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Critiques de Maram al-Masri (52)
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Cerise rouge sur carrelage blanc

La voix qui s'élève est celle d'une femme mariée qui contemple l'usure que le temps impose à son couple. Et voilà qu'elle est prise d'une attirance folle pour un autre homme ! Que faire de ses rêves perdus et de ses désirs nouveaux ? Dans des phrases en prose poétique, hachées et saccadées comme un souffle affolé, il est question d'amours douloureuses et contrariées, non payées de retour. La femme cherche à combler le vide laissé par l'amour parti ou celui, fantasmé, qui ne s'incarnera jamais dans la peau et la chair. Tout est terriblement éphémère, et donc fantastiquement beau, sensuel et troublant.
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Cerise rouge sur carrelage blanc

Avec les mots de tous nos jours, Maram AL-MASRI parle des femmes, de leur langue, de leurs paysages intimes, sur les pages de Cerise rouge sur Carrelage blanc, parle des mots qu'elles se disent tout bas, "je suis lasse de rester sur tes brouillons, sur tes marches, devant tes portes, où sont, tes vastes paradis" page 117 ?





Elle écoute encore ses rêves d'hier, et se souvient, page 81, "tu n'aurais pas dû me prendre par la main pour la laisser rêver de te toucher, tu n'aurais pas dû effleurer mes lèvres pour les laisser brûler sous tes baisers,tu n'aurais pas dû rester silencieux pour que je ne cesse d'espérer."





Ces femmes parlent ainsi de leurs déchirures, de leurs rêves brisés, de leurs tâches domestiques qui sont comme des pièces d'une machine qu'elles doivent monter, et démonter heure par heure, et chanter sa rengaine, comme "tu m'y as invité, j'ai lavé la vaisselle, j'ai nettoyé par terre, j'ai fait les carreaux, j'ai repassé les chemises, et lu Dostoïevski, ce maudit temps qui , avec toi vol d'habitude, tic-tac , tic-tac, avance doucement," page 109 écrit comme un pose.





Ces femmes scotchées au pied de leur immeuble, de leur maison, observent avec humour celui qui se croit permis de tout décider, parce qu'il est un homme, et parce qu'elle est une femme, et ironise en lui proposant, page 111, "donnes moi tes mensonges, pour les laver, les fixer dans l'innocence de mon coeur, fais-en des réalités", et arrête de me dire, ça n'a jamais existé.



On se délectera à lire et relire ces petits moments de clarté, ces passages de l'idée à l'écrit, pour mieux râler, les mots qui font mouche sur un ton badin, parce "qu'il n'y a plus entre nous que les enfants," pour remettre les pendules à l'heure, "parce qu'il n'y a plus entre nous ces fous rires ni caresses pures ni le goût du laurier et du miel sur nos lèvres parce qu'il n'y a plus entre nous"...p 49





De carreaux blancs, en carreaux rouges, posés en quinconce telle une mosaïque , ces femmes continuent de rêver de routes arborées, de vastes plaines où galoper, car dit-elle "mon métier est-il éternellement d'être une femme de te laver les pieds une rose à l'oreille chaque fois que tu rentres ?"





"Pour toutes ces femmes qui lui ressemblent", elles ne savent pas parler, le mot leur reste dans la gorge comme un lion en cage, les femmes qui ressemblent à Maram AL-MASRI, rêvent, de liberté, "d'un homme aussi chargé de fleurs et de belles paroles un homme qui me regarde me voie qui me parle et m'écoute un homme qui pleure pour moi dont j'ai pitié et que j'aime."







Car quand le désir l'embrase et que ses yeux s'illuminent, "j'enfonce la morale dans le premier tiroir, réincarné en diable, je bande les yeux de mes anges pour un baiser, apeurée comme une gazelle sous les yeux de ta faim, je veux que tu m'aimes en silence et que tu me laisses m'interroge".p 15





Ce beau voyage commencé dans la fragilité et la solitude, dans les premiers pas de l'intimité des femmes, de leurs maladresses, de leurs inquiétudes, se poursuit souvent avec désillusion, parfois dans la révolte et la colère.



Mais c'est aussi une magnifique dimension du livre que d'avoir su réserver quelques pages blanches, à dire tout haut le désir des femmes, et clamer, "qu'il me fasse chavirer, sinon qu'il n'approche pas, qu'il commence par un doigt de ma main, pour finir sur un doigt de mon pied."





