Citations de Lucia Etxebarria (362)
L’amour est devenu une utopie, une construction imaginaire. Le couple est désormais exploité par le marché comme référence et comme mode de consommation. Aujourd’hui, pour être aimé, il faut être sexy, ce qui veut dire consommer : cosmétiques, coiffure, salle de gym. Pour trouver l’âme sœur, il faut dépenser : aller en boîte, fréquenter les restaurants, les bars. Et pour faire durer cette relation, il faut encore dépenser : dîner dehors, boire des cocktails, voyager, avoir des activités culturelles épanouissantes.
La mémoire n'est qu'une façon de gérer l'oubli.
Je comprends qu'il est absurde de vouloir remonter le temps pour tenter de retrouver ce qui a disparu dans les fissures de la mémoire, car la vie continue, le destin tisse ses filets inextricables et ce que nous cherchons a continué de pousser et ne sera jamais ce qu'il était, excepté dans le souvenir.
On tente d'ensevelir la douleur, mais la douleur s'infiltre dans la terre, sous vos pieds, et finit par polluer l'eau que vous buvez et l'air que vous respirez, sans que vous sachiez vous-même ce qui vous fait du mal.
Les mecs s'imaginent que votre quotient intellectuel chute automatiquement de dix points à partir du moment où vous portez une minijupe.
Dans le monde où j'ai grandi, ce que signifiait être un homme et ce que signifiait être une femme semblaient aller de soi. Il était question d'activités jugées plus ou moins adaptées à la virilité des hommes, plus ou moins impropres à la féminité des femmes. On attendait des femmes une certaine docilité, du raffinement et de la sensibilité dans leurs goûts et leurs comportements. Eux, ils étaient plus forts et plus rudes, moins sensibles, mieux préparés au travail dur. Il existait en outre des hommes qualifiés de féminins et des femmes cataloguées masculines, ceux et celles qui étaient trop faibles ou trop rudes au regard des modèles.
La beauté est une qualité très subjective. Au bout du compte, elle tient davantage à l'oeil qui l'apprécie qu'au corps ou au visage de celui qui la possède.
La mort est indissociable du genre humain et il n'existe pas d'homme qui l'ait trompée ; il faut l'accepter.
Il n'est pas de pire solitude que celle que l'on partage.
On associe les choses que l'on aime à celles que l'on a aimées. Les affinités spontanées sont bâties sur des souvenirs.
On ne regrette pas les personnes qu'on a aimées. Ce qu'on regrette, c'est la partie de nous-même qui s'en va avec elles.
Dans cette société si frénétiquement consommatrice où nous changeons de boulot tous les deux ans, de voiture tous les trois, de portable chaque année, pourquoi devrions-nous vouloir le même modèle d'amant pendant toute une vie ? Le corps d'autrui n'est qu'une marchandise dont on peut se détacher, se déconnecter, que l'on peut jeter. Je me suis si souvent sentie une marchandise utilisée que plus rien ne me surprend ni ne me scandalise.
La vie en général est comme la queue au supermarché : lente, pas pratique, et pleine de gens insupportables.
Peut-être ne connaît-on jamais personne, peut-être tout le monde joue-t-il perpétuellement au jeu de mensonges . Peut-être vaut-il mieux ne pas se connaître parce que si on savait tout sur tous, la vie serait encore plus difficile à vivre ?
(dans "Mal accompagnée")
Un agresseur émotionnel, en général, ne change pas.
L'envieux a désespérément besoin de rabaisser les mérites de celui qui réussit, ainsi, par comparaison, se sentira-t-il moins inférieur.
[...] méditons le propos de Carlo Frabetti selon qui "l'intellectuel ruminant" (celui qui avale et régurgite du papier imprimé) est "une espèce apprivoisée qui ne vit que dans les fermes, les zoos et les cirques du pouvoir".
Si l'on faisait une étude sur les tailles des vêtements vendus dans les boutiques pour jeunes en Espagne, on s'apercevrait sans doute que, pour porter certaines marques, il ne faut pas excéder certaines mensurations. Regardez simplement les vendeuses, et vous comprendrez tout de suite quel est le corps correct, la silhouette permise. Les boutiques, dans leur grande majorité, ne font plus les grandes tailles - étant entendu que ce qui est aujourd'hui une grande taille était encore, il y a quelques années, une taille moyenne.
Bill m'assurait qu'il m'aimait à la folie et qu'il ne pouvait pas vivre sans moi. Mais il ne pouvait pas vivre sans moi. Mais il était en fait incapable d'aimer qui que ce soit. Y compris lui-même.
Il consacrait son temps et son énergie à une maîtresse hautement possessive : la boisson.
D'un côté, j'étais incapable de vivre sans amour, mais, de l'autre, j'éprouvais le besoin d'aimer ce qui était hors d'atteinte, comme si je ne méritais pas l'amour absolu et n'avais droit qu'à un amour relatif.