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Critiques de Madeleine Bourdouxhe (55)
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La Femme de Gilles

Lu en 2020. Ce roman à la fois tragique et lumineux m'avait beaucoup touchée. Une plume désarmante par son dépouillement, et déroutante par sa véracité !

Un récit absolument prégnant, qui parle d'amour et de passion destructrice, d'adultère, d'égoïsme et de don de soi. Mais qui peut être à ce point digne d'un tel amour ? Comment mériter un tel sacrifice ?!... Il m'avait fallu faire un terrible effort pour essayer de ne pas juger, ni les uns ni les autres, de tenter de comprendre leur cheminement mental et affectif.



(NB : j'avais beaucoup apprécié l'adaptation cinématographique du roman)
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La Femme de Gilles

Femme de l’ombre ensevelie sous le regard de son mari, Elisa est la « femme de Gilles ». Elle se dévoue corps et à âme à l’amour qu’elle porte à son époux.



Femme et mère, Elisa attend un troisième enfant. Ses enfants sont le reflet de Gilles et de leur amour. Elle partage avec lui une vie paisible et une tendresse réconfortante. Quand le désir de Gilles implacable se tourne vers Victorine, la soeur d’Elisa, ce rapprochement semble inconcevable. Pourtant, Gilles se laisse consumer par cette passion dévorante. Face à sa jalousie, Elisa fait le choix de souffrir en silence et continue à se consacrer à son mari. Jusqu’où ce dévouement inconditionnel la conduira-t-elle ?



Madeleine Bourdouxhe dans un roman fluide et d’une simplicité implacable, nous raconte l’abnégation totale d’une femme. J’ai beaucoup apprécié ce texte qui dresse une réflexion pudique sur la condition de la femme.
Lien : https://memoiresdelivres.fr/
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La Femme de Gilles

La femme de Gilles c’est Elisa. Son homme est tout pour elle, elle est amoureuse comme au premier jour. Il est beau, il est gentil. Il travaille à l’usine, ils ont de jolies jumelles, un bébé en route… bref, ils sont heureux.



C’est sans compter sur la présence de la sœur d’Elisa, Victorine, qui va semer le trouble chez Gilles…



Les amours gnan-gnan ne sont pas ma tasse de thé, la dépendance aux hommes non plus ; alors oui elle m’a agacée Elisa : Son côté épouse parfaite qui attend, sa posture christique de dévouement, de souffrance et de sacrifice… pour « l’amour ».



Mais tout cela est très propice à une grande réflexion féministe, donc roman à mettre entre toutes les mains !



Son charme désuet est très agréable à lire.
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La Femme de Gilles

Elle l’aime depuis le premier regard, son Gilles. Elle est fière d’être sa femme, la mère de ses jumelles, de porter un nouvel enfant, de lui préparer son petit-déjeuner, de l’accueillir d’un sourire après sa journée de travail, de lui préparer à dîner. Il est beau son Gilles, il est travailleur. Un bon mari, un bon père, un bon gars. Elle ne se lasse pas de vivre à ses côtés, de le regarder, de le toucher. C’est la femme de Gilles.



Gilles aime Élisa. C’est son épouse, la mère de ses enfants. Il est heureux avec elle, content de la retrouver après sa journée de travail, de prendre ses filles sur ses genoux, de s’occuper du jardin à deux pour y faire pousser fleurs et légumes.



Mais il suffit parfois d’une étincelle de désir pour que tout foute le camp. Gille n’avait jamais prêté attention à Victorine plus que cela. Mais elle aime le sexe et aime que ça se perçoive. Un moment de faiblesse et Gilles tombe dans le panneau. Il est ferré. Foutu.



Ce roman publié en 1937 est bouleversant. On serait vite tentés de blâmer Élisa pour sa faiblesse. Comment peut-elle rester là à ne rien dire, à voir les deux amants jouer sous son nez, son beau Gilles lui parler ouvertement des tourments que lui fait subir Victorine ? Mais Élisa force l’admiration car elle aime tant qu’elle est prête à tous les sacrifices pour que son amour reste vivant. Ce qui la tuerait, c’est de ne plus aimer. Même si elle souffre en silence, pleure en cachette, être la femme de Gilles est sa raison de vivre.



