d'Ah Q

Je n'ai pas vraiment accroché à ce récit. Nous sommes plongés dans une période particulière de l'histoire de la Chine. Celle, au début du XXe siècle, de la fin de l'Empire des Qing et le début de la république de Sun Yat Sen. Donc des temps extrêmement troublés où les habitudes changent, les points de vue, les pensée également. Un nouvel état d'esprit se forme dans la population. Ce point de vue, nous l'avons par la personne de AQ, un pauvre ère, misérable, comme il y en a beaucoup, qui tente par tous les moyens de survivre, en végétant. Les changements de société ne vont guère profiter à AQ. Il va finir par se mettre à dos tout le village, pour finir vraiment très mal. Je ne sais pas si c'est le style, ou le récit en lui-même, mais je n'ai pas réussi à me transposer dans cette Chine mouvementée. En fait, je n'ai pas été insensible aux déboires de AQ mais son histoire m'a paru assez compliquée dans cette société chinoise en pleine mutation dont je n'ai pas les repères. Ceci dit, il existe encore beaucoup de AQ dans la Chine actuelle où malgré la dictature communiste néo libérale (eh oui c'est possible !), subsistent encore des inégalités monstrueuses.

En revanche, je me souviens, à Shanghai, d'avoir visité, dans la concession française, le studio d'un des écrivains de cette époque. Peut-être Luxun ? Logement transformé en musée et restitué dans son contexte. Cela m'a paru très indigent. Non loin de là, toujours dans la concession française, on peut également voir le lieu des premières réunions du parti communiste, qui s'est constitué dans les années 20. Les prémices de la Chine actuelle… Enfin bon, vous allez me dire qu'on s'en fout. Et vous aurez raison.

En résumé, un classique chinois, à lire, pour les amateurs.
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Cris

Relecture juin 2019---





Faisant de nouveaux rangements dans ma bibliothèque qui déborde

de partout....j'ai ressorti un recueil de nouvelles m'ayant été offert en juillet 1995...., que je viens de relire... Textes brefs d'un auteur chinois célébrissime... qui nous explique dans une préface de 1922 ses intentions d'écriture et son parcours.... [dont j'avais oublié la formation médicale...révolté qu'il était par les nombreux escrocs médecins traditionnels qui abusaient des pauvres gens....dont son père qui en avait été victime...] Ceci n' est qu'une parmi d'autres peines que Luxun libère dans ces "Cris"... :



"Lorsque j'étais jeune, j'ai fait moi aussi, beaucoup de rêves. Mais j'ai oublié la plupart d'entre eux, ce qui ne me cause aucun regret. Si ce qu'on appelle se souvenir procure parfois du plaisir, il est inévitable que cela fasse parfois aussi de la peine, et l'on peut alors se dire qu'il n'y a guère de sens à laisser l'esprit traîner ainsi avec soi l'affliction des jours révolus.

Mais ma peine à moi, c'est ce que je ne puis tout oublier, de là sont nés les récits qui composent-Cris- (p. 13) [Préface de Luxun ]



Un recueil de nouvelles parues antérieurement dans différentes revues...

Une mine d'informations sur les coutumes, traditions chinoises, les

soubresauts politiques, les différentes "révolutions", les violences et

injustices terrifiantes au fil des changements de régimes [entre

l'omniscience terrifiante du régime impérial, sa chute, l'avènement de

La République Chinoise...], le cloisonnement paralysant entre les

classes sociales, la misère immense du peuple, les taxes l'écrasant, etc.!



Luxun exprime à travers ses personnages ses colères, ses découragements

envers son pays fermé, en retard, ou en mutations trop chaotiques, les tortures, emprisonnements pour les dissidents, les enseignants non payés, les dysfonctionnements multiples de l'état , un ensemble de tristesses sans fin...!!



Parmi mes préférées, "Histoires de cheveux", et "Mon pays natal"... sans oublier l'intérêt pour deux autres textes importants (publiés ensuite séparément chez Stock, dans la petite Bibliothèque cosmopolite): "Le Journal d'un fou" (1918), et "Histoire d'A.Q. : véridique biographie"(1921)....



"Ton pays était comme cela. Il n'a pas fait de progrès, mais peut-être n'est-il pas aussi désolé qu'il en a l'air. C'est ton humeur qui a changé, voilà tout." Il est vrai que pour ce retour au pays, cette fois, le coeur n'y était pas. Je revenais dans mon pays pour le quitter. [Mon pays natal, p. 111]



A la fin de chaque nouvelle, des notes et commentaires précieux pour expliciter les événements historiques, ainsi que les significations des traditions, coutumes chinoises...



La préface de Luxun nous apprend que son premier objectif aurait été d'être médecin, et d'améliorer ainsi le sort des plus faibles, dans son pays... et puis le désabusement, le doute l'ont saisi, il s'est décidé et s'est orienté avec conviction vers la littérature , songeant que pour changer en profondeur une société, il faut d'abord changer les mentalités anciennes , et donner des outils aux individus pour exercer leur libre-arbitre !



Un auteur -phare dans l'histoire de la littérature chinoise...qui s'engagera par ses écrits, toute son existence, pour une Chine meilleure, pour les nouvelles générations !

