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Marianne Millon (Traducteur)
EAN : 9782264031150
288 pages
10-18 (12/05/2005)
3.39/5   780 notes
Résumé :
Elle est basque, et manie la plume comme d'autres le fleuret ou le sabre. Avec panache. Elle fait des étincelles, mais pas de quartiers. Son humour ravageur, caustique et vitriolé, creuse les pages à l'acide. Ses phrases sonnent comme des tracts, les mots se bousculent, les lignes ondulent comme des bataillons de fourmis rouges courant à l'assaut de cette forteresse instable et déjà bien fissurée : le monde des hommes. Trois farouches bretteurs mènent la danse – "tr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (63) Voir plus Ajouter une critique
3,39

sur 780 notes
Cristina est serveuse dans un bar, alors qu'elle a une licence, qu'elle finit une thèse et qu'elle est trilingue (page 84) : nympho affamée de tendresse, elle croque les hommes et avale de l'ecstasy avec la boulimie du désespoir. Rosa, trente ans, est directrice financière : elle a fait des études brillantes en philologie anglaise, quitte le boulot à 22h00, vit en solitaire dans un appartement immense, s'habille en vêtements de marque, impeccables, discrets et sur mesure, ne connait ni le solde de son compte courant, ni le nombre de ses subalternes (page 21), et elle se drogue au Prozac. Ana est sans profession : elle se cantonne dans un rôle de mère de famille rangée, nageant dans un perpétuel mal-être, véritable zombie cathodique (page 84), accroc aux comprimés (page 236).

Le décor est planté : avec Amour, Prozac et autres curiosités, le lecteur plonge dans un roman écrit par une femme, un roman parlant, parfois avec beaucoup d'intimité, de la triste vie de trois soeurs : paumées, sans illusions, leurs vies va cahincaha, faites de hauts et de bas, d'amours, de doutes, de rencontres et de situations curieuses ou inattendues. Des points communs entre ces soeurs ? Oui. Leur père a quitté le domicile conjugal sans explications (page 24) alors qu'elles étaient toutes jeunes, les laissant poursuivre leurs vies en compagnie d'une mère pharmacienne, glaciale, autoritaire et distante, une vrai Walkyrie (page 64) avec laquelle les contacts sont rares et planifiés, le tout sur fond de méfiance réciproque (page 22). Elles ont reçu toutes trois une éducation religieuse, très stricte. Elles sont pourtant devenues accroc aux paradis artificiels. Elles voudraient se sortir de leurs conditions de vie actuelles. Elles échangent entre elles leurs impressions, leurs doutes et leurs espoirs, réfléchissant à leur drame commun, à leurs douleurs, à leurs souffrances respectives et aux moyens de s'en sortir.

Le récit est cru (page 42 – j'ai besoin d'une queue entre les jambes ; page 102 – les culs c'est comme des melons) et sent la provocation : l'auteure nous promène entre sexe (page 22, il est rappelé que le sexe peut être contaminé), vice, débauche, alcool, drogue et solitude. Alternativement déjantées, désespérées, en dérive ou temporairement sereines, nos trois héroïnes sont attachantes. Elles ne se parlent pas directement, mais elles le voudraient très probablement si elles arrivaient à faire tomber les conventions et les interdits qui les musèlent, en tous cas elles nous conduisent tantôt au milieu de leurs extravagances, tantôt au milieu de leur réalité quotidienne ordinaire. le ton est libre, assez souvent grave, parfois humoristique : en toile de fond, un pessimisme ambiant et quelques touches de nostalgie, car les trois soeurs naviguent à vue dans un monde qui les dépasse. Peu de poésie, des expressions qui peuvent être vulgaires, une tonalité sensible et parfois tendre (page 18 – c'était si doux de se laisser emmener par la main). le suspense est garanti et il y a de l'énergie dans cette histoire. L'ouvrage est original par sa composition en forme d'abécédaire (les chapitres vont de « A comme atypique » à «  Z comme Zénith »).