Et de tendresses en baisers, elles disent avec quelle ardeur, "Je le veux ardent et profond", pour dire à son amour, "mon imagination revêt ses plus beaux atours et attend sous ta fenêtre", p 107.

"Ma poitrine se gonfle

dans l'impatience du désir

miche de pain chaud

mordue

par les dents

de ton badinage", telle une cerise rouge sur carrelage blanc.





Dans la fièvre de cette prose musicale et sensuelle, Maram AL-MASRI a su imprimer des messages ardents, parfois drôles, toujours justes, et montrer des femmes exigeantes loin des fausses images données par certains médias.

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Cerise rouge sur carrelage blanc

Tout d'abord je voulais vous remercié pour l'envoie de la masse critique. Par contre je n'est reçu aucun mail ... Je ne pensait pas avoir eu le droit donc surprise.



Une couverture simple, j'aurais proposer autre chose pour attiré d'avantage le regards des lecteurs.

Un peu voir beaucoup déçu de découvrir que la page gauche est consacré aux texte arabes ... biensur impossible de l'ai lire. Cela aurais était plus agreable en français et peut etre plus long a lire, car celà a était très rapide en lecture.

Autre chose qui ma beaucoup choquer ou ennuyé dans ma lecture est l'absence de ponctuation ! Bien évidement si j'écrirai un texte sans ponctuations on en a vite marre ... Aucun point, aucun virgule, aucune majuscule .... Donc aucun sens par moment (voir tout le temps) au poème.

Maram Al-Masri utilise des pronoms personel mais aucun élément nous permet de situé les personnages indiqué, pas facile de suivre malgre que sa soit des poèmes.

Les passages où son pere figure j'ai bien aimer par contre
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Cerise rouge sur carrelage blanc

« les femmes qui me ressemblent

ne savent pas parler

le mot leur reste dans la gorge

comme un lion en cage

les femmes qui me ressemblent

rêvent...

de liberté... »

Ces vers sont extraits du magnifique recueil de poèmes, Cerise rouge sur carrelage blanc, écrit et publié pour la première fois en 1998 par Maram al-Masri, une très grande voix de la poésie syrienne. La version dont je vais pour parler ici, de nouveau publiée par les Éditions Bruno Doucey, offre la particularité de proposer une nouvelle traduction et une version bilingue avec le texte original en langue arabe sur la page de gauche.

J'ai découvert cette auteure il y a deux ans dans le cadre du printemps des poètes. Un comédien lors d'une soirée organisée par la médiathèque de ma commune, s'était fait l'interprète de quelques textes choisis dans l'oeuvre de Maram al-Masri, dont ce recueil. Cette soirée s'inscrivait par ailleurs dans le cadre de la semaine de la femme engagée dans l'écriture. J'avais été fasciné par la force et la sensualité du texte. Je remercie Babelio pour m'avoir offert la possibilité de découvrir cette nouvelle version dans le cadre de sa Masse Critique, de revenir à cette oeuvre et de pouvoir écrire ces quelques mots.

Ce recueil est composé de poèmes souvent très courts, parfois à peine plus épais qu'un haiku. Ils disent le quotidien d'une femme, son paysage intime, le refus de se soumettre devant celui qui décide pour elle parce qu'il est homme, ses rêves, son éveil, son élan, sa main tendue vers les autres femmes...

Ce sont des clés qui ouvrent des portes, délivrent les coeurs et les corps emprisonnés de voiles, de certitudes et de barbarie. Chaque mot est un pas vers la lumière.

Les poèmes de Maram al-Masri viennent caresser le désir, mettre à nu les mots d'un autre âge, les dépouiller, les jeter, en réinventer d'autres, réveiller les livres interdits ; ce sont des interstices par où agripper des doigts épris de liberté.

Cerise rouge sur carrelage blanc, c'est une blessure, c'est une fêlure, c'est une faille par où faire surgir la lumière. Cerise rouge sur carrelage blanc, c'est comme une gourmandise, la saveur d'un coulis de framboise sur la douceur d'un fromage blanc.

