Citations de M.C. Beaton (1510)
Toutes les tâches ingrates retombaient sur le dos d’Agatha. Elle ne supportait cette situation que parce qu’elle voulait s’imprégner de Mayfair. Elle passerait bientôt à autre chose, et alors, songeait-elle avec cynisme, il faudrait au moins trois employés pour la remplacer !
Le lendemain matin, un nouveau garçon de bureau, le visage blafard et boutonneux et les cheveux coiffés en crête, déposa le courrier sur son bureau d’un geste désinvolte. On aurait dit un gamin.
« Voilà pour vous ! dit-il avec un accent cockney.
- Quel âge as-tu ? demanda Agatha. Je ne fais pas travailler les enfants, moi !
- Quinze ans.
- Et tu t’appelles ?
- Roy Silver.
- Écoute-moi bien, Roy : maintenant tu travailles à Mayfair, alors il faut que tu aies le physique de l’emploi. Va voir Freda, qu’elle te donne un peu d’argent. Ensuite, file chez le coiffeur et débarrasse-toi de cette crête !
- Maïs je suis juste un garçon de bureau ! »
Agatha vrilla son regard sur le jeune freluquet.
« Ok, chef, j’y vais tout de suite. »
La jalousie d'une femme lui faisait toujours l'effet d'une décharge d'adrénaline. Il y avait un miroir en pied accroché au mur à côté d'elle. Elle se retourna pour s'y regarder.
[...] Voir soudain se déchirer le voile d'illusions et de petites vanités derrière lequel on se cache d'ordinaire est vraiment une épreuve terrible. Quand Maggie se trouva face à une grosse mémère bouffie aux cheveux gris engoncée dans un ensemble en tweed et à toute la mesquinerie et la méchanceté de son âme, le choc fut immense.
Quand Alison était petite et qu'elle se préparait à aller à une fête d'école, sa mère était capable de lui balancer des remarques du type : "Ma chérie, j'ai fait de mon mieux, mais tu ne seras jamais jolie." C'est faux de dire que les mots ne blessent pas, ils peuvent même faire un mal de chien, se dit Alison, abattue.
Mais il appuya par mégarde sur "Blizzard".
Agatha, qui regardait la neige tomber gentiment, fut en moins d'une minute transformée en bonhomme de neige.
"Mme Bloxby a eu une idée géniale, annonça-t-il. Elle dit que ce qu'il vous faut, c'est un psychiatre."
Blessée, Agatha riposta : "Ça m'étonne ...
- Non, pas pour vous, l'interrompit Phil. Un psychiatre de la police en retraite.
Avec ses vêtements parfaitement ajustés et ses cheveux blonds impeccablement coupés, Charles avait l’air si indépendant et soigné qu’Agatha avait parfois envie de le frapper. Rien ne semblait pouvoir rider la surface paisible de son ami. Elle se demandait souvent ce qu’il pensait d’elle, au fond de lui.
A l'évidence, si sa femme de ménage s'était présentée de si bonne heure, c'était dans l'espoir de voir à quoi ressemblait le nouvel homme dans la vie d'Agatha. La première personne à pouvoir le décrire serait en possession d'un potin en or.
C'est une triste vérité que même les grands hommes ont leurs parents pauvres.
L'on n'est jamais vieux à ses propres yeux.
Personne n'irait reprocher aux hommes de faire la noce jusqu'au petit matin, de s'écrouler ivres-morts ou de casser les vitrines de Bond Street à coups de cravache, mais à nous les femmes, rien n'est permis qui écorne si peu que ce soit la bienséance. Bien sûr, il y a des mariages où le mari accorde à son épouse une grande liberté, mais pour la conserver, il faut qu'elle joue d'abord la comédie sociale et s'assure que le gentleman tombe profondément amoureux
d'elle.
Il avait un corps sec et athlétique, une peau sans défaut et de belles jambes. La mode des hauts-de-chausse et des culottes moulantes avait fait de chaque femme, si pudique fût-elle, une experte en matière de jambes masculines.
Puis, une semaine avant les noces, Mrs Cavendish invita les dames du village à une de ses lectures. Les nouveaux romans étaient difficiles à se procurer ; aussi, quand un volume arrivait, son heureuse détentrice avait-elle le devoir d'en faire profter les autres.
On n'embrasse jamais une jeune fille bien élevée à moins d'avoir des intentions sérieuses.
De toute façon, quels moyens y a-t-il pour deux demoiselles de bonne famille d'obtenir assez d'argent pour vivre dignement ? La société ne nous accorde que deux options: nous marier, ou attendre que quelqu'un meure.
Elle les trouvait parfaitement assortis. (...) Tous deux étaient originaires du village, or Mrs Cavendish estimait que les gens du village devaient rester entre eux et ne pas perdre leur temps à ramener du sang étranger - par quoi elle entendait des inconnus de Londres.
Amy remplit une fois encore les verres. " Que la vérole s'abatte sur tous les hommes !"
- Et qu'ils en perdent la raison" , renchérit Delilah en vidant son cognac d'un trait.
Père, je vous en prie ! Mr Massingham a trois ans de moins que moi. Il est encore imberbe, boutonneux, et quand il rit, on dirait de l'eau forçant le passage d'une goutière obstruée par des feuilles.
Delilah Wrawall paraissait être une jeune fille épouvantable. Enfin... pas si jeune que cela. C'était une femme de vingt-trois ans.
Quoi qu'il advienne, ne parlez pas politique. (...) Ne parlez pas de Napoléon ni d'aucun sujet de nature militaire. Evitez le thème de la religion et des pauvres. La religion est un sujet incendiaire et les pauvres un sujet déprimant. Vous pouvez parler de robes, de mode et du temps qu'il fait. Surtout, ne dites rien d'intelligent. Les gentlemen ont horreur des femmes intelligentes. Visez la fragilité et la faiblesse aussi bien de corps que d'esprit. C'est ce qu'on attend de nous.
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