Celle qui pourrait être un personnage pathétique est une femme que je n’oublierai pas de sitôt et qui m’aura fait vivre un grand moment de lecture. Je me suis régalée de la plume de Madeleine Bourdouxhe, très talentueuse derrière une fausse impression de spontanéité et de simplicité. C’est une écriture sensorielle, d’une justesse rare.



La Femme de Gilles fait partie de ces romans d’une telle intensité émotionnelle qu’ils nous laissent k.o une fois la dernière page tournée. Puissant. Poignant. Magnifique.

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A la recherche de Marie

Certains cadeaux nous arrivent inopinément sur les étals d'une brocante. Ainsi ce court texte de Madeleine Bourdouxhe, grande dame de la littérature belge, amie de Simone de Beauvoir, et, comme elle, pionnière d'un féminisme tout en nuances et intelligence.

L'écriture est absolument somptueuse, menant son héroïne, Marie, sur un chemin d'émancipation sans fracas ni tumultes, comme une rivière trouve son chemin dans un chaos de pierres.

Marie est l'épouse parfaite - belle, douce, aimante, attentive - d'un homme qui la considère tantôt comme un bel objet et souvent comme une très jeune enfant.

Dans cette cage dorée, Marie lisse ses plumes, avec, en elle, la nostalgie d'un ailleurs possible, un autrement à inventer.

Un regard furtivement échangé sur une plage du sud, deux bras inconnus pour l'entourer, seront le premier pas vers l'éclosion d'une femme neuve, attentive à ses désirs, découvrant le bonheur d'être soi, et dont les déambulations solitaires sont autant d'incursions vers une plénitude qu'elle devinait tapie tout près.

La recherche de Marie la conduit simplement à elle, nourrie de désirs secrets dans un accord fragile qui lui permet de conjuguer son statut d'epousée tendre et respectueuse avec une part de jeune animal affamé de vie et de découvertes.

"Savent-ils aussi que cette grandeur qui, parfois, peut s'étendre sur toutes les choses, est une marque de la fatalité ? Et, s'ils ne l'ignorent pas, savent-ils encore que la fatalité, chacun la porte en soi, comme une grâce et que c'est à nous de la réaliser ?"

Paru en 1943, ce texte tout en élégance exhale un parfum ténu qui nous semble aujourd'hui ne rien devoir à la fatalité. Madeleine Bourdouxhe y défriche une route où la femme, lasse de lisser ses plumes, prend son envol dans un ciel empli de promesses où la liberté ne doit rien au sexe mais tout à l'harmonie.
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La Femme de Gilles

Très beau roman, d'une écriture très fluide et addictive. J'ai été captivée.

Cependant, le personnage d'Elisa m'a pas mal questionné. Je m'explique: Elisa est une femme vivant dans les années 30. Elle a un mari, Gilles, et deux, puis trois enfants. Son travail consiste à gérer ce foyer de A à Z et surtout à anticiper et à répondre à tous les besoins de Gilles. Et elle le fait avec beaucoup d'amour et sans jamais se plaindre et ceci même si elle apprend que Gilles entretient une liaison avec Victorine, la petite sœur d'Elisa. Et ceci a grandement heurté la part féministe qui existe en moi. Je me révolte de constater ce peu d'intérêt que porte Gilles envers sa femme. Et ceci ne sera pas sans conséquence...

Ainsi cette réaction d'Elisa : qui ne dit pas ce qu'elle sait, qui ne se fâche pas, qui attend patiemment que Gilles revienne entièrement auprès d'elle m'est très déroutante. Et cependant, une part de moi s'identifie tout de même à elle... Qu'est-ce que nous sommes prêts à accepter ? Jusqu'à quel point?



Un beau roman qui m'a suscité plein d'émotions !
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Les jours de la femme Louise et autres nouv..

