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Citations de Marcel Proust (3614)


Chopin

Chopin, mer de soupirs, de larmes, de sanglots
Qu’un vol de papillons sans se poser traverse

Jouant sur la tristesse ou dansant sur les flots.
Rêve, aime, souffre, crie, apaise, charme ou berce,
Toujours tu fais courir entre chaque douleur

L’oubli vertigineux et doux de ton caprice
Comme les papillons volent de fleur en fleur ;

De ton chagrin alors ta joie est la complice :

L’ardeur du tourbillon accroît la soif des pleurs.
De la lune et des eaux pâle et doux camarade,

Prince du désespoir ou grand seigneur trahi,

Tu t’exaltes encore, plus beau d’être pâli,

Du soleil inondant ta chambre de malade

Qui pleure à lui sourire et souffre de le voir…

Sourire du regret et larmes de l’Espoir !
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Alors il se rappela que, le matin même, pendant qu'il était à la messe, [...] il avait prié : "Mon Dieu ! mon Dieu ! faites-moi la grâce de l'aimer toujours." [...]
Maintenant, dans une de ces heures toutes physiques où l'âme s'efface en nous derrière l'estomac qui digère, la peau qui jouit d'une ablution récente et d'un linge fin, la bouche qui fume, l’œil qui se repaît d'épaules nues et de lumières, il répétait plus mollement sa prière, doutant d'un miracle qui viendrait déranger la loi physiologique de son inconstance aussi impossible à rompre que les lois physiques de la pesanteur ou de la mort.

(extrait de "La fin de la jalousie")
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Malgré ma répulsion pour les huîtres, après que j'eus songé (me disiez-vous encore) à leurs voyages dans la mer que leur goût évoquerait maintenant pour moi, elle me sont devenues, surtout quand j'étais loin de la mer, un suggestif régal. Ainsi les aptitudes physiques, plaisir de contact, gourmandise, plaisir des sens, reviennent se greffer là où notre goût du beau a pris racine.

(extrait de "Avant la nuit")
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Une discussion sur les anarchistes fut plus grave. Mais Mme Fremer, comme s'inclinant avec résignation devant la fatalité d'une loi naturelle, dit lentement : " A quoi bon tout cela ? Il y aura toujours des riches et des pauvres." Et tous ces gens dont le plus pauvre avait au moins cent mille livres de rente, frappés de cette vérité, délivrés de leurs scrupules, vidèrent avec une allégresse cordiale leur dernière coupe de vin de Champagne.

(extrait de "Un dîner en ville")
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Ses yeux pétillaient de bêtise. Sa figure souriante était noble, sa mimique excessive et insignifiante. Elle avait, par confiance en Dieu, une même agitation optimiste la veille d'une garden party ou d'une révolution, avec des gestes rapides qui semblaient conjurer le radicalisme ou le mauvais temps.

(extrait de "Un dîner en ville")
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Mais au temps où il y brillait, de quelle douce gaieté remplissait -il tous les convives par l’imprévu de ses interruptions, et les trouvailles de ses réflexions ! Il fallait l’entendre soutenir que Flaubert avait pour lui tant d’estime, qu’il lui avait fait un jour la lecture de Bouvard et Pécuchet .
La princesse, agacée de tant d’invraisemblance, proteste un peu vivement. Le confident de Gustave Flaubert insiste, redouble d’assurance.
«Vous confondez !
— Non, je suis sûr ; et voyant qu’on a l’air de sourire, il fait cette concession : Ah ! c’est vrai, princesse, je me trompe un peu. Je confondais. Il m’a lu Bouvard, cela, j’en suis sûr. Mais vous avez raison, il ne m’a pas lu Pécuchet .»
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On désire être compris parce qu’on désire être aimé, et on désire être aimé parce qu’on aime.
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Alors, moins éclatante sans doute que celle qui m’avait fait apercevoir que l’œuvre d’art était le seul moyen de retrouver le Temps perdu, une nouvelle lumière se fit en moi. Et je compris que tous ces matériaux de l’œuvre littéraire, c’était ma vie passée ; je compris qu’ils étaient venus à moi, dans les plaisirs frivoles, dans la paresse, dans la tendresse, dans la douleur emmagasinée par moi, sans que je devinasse plus leur destination.
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Que de bonheurs possibles dont on sacrifie ainsi la réalisation à l'impatience d'un plaisir immédiat !
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On ne reçoit pas la sagesse, il faut la découvrir soi-même, après un trajet que personne ne peut faire pour nous, ne peut nous épargner, car elle est un point de vue sur les choses
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Trop pur encore pour croire qu'un désir pareil au sien pût exister railleurs que dans les livres, ne pensant pas que les scènes de débauche que nous lui assimilons aient un rapport quelconque avec lui, les mettant au même niveau que le vol et l'assassinat, retournant toujours à son rocher regarder le ciel et la mer, ignorant le port où les matelots sont contents pourvu que, de quelque manière que ce soit, ils gagnent un salaire. Mais son désir inavoué se manifestait dans l'éloignement de ses camarades, ou dans l'étrangeté de ses paroles et de ses façons quand il était avec eux. Ils essayaient son rouge, plaisantaient sa poudre bleue, sa tristesse. Et en pantalons bleus et en casquette marine, il se promenait mélancolique et seul, consumé de langueur et de remords.