Un recueil très significatif de textes très différents ...mais exprimant tous , les sentiments très ambivalents ainsi que les colères de Luxun envers les régressions et aberrations des gouvernements successifs de son pays...ayant cru lui-même dans la Nouvelle République...ayant succédé au régime impérial !



"Ecrit entre 1918 et 1922, le recueil de nouvelles intitulé -Cris- est non seulement la première oeuvre de fiction de la langue chinoise à l'heure où elle se débattait douloureusement pour tenter d'échapper à la gangue de ses traditions millénaires. Le succès de ces textes qui donnèrent à leur auteur un renom immédiat vint de ce qu'ils répondaient exactement

à l'attente de la jeunesse à qui ils étaient destinés, la jeunesse que ces "cris" voulaient "réveiller", la génération pour laquelle, aux alentours du "Mouvement du 4 Mai" (1919), Luxun forgea la langue neuve indispensable à la pensée nouvelle, la forme d'emblée parfaite dans laquelle la littérature encore à naître allait pouvoir se couler. "---Michèle Loi, janvier 1992 (p. 9)





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La véritable histoire d'Ah Q

Je suis encore subjugué par la magie de cette nouvelle. Son effet est étrange, le même qu’on a après la lecture du "Procès", on est comme hypnotisé, songeur, bouche bée.



Le titre pompeux de même que les titres des chapitres sont pertinemment choisis dans un but ironique. Ah Q n’est pas un héros légendaire pour qu’on écrive son histoire véritable. Mais le mot véritable laisse un soupçon concernant l’histoire légendaire de Ah Q. Existe-il alors une ou plusieurs histoires mensongères sur ce personnage curieux? L’auteur commence dans le premier chapitre qui est une sorte de préface par nous expliquer son choix du titre; un choix romanesque selon lui.



Ah Q est un ouvrier, maigre, pauvre, haineux, curieux, naïf, servile, cynique, belliqueux et poltron, qui entre dans des rixes d’où il sort battu et humilié, mais il trouve sa revanche bien forgée dans son esprit contre ses ennemis. La nouvelle a pour cadre historique la révolution de 1911 en Chine, et pour lieu un village où existe un abîme entre riches et pauvres. L’histoire de cette révolution apparaît dans cette nouvelle comme la guerre du Vietnam dans le film Forrest Gump, c’est-à-dire autour d’un idiot du village. Cette révolution inachevée voire ratée n’a rien changé au fond dans ces différences flagrantes entre riches et pauvres.



Dans cette nouvelle écrite progressivement (une progression en crescendo de l’humour à la tragédie) Lu Xun fait preuve d’un grand talent ; un talent plein de ruse dans la création d’un personnage complexe qu’il fait passer pour réel (une simple biographie) comme le ferait plus tard Borges, ainsi qu’un talent cruel qui mélange le comique le plus hilarant au tragique le plus amer comme son contemporain européen Kafka.

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Histoires anciennes, revisitées

Livre lu dans le cadre de la masse critique de Septembre 2014 et du challenge ABC 2014-2015.



Je remercie Babelio et les éditions du Non-Agir pour l'envoi de ce livre et je m'excuse du retard pris pour poster ma critique (2 semaines de plus). J'ai eu pas mal de boulot ces derniers temps et peu l'envie de lire, surtout je pense à cause de la forme de ce livre. Que je vous explique maintenant pourquoi.



Je m'attendais à lire des légendes chinoises, je suis plutôt friande de légendes en tout genre et peu connaisseuse de la Chine. Mais il s'agit en réalité de nouvelles fantastique et satirique où Lu Xun dénonce principalement les défauts de la société de son temps (1881-1936), à savoir la corruption, le despotisme, la lâcheté et la décadence. Certes, c'est toujours d'actualité mais je ne pensais pas lire ce genre d'écrits. Surtout qu'en plus, c'est bourré d'anachronismes comme nous le précise le traducteur. Exemple flagrant : Shakespeare au IIIème millénaire avant notre ère. Il y a également énormément de notes de fin de pages qui alourdissent un peu plus les différentes histoires pour appuyer tel ou tel point de l'Histoire chinoise ou pour donner l'explication sur certaines prononciations de noms avec idéogrammes à l'appui. Comme nous le spécifie l'avertissement en début de volume, la lecture des nombreuses notes n'est pas indispensable pour les lecteurs lambda mais peut être très utile pour les sinisants.



Pour ma part, je dois bien avouer qu'une fois le livre fermé, je ne me souvenais plus de ce que je venais de lire. La lecture de ce petit ouvrage (200 pages) a donc été plutôt laborieuse, je ne me souvenais même pas de l'endroit où je m'étais arrêtée... Alors que, paradoxalement, quand je lisais, l'histoire m'intéressait et ça se lisait bien. L'écriture de l'auteur est agréable malgré toutes les références historiques qui plombent le récit. Et il est vrai que celui-ci a plus pour base, en mon sens, la politique, la guerre et leur façon de voir la population que réellement sur des légendes chinoises et donc fantastique. Du coup, j'ai été obligée de me forcer à lire pour pouvoir en donner une critique...