Que faut-il retenir de cet ouvrage définitivement ancré dans le monde d'aujourd'hui ?
D'abord, que ça n'est pas un livre pour les mecs : à la page 11, on lit « leur virilité s'agite avec inquiétude entre leurs jambes » ; à la page 17, on lit que l'homme est un paquet « d'hormones sur pattes » ; à la page 20, l'auteure nous parle de règles et d'aménorrhée, puis (page 23) de ménopause, de frottis et d'hormones. le sexe de la femme est sans arrêt survalorisé : c'est un « refuge humide et chaud » qui dépasse le pénis « en dimension et en appétit ». L'amour de l'homme se mesure en centimètres !
Ensuite, que ça n'est pas un livre à lire si on a le cafard : sans faire dans le misérabilisme, le lecteur notera au fil des pages que la famille ne semble pas constituer une protection si on en juge par la mère qui ne désirait pas ce troisième enfant et qui le lui fera sentir toute sa vie, ou par les désunions qui foisonnent dans cet ouvrage ; que l'éducation plonge les êtres humains dans des conventions qui devraient pour la plupart être abolies (page 18 – la femme ne doit pas dire un mot plus haut que l'autre devant son époux) ; que le monde du travail offre une réalité sociale peu valorisante (page 21 – Cristina n'a ni sécurité sociale, ni contrat fixe, ni stabilité ; page 31 – Rosa a perdu deux dioptries et gagné une scoliose au travail ; les cadres ont des costards mal coupés et les secrétaires n'ont pas d'autres sujets de conversation que le film de la veille au soir ou que les amours de la presse People ; page 32 - les promesses de salaires s'effacent devant la réalité de la crise alors que la hiérarchie touche onze fois votre salaire, ne parle pas l'anglais et fait des fautes d'orthographes) ; que l'amour (page 29) ne dure pas toute la vie et n'offre au final qu'illusions et déceptions. L'amour, c'est bien là leur problème à toutes les trois : pour les hommes, l'amour n'est que confrontation avec la femme et conquête de la femme quand, pour la femme, l'amour est une entreprise d'identification et d'accueil du partenaire ! Alors les femmes doivent feindre et se résigner à aimer sans jamais posséder, avec en corolaire un sentiment de culpabilité doublé de honte à ne pas pouvoir construire une relation loyale et durable avec leur partenaire. Quant à la vie, elle est insupportable (page 120), un tissu de jalousies, même entre les enfants, des jalousies qu'il faudrait pouvoir nettoyer (page 87). La vie, est d'une tristesse à mourir : (page 223), chaque année qui passe, c'est une pelletée de terre sur la chambre de votre jeunesse ; et (page 243) elle se déroule dans un monde sans réponse.

Alors, quelle issue s'offre à nous ? Garder un regard d'enfant sur les êtres et sur les choses (page 232 – fais-moi rester enfant). Ne pas avoir honte. Refuser l'aliénation, l'épuisement et les chimères (il faut jeter nos comprimés). Garder de l'espoir et du temps libre (page 36 – ça vaut mieux que le meilleur salaire du monde). Se prendre en main, sortir, voir des gens, se confier (page 40 – se réveiller à côté de quelqu'un et partager avec lui un petit déjeuner au lit, il n'y a que ça de vrai), respecter l'intimité d'autrui, profiter de tous les instants agréables, fuir de temps en temps la ville (page 40 - car en ville, il n'y a pas de relations suivies) et prendre les choses avec un peu d'humour (page 123 – pour ne pas ressembler à une daurade congelée). C'est à ce prix (page 259) que la vie est un immense cadeau : d'ailleurs, si le dernier chapitre s'intitule « Z comme Zénith » ça n'est pas par hasard ! Un livre à lire et à relire.
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J'ai été trompée par la couverture originale et la 4ème légère, abordant ce livre comme une pause entre deux livres sérieux !
C'est quand même très bien foutu, et l'auteur s'est foutu de moi. Une fois qu'on plonge dans ce livre, on se retrouve happé dans un tourbillon de folie. L'humour n'est pas gentil mais cynique, les personnages ne sont pas cool mais trash, l'histoire n'est pas légère mais dérangeante.
Et c'est là, je trouve, le génie de Lucia Etxebarria, une écriture rythmée, épicée, déjantée pour parler de choses pas très commodes. On se retrouve dans ces trois soeurs (surtout une pour ma part), on se pose des questions sur soi.
Bref ce livre est une délicieuse supercherie et une fois qu'on a mordu, impossible de s'en détacher.
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De A comme atypique à Z comme zénith, Ana, Rosa et Cristina, trois soeurs, parlent de leur vie, de leurs amours, de leurs déboires, de ce qui leur manque pour être heureuses et accomplies. le tout est enrobé de chaleur et d'humour.
Les trois soeurs sont touchantes, malgré leur dépendance à divers drogues ou anti-dépresseurs. Elles font de leur mieux mais elles galèrent pas mal. L'une s'ennuie dans son mariage, l'autre est au top professionnellement mais n'a personne à aimer et la troisième vole d'amant en amant. Et si finalement, chacune recherchait ce que l'autre a ?
La sensibilité de Lucia Etxebarria m'a fort plu. Elle n'a pas peur de dire ce qui est mais avec beaucoup de justesse et de féminité. C'est relevé, parfois cru, et tendre à la fois. Enfin une histoire de femmes qui ne baigne pas dans le romantisme gnan gnan et les préjugés. C'est vivant, libre et sans concession. J'ai adoré.
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Christina est serveuse dans un bar malgré sa licence, est accro à l'ecstasy et collectionne les amants. Sa soeur Rosa est directrice financière, suit à la lettre les consignes comportementales et vestimentaires qui feront d'elle une dirigeante respectée et prise au sérieux ; elle est accro au Prozac, sa vie sentimentale est un désert. La troisième mène une vie de famille tranquille, au côté d'un mari ennuyeux, et est accro aux tranquillisants.