Madeleine Bourdouxhe reçoit enfin l'attention qu'elle mérite. Quel meilleur endroit pour commencer à l'apprécier que Les jours de la femme Louise et autres nouvelles, une collection d'histoires féministes surréalistes de femmes de l'après-Seconde Guerre mondiale en Europe occidentale.

Il y a des femmes qui survivent, se battent, fantasment, font des compromis et sympathisent avec le monde sombre, tordu, comique et effrayant qui les entoure.

Madeleine Bourdouxhe est née en Belgique en 1906 et a vécu les deux guerres mondiales.

Les jours de la femme Louise et autres nouvelles est l'un des grands livres féministes français ; une collection de réflexions sur la vie, les pensées et les expériences de femmes de toutes sortes dans l'Europe de l'après-Seconde Guerre mondiale.

Beaucoup ont un penchant surréaliste, mélangeant gore sombre et viscéral, obsessions de la chair et des os des corps humains, avec les vérités ordinaires et banales de notre vie quotidienne.

Chacune des histoires de cette petite merveille est concernée - d'une manière ou d'une autre - par la mise en lumière du comportement abusif, répressif, pathétique et radical du patriarcat.

Tout cela est fait avec un succès absolu grâce à un talent de narrateur inventif, succinct, parfaitement rythmé, étrangement surréaliste et douloureusement vivant.
Lien : http://holophernes.over-blog..
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La Femme de Gilles

Madeleine Bourdouxhe signe un livre puissant sur l’adultère, mais surtout sur la place que la société et les hommes laissent aux femmes.



La femme de Gilles, n’est-elle que cela ?



Ce texte aura bientôt 100 ans mais n’a pas pris une ride (hélas).

Il résonnera longtemps en moi.

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A la recherche de Marie

Une déclaration d'amour à la vie et à soi. Il faut savoir faire parfois preuve d'égoïsme afin de ne pas sombrer.

Madeleine Bourdouxhe dresse un portrait de femme bien différent de celui d'Elisa dans "La femme de Gilles" et pourtant, nous suivons également le quotidien banal d'une femme en apparence tout ce qu'il y a de plus banale. Un élément nouveau va se dresser dans son paysage, une route qu'elle va décider d'emprunter afin de vivre pleinement, d'essayer d'être moins spectatrice, moins désabusée.

Toutefois, même si les thématiques des rapports amoureux, familiaux, de l'intériorité, du suicide et de la liberté des femmes sont abordées, elles ne sont pas fouillées en profondeur car Marie s'en fiche, au fond. Elle est juste reconnaissante de vivre, heureuse de ce qu'elle a trouvé et ça lui suffit comme ça, elle sait que d'autres voies lui sont ouvertes. Carpe diem.
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La Femme de Gilles

Récit d'une femme qui s'est tellement confondue dans "son homme" qu'elle perd pied et sombre lorsque celui-ci éprouve une passion dévorante pour une autre. Cette autre n'est pas n'importe qui pour notre protagoniste, ce qui rend l'infidélité encore plus affreuse. Elle fera preuve d'une certaine abnégation au fil des pages, patiente, misant sur un essoufflement de la passion de son mari, leur amour à eux lui semblant supérieur, elle-même étant la garante de leur famille. Mais de quelle famille ? Ses propres filles n'ont aucun nom et son petit dernier est désigné sous le prénom de Gilles. Gilles est partout, tout le temps, dicte tout dans son quotidien sans pour autant lui réclamer quoi que ce soit, elle fait tout pour lui est prête à tout pour lui. Jusqu'à n'en plus pouvoir.
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La Femme de Gilles

Gilles, ouvrier, délaisse sa femme. Il préfère la soeur de cette dernière, Victorine, qui le rend dingue. Mais Elisa s’en rend compte. Au lieu de le quitter, elle préfère se dire que son époux lui reviendra…



Ce roman, que je ne connaissais pas, date de 1937. Un libraire l’ayant vivement conseillé à une amie, le cataloguant de pépite, je me le suis offert. J’avoue être plutôt mitigée… Je m’attendais au livre qui allait entrer dans mon Panthéon… mouais… bof. Il y a des longueurs, des répétitions. L’histoire n’est pas forcément crédible. Ou, du moins, elle est trop rapide pour que cela le soit. Ainsi, la façon dont l’épouse se doute de quelque chose, sans ne rien dévoiler, m’a laissée dubitative. De même, sa réaction lorsqu’elle amène Gilles à avouer…