Mais la poésie de Maram al-Masri n'est pas que belle, elle est rebelle. C'est le sang sur la neige. C'est un visage dans la poussière. Ce sont ces femmes soumises, muselées, invisibles, ce sont leurs cris dans l'intérieur de leurs corps. La poésie de Maram al-Masri cherche à briser leurs prisons, fustigent avec beaucoup de moquerie leurs geôliers, ces hommes d'un autre âge et qui font leur quotidien.

Maram al-Masri jette ses mots comme des nuées d'oiseaux, soulève les voiles, ôtent les bandeaux sur les bouches muettes, apprend le chemin des oiseaux, des rires et du ciel gorgé d'azur.

Les mots de Maram al-Masri disent la douleur, le rêve et l'amour ; ils s'indignent, crient, brûlent, se moquent avec parfois beaucoup d'ironie, ébouriffent, éveillent. C'est un cri de révolte et de désir. Les mots se faufilent parmi les rides d'un visage, les ecchymoses et les cheveux blancs. Ils apprennent à aimer, à s'aimer, à emprunter de nouveaux chemins, à voir avec d'autres yeux.

Derrière les coeurs meurtris, il y a l'âme peut-être encore intacte, qui tremble comme une herbe nouvelle.

Les mots de Maram al-Masri disent aux femmes emmurées de ne jamais se résigner, d'allumer des pas dans le battement d'ailes qui bruit dans leurs poitrines affamées.

Ce recueil est à la fois l'Orient et l'Occident. Il dessine un pont entre deux rives. Il est universel.

Ce recueil est un fruit à cueillir...
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Cerise rouge sur carrelage blanc

Une page en arabe (l'auteure est syrienne d'origine) face à sa traduction française.

On devine le parcours de Maram al-Masri à travers ses textes : un mariage, un mari violent, des enfants, le ménage à tenir, une maîtresse...



106 poèmes qui parlent de la femme désabusée. 106 poèmes pour exprimer le doute, le désir et l'amour. Beau.
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Chjarasgia Rossa E Pavimentu Rossu

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Elle va nue, la liberté

Elle va nue la liberté donne âme, voix et corps au peuple syrien, pied et poing liés par un système politique contraignant. Mené par une plume simple, précise et extrêmement touchante, c’est un recueil poignant, criant de vérité, une ode au courage et à la liberté.
Lien : https://unepauselivresque.wo..
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Elle va nue, la liberté

un parcours poétique de l'actualité syrienne à partir de photos et articles lus au loin.
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Elle va nue, la liberté

une ritournelle liberté au nom des ensevelis sous dictature

la Syrie pleure ses corps

l’homme nuit à son propre peuple lorsqu’ il oublie la vrai croyance celle en cœur religieusement disséminé chez ceux qui griffent et se battent pour rire danser et jouir les cheveux au vent les enfants dans les bains à écouter des histoires de princesses en attendant leur mère sortie pour un tour et pas sous décombres

liberté assiégée ton nom sur les mur en sang suffoque en attendant son heure et peut-être peut-être les espoirs de Kobané ne seront pas oublié

"Elle avance la liberté" les pieds froids mais debout "elle avance"

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Elle va nue, la liberté

🩸Chronique-Poesie🩸





Il me semble qu’il y a

De la poésie qui va débraillée

Et souffre de la faim

Ce n’est pas chez moi

Mais la Méditerranée

M’envoie de ces vagues



Il me semble qu’il y a

De l’amour décomposé

Qui sent le lait caillé

Ce n’est pas chez moi

Mais la Méditerranée

Me renvoie des blessés



Les enfants de Syrie

Se transforment en oiseaux

Encourent un voyage éprouvant

Entre terre et ciel esquivants

Les bombes et les hélicoptères



L’avez-vous vu la mère?

Elle portait ses enfants à bout de bras

Mais eux, eux, ne respiraient pas

L’avez-vous vu ma Sœur?

Elle pleurait son peuple enseveli

Sous les gravats, et lui tombait, inanimé

L’avez-vous vu la guerre?

