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Critiques de Marcel Aymé (601)
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Uranus

La ville de Blémont est libérée depuis peu et une partie de la cité est encore sous les gravats. Ainsi, nombreux ont été relogés chez l’habitant, plusieurs familles se partageant un même appartement. Une promiscuité source de nombreux problèmes.

Pour ne rien arranger, un collaborateur (Maxime Loin) est en cavale. L’ingénieur Archambaud, pris de pitié, le cache chez lui. Mais son appartement, outre sa femme et sa fille, est occupé également par les Gaigneux, des communistes militants, et le professeur Wattrin, un doux rêveur, veuf depuis peu sans être pour autant éploré (bien au contraire !).

Autour d’eux gravitent de nombreux personnages qui s’agitent, se bagarrent, se chicanent, se surveillent et se craignent. Car peu d’entre eux peuvent être fiers de leur attitude durant le conflit : entre une collaboration passive, le marché noir, les communistes arrivés en guerre sur le tard, les résistants de la dernière heure. Sans oublier les exactions durant la Libération que beaucoup souhaiteraient oublier.



Marcel Aymé dans ce roman se plait à illustrer toutes les bassesses et petites lâchetés des français sous l’Occupation. Monglat qui a fait fortune avec le marché noir et ne sait que faire de son argent, de peur que celui-ci révèle son trafic avec les allemands. Rochard, syndicaliste, qui veut tout bousculer pour cacher son inaction durant le conflit. Jourdan, marxiste issu de la bourgeoisie, qui ne rêve que du Grand soir pour cacher sa frustration de ne faire famille avec les communistes du cru. Sans oublier Léopold le cafetier, complice du marché noir, qui se retrouve au milieu de toutes ces intrigues alors qu’il ne rêve que de poésie et de vin blanc. Et tous ceux qui sont passé du Maréchal au Général sans se dégrader pour autant.

Un roman publié en 1948 et qui ne fut sûrement pas apprécié par tous à l’époque. Adapté avec réussite en 1990 par Claude Berri (avec l’inoubliable Gérard Depardieu dans le rôle du bistrotier). Une formidable réussite, une comédie cruelle et joyeuse pour une sombre vision de l’être humain.
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Le passe-muraille

Nous sommes sous l'occupation. Les Français sont dans la misère, ils ont peur, ils subissent des injustices. de ces thèmes réalistes naissent des nouvelles prodigieuses d'inventivité et de finesse, au ton et au style fantastiques, dans tous les sens du terme. J'en isole trois.





L'incontournable Passe – Muraille. « Dutilleul était modeste, mais fier ». Son super-pouvoir lui permet d'effrayer son stupide et conformiste patron. « Levant les yeux, il découvrit avec un effarement indicible la tête de Dutilleul, collée au mur à la façon d'un trophée de chasse. Et cette tête était vivante. A travers le lorgnon à chaînette, elle dardait sur lui un regard de haine ». « L'homme qui possède des dons brillants ne peut se satisfaire longtemps de les exercer sur un objet médiocre ». Et le pauvre Garou-Garou Dutilleul, va se retrouver in fine figé dans la muraille. Il « lamente la fin de sa glorieuse carrière et le regret des amours trop brèves ».





L'huissier, Malicorne, a vu son cynisme détesté par St Pierre, qui n'hésite pas : « En enfer ! Qu'on me l'accommode d'un bon feu et qu'on m'entretienne ses brûlures pour l'éternité en les arrosant deux fois par jour avec les larmes de la veuve et de l'orphelin ! » .

Malicorne arrête les anges d'un geste très forme et en appelle au jugement de Dieu.

« La procédure est la procédure ».

Le dilemme est celui d'Antigone, Dieu le sait, et lui octroie un sursis. « L'huissier qui saisit les meubles du pauvre n'est que l'instrument de la loi humaine dont il n'est pas responsable ».

Revenu sur terre, Malicorne compte avec mesquineries ce qu'il croit être des bonnes actions, des dons - calculés, il « s'achète sa part de Paradis ». Mais son coeur s'ouvre et une bonne oeuvre une seule, mais de poids, lui vaut d'y entrer : « Il a crié, lui, un huissier : A bas les propriétaires ! »

« Dieu, émerveillé, commanda aux anges de jouer, en l'honneur de Malicorne, du luth, de la viole, du hautbois et du flageolet. Ensuite, il fit ouvrir les portes du ciel à deux battants, comme cela se fait pour les déshérités, les clochards, les claque-dents et les condamnés à mort. Et l'huissier, porté par un air de musique, entra au Paradis avec un ronde de lumière sur la tête ».





