AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Marcel Proust (3614)


Si le nouveau ministre de Grèce donnait un bal travesti, chacun choisissait son costume, et on se demandait quel serait celui de la duchesse. L'une pensait qu'elle voudrait être en duchesse de Bourgogne, une autre donnait comme probable le travestissement en princesse de Dujabar, une troisième en Psyché. Enfin une Courvoisier ayant demandé : "En quoi te mettras-tu, Oriane?" provoquait la seule réponse à quoi l'on n'eût pas pensé : "Mais en rien du tout !" et qui faisait beaucoup marcher les langues comme dévoilant l'opinion d'Oriane sur la véritable position mondaine du nouveau ministre de Grèce et sur la conduite à tenir à son égard, c'est-à-dire l'opinion qu'on aurait dû prévoir, à savoir qu'une duchesse "n'avait pas à" se rendre au bal travesti de ce nouveau ministre. "Je ne vois pas qu'il y ait nécessité à aller chez le ministre de Grèce, que je ne connais pas, je ne suis pas grecque, pourquoi irais-je là-bas? je n'ai rien à y faire", disait la duchesse.
- Mais tout le monde y va, il parait que ce sera charmant, s'écriait Mme de Gallardon.
- Mais c'est charmant aussi de rester au coin de son feu, répondait Mme de Guermantes. (p219)
Commenter  J’apprécie          20
Alors, moins éclatante sans doute que celle qui m’avait fait apercevoir que l’œuvre d’art était le seul moyen de retrouver le Temps perdu, une nouvelle lumière se fit en moi. Et je compris que tous ces matériaux de l’œuvre littéraire, c’était ma vie passée ; je compris qu’ils étaient venus à moi, dans les plaisirs frivoles, dans la paresse, dans la tendresse, dans la douleur, emmagasinés par moi sans que je devinasse plus leur destination, leur survivance même, que la graine mettant en réserve tous les aliments qui nourriront la plante. Comme la graine, je pourrais mourir quand la plante se serait développée, et je me trouvais avoir vécu pour elle sans le savoir, sans que ma vie me parût devoir entrer jamais en contact avec ces livres que j’aurais voulu écrire et pour lesquels, quand je me mettais autrefois à ma table, je ne trouvais pas de sujet. Ainsi toute ma vie jusqu’à ce jour aurait pu et n’aurait pas pu être résumée sous ce titre : Une vocation. Elle ne l’aurait pas pu en ce sens que la littérature n’avait joué aucun rôle dans ma vie. Elle l’aurait pu en ce que cette vie, les souvenirs de ses tristesses, de ses joies, formaient une réserve pareille à cet albumen qui est logé dans l’ovule des plantes et dans lequel celui-ci puise sa nourriture pour se transformer en graine, en ce temps où on ignore encore que l’embryon d’une plante se développe, lequel est pourtant le lieu de phénomènes chimiques et respiratoires secrets, mais très actifs. Ainsi ma vie était-elle en rapport avec ce qu’amènerait sa maturation. Et ceux qui se nourriraient ensuite d’elle ignoreraient, comme ceux qui mangent les graines alimentaires, que les riches substances qu’elles contiennent ont été faites pour leur nourriture, avaient d’abord nourri la graine et permis sa maturation.
Commenter  J’apprécie          20
En roulant les tristes pensées que je disais il y a un instant, j’étais entré dans la cour de l’hôtel de Guermantes et dans ma distraction je n’avais pas vu une voiture qui s’avançait ; au cri du wattman je n’eus que le temps de me ranger vivement de côté, et je reculai assez pour buter malgré moi contre les pavés assez mal équarris derrière lesquels était une remise. Mais au moment où, me remettant d’aplomb, je posai mon pied sur un pavé qui était un peu moins élevé que le précédent, tout mon découragement s’évanouit devant la même félicité qu’à diverses époques de ma vie m’avaient donnée la vue d’arbres que j’avais cru reconnaître dans une promenade en voiture autour de Balbec, la vue des clochers de Martinville, la saveur d’une madeleine trempée dans une infusion, tant d’autres sensations dont j ‘ai parlé et que les dernières œuvres de Vinteuil m’avaient paru synthétiser. Comme au moment où je goûtais la madeleine, toute inquiétude sur l’avenir, tout doute intellectuel étaient dissipés. Ceux qui m’assaillaient tout à l’heure au sujet de la réalité de mes dons littéraires et même de la réalité de la littérature se trouvaient levés comme par enchantement.
Commenter  J’apprécie          20
« Le bonheur n’est qu’une certaine sonorité des cordes qui vibrent à la moindre chose et qu’un rayon fait chanter. L’homme heureux est comme la statue de Memnon : un rayon de soleil suffit à le faire chanter » (Carnet de 1908)
Commenter  J’apprécie          20
"Là où cherchais de grandes lois on m'appelait le fouilleur de détail [...] Personne n'y comprit rien".
Commenter  J’apprécie          20
parce qu'on me prend pour une femme sèche et que je suis, au fond, un paquet de nerfs.
Commenter  J’apprécie          20
Le mensonge est essentiel à l’humanité. Il y joue peut-être un aussi grand rôle que la recherche du plaisir, et d’ailleurs, est commandé par cette recherche.
Commenter  J’apprécie          20
Ce n’est pas parce que les autres sont morts que notre affection pour eux s’affaiblit, c’est parce que nous mourons nous-mêmes.
Commenter  J’apprécie          20
la douleur est un aussi puissant modificateur de la réalité qu’est l’ivresse
Commenter  J’apprécie          20
C’est étonnant comme la jalousie, qui passe son temps à faire des petites suppositions dans le faux, a peu d’imagination quand il s’agit de découvrir le vrai.
Commenter  J’apprécie          20
...je voulais qu’elle revînt sans que j’eusse l’air d’y tenir.
Commenter  J’apprécie          20
Mais il est vraiment rare qu’on se quitte bien,car, si on était bien, on ne se quitterait pas!
Commenter  J’apprécie          20
Chacun voit en plus beau ce qu'il voit à distance, ce qu'il voit chez les autres. (p282)
Commenter  J’apprécie          20
« Le bonheur n’est qu’une certaine sonorité des cordes qui vibrent à la moindre chose et qu’un rayon fait chanter.
L’homme heureux est comme la statue de Memnon : un rayon de soleil suffit à le faire chanter »
Commenter  J’apprécie          20
Ruskin à Notre-Dame d'Amiens, à Rouen, etc.