Bien entendu, ce drame ne laisse pas indifférent non plus. Cette abnégation sans faille d’Elisa force le respect et, de ce fait, je n’ai pas vu la fin arriver. Bref, il y a du positif et du négatif dans ce livre.
Lien : https://promenadesculturelle..
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La Femme de Gilles

Dès les premières pages, Elisa se présente comme « la femme de Gilles », elle chérit son homme et ne vit que pour lui, Ils ont deux enfants et elle en attend un troisième.

Gilles est tout pour elle, elle le choie, attend avec impatience son retour de l’usine.

Par petites touches, elle a l’intuition que Gilles la trompe avec Victorine, sa propre sœur.

Devant ce drame elle se refuse à faire un éclat, fait mine de ne rien voir et en arrive même à devenir la confidente de son mari …



Certes, il m’est venu souvent à l’esprit de vouloir secouer Elisa : comment peut-elle accepter cela sans réagir de manière plus brutale ?, mais Madeleine Bourdouxhe arrive à me faire éprouver de l’empathie pour son personnage !

Tout compte fait, ne m’est-il pas arriver de connaître des amies dans des situations comparables, soit acceptant de rester à jamais la maîtresse de l’homme qu’elles aiment, soit continuant à l’aimer malgré ses infidélités soit même et là c’est pire, de le faire même en étant battue par lui,.

il existerait donc une forme d’amour prête à tout pour ne pas perdre l’homme de leur vie ?

Je me rappelle les réactions de nombreuses femmes ne comprenant pas que Anne Sinclair continue à soutenir Dominique Strauss-Kahn…



Le roman est écrit en 1937, les mœurs ont changé, la femme est plus libre tant financièrement que socialement mais tout a-t-il été modifié pour autant ?



ici Elisa est convaincue que son homme lui reviendra, elle garde donc espoir, ne se résigne pas et adapte ses réactions à cette fin, mais elle en souffre énormément et dans la plus grande solitude. L’auteure nous le fait bien ressentir.

La fin du roman nous amène à la comprendre mieux mais je me refuse à vous la dévoiler…



La facture du roman est on ne peut plus classique. Tout se déroule vraisemblablement dans la région liégeoise, une cité d’ouvriers, la vie y est banale, travail, quelques sorties au cinéma ou en promenade, les personnages principaux sont peu nombreux : Elisa, Gilles et Victorine et en quelques phrases l’autrice nous les définit bien : Elisa, une jolie femme, enceinte de son troisième enfant, qui ne se définit que par son mari, qui se donne à lui car cela le rend si heureux, c’est par elle que nous découvrons toute l’histoire; Gilles, un ouvrier fort, qui succombe à un désir qu’il ne peut contrôler, qui peut se montrer jaloux et brutal, qui ne réalise même pas la détresse dans laquelle il plonge sa femme, qui aime Victorine sans que cela l’empêche d’aimer et de vouloir continuer à vivre avec sa femme, et enfin Victorine plus légère, cherchant plus le sexe que l’amour.



C’est un récit poignant, l’histoire est triste mais nous est relatée sans pathos, ce n’est en rien un roman à l’eau de rose et quatre-vingt-cinq ans après sa sortie, il continue à susciter de l’intérêt.





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A la recherche de Marie

Un petit livre écrit en 1943 .Marie et Jean ont une vie sans problème qui ressemble au bonheur. Mais un jour Marie découvre avec un jeune homme une autre facette de la vie : la liberté , la sensualité. C'est l'histoire d'une émancipation écrite dans un style très délicat
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La Femme de Gilles

C'est grâce à la lecture de chroniques de blogs auxquels je suis abonnée que j'ai découvert ce roman et il est entré discrètement dans ma liste d'envies et y est resté. Merci donc à Mes pages versicolores et le livre d'après d'avoir suscité ma curiosité sur ce court roman de la littérature belge et d'une autrice que je connaissais pas du tout.