En attendant, se situe « pendant la guerre de 1939-1972 ». Quatorze personnes qui font la queue devant une épicerie à Montmartre se prennent d'amitié et décident de ne plus se quitter. Tous égrènent leur malheur, tous se lamentent et l'explicitent. Homme, femme, enfant. Tous unis, dans une détresse aux accents de tendresse. L'un n'a pas à développer : « « Moi, dit un Juif, je suis Juif ».









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Uranus

Inquiété un temps à la Libération pour avoir publié quelques contes dans deux revues collaborationnistes, Marcel Aymé publie en 1948 Uranus. Beau pied de nez à tous les donneurs de leçon de morale patriotique, qui fleurissent pendant la période de l'épuration et des procès pour crime de haute trahison.

Dans la petite ville de Blémont balafrée et mutilée par les bombardements américains, les ennemis d'hier sont contraints de vivre sous le même toit dans les derniers immeubles qui tiennent debout. L'ingénieur Archambaud, jadis maréchaliste comme bon nombre de ses compatriotes, doit loger un membre du parti communiste dans son appartement. Tenaillé par le besoin de se racheter de sa lâcheté, il accepte d'héberger un collabo en cavale pour le soustraire à la vindicte populaire. Le professeur Watrin, incorrigible humaniste, préfère observer les étoiles et les libellules plutôt que d'observer les luttes mesquines et les règlements de compte.

Au-dessus de la mêlée, Léopold, ancien champion de lutte devenu bistrotier, ignore superbement les rapports de force qui sont à l'œuvre en ces années d'après-guerre, il rabroue aussi bien les résistants de la onzième heure, qui paradent avec leurs pistolets, que les collabos qui ont fait fortune et qui continuent de tirer les ficelles en graissant la patte aux notables du coin.

En dépit de leur veulerie et de leur mesquinerie, tous les personnages de ce roman conservent une part irréductible d'humanité. Le roman de Marcel Aymé oscille entre la farce et la poésie, chaque page est un délice.
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Le passe-muraille

Ensemble de nouvelles hilarantes, quoiqu'un peu datées de Marcel Aymé, j'ai notamment apprécié le percepteur de femmes (qui m'a fait beaucoup rire) ou bien la nouvelle qui a donné son titre au recueil, avec le génial et ridicule Garou-Garou. Ces récits sont toutefois très ancrés dans le style administratif de l'époque (pour le brocarder) et peuvent, dès lors ,déplaire à certains.
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Uranus

L'exploration du quotidien d'une ville après la libération, avec une galerie de personnages savoureux, du barman qui se découvre une passion pour Racine au collaborateur en fuite en passant par l'étonnant professeur lunaire et son ami bourgeois... Ce qui est très fort de la part d'Aymé c'est sa capacité à passer si facilement de la psyché d'un personnage à l'autre, avec une fluidité rarement égalée. On lit et on vit dès lors ce livre comme la poursuite d'un fil que tiendraient tous les personnages et qui fait se rencontrer les idéaux et les passions extrêmes, faisant également passer avec brio le lecteur du rire aux larmes.
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La Vouivre

Je suis assez étonné par ce roman, qui échappe à toutes les catégories dans lesquelles on pourrait le ranger. Pour autant, ce roman s'inscrit dans la lignée de ce qu'a écrit Marcel Aymé, explorant encore une fois des thèmes ruraux, paysans, moraux et fantastiques.



Ce qui m'étonne dans ce roman, c'est le mélange des genres qu'a fait Marcel Aymé. Entre le fantastique qui est assumé dès les premières pages avec ce personnage de la Vouivre, mais surtout la critique sociale qui est faite et les nombreux personnages qui vont aller de pairs avec. Le fossoyeur alcoolique et ressassant une réalité qui ne fut jamais, le maire républicain mais profondément croyant et qui se sent tiraillé entre ces deux tendances, de façon déchirante. Mais également l'entourage d'Arsène, Belette et sa jeunesse qui demande quelque chose qu'on ne veut lui accorder, le vieil employé qui ne veut prendre sa retraite, et tout les autres. Autour d'un personnage principal ambiguë dans sa façon d'être (on se prend à le trouver arrogant ou aveugle à la réalité, en même temps que profondément humain et à l'écoute des autres) gravite un petit monde rural dont Marcel Aymé prend un malin plaisir à se jouer. C'est au travers des relations que va évoluer le livre, jusqu'à un final burlesque en même temps que tragique. Il y a de la comédie de mœurs là-dedans, et aussi de la satyre sociale en même temps qu'un esprit profondément champêtre. C'est le Jura qui nous est présenté, entre les beautés de ses lieux et les paradoxes de ses personnages.