Trois vies aux antipodes, aux trajectoires pourtant pas si différentes que ça : un père qui part du jour au lendemain sans explications, une éducation religieuse trop rigide pour leur permettre d'appréhender les premiers amours. Et pourtant, la première relation marquera fortement chacune des trois soeurs et orientera le déroulement de leur vie.

L'histoire aurait pu être banale, mais l'auteur a bien déjoué tous les pièges : c'est rythmé, parfois dur, parfois cru, mais toujours vivant.
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N°433– Juin 2010
AMOUR, PROZAC ET AUTRES CURIOSITÉSLucía Etxebarría - Denoël.
(traduit de l'espagnol par Marianne Millon)

La découverte d'un auteur inconnu est toujours un moment fort pour moi et quand celui-ci est espagnol, mon appétit de lire en est augmenté. J'ai donc pris ce roman, un peu au hasard d'autant que la 4° de couverture était plutôt engageante. A l'en croire, le public de la péninsule l'avait accueilli comme « le roman d'une génération ».

Au vrai, cela commençait plutôt bien, je veux dire sur le ton de l'humour qui nous fait supporter bien des choses dans notre pauvre vie. D'abord Cristina, 24 ans, serveuse après avoir travaillé quelques temps dans un bureau, elle est un peu le vilain petit canard de cette famille Gaena... Elle n'arrive pas à se remettre d'avoir été larguée par son petit copain irlandais.. Quand, pour compenser ce manque, elle ne s'envoie pas en l'air avec des amants de passage, elle se met à songer à son enfance où s'entremêlent les regrets d'être une fille, une religiosité surréaliste, la fuite du père, ses débuts difficiles dans le monde du travail, et à ses autres soeurs auxquelles elle ne parle presque plus. Son problème principal semble être son taux de testostérone qui, par ailleurs justifie, pense-t-elle, sa propension à s'envoyer en l'air. Rosa, 30 ans, distante, froide, rationnelle, condescendante, suffisante, cadre supérieur consciente de ses responsabilités, de ses compétences, elle a réussi dans un monde d'hommes. Pourtant elle est seule dans son bel appartement, dans sa puissante voiture, avec ses tailleurs à la mode! Elle a perdu sa virginité comme on passe un examen... par nécessité! Ana, 32 ans. Elle a tout ce qu'une mère de famille et maîtresse de maison sérieuse, maniérée, bourgeoise peut désirer, un mari beau et brillant, un enfant adorable, une maison, une domestique... mais elle est fatiguée de vivre au quotidien parmi les marques de lessives et n'a même plus la force de faire le ménage ou de ranger ses placards. Elle sait tout de l'orgasme... mais par ouï-dire seulement et a dû la perte de sa virginité à un quasi-viol. Autant dire que la roulette de la génétique les a faites complètement différentes au physique comme au moral, mais leur mère ne voit rien de la détresse de ses filles!

Pourtant, elles ont en commun une sorte de mal de vivre que chacune combat à sa manière puisqu'elles dépriment tant qu'elle le peuvent: Cristina carbure à l'ecstasy, à l'alcool, on peut dire qu'elle est aussi un peu nymphomane (« j'ai besoin d'une queue entre les jambes » avoue-t-elle), Rosa a jeté son dévolu sur le Prozac et autres anxiolytiques, quant à Anna, ce sont les somnifères qu'elle affectionne... chacune sa panacée dans ce monde déshumanisé!

Dans ces « paradis artificiels », il me semble qu'il est surtout question d'amour, ou plus exactement de sexe. Pour Cristina, c'est un usage abusif et obsessionnel, peut-être à cause de la fuite du père, peut-être aussi parce qu'elle passe son temps à vouloir être aimée par des gens qui ne font même pas attention à elle (thème connu), pour Rosa c'est plutôt une absence cruelle tandis que pour Anna, ce serait plutôt la routine... avec des regrets et des remords.