Et, monotone, la vie qui s'écoulait tout naturellement dans le bonheur s'écoula dans le malheur, tout naturellement. (p32)"





Elisa et Gilles forment un couple heureux : lui travaille à l'usine de hauts fourneaux, elle s'occupe de sa maison, de ses deux petites jumelles et du bien-être de Gilles car Gilles est son homme, son amour, elle ne vit qu'à travers son foyer, ses tâches ménagères, la routine de sa vie monotone mais qu'elle aime,  rythmée par celui qui part et revient du travail et illumine ses heures. Alors qu'un nouvel enfant est annoncé, Elisa voit Gilles changé, il s'absente, il devient plus sombre et elle comprend très vite qu'une autre femme est entrée dans sa vie et que celle-ci ne lui est pas étrangère puisqu'il s'agit de sa jeune soeur, Victorine (j'ai trouvé le choix des prénoms des deux femmes très appropriés : la douceur d'Elisa face à une Victorine qui vit sans questionnement ni morale, ne pensant qu'à ses victoires et sa vie). Va alors commencer pour le couple une relation faite d'acceptation, de confiance, d'abnégation mais pourront-ils retrouver ce "bonheur simple" qui les unissait, peut-on sauver les apparences où est-ce que la blessure est-elle plus profonde que ce qu'elle laisse paraître.



Quel merveilleux roman d'amour et de jalousie, un magnifique portrait de femme, un roman sur une famille ouvrière, vivant simplement et se satisfaisant des petits bonheurs que leur offre l'existence jusqu'au moment où la folie amoureuse pousse la porte de leur foyer, que Gilles se confie à celle qui est à la fois sa femme et sa meilleure amie, celle qui peut le comprendre, qui accepte de l'aider d'autant que le ver se trouve dans propre famille. 



Madeleine Bourdouxhe grâce à la simplicité de son écriture restitue totalement à la fois le contexte social, la région (la Belgique ou le Nord de la France), une époque (je le situerai dans les années 1950 alors que la femme est dépendante de son mari car souvent sans emploi,  le quotidien d'une femme au foyer, mais également le caractère d'Elisa qui ne semble exister que parce qu'elle est "la femme de Gilles", sans lui, sans sa présence et son amour, elle n'est plus rien. A force l'usure apparaîtra et pas seulement sur ses mains usées par les lessives et les tâches ménagères mais également dans son esprit et dans son coeur. Jamais un mot plus haut que l'autre, pas de violences, pas de cris mais cela ne l'empêche pas de voir, d'écouter, de traduire ce qu'elle voit, ce qu'elle entend, ce qu'elle ressent et d'agir voulant à tout prix préserver ce qu'elle a de plus cher. C'est profondément intimiste et fort dans le séisme qui s'introduit chez elle.



Certes on peut trouver Gilles égoïste, sans aucun égard pour sa femme, ne se rendant pas compte de la souffrance que la découverte de son infidélité et ses aveux vont provoquer chez elle et face à lui Elisa, écoutant, patiente et dévouée, trouvant des subterfuges pour le guérir du mal d'amour mais ne dit-on pas que l'amour est aveugle et que la maladie d'amour est difficile à guérir et ici cela s'applique pour les deux membres du couple...



"Un homme comme Gilles pleure drôlement : il hoquette deux ou trois fois, presque sans larmes, mais cela suffit pour lui donner un besoin de tendresse, de consolation.... (...) Et il parle. Non point pour lui expliquer à elle, mais pour se soulager lui, il parle avec si peu de précaution, si naïvement que si elle n'était pas prévenue elle ne pourrait résister au coup qu'il lui porte. (p92)"





Alors on pourra se révolter par l'attitude résignée d'Elisa, par celle aveugle de Gilles mais le responsable dans tout cela c'est l'amour quand il rend fou, quand il détruit, quand on croit que tout peut être reconstruit, qu'il suffit de tourner la page. Voilà c'est cela La femme de Gilles, l'histoire d'une femme qui n'a comme seul trésor que son mari, sa maison, ses enfants, sa famille et qui ne rêve que de cela, de retrouver ce qu'elle a perdu et qui ne peut rien envisager d'autres.