Marcel Aymé est un auteur dont j'apprécie le ton humoristique mêlée de satyre sociale parfois bien ressenti. Il joue avec ses personnages pour mieux nous amener leurs contradictions, tout en nous présentant une société rurale sous toutes ses coutures. On ne peut qu'admirer son talent à présenter les choses de cette façon, et la lecture se finit sur une note tragi-comique bien sentie. C'est un final à la hauteur du livre, qui nous laisse un petit gout en bouche après la lecture, et ça ne me déplait pas du tout.
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La Vouivre

Je pourrais débuter en disant simplement que j'ai kiffé ce livre. Il est simple et plaisant.



C'est le second livre de Marcel Aymé que je lis et j'ai aimé les deux. Cette touche fantastique dans un monde réaliste qui ne manque pas d'humour m'a séduit.



L'histoire est assez simple, elle tourne autour d'Arsène Muselier un paysan Comtois. L'homme est droit dans ses bottes, travailleurs et sérieux. Un jour, il tombe sur la Vouivre, une créature légendaire qui possède un rubis d'une valeur extraordinaire. Le problème est que celui qui s'en empare se fait attaquer par toutes les vipères du coin.



Heureusement, Arsène est droit. Il ne s'empare pas de la pierre et sympathisé avec la créature jusqu'à devenir son amant.



Au-delà de l'histoire, nous sommes face à une interrogation sur le devoir, la vie, la responsabilité et la mort. Nous rencontrons des personnages qui possèdent toujours plusieurs facettes. Même le personnage morale révèle finalement ambivalent.



Bref, j'ai kiffé cette lecture.
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La Vouivre

Dans La Vouivre, le monde agricole jurassien des années 1920, entre catholicisme et radicalisme politique, est confronté au mythe de la nature incarnée en femme. Tous veulent le rubis qu'elle porte sauf pour se baigner et ceux qui s'aventurent à tenter de lui voler sont dévorés par des vipères. Seul Arsène Muselier, plus pragmatique que les autres, ne se laisse pas éblouir par la fortune que représente le bijou, et s'attire, presque à son corps défendant, les bonnes grâces de La Vouivre. Comme toujours avec Marcel Aymé, une incroyable galerie de portraits est peinte avec brio, avec quelques phrases pour chacun qui suffisent à cerner le personnage. Hormis La Vouivre (et peut-être le maire et ses crises de foi), ces personnages sont simples et assez monolithiques, ce qui ne veux pas dire qu'ils font forcément ce qu'on attend d'eux. Ainsi la conduite amoureuse d'Arsène est-elle assez déroutante entre La Vouivre, son mystère et son éternité, Juliette, l'amour d'enfance, fille de la famille honnie, Rose, l'héritière dotée mais disgracieuse, et Belette, la jeune servante dévouée. L'écriture de Marcel Aymé captive et nous emmène insensiblement vers le terme du conte, qui paraît finalement unique et inéluctable.
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La Vouivre



hcabanes 13 décembre 2017

L'un des plus beaux livres que j'ai lus. La poésie de Marcel Aymé qui sait rendre au quotidien visible et trivial, toute sa part de mystère, de magie et de spiritualité païenne. Nymphes, nature enchanteresse, tout un monde cruel mais beau, sensuel et magique qui enchante l'esprit, le coeur et l'âme.
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Le Minotaure

Déjà en 1967 l'art contemporain était un sujet d'amusement et de moqueries, car tel est le prétexte de cette farce de Marcel Aymé écrite cette année-là. Il est à parier que ce sujet n'a pas fini de fournir de bonnes occasions de rigolades tant les égos et les ridicules sont exacerbés dans le milieu artistique : de quelque domaine qu'il s'agisse. Il est à parier que dès le paléolithique le contemporain artistique faisait déjà les gorges chaudes des quelques drôles réunis autour du feu dans les cavernes recouvertes de peintures rupestres. Néanmoins il ne faudrait pas réduire cette farce à n'être qu'une charge contre les courants artistiques de la fin des années 60, car Marcel Aymé a écrit un joli divertissement en un acte dans lequel le burlesque le dispute à l'échevelé.