Dans une sorte de catalogue alphabétique, l'auteur nous décline toute les facettes du mal-être commun à ces trois soeurs ainsi que leur parcours, leurs expériences, leurs apprentissages . Elle y parle d'un univers qui est aussi le nôtre, pourquoi pas! L'auteur le fait sur le ton de l'humour et dans un style volontiers enlevé qui s'attache le lecteur, plus attentif sans doute à l'anecdote qu'à la détresse que peu à peu elle instille dans sa description. C'est pourtant vers la fin que ce récit est carrément émouvant. Jusque là, la narratrice s'était surtout appesantie sur le cas de Cristina, mais sur un mode léger. Dans les dernières pages elle rappelle tout le désarroi de cette «jeune fille de bonne famille recyclée», en perpétuelle recherche d'un amour impossible, qui a 16 ans a fait une tentative de suicide et qui maintenant glisse vers l'héroïne. le discours humoristique du début cède la place à l'horreur quand elle évoque l'épreuve de la seringue, la douleur de l'injection et la mort par overdose de son copain Santiago. A ce moment Cristina prend une autre dimension, elle goûte soudain « la chance d'être encore en vie. C'est un immense cadeau », mais n'a plus personne à qui se raccrocher et sûrement pas à sa mère que la vie a meurtri elle aussi, mais d'une autre manière et qui a toujours été absente.
Elle prend alors une résolution « Tant que je serai là, j'irai de l'avant », rappelle que la femme n'est pas comme la Bible le prétend sous la dépendance de l'homme, mais puise dans la Kabbale des exemples de femmes fortes ( Déborah, Athalie, Judith, Betsabée, Esther...) qui elles aussi ont su faire face... Alors le message des bonnes soeurs qui a perturbé son enfance, il valait mieux l'oublier! Elle choisit de retenir l'exemple de Lilith, femme créée , selon la tradition rabbinique avant Ève et faite d'un peu de boue. Elle est l'égal d'Adam et sa compagne et non sous sa dépendance. Quant à ses soeurs, elles ont, elles aussi, décidé de réagir, Ana demande le divorce(et finira sans doute par l'obtenir) sans donner de raison et se voit internée dans un asile d'aliénés, Rosa s'accepte enfin comme elle est, à cause peut-être d'une chanson obsédante qu'elle entend au téléphone et qui lui rappelle son enfance. Bref, ces trois soeurs se retrouvent autour de la déchéance de l'une d'entre elles, se reparlent même si elles choisissent de rejeter leur mère. Une sorte de happy-end en quelque sorte, un message d'espoir dans cette société qui peu à peu a perdu tous ses repères!

C'est vrai qu'au départ, j'ai lu ce livre avec les yeux d'un lecteur que l'humour amusait un peu malgré un style oral et sans véritable recherche littéraire. J'ai même connu une certaine lassitude mais j'ai poursuivi jusqu'au bout, partagé entre la curiosité et la volonté d'en finir pour pouvoir en parler et me dire que j'avais au moins lu un ouvrage de cet auteur. J'ai été ému à la fin et je n'ai pas regretté ma persévérance en me disant que sans cela je serais sans doute passé à côté de quelque chose et que cela aurait été dommage.

Alors, roman d'une génération, sûrement! Sous couvert d'un certain humour, c'est en réalité une photographie sans fard de notre société, avec ses travers, ses dérives, un espoir... Peut-être?

Hervé GAUTIER – Juin 2010.http://hervegautier.e-monsite.com
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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Citations et extraits (65) Voir plus Ajouter une citation
page 159
[...] Quand j'arrivai à la maison, maman et Rosa m'attendaient, l'air soucieux. Maman fumait cigarette sur cigarette, et Rosa, toujours aussi pragmatique, insistait pour que nous restions calmes, disant qu'on n'arriverait à rien en réagissant comme Cristina.
Cristina était enfermée depuis plusieurs heures dans la salle de bains et refusait d'ouvrir la porte. Rosa s'entêtait à dire que le mieux était de faire sauter la porte pour voir si la petite n'avait pas avalé un autre flacon de médicaments, parce que nous savions qu'au moindre relâchement de sa mère, Cristina faisait main basse sur les médicaments de sa pharmacie. Mais maman, toujours aussi soucieuse du quand-dira-t-on, insistait sur le fait qu'il valait mieux éviter, parce que avec le vacarme que nous allions faire en jetant la porte par terre, tous les voisins seraient alertés. Moi, franchement, je trouvais cette obsession des voisins un peu absurde, comme si à ce stade là, tous n'avaient pas été au courant des scènes de Cristinita !
Je m'approchai de la porte de la salle de bains et, sans grande conviction, murmurai :
- Cristina, c'est moi, Ana, tu vas bien ?
Au début, pas de réponse, mais au bout d'un moment la porte s'entrouvrit, juste un peu, et j'aperçus la tête échevelée de ma sœur qui, lorsqu'elle constata que ni maman ni Rosa n'étaient visibles, ouvrit un peu plus la porte et me laissa passer. J'entrai dans la salle de bains et Cristina referma le verrou derrière moi. [...]
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Tu vivras de nombreuses passions, disait ma carte astrale, me plaçant sous l'ascendant d'amours intenses et fugaces. Un rosaire de noms reliés par des baisers, certains sobres, d'autres plus tendres. Ils sont plus ou moins grands, châtains ou bruns, il y en a de toutes sortes. Un trait commun les définit tous, la virilité qui s'agite avec inquiétude entre leurs jambes.