Comme vous l'aurez compris, ce recueil de nouvelles n'a pas été la bonne découverte que j'espérais et sera, malheureusement, vite oublié. Mais comme on dit, « tous les goûts sont dans la nature », vous l'apprécierez peut-être plus à sa juste valeur que moi. Par ailleurs, quand je lis, c'est pour m'évader. C'est une des raisons pour lesquelles je n'ai pas accroché à ce livre.



Sur ce, bonnes lectures à vous :-)
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Tempête dans une tasse de thé

Il faut tout le talent de Lu Xun, l'un des plus célèbres écrivains "modernistes" chinois des années trente, pour rendre compte en un récit aussi ramassé des profonds bouleversements que traversait la société chinoise.



Tout le village frémit de crainte et vilipende le batelier qui ramène un soir la rumeur que l'empereur va remonter sur le trône : pourquoi avoir coupé sa natte, en soumission à la jeune République, quand de tout temps l'Empereur a imposé aux hommes un front rasé et de longs cheveux tressés? Sa femme l'invective et la belle-mère grommelle que "chaque génération est pire que la précédente".



A travers cet instantané paysan, c'est le conservatisme du peuple chinois que Lu Xun fustige, pointant sa frilosité vis à vis des temps modernes qui s'annoncent et que l'auteur appelle de ses vœux, ignorant alors qu'un vent nouveau d'u tout autre ordre allait s'abattre sur le Chine en 1949, et pour longtemps...

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La véritable histoire d'Ah Q

Lu Xun est un auteur qui compte dans l'histoire de la littérature chinoise, puisqu'il est le fondateur de la littérature de langue moderne, aux alentours des années 1920, époque où la république a fait pschitt et où les seigneurs de guerre dépècent un état à l'agonie.

Ici , cette atmosphère de chaos est bien présente puisque l'action se situe en 1911 , année de la chute des Qing . Le problème de la natte est largement évoqué: Cette natte, symbole du pouvoir mandchou des Qing, se devait d'être coupée par tout bon révolutionnaire. Il fallait être sur de son coup car si les Qing revenait au pouvoir , le temps qu'elle repousse....



Ici , AQ est un peu l'idiot du village .Une sorte de Grenouille du "parfum". Il est laid, méchant, sournois , raillé, rejeté.. La comparaison s'arrête là, pas sur qu'AQ ait la moindre facilité à distinguer deux fragances!

C'est le stéréotype du paysan affamé et illettré qui vit de petits boulots, boit, embête les femmes, vole pour vivre, se bat...

Ce court texte permet à l'auteur dans une période extrêmement troublée de faire passer des idées nouvelles , en s’appuyant souvent sur la pensée confucéenne, en dénonçant aussi le poids de la culture étrangère qui s'immisce en Chine à cette époque.

Les stéréotypes humains sont décriés, comme l'acceptation d'un riche puis son rejet dès que ses émoluments s'estompent. On ne parle même pas de la justice.

Juste une anecdote ;: La coutume voulait qu'en Chine , un condamné à mort chante un air d'opéra à la foule l'accompagnant dans son dernier trajet. Le texte le plus chanté était : "Dans vingt ans , je serai de nouveau vivant,beau et brave garçon".

Un texte qui résume sans doute la pensée d'un peuple qui croît en sa bonne étoile malgré toutes ses souffrances.



Ce petit roman a sa place au panthéon de la littérature chinoise de part son coté historique mais aussi, bien sur , la qualité de ses propos.

Cependant, l'auteur semble jouer sur les subtilités de la langue chinoise ,comme l'explique la traductrice. Si cela ne perturbe pas la lecture, on est vraisemblablement privé d'une partie de la grandeur du texte et de ses subtilités.
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Le Journal d'un fou, suivi de

deux récits de l'auteur LuXun qui sont considérés comme les premiers textes de la littérature chinoise contemporaine.

Une préface de Jean Guiloineau qui connait son sujet puisqu'il a passé deux ans à Pékin où il travaillait dans une revue littéraire; c'est à son retour de Chine qu'il devient traducteur.



Journal d'un fou: petit récit d'un homme méfiant qui finit par sombrer dans la folie à force de souvenirs d'enfances sur les contes et légendes entendus mais aussi sur des faits réels s'étant déroulés par le passé ; un paysan s'étant fait mangé par ses voisins car c'était un mauvais garçon, il pense qu'il va subir le même sort .



La véritable histoire de Ah Q: un pauvre hère que tous rejettent doit subir les vexations et les corrections de plus nantis mais au lieu de s'en plaindre, il les transforment en une victoire.

Sa vie faite de hauts et de bas finira devant le peloton d'execution... pour l'exemple.