"La race maudite", chapitre 13.
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(Sainte-Beuve) ne faisait pas de démarcation entre l'occupation littéraire, où, dans la solitude, faisant taire ces paroles, qui sont aux autres autant qu'à nous, et avec lesquelles, même seuls, nous jugeons les choses sans être nous-mêmes, nous nous remettons face à face avec nous-mêmes, nous tâchons d'entendre, et de rendre, le son vrai de notre coeur, et non la conversation !
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longtemps, je me suis couché de bonne heure.
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Le Moine, qui avait passé sa vie enterré dans la crapule la plus obscure et ne connaissait pas à la cour un homme qui se pût nommer, ne sut pourtant à qui s’adresser pour entrer au Palais-Royal ; mais à la fin, la Mouchi en fit la planche. Il vit M. le duc d’Orléans, lui dit qu’il savait faire du diamant, et ce prince, naturellement crédule, s’en coiffa. Je pensai d’abord que le mieux était d’aller au Roi par Maréchal. Mais je craignis de faire éclater la bombe, qu’elle n’atteignît d’abord celui que j’en voulais préserver et je résolus de me rendre tout droit au Palais-Royal. Je commandai mon carrosse en pétillant d’impatience, et je m’y jetai comme un homme qui n’a pas tous ses sens à lui. J’avais souvent dit à M. le duc d’Orléans que je n’étais pas homme à l’importuner de mes conseils, mais que lorsque j’en aurais, si j’osais dire, à lui donner, il pourrait penser qu’ils étaient urgents et lui demandais qu’il me fît dors la grâce de me recevoir de suite car je n’avais jamais été d’une humeur à faire antichambre. Ses valets les plus principaux me l’eussent évité, du reste, par la connaissance que j’avais de tout l’intérieur de sa cour. Aussi bien me fit-il entrer ce jour-là sitôt que mon carrosse se fût rangé dans la dernière cour du Palais-Royal, qui était toujours remplie de ceux à qui l’accès eût dû en être inter-dit, depuis que, par une honteuse prostitution de toutes les dignités et par la faiblesse déplorable du Régent, ceux des moindres gens de qualité, qui ne craignaient même plus d’y monter en manteaux longs, y pouvaient pénétrer aussi bien et presque sur le même rang que ceux des ducs. Ce sont là des choses qu’on peut traiter de bagatelles, mais auxquelles n’auraient pu ajouter foi ceux des hommes du précédent règne, qui, pour leur bonheur, sont morts assez tôt pour ne les point voir. Aussitôt entré auprès du Régent que je trouvai sans un seul de ses chirurgiens ni de ses autres domestiques, et après que je l’eusse salué d’une révérence fort médiocre et fort courte qui me fut exactement rendue : – « Eh bien, qu’y a-t-il encore ? me dit-il d’un air de bonté et d’embarras. – Il y a, puisque vous me commandez de parler, Monsieur, lui dis-je avec feu en tenant mes regards fichés sur les siens qui ne les purent soutenir, que vous êtes en train de perdre auprès de tous le peu d’estime et de considération – ce furent là les termes dont je me servis – qu’a gardé pour vous le gros du monde. (p47/48)
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Quand on travaille pour plaire aux autres on peut ne pas réussir, mais les choses qu’on a faites pour se contenter soi-même ont toujours chance d’intéresser quelqu’un. (p78)
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Les femmes réalisent la beauté sans la comprendre.(p74)
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La jalousie qui a un bandeau sur les yeux n'est pas seulement impuissante à rien découvrir dans les ténèbres qui l'enveloppent, elle est encore un de ces supplices où la tâche est à recommencer sans cesse, comme celle des Danaïdes, comme celle d'Ixion.
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Une heure n'est pas qu'une heure. C'est un vase rempli de parfums, de sons, de projets et de climats.
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Une heure n'est pas qu'une heure. C'est un vase rempli de parfums, de sons, de projets et de climats.
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Je trouve très raisonnable la croyance celtique que les âmes de ceux que nous avons perdus sont captives dans quelque être inférieur, dans une bête, un végétal, une chose inanimée, perdues en effet pour nous jusqu'au jour, qui pour beaucoup ne vient jamais, où nous nous trouvons passer près de l'arbre, entrer en possession de l'objet qui est leur prison. alors elles tressaillent, nous appellent, et sitôt que nous les avons reconnues, l'enchantement est brisé. Délivrées par nous, elles ont vaincu la mort et reviennent vivre avec nous.
Il en est ainsi de notre passé. C'est peine perdue que nous cherchions à l'évoquer, tous les efforts de notre intelligence sont inutiles. Il est caché hors de son domaine et de sa portée, en quelque objet matériel (en la sensation que nous donnerait cet objet matériel), que nous ne soupçonnons pas. Cet objet, il dépend du hasard que nous le rencontrions avant de mourir, ou que nous ne le rencontrions pas.
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