Il y a eu une adaptation au cinéma en 2004 de Frédéric Fonteyne avec Emmanuelle Devos, Clovis Cornillac et Laura Smet (film que je n'ai pas vu) mais je ne vous cache pas qu'à la première occasion je le regarderai pour y retrouver j'espère tout le charme du roman où se mêlent la douceur d'Elisa à la brutalité du comportement de Gilles, l'insouciance de Victorine et le comportement d'un milieu familial qu'Elisa tente de préserver malgré tout.



Est-ce encore nécessaire de vous dire que j'ai beaucoup aimé et comme j'aimerai vous inciter à le lire....
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A la recherche de Marie

J'avais beaucoup aimé "la femme de Gilles", c'est pour cette raison que j'ai entre les mains "à la recherche de Marie". Je n'ai toutefois pas été aussi séduite même si je continue à saluer le talent de Madeleine Bourdouxhe.

Dans ce roman Marie est une jeune femme qui découvre que ce qu'elle pense être le bonheur, l'amour n'est d'autre que l'habitude et la façon dont il est de coutume d'évoluer dans un couple, dans la société. (Je rappelle que ce livre a été écrit en 1943).

On vit ce que ressent intérieurement Marie et on la voit, s'ouvrir, accepter les rencontres, s'épanouir et s'émanciper.

Il n'est pas étonnant que ce roman sur l'émancipation de la femme soit écrit par une amie de Simone de Beauvoir.

Roman délicat et intimiste qui mérite d'être partagé.
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Mantoue est trop loin

Mal dans son couple avec Alci, mal dans sa tête, elle va s'identifier à son héroïne, Hilda, sa relation assez libre avec le Chevalier de Jassy et l'amour platonique tellement fort qui va se construire pour Olivier de Salm dans un duché assiégé par le roi, en attente de renfort de l'Empire et des Espagnols.



L'écriture impeccable, surannée de Madeleine Bourdouxhe, un livre centré sur l'amour et les allusions à la Suisse m'ont évoqué 'Belle du seigneur'.



Un choix osé, cette réédition chez Névrosée dans la collection 'Femmes de lettres oubliées'

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La Femme de Gilles

L'amour que porte Elisa à son "homme" est inconditionnel, entier, sans faille.

Les premières pages du roman sont lumineuses: Elisa parle de Gilles: il est beau, tendre, elle a envie de lui faire plaisir, elle attend chaque jour son retour et les douces caresses de leurs réveils.

Le jour où elle découvre que Gilles porte sur Victorine, la jeune soeur de Elisa, un regard plein de désir sensuel, elle se met à souffrir, elle épie les regards, les déplacements, les mensonges et puis elle parle, elle supporte, elle continue d'aimer.

C'est un texte magnifique, écrit en 1937, et c'est incroyable!

Une sensualité tranquille se dégage de ces pages, le coeur d'Elisa déborde, d'amour et de douleur mais elle offre à son mari une épaule pour pleurer, une écoute extraordinaire.

Une femme douce, si douce...



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La Femme de Gilles

Élisa voue un amour inconditionnel à Gilles, son mari. Tandis que celui-ci travaille à l'usine, elle s'occupe de leurs jumelles et du foyer, avant de retrouver l'homme qu'elle aime. "C'est chaque jour la même chose. Gilles sera là dans quelques minutes : Élisa n'est plus qu'un corps sans force, anéanti de douceur, fondu de langueur. Élisa n'est plus qu'attendre." La vie aurait été paisible si Élisa et Gilles avaient pu continuer à s'aimer ainsi, mais il a suffi d'un instant pour que l'homme regarde Victorine, jeune sœur d'Élisa, d'un autre œil. Et il a suffi d'un second instant, celui d'après, pour qu'ils succombent à la tentation de s'aimer. L'un trahissant son épouse, l'autre sa sœur. Quand Élisa prend conscience de ce qu'il passe, elle décide de mettre sa douleur de côté pour envelopper son mari de tout l'amour qu'elle lui voue, jusqu'à devenir sa confidente quand il désespère face au mur d'indifférence que Victorine installe entre eux. "Gilles souffre par Victorine ; Élisa souffre par Gilles. Et de cette même douleur naît leur connivence."