Ces deux textes sont pleins d'humour et de dérision pour raconter l'hitoire de la Chine, ses guerres, ses révolutions, son peuple.
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La véritable histoire d'Ah Q

Ah Q est un journalier illettré, bien connu dans la petite ville de Weizhuang. Cet homme a une fâcheuse tendance à s'en prendre aux plus faibles que lui : gens désoeuvrés qu'il n'hésite pas à tabasser, femmes qu'il cherche à tripoter…alors qu'il est mielleux et couard avec les plus riches et les puissants. A ce tempérament un poil bête et méchant s'ajoutent entre autres défauts, un orgueil démesuré, des tendances sado-masochistes, une mégalomanie certaine, un goût trop prononcé pour la bouteille, et un instinct de voleur !

Cependant, une certaine naïveté et son peu de pouvoir de nuisance le rendraient presque attachant, d'autant plus que ses aventures parfois truculentes au sein de cette petite ville mettent en lumière la médiocrité de la faune locale, les autres personnages n'offrant pas non plus une image absolument exemplaire avec leurs différents travers, en particulier une veulerie généralisée.



Parmi ces aventures, Ah Q va crier son envie de faire l'amour à la servante de son patron M. Zhao, et s'en trouvera battu et congédié, reviendra quelque temps après ayant apparemment fait fortune….mais on le soupçonnera très vite d'avoir volé les biens qu'il revend, pour s'être déjà fait piquer en train de voler des navets dans le potager du temple local…vol de biens qu'il avouera bêtement dans un moment d'abandon rêveur à l'alcool…La rumeur se répand, et Ah Q voit sa réputation définitivement entachée et devient personna non grata. Quand la révolution intervient en 1911, Ah Q croit encore jouer les opportunistes, mais il est rattrapé pour un vol survenu au domicile de la famille Zhao…



Pour le coup, le pauvre Ah Q est accusé à tort. Jeté en prison, il va boire le calice jusqu'à la lie en subissant l'humiliation de dévoiler son illéttrisme, et en ne parvenant pas à manier correctement le pinceau pour tracer ne serait-ce qu'un cercle parfait à la demande de ses juges…Dans sa naïveté, il ne comprendra que bien tard qu'on le conduit à la mort, et ne réussira même pas à offrir au peuple de Weizhuang le spectacle d'une belle exécution, comme en témoigne les dernières lignes du récit :

« Quant à l'opinion publique, elle fut unanime à admettre la culpabilité de Ah Q, car, disaient les habitants de Weizhuang, la preuve qu'il était un mauvais sujet, c'est qu'il a été fusillé ; s'il n'avait pas été mauvais, pourquoi l'aurait-on fusillé ? A la ville, l'opinion était que passer quelqu'un par les armes est bien moins spectaculaire qu'une décapitation. La plupart des citadins étaient mécontents. Et quel condamné ridicule ! On l'avait promené fort longtemps par les rues et il n'avait pas poussé le moindre air d'opéra. C'était bien la peine de s'être dérangé ! ».



Ecrit en 1921, ce récit est rythmé, et brille par sa causticité et son côté provocateur, Lu Xun brossant un tableau peu reluisant du tempérament de ses compatriotes et des institutions politiques de son pays, dans les temps troublés et instables qui suivirent la chute du dernier empire en 1911.

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Errances

L'auteur nous présente ici onze récits qui permettent au lecteur de s'enfouir dans la culture et les croyances chinoises.

Certains de ceux-ci m'ont parus incomplets, comme s'ils attendaient juste à ce que le lecteur leur donnent une tournure, soit heureuse, soit dramatique selon son bon vouloir ou encore comme s'ils devaient rester à tout jamais inachevés, permettant au lecteur des temps futurs de continuer à rêver.



En effet, certains récits m'ont paru sortir de mémoires d'outre-tombe, faisant revivre des personnages à l'air fantasmagoriques ou encore ramenant à la réalité des usages qui, je l'espère, sont aujourd'hui, obsolètes ; en tous cas, ils le sont sans aucun doute dans la tradition occidentale mais qu'en est-il réellement dans la société chinoise à l'heure du XXIe siècle ?



Je dirais que ce qui m'a le plus plu dans cette lecture est que cela m'a permis d'en apprendre plus sur le mode de vie et les traditions chinoises mais aussi que cela m'a donné envie d'en savoir plus sur leur mode de vie actuel et savoir ce que sont devenues tous ces rites (ceux relatifs au mariage, à la vénération des divinités...).

Livre très agréable à lire même si les nombreuses notes étant toutes disposées à la fin de chaque récit, m'ont un peu dérangées mais en même temps, on ne peut pas en vouloir au traducteur qui a cru bien faire en aiguillant le lecteur non initié, à certaines pratiques courantes en Chine à l'poque et qui prennent effectivement tout leur sens dans le récit. Cependant, j'aurais peut-être préféré que celles-ci soient plus brèves et inclues dans le récit, en bas de page par exemple. Ceci n'étant cependant qu'un détail d'ordre pratique, je conseille cependant cette lecture qui est très riche en réflexion sur le sens de la vie, sur la place de la femme dans la société et sur bien d'autres sujets encore. La lecture est fluide et agréable à lire. A découvrir !

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Histoires anciennes, revisitées

Un bien étrange livre pour résumer ma lecture de cette semaine.

Il fallait bien trouver un auteur en X alors j'avais opté pour Xu Lun que je ne connaissais pas.



Il nous présente donc 8 nouvelles.