Certaines s'affirment, hautes, orgueilleuses. Fermes et obstinées, dressées comme des mâts. Puissantes et astucieuses, sûres d'elles, bonnes raisonneuses, mûres, décidées, elles envahissent tout. Elles entrent, s'appproprient les lieux et, une fois introduite, solidement encastrées, elles savent qu'elles sont à leur place, connaissent leur rôle. Elles entrent, sortent, s'émeuvent, accélèrent le mouvement, conscientes de leur empire. Empires d'une nuit, monarchies d'un baiser.

Il en est d'autres plus petites, inquiètes et espiègles. Turbulentes, curieuses, elles ne manquent jamais d'espace pour jouer, chercher et se perdre. Douces exploratrices, elles vous échappent parfois, glissantes comme des couleuvres, comme le savon dans la baignoire. Elles patinent, surprises, sur les cuisses mouillées, et repartent à l'escalade, anxieuses et impatientes, bondissant avec vivacité, vers le refuge humide et chaud qui les attend, elles le savent. Petits poissons qui sautent dans votre courant interne, heureux et trempés, peu leur importe comment et où. Jeunes d'esprit, c'est tout juste si elles se prennent elles-mêmes au sérieux.

Tu pourras les aimer beaucoup sans jamais les posséder. Elles pourront t'aimer encore plus sans que tu ne leur appartiennes jamais. Farouches et rieuses, fugaces, bruyantes, elles n'auront laissé ni sillage ni empreintes derrière elles. À peine le souvenir, flou et nostalgique, des heures heureuses, les seules qui comptent, celles qui ont été véritablement vécues.
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Oublie le sida et les drogues, les bombes nucléaires, les expériences génétiques, la manipulation de l'information par le pouvoir. La véritable menace, la plus présente, c'est la jalousie et le désir, l'extase, l'emportement, le moment où il te faudra renverser les structures sur lesquelles tu avais fondé ton équilibre mental. C'est la passion, la véritable menace, et peu importe à quel point tu crois être quelqu'un de rationnel. Personne n'est à l'abri.
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La vie devrait être comme une éphéméride. Tous les jours, on devrait pouvoir en arracher une page pour en commencer une autre en blanc. Mais la vie est comme une couche géologique. Tout s'accumule, tout compte. Toute chose a une influence. Et l'averse d'aujourd'hui peut annoncer le tremblement de terre de demain.
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Le monde est plein de vampires. Celui qui mord a été mordu un jour. Celui qui abuse a souffert d'abus. Celui qui frappe a été frappé. Celui qui abuse a été abusé. Le bien et le mal ne surgissent pas du néant, quelqu'un les a fait entrer dans notre tête à coups de marteau.
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Vidéo de Lucia Etxebarria
Lucía Etxebarria - Ton c?ur perd la tête .Lucía Etxebarria vous présente son ouvrage "Ton c?ur perd la tête" aux éditions Héloïse d'Ormesson. Traduit de l'espagnol par Nicolas Véron. Préface de Marie-France Hirigoyen. Retrouvez le livre : http://www.mollat.com/livres/etxebarria-luc%C3%ADa-ton-coeur-perd-tete-9782350873145.html Notes de Musique : ?Hartford? (by Mary Halvorson and Jessica Pavone). Free Musique Archive. Visitez le site de la librairie : http://www.mollat.com Retrouvez la librairie Mollat sur les réseaux sociaux : Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat You Tube : https://www.youtube.com/user/LibrairieMollat Dailymotion : http://www.dailymotion.com/user/Librairie_Mollat/1 Vimeo : https://vimeo.com/mollat Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/ Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/ Tumblr : http://mollat-bordeaux.tumblr.com/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Blogs : http://blogs.mollat.com/
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