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Citations de Marcel Proust (3614)


Comme Montaigne (Proust) a puisé en lui-même, dans son propre esprit, dans sa propre vie, la matière de son livre.

802 - [p. 10] Avant-propos de Philip Kolb
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Quelques gouttes de pluie tombent sans bruit sur
l’eau antique, mais dans sa divine enfance restée
toujours couleur du temps et qui oublie à tout
moment les images des nuages et des fleurs. Et
après que les géraniums ont inutilement, en
intensifiant l’éclairage de leurs couleurs, lutté
contre le crépuscule assombri, une brume vient
envelopper l’île qui s’endort ; on se promène
dans l’humide obscurité le long de l’eau ou tout
au plus le passage silencieux d’un cygne vous
étonne comme dans un lit nocturne les yeux un
instant grands ouverts et le sourire d’un enfant
qu’on ne croyait pas réveillé. Alors on voudrait
d’autant plus avoir avec soi une amoureuse qu’on
se sent seul et qu’on peut se croire loin
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Peut-être aussi Swann attachait-il sur ce visage d'Odette non encore possédée, ni même encore embrassée par lui, qu'il voyait pour la dernière fois, ce regard avec lequel, un jour de départ, on voudrait emporter un paysage qu'on va quitter pour toujours.
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Je pense à vous constamment avec tant de tendresse et l’indestructible regret du passé. Dans ma vie ravagée, dans mon cœur détruit, vous gardez une douce place. Chère amie, permettez-moi de vous dire en deux mots une chose triviale. Si vous n’avez encore reçu aucun droit d’auteur de Sésame, c’est que la revue où il a paru d’abord, Les Arts de la vie, a fait faillite et n’a point payé, et que l’éditeur du volume, le Mercure, ne me réglera que quand la vente sera plus complète. Si d’ici là vous vouliez que je vous les avance, rien ne serait plus facile ; vous savez qu’hélas ! je n’ai plus à rendre compte de l’emploi de mon argent à personne.
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L'angoisse que je venais d'éprouver, je pensais que Swann s'en serait bien moqué s'il avait lu ma lettre et en avait deviné le but ; or, au contraire, comme je l'ai appris plus tard, une angoisse semblable fut le tourment de longues années de sa vie et personne, aussi bien que lui peut-être, n'aurait pu me comprendre ; lui, cette angoisse qu'il y a à sentir l'être qu'on aime dans un lieu de plaisir où l'on n'est pas, où l'on ne peut pas le rejoindre, c'est l'amour qui la lui a fait connaître, l'amour, auquel elle est en quelque sorte prédestinée, par lequel elle sera accaparée, spécialisée ; mais quand, comme pour moi, elle est entrée en nous avant qu'il ait encore fait son apparition dans notre vie, elle flotte en l'attendant, vague et libre, sans affectation déterminée, au service un jour d'un sentiment, le lendemain d'un autre, tantôt de la tendresse filiale ou de l'amitié pour un camarade.
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Ce que je reproche aux journaux c'est de nous faire faire attention tous les jours à des choses insignifiantes tandis que nous lisons trois ou quatre fois dans notre vie les livres où il y a des choses essentielles. Du moment que nous déchirons fiévreusement chaque matin la bande du journal, alors on devrait changer les choses et mettrte dans le journal, moi je ne sais pas, les...Pensées de Pascal ! (il détacha ce mot d'un ton d'emphase ironoque pour ne pas avoir l'air pédant). Et c'est dans le volume doré sur tranches que nous n'ouvrons qu'une fois topus les dix ans, ajouta-t-il en témoignant pour les choses mondaines ce dédain qu'affectent certains hommes du monde, que nous lirions que la Reine de Grèce est allée à Cannes ou que la Princesse du Léon a donné un bal costumé. Comme cela la juste proportion serait rétablie.
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Mais, même au point de vue des plus insignifiantes choses de la vie, nous ne sommes pas un tout matériellement constitué, identique pour tout le monde et dont chacun n'a qu'à aller prendre connaissance comme d'un cahier des charges ou d'un testament ; notre personnalité sociale est une création de la pensée des autres. Même l'acte si simple que nous appelons "voir une personne que nous connaissons" est en partie un acte intellestuel. Nous remplissons l'apparence physique de l'être que nous voyons de toutes les notions que nous avons sur lui et dans l'aspect total que nous nous représentons, ces notions ont certainement la plus grande part. Elles finissent par gonfler si parfaitement les joues, par suivre en une adhérence si exacte la ligne du nez, elles se mêlent si bien de nuancer la sonorité de la voix comme si celle-ci n'était qu'une transparente enveloppe, que chaque fois que nous voyons ce visage et que nous entendons cette voix, ce sont ces notions que nous retrouvons, que nous écoutons. Sans doute, dans le Swann qu'ils s'étaient constitué, mes parents avaient omis par ignorance de faire entrer une foule de particularités de sa vie mondaine qui étaient cause que d'autres personnes, quand elles étaient en sa présence, voyaient les élégances régner dans son visage et s'arrêter à son nez busqué comme à leur frontière naturelle ; mais aussi ils avaient pu entasser dans ce visage désaffecté de son prestige, vacant et spacieux, au fond de ces yeux dépréciés, le vague et doux résidu - mi-mémoire, mi-oubli - des heures oisives passées ensemble après nos dîners hebdomadaires, autour de la table de jeu ou au jardin, durant notre vie de bon voisinage campagnard. L'enveloppe corporelle de notre ami en avait été si bien bourrée, ainsi que de quelques souvenirs relatifs à ses parents, que ce Swann-là était devenu un être complet et vivant, et que j'ai l'impression de quitter une personne pour aller vers une autre qui en est distincte, quand, dans ma mémoire, du Swann que j'ai connu plus tard avec exactitude je passe à ce premier Swann - à ce premier Swann dans lequel je retrouve les erreurs charmantes de ma jeunesse, et qui d'ailleurs ressemble moins à l'autre que d'autres personnes que j'ai connues à la même époque, comme s'il en était de notre vie ainsi que d'un musée où tous les portraits d'un même temps ont un air de famille, une même tonalité - à ce premier Swann rempli de loisir, parfumé par l'odeur du grand marronnier, des paniers de framboises et d'un brin d'estragon.