Certaines m'ont plu tout particulièrement Anti-guerre : notre personnage principal part sauver un royaume en ruine d'une attaque d'un royaume voisin.

Le dénouement est assez drôle



La fuite dans la Lune m'a bien plu aussi : C'est l'histoire d'un homme qui tente de revenir chaque jour avec du gibier pour contenter sa femme mais ne rapporte plus que des corbeaux jour après jour en ayant tout tué les années passées avec sa grande maîtrise de l'arc !

Le dénouement est une fois de plus assez drôle :





Réveiller les morts était aussi sympathique. Ici, l'auteur dénonce l'irresponsabilité de certains actes de manière rigolote.

En forgeant les épées... Cette nouvelle est assez morbide. Beaucoup de têtes coupées et de cannibalisme ! Ceux qui liront le livre comprendront ! Mais elle m'a plu également.

En cueillant les osmondes m'a fait bien sourire avec sa chute ! C'est l'histoire de deux frères qui décident d'être fidèle à leur roi qui a été renversé par un rival, en ne consommant plus ce que ce dernier peut leur donner...



Les autres m'ont laissée que peu de souvenirs après leur lecture....



Chaque nouvelle débute par une petite explication des personnages pour que les lecteurs qui ne connaissent pas l'Histoire Chinoise et ses légendes puissent comprendre de quoi il s'agit.

L'histoire est truffée d'annotations pour nous étayer la lecture qui peut s'avérer difficile quand on ne connait pas cette culture.

Mais j'avoue en avoir sauter quelques unes (les suites de noms à rallonge et leurs différentes manières d'être prononcées) car elles étaient omniprésentes et me coupaient un peu trop à mon goût l'histoire.



L'auteur dénonce des choses de son époque que ça soit le Taoïsme qu'il n’apprécie pas ou encore la corruption des fonctionnaires mais avec beaucoup d'humour. Il m'a fait un peu penser à Molière.

Du coup, il y a pas mal d'anachronismes (heureusement les annotations étaient là pour le souligner) mais cela ne m'a pas dérangée.



Bref, une lecture instructive et plaisante !
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La mauvaise herbe

Lu Xun est le plus grand écrivain chinois du Vingtième siècle. Voilà une affirmation qui pourrait paraître pour le moins tendancieuse, voir carrément excessive. Pourtant, sauf découverte assez peu probable d'une oeuvre demeurée inconnue jusqu'à cette date, il se trouvera assez peu de monde en mesure de la contester sérieusement.

Lu Xun en aurait été lui-même le premier surpris et pour qui connait un peu le personnage, il en aurait même été fortement déçu car ce constat va tout à fait à l'encontre de ce qu'il espérait pour la Chine, pour son évolution. Mais le pessimisme que lui-même se reprochait constamment, qu'il considérait comme une sorte de tare accrochée à sa personnalité, comme un frein, s'est finalement révélé parfaitement fondé. La Chine du XXème siècle s'est démontrée comme un espace fort peu favorable à la création littéraire sous quelque forme que ce soit.

Pour qui connait la grande richesse culturelle passée du monde chinois, il a en effet quelques raisons de s'en surprendre. Après tout les deux précédents millénaires n'avaient eux-mêmes laissés qu'une place assez restreinte à la liberté des idées ; les dynasties impériales qui s'y sont succédées estimant toujours que la volonté de vouloir penser par soi-même était une manifestation extrêmement fâcheuse qu'il fallait restreindre à tous prix.

Pourtant, seule la bureaucratie totalitaire qui semble s'être inspiré du 1984 de George Orwell et qui prit le pouvoir en Chine quelque temps après la mort de Lu Xun, semble y être pleinement parvenue ; faisant table rase de la culture dans un processus de destruction permanent qui se poursuit encore aujourd'hui. Ne laissant place qu'à quelques balbutiements protestataires immédiatement réprimés.

Reste donc, quasiment comme seul rescapé de son siècle en Chine en tant que pensée autonome, Lu Xun ; qui à lui tout seul doit donc se faire la voix de cette détresse et d'une certaine manière du silence de tous les autres. Ne pouvant plus le faire taire, la domination en Chine s'est donc beaucoup préoccupé de le falsifier et de déformer sa parole dans ses Éditions d'État ; allant même jusqu'à lui faire faire, post-mortem, l'éloge du « grand timonier ».

Tentant de garder le contrôle jusque sur les différentes traductions parues dans le monde en les confiant à des affidés du système ; pour l'affadir et en retirer le potentiel subversif.

Il est donc difficile de découvrir le vrai Lu Xun, sa grandeur discrète derrière la statuaire officielle.

Ce petit recueil de poèmes en est l'occasion, traduit par Pierre Ryckmans/ Simon Leys qui, et ce n'est pas un hasard, fut aussi le premier en occident à dénoncer la vraie nature du régime maoïste. Partez à la découverte de Lu Xun, il le mérite vraiment.



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Le Journal d'un fou, suivi de

Deux histoires dans la même veine, truculentes à souhait ; un vrai régal.



Enfin je ne parle pas de la petite histoire du criminel exécuté, et du « tuberculeux qui est allé tremper des petits pains dans son sang pour les sucer ».



