AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Marceline Desbordes-Valmore (257)


Elégie


Extrait 1

J’étais à toi peut-être avant de t’avoir vu.
Ma vie, en se formant, fut promise à la tienne ;
Ton nom m’en avertit par un trouble imprévu,
Ton âme s’y cachait pour éveiller la mienne.
Je l’entendis un jour, et je perdis la voix ;
Je l’écoutai longtemps, j’oubliai de répondre ;
Mon être avec le tien venait de se confondre ;
Je crus qu’on m’appelait pour la première fois.

Savais-tu ce prodige ? Eh bien, sans te connaître,
J’ai deviné par lui mon amant et mon maître,
Et je le reconnus dans tes premiers accents,
Quand tu vins éclairer mes beaux jours languissants.
Ta voix me fit pâlir, et mes yeux se baissèrent.
Dans un regard muet nos âmes s’embrassèrent ;
Au fond de ce regard ton nom se révéla,
Et sans le demander j’avais dit : « Le voilà ! »

p.75-76
Commenter  J’apprécie          10
Marceline Desbordes-Valmore
La mort est un soldat qui vise et qui délivre
Le témoin révolté qui parlerait demain..
Commenter  J’apprécie          10
ELEGIES L'IMPOSSIBLE

Qui me rendra ces jours où la vie a des ailes
Et vole, vole ainsi que l'alouette aux cieux,
Lorsque tant de clarté passe devant ses yeux,
Qu'elle tombe éblouie au fond des fleurs, de celles
Qui parfument son nid, son âme, son sommeil,
Et lustrent son plumage ardé par le soleil !

Ciel ! Un de ces fils d'or pour ourdir ma journée,
Un débris de ce prisme aux brillantes couleurs !
Au fond de ces beaux jours et de ces belles fleurs,
Un rêve où je sois libre, enfant, à peine née !

Quand l'amour de ma mère était mon avenir,
Quand on ne mourait pas encor dans ma famille,
Quand tout vivait pour moi, vaine petite fille,
Quand vivre était le ciel, ou s'en ressouvenir,

Quand j'aimais sans savoir ce que j'aimais, quand l'âme
Me palpitait heureuse, et de quoi ? Je ne sais ;
Quand toute la nature était parfum et flamme,
Quand mes deux bras s'ouvraient devant ces jours... passés !
Commenter  J’apprécie          10
Ondine n'écoutait pas médire de son miroir. Retirée contre son chevalet, elle subissait avec une résignation tremblante la comparaison sérieuse qu'Yorick semblait faire de ces deux jeunes femmes, en les regardant tour à tour sans affectation et sans parler. Ce fut la première fois de sa vie qu'Ondine se demanda avec frayeur : « Comment suis-je, moi? Suis-je laide? » Et ses yeux baissés vers la terre protestaient qu'elle ne s'était répondu rien d'encourageant.
Commenter  J’apprécie          00
Toi! Me hais-tu?

Et sans ton cœur, mon cœur comme un poids inutile,
Tel qu’en ce froid cadran palpite un plomb mobile,
De la nuit à l’aurore et de l’aurore au soir,
Battra jusqu’au tombeau, sans joie et sans espoir.

Et, j’en demande à Dieu pardon plus qu’à toi-même,
Je ne veux pas revivre où l’on dit que l’on aime,
Si l’on t’y donne un bien qui ne sera plus moi,
Et si Dieu m’y destine un autre ange que toi.

Le néant me plaît mieux ; son horreur me soulage :
Jamais je ne t’ai vu sans t’aimer davantage ;
Et jamais, plus rêveuse en te quittant le soir,
Sans pâlir dans l’effroi de ne te plus revoir !

