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Citations de Luc Dietrich (98)


DEFENSE DE LA CITATION
Nous voulons faire profiter les lecteurs de nos découvertes, nous voulons qu'ils partagent les joies que nous avons eus en trouvant chez le cardinal de Richelieu ou chez Zenoïde Fleuriot telles phrases qui nous ont touchés et qui doivent se trouver au corps du livre.
Nous sommes faits avec les morceaux des autres et nous parlons et nous écrivons avec les phrases, les rythmes des pensées des autres. Nous devons être mélangés à tous ceux qui nous ont précédés.
Et puis c'est bon de placer à la tête d'un chapitre l'avertissement bienveillant de quelqu'un qui nous a enseignés.
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Je rentrai à la tombée de la nuit, après de longues marches. Je me couchai, et couché je m'aperçus que je pleurais : c'est que, marchant au hasard, je n'avais pas trouvé ce que j'allais cherchant ; j'avais suivi çà et là un manteau dans une foule, une taille effacée : sait-on tous ceux qui sont dans une foule : comment peut-on savoir si quelqu'un n'y est pas ?
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Tu vois, l'amour c'est cela, un grand courage inutile.
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Couchés dans le dortoir, Plessis me dit :
« J'ai une idée inouïe.
- Quoi ?
- Si nous allions rendre visite à la demoiselle Blanche ? »
J'eus un moment d'effroi.
Nous nous aventurâmes tous deux dans le couloir. Nous frappâmes. La voix très douce renouvela notre effroi.
« Qui est-ce ?
- C'est nous. Ouvrez vite...
- Qu'y a-t-il ?
- Une grande nouvelle à vous annoncer. »
Elle ouvrit. Elle était vêtue d'une grande chemise avec une collerette et des manches de dentelle.

Elle nous interrogea sur la grande nouvelle.

« Eh bien voilà : à Plessis et à moi il nous est arrivé une chose effrayante.
- Laquelle ?
- Oui, effrayante.
- Mais quoi donc ?
- Eh bien, nous avons pensé à ce que nous deviendrions si vous n'êtiez pas là ».

*

Et chaque soir, nous allions la retrouver :
« Ouvrez vite !
- Qu'y a-t-il ?
- Une grande nouvelle.
- La même qu'hier ?
- Oui. »
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Avant je voyais la foule, mais maintenant pour la première fois je regarde la foule.
Je m'appuyais contre un garde-fou qui me séparait des hommes, des femmes, de tous ceux-là qui moutonnaient, affluaient, semblaient se lier, puis disparaissaient dans d'autres tuyaux, dans des portes ouvertes, fraîchement ouvertes comme des tombes.
Alors le destin de l'humanité tout entière m'apparut dans ce mouvement de mauvaise marée: destins fondus dans le même glissement, destins lâchés par milliards comme poussières vivantes.
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Le sang coule dans le creux de la hanche, mes mains ne peuvent plus le retenir. Il est beau, il est précieux et il s'en va.
Et je m'émerveille que de moi qui ai mangé tant de vase, bu tant de pluie, mâché tant de nourritures grises, sorte une substance si rouge.
J'éprouve un contentement grave, parce que quelque chose va commencer pour moi, parce que maintenant je vais vivre ou mourir, et que ce sera également nouveau.
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Le passé m'était remords, l'avenir menace, le présent dégoût.
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Cette nuit les herbes ont poussé si haut que les arbres ont peur pour leurs fruits.
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Je sors dans la ville, j'y rencontre beaucoup d'objets dépareillés, des plâtres, des ferrailles.
La rue a beau être plate, il me semble que j'y descends. Je vois au col relevé des passants qu'il fait froid. Moi je sue, la rue aussi sue, et j'ai peur de glisser.
Je rencontre des débris de moi-même : chez un dentiste une mâchoire dans une cage de verre, mes poumons pendus chez un tripier et mes entrailles dans une poissonnerie, mon buste décapité se trouve planté sur une vis noire dans la boutique d'un tailleur, un orthopédiste expose ma jambe.
Mes yeux, ma tête, mon cœur et tous mes membres disparates s'étalent dans la quincaillerie.
Je m'écarte des magasins qui ont vomi leurs marchandises dans les vitrines. J'aurais voulu me vomir moi-même.
Je marche jusqu'à la tombée de la nuit sur les asphaltes qui dégorgent leur graisse et sous les arbres que la poussière étouffe.
Je m'arrête enfin devant la vitrine de l'armurier, et mon image toute vide s'y dresse dans la vitre, pénétrée de couteaux, de revolvers étagés (1995 : p. 141).
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Cet homme avec son visage de crapaud, je ne sais quelle bonté lippue dans la bouche et son œil d'enfer, semblait contenir plusieurs hommes et maîtriser plusieurs bêtes en une forme parfaitement close, et n'offrait au dehors qu'une surface lisse et réfléchissante, où j'avais le déplaisir de me voir, et de me voir vu (1995 : p. 251).
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Mais les journées sont trop longues pour que l'on confie leur exécution à un seul bourreau (1995 : p. 154).
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Il y avait tant d'humanité inattendue dans sa bassesse que je dus faire un effort pour me souvenir de ce qu'il était et pour préserver mon indifférence (1995 : p. 135).
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Il est une heure où nous sentons la mort derrière l'objet que nous tenons, où le vêtement neuf se découd, où le cuir sèche, où le vernis s'écaille, où nous nous affaissons par les craquelures des objets qui sont placés sous notre empire.
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Dans la cour n° 4 où il n'y avait vraiment rien d'autre à faire je m'étais remis à penser. Là je n'avais que des feuilles et des cailloux sur quoi penser, et moi-même.
Nous-mêmes nous sommes faits de cailloux et de feuilles, car nous avons des parties dures comme le genou et d'autres douces comme la joue. (p.49)
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Elle regardait la statue et moi je la regardais, car, en elle, se trouvait ce que j'avais perdu depuis longtemps : ma propre vie. Elle se tourna vers moi avec cette aisance de vierge qui n'a pas appris les contraintes de celles qui savent, et me dit avec un sourire de confiance - Vous avez-vu la main du roi, comme elle est belle ?
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Luc Dietrich
"Les graminées, pendant la nuit, ont poussé si haut que les arbres s’y noient.