Il est vrai que dans la première histoire, le personnage a reçu l'épithète de fou. Est-ce parce qu'il voit des signes que les autres ne voient pas ?



Cette histoire de cannibalisme dure depuis « la plus haute antiquité », et récemment encore :

« - Vieux Tchen m'apporta mon repas : un bol de légumes, un bol de poisson à l'étuvée. le poisson avait des yeux blancs et durs, la bouche entrouverte tout comme cette bande de mangeurs d'hommes. »



(Source wikipedia : « Cette oeuvre est considérée comme un texte fondateur par le Mouvement du 4 mai * »)



La seconde histoire, consacrée à Ah Q, nous plonge dans l'époque mouvementée où on coupe les nattes (entre autres), et où on lit « Jeunesse Nouvelle » en écoutant gronder la révolution.



Ah Q aime prendre des bolées de vin jaune, et se trouve souvent au milieu de querelles et de bagarres, mais on n'ose pas encore le qualifier de fou. C'est seulement pour la petite nonne du Temple du Paisible Perfectionnement, qu'il aurait pu « perdre la tête ».



Dans son état de « griserie continuelle », il lui arrive cependant de se voir lui-même comme une preuve vivante de la « suprématie morale de la Chine sur le reste du monde »…

« On ne sait trop pourquoi il lui sembla tout à coup que le parti révolutionnaire, c'était lui »



Ah Q a perdu la raison, et court à sa chute, sans se rendre compte qu'il est tout seul au monde.



* Note : en 1919, à la conférence de paix de Paris qui aboutit au traité de Versailles, les Alliés attribuent des territoires chinois à l'empire du Japon. Le 4 mai 1919, 3 000 étudiants se réunissent pour manifester à Pékin, devant la porte Tian'anmen, et diffusent un manifeste.
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Nouvelles choisies

J’ai eu un mal fou à me plonger dans cette lecture. Lu Xun, peu connu hors de Chine, est considéré comme le père de la littérature chinoise moderne. Il était parti faire des études à l’étranger avant la chute de l’Empire et en est revenu partisan d’une révolution dans le domaine littéraire. Par la suite il sera compagnon de route des communistes chinois bien qu’ayant pas mal de divergences avec eux.

* Le journal d’un fou : écrite en 1918, est considérée comme la première fiction écrite en langue chinoise parlée. C’est donc un texte majeur. Le narrateur du journal est persuadé que les autres villageois souhaitent sa mort pour pouvoir le manger, même son propre frère. Le cannibalisme est une métaphore du comportement des êtres humains entre eux, le fou se sent lucide mais seul et persécuté. C’est une nouvelle déconcertante, d’autant qu’il n’y a ni suspense, ni chute puisque la fin est connue dès le début. Dans l’ensemble, les autres nouvelles sont des récits avec très peu de suspense et pratiquement pas de chute. J’ai eu constamment l’impression qu’il me manquait une clé pour comprendre ces textes, une édition avec un minimum de commentaires serait peut-être utile.

* Kong Yiji : c’est l’histoire d’un lettré qui a raté les examens pour devenir fonctionnaire, il n’a aucune compétence particulière mais son orgueil l’empêche de travailler de ses mains. Les habitués de la taverne locale se moquent de lui. C’est une nouvelle cruelle sur l’inadaptation d’un lettré à la modernité et sur la cruauté des gens simples et ignorants. Cette fois il y a une chute, terrible.

* Le Remède : Un père se procure un remède onéreux d'un genre très spécial pour soigner son fils. Cette nouvelle bouleversante s’en prend aux charlatans qui

sévissaient en Chine et à l’ignorance.

* Un petit incident Bref récit de deux pages sur l’émergence d’un sentiment de honte suite à un micro-événement.

* Tempête dans une tasse de thé Un pauvre batelier chinois a coupé sa natte de cheveux en 1911, en signe d’allégeance à la République. Mais le bruit court au village que l'Empereur va remonter sur le trône. Tout cela promet au batelier bien des ennuis sans compter les reproches incessants de sa femme, les cancans du village et sa belle-mère qui grommelle sans cesse que "chaque génération est pire que la précédente". Cette histoire résume semble-t-il les profonds bouleversements que traversait la société chinoise au début du Xxème siècle.Encore une fois Lu Xun montre la frilosité et le conservatisme de la Chine profonde par rapport à la modernité.

* Le village de mes ancêtres Cette nouvelle est belle, douce et mélancolique.

Le narrateur retourne dans le village de ses ancêtres, qu'il a quitté vingt ans auparavant, à l'occasion de la vente de la maison familiale. Il retrouve ses souvenirs d'enfance, un ancien camarade de jeu. C’est une jolie réflexion tendre sur les souvenirs d’enfance. Probablement une de mes nouvelles préférées de ce recueil.

* Le Théâtre des dieux Le narrateur raconte avec beaucoup d'humour ses deux rencontres désastreuses avec le théâtre chinois à l'opéra de Pékin. Puis il se remémore un très bon spectacle à la campagne dans son enfance. Ce récit est une très belle évocation de l'enfance.