Elle tuait mères et enfants inconnus par milliers

Dans l’indifférence du monde entier

L’avez-vous vu la Syrie

Rien de magique n’est venue la sauver



Faites que la poésie serve

Faites que les chansons servent

Faites que la danse serve

Elle va nue la liberté

Elle a besoin de robes de beauté

Elle a besoin de cris révoltés

Elle a besoin de colombes et de cœurs gais

Elle a besoin de branches d’olivier, de bougies

Elle a besoin de poèmes-jasmins engagés

Elle a besoin de petites mains qui écrivent

Son nom partout pas seulement au paradis

Elle va nue la liberté

Ensanglantée trouée gercée perforée blessée

Affamée assoiffée abîmée déchirée violentée

Mais elle avance

Dieu merci elle avance



J’admets que j’ai le cœur criblé

Mais je ne veux pas de consolations

Ces poèmes c’est des fenêtres sur l’horreur

Ces poèmes c’est des instants volés à ce pays

Ces poèmes disent et racontent les deuils

Ces poèmes chantent et aiment une patrie

J’admets que j’ai le cœur criblé

Mais je ne veux pas d’adoucissements

Ces poèmes m’ont appris la tristesse et l’exil

Ces poèmes m’ont renvoyé le goût du sang

Ces poèmes m’ont enseigné le déchirement

Ces poèmes tiraient deux montagnes

Entre les mains de Maram al-Masri

Mais elle avançait

Avec l’évidence de la tristesse intégrée

Et l’espoir de l’arrêt de ces tueries insensées

J’admets que j’ai le cœur criblé

Mais il chante des prières de paix

Et reviens vers vous, la tête haute, le dos droit

Vaillant avec un magistral coup de cœur
Lien : https://fairystelphique.word..
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Elle va nue, la liberté

Merci à @dell pour cette découverte loin de mes lectures habituelles. (Ce livre m'a été offert dans le cadre d'un échange lors du pique-nique du club de lecture Babelio Nord).



Des poèmes en arabe avec leurs pendants en français, face à face, et Maram al-Masri nous raconte sa Syrie en guerre : les morts, les endeuillés, les destructions, le combat qui continue malgré tout.



Ses vers sont brefs et donc rythmés, sa poésie est très visuelle. En la lisant, l'empathie est intense.



Pas de note car j'ai décidé de plus noter qui ou quoi que ce soit sur internet, mais je ne peux que recommander ce recueil à tout ceux qui n'ont pas envie de détourner les yeux sur le conflit syrien.
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Elle va nue, la liberté

J’aime beaucoup cette poétesse et ce recueil est, comme toujours, beau et touchant. Le thème est dur : la guerre en Syrie, un pays mis à feu et à sang, un peuple traumatisé, exilé et meurtri. Le style est simple, des phrases courtes et percutantes qui créent des sensations et des images dans la tête du lecteur. Ce livre est une ode à la paix et à la liberté.
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Elle va nue, la liberté

Je n’ai pas les mots concernant ce livre qui est un recueil de poèmes proposé par Maram al-Masri, tant les poèmes sont prenants. Syrienne exilée, Maram ne supporte pas ce qui ce passe dans son pays d’origine. Ces actes ne peuvent être banalisés, ces atrocités doivent cesser. En soutien à son peuple et afin ne pas les laisser dans l’indifférence, elle décrit l’horreur, les morts et souhaite la liberté... Je ne le dirais jamais assez, Paix et Amour.
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Femmes poètes du monde arabe (Anthologie)

Je ne pensais pas me retrouver autant dans ces poèmes. Pas dans tous évidement, mais je ne pensais pas qu'avec autant de facteurs de différence, je puisse avoir autant de points communs avec ces femmes. C'est bien vrai, d'après ce qu'on voit aux informations, l'on ne s'attend pas forcément à lire des textes si "occidentaux" : je veux dire par là que ça fait longtemps qu'en France nous n'avons pas réellement connu de guerre, que la religion est de plus en plus absente et que hommes et femmes peuvent prétendre à une certaine égalité (même si les féministes penseront certainement toujours le contraire ;D).



J'ai aimé la diversité des textes : il n'y a pas un seul thème mais une infinité. Certains parlent d'amour, d'autres de technologie, d'autre de sensations... Chacun y trouvera ce qu'il aime en manière de poésie.







J'ai beaucoup aimé la présentation des textes : je trouve agréable que Maram al-Masri les a regroupé selon la nationalité des auteures. Il y avait beaucoup de possibilités mais je trouve que ce choix reste le plus judicieux.