Un paisible bourgeois avec femme, bel appartement parisien et domestiques se prend de nostalgie pour sa jeunesse paysanne. Un jour saisi d'une impulsion irrépressible il s'achète un tracteur. Attention pas n'importe lequel : un beau, un puissant, un robuste tracteur. Un Minotaure ! À peine est-il installé au milieu du salon familial, que voilà notre homme juché sur l'engin interpellant son entourage avec un accent campagnard, si longtemps refoulé. À force de persuasion il parvient à ce que le mécano et la jeune femme de ménage se prêtent au jeu d'une saynète champêtre improvisée. Seulement tout ceci n'est pas du tout du goût de l'épouse qui exige que la machine agricole retrouve sa place naturelle au milieu des champs. Toutefois le coup de théâtre avec renversement va être donné par un couple d'amis (en fait il s'agit d'une mère et de son fils) excessivement snob qui découvrant le tracteur est saisi par la beauté intrinsèque de cette installation inédite. Lorsque ces deux-là apprennent le nom de l'engin, c'est le délire. Dès lors c'est au tour du mythe grec d'imposer le ton, dans le style de la parodie de tragédie antique. Tout le monde, sous les directives du fils, trouve sa place dans le poème dramatico-lyrique. Les protagonistes semblent complètement possédés ; ils profèrent de manière impromptue des répliques inspirées dont certaines sont en vers. En outre la distribution ne respecte absolument pas le sexe des personnages, ainsi les femmes tiennent des rôles d'homme, inversement et réciproquement, accentuant par-là encore un peu plus la joyeuse cacophonie. Le recours à la mythologie et le mélange des genres (sexuels) est aussi une occasion de se moquer de la psychanalyse. Enfin, comme dans toutes bonnes farces dignes de ce nom des allusions gaillardes sont lâchées, en l'occurrence il s'agit de zoophilie bovine.



Ce Minotaure est une joyeuse fantaisie dans laquelle les identités des divers personnages s'enchâssent les unes dans les autres. D'une certaine manière c'est un drame en poupée russe. Nous pensions avoir un bourgeois en fait c'est un paysan qui s'avère être le roi Minos. C'est une petite pièce tout à fait jouable si ce n'est qu'il faut régler le problème technique de la présence d'un tracteur sur scène. Pour le reste le Minotaure, sans doute grâce au recours aux fondamentaux mythologiques, mérite d'être lu, joué et vu.

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Uranus

J'ai vraiment apprécié la plume de Marcel Aymé, que je connaissais déjà avec les contes du chat perché : deux volumes que j'avais dévorés lorsque j'étais tout petit et qui ont encore des échos agréables dans ma mémoire, parmi mes toutes premières lectures avec Vendredi ou la vie sauvage, l'île du docteur moreau et les Agatha Christie, le bon temps quoi !



Il y a tellement de choses condensées dans ce livre alors que le style est simple et accessible. Les personnages se laissent découvrir avec intérêt même s'il ne faut pas trop s'attendre à s'attacher avec la plus-part, car en sondant leurs âmes, l'auteur nous laisse découvrir une face sombre, pernicieuse.



(Léopold, le géant buveur de vin blanc et apprenti poète est de loin le meilleur perso et le plus attendrissant, parce qu'il est entier ! )



Ce livre parle de la reconstruction difficile de la France d’après guerre mais aussi d'autres choses plus intemporelles, la philosophie des cruels de ce monde et de leurs suiveurs, ceux qui sont aveuglés par l'orgueil et sont prêts à tout, même à l'injustice, pour servir cet orgueil sous la forme d'une "noble cause. Les indécis, les hypocrites et les poètes qui vivent parmi eux avec plus ou moins de complaisance.



Ce livre raconte le périlleux micmac que causent les illusions prétentieuses de chacun, schéma qui semble exister depuis toujours chez l'homme.