* Le sacrifice du Nouvel an Cette histoire est prétexte à raconter l’histoire d’une jeune veuve, les traditions de la Chine d’autrefois

* Dans un estaminet Nouvelle très mélancolique voire dépressive

* Une famille heureuse Un écrivain essaie d’écrire une nouvelle qui sera acceptée par une revue, il choisit le titre « Une famille heureuse » et cherche idées et inspiration, gêné par le quotidien qui l’entoure (le livreur de bois, sa fillette qui pleure...)

* Le misanthrope longue nouvelle consacrée à un original, en fait surtout quelqu’un qui ne se comporte pas tout à fait comme son entourage

Là j’ai arrêté ma lecture, il ne restait que deux longues nouvelles mais franchement j’ai trop de mal à comprendre ce que veut dire l’auteur,et l’atmosphère est plutôt tristounette et pessimiste. Lu Xun est à la fois un écrivain de la nostalgie (au moins deux des nouvelles, celles que j’ai le mieux compris et le plus apprécié), un peintre de la vie villageoise chinoise et un partisan de la modernité et de l’abandon des usages archaïques. Faute de connaissance de la culture chinoise, j’ai trouvé cela confus et assez contradictoire. Le style est beau, mais les nouvelles traînent en longueur, sans que l’on sache la plupart du temps où veut nous mener Lu Xun, faute d’avoir les codes pour comprendre vraiment les situations. J’ai eu l’impression d’être un Martien lisant des nouvelles de Maupassant...
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Le Journal d'un fou, suivi de

Si pour Freud, l'homme est un loup pour l'homme, Lu Xun va plus loin dans l'allégorie animale, biologique, puisque dans "Le journal d'un fou", l'homme en arrive à se nourrir de l'homme, au sens proprement alimentaire.



A travers cette métaphore du cannibalisme, l'auteur nous décrit la révélation d'un homme comprenant soudainement qu'autour de lui la plupart des hommes, sinon tous, se repaissent de leurs congénères, jusqu'à soupçonner son frère d'avoir manger sa petite soeur, se demandant même s'il n'en a pas avaler quelques bouchées à son insu.



En quelques courts chapitres d'une simplicité aussi désarmante que terrifiante, Lu Xun, à travers la folie apparente du narrateur, nous dévoile la cruauté des rapports humains, non seulement en Chine depuis le commencement de la civilisation chinoise, mais au sein de l'humanité toute entière.



Au final, un texte aussi court que fort, subversif même, une peinture sans concession de la véritable nature humaine.

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Le Journal d'un fou, suivi de

Lu Xun (1881-1936) est l’un des premiers écrivains modernes de la Chine. Parti étudier à l’étranger avant la chute de l'empire, il est partisan d’une révolution dans le domaine littéraire: c’est un précurseur dans ce domaine. Par la suite il sera compagnon de route des communistes chinois, non sans quelques divergences avec le parti, avant de mourir à 55 ans d’une tuberculose.

La véridique histoire de Ah Q (1921) est un longue nouvelle en tout points remarquable. Elle sort radicalement du cadre de la littérature traditionnelle, en s’intéressant à un "moins que rien" et en utilisant une langue très proche de la langue parlée. Elle met en scène un homme misérable, apparemment sot, un bouffon à la fois ridicule et presque émouvant, en butte aux conflits avec les autres habitants de son village.

Ce qui surprend le lecteur, c’est qu’il est à la fois "battu et content": il travestit toutes ses humiliations en victoires imaginaires. Ce trait caractéristique a accrédité l’idée que Ah Q serait une représentation de la Chine du début du XXème siècle, qui voulait s’illusionner sur sa puissance, alors qu’elle ne cessait de subir des défaites et de s’enfoncer dans le déclin. En fait, il me semble que le personnage d’Ah Q, tout à fait original, peut se suffire à lui-même. Sa vie chaotique, d’abord obscure, le mènera à un engagement dans la révolution naissante - un thème traité volontairement sur un mode risible - puis à une fin tragique: il finira exécuté. (A noter que, dans le titre chinois, le « Q » est une lettre tiré de l’alphabet occidental, imprononçable en mandarin, mais dont la forme évoque la natte portée par tous les Han en signe de soumission à la dynastie mandchoue, jusqu’à la révolution chinoise).

Avec ce texte, Lu Xun, pourtant encore jeune à l’époque de la parution, démontre son très grand talent d’écrivain. La narration est étonnement moderne, percutante, empreinte d’humour noir, transformant le drame en tragi-comédie aigre-douce. Après cette lecture, on ne peut plus oublier le personnage d’Ah Q.

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Nouvelles et poèmes en prose

Lu Xun est le plus grand écrivain chinois du Vingtième siècle. Voilà une affirmation qui pourrait paraître pour le moins tendancieuse, voir carrément excessive. Pourtant, sauf découverte assez peu probable d’une œuvre demeurée inconnue jusqu’à cette date, il se trouvera assez peu de monde en mesure de la contester sérieusement.