C’est que Dieu pour nos jours n’alluma point deux flammes ;
C’est qu’un même baiser fit éclore deux âmes ;
Que partout où je passe en appelant ta main,
Le doux poids de tes pieds a creusé mon chemin.
Commenter  J’apprécie          00
Les mots tristes:
Puis ton nom !… Ah ! ce nom m’éveille ; il me rassure.
Ton baiser presse encor mes lèvres, j’en suis sûre !
Et je m’appelle folle en me sentant frémir.
Vois ! qu’un portrait de toi serait doux sous mes larmes ;
Et je n’ai que ton nom, ton nom ; pas d’autres armes.
Si je chantais, ma voix sortirait pour gémir ;
A mon âme qui pense elle reste attachée ;
Dans mes pâles tourments je demeure cachée :
Alors je rêve un monde où dureront toujours
Les caresses du cœur et les libres amours !
Prends mes ailes, viens ! viens, où jamais la pensée
N’est un poignard armé contre une âme oppressée.
Songes-y ! plus d’absence, et personne entre nous.
Là, nos trames d’amour n’ont plus de nœuds jaloux ;
Là, jamais un fil noir ne traverse la joie
Des fuseaux toujours pleins d’or et de pure soie !
Commenter  J’apprécie          00
Sans t'avoir vu des yeux, je te cherchais du cœur !
Commenter  J’apprécie          00
Démêles-tu, dans ton âme confuse,
Les doux secrets qui brûlent entre nous ?
Ces longs secrets dont l’amour nous accuse,
Viens-tu les rompre en songe à mes genoux ?
Commenter  J’apprécie          00
Seul au fond d’une vaste plaine,
De loin il me montrait des fleurs ;
Et mes pieds me portaient à peine ;
Et ma voix s’écroulait en pleurs.
Commenter  J’apprécie          00
Marceline Desbordes-Valmore
N'écris pas ces deux mots que je n'ose plus lire :
Il semble que ta voix les répand sur mon cœur ;
Que je les voix brûler à travers ton sourire ;
Il semble qu'un baiser les empreint sur mon cœur.
N'écris pas !
Commenter  J’apprécie          00
On a vu un garçon, qui paraissait avoir au moins trois ans., faire une chose qui étonna beaucoup ceux qui le regardaient et qui le blâmaient, comme vous le ferez aussi.
Il avait de beaux souliers qui empêchaient que ses pieds ne fussent meurtris par les pierres dures, ou mouillés par l'eau du puits qui rend les cours humides ; il pouvait donc courir en sûreté et en joie : mais il prit dans sa tête qu'il serait mieux d'aller sans souliers, quoiqu'il eût vu quelques enfants pauvres, aux pieds tors et sanglants par la privation d'un bien si utile.
Le voilà donc qui commence par rompre les forts cordons de sa chaussure, et qui livre au ruisseau d'abord un soulier, puis un autre, les regardant fuir et dériver le long de la rue, avec des battements de mains et des regards joyeux.
Cette petite flotte lui parut être le modèle de bateaux de cuir; un brevet d'invention l'eût rendu moins fier. Les souliers, submergés et pleins d'eau, s'arrêtèrent par bonheur devant une pauvre femme, qui les fit sécher au soleil, remerciant Dieu de lui envoyer pour son enfant cette parure salutaire. Dieu n'avait pas voulu qu'ils fussent perdus pour tout le monde.
Commenter  J’apprécie          00
Une Flamande qui aimait beaucoup les enfants, qui les comprenait bien, a voulu leur être agréable et utile en recueillant pour eux, uniquement pour eux, les souvenirs de ses premières années. Élevée dans un milieu affectueux, grave et pieux, douée d’une organisation impressionnable, cachant sous un fond de rêverie mélancolique une faculté d’observation très-nette et très-fine, elle amassait dès lors à son insu une foule de faits insignifiants en apparence, mais dont elle savait dégager le sens. Animant tout autour d’elle par excès de vitalité propre, personnifiant jusqu’aux objets matériels pour donner plus de prise à son besoin d’affection, elle se créait un monde de grâce et de lumière qu’enchantaient les fantaisies les plus touchantes.
Commenter  J’apprécie          00
Lyon, fin Décembre 1835.
Je sais ce qu'on souffre d'écrire à un ami, quand on n'a pu le servir. Je sais aussi, mon bon Gergerès, tout ce que vous aurez mis d'éloquente chaleur pour nous ramener près de vous. J'ai le doux orgueil de croire que c'eût été pour vous un bonheur égal au nôtre. Je vous plains donc plus que nous, puisque vous l'avez inutilement tenté de toutes vos forces. Nous restons à Lyon, d'où je vous écrirai toujours, où je vous aimerai comme partout, parce que ce n'est plus une chose à ôter de ma vie. Ce que je comprends tout aussi parfaitement, c'est votre douleur sur M. de Peyronnet, et votre douleur de le sentir là-dedans. Ah ! voilà des maux immenses. Je désire du fond et de toute l'énergie de mon âme que ceux qui les causent en perdent le pouvoir. Dieu ne veut pas que la cruauté règne. C'est un temps d'épreuves et de larmes, mais où l'espoir couve. Je n'ose me plaindre, moi qui suis si frêle, mais libre. Je ne sors jamais, mais je peux sortir, et j'oserais murmurer ! Ah ! toutes ces prisons me font horreur...
Commenter  J’apprécie          00
Lyon, le 17 Décembre 1834.
...Ma santé redevient un peu meilleure, depuis qu'enfin une existence nous est rendue. Le théâtre rouvert, depuis le 10 novembre, nous a fait sortir d'un étouffement bien long. Soyez-en du moins content pour moi, bon Gergerès, et pour cette chère famille dont vous avez deviné les angoisses. Dieu nous a fait l'aumône en père, car il nous a envoyé du travail. Valmore en avait une telle soif qu'il en est vraiment meilleur et qu'il a repris tout son goût pour cet art dont on l'avait sevré. Le voir content, c'est vous dire que je le suis. Il faut, en effet, cela pour que je le sois à Lyon !...
L'administration théâtrale nouvelle se conduit bien, et je ne pense pas que Valmore doive craindre de se lier encore pour un an. Au reste, puisqu'il aime Lyon et que voilà Bordeaux pris, ce parti deviendra une nécessité. Priez pour nous. Moi, je prie pour votre bonheur et pour que la clé des prisons vous tombe sous la main. O beau jour, qui me ravira de joie moi-même, à cause du prisonnier dont les barreaux me font pleurer et à cause de vous qui souffrez incessamment, je le conçois.
Commenter  J’apprécie          00
25 Janvier 1834.
...Portez-vous mieux que moi, qui suis triste et malade. Vous avez bien dit, vous, bien compris avec votre âme : « Elle mourrait peut-être, si elle ne révélait pas sa mélancolie.» Ah ! que cet article est bien !
Valmore est en ce moment à Lyon. Il a brisé sa coupe d'amertume de la Porte-Saint-Martin. Je suis sous le coup de son départ, à demi morte de son courage...
Commenter  J’apprécie          00
ALLEZ EN PAIX.