Encore aujourd'hui, des actes incompréhensibles que chacun connait se perpétuent. On se permet de commettre des horreurs en usant d'une conception déformée et restreinte de l'humanité, ( Dans le but d'asseoir un pouvoir) et on voit des milliers de personnes suivre bêtement persuadés que ce sont leurs intérêts que l'on veut défendre, et oubliant que vivre bien ne peut se faire qu'avec les autres et non pas contre eux. On manipule les gens par la peur, le mensonge et la contrainte sans le moindre scrupule, comme si on n'avait encore rien appris de l'Histoire.



Un livre courageux et intéressant donc, qui fait réfléchir en pointant le doigt sur des choses existantes encore et toujours, même après 45 ... malheureusement !









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Le passe-muraille

Un livre sympathique, qui rappelle un peu La Peau de chagrin ou l'histoire de quelqu'un qui a la possiblité de faire ce dont il a toujours rêvé mais qui en use trop. Ce livre se lit facilement et consiste en un agréable divertissement.
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La Belle Image

Raoul Cérusier est un homme simple, bon mari, père attentionné, il traverse son existence de courtier en publicité sans se faire remarquer.

Mais un jour il ne ressemble plus à ses photos et part pour un voyage merveilleux qui le prendra au piège mais dont l'épilogue ne sera pas tragique. Dans ce récit, raconté à la première personne, Marcel Aymé introduit une part de fantastique dans la vie quotidienne de son personnage (comme dans celle de Dutilleul du formidable ''le passe muraille'').

Ce roman, injustement un peu oublié, cache cependant des trésors d'ironie, de tendresse et et la plume si fine de Marcel Aymé sait nous rendre attachant ce personnage déroutant et original.
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Le passe-muraille

Série de contes les plus extravagants les uns que les autres. Le plus célèbre nouvelle de ce recueil reste tout de même cellui du passe-muraille où un simple employé de bureau maltraité par son supérieur décide d’utiliser son pouvoir secret qui lui permet de passer à travers les murs.

(Cliquez sur le lien lire la suite)
Lien : http://aufildeslivres.over-b..
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La Vouivre

Cet été alors que je randonne dans le Livradois mais aussi en Corse et en Normandie , je guette sur les chemins si par hasard une vouivre passerait par là . S'il m'arrivait de la rencontrer je lui laisserais volontiers son bijou qui fait toute sa puissance . Malheureusement la plupart des garçons qui rencontrent celle du roman d'Aymé veulent s'en emparer un moment ou un autre .... que l'homme est avide alors que les paysages du Jura respirent au fil des pages et que le temps s'est arrêté pour cette belle issue des périodes matriarcales qui semblent nous faire défaut en nos âges sombres .
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Les contes du chat perché

c'est toujours un plaisir de retrouver ces contes qui me poursuivent depuis plus de 35 ans et dont je ne me lasse pas , de lire pour moi , d'en faire profiter d'autres, élèves ou amis , lors de lectures à voix haute . d e les jouer , de les mettre , en scène avec une préférence pour le problème en particulier qui me fait toujours rire ....
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Le passe-muraille

Le Passe-Muraille et autres nouvelles/Marcel Aymé (1902-1967)

Dutilleul, médiocre fonctionnaire demeurant à Montmartre, peut franchir les murs mais un jour se fait piéger ; ce phénomène induit des situations cocasses.

Sabine a le don d’ubiquité et parvient à vivre mille vies simultanément.

Flegmon vit une drôle d’époque où la vie est rationnée et se voit assujettie à des tickets de vie, avec toutes les déviances qui peuvent en découler et trafic en tout genre.

La raison de cette mesure est la menace d’une disette. L’objectif, assurer un meilleur rendement de l’élément laborieux de la population et mise à mort des éléments improductifs. Sacré programme ! Mais…

« En raison de l’accaparement des tickets de vie par les riches, l’économie réalisée sur les denrées alimentaires est à peu près nulle. »

Et puis en 1942, pour en finir avec la guerre, il est décidé par décret que le temps serait avancé de 17 ans. Nous sommes alors en 1959. Mais par un curieux hasard, le narrateur se trouve faire alors à nouveau un bond mais cette fois en arrière, de 17 ans :

« Moi seul, après ce bond collectif, par je ne sais quelle inspiration, je refais l’étape en sens inverse…Me voilà réduit à la triste condition d’un dieu. Pendant 17 ans, il n’y aura pour moi que des certitudes. Je ne connaîtrai plus l’espoir… »

De plus il y a des regrets :

« Je me reproche de n’avoir pas su prévoir ce qui m’est arrivé depuis. »

Et de conclure : « C’est à peine si de temps en temps et de plus en plus rarement j’éprouve la très banale sensation du déjà vu. »

Les illusions de M. Jacotin dans « Le Proverbe » et le savoir faire modeste de Lucien son fils.