Lu Xun en aurait été lui-même le premier surpris et pour qui connait un peu le personnage, il en aurait même été fortement déçu car ce constat va tout à fait à l’encontre de ce qu’il espérait pour la Chine, pour son évolution. Mais le pessimisme que lui-même se reprochait constamment, qu’il considérait comme une sorte de tare accrochée à sa personnalité, comme un frein, s’est finalement révélé parfaitement fondé. La Chine du XXème siècle s’est démontrée comme un espace fort peu favorable à la création littéraire sous quelque forme que ce soit et au-delà à la liberté d'esprit.

Pour qui connait la grande richesse culturelle passée du monde chinois, il a en effet quelques raisons de s’en surprendre. Après tout, les deux précédents millénaires n’avaient eux-mêmes laissés qu’une place assez restreinte à la liberté des idées : les dynasties impériales qui s’y sont succédées estimant toujours que la volonté de vouloir penser par soi-même était une manifestation extrêmement fâcheuse qu’il fallait restreindre à tous prix.

Pourtant, seule la bureaucratie totalitaire d’inspiration Orwellienne qui prit le pouvoir en Chine quelque temps après la mort de Lu Xun, semble y être pleinement parvenue ; faisant table rase de la culture dans un processus de destruction permanent qui se poursuit encore aujourd’hui. Ne laissant place qu’à quelques balbutiements protestataires immédiatement réprimés.

Reste donc, quasiment comme seul rescapé de son siècle en Chine en tant que pensée autonome, Lu Xun ; qui à lui tout seul doit donc se faire la voix de cette détresse et d’une certaine manière du silence de tous les autres. Ne pouvant plus le faire taire, la domination en Chine s’est donc beaucoup préoccupé de le falsifier et de déformer sa parole dans ses Éditions d’État ; allant même jusqu’à lui faire faire, post-mortem, l’éloge du « grand timonier ».

Tentant de garder le contrôle jusque sur les différentes traductions parues dans le monde en les confiant à des affidés du système ; pour l’affadir et en retirer le potentiel subversif.

Il est donc difficile de découvrir le vrai Lu Xun, sa grandeur discrète derrière la statuaire officielle.

Ce recueil de ses principaux textes en est l'occasion idéale.

"A partir de ce moment-là je goûtai un ennui que je n'avais jamais éprouvé. A l'époque je n'en comprenais pas la raison ; ensuite il me sembla qu'il s'expliquait ainsi : si les propositions de quelqu'un rencontrent l'approbation, il sera encouragé à avancer, si elles rencontrent l'opposition, il sera encouragé à lutter, mais si ses cris, lancés parmi des inconnus, ne suscitent aucune réaction, dans un sens ou dans l'autre, il se retrouve impuissant au milieu d'une terre vaine infinie - quelle tristesse ! Alors, je donnai à ce que j'éprouvais le nom de solitude."

Lu Xun dans « Cris »
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Histoires anciennes, revisitées

Merci aux Editions du non-agir et à Babelio pour m'avoir sélectionné afin de faire la critique de ce livre.



Plutôt court, environ 200pages, je l'ai lu d'une traite en une après-midi tant les 8 nouvelles ont captivé mon attention ! Je ne connaissais pas du tout cet auteur et je l'avoue, je ne connais pas si bien que ça les légendes chinoises - je préfère les japonaises- mais cela m'a donné envie d'en apprendre plus, tant sur les légendes que sur l'auteur en lui-même.

Lu Xun reprend donc 8 légendes connues de tous les chinois et les façonnent selon sa vision des choses. Voulant trancher avec les traditions millénaires chinoises, il n'hésite pas à se moquer des plus grands philosophes et de la culture dans laquelle semble "stagner", selon lui, la Chine de l'époque.



La préface, que je ne lis bien souvent pas jusqu'au bout, est ici extrêmement utile pour les novices qui comme moi, ne connaissent pas du tout cet auteur, ni le contexte socioculturel de la Chine du début du XXème siècle.

Lu Xun a mis plusieurs décennies pour écrire ce recueil, il a donc pu prendre tout le recul nécessaire sur sa critique et semble persuadé que ses idées sont, si ce n'est les meilleures, les plus adaptées pour sortir la Chine de ses vieilles traditions archaïques.



Les légendes sont vraiment sympathiques à découvrir. J'ai particulièrement apprécié celle de l'archer Yi dans "La fuite dans la lune", qui après avoir connu son heure de gloire, se démène pour satisfaire son épouse qui semble souffrir davantage que lui de la retombée de sa gloire. J'ai beaucoup aimé celle des deux frères Po-Yi et Chou-T'si dans "En cueillant les osmondes" et j'ai beaucoup souri en lisant "Franchir les passes" dans laquelle Lao-Tseu en prend pas mal pour son grade !



En bref, j'ai passé en excellent moment de lecture, avec un auteur qui mériterait d'être davantage connu. Son style est parfait, on ne s'ennuie pas une seconde et on est vraiment pris dans les histoires, j'aurais juré marcher aux côtés des deux frères ! Je recommande donc vivement cette lecture à tous les curieux des légendes, asiatiques ou non, et à ceux qui aiment les textes satiriques.



Challenge ABC 2014/2015 1/26
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