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Citations de Maria Ernestam (308)


Ce ne sont pas les grandes fêtes, les nuits moites, ni même les disputes déterminantes qui régissent un couple, mais les propos sur la pluie et le beau temps échangés autour d'une tasse de thé, une solution élaborée à deux pour résoudre un problème commun, une conversation paisible à propos d'un heureux ou d'un triste évènement, un silence partagé autour de la flamme d'une bougie.
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Pendant que je tentai de faire prendre une bûche, je songeai qu'entre nous, finalement, tout était déjà dit, non pas avec des mots mais par leur absence. (p. 392)
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Nous étions au début des années cinquante. Autour de nous, des mères convenables se promenaient en pull-over combiné avec une jupe, une ceinture et une mise en plis. Elles étaient accompagnées d'enfants propres comme des sous neufs, en manteaux à col marin. J'en avais un aussi, mais au lieu d'être extravertie, j'étais grave et silencieuse- un trait de caractère indéfendable, car les enfants de ma mère auraient dû être colorés, gais et vifs comme un sac Kelly, pour constituer un accessoire digne d'elle. (Actes Sud, coll. Babel, janvier 2013, p. 36)
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Anna contempla le cercueil en écoutant le pasteur, qui parlait de la vie éternelle. Un souvenir surgit, datant d'une trentaine d'années. L'église du village était comble. La foule se pressait pour entendre le sermon du pasteur à propos du désespéré qui s'était pendu sans demander la permission de Dieu ni de la paroisse. [...] Le pasteur, joignant les mains, les avait levées en déclamant que le défunt, par son geste, s'était interdit l'accès au ciel.
(p. 141)
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Dès qu'il franchit le seuil, il sut qu'il reviendrait. Comment avait-il pu passer à côté d'un tel endroit? Il n'avait rien à reprocher aux cafés habituels, à leurs sandwiches ordinaires et à leurs pâtisseries industrielles. Mais ici, c'était un vrai bistrot qui embaumait le café fraîchement moulu. Le pain et les pâtisseries respiraient la générosité, les ingrédients frais, et peut-être même l'amour. En dépit de l'heure matinale, la salle était pleine. Plusieurs personnes lisaient des journaux ou des livres. Attablés à la fenêtre, deux vieux en costume noir jouaient aux échecs.
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Elle regardait dans le vide, l'air absent, paraissant ignorer son mari et son fils. Fredrik, vêtu d'un pantalon et d'un pull-over, se tenait le plus droit possible afin de grandir. L'index que son père lui avait glissé sous le menton était dur et froid. En fait, il ne s'agissait pas d'un doigt. C'est avec un fusil que son père lui relevait la tête.
( p 109)
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On s'accroche à l'idée que l'on a de soi-même. Peut-être. Ou alors c'est le contraire, justement. On a une idée de soi-même et on ne veut absolument pas y coller. On pense qu'on veut trouver ses racines. Ou bien les arracher. Les planter ailleurs, dans un sol plus fertile.
Ce n'étaient peut-être que deux faces de la même médaille.
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Sans parlé de la fois où Sara lui avait dit qu'il était temps qu'elle arrête de se morfondre. Ça n'avait jamais avancé personne de se morfondre et en plus, ça n'était pas bon pour les cheveux. Soit on lâchait l'affaire, soit on passait à l'action. C'était toutes ces molles tergiversations aussi fades que le lait écrémé qui avait mené ce monde à la ruine.
Ce fut probablement grâce à cette remarque que Lisbeth cessa d'être obsédé par Jan. Et qu'elle opta pour le lait entier.
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L’idée du Peigne de Cléopâtre vint à Mari quand son patron lui déclara qu’il se passerait désormais de ses services. Au moment même où il prononça ces mots, Mari sut qu’elle oublierait le reste de leur entretien. L’homme avec qui elle travaillait depuis trois ans n’avait plus besoin d’elle. Il avait l’intention de se débarrasser d’elle comme on jette une vieille éponge.
Étrange. On se sert d’une éponge tous les jours pendant des semaines, voire des mois. On la passe sous l’eau, on l’essore, on essuie le plan de travail avec, puis on la range à côté du robinet. Un jour, on s’aperçoit qu’elle sent mauvais et on la jette. Sans se dire que cette mauvaise odeur résulte de bons et loyaux services. Apparemment, cela n’entre guère en ligne de compte pour les éponges. Ni pour Mari.
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L'amour peut survenir de mille et une façons. Il peut déferler comme un raz de marée et vous submerger, ou s'infiltrer en vous tranquillement, prendre et donner un petit peu à la fois. Tout dépend peut-être de nous, de là où nous en sommes dans notre vie. Une question de moment, diront certains, la volonté de prendre une décision parce qu'il faut bien que cela marche un jour. Trop rationnel, rétorquent les éternels passionnés. Personne n'a raison ni tort.
