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Citations de Magyd Cherfi (165)


Inévitablement, ils l'avaient usé de "luttes de classe" et comme moi il n'avait pas particulièrement remarqué cette soi-disant solidarité ouvrière envers son père. Nous n'avions retenu que l'humiliation des collègues de travail de nos darons qui ruminaient à la maison l'envie de découper à coups de hache tel ou tel Italien ou autre Portugais beuglant de "sales Arabes" à tout bout de champ. Et ce qu'il s'entendait dire par les militants bienveillants, Samir, c'était : "Le racisme, c'est pas une lutte prioritaire".
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Comme le monde s’ouvrait à moi j’ai fait de mon fardeau des ailes, de mes blessures un bouclier, de mes fêlures identitaires deux richesses dans lesquelles s’est engouffrée la seule idée qui vaille, l’universel.
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Je me dis quand j'y pense que le secret de l'écriture est là. En écrivant on sublime forcément cet effroi qu'est le réel
Pour moi c'en était un au point d'éprouver une jouissance à l'enfermement.Je m'isolais pour réinventer un monde dans lequel j'aurais pas été moins qu'un prince (...)
A défaut d'être "mec", je me suis fait plume et ma haine, plutôt que des poings, s' est servie d'un stylo. (p.10)
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- Ecoute, Madge, vis ton bonheur à fond même si c'est les yeux ouverts, ça restera ton meilleur souvenir. Ne fais pas comme moi, j'ai laissé partir des tas de petits bonheurs et je les regrette, ne rate pas les tiens.
J'ai frémi de ce regret, de ce soudain avertissement, que regrettait-elle ? Est-ce qu'en abandonnant le groupe, je ne commettais pas la plus grosse erreur de ma vie ? Et puis Samir et Momo ? N'avais-je pas, en désertant l'asso, trahi nos rêves de refonder le monde ?
- Ne gâche pas, insistait-elle.
Elle me disait tout cela comme si elle craignait que je devienne, comme elle, une machine à gamberges, un sacrifié de la cause.
- On a droit à soi, disait-elle, moi je me suis perdue, j'ai tout perdu.
Le "droit à soi" me parlait. Plus je m'échinais à construire des "bandes", plus l'appel de "moi-même" me siliconait de son écho.
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Au sortir de l'entretien, je me suis massé le visage avec mes paumes pour effacer le sourire contenu de main ferme devant ce trader de cuisine, à la vue de cette verrue dégoûtante qui n'avait d'humain que le goût de marcher sur la gueule du plus faible.
Putain ! me suis dit, ils vont m'appeler Chris, si ma mère entend ça, elle déchire ma page du livret de famille, si mes frères, mes soeurs, tous mes potes apprennent que j'ai cédé à cette injonction c'est pas Chris qu'ils vont m'appeler mais Salam, genre, Adieu on te connaît plus. Ou Sale con, et je l'aurai bien mérité. Toutes ces années passées dans la cité à haranguer pour la dignité cognaient à la porte de ma conscience, tout ce temps à bassiner les copains jouaient les boomerangs.
"Nous devons montrer qu'il n'y a pas de fatalité et pour montrer faut se montrer, lever la tête et dire non à toute discrimination. " Tu parles.
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On peut tout quand on n'a rien à perdre.
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Môme, j'aimais ce drap qui séparait les deux sexes, il traçait une frontière qu'enfant on franchissait allègrement, j'aimais cette impunité que l'enfance autorise, et j'aimais quand les hommes contre une pièce de dix centimes nous suppliaient d'aller avertir leur moitié d'un départ imminent. Oui j'aimais ce drap immaculé qui représentait pour moi deux paradis distincts, celui des hommes endimanchés, joyeux et bruyants, portés par une légèreté de vivre, et celui plus soyeux des femmes aux couleurs vives et parfumées à l'eau de Cologne d'Andorre.
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Tous l'attendaient pleins du plaisir d'une fraternité nouvelle. J'incarnais auprès d'eux un quelque chose qu'allait s'appeler le black-blanc-beur, la France métisse mais toujours éternelle. A peine accomplis les "on a gagné" de circonstance, Paul a impulsé un chant des partisans dont je ne connaissais que le premier quatrain. Je me souviens être resté bouche bée. C'était une victoire de la gauche, chez les pauvres on redoutait l'expulsion et chez les riches pétaradaient les petits bouchons de champagne.
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Je crois m'être dit : je suis français, c'est sûr puisque j'ai un diplôme.