J'ai également apprécié la couverture toute simple et au touché cannelé tout doux ainsi que son petit format qui s'emmène partout. Personnellement j'aime lire un poème de temps en temps, sans les enchaîner ce que j'ai parfaitement pu faire avec ce livre si facile à glisser dans un sac.







Cela dit, j'ai également quelques regrets comme celui de ne pas avoir trouvé dans Femmes poètes du monde arabe des poèmes des femmes mentionnées dans le résumé : la princesse Wallada, Nazik al-Malaïka, Fadwa Touqan ou encore Maram al-Masri dont j'ai découvert qu'elle écrivait également des poèmes.



Mon autre regret est de ne pas maîtriser l'arabe pour pouvoir les découvrir en VO : j'imagine que leur traduction leur fait perdre un peu de substance même si les phrases restent mélodieuse et les textes compréhensibles.



Femmes poètes du monde arabe est vraiment une jolie découverte que je vous souhaite de faire !
Lien : http://lunazione.over-blog.c..
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Femmes poètes du monde arabe (Anthologie)

Allant de l'Iran à la Mauritanie, Maram al-Masri a compilé un ensemble de poèmes de poétesses arabes. Elles chantent l'amour, l'enfermement, la guerre, la révolution. C'est beau. Universellement féminin malgré la prégnance de la culture arabe dans ces écrits : le voile est un sujet récurrent et le parfum de jasmin entêtant.
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Femmes poètes du monde arabe (Anthologie)

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Femmes poètes du monde arabe (Anthologie)

La lecture de l’anthologie « femmes poètes du monde arabe » m’a profondément bouleversée en ce qui tend l’universel féminin et par-delà l’être humain à se libérer par l’écriture d’un joug destructeur.

Le recueil, admirablement traduit par Maram Al Masri au plus près du sentiment véhiculé par la langue d’origine est comme une veine qui irrigue l’essence même de la vie.

Les voix poétesses arabes au ton résolument moderne et agréablement audacieux éclairent tour à tour la vie de femmes meurtries physiquement, humiliées verbalement mais aussi amoureuses passionnées ou encore mères meurtries dans leur chair ou loin de leurs attaches natales.

La prose lyrique envoutante est empreinte de sublimes métaphores liées à la douleur, à l’amour et au désir : « la femme tortue arrondit son chagrin avant de partir.. », « l’orage de la beauté de Youssef… », « j’avoue que j’ai aimé plus que de raison », et le poignant « sac d’os » en sont quelques portraits bouleversants parmi tant d’autres.

Je ne peux donc que vous inviter à découvrir ce recueil et peut être aussi à continuer l’œuvre poétique à laquelle nous engagent les pages blanches à la fin de ce très beau volume…

Ouvrage lu dans le cadre de l’opération « la voie des indés » avec tous mes remerciements aux éditions « Le Temps des Cerises » et à LIBLFY.
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Femmes poètes du monde arabe (Anthologie)

Cueillette de fleurs, c’est la signification d’Anthologia, un terme tiré du grec ancien. Cette image de la cueillette des fleurs suggère l’image d’un beau bouquet fait de couleurs, de formes, de parfums . Cette image peut servir de métaphore pour illustrer l’anthologie préparée et traduite par Maram al-Masri consacrée aux Femmes poètes du monde arabe.



Ce recueil nous offre une belle découverte. Il met dans la lumière l’œuvre de cinquante poétesses venues d’horizons et de parcours très différents, assez peu connues en France. Une poésie contemporaine venue du Liban, d’Arabie Saoudite, du Yémen, d’Egypte ou encore du Maghreb.



L’amour, la féminité, la maternité, l’absence, la vieillesse, la solitude, la guerre sont les thèmes qui reviennent le plus souvent au fil des pages dans une écriture pleine de sensibilité, de pudeur, de sincérité, de douleur aussi. J’ai été touché par certains poèmes (je pense à ceux de Sabah Kharrat Zouein, grande voix de la poésie libanaise, à Samar Abdel Jaber et à Nathalie Handal, écrivaines originaires de Palestine ou encore à Hoda Hussein venue d’Egypte et à Souad Labbiz d’Algérie).



Dans cette suite de poèmes s’inspirant de la réalité, de l’évocation de souvenirs, d’impressions, on sent se tracer comme un chemin d’exil intérieur qui, par le biais de l’écriture, s’ancre dans l’intime pour s’ouvrir au monde.