Allez en paix, mon cher tourment,
Vous m'avez assez alarmée,
Assez émue, assez charmée....
Allez au loin, mon cher tourment,
Hélas! mon invisible aimant!

Votre nom seul suffira bien
Pour me retenir asservie;
Il est alentour de ma vie
Roulé comme un ardent lien ;
Ce nom vous remplacera bien.

Ah! je crois que sans le savoir
J'ai fait un malheur sur la terre ;
Et vous, mon juge involontaire
Vous êtes donc venu me voir
Pour me punir, sans le savoir?

D'abord ce fut musique et feu,
Rires d'enfants, danses rêvées.
Puis les larmes sont arrivées
Avec les peurs, les nuits de feu....
Adieu danses, musique et jeu !

Sauvez-vous par le beau chemin
Où plane l'hirondelle heureuse:
C'est la poésie amoureuse:
Pour ne pas la perdre en chemin
De mon cœur ôtez votre main.

Dans votre prière, tout bas,
Le soir, laissez entrer mes larmes ;
Contre vous elles n'ont point d'armes.
Dans vos discours n'en parlez pas !
Devant Dieu pensez y tout bas.
Commenter  J’apprécie          00
Dans l'Atelier d'un Peintre, c’est l’esquisse de cette vie méconnue , qu’une femme a tenté de reproduire ; une femme qui s’est trouvée initiée a de tels mystères , et qui en a plus encore subi les douleurs qu’elle n’en a partagé les jouissances. Pour écrire ce livre, elle n’a fait que se rappeler des récits auxquels, petite fille, elle se sentait émerveillée et les yeux pleins de larmes.
Mais elle comprend son inexpérience. Malhabile à l’art du romancier, elle n’a point présenté dans un cadre qui les fasse valoir, les touchantes richesses du sujet qu’elle voulait peindre. Dans ce cas elle rappelle la réponse d’une femme de son cher et doux pays de Flandres : — Ah ! monsieur, je vous fais sourire, parce que je parle mal; mais si vous entendiez ma fille vous conter mes malheurs , vous pleureriez a chaudes larmes !
Commenter  J’apprécie          00
LE LIVRE D'UNE PETITE FILLE