Je sens sous moi la terre souffrir comme une chair.

Enfin j’arrive à la ville. Toutes les maisons ouvertes sont des bouches de noyés.

Les murs des rues, comme des miroirs, allongent la solitude.

Les glaces des vitrines luisent dans l’eau noire des bassins.

Ma mère, elle est bien morte. J’espérais la trouver là,

Mais je ne vois que la statue aux seins rongés,

Aux yeux moisis, celle qui nous regarde mourir.

Cette terre qu’on a jetée sur le cercueil, c’est bien sur moi qu’on l’a jetée.

Je la sens à présent toute embrassée à moi, la terre, molle et semblable à une bouche,

Et moi je voudrais voler plus haut que les oiseaux,

Car je sens ici toute la chaleur de ma tendresse, celle que je n’ai pu donner.

Enfant, j’ai fui me terrer seul au fond d’un bois,

Effrayé par l’approche du grand malheur

Quand je voyais trembler la lampe dans ses mains.

Car, étant petit, je ne savais pas tout l’amour,

Et la vie ne me touchait que comme la pluie

Baigne le visage sans connaître la chaleur du sang.

Son visage affleure encore à la surface de la mémoire avec son sourire troublé comme l’eau qui vient de recevoir la pierre.

Elle s’est enfoncée, enfoncée si profond

Que ni mes bras ni ma douleur ne peuvent la rejoindre.

Je ne la retrouverai plus, car la terre est trop riche, trop travaillée d’orage.

Et cette nuit les herbes ont poussé si haut que les arbres ont peur pour leurs fruits."

- Luc Dietrich, L'Herbe des nuits.
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Il était beau comme ceux qui sont aimés par de telles femmes. Il était beau comme saint Georges. Son regard était de ceux qui mènent les chars de guerre sur la pente des montagnes. Son regard passait par-dessus le souvenir (1995 : p. 80).
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Je n'étais pas comme ceux-là qui dénigrent, se plaignent de l'artifice quand c'est eux qui sont pleins de couches universitaires, parlant de littérature comme si les livres devaient être écrits avec des globules rouges et de poésie voulue comme si la poésie se ramassait dans les lieux raturés, faite sur effort apparent.
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Tout ce que je trouvais, je le lisais. Bien sûr, ce n'était pas toujours de la prose faite pour les délicats.
Quand, je tombais sur quelque chose de bien, je l'apprenais par cœur et , la nuit, je le beuglais avec de grands gestes.
De la sorte, je devins comme un second auteur, plus bruyant, mais modeste.
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Je savais bien deux choses pour les avoir vues moi-même, je savais les fleurs et les étoiles. J'avais pris un pot de géranium et planté les fleurs dans la terre et les racines vers le haut. Mais lui s'était tordu la tête comme quelqu'un qui se bat et était remonté par-dessus ses racines.
« Les fleurs remontent vers les étoiles parce que les étoiles leur donnent à boire. On voit les étoiles dans les puits, mais au contraire les étoiles sont des puits et la pluie et la rosée tombent de là.
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