Le recueil parait assez hétéroclite, dans la forme, dans le vocabulaire employé et les thèmes abordés mais la lecture de cette anthologie sur les Femmes poètes du monde arabe est une belle découverte, une initiative utile et nécessaire de Maram al-Masri pour connaître le mouvement littéraire des femmes dans la culture arabe contemporaine.



Je n’ai concernant cet ouvrage qu’un seul regret : celui que l’auteure de cette anthologie ne fasse aucune contextualisation de la création littéraire actuelle des femmes dans le monde arabe et surtout qu’aucune information biographique et/ou bibliographique ne soit donnée sur les auteures présentées dans le recueil. Un nom et un prénom suivis du pays d’origine, cela fait trop peu. C’est comme s’il manquait un visage, un récit de l’histoire de toutes ces femmes écrivaines. Dommage.



" Quel miracle que de faire jaillir

sous d’épaisses ténèbres

la lueur du féminin

ensevelie dans l’humain "*



Une anthologie est comme une invitation, un lien qui va des mots vers une écriture, une personnalité, une sensibilité, une région qu’il nous reste à découvrir. La féminité est une précieuse lumière qui nous éclaire et nous protège. Ce recueil sur les Femmes poètes du monde arabe de Maram al-Masri nous le rappelle avec bonheur.





(*) extrait de "Miracle" de Touria Ikbal (Maroc).
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Femmes poètes du monde arabe (Anthologie)

" Préparer une anthologie est un travail d'amour. "

C'est par cette phrase symbolique et forte que Maram al-Masri, poète elle-même, amorce la préface de ce recueil de poèmes qui donne la parole à cinquante femmes du monde arabe.



Et quelles paroles ! Qu'elles soient célèbres ou totalement inconnues, elles osent. Le cri de douleur, de révolte, mais aussi d'amour, de désir, nous donnant à lire l'intime, la détresse, la souffrance la plus vive comme le rêve le plus poétique.

J'ai découvert de belles voix de femmes, beaucoup plus proches de moi finalement que je ne l'imaginais, surprise par leur liberté de ton, leur passion, leur violence aussi parfois. Je suis franche, tous les textes ne m'ont pas touchée avec la même intensité comme dans toute anthologie. Mais ces poésies en vers libres - au sens propre comme au figuré - valent le voyage, vers d'autres horizons, d'autres ressentis.



Deux courts extraits de poèmes qui résument, selon moi, l'esprit de ce recueil, entre amour et détresse, et se passent de plus de commentaires :



" J'avoue que j'ai aimé plus que de raison

jusqu'à être possédé par le génie de l'amour

j'ai tout parié sur la ronde du désir qui tourne

autour de ses blessures "

De Violette Abu Jalad, Liban



" C'est un jour rampant comme une tempête de sable.

Une femme dit à sa voisine : mon enfant est descendu jouer dans la rue avec ses congénères, et il n'est pas rentré. "

" Ô mon enfant dormant dans le sein de sa première mère

Ô mon enfant dormant dans son ombre familière

De ton torse nu, criblé de balles, se dégage une lumière et s'ouvre un chemin. "

De Lamia Makaddam, Tunisie



J'ai juste envie d'ajouter cette phrase de Romain Gary qui me revient :

" Je dis simplement qu'Il faut donner une chance à la féminité, ce qui n'a jamais vraiment été tenté depuis que l'homme est sur cette terre. "
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Je te menace d'une colombe blanche

Premier recueil de la poétesse syrienne Maram Al-Masri, et quel recueil !

Edition bilingue arabe-français



Le titre d'abord, "Je te menace d'une colombe blanche", une menace d'amour et de tendresse. Comme précisé dans la note de l'éditeur par Bruno Doucey, ce titre était emprunté à la poésie de Muhammad Sayida.

Des mots forts, vrais, une autobiographie poétique, invitation à l'amour, à la sensualité.

Maram Al-Masri ose dire tout haut ce que les femmes syriennes et les femmes en général pensent tout bas.

Elle évoque son passé, son enfance, ses amours déçues, l'homme qu'elle aime, la polygamie...

Elle qui a écrit ces textes sans savoir qu'elle était poétesse nous imprègne de ses mots et de ses maux d'amour.
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