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Marcel Proust
« Il semble que le goût des livres croisse avec l'intelligence. »
de Marcel Proust
Extrait du Sur la lecture
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Marcel Proust
« On aime toujours un peu à sortir de soi, à voyager, quand on lit. »
de Marcel Proust
Extrait du Sur la lecture
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L’instinct dicte le devoir et l’intelligence fournit les prétextes pour l’éluder.
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Peut-être j’aurais pu conclure […] que la vie apprend à rabaisser le prix de la lecture, et nous montre que ce que l’écrivain nous vante ne valait pas grand-chose ; mais je pouvais tout aussi bien en conclure que la lecture au contraire nous apprend à relever la valeur de la vie, valeur que nous n’avons pas su apprécier et dont nous nous rendons compte seulement par le livre combien elle était grande.
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Autrefois, pour tâcher d'isoler ce talent, je défalquais en quelque sorte de ce que j'entendais le rôle lui-même, le rôle partie commune à toutes les actrices qui jouaient Phèdre et que j'avais étudié d'avance pour que je fusse capable de le soustraire, de ne recueillir comme résidu que le talent de Mme Berma. Mais ce talent que je cherchais à apercevoir en dehors du rôle, il ne faisait qu'un avec elle. Tel pour un grand musicien (il paraît que c'était le cas pour Vinteuil quand il jouait du piano), son jeu est d'un si grand pianiste qu'on ne sait même plus si cet artiste est pianiste du tout, parce que (n'interposant pas tout cet appareil d'efforts musculaires, ça et là couronnés de brillants effets, toute cette éclaboussures de notes où du moins l'auditeur qui ne sait où se prendre croit trouver le talent dans sa réalité matérielle, tangible) ce jeu est devenu si transparent, si rempli de ce qu'il interprète, que lui-même on ne le voit plus, et qu'il n'est plus qu'une fenêtre qui donne sur un chef-d'œuvre. (Du Côté de Guermantes).
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Je pouvais presque croire que la personnalité sensuelle et volontaire de Gilberte avait émigré dans le corps d’Albertine, un peu différent, il est vrai, mais présentant, maintenant que j’y réfléchissais après coup, des analogies profondes. Un homme a presque toujours la même manière de s’enrhumer, de tomber malade, c’est-à-dire qu’il lui faut pour cela un certain concours de circonstances ; il est naturel que quand il devient amoureux ce soit à propos d’un certain genre de femmes, genre d’ailleurs très étendu.
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La vie en se retirant venait d'emporter les désillusions de la vie.
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Dans la souffrance physique au moins nous n'avons pas à choisir nous-mêmes notre douleur. La maladie la détermine et nous l'impose. Mais dans la jalousie il nous faut essayer en quelque sorte des souffances de tout genre et de toute grandeur, avant de nous arrêter à celle qui nous paraît pouvoir convenir.
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«Je ne voudrais pas blasphémer les Dieux de la Jeunesse, dit-il (Brichot) en jetant sur moi ce regard furtif qu’un orateur accorde à la dérobée à quelqu’un présent dans l’assistance et dont il cite le nom. Je ne voudrais pas être damné comme hérétique et relaps dans la chapelle mallarméenne, où notre nouvel ami, comme tous ceux de son âge, a dû servir la messe ésotérique, au moins comme enfant de choeur, et se montrer déliquescent ou Rose–Croix. Mais vraiment, nous en avons trop vu de ces intellectuels adorant l’Art, avec un grand A, et qui, quand il ne leur suffit plus de s’alcooliser avec du Zola, se font des piqûres de Verlaine. Devenus éthéromanes par dévotion baudelairienne, ils ne seraient plus capables de l’effort viril que la patrie peut un jour ou l’autre leur demander, anesthésiés qu’ils sont par la grande névrose littéraire, dans l’atmosphère chaude, énervante, lourde de relents malsains, d’un symbolisme de fumerie d’opium.»
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La maison crie sous le vent comme un bateau, on entend d’invisibles voiles s’enfler, d’invisibles drapeaux claquer dehors. Gardez sur vos genoux cette touffe de roses fraîches et laissez pleurer mon cœur entre vos mains fermées.
(Vent de mer à la campagne)
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Il fut bien vite convenu entre lui et moi
que nous étions devenus de grands amis pour toujours
et il disait "notre amitié" comme s'il eût parlé de quelque
chose d'important et de délicieux qui eût existé
en-dehors de nous-mêmes et qu'il appela bientôt
La Meilleure Joie de sa Vie. 1919
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Je compris que tous ces matériaux de l'oeuvre littéraire, c'était ma vie passée; je compris qu'ils étaient venus à moi, dans les plaisirs frivoles, dans la paresse, dans la tendresse, dans la douleur, emmagasinés par moi, sans que je devinasse plus leur destination, leur survivance même, que la graine mettant en réserve tous les aliments qui nourriront la plante.
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Enfin elle, je l'aimais et ne pouvais par conséquent la voir sans ce trouble, sans ce désir de quelque chose de plus, qui ôte, auprès de l'être qu'on aime, la sensation d'aimer.
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