En une centaine de pages, Madeleine Bourdouxhe dresse le portrait d'une femme forte de son amour, prête à affronter l'adversité dans l'espoir de voir des jours meilleurs. J'ai été particulièrement touché par ce personnage féminin et sensuel, avide de laisser s'épanouir ses sens, émerveillée par la beauté des choses simples qui l'entoure. S'il peut être difficile pour le lecteur que je suis devenu en 2021 de voir une femme assujettie à ses sentiments pour son mari, auquel la tromperie n'est quasiment pas reprochée, j'ai été impressionné par sa force de caractère, qui s'exprime ici par une endurance hors du commun. Et le personnage d'Élisa se charge alors d'une dualité étonnante : alord qu'elle paraît paralysée par son statut d'épouse et de mère, elle y puise en réalité une énergie qui nourrit sa dignité.



Le texte est servi par une narration qui ne s'impose aucune neutralité et qui se fait l'alliée de cette femme qui souffre en silence, mais sans passivité. L'écriture fait affleurer émotions et sensations qui revêtent le tragique de la situation d'une beauté sans pareille.



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La Femme de Gilles

”La femme de Gilles” c'est l'histoire d'un amour, mais d'un amour vrai. Un amour qui aime sans conditions et sans rien exiger de l'autre.



1937, Elisa et Gilles s'aiment et se marient. Pour Élisa, ce mariage est un engagement à vie, un don total de soi. Ensemble, ils fondent une famille et le bonheur est là, un bonheur simple où l'on se réjouit de retrouver l'autre le soir après l'usine.

Mais le bonheur est fragile et le désir puissant. Alors Gilles s'éprend de Victorine, la soeur cadette d'Élisa.



Jalousie? Humiliation? Colère? Élisa a le coeur bien trop grand pour n'y loger que ça. Elle endure et patiente, souffre de ne plus être aimée mais souffre aussi de voir les tourments de celui qu'elle aime tant. Gilles, c'est d'abord son homme, à Elisa, puis ça devient son enfant. Gilles, c'est toute sa vie.

Alors elle attend, elle espère, elle sait que les passions un jour s'éteignent. Ce jour-là, elle sera là, elle, sa femme, avec sa tendresse intacte. Et le bonheur renaîtra comme un nouveau printemps.



Gilles a tout donné, Gilles a tout repris. Tout? Élisa garde en elle son amour inchangé. Cet amour pour Gilles, c'est sa plus grande richesse et personne ne peut la lui prendre. C'est cela qui la rend forte et la nourrit. C'est cela aussi qui la consume, sans qu'elle s'en aperçoive.



Si l'on peut vivre sans être aimé, peut-on vivre sans aimer? Elisa est entrée dans cet amour comme on entre en religion, de tout son coeur, de toute son âme. Mais à force de souffrances, Elisa a perdu la foi. Comment continuer à vivre quand à la place de ce grand feu qui vous habitait le coeur, il y a comme un grand trou?



Portrait de femme bouleversant, ”La femme de Gilles” est écrit dans une langue simple et poétique. C'est beau et triste comme un livre de Ramuz. Beau et triste comme aimer encore quand l'autre n'aime plus.
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A la recherche de Marie

A la recherche de Marie est un court roman belge, féministe. D'après la 4e de couverture de l'ouvrage publié aux éditions Zoé, l'autrice était proche de Simone de Beauvoir.

A la recherche de Marie c'est l'histoire de Marie, jeune femme, parisienne, la trentaine, qui peu à peu s'émancipe (de son mari notamment), et finit par se trouver elle-même.

Vraiment j'ai adoré la douceur, la délicatesse et l'ambiance du roman. On y est bien, et on prend plaisir à découvrir Marie et à la voir s'affirmer et faire ses propres choix. Je recommande vraiment cette lecture !
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