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Et tu sais quoi ? Tu tiens peut-être la chance de ta vie. Monter sa boîte, ce n'est pas une mauvaise idée. (...)
Les gens travaillent, se lavent, s'aiment, dorment, aménagent leurs maisons, rient parfois, pleurent souvent et meurent. ça ne va pas chercher plus loin. Trouve un concept en relation avec ces activités. Apporte aux gens des solutions à leurs problèmes. (p. 21 / coll. Babel, 2015)
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Grâce à lui, je compris que les remords sont une toile d'araignée ténue dont les fils s'insinuent partout dans le corps, recouvrant chaque organe.
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Dans notre quartier, des maisons bien rangées abritaient des mamans joliment maquillées qui, vêtues d'un tablier bien serré autour de la taille, faisaient un signe de la main à leur homme lorsqu'il partait au travail. Ensuite, elles se retroussaient les manches pour se consacrer à leur grande mission : créer le foyer idéal dans lequel des appareils électroménagers de plus en plus modernes facilitaient les tâches domestiques.
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D'ailleurs, en général, les difficultés ne m'effraient pas, sauf peut-être la violence cachée, parfaitement pernicieuse car elle rend impuissant. (p. 241)
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Mais on est allés jusqu'au bout. Ce paysage, c'était ...la liberté. Et quand on est arrivés au fleuve, en bas...Les Navajos croient que le déluge s'est écoulé par le Grand Canyon. Eh oui, ils ont un déluge dans leurs légendes, exactement comme nous. Leurs ancêtres se sont sauvés de la noyade en se transformant en poissons. Alors les Navajos croyants évitent de manger du poisson. Ils risqueraient d'avaler un parent. (p. 198)
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Petite, je me souviens m'être demandé pourquoi ma mère ne se chargeait pas des tâches domestiques comme les autres femmes du voisinage. Je comprenais qu'elle avait fait un choix courageux. D'ailleurs, le pire n'était pas son absence, mais le sentiment qu'elle devenait encore plus distante quand elle était à la maison. Dans mon souvenir, pendant les premières années de ma vie, elle n'eut quasiment aucun geste envers moi. Un petit coup dans le dos pour donner de l'élan à une balançoire, des visages qui se rencontrent au-dessus d'un dessin, des mains qui façonnent un bonhomme de neige, un regard affectueux, une caresse... A l'endroit où est stocké ce genre de souvenirs, dans mon esprit, c'est le trou noir. (p. 38- actes Sud, coll. Babel, janvier 2013)
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La jalousie, c'est malsain et déraisonnable. C'est de la peur, au fond. Et une femme peureuse est une femme perdue.
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Ce carnet vierge m’a donc été offert par Anna-Clara, la plus jeune et la plus caractérielle de mes petits-enfants. C’est la raison pour laquelle j’apprécie tant cette petite. Parce qu’elle est considérée comme une enfant difficile. Alors que ses aînés Per et Mari sont joyeux et communicatifs – des âmes simples aux yeux pleins de bonté – Anna-Clara est renfermée, sombre et tranchante. Elle ouvre rarement la bouche. Quand elle le fait, c’est généralement laconique. Je peux avoir le pain ? Tu peux me verser du sirop ? Je peux aller lire dans la chambre ?
Aussi loin que je me souvienne, elle m’a toujours demandé la permission de se retirer pour lire. Quand j’acquiesce, comme je le fais immanquablement, elle monte dans ma chambre et s’installe à côté de la table de chevet encombrée de bouquins et de vieux journaux. Pendant que nous autres continuons à bavarder à table, autour d’un thé ou d’un dîner accompagné de bon vin, elle se plonge dans la lecture avec une obstination et une faculté de concentration que je lui envie. Je ne lui ai jamais exprimé mon admiration, cela pourrait paraître condescendant. Mais elle sait bien qu’au fond, mon consentement est aussi une approbation. Voilà pourquoi j’adore Anna-Clara. Elle n’a pas besoin de mots pour être soi-même.
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Quel est le goût de l'effroi ? L'odeur de la peur ? La sensation d'une chute sans fin ? Qu'advient-il des larmes qui ne quittent pas le corps ? Nappent-elles de givre ses parois internes, de manières à ce que les organes gèlent et finissent par s'arrêter, sombrant lentement dans l'ultime repos ? Où finissent les mots qui traversent l'esprit sans être prononcés ? Existe-t-il un dépôt où s'entassent les souhaits inexprimés ? Peut-on respirer une fois de trop ?
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Avant de quitter mon corps, il y a de cela presque quarante ans, elle a dû laisser une empreinte en moi, un duplicata de sa vie affective, un décalque sans cesse remis à jour (p171)
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