Comment la pieuse et dévote Mlle Boirboïé devient la catin du régiment en arrivant au ciel ! C’est le thème de la « Légende Poldève . »

« Le Percepteur d’épouses » voit les maris payer leurs impôts en se débarrassant de leur femme !

« L’Huissier » qui au seuil du paradis doit retourner sur terre pour faire le bien.

Autant de nouvelles fantastiques et surréalistes dans lesquelles Marcel Aymé fait montre de tout son talent non seulement de conteur mais encore d’humoriste satirique.

L’enfance de Marcel Aymé lui fut une source d’inspiration inouïe. Né à Joigny dans l’Yonne de parents jurassiens, il fut élevé par sa grand-mère au milieu de querelles de clocher entre laïques et cléricaux. Fin observateur de son entourage, il a su faire revivre avec vérité, poésie et réalisme les interminables conversations que l’on retrouve par exemple dans la dernière nouvelle « En attendant ».

Dans toutes ces nouvelles, on retrouve l’esprit de Perrault et de la Fontaine dans des récits symboliques qui sous une apparence de légèreté dégage une belle sagesse.

À lire et relire avec le sourire ce recueil paru en 1943. En pleine période d’occupation allemande !

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Traversée de Paris

J'avais un vague souvenir du film, mais le livre m'a secouée. C'est grinçant, c'est noir, c'est tragique.



Deux truands qui ne se connaissent pas vont traverser Paris avec des valises remplies de morceaux de porc pour le marché noir en pleine occupation Allemande. Mais l'un des "truands" l'est-il réellement ? C'est la question qui va faire tout déraper.



Le moment où tout "bascule" est très bien amené, comme dans une tragédie grecque : on le voit venir, mais on ne peut rien faire pour l'empêcher. La conclusion fataliste sera donné par l'un d'eux, ancien soldat et malheureux en amour : "On ne fait pas ce qu'on veut..." .
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La Jument verte

Dans le village de Claquebue, on ne parle que de ça…

« Ca », le sexe, la sexualité. Celle des animaux aux champs avec le taureau assisté par le vétérinaire pour aller à la vache ; celle des objets animés qui ont tous, pour certains obsédés du sexe voyant des allusions partout comme Ferdinand, qui trouve des allusions sexuelles dans un trou dans la terre ou dans la forme d’une serrure ; celle de la Narratrice de l’histoire, une jument. Mais ce n’est pas une jument vivante, même si elle est l’a été, c’est le portrait de la jument, avec du liquide séminal de l’artiste mêlé à la peinture, ce qui lui a donné des désirs érotiques. Le curé parle de sexualité à ses paroissiens pour les dissuader de s’approcher de leur femme ou de leur mari, les menaçant de mauvaise récolte et de ruine s’ils ne se contiennent pas.

On en parle, et on le fait. Entre un père et sa famille, par « tradition », entre un frère et sa sœur qui se montrent leurs parties intimes, entre voisins, avec l’envahisseur prussien… l’important, c’est de satisfaire ses désirs, de prendre du plaisir, que ce soit dans les champs ou dans un lit, avec une femme maigre ou une à grosses fesses. Oui, les événements sont crus, mais le ton est plus grivois et paillard qu’obscène ou vraiment érotique, il y a beaucoup d’humour dans ces descriptions et ces actes, avec un style particulièrement plaisant – sauf la scène de tentative de viol sur la jeune Juliette qui installe une atmosphère angoissante.

Mais le roman ne parle pas que de « ça », sinon je n’aurais pas apprécié. C’est toute une époque qui est reconstituée, dans son contexte spatio-temporel. L’action se passe dans un petit village paysan qui se transforme, avec des liens de plus en plus étroits avec le gros bourg. L’industrie s’installe peu à peu, avec le chemin de fer. Les jeunes gens partent travailler à la ville ou rejoindre l’armée. Et surtout, nous sommes dans les débuts de la IIIème République, avec ses luttes entre cléricaux et républicains, qu’ils soient notables modérés ou socialistes enragés. On croise donc les figures familières et attendues dans ce contexte, le curé, le député, le maire, l’instituteur…

Cependant, j'ai trouvé le texte un peu long d'une centaine de pages peut-être, un peu répétitif, même si le style rend la lecture savoureuse.
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La Jument verte

Cela commence comme un conte, avec la naissance, dans le village de Claquebue, d'une jument "d’un joli vert de jade", qui assure dès lors la prospérité de Jules Haudouin, propriétaire de la ferme où elle voit le jour, ainsi que celle de ses descendants… Mais d’emblée, la dimension fabuleuse s’éclipse au profit d’un ton vif, ironique et grivois, qui nous livre un récit par ailleurs quelque peu sordide et peuplé de personnages bien terre-à-terre, à commencer par ce Jules Haudoin, décrit comme rusé, menteur, et grippe-sou. Et que dire de ses voisins haïs, les Maloret, dont le chef de famille est réputé pour dépuceler ses filles, ce à quoi tout le village a fini par s’habituer…

Toujours est-il qu’avant l’arrivée de la fameuse jument, on s’ennuyait ferme à Claquebue. Il ne s’y passait tellement rien que les vieillards n’y mouraient pas, les 70-110 ans représentant la moitié de sa population malgré quelques abattages perpétrés pour tenter de rétablir l’équilibre démographique. Une problématique résolue par l’arrivée de la verte pouliche, qui a aussitôt provoqué de salutaires décès, et insufflé au village un regain de vie. Son propriétaire a quant a lui vu prospérer son commerce, et s’est fait élire à la mairie. Après une brève existence marquée par une célébrité lui ayant valu d’être immortalisée par un peintre de passage, la jument meurt à son tour. C’est Ferdinand, le plus jeune des fils Haudouin, qui hérite du portrait ainsi réalisé à la mort de son père. Le benjamin a toujours été le préféré de Jules et de son épouse. Ce jeune homme taciturne et patient, au physique ingrat, est devenu vétérinaire. Alphonse, l’aîné, est un paresseux qui s’adonne au jeu et à la boisson ; quant au cadet Honoré, c’est un garçon honnête, travailleur et rieur mais sans ambitions, et qui au grand dam de son père s’est marié avec une jeune fille pauvre.



Comme elle avait fait la fortune de Jules, la jument, même réduite à sa représentation, assure la prospérité de Ferdinand, "divinité bienveillante dispensant honneurs et argent aux prudents et aux laborieux".



Nous suivons les Haudouin, à partir du milieu du XIXème siècle, sur une période de trente ans. La vie est rythmée par la haine qui les oppose aux Maloret, et l’interminable conflit généré par une sordide histoire de dénonciation pendant la guerre contre la Prusse. Les enjeux politiques qui secouent l’époque se rejouent à l’échelle de Claquebue, générant querelles de village ou conflits intra-familiaux. Chez les Haudouin, le sens exacerbé des convenances de Ferdinand, torturé par des péchés dont il ne peut se délester par la confession puisque ses ambitions politiques lui imposent d’afficher un laïcisme de bon aloi, se heurte à la gouaille rigolarde et parfois grossière de son frère Honoré, qui jouit des plaisirs simples de la vie sans arrière-pensée. On comprend que ce dernier, "qui cache sous ses dehors tendres et rieurs un érotisme spacieux, à l’imaginaire fécond", soit le Haudouin préféré de la jument verte, qui à l’instar du curé de Claquebue, considère le sexe comme le principal, voire le seul élément déterminant les comportements des individus et la nature des relations les liant à autrui. Mais si le curé tente de détacher ses ouailles de ces dispositions qui dirigent -souvent de manière inconsciente- leur existence, la jument, elle, se réjouit de cette omniprésence d’une sexualité qui s’exprime de manière innocente ou perverse dans une joyeuse absence de toute considération morale. Ainsi, depuis la toile où elle est immortalisée, elle observe, commente et apprécie les ébats dont elle est témoin et rapportrice.



Bien qu’au fil du récit, la verve s’essouffle un peu, Marcel Aymé nous offre avec cette chronique rurale insolente et enlevée, un moment de lecture fort divertissant.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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