Dieu bénit les enfants qui vont vite à l'École;
Peut-on, sans les aimer, les regarder courir !
On les croirait poussés par quelque ange qui vote,
Qui de leurs longs cheveux leur souffle une auréole,
Frappe à la lourde porte et les aidé m'ouvrir.

J'en sais un dont là mère, humble femme, est heureuse,
Et qui chante toujours avec ses cheveux blancs
La reine dans ses fils est moins ambitieuse,
Que cette pauvre femme agitée et joyeuse,
Qui regarde voler deux petits pieds brûlants.

« La réputation commence avec la vie.
A-t-elle dit un jour a son précoce enfant
Cette échelle mouvante où monte aussi l'envie,
L'école grandira de mémoire suivie,
Et sera d'aujourd'hui le registre vivant.

Marche donc! marche droit sans retourner la tête.
Qui s'amuse au présent retarde l'avenir !
Tends les mains jour par jour aux leçons qu'il t'apprête;
Jeune, saute a pieds joints l'obstacle qui t'arrête;
Vieux, va t'asseoir paisible au banc du souvenir.

Moi. j'y suis. Moi pourtant, j'apprends encore je t'aime !
Commenter  J’apprécie          00
LES MAINS BLANCHES

Adrien était un enfant soigneux. Il tenait
ses habits en ordre, il avait une brosse
pour les brosser lui-même. Aussi, tout
le monde lui disait souvent Adrien, tu
as donc un habit neuf! sa mère l'aimai!,
elle en était fière car un enfant qui aime
la propreté est un bien bel enfant!
Il ne courait point exprès dans la boue.
Personne ne se rappelle avoir jamais vu
une tache sur les vêtements ou sur les
mains d'Adrien qui avait alors quatre ans.
Donc sa mère avaituu plaisir infini quand
il les passait à son cou, dans un transport
caressant. Le plus beau collier d'or lui eut
semble moins précieux que les petites mains
toujours blanches et bien lavées d'Adrien
Commenter  J’apprécie          00
Un tout petit enfant s'en allait a l'école.
On avait dit. Allez!... il tachait d'obéir
Mais son livre était lourd, il ne pouvait courir.
Il pleure et suit des yeux une abeille qui vole.

Abeille, lui dit-il, voulez-vous me parler?
Moi, je vais a l'école il faut apprendre a lire
Mais le maître est tout noir, et je n'ose pas rire
Voulez-vous rire, abeille, et m'apprendre a voler ?

« Non, dit-elle; j'arrive et je suis très-pressée.
J'avais froid; l'aquilon m'a longtemps oppressée
Enfin, j'ai vu les fleurs, je redescends du ciel,
Et je vais commencer mon doux rayon de miel.
Voyez ! j'en ai déjà puisé dans quatre roses
Avant une heure encore nous en aurons d'écloses.
Vite, vite à la ruche ! on ne rit pas toujours
C'est pour faire te miel qu'on nous rends les beaux jours.

Elle fuit et se perd sur la route embaumée.
Le frais lilas sortait d'un vieux mur entr'ouvert
Il saluait l'aurore, et l'aurore charmée
Se montrait sans nuage et riait de l'hiver.
Commenter  J’apprécie          00



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Marceline Desbordes-Valmore (437)Voir plus

Quiz Voir plus

Lettres d'amour de 0 à 10

Qui est le personnage principal ?

Victoire
Ernest
Précieuse
Germaine

10 questions
94 lecteurs ont répondu
Thème : Lettres d'amour de 0 à 10 de Susie MorgensternCréer un quiz sur cet auteur

{* *}