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Citations de Marcel Conche (142)


Des désirs naturels, c'est peut-être le désir sexuel qui se perd le plus facilement dans l'illimité du désir vain. Epicure critique la passion amoureuse, en ce qu'elle modifie le désir sexuel naturel : il devient intense mais insatiable, et la passion n'est jamais comblée - même par la satisfaction sexuelle. La passion amoureuse nous fait tomber dans un délire qui s'alimente de l'illusion d'un bonheur inatteignable. Ce bonheur absolu avec l'être désiré se fait toujours attendre, même lorsque la passion est partagée. Si elle ne l'est pas, alors c'est une souffrance inutile, une désespérance gratuite, un tourment stérile que l'on s'inflige et qu'aucun être raisonnable, donc aucun philosophe, ne peut souhaiter pour soi.
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Enfin, sont vains les désirs sociaux, ceux que l'on éprouve en se laissant capter par l'esprit des villes : désir des honneurs, de l'argent, de la gloire, de la notoriété, du pouvoir, etc. Le caractère de ces désirs est de créer, eux aussi, l'espoir du "toujours plus".
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Selon Epicure, un hasard fondamental se trouve à l'origine de toute chose. Et je crois qu'il a raison : le fond éternel de la Nature est un désordre fondamental. Comme le désordre, ou le hasard, produit ce tout de la Nature, toutes les combinaisons possibles, il est inévitable qu'à un moment donné apparaisse une combinaison ordonnée. Le désordre produit l'ordre parce que l'ordre n'est qu'un cas particulier du désordre.
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Il n'est pas question pour moi d'émettre la moindre plainte. Mes tantes étaient ce qu'elles étaient. Chacun est ce qu'il est. Il est vain de reprocher à quelqu'un d'être ce qu'il est. Il faut s'en accomoder. On ne peut pas rectifier le destin.
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Le héros était l'idéal du Grec. Peut-on dire qu'il est sublime? Achille est beau. Les héros, comme les dieux grecs, sont beaux. Les meilleurs des Grecs sont beaux. Le sublime, me semble-t-il, appartient au christianisme. Une église est sublime parce qu'elle tend vers l'infini, comme l'idéal chrétien de la sainteté qui se réalise dans l'au-delà. Alors que le temple grec est beau parce que le dieu est là. Le temple est la demeure du dieu où son rayonnement se ressent.
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Il y a lieu de réduire autant que possible, dans sa vie, la part des comportements obligés, et d’échapper, si l’on peut, aux devoirs contingents émanant des formes fixes. Et l’on ne prendra aucun engagement que l’on pourrait éviter.
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On lui dit qu’il doit aller à la guerre. Il y va, et il meurt, sans avoir eu le temps d’avoir, lui-même, une quelconque réalité. L’existence est nécessairement un compromis entre la société et soi-même. On ne peut échapper complètement à la pression des formes fixes (que Platon, avec sa théorie des Idées, a voulu absolutiser pour fonder son autoritarisme), et vivre une vie purement naturelle, mais l’on doit s’y efforcer pour être en accord avec soi-même, avec son tao.
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De là, de temps à autre, dans l’histoire, des processus de substitution aux anciennes formes fixes de nouvelles formes : ce sont des guerres, des coups d’Etat, des révolutions. L’individu, qui devait le respect à un code, à des institutions, à des lois, à des personnages, doit ensuite le respect à un code différent, à des institutions nouvelles, à d’autres lois, à d’autres personnages.
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L’homme se sait inachevé. Cependant, la société est le lieu des formes fixes, et, par l’Etat et les institutions, exige de l’individu, sous la menace, l’aliénation à ces formes. De sorte que l’individu est sans cesse dépossédé de lui-même, de son essence créatrice. Les formes n’évoluent pas, ou n’évoluent guère.
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La vie est inachevée. Mais elle contredit sans cesse cet inachèvement essentiel, non par la création de formes, mais par le fait que ces formes durent sans variation parfois pendant des millénaires, étant comme des impasses.
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Car si penser n'est pas nécessairement connaître, pour connaître, il faut penser.
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Nous "savons" que nous mourrons: le terme savoir ne doit pas s'entendre d'un savoir objectif, d'une connaissance, mais d'un savoir constitutif, non d'un savoir acquis mais d'un savoir qui a toujours été là, qui ne fait qu'un avec nous-même.
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Si l'homme vient à exprimer cette insatisfaction fondamentale, et d'origine non empirique, il dira quelque chose comme: que vaut la vie que je mène? Ou, comment homme orienter ma vie d'homme? quel est, homme, le sens de ma vie? Bref: qu'est ce que vivre en homme? Qu'est ce que l'homme?
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Il n'y a pas de pensée sans mémoire, sans lutte contre l'oubli et le risque d'oubli. Or le principe de l'oubli est le principe de la dissociation de soi d'avec soi.
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On ne cesse de penser à la mort qu'en cessant de penser.
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le sage arrive sans faire un pas:
il nomme sans voir:
il accomplit sans agir.
(Tao)
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Ne soyons plus qu'un regard pur et sans intention. Alors, ce qui nous est le plus proche cesse de nous être lointain. Le vouloir qui arraisonne les choses, l'entreprise de la vie font obstacle à l'ouverture accueillante de ce qui existe, de ce qu'il y a. Mais, comme l'âme dans l'état mystique s'oublie elle-même, oublions l'homme en nous, et, dans l'extase mondaine, laissons le mystère se livrer à nous. La chose en soi n'ayant pas de rôle à jouer, ne renvoyant à rien au-delà d'elle-même, se montre alors avec l'insistance de sa singularité.
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Contempler, c'est ne pas aller au-delà de la chose même pour la réduire à ce qu'ellesignifie, à une interprétation, à une connaissance. C'est prendre le monde tel qu'il est, sans vouloir l'expliquer par une cause ou une fin. Je vois ce monde comme n'ayant ni cause explicative, ni fin, ni modèle, ni fond caché, et, à chaque instant comme venant de naître. Il n'y a pas d'arrière-monde, et le monde ne recèle aucun mystère. Il est lui-même le mystère.

Ce mystère est si voyant qu'il faut l'homme pour ne pas le voir. Car l'homme ne voit que l'homme.Ce qui ne se donne qu'à la dépréoccupation, la préoccupation ne peut le rencontrer.
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Contempler la tourterelle, la pie, la grenouille, la mouche, c'est se placer, en mystique, devant le mystère de la vie, c'est éprouver, devant la tourterelle que l'on voit, et qui vit le monde en tourterelle d'une manière pour nous totalement inconnaissable... le sentiment du sacré.
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A la différence de l'homme, qui est, en général, imparfaitement homme, l'animal est un être parfait. La mésange n'est pas plus ou moins "mésange". Tout l'être de l'animal est un "oui" à la vie, sans que l'animal ait à dire "oui", puisqu'il ne peut dire "non". Car l'animal n'a pas à exister sa vie, alors que l'être de l'homme n'est pas seulement vie, mais existence.
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