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Après l'aventure de Bija et l'aventure "Mitterrand", j'ai eu envie de changer d'air, l'envie d'un petit tour "en France", d'entendre parler d'autre chose que de révolution ou de ces satanés problèmes de banlieue, de crise d'identité, de lien social, de prévention de la délinquance et des violences faites aux femmes. J'avais envie de phrases correctement formulées, d'évoquer quelques grands esprits, Camus, Sartre, Montesquieu et Montaigne. (...)

Envie d'une compagnie sans trouble identitaire, me glisser dans un cocon d'idées complètement barrées, dans une tchatche du dépassement de soi. Dans la soie du quotidien sublimé, entendre parler de la malédiction des poètes plutôt que celle de la plèbe, évoquer des grands chagrins d'amour, le mal de l'âme au lieu des coups qu'on porte à la figure pour défendre rien d'autre que l'orgueil masculin. (p. 63)
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Ils vivaient la politesse comme une défaite et forçaient ma nature à esquinter la langue de Molière, à rejoindre les codes de la colère. (...)
Ils n'aimaient pas non plus les phrases longues avec ou sans complément d'objet direct (...)
Ils se contentaient du verbe et, pour le temps, de l'impératif. (...)
Ils ne voulaient aucun des temps qui fondent le dialogue.
Ils disaient "On est arabes !" sans que cela soit une identification raciale mais une traduction de la méchanceté. (p. 16)
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C'est comme si l'hôpital décourageait toute envie de planter ses guêtres, ça ressemble à cette France terrorisée de nous voir débarquer en parasol. Manquait plus que l'affiche qui précise "La salle d'attente, tu l'aimes ou tu la quittes." Ça dénigrait le prolo jusqu'au sein des services publics.
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Toujours cette schizophrénie chez moi de me fondre en Arabe quand trop de Blancs s'agglutinent au mètre carré...et l'inverse au milieu de trop d'Algériens.
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- Il n'y a rien de plus stupide que de courir derrière une balle qu'il faut domestiquer avec ses pieds. Un ballon, ça ramène l'intelligence au plus bas du corps dans ce qu'il a de plus laid, les pieds. C'est avec sa tête qu'on devient un homme, on la remplit d'abord et la vie mon fils t'apparaîtra comme du miel. Mon fils, c'est pas bien de se servir de ses pieds.
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- Qu’est-ce qu’il voulait ?
- J’sais pas, avec ces mecs t’es coupable même de rien.
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Non, ce n'était pas une simple bagarre [des skinheads ont attaqué le groupe de Magyd en plein concert], c'était un combat d'idée : la France blanche, immortelle et chrétienne contre celle des Arabes, voilà ce que je voulais qu'on dise. C'était un combat qui nécessitait qu'on s'informe et se forme sur l'état du pays. C'était un combat qui imposait qu'on lise et, comme le répétait Pierrick, qu'on aille sur le terrain vérifier l'état de démembrement des populations étrangères.
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Le temps de la petite école, on a aimé Jesus qu’avait le cœur sur la main, on a aimé Noël, Pâques et Mardi gras, que ds fêtes sympas. On a même préféré les cow-boys aux Indiens, c s barbares au visage peint qui vous coupaient les couilles et la mèche. On préférait John Wayne. On ne savait pas l'époque Que les sauvages étaient nos frères jumeaux, on ne savait pas qu on était.
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Nos ancêtres étaient Gaulois... Le croirez-vous ? On a aimé !... On ne savait rien de l’Algérie si ce n’est la guerre d’Algérie… On a été français un temps, le temps de la petite école qui nous voulait égaux en droits… On a aimé Jésus qu’avait le cœur sur la main, on a aimé Noël, Pâques et Mardi Gras, que des fêtes sympas…
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J’étais dans ma cité comme un magicien des mots et m’en léchais la plume.
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J'ai senti tout le poids de mon altération, le même sentiment d'être étranger dès que je remonte le temps.
Sous une arcade millénaire ou devant un tableau du siècle dernier, même appréhension. Dans une église aussi où j'ai cru mon malaise dû à une autre pratique culturelle, mais non, c'est à l'âge des pierres que j'en voulais.
Plus je remontais dans le temps et moins j'appartenais au peuple de France, suffisait d'un rideau rouge, de colonnes majestueuses, de quelques boiseries et de tableaux d'art et je me sentais renvoyé au néant de ma propre histoire. La profondeur des racines empêchait la greffe.
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