Je voudrais donner au lecteur le désir et le moyen d'aller à Amiens une journée en une sorte de pèlerinage ruskinien.
Ce n'est pas la peine de commencer par lui demander d'aller à Florence ou à Venise, quand Ruskin a écrit sur Amiens tout un livre.
Et, d'autre part, il me semble que c'est ainsi que doit être célébré le "culte du Héros", je veux dire en esprit et en vérité.
Nous visitons le lieu où un grand homme est né et celui où il est mort ; mais les lieux qu'il admirait entre tous, dont c'est la beauté même que nous aimons dans ses livres , ne les habitait-il pas davantage?
Commenter  J’apprécie          20

"Ravel m'a dit que les Saint-Marceaux étaient snobs, mais il se trompe,
ils sont très snobs." Posant involontairement comme modèle pour Mme Verdurin, Marguerite de Saint-Marceaux tient pendant plus de 50 ans boulevard Malesherbes un des salons les plus importants de Paris. Fille d'industriels aisés,
"Meg" reçoit le vendredi. Il est défendu de s'habiller : venir en tenue de travail constitue une preuve d'élégance.

C'est autour du piano que sont disposés les fauteuils : Fauré vient y improviser, et les leitmotivs wagnériens sonnent souvent le couvre-feu.
Car les convives sont en "liberté surveillée" s'amuse Colette. Pas question de gâcher la musique par une conversation creuse. Chez la princesse de Polignac, la musique est aussi à l'honneur, mais résolument d'avant-garde ! Kurt Weill, Stravinsky,

Manuel de Falla, Erik Satie :
le mardi, rue Cortambert, les récitals laissent pantois. Héritière de l'entreprise de machine à coudre, Winaretta Singer épouse en 1893 le prince de Polignac, homosexuel notoire, comme elle.
C'est un mariage blanc et heureux. A sa mort, Winaretta fait un legs à l'Etat français et permet la création d'une fondation de mécénat.
Commenter  J’apprécie          20
Vous débaordez largement le type du décadent exquis qui sous les traits duquel on vous on vous peint ... le seul homme supérieur de votre monde ... le grand critique d'Art qu'il y ait eu depuis longtemps .... tantôt cornélien et tantôt hermétique ... Votre âme est un jardin rare et choisi ...".
Commenter  J’apprécie          20
Marcel Proust
J'ai bcp aimé la vie, j'ai beaucoup aimé les arts.
Maintenant, tous ces anciens me semblent très précieux
Je m'ouvre mon à moi-même comme une espèce de vitrine et, je regarde un à un tous ces amours que les autres n'ont pas eus, et je me dis que ce sera bien embêtant de quitter tout cela.
Du côté de Chez Swann, Marcel Proust

Il dit bien juste embêtant
Même aux dernier ce c'est il est modéré!
Commenter  J’apprécie          20
« Aussi le côté de Méséglise et le côté de Guermantes restent-ils pour moi liés à bien des petits évènements de celle de toutes les diverses vies que nous menons parallèlement, qui est la vie intellectuelle. » (p. 237)
Commenter  J’apprécie          20
J'habite à trop de milliers de km d'altitude au dessus des bas-fonds où clapapotent et clabaudent de tels sales papotages, pour que je puisse être éclaboussé par les plaisanteries d'un Verdurin. Du côté de chez Swann II
Commenter  J’apprécie          20



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten


Lecteurs de Marcel Proust Voir plus

Quiz Voir plus

Que savez-vous de Proust ? (niveau assez difficile)

De combien de tomes est composé le roman "A la recherche du temps perdu" ?

5
6
7
8

8 questions
532 lecteurs ont répondu
Thème : Marcel ProustCréer un quiz sur